question pédagogique sur une méthode d'enseignement

En ce qui concerne l'élève que j'ai évoqué et qui avait une moyenne de 14 en Première Générale en Mathématiques (et 8 en spécialité maths cette année), la moyenne de son groupe classe de mathématiques en Première l'année dernière était de 10/20. Il avait 4 points au dessus de la moyenne. Par ailleurs, il fait aussi, cette année, l'option mathématiques expertes, et il a 17/20 de moyenne en maths expertes... Pourtant, je vous assure que l'enseignante de l'option mathématiques expertes donne des Devoirs Surveillés extremement relevés... Ils ont vu quasiment l'entierté du programme sur les nombres complexes, 3/4 du programme sur l'arithmétique (ils leur restent à voir le dernier chapitre sur les nombres premiers, ils ont vu le PGCD, les gros théorèmes, les congruences et la divisibilité...) mais ils ont effléuré les matrices et les graphes...
Par ailleurs, je me sens illégitime à contacter l'enseignant de la spécialité mathématiques de Terminale de ces 4 élèves. Je n'ai jamais enseigné devant une classe, et il pourrait se dire "de quoi je me mêle ?". J'ai un peu peur de sa réaction à mon égard. Si je ne veux ni ne peux pas juger la méthode de cet enseignant, c'est bien en grande partie parce que je n'ai jamais enseigné devant une classe. Pour un tas de raisons (problèmes de santé persos, etc...), j'en suis incapable. J'ai une profonde admiration pour les enseignants qui enseignent devant une classe de 30/35 élèves...
Enfin, j'ai remarqué que depuis la réforme du lycée général de Blanquer, le saut de niveau le plus important (à mon avis, mais je peux me tromper...Et je ne parle que des Mathématiques) au lycée n'est pas entre la Première et la Terminale, mais plutôt entre la Seconde et la Spécialité de Première... J'ai en tête l'exemple d'une élève qui avait 15 de moyenne en Seconde et qui est descendu à 7.5/8 de moyenne pour son 1er trimestre de Première (avec la même enseignante en Seconde et Première !). Il y a aussi un énorme saut de niveau entre la Troisième et la Seconde...

JulienP1985 a écrit:Enfin, j'ai remarqué que depuis la réforme du lycée général de Blanquer, le saut de niveau le plus important (à mon avis, mais je peux me tromper...Et je ne parle que des Mathématiques) au lycée n'est pas entre la Première et la Terminale, mais plutôt entre la Seconde et la Spécialité de Première... J'ai en tête l'exemple d'une élève qui avait 15 de moyenne en Seconde et qui est descendu à 7.5/8 de moyenne pour son 1er trimestre de Première (avec la même enseignante en Seconde et Première !). Il y a aussi un énorme saut de niveau entre la Troisième et la Seconde...

Ce n'est pas une grande surprise quand on voit les programmes.
Entre la 5e et la 2de, on frôle le zéro absolu en analyse, et ensuite on se met subitement à définir l'exponentielle comme unique solution d'un problème de Cauchy…
On réussit donc à en demander trop aux élèves malgré un contenu modeste (dans le dernier programme de C on faisait des produits vectoriels, des équations différentielles d'ordre 2, des linéarisation d'expressions trigonométriques, des intégrations par parties et même un peu d'algorithmique: on ne fait pas grand chose de tout ça, même en théorie, dans les programmes actuels de spé).

J'ai également remarqué la chose suivante : Généralement les enseignants de Première en spécialité mathématiques commencent par le second degré. Si ce chapitre pose beaucoup de problèmes à un élève, c'est extremement souvent à cause du fait que l'élève en question a de gros soucis en calcul littéral. Je le remarque, dans ce cas, quasiment systématiquement. Le niveau dans ce domaine a vraiment dégringolé, je peux vous l'assurer (en grande partie, à mon avis, à cause de la réforme du Collège de 2016...Et surtout pas à cause des enseignants...).
Par contre, j'ai aussi eu quelques élèves qui avaient des bonnes notes en début d'année de Première, mais qui commençaient serieusement à dégringoler en notes à partir du moment où l'enseignant au lycée voyait l'une des 5 notions suivantes :
- le début de la dérivation.
- les suites numériques.
- le produit scalaire.
- la fonction exponentielle (là dessus je rejoins Mathador)
- la trigonométrie (radian, cercle trigonométrique, etc...)
Le problème du 1er point est, encore une fois, d'origine calculatoire, et aussi la notion de nombre dérivé, qui en elle même peu paraitre abstraite pour beaucoup d'élèves, au début au moins. Le problème du 2) est l'effort d'abstraction que demande cette notion, que cela soit au niveau de la lettre "n" (je vous assure qu'hélas, pour certains élèves, remplacer le "x" par un "n", et dire que "n" est un entier naturel au lieu d'un nombre réel demande un effort d'abstraction qui peut paraître déroutant la première fois où je m'en suis rendu compte...) ou que cela soit au niveau de la notion de suite en elle même. Le problème du 3eme point est l'aspect vectoriel et surtout géométrique de cette notion. Certains élèves de Première ont oublié tous les théorèmes de géométrie du collège (sauf Pythagore, mais Thalès est très souvent oublié par les élèves...). Le problème du 4eme point est lié à un problème, encore une fois, d'abstraction, et aussi à un problème purement calculatoire (et comme le dit Mathador on ne fait quasiment pas d'Analyse avant la 1ère...). Enfin, et là je dois vous le dire car je le vois systématiquement, le chapitre sur la trigonométrie en Première est le plus dure chapitre de Première pour les élèves que j'ai eu. Et c'est aussi celui où, très souvent, les notes dégringolent le plus...
Pour résumer, il y a un problème d'abstraction et de pratique du calcul littéral/vectoriel dans les 5 points que j'ai évoqué...
Enfin, je tiens à dire qu'il y a un problème beaucoup plus global, aussi, de manière générale, de compréhension d'énoncés mathématiques, mais là je pense que cela dépasse le problème du cours de mathématiques... Je travaille cela avec les élèves que je suis (je parle de la compréhension des énoncés), mais ce n'est vraiment pas toujours simple ! Il est fou de constater que certains élèves savent faire/résoudre les questions/problèmes mathématiques qu'on leur pose, mais que, vu la manière dont est formulée la question, ils "bloquent" et ne comprennent pas ce qu'on attend d'eux...

En physique aussi, il y a un gouffre entre la seconde et la première. Et je vous laisse imaginer à quel point les difficultés en calcul littéral gênent les élèves pour résoudre un exercice de physique. De nombreux élèves en 1ère SPE sont incapables de résoudre un ex complet, souvent parce que la partie calculatoire (qui n'est qu'une fraction de l'ex) est trop difficile pour eux.