- zigmag17Guide spirituel
chmarmottine a écrit:Quand on lie les deux documentaires et l'allocution de la soeur de Samuel Paty, ça laisse une impression très étrange et particulièrement angoissante.
Le documentaire de France 2 donne l'impression d'une forte solidarité, ce qui tranche avec les rares allusions évoquées par la soeur de Samuel Paty au sujet des collègues.
Effectivement, la nature humaine ne semble pas très prometteuse.
C'est plombant. Surtout quand se surprend à analyser le réel (le comportement de ses propres collègues prêts à presque tout pour se faire bien voir ...) au regard de cet enchaînement qui a abouti à une décapitation ... On se dit que si ça arrivait chez nous, cette assassinat ignoble n'aurait même pas servi de leçon et que les même phénomènes se produiraient encore ...
On réalise aussi qu'on n'est pas à l'abri de ce genre de rumeur et que le moindre de nos gestes ou paroles peut être déformés et qu'on n'a pas grand moyen de lutter si la machine s'emballe ...
J'ai pris la mesure de tout cela au travers de ces traumatismes débutés pour moi le 11 septembre 2001 puis malheureusement reconduits avec les attentats contre Charlie-Hebdo qui ont marqué une rupture avec mon mode de fonctionnement.
L'assassinat de Samuel Samuel Paty m'a également ouvert les yeux sur beaucoup de choses.
Je me suis énormément documentée sur les modes opératoires et les organisations terroristes et leurs exactions. J'ai suivi quand je le pouvais encore ( car non inscrite sur twitter) les interventions des résistants à Raqqa. J'ai lu les documents sur le déroulement des procès du Bataclan, j'ai écouté Richard Malka.
Je sais comment agissent ceux qui sèment la terreur.
Je sais aussi que pour 50 euros un élève peut désigner un professeur à un prédateur.
Je sais que certaines classes peuvent se retourner complètement et nous souhaiter le pire parce que nous sommes désignés comme le Mal.
Je sais que nous sommes très seuls, et que la compromission, la lâcheté, l'indifférence, peuvent engendrer le chaos .
Je suis devenue équilibriste dans certaines classes où le moindre mot , le moindre texte, peuvent devenir des terrains minés.
Je suis devenus parano parce qu 'à chaque mot que je prononce je me demande s'il n'est pas enregistré par un élève qui le coupera de son contexte puis me désignera à la vindicte puis à la mort.
Alors pour ces aspects-là je suis très alarmiste et j'ai une vision mortifère de cette société et de mon métier.
Heureusement il y a des classes légères où l'on peut enseigner sans peser chaque mot en toute décontraction et en route simplicité, des collègues dont on se dit que non, eux ne nous laisseraient pas tomber si menace il y avait.
La vie continue, et la peur n'évite pas le danger.
Il n'empêche que ce qui est arrivé à Samuel Samuel Paty, ce que l'on a fait peser sur lui en plus des menaces qu'il subissait, de la part de l'institution c'est dégueulasse, c'est abject et ça ne devrait jamais exister.
J'admire sa sœur de tout mon cœur avec le discours vrai qu'elle porte, et ses mots vrais et forts.
Je regarderai ces reportages, même si je pense en savoir déjà trop hélas.
- julilibulleNiveau 10
Soirée a écrit:Ce n'est pas très surprenant, les situations de crise exaspèrent les tensions et nous sommes toutes et tous bien placés pour connaître les dysfonctionnements qui irriguent notre institution à tous les niveaux. Pourquoi un établissement lambda, confronté au pire, devrait-il être meilleur que ce que sont tous les établissements par temps calme ? Les journalistes qui se posent en procureur de circonstance n'ont pas une grande légitimité.
Il y a beaucoup à dire y compris sur le beau documentaire "le collège de Monsieur Paty" qui essaie au moins d'éviter ce type de regard de surplomb. L'autre documentaire, je ne l'ai pas vu et ne le regarderai pas, ceux qui se posent en justiciers par sensationnalisme sans s'être jamais préoccupé de l'école, très peu pour moi.
