- HassMakNiveau 1
J'ai proposé ce sujet de devoir à mes élèves et j'attends vos critiques. toutes les remarques seront les bienvenues
Ô mon passé, ma petite enfance, ô chambrette, coussins
brodés de petits chats rassurants, vertueuses chromos, conforts et confitures,
tisanes, pâtes pectorales(1), arnica, papillon du gaz dans la cuisine, sirop
d'orgeat, antiques dentelles, odeurs, naphtalines, veilleuses de porcelaine,
petits baisers du soir, baisers de Maman qui me disait, après avoir bordé mon
lit, que maintenant j'allais faire mon petit voyage dans la lune avec mon ami
un écureuil. Ô mon enfance, gelées de coings, bougies roses, journaux illustrés
du jeudi, ours en peluche, convalescences chéries, anniversaires, lettres du
Nouvel An sur du papier à dentelures, dindes de Noël, fables de La Fontaine idiotement
récitées debout sur la table, bonbons à fleurettes, attentes des vacances,
diabolos(2), petites mains sales, genoux écorchés et j'arrachais la croûte
toujours trop tôt, balançoires des foires, cirque Alexandre où elle me menait
une fois par an et auquel je pensais des mois à l'avance, cahiers neufs de la
rentrée, sac d'école en faux léopard, plumiers japonais, plumiers à plusieurs
étages, plumes Sergent-Major, plumes baïonnette de Blanzy Poure, goûters de pain
et de chocolat, chansons de Maman, leçons qu'elle me faisait repasser le
matin, heures passées à la regarder cuisiner avec importance, enfance, petites
paix, petits bonheurs, gâteaux de Maman, sourires de Maman, ô tout ce que je
n'aurai plus, ô charmes, ô du sons morts du passé, fumées enfuies et dissoutes(3)
saisons. Les rives s'éloignent. Ma mort approche.
Albert Cohen, Le Livre de ma mère, Chapitre VIII,(1954)
1/Les souvenirs parviennent en foule à l’esprit du
narrateur.
a/A quelle tranche de sa vie remontent-ils? (1 pt.)
b/Quel sentiment provoquent-ils chez lui ?relevez
un procédé qui le montre.(2pts.)
2/Comment sa mère le traite-t-elle à cette époque-là?Justifiez
votre réponse à partir d’indices textuels précis.(2pts.)
3/Comparez le passé du narrateur et son présent en
vous appuyant sur deux métaphores en fin de texte.(2pts.)
Ô mon passé, ma petite enfance, ô chambrette, coussins
brodés de petits chats rassurants, vertueuses chromos, conforts et confitures,
tisanes, pâtes pectorales(1), arnica, papillon du gaz dans la cuisine, sirop
d'orgeat, antiques dentelles, odeurs, naphtalines, veilleuses de porcelaine,
petits baisers du soir, baisers de Maman qui me disait, après avoir bordé mon
lit, que maintenant j'allais faire mon petit voyage dans la lune avec mon ami
un écureuil. Ô mon enfance, gelées de coings, bougies roses, journaux illustrés
du jeudi, ours en peluche, convalescences chéries, anniversaires, lettres du
Nouvel An sur du papier à dentelures, dindes de Noël, fables de La Fontaine idiotement
récitées debout sur la table, bonbons à fleurettes, attentes des vacances,
diabolos(2), petites mains sales, genoux écorchés et j'arrachais la croûte
toujours trop tôt, balançoires des foires, cirque Alexandre où elle me menait
une fois par an et auquel je pensais des mois à l'avance, cahiers neufs de la
rentrée, sac d'école en faux léopard, plumiers japonais, plumiers à plusieurs
étages, plumes Sergent-Major, plumes baïonnette de Blanzy Poure, goûters de pain
et de chocolat, chansons de Maman, leçons qu'elle me faisait repasser le
matin, heures passées à la regarder cuisiner avec importance, enfance, petites
paix, petits bonheurs, gâteaux de Maman, sourires de Maman, ô tout ce que je
n'aurai plus, ô charmes, ô du sons morts du passé, fumées enfuies et dissoutes(3)
saisons. Les rives s'éloignent. Ma mort approche.
Albert Cohen, Le Livre de ma mère, Chapitre VIII,(1954)
1/Les souvenirs parviennent en foule à l’esprit du
narrateur.
a/A quelle tranche de sa vie remontent-ils? (1 pt.)
b/Quel sentiment provoquent-ils chez lui ?relevez
un procédé qui le montre.(2pts.)
