J’ai l’impression de ne plus aimer lire

@AsarteLilith Ce que tu pointes est vraiment intéressant. C'est vrai que parfois, on n'aura pas envie de se plonger dans un livre qui nous prendra longtemps ou qui demandera une de gros efforts. On peut sans problème s'orienter vers des textes plus courts ou plus légers. Parfois, j'ai simplement envie d'un livre qui se finira dans la journée et c'est très bien comme ça.

Taillevent a écrit: @AsarteLilith Ce que tu pointes est vraiment intéressant. C'est vrai que parfois, on n'aura pas envie de se plonger dans un livre qui nous prendra longtemps ou qui demandera une de gros efforts. On peut sans problème s'orienter vers des textes plus courts ou plus légers. Parfois, j'ai simplement envie d'un livre qui se finira dans la journée et c'est très bien comme ça.

Ça devrait être comme ça, mais étrangement je ne suis plus capable que de lire des trucs qui tordent le cerveau, du genre Descola sur la représentation sur lequel je peine , ou le livre sur le labyrinthe dans la collection Bouquins, assez mal foutu, mais où on apprend que dans telle salle de tel musée on trouve un fragment proto ibére d'une représentation superposable à une gravure sur plan rocheux incliné plein ouest dans un vallon proche de Llanfairpwllgwyngyllgogerychwyrndrobwlll­lantysiliogogogoch.
Je crains un syndrome pré Alzheimer...
D"ailleurs, je me perds dans les noms des personnages des polards.

J'ai périodiquement ce genre d'impression, et à vous lire j'ai comme le sentiment que c'est provoqué par deux causes essentielles:

- manque de temps (jeune parent/jeune prof/préparation d'agrégation/ tout ça à la fois)
- épisode dépressif, on perd le goût de ce qui faisait plaisir avant.

le défi lecture est venu me redonner le goût de lire, je ne savais pas trop vers quels livres me tourner et j'avais quitté l'enseignement depuis un moment, sans beaucoup de gros lecteurs autour de moi...maintenant ma PAL va bientôt atteindre la largeur de la cheminée

J’ai parfois du mal à fixer mon attention sur des romans, j’ai des phases où je ne lis quasiment que des essais.

C'est peut-être parce que vous n'avez pas trouvé ce qui vous plairait vraiment.

Baldred a écrit:

Taillevent a écrit: @AsarteLilith Ce que tu pointes est vraiment intéressant. C'est vrai que parfois, on n'aura pas envie de se plonger dans un livre qui nous prendra longtemps ou qui demandera une de gros efforts. On peut sans problème s'orienter vers des textes plus courts ou plus légers. Parfois, j'ai simplement envie d'un livre qui se finira dans la journée et c'est très bien comme ça.

Ça devrait être comme ça, mais étrangement je ne suis plus capable que de lire des trucs qui tordent le cerveau, du genre Descola sur la représentation sur lequel je peine , ou le livre sur le labyrinthe dans la collection Bouquins, assez mal foutu, mais où on apprend que dans telle salle de tel musée on trouve un fragment proto ibére d'une représentation superposable à une gravure sur plan rocheux incliné plein ouest dans un vallon proche de Llanfairpwllgwyngyllgogerychwyrndrobwlll­lantysiliogogogoch.
Je crains un syndrome pré Alzheimer...
D"ailleurs, je me perds dans les noms des personnages des polards.

Je vois tout à fait. Ça n'est pas aussi exclusif que ça semble l'être pour toi mais j'ai régulièrement des impulsions similaires. La collègue qui m'a croisé dans le train en pleine lecture d'un ouvrage sur les royaumes grecs d'Asie centrale (essentiellement documenté par la numismatique) a eu un peu peur...

Reine Margot a écrit:maintenant ma PAL va bientôt atteindre la largeur de la cheminée

Te confesserai-je que chez moi "PAL" veut dire "pièce (des livres) à lire" ?

Alérion a écrit:C'est peut-être parce que vous n'avez pas trouvé ce qui vous plairait vraiment.

Ou qu' on a déjà trouvé, et largement...

Cela me semble impossible.

Alérion a écrit:Cela me semble impossible.

