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- Marcelle DuchampExpert spécialisé
Il suffit de voir les peines des adolescents dans le cadre de l'affaire S. Paty (peines lourdes légalement pour des mineurs mais qui au vu de la gravité des actes me paraissent personnellement légères).
Dans le cadre de l'assassinat de Mme Lassalle, cela a fait les gros titres pendant combien? 5 jours?
M. Bernard... le grand public a déjà oublié...
Nous ne sommes pas considérés, à part quand un fait grave se passe. Pendant le Covid, les profs étaient des héros! Ca a duré 3 mois... On est salués quelques jours suite à des drames et nous héroïsent bêtement en parlant d'admiration, de respect, de valeurs pour mieux nous cracher au visage quand on demande quelque chose plus tard...
Dans le cadre de l'assassinat de Mme Lassalle, cela a fait les gros titres pendant combien? 5 jours?
M. Bernard... le grand public a déjà oublié...
Nous ne sommes pas considérés, à part quand un fait grave se passe. Pendant le Covid, les profs étaient des héros! Ca a duré 3 mois... On est salués quelques jours suite à des drames et nous héroïsent bêtement en parlant d'admiration, de respect, de valeurs pour mieux nous cracher au visage quand on demande quelque chose plus tard...
- HonchampDoyen
Caspar a écrit:En tout cas on n'en parlera pas dans le journal de France 2 ce soir, mais nous aurons droit à un reportage feel good sur les centenaires au Japon.
Edit: ah si, on en parle, mais ça n'a pas fait les gros titres.
J'j'ai pris le journal en marche, mais il semble que le JT de France 2 en ait parlé en ouverture.
- CasparProphète
Honchamp a écrit:Caspar a écrit:En tout cas on n'en parlera pas dans le journal de France 2 ce soir, mais nous aurons droit à un reportage feel good sur les centenaires au Japon.
Edit: ah si, on en parle, mais ça n'a pas fait les gros titres.
J'j'ai pris le journal en marche, mais il semble que le JT de France 2 en ait parlé en ouverture.
J'ai peut-être loupé le tout début alors c'est possible (le journal dit de 20 heures commence en fait à 19h58 et encore un peu plus tôt sur TF1).
- EnaecoVénérable
Euh, ça fait quand même les gros titres...
- CasparProphète
Enaeco a écrit:Euh, ça fait quand même les gros titres...
Oui, j'expliquais juste que j'ai dû louper le début et que je me suis trompé.
- HonchampDoyen
D'après Le Monde, l'élève avait été exclue d'un collège de Rennes, pour insultes à un prof, et avait déjà amené un couteau. Puis rescolarisee dans ce collège.
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"Tu verras bien qu'il n'y aura pas que moi, assise par terre comme ça.."
- A reboursEsprit éclairé
Caspar a écrit:Enaeco a écrit:Euh, ça fait quand même les gros titres...
Oui, j'expliquais juste que j'ai dû louper le début et que je me suis trompé.
Loupé moi aussi alors...
- CasparProphète
A rebours a écrit:Caspar a écrit:Enaeco a écrit:Euh, ça fait quand même les gros titres...
Oui, j'expliquais juste que j'ai dû louper le début et que je me suis trompé.
Loupé moi aussi alors...
Le replay n'est pas encore disponible mais je jetterai un œil demain pour en avoir le cœur net.
- fanetteFidèle du forum
Le témoignage ci-dessous me fait froid dans le dos. N'y a-t-il pas quelque chose à faire pour que les élèves, dans ce genre de situation, pensent à prévenir au plus vite les adultes ? Si nous, enseignants, avons pris la mesure du risque, je crains que ce ne soit pas le cas des élèves, qui n'ont pas encore les bons réflexes. Peut-être parce que l'on a voulu les préserver au maximum, on ne leur a probablement pas assez expliqué que faire en cas d'information inquiétante.
https://www.dailymotion.com/video/x8qj36t
Edit : au début du témoignage, on n'entend pas bien, mais je me demande si la jeune fille n'indique pas en avoir parlé à quelqu'un...
https://www.dailymotion.com/video/x8qj36t
Edit : au début du témoignage, on n'entend pas bien, mais je me demande si la jeune fille n'indique pas en avoir parlé à quelqu'un...
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L'école nuit gravement à l'obscurantisme !