Je viens de le regarder et le documentaire (de BFM) montre à la fois des personnes qui ont pu être un soutien pour Samuel Paty durant la semaine (et notamment le rôle de la principale qui a alerté comme elle a pu, tant de fois ... ) et des personnes qui ont lâché Samuel Paty. Le documentaire ne juge pas, il laisse les personnes s'exprimer (jusqu'à un collègue, auteur d'un mail la semaine des faits expliquant la terrible erreur qu'avait pu commettre Samuel Paty durant son cours et qui explique devant la caméra qu'il pense toujours la même chose aujourd'hui).
Je trouve d'ailleurs qu'il est bien plus objectif que le documentaire de France télévisions (mais les deux n'ont pas le même but).
Ce qui ressort, c'est que l'administration (EN, au niveau du rectorat, comme police d'ailleurs) n'a pas su comprendre ce qui se jouait là. Quand une note du renseignement datée du 12 octobre, après les vidéos du père, du militant islamiste, après des mails de collègues se désolidarisant du cours de Samuel Paty, explique qu'il n'y a aucune tension palpable et que le dialogue est maintenu, on peut trouver que le documentaire ne fait pas de sensationnalisme mais permet surtout de s'interroger sur ce qui n'a pas fonctionné.
- chmarmottineGuide spirituel
Le résumé du documentaire de BFM.
https://www.bfmtv.com/replay-emissions/ligne-rouge/samuel-paty-recit-d-un-assassinat-qui-aurait-du-etre-evite_GN-202310200843.html
https://www.bfmtv.com/replay-emissions/ligne-rouge/samuel-paty-recit-d-un-assassinat-qui-aurait-du-etre-evite_GN-202310200843.html
- SoiréeHabitué du forum
Nous le savons tous. Nous n'avions pas attendu ce drame horrible pour en avoir conscience.
Mais je n'irai pas au-delà. Pour le documentaire de France 3, ce qu'il montre, il le montre bien. Il y a tout ce qu'il ne montre pas. Et qui n'est pas une petite partie des problèmes de l'école. Mais cela sort du sujet, même si ça semblait être une bonne part de l'objet de ce documentaire, pour ce que j'ai compris.
Mais je n'irai pas au-delà. Pour le documentaire de France 3, ce qu'il montre, il le montre bien. Il y a tout ce qu'il ne montre pas. Et qui n'est pas une petite partie des problèmes de l'école. Mais cela sort du sujet, même si ça semblait être une bonne part de l'objet de ce documentaire, pour ce que j'ai compris.
- Clecle78Bon génie
Merci pour ce lien. C'est vraiment très éprouvant de lire ça. Un concours de circonstances épouvantable.
- Fires of PompeiiGuide spirituel
Je me suis contentée de lire le résumé du documentaire de BFM. Je ne le regarderai pas, parce que ça provoque en moi des bouffées de haine envers ces élèves, dont la responsabilité ne saurait être niée, mais qui se retrouvent, par le miracle de leur famille ou de l’institution elle-même, jamais responsables de rien. Bref, c’est mauvais pour moi alors je m’écarte de ça…
Quant au collègue qui confond son avis sur la pédagogie et soutenir un enseignant attaqué, ça montre qu’il vaut mieux n’avoir aucune illusion sur la profession.
Quant au collègue qui confond son avis sur la pédagogie et soutenir un enseignant attaqué, ça montre qu’il vaut mieux n’avoir aucune illusion sur la profession.
_________________
Je ne dirai qu'une chose : stulo plyme.
- SoiréeHabitué du forum
Merci pour le lien. J'ai lu et n'ai rien appris de plus que ce que je savais déjà. Et malheureusement rien ne me surprend. C'était mon analyse il y a trois ans.
- CasparProphète
zigmag17 a écrit:chmarmottine a écrit:Quand on lie les deux documentaires et l'allocution de la soeur de Samuel Paty, ça laisse une impression très étrange et particulièrement angoissante.