Ce qui s'exprime je crois ici, n'est pas l'idée qu'il n'existerait plus rien à lire, mais qu'un lecteur " expert" puisse se lasser de la lecture, ou d'un type de lecture, littéraire par exemple. Il s'agit moins ici de découvrir le plaisir de la lecture que de le conserver ou le retrouver. J'ai déjà croisé et apprécié ce qui me plairait vraiment. d'où l'impression d'avoir "lu tous les livres". Abime pour un prof de Lettres.

C'est ça ! Même sans avoir tout lu côté classiques, on a l'impression de '' connaitre les ficelles''.

J'ai moi aussi bien plus de difficulté à lire des romans ou des essais aujourd'hui que lorsque j'étais étudiant ou en début de carrière (ce qui, il est vrai, date déjà un petit peu). Pour quelles raisons? La lecture est maintenant en concurrence quotidienne avec le cinéma, ou du moins avec quantité de films facilement accessibles dans une qualité plus que satisfaisante, et, entre d'un côté poursuivre la lecture d'un roman - si intéressant soit-il - et de l'autre (re)voir un bon blu-ray, c'est pour moi (trop) souvent la deuxième option qui l'emporte. Il y a aussi à présent la concurrence d'internet, avec la distraction et la dérive du clic (d'une page à l'autre par lien hypertexte ou par suggestion algorithmique) qui a ceci de redoutable qu'elle dévore du temps sans en donner l'impression, mais aussi (j'en suis persuadé pour ce qui me concerne) qu'elle déshabitue le cerveau, ou je devrais dire plutôt qu'elle l'a dans une certaine mesure déshabitué des efforts de concentration soutenue dans la durée. Or il me semble que contrairement au cinéma ou à la peinture (par exemple), la lecture d'un ouvrage exigeant requiert par principe un tel effort: même si c'est une erreur de croire qu'un bon spectateur est un simple récepteur passif, une fois que j'ai appuyé sur play le film (fût-il un Béla Tarr ou un Weerasethakul) se déroule quand bien même je n'y prêterais qu'une attention superficielle, le tableau se présente devant mes yeux même si je ne lui accorde qu'un regard distrait, et dans les deux cas je pourrai dire "je l'ai vu". Avec la lecture c'est quand même assez différent: il faut avancer ligne après ligne, convertir soi-même les mots en images mentales, tourner les pages, et ceci bien souvent en y revenant durant plusieurs jours ou semaines. En forçant le trait et en simplifiant beaucoup, entre l'expérience du cinéma/de la peinture/d'internet et celle de la lecture d'un roman ou d'un essai, c'est un peu la même différence qu'entre se laisser porter pendant quelques minutes ou quelques heures par le courant d'une rivière et traverser tout un paysage (plus ou moins étendu, plus ou moins vallonné) en marchant pendant plusieurs jours. Alors, je suis peut-être devenu fainéant, mais force m'est de constater que de plus en plus, je choisis de me laisser porter.

Aperçu par hasard, te lire me fait penser à un court essai très intéressant sur "le marché de l'attention ", il t'intéresserait peut-être pour mieux comprendre ce que tu ressens intuitivement. Il s'agit de La Civilisation du Poisson Rouge de Bruno Patino.

Eloah a écrit:Aperçu par hasard, te lire me fait penser à un court essai très intéressant sur "le marché de l'attention ", il t'intéresserait peut-être pour mieux comprendre ce que tu ressens intuitivement. Il s'agit de La Civilisation du Poisson Rouge de Bruno Patino.

Merci @Eloah ! Cet essai semble très intéressant en effet, mais... il faudra que je parvienne à le lire!...

Aperçu par hasard a écrit:

Eloah a écrit:Aperçu par hasard, te lire me fait penser à un court essai très intéressant sur "le marché de l'attention ", il t'intéresserait peut-être pour mieux comprendre ce que tu ressens intuitivement. Il s'agit de La Civilisation du Poisson Rouge de Bruno Patino.

Merci @Eloah ! Cet essai semble très intéressant en effet, mais... il faudra que je parvienne à le lire!...