- TontondubledNiveau 6
Autre témoignage édifiant d'une camarade de classe de la collégienne :
https://www.bfmtv.com/police-justice/elle-envoyait-des-messages-a-sa-copine-disant-qu-elle-allait-tuer-la-prof-le-temoignage-d-une-camarade-de-classe-de-la-collegienne-qui-a-menace-sa-professeure-avec-un-couteau-ce-mercredi-a-rennes_VN-202312130679.html
https://www.bfmtv.com/police-justice/elle-envoyait-des-messages-a-sa-copine-disant-qu-elle-allait-tuer-la-prof-le-temoignage-d-une-camarade-de-classe-de-la-collegienne-qui-a-menace-sa-professeure-avec-un-couteau-ce-mercredi-a-rennes_VN-202312130679.html
- Reine MargotDemi-dieu
Je vais marquer un point "boomer" mais je remarque qu'on n'entendait pas ce genre de choses quand j'étais élève.
Il y avait bien des violences (mon prof d'HG du collège avait reçu un coup de poing d'un élève lors d'un conflit, mais c'était une fois dans toute une carrière de prof sans problème)
Je m'interroge sur l'augmentation de ce genre de faits (pas seulement liés aux thématiques abordées en classe).
Une médiatisation accrue? La télé était déjà bien présente à l'époque et le JT de PPDA se serait sans doute également précipité sur les lieux.
Il y avait bien des violences (mon prof d'HG du collège avait reçu un coup de poing d'un élève lors d'un conflit, mais c'était une fois dans toute une carrière de prof sans problème)
Je m'interroge sur l'augmentation de ce genre de faits (pas seulement liés aux thématiques abordées en classe).
Une médiatisation accrue? La télé était déjà bien présente à l'époque et le JT de PPDA se serait sans doute également précipité sur les lieux.
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- Marcelle DuchampExpert spécialisé
J'en parlais avec une de mes anciennes profs qui a 84 ans et elle me disait que ça n'arrivait jamais avant. Certes, une année, un prof de maths c'était pris une gifle mais c'était l'unique fois de sa carrière où elle avait entendu parler de situations de ce type et elle a commencé à enseigner au milieu des années 50 jusqu'en 2000.
Elle me demandait combien de fois j'avais été menacée ou frappée dans ma carrière.
Menacée: une fois sévèrement. J'avais dit à un élève de prendre ses affaires et de dégager après que je l'ai repris sur son attitude. Il m'avait alors demandé si j'avais fait caca ce matin. Il s'était approché de moi, avait limite collé son front contre le mien, avait levé la main et voyant que je bougeais pas d'un iota et que je continuais à lui dire de sortir sans hausser la voix, il ne m'a pas giflée et est parti en courant.
Une autre fois, c'est une maman (policière) qui m'a menacée car soit disant je saquais sa fille...
Frappée: Je me suis prise une gifle pour une autre une fois. Je fermais ma salle pendant la récré et on m'a tirée par la capuche pour m'assener une gifle§ Puis j'ai entendu un ***! C'était pas elle, c'était la prof!". J'ai jamais su qui m'avait frappée.
J'ai séparé une bagarre de filles devant le collège aussi et j'ai pris un jet de ballerine dans la tête. Je suis repartie avec la chaussure!
J'ai été frappée lors d'une bagarre dans laquelle je suis intervenue. On m'a cassé le plancher orbital et les suites judiciaires ont été nullissimes puisque les élèves ont juste eu un rappel à la loi.
Aujourd'hui, nous n'incarnons plus le respect.
Est-ce une histoire de posture? Une raison sociétale? Le prof bashing constant? La dévaluation de notre salaire?
En tout cas, une chose est sure, ces phénomènes semblent en augmentation.
Elle me demandait combien de fois j'avais été menacée ou frappée dans ma carrière.
Menacée: une fois sévèrement. J'avais dit à un élève de prendre ses affaires et de dégager après que je l'ai repris sur son attitude. Il m'avait alors demandé si j'avais fait caca ce matin. Il s'était approché de moi, avait limite collé son front contre le mien, avait levé la main et voyant que je bougeais pas d'un iota et que je continuais à lui dire de sortir sans hausser la voix, il ne m'a pas giflée et est parti en courant.
Une autre fois, c'est une maman (policière) qui m'a menacée car soit disant je saquais sa fille...