2/Comment sa mère le traite-t-elle à cette époque-là?Justifiez
votre réponse à partir d’indices textuels précis.(2pts.)
3/Comparez le passé du narrateur et son présent en
vous appuyant sur deux métaphores en fin de texte.(2pts.)
- henrietteMédiateur
Difficile de te répondre : c'est pour quel niveau ? De quel type d'évaluation s'agit-il ? Que voulais-tu évaluer en particulier ? Que voulais-tu qu'ils réinvestissent comme connaissances ?
A priori, tu pourrais mettre davantage l'accent sur le côté synesthésique des souvenirs, qui sollicitent tous les sens (goût, odorat, ouïe, vue et même toucher d'une certaine façon). Leur faire repérer donc de quel ordre sont ces souvenirs (visuels, olfactifs...)
Le passé est ressuscité par des choses très simples de la vie courante, des petits bonheurs répétés - ou malheurs mais la douleur semble gommée (cf les croûtes arrachées) - précieusement rassemblés par l'auteur. Une espèce de boîte aux trésors d'enfant. Le leur faire sentir en leur demandant d'apprécier la valeur de l'imparfait (répétition dans le passé) et aussi de voir qu'il n'y a que très peu de verbes : impression de collection d'images, non de souvenirs de péripéties marquantes et fondatice d'une identité (à opposer avec l'épisode du ruban de Rousseau par exemple).
A rapprocher aussi lors de la correction de Proust (le baiser du soir, et "tout Combray dans ma tasse de thé" : je dois avoir l'un ou l'autre texte dans mon PC si tu veux).
J'insisterais surtout davantage sur la richesse des procédés d'écriture mis en oeuvre : les obliger à commenter l'usage et l'effet des accumulations qui dominent le texte, et le jeu sur les rythmes et les sonorités : une prose poétique, très musicale. Aller vers la notion de lyrisme peut-être.
Voilà au débotté ce que je ferais avec des élèves de 1e. Mais comme dit, je ne sais pas quel est le niveau de tes élèves.
A priori, tu pourrais mettre davantage l'accent sur le côté synesthésique des souvenirs, qui sollicitent tous les sens (goût, odorat, ouïe, vue et même toucher d'une certaine façon). Leur faire repérer donc de quel ordre sont ces souvenirs (visuels, olfactifs...)
Le passé est ressuscité par des choses très simples de la vie courante, des petits bonheurs répétés - ou malheurs mais la douleur semble gommée (cf les croûtes arrachées) - précieusement rassemblés par l'auteur. Une espèce de boîte aux trésors d'enfant. Le leur faire sentir en leur demandant d'apprécier la valeur de l'imparfait (répétition dans le passé) et aussi de voir qu'il n'y a que très peu de verbes : impression de collection d'images, non de souvenirs de péripéties marquantes et fondatice d'une identité (à opposer avec l'épisode du ruban de Rousseau par exemple).
A rapprocher aussi lors de la correction de Proust (le baiser du soir, et "tout Combray dans ma tasse de thé" : je dois avoir l'un ou l'autre texte dans mon PC si tu veux).
J'insisterais surtout davantage sur la richesse des procédés d'écriture mis en oeuvre : les obliger à commenter l'usage et l'effet des accumulations qui dominent le texte, et le jeu sur les rythmes et les sonorités : une prose poétique, très musicale. Aller vers la notion de lyrisme peut-être.
Voilà au débotté ce que je ferais avec des élèves de 1e. Mais comme dit, je ne sais pas quel est le niveau de tes élèves.
- Invité24Vénérable
faire relever et classer lesd références à la sensorialité: c'est par les sens que le passé revient.
et surtout en effet, ne pas évacuer la dimension lyrique.
et surtout en effet, ne pas évacuer la dimension lyrique.
- HassMakNiveau 1
Bonjour, je me réjouis de vos réactions henriette et rose vos remarques sont pertinentes C'est vrai j'aurais dû insister sur la dimension sensitive dans le texte surtout je leur ai déjà proposé un exercice la dessus Quant au niveau ,j'ai la 4ème technique le niveau et le bagage de mes élèves est assez modeste j'en tiens toujours compte dans les sujets de devoir
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