Oui je me suis fait cette réflexion en écrivant... si ça peut te rassurer, l'essai est court, en édition poche il fait une centaine de pages. Et si ça peut te donner envie, la réflexion part de la mise en rapport de 2 études complètement distinctes, l'une qui montre qu'un poisson rouge qui tourne dans un aquarium a une capacité d'attention de 8 secondes, l'autre qui montre qu'un jeune né dans les années 2000 a une capacité d'attention de... 9 secondes. Et que ce n'est pas la faute d'une génération qui serait plus bête qu'une autre.

Par contre, j'ai remarqué quelque chose: à force de n'utiliser que le portable avec YT, je n'arrivais plus à  me concentrer.  Grâce au défi lecture néo, j'ai vu mon cerveau récupérer de la concentration et du plaisir à lire. J'ai mieux compris comment des élèves peuvent ne pas supporter de lire.

Edit suite au message ci-dessous: je précise que j'ai fait ce constat il y a quelques années

bonjour , vous devriez arreter la ''lecture'' sur l'ecran tout riquiqui du smartphone pour revenir au bon papier et tout devrait rentrez dans l'ordre rapidement.

Merci mais justement j'utilise des livres.

Troll, mauvaise lecture ou simple condescendance mal placée ?

nounours22 a écrit:bonjour , vous devriez arreter la ''lecture'' sur l'ecran tout riquiqui du smartphone pour revenir au bon papier et tout devrait rentrez dans l'ordre rapidement.

Si on lit sur smartphine le problème n'est oas vraiment la taille de l'écran mais plutôt les potentielles distractions qu'offre cet objet.

(J'ai une application Kindle sur mon téléphone mais je l'utilise très peu.)

Taillevent a écrit:

Baldred a écrit:

Taillevent a écrit: @AsarteLilith Ce que tu pointes est vraiment intéressant. C'est vrai que parfois, on n'aura pas envie de se plonger dans un livre qui nous prendra longtemps ou qui demandera une de gros efforts. On peut sans problème s'orienter vers des textes plus courts ou plus légers. Parfois, j'ai simplement envie d'un livre qui se finira dans la journée et c'est très bien comme ça.

Ça devrait être comme ça, mais étrangement je ne suis plus capable que de lire des trucs qui tordent le cerveau, du genre Descola sur la représentation sur lequel je peine , ou le livre sur le labyrinthe dans la collection Bouquins, assez mal foutu, mais où on apprend que dans telle salle de tel musée on trouve un fragment proto ibére d'une représentation superposable à une gravure sur plan rocheux incliné plein ouest dans un vallon proche de Llanfairpwllgwyngyllgogerychwyrndrobwlll­lantysiliogogogoch.
Je crains un syndrome pré Alzheimer...
D"ailleurs, je me perds dans les noms des personnages des polards.

Je vois tout à fait. Ça n'est pas aussi exclusif que ça semble l'être pour toi mais j'ai régulièrement des impulsions similaires. La collègue qui m'a croisé dans le train en pleine lecture d'un ouvrage sur les royaumes grecs d'Asie centrale (essentiellement documenté par la numismatique) a eu un peu peur...

Il faut peut-être reconnaitre que certains de nos paradis sont les enfers des autres...

AsarteLilith a écrit:Merci mais justement j'utilise des livres.

Troll, mauvaise lecture ou simple condescendance mal placée ?

Idem, je ne lis des romans ou des essais que sous forme papier. La question est aussi celle du format au sens de la longueur, et de... comment dire... quelque chose comme l'effet de séduction immédiate (qui n'est pas selon moi synonyme de vacuité). Alors que j'étais sérieusement en panne, je suis parvenu à me remettre à la lecture épisodique d'ouvrages assez courts en utilisant une autrice comme antidote. C'était J. C. Oates. Je me suis dit que si je n'étais pas un minimum happé avec elle, rien d'autre n'y ferait. Cela n'a pas trop mal marché, puisque j'ai pu lire d'autres auteurs dans la foulée, y compris quelques classiques de format raisonnable. Mais c'est comme une cure qu'il faudrait suivre sur la durée, en relaçant la machine dès que l'effet s'estompe.

Je lis plutôt des livres courts maintenant, je n'ai plus la motivation de m'attaquer à de gros pavés et des lectures au long cours, et si je ne suis toujours pas convaincu après une cinquantaine de pages j'abandonne le livre sans scrupules.