Frappée: Je me suis prise une gifle pour une autre une fois. Je fermais ma salle pendant la récré et on m'a tirée par la capuche pour m'assener une gifle§ Puis j'ai entendu un ***! C'était pas elle, c'était la prof!". J'ai jamais su qui m'avait frappée.
J'ai séparé une bagarre de filles devant le collège aussi et j'ai pris un jet de ballerine dans la tête. Je suis repartie avec la chaussure!
J'ai été frappée lors d'une bagarre dans laquelle je suis intervenue. On m'a cassé le plancher orbital et les suites judiciaires ont été nullissimes puisque les élèves ont juste eu un rappel à la loi.
Aujourd'hui, nous n'incarnons plus le respect.
Est-ce une histoire de posture? Une raison sociétale? Le prof bashing constant? La dévaluation de notre salaire?
En tout cas, une chose est sure, ces phénomènes semblent en augmentation.
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Je m’excuse par avance des fautes d’accord, de grammaire, de syntaxe et de conjugaison que je peux laisser passer dans mes écrits. Je suis aphasique suite à un AVC et je réapprends à écrire depuis presque 5 ans. J'ai un grand problème avec le subjonctif et le genre des mots!
- CasparProphète
Honchamp a écrit:Caspar a écrit:En tout cas on n'en parlera pas dans le journal de France 2 ce soir, mais nous aurons droit à un reportage feel good sur les centenaires au Japon.
Edit: ah si, on en parle, mais ça n'a pas fait les gros titres.
J'j'ai pris le journal en marche, mais il semble que le JT de France 2 en ait parlé en ouverture.
Après visionnage du replay, je confirme que cette affaire n'a pas été mentionnée dans les titres au début du journal (mais a quand même fait l'objet d'un reportage). Peut-être que la rédaction a jugé que ce n'était qu'un simple fait divers et pas le symptôme de quelque chose de plus grave, donc pour répondre @Enaeco, ça n'a pas fait les "gros titres" sur France 2 (mais sur TF1 oui).
En revanche on a eu droit à des titres sur les 90000 centenaires japonais (quel est leur secret ? Ils sont chauds les marrons), les arnaques au calendrier des pompiers et les voleurs qui défoncent les vitrines à coup de voiture aux USA.
- EdithWGrand sage
Pour le côté boomer, il y a un passage assez effrayant dans le tome 4 de La Petite maison dans la prairie, que je lis à ma fille : il est question de plusieurs garçons (grands ados), dont le passe-temps favori est de rosser le professeur, de le faire démissionner (voire de le tuer), avec le soutien rigolard de leur père, les deux chapitres où il en est question sont glaçants, les autres enfants sont montrés comme tétanisés par la perspective de la bastonnade (puisqu’ils ont été témoins des précédentes), incapables de mémoriser, travailler, le jour où c’est censé se passer. C’est autobiographique… et ça se passe en 1860 dans l’Etat de New York. Il y a eu des enseignants victimes depuis l’invention de l’école je pense, mais ça restait très rare, alors que là, quatre cas en deux ans rien qu’en France… plus tous les témoignages de cas qui auraient pu être dramatiques aussi… et les récits de violence quotidienne. Ça fait peur.
- CasparProphète
EdithW a écrit:Pour le côté boomer, il y a un passage assez effrayant dans le tome 4 de La Petite maison dans la prairie, que je lis à ma fille : il est question de plusieurs garçons (grands ados), dont le passe-temps favori est de rosser le professeur, de le faire démissionner (voire de le tuer), avec le soutien rigolard de leur père, les deux chapitres où il en est question sont glaçants, les autres enfants sont montrés comme tétanisés par la perspective de la bastonnade (puisqu’ils ont été témoins des précédentes), incapables de mémoriser, travailler, le jour où c’est censé se passer. C’est autobiographique… et ça se passe en 1860 dans l’Etat de New York. Il y a eu des enseignants victimes depuis l’invention de l’école je pense, mais ça restait très rare, alors que là, quatre cas en deux ans rien qu’en France… plus tous les témoignages de cas qui auraient pu être dramatiques aussi… et les récits de violence quotidienne. Ça fait peur.
Il y aussi des réflexions sur l'autorité dans Villette de Charlotte Brontë (roman autobiographique, il s'agit de la Belgique toute neuve des années 30). L'héroïne enferme des élèves insolentes dans un placard et assoit ainsi son autorité (je ne recommande pas cette technique en 2023), mes souvenirs ne sont pas très clairs mais ce passage est très frappant à lire de nos jours. Peut-être une vengeance littéraire de Charlotte Brontë car elle a abandonné très vite sa carrière d'enseignante...
- DesquestionsNiveau 6
EdithW a écrit:Pour le côté boomer, il y a un passage assez effrayant dans le tome 4 de La Petite maison dans la prairie, que je lis à ma fille : il est question de plusieurs garçons (grands ados), dont le passe-temps favori est de rosser le professeur, de le faire démissionner (voire de le tuer), avec le soutien rigolard de leur père, les deux chapitres où il en est question sont glaçants, les autres enfants sont montrés comme tétanisés par la perspective de la bastonnade (puisqu’ils ont été témoins des précédentes), incapables de mémoriser, travailler, le jour où c’est censé se passer. C’est autobiographique… et ça se passe en 1860 dans l’Etat de New York. Il y a eu des enseignants victimes depuis l’invention de l’école je pense, mais ça restait très rare, alors que là, quatre cas en deux ans rien qu’en France… plus tous les témoignages de cas qui auraient pu être dramatiques aussi… et les récits de violence quotidienne. Ça fait peur.
Je vois de quel passage tu parles, je me rappelle bien mon effarement devant le fossé entre cette lecture et mes souvenirs de la série télévisée.
Toutefois, Laura Ingalls Wilder vit parmi des pionniers, qui décident d'aller vivre dans des régions encore désertes ou presque. On est vraiment dans une époque proche de la ruée vers l'or, avec des gens qui n'ont rien à perdre ou pas grand-chose. Comme d'habitude, la misère engendrait son lot de violences. D'ailleurs, le livre a été censuré, car pouvant choquer les générations plus jeunes. Laura Ingalls Wilder a donc coupé des passages, ou s'est censurée elle-même (pour le voisin qu'elle devait soigner et qui avait essayé de l'agresser ou pour les vols commis pour survivre).
Bien sûr, ce ne sont pas les frères Dalton, mais parfois, il me semble qu'on n'en est pas si loin dans cette série de livres.
J'avais été frappée aussi par les classes confiées à de si jeunes gens (16 ans !).
Pour le reste, en France, je crois réellement que les agressions sont nouvelles, liées à la dévalorisation du statut comme à la crise et au détricotage des réseaux publics (santé, instruction, le maillage social en général...).
Je pense aussi que les médias créent un effet d'imitation, ou de passage à l'acte, mais je ne pense pas que la solution soit de taire ces agressions, pas plus que de déplacer d'un établissement A à un établissement B des jeunes qui ont manifestement besoin de soins.
Je ne sais pas si cette fille de 12 ans est "folle", instrumentalisée, ou je ne sais quoi d'autre.
Mais ses actes montrent clairement le besoin d'un fort suivi psychiatrique, et vraisemblablement aussi un suivi social pour sa fratrie et ses parents.
J'ai eu par quatre fois des élèves qui relevaient clairement de la psychiatrie (avec hallucinations et délire en classe).
Le premier vivait avec un parent isolé, il a bénéficié de soins. C'était compliqué, mais avec un principal très impliqué et le parent coopérant + un vrai suivi, c'est allé sans aucune violence autre que verbale. C'était en milieu urbain favorisé, vers 2000 ou 2001.
La seconde venait d'une famille déjà bien connue des services sociaux. Elle aurait sans doute gagné à être suivie plus individuellement (il y avait un suivi social des parents, mais on commençait à manquer de personnel en campagne, avec des postes et des lieux de soins qui fermaient ou perdaient des moyens).
Les deux derniers (je ne sais plus quand, mais c'était après 2008) avaient des parents dans le déni, qui voyaient bien que leur enfant voyait/entendait/disait des choses bizarres, mais refusaient toute consultation ou suivi médical.
Et pour ces deux élèves, les personnels de direction, très impliqués, n'ont rien pu obtenir. Rien. Pourtant, l'un a commis des agressions, et l'autre... un gamin qui entend des voix, parle à des gens (dans un couloir vide), se lève en classe car il voit des couleurs et des ombres sur le sol, regarde en boucle des pornos ou des décapitations...