Le documentaire de France 2 donne l'impression d'une forte solidarité, ce qui tranche avec les rares allusions évoquées par la soeur de Samuel Paty au sujet des collègues.
Effectivement, la nature humaine ne semble pas très prometteuse.
C'est plombant. Surtout quand se surprend à analyser le réel (le comportement de ses propres collègues prêts à presque tout pour se faire bien voir ...) au regard de cet enchaînement qui a abouti à une décapitation ... On se dit que si ça arrivait chez nous, cette assassinat ignoble n'aurait même pas servi de leçon et que les même phénomènes se produiraient encore ...
On réalise aussi qu'on n'est pas à l'abri de ce genre de rumeur et que le moindre de nos gestes ou paroles peut être déformés et qu'on n'a pas grand moyen de lutter si la machine s'emballe ...
J'ai pris la mesure de tout cela au travers de ces traumatismes débutés pour moi le 11 septembre 2001 puis malheureusement reconduits avec les attentats contre Charlie-Hebdo qui ont marqué une rupture avec mon mode de fonctionnement.
L'assassinat de Samuel Samuel Paty m'a également ouvert les yeux sur beaucoup de choses.
Je me suis énormément documentée sur les modes opératoires et les organisations terroristes et leurs exactions. J'ai suivi quand je le pouvais encore ( car non inscrite sur twitter) les interventions des résistants à Raqqa. J'ai lu les documents sur le déroulement des procès du Bataclan, j'ai écouté Richard Malka.
Je sais comment agissent ceux qui sèment la terreur.
Je sais aussi que pour 50 euros un élève peut désigner un professeur à un prédateur.
Je sais que certaines classes peuvent se retourner complètement et nous souhaiter le pire parce que nous sommes désignés comme le Mal.
Je sais que nous sommes très seuls, et que la compromission, la lâcheté, l'indifférence, peuvent engendrer le chaos .
Je suis devenue équilibriste dans certaines classes où le moindre mot , le moindre texte, peuvent devenir des terrains minés.
Je suis devenus parano parce qu 'à chaque mot que je prononce je me demande s'il n'est pas enregistré par un élève qui le coupera de son contexte puis me désignera à la vindicte puis à la mort.
Alors pour ces aspects-là je suis très alarmiste et j'ai une vision mortifère de cette société et de mon métier.
Heureusement il y a des classes légères où l'on peut enseigner sans peser chaque mot en toute décontraction et en route simplicité, des collègues dont on se dit que non, eux ne nous laisseraient pas tomber si menace il y avait.
La vie continue, et la peur n'évite pas le danger.
Il n'empêche que ce qui est arrivé à Samuel Samuel Paty, ce que l'on a fait peser sur lui en plus des menaces qu'il subissait, de la part de l'institution c'est dégueulasse, c'est abject et ça ne devrait jamais exister.
J'admire sa sœur de tout mon cœur avec le discours vrai qu'elle porte, et ses mots vrais et forts.
Je regarderai ces reportages, même si je pense en savoir déjà trop hélas.
Tout à fait d'accord avec toi, comme souvent. J'enseigne dans un lycée plutôt calme, et j'ai l'impression d'avoir établi un rapport de confiance avec les élèves mais je sais qu'ils peuvent m'enregistrer, me filmer, déformer mes propos et on n'est jamais à l'abri de tomber sur un élève ou une classe tordus.
- roxanneOracle
Après chacun regarde bien ce qu'il veut ou peut. Mais penser que tout le monde est informé et connait l'histoire entièrement y compris parmi les collègues, c'est se leurrer. Et à ce niveau là, le documentaire remplit bien sa fonction informative et journalistique.
Personnellement, j'ai eu du mal avec le témoignage (juste la voix et encore peut-être n'est-ce pas la vraie voix) de la mère de l'élève qui a menti et qui est à l'origine de tout. Mais, finalement, il était nécessaire aussi ce témoignage tellement le déni est encore présent. Le collègue qui persiste dans son idée de mail et qui le revendique, je crois que là non plus, il ne peut pas faire autrement. Il faut beaucoup de courage, surtout dans ces circonstances, pour reconnaitre ses torts. Maintenant, oui, ce sont des petites mesquineries ou coups bas habituels (je crois avoir lu qu'il y avait une histoire de coordination ), de peurs aussi. C'est comme ça partout, là ça a pris ces proportions.