Ce que j'aime, c'est relire : j'ai lu 6 fois Bouvard et Pécuchet et 6 ou 7 fois L'Iris de Suse, avec toujours autant de plaisir. Il est des livres sur lesquels on passe sa vie.

Et puis on n'a jamais tout découvert, dans la littérature étrangère, par exemple.

Aperçu par hasard : Oates est un merveilleux remède. Et comme elle est hyper prolifique, il y a de quoi s’occuper quelques années.

Jenny a écrit:Aperçu par hasard : Oates est un merveilleux remède. Et comme elle est hyper prolifique, il y a de quoi s’occuper quelques années.

Absolument! C'est une extraterrestre, non? Je l'ai découverte avec Le Mystérieux Mr Kidder, acheté sur un coup de tête dans un rayon de supermarché. J'avais enchaîné avec Blonde. Une de mes expériences de lecture les plus fortes - et ce dès le prologue, avec cette anaphore obsédante, qui est pour moi l'un des débuts les plus marquants que j'aie jamais lus.

Aperçu par hasard a écrit:J'ai moi aussi bien plus de difficulté à lire des romans ou des essais aujourd'hui que lorsque j'étais étudiant ou en début de carrière (ce qui, il est vrai, date déjà un petit peu). Pour quelles raisons? La lecture est maintenant en concurrence quotidienne avec le cinéma, ou du moins avec quantité de films facilement accessibles dans une qualité plus que satisfaisante, et, entre d'un côté poursuivre la lecture d'un roman - si intéressant soit-il - et de l'autre (re)voir un bon blu-ray, c'est pour moi (trop) souvent la deuxième option qui l'emporte. Il y a aussi à présent la concurrence d'internet, avec la distraction et la dérive du clic (d'une page à l'autre par lien hypertexte ou par suggestion algorithmique) qui a ceci de redoutable qu'elle dévore du temps sans en donner l'impression, mais aussi (j'en suis persuadé pour ce qui me concerne) qu'elle déshabitue le cerveau, ou je devrais dire plutôt qu'elle l'a dans une certaine mesure déshabitué des efforts de concentration soutenue dans la durée. Or il me semble que contrairement au cinéma ou à la peinture (par exemple), la lecture d'un ouvrage exigeant requiert par principe un tel effort: même si c'est une erreur de croire qu'un bon spectateur est un simple récepteur passif, une fois que j'ai appuyé sur play le film (fût-il un Béla Tarr ou un Weerasethakul) se déroule quand bien même je n'y prêterais qu'une attention superficielle, le tableau se présente devant mes yeux même si je ne lui accorde qu'un regard distrait, et dans les deux cas je pourrai dire "je l'ai vu". Avec la lecture c'est quand même assez différent: il faut avancer ligne après ligne, convertir soi-même les mots en images mentales, tourner les pages, et ceci bien souvent en y revenant durant plusieurs jours ou semaines. En forçant le trait et en simplifiant beaucoup, entre l'expérience du cinéma/de la peinture/d'internet et celle de la lecture d'un roman ou d'un essai, c'est un peu la même différence qu'entre se laisser porter pendant quelques minutes ou quelques heures par le courant d'une rivière et traverser tout un paysage (plus ou moins étendu, plus ou moins vallonné) en marchant pendant plusieurs jours. Alors, je suis peut-être devenu fainéant, mais force m'est de constater que de plus en plus, je choisis de me laisser porter.

Tout à fait ! La tentation est grande de choisir, en fin de journée, une série à suivre... On est parfois trop fatigué pour faire autre chose que s'affaler devant l'écran.
J'ai toujours adoré lire mais, comme  @Eloah c'est normal de passer par des phases plus ou moins intenses. Par exemple, pendant les vacances, j'aime bien lire des polars (le plaisir de lire un polar islandais sous la neige alors qu'il fait 35 degrés  ). J'ai des goûts très éclectiques (avec une prédilection pour les classiques) et, grâce au défi néo, j'élargis encore plus mes lectures. Il y a un petit challenge qui motive (même si on ne va pas au bout)

Bonsoir,
Moi aussi, je lis beaucoup moins qu'avant; ou plutôt, je ne lis guère plus que pour le boulot.
Vous me donnez envie de découvrir Oates: par lequel de ses titres commencer, selon vous?
Merci!