Le privé en face a accueilli plusieurs de ses camarades de classe tout au long de son parcours au collège. (Le mouvement inverse existe aussi, du privé vers le public, tout dépend du lieu.)
Début de nausée en entendant des gens critiquer la prof car elle aurait été tétanisée de terreur. Qui peut savoir comment il réagirait dans ces circonstances ?
- sensiferNiveau 5
À titre informatif, voici le reportage de France 3 Bretagne sur l'affaire.
- chmarmottineGuide spirituel
Depuis, elle a été hospitalisée en service psychiatrie.
- Reine MargotDemi-dieu
EdithW a écrit:Pour le côté boomer, il y a un passage assez effrayant dans le tome 4 de La Petite maison dans la prairie, que je lis à ma fille : il est question de plusieurs garçons (grands ados), dont le passe-temps favori est de rosser le professeur, de le faire démissionner (voire de le tuer), avec le soutien rigolard de leur père, les deux chapitres où il en est question sont glaçants, les autres enfants sont montrés comme tétanisés par la perspective de la bastonnade (puisqu’ils ont été témoins des précédentes), incapables de mémoriser, travailler, le jour où c’est censé se passer. C’est autobiographique… et ça se passe en 1860 dans l’Etat de New York. Il y a eu des enseignants victimes depuis l’invention de l’école je pense, mais ça restait très rare, alors que là, quatre cas en deux ans rien qu’en France… plus tous les témoignages de cas qui auraient pu être dramatiques aussi… et les récits de violence quotidienne. Ça fait peur.
Citons aussi le petit chose d'Alphonse Daudet ou l'enfant de Jules Vallès (où c'est le père qui est harcelé).
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Quand tout va mal, quand il n'y a plus aucun espoir, il nous reste Michel Sardou
La famille Bélier
- CasparProphète
Desquestions a écrit:EdithW a écrit:Pour le côté boomer, il y a un passage assez effrayant dans le tome 4 de La Petite maison dans la prairie, que je lis à ma fille : il est question de plusieurs garçons (grands ados), dont le passe-temps favori est de rosser le professeur, de le faire démissionner (voire de le tuer), avec le soutien rigolard de leur père, les deux chapitres où il en est question sont glaçants, les autres enfants sont montrés comme tétanisés par la perspective de la bastonnade (puisqu’ils ont été témoins des précédentes), incapables de mémoriser, travailler, le jour où c’est censé se passer. C’est autobiographique… et ça se passe en 1860 dans l’Etat de New York. Il y a eu des enseignants victimes depuis l’invention de l’école je pense, mais ça restait très rare, alors que là, quatre cas en deux ans rien qu’en France… plus tous les témoignages de cas qui auraient pu être dramatiques aussi… et les récits de violence quotidienne. Ça fait peur.
Je vois de quel passage tu parles, je me rappelle bien mon effarement devant le fossé entre cette lecture et mes souvenirs de la série télévisée.
Toutefois, Laura Ingalls Wilder vit parmi des pionniers, qui décident d'aller vivre dans des régions encore désertes ou presque. On est vraiment dans une époque proche de la ruée vers l'or, avec des gens qui n'ont rien à perdre ou pas grand-chose. Comme d'habitude, la misère engendrait son lot de violences. D'ailleurs, le livre a été censuré, car pouvant choquer les générations plus jeunes. Laura Ingalls Wilder a donc coupé des passages, ou s'est censurée elle-même (pour le voisin qu'elle devait soigner et qui avait essayé de l'agresser ou pour les vols commis pour survivre).
Bien sûr, ce ne sont pas les frères Dalton, mais parfois, il me semble qu'on n'en est pas si loin dans cette série de livres.
J'avais été frappée aussi par les classes confiées à de si jeunes gens (16 ans !).
Pour le reste, en France, je crois réellement que les agressions sont nouvelles, liées à la dévalorisation du statut comme à la crise et au détricotage des réseaux publics (santé, instruction, le maillage social en général...).
Je pense aussi que les médias créent un effet d'imitation, ou de passage à l'acte, mais je ne pense pas que la solution soit de taire ces agressions, pas plus que de déplacer d'un établissement A à un établissement B des jeunes qui ont manifestement besoin de soins.
Je ne sais pas si cette fille de 12 ans est "folle", instrumentalisée, ou je ne sais quoi d'autre.
Mais ses actes montrent clairement le besoin d'un fort suivi psychiatrique, et vraisemblablement aussi un suivi social pour sa fratrie et ses parents.