L'autre documentaire était plus pour les profs je trouve, dans l'émotion.
Personnellement, j'ai eu du mal avec le témoignage (juste la voix et encore peut-être n'est-ce pas la vraie voix) de la mère de l'élève qui a menti et qui est à l'origine de tout. Mais, finalement, il était nécessaire aussi ce témoignage tellement le déni est encore présent. Le collègue qui persiste dans son idée de mail et qui le revendique, je crois que là non plus, il ne peut pas faire autrement. Il faut beaucoup de courage, surtout dans ces circonstances, pour reconnaitre ses torts. Maintenant, oui, ce sont des petites mesquineries ou coups bas habituels (je crois avoir lu qu'il y avait une histoire de coordination ), de peurs aussi. C'est comme ça partout, là ça a pris ces proportions.
L'autre documentaire était plus pour les profs je trouve, dans l'émotion.
- roxanneOracle
Il y a d'ailleurs une video qui circule de Dominique Bernard prise le jour de sa mort ou quelques jours avant où il discute avec ses élèves à la fin du cours et donc où il est filmé (par des collégiens donc alors que c'est censé être interdit). Je ne pense pas qu'il le savait ni même que l'intention était mauvaise, c'est plus une habitude. Là, c'est diffusé comme "hommage" mais je pense qu'aucun ne nous n'y chappe. (et il ne passe rien d'extraordinaire hein, c'est un dialogue normal d'un prof avec ses élèves)Caspar a écrit:zigmag17 a écrit:chmarmottine a écrit:Quand on lie les deux documentaires et l'allocution de la soeur de Samuel Paty, ça laisse une impression très étrange et particulièrement angoissante.
Le documentaire de France 2 donne l'impression d'une forte solidarité, ce qui tranche avec les rares allusions évoquées par la soeur de Samuel Paty au sujet des collègues.
Effectivement, la nature humaine ne semble pas très prometteuse.
C'est plombant. Surtout quand se surprend à analyser le réel (le comportement de ses propres collègues prêts à presque tout pour se faire bien voir ...) au regard de cet enchaînement qui a abouti à une décapitation ... On se dit que si ça arrivait chez nous, cette assassinat ignoble n'aurait même pas servi de leçon et que les même phénomènes se produiraient encore ...
On réalise aussi qu'on n'est pas à l'abri de ce genre de rumeur et que le moindre de nos gestes ou paroles peut être déformés et qu'on n'a pas grand moyen de lutter si la machine s'emballe ...
J'ai pris la mesure de tout cela au travers de ces traumatismes débutés pour moi le 11 septembre 2001 puis malheureusement reconduits avec les attentats contre Charlie-Hebdo qui ont marqué une rupture avec mon mode de fonctionnement.
L'assassinat de Samuel Samuel Paty m'a également ouvert les yeux sur beaucoup de choses.
Je me suis énormément documentée sur les modes opératoires et les organisations terroristes et leurs exactions. J'ai suivi quand je le pouvais encore ( car non inscrite sur twitter) les interventions des résistants à Raqqa. J'ai lu les documents sur le déroulement des procès du Bataclan, j'ai écouté Richard Malka.
Je sais comment agissent ceux qui sèment la terreur.
Je sais aussi que pour 50 euros un élève peut désigner un professeur à un prédateur.
Je sais que certaines classes peuvent se retourner complètement et nous souhaiter le pire parce que nous sommes désignés comme le Mal.
Je sais que nous sommes très seuls, et que la compromission, la lâcheté, l'indifférence, peuvent engendrer le chaos .
Je suis devenue équilibriste dans certaines classes où le moindre mot , le moindre texte, peuvent devenir des terrