Miss France va sauver les maths !

Il me semble très exagéré de voir dans cette action une "stratégie" ou une volonté de diversion. C'est juste une action de communication un peu creuse sur un thème à la mode, comme le gouvernement en mène environ 12000, et je ne suis pas sûr qu'un gouvernement d'une autre couleur politique ferait très différemment. C'est naze effectivement, parce que je doute que miss France soit une référence prise très au sérieux par les jeunes femmes envisageant des études, ensuite parce que le message sous-entendu ("Oui, tu peux étudier les mathématiques sans être un laideron fringuée comme un sac !") est contre-productif. Effectivement, utiliser pour ce genre d'action de jeunes scientifiques féminine serait plus cohérent, certaines associations comme "Femmes et maths" le font.

Ensuite, à titre personnel...On m'a déjà affirmé l'importance des "role models", comme dise les étatsunien, mais j'avoue que cela me laisse perplexe. Je ne suis pas sûr qu'il existe un vivier si important de jeunes femmes potentiellement fortes en maths mais qui s'autocensurent parce qu'elles ne s'imaginent pas réussir dans ces études. Il y a peut-être une petite marge de manœuvre ici, mais pas si importante. Le problème serait plutôt se savoir pourquoi les filles sont sous-représentées parmi les élèves forts en maths -même si les choses évoluent, lentement mais régulièrement- sachant que les différences de performance entre filles et garçons dans la matière commencent à se former dès le CP. On ne fera pas (beaucoup) de filles étudiantes en maths si on n'a pas d'abord des filles matheuses.

Edit : ah, pour l'anecdote très anecdotique, on rappellera que Muguette fabris, miss France 1962, était professeure de mathématiques en lycée.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Muguette_Fabris

Je ne suis pas sûr qu'on touche le même public en faisant témoigner une vraie scientifique (ce qu'on fait déjà abondamment) et une star (même éphémère) du petit écran... La finale du concours a enregistré une part d'audience de 58%, c'est considérable. Plusieurs de nos élèves, dans chaque classe, regardaient ce show (pas moi, je le précise) et la parole de la gagnante pourrait éventuellement les toucher.

Stratos a écrit:Je ne suis pas sûr qu'on touche le même public en faisant témoigner une vraie scientifique (ce qu'on fait déjà abondamment) et une star (même éphémère) du petit écran... La finale du concours a enregistré une part d'audience de 58%, c'est considérable. Plusieurs de nos élèves, dans chaque classe, regardaient ce show (pas moi, je le précise) et la parole de la gagnante pourrait éventuellement les toucher.

Le public à toucher, c'est les jeunes filles qui sont au lycée et envisagent de faire des études. Qu'elles regardent miss France ou pas est hors-sujet : je ne suis pas sûr que la profession de la miss sera un critère qui comptera beaucoup au moment de leurs choix. Il ne faut pas prendre nos élèves pour des naïves, pour utiliser un terme poli.

Je pense au contraire que le travail commence dès l'école primaire !

epekeina.tes.ousias a écrit:C'est très malin d'avoir choisi cette stratégie. Pendant que la discussion va tourner sur “pour ou contre le concours Miss France”, on pensera beaucoup moins aux conditions matérielles d'enseignements, à l'orientation (de la maternelle au supérieur en passant par le secondaire) des filles et des jeunes femmes et aux filières choisies par elles.

On se concentrera sur l'essentiel : que penser de Miss France ? — question dont l'urgence éducative et scolaire n'aura échappé à personne. À quoi ma réponse (purement subjective et dénuée de valeur) serait qu'en matière d'enseignement et d'éducation, je ne suis ni pour ni contre “Miss France”, vu que ça n'a pas plus à voir avec l'enseignement et l'éducation qu'un grand nombre d'autres questions (comme par ex. s'il faut ou non interdire les sous-bois aux promeneurs à pieds ou à VTT pour en faire des zones protégées), et que je préfèrerais considérablement qu'on évite de me prendre pour un mal-comprenant en détournant la discussion et l'action.

C'est devenu une manie, chez les différents responsables qui gouvernent les institutions scolaires et d'enseignement de recourir à du “sociétal” : et ce n'est pas par hasard. Il y a là-dedans à la fois une forme de divertissement et de “débats” sans issue, et surtout sans rapport avec ce à quoi ils devraient qui sont fort utiles. Au fond, ce genre de chose relève de la même logique que les tactiques des trolls sur internet.

Tout à fait d'accord avec ce propos !