J'ai eu par quatre fois des élèves qui relevaient clairement de la psychiatrie (avec hallucinations et délire en classe).
Le premier vivait avec un parent isolé, il a bénéficié de soins. C'était compliqué, mais avec un principal très impliqué et le parent coopérant + un vrai suivi, c'est allé sans aucune violence autre que verbale. C'était en milieu urbain favorisé, vers 2000 ou 2001.
La seconde venait d'une famille déjà bien connue des services sociaux. Elle aurait sans doute gagné à être suivie plus individuellement (il y avait un suivi social des parents, mais on commençait à manquer de personnel en campagne, avec des postes et des lieux de soins qui fermaient ou perdaient des moyens).
Les deux derniers (je ne sais plus quand, mais c'était après 2008) avaient des parents dans le déni, qui voyaient bien que leur enfant voyait/entendait/disait des choses bizarres, mais refusaient toute consultation ou suivi médical.
Et pour ces deux élèves, les personnels de direction, très impliqués, n'ont rien pu obtenir. Rien. Pourtant, l'un a commis des agressions, et l'autre... un gamin qui entend des voix, parle à des gens (dans un couloir vide), se lève en classe car il voit des couleurs et des ombres sur le sol, regarde en boucle des pornos ou des décapitations...
Le privé en face a accueilli plusieurs de ses camarades de classe tout au long de son parcours au collège. (Le mouvement inverse existe aussi, du privé vers le public, tout dépend du lieu.)
Début de nausée en entendant des gens critiquer la prof car elle aurait été tétanisée de terreur. Qui peut savoir comment il réagirait dans ces circonstances ?
NB: et il y aussi un fossé entre les livres et la vie de Laura Ingalls Wilder: elle a édulcoré ses souvenirs puisque ses livres étaient destinés aux enfants.
- Marcelle DuchampExpert spécialisé
Quand j'étais stagiaire, mon tuteur demandait aux élèves un encrier, des plumes et un porte plume. C'était en 2008 pour la précision temporelle. Je me souviens qu'il m'avait raconté l'histoire d'un instituteur tué jadis par ses élèves à coups de plumes en métal. Est-ce que c'était une vraie anecdote ou tiré d'un roman... Je ne me souviens plus mais dans sa façon de me le raconter c'était fin 19ème voire début 20ème...
Vous connaissez cette histoire?
Vous connaissez cette histoire?
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Je m’excuse par avance des fautes d’accord, de grammaire, de syntaxe et de conjugaison que je peux laisser passer dans mes écrits. Je suis aphasique suite à un AVC et je réapprends à écrire depuis presque 5 ans. J'ai un grand problème avec le subjonctif et le genre des mots!
- egometDoyen
EdithW a écrit:Pour le côté boomer, il y a un passage assez effrayant dans le tome 4 de La Petite maison dans la prairie, que je lis à ma fille : il est question de plusieurs garçons (grands ados), dont le passe-temps favori est de rosser le professeur, de le faire démissionner (voire de le tuer), avec le soutien rigolard de leur père, les deux chapitres où il en est question sont glaçants, les autres enfants sont montrés comme tétanisés par la perspective de la bastonnade (puisqu’ils ont été témoins des précédentes), incapables de mémoriser, travailler, le jour où c’est censé se passer. C’est autobiographique… et ça se passe en 1860 dans l’Etat de New York. Il y a eu des enseignants victimes depuis l’invention de l’école je pense, mais ça restait très rare, alors que là, quatre cas en deux ans rien qu’en France… plus tous les témoignages de cas qui auraient pu être dramatiques aussi… et les récits de violence quotidienne. Ça fait peur.
Je pense qu'il est assez naturel que de telles choses arrivent de temps en temps. La classe est un dispositif qui crée spontanément des tensions. Les élèves sont forcés de venir. La promiscuité forcée, l'immaturité des enfants, les effets de groupe, l'inadéquation des enseignements etc. constituent des ingrédients puissants pour des violences. Ajoutez à cela des facteurs extérieurs tels que l'oisiveté des jeunes, l'alcoolisme de parents ou les problèmes économiques, il n'est pas étonnant que ces phénomènes existent. Il y aura toujours des meurtres, des vols et des viols. Et ces crimes sont exacerbés par la densité de population et la complexité des sociétés.
MAIS
Faire un constat sociologique ne constitue en aucun cas une excuse. Et ce qui compte vraiment, c'est la réponse des institutions. Aujourd'hui la réponse est mauvaise. Nous avons des règles qui dissuadent les équipes éducatives d'intervenir en cas de problèmes et l'on attend que la situation ait bien pourri pour organiser un conseil de discipline. Ou alors on se contente de signalements à des bureaucrates qui ne font rien, au lieu de prendre les décision qui s'imposent au niveau de l'établissement.
La médiatisation peut aussi créer un effet d'entraînement et l'on passe du fait divers au phénomène de société. C'est ce qui est le plus grave avec le meurtre de Samuel Paty: il fait des émules.
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Primum non nocere.
Ubi bene, ibi patria.
Mes livres, mes poèmes, réflexions pédagogiques: http://egomet.sanqualis.com/
- profs(Niveau 9
Samuel Paty a été un fait divers médiatisé qui a fait des émules ?
Tu racontes quoi ??? 🤮
Dans les facteurs extérieurs tu as aussi oublié l'islamisme.
Et je n'ai pas le temps de développer ma réponse
Tu racontes quoi ??? 🤮
Dans les facteurs extérieurs tu as aussi oublié l'islamisme.
Et je n'ai pas le temps de développer ma réponse
- henrietteMédiateur
Mais dans le cas présent, ce n'est pas un drame lié à l'islamisme.
C'est bien plus, me semble-t-il, un drame lié à la mauvaise prise en charge des problèmes psy de l'élève, et donc du délabrement de la pédopsychiatrie et des limites de l'inclusion sans moyens humains.
J'ai lu dans une communication syndicale que cette élève avait déjà apporté un couteau dans son précédent établissement, avait des antécédents de troubles psychiatriques et qu'il y avait une préconisation d'AESH pour elle, mais que cet AESH étant mutualité, il n'était pas présent constamment, et visiblement pas le jour de la tentative d'agression.
Je crois qu'un tel drame est plus à mettre en perspective avec les fermetures massives de CMP et de lits en pédopsychiatrie, le manque de places en IME, les mois d'attente pour un rendez-vous avec un pédopsy, qu'avec les motivations des assassins de Samuel Paty et Dominique Bernard.
C'est bien plus, me semble-t-il, un drame lié à la mauvaise prise en charge des problèmes psy de l'élève, et donc du délabrement de la pédopsychiatrie et des limites de l'inclusion sans moyens humains.
J'ai lu dans une communication syndicale que cette élève avait déjà apporté un couteau dans son précédent établissement, avait des antécédents de troubles psychiatriques et qu'il y avait une préconisation d'AESH pour elle, mais que cet AESH étant mutualité, il n'était pas présent constamment, et visiblement pas le jour de la tentative d'agression.
Je crois qu'un tel drame est plus à mettre en perspective avec les fermetures massives de CMP et de lits en pédopsychiatrie, le manque de places en IME, les mois d'attente pour un rendez-vous avec un pédopsy, qu'avec les motivations des assassins de Samuel Paty et Dominique Bernard.
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"Il n'y a que ceux qui veulent tromper les peuples et gouverner à leur profit qui peuvent vouloir retenir les hommes dans l'ignorance."
- SagaNiveau 1
Bonjour,
Je rejoins l’analyse faite par Henriette. Nous sommes confrontés dans mon établissement depuis la rentrée à une montée en puissance de ces comportements « déviants » même si le terme choisi ne recouvre pas le spectre des faits vécus quotidiennement.
Ce sont souvent les mêmes élèves, qui nécessiteraient une prise en charge clinique. Confrontation répétée avec les adultes, mal-être, problèmes de sociabilisation avec les camarades qui dégénèrent, instrumentalisation par certains qui repèrent et mettent à profit la vulnérabilité.
Nous ne disposons pas du personnel socio-médical idoine à l’intérieur et l’effondrement de la prise en charge à l’extérieur est simplement dramatique. On en paye le prix quotidiennement.
On retrouve le lendemain de faits graves, crises, violences sur camarades, auto-mutilations (tête claquée contre le mur, scarifications…) les élèves dans nos classes comme si de rien n’était.
Nous avons ici monté une cellule de crise entre personnels,, ne serait-ce que pour communiquer sur les faits survenus afin que tout le monde dispose de l’information au moment de l’entrée de l’élève dans la classe.
Car nous sommes bien évidemment confrontés au secret, qui est un droit que je ne récuse aucunement mais dans la pratique quotidienne du métier il nous est systématiquement opposé par notre direction actuelle et nous rend la tâche difficile.
Cette cellule est un pis-aller, qui ne fait que pallier le manque de communication institutionnelle mais cela nous a permis de désamorcer quelques situations.
Nous sommes tous, plus que démunis car même si infirmière et famille volontaire se démènent les délais en CMPP sont inhumains, l’accès à une aide psychologique, éducative est un parcours d’obstacles sans fin.
L’acte 2 de l’inclusion est plus qu’à craindre: à combattre.
Si certains ont pris dans leurs établissements, des initiatives qui s’avèrent efficaces, je suis tout ouïe.
Je rejoins l’analyse faite par Henriette. Nous sommes confrontés dans mon établissement depuis la rentrée à une montée en puissance de ces comportements « déviants » même si le terme choisi ne recouvre pas le spectre des faits vécus quotidiennement.
Ce sont souvent les mêmes élèves, qui nécessiteraient une prise en charge clinique. Confrontation répétée avec les adultes, mal-être, problèmes de sociabilisation avec les camarades qui dégénèrent, instrumentalisation par certains qui repèrent et mettent à profit la vulnérabilité.
Nous ne disposons pas du personnel socio-médical idoine à l’intérieur et l’effondrement de la prise en charge à l’extérieur est simplement dramatique. On en paye le prix quotidiennement.
On retrouve le lendemain de faits graves, crises, violences sur camarades, auto-mutilations (tête claquée contre le mur, scarifications…) les élèves dans nos classes comme si de rien n’était.
Nous avons ici monté une cellule de crise entre personnels,, ne serait-ce que pour communiquer sur les faits survenus afin que tout le monde dispose de l’information au moment de l’entrée de l’élève dans la classe.
Car nous sommes bien évidemment confrontés au secret, qui est un droit que je ne récuse aucunement mais dans la pratique quotidienne du métier il nous est systématiquement opposé par notre direction actuelle et nous rend la tâche difficile.
Cette cellule est un pis-aller, qui ne fait que pallier le manque de communication institutionnelle mais cela nous a permis de désamorcer quelques situations.
Nous sommes tous, plus que démunis car même si infirmière et famille volontaire se démènent les délais en CMPP sont inhumains, l’accès à une aide psychologique, éducative est un parcours d’obstacles sans fin.
L’acte 2 de l’inclusion est plus qu’à craindre: à combattre.
Si certains ont pris dans leurs établissements, des initiatives qui s’avèrent efficaces, je suis tout ouïe.
- egometDoyen
Je me suis sans doute mal exprimé. Bien sûr qu'il faut prendre en compte l'islamisme.profs( a écrit:Samuel Paty a été un fait divers médiatisé qui a fait des émules ?
Tu racontes quoi ??? 🤮
Dans les facteurs extérieurs tu as aussi oublié l'islamisme.
Et je n'ai pas le temps de développer ma réponse
Mais il y a plus. Le simple fait que des professeurs soient assassinés et qu'on en parle augmente le risque que d'autres le soient, indépendamment des mobiles du premier assassinat. Il y a des faits divers (c'est à dire qui surviennent au hasard, de manière indépendante et inévitable) qui peuvent dégénérer en phénomène de société par effet d'entraînement. Ce genre de crimes, comme les fusillades de masse, arrive par vagues. Il semble que l'on soit actuellement dans une dynamique perverse. L'idée de tuer son professeur est dans l'air, sans que l'idéologie islamique soit absolument nécessaire. Il faudra du temps pour que cela retombe. Malheureusement, l'islamisme, lui, ne retombera pas de sitôt.
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Primum non nocere.
Ubi bene, ibi patria.
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- Guyane : un père d'élève menace l'instituteur de son enfant avec un couteau.
- Un collégien menace un enseignant avec un couteau
- Sénégal : un élève exclu, prêt à se battre avec son enseignant, revient le menacer avec un couteau.
- Isère : un aide-éducateur stagiaire menace des élèves de primaire avec un couteau
- Aiguillon (47) : 4 mois de prison avec sursis pour un parent d'élève qui a menacé et frappé un CPE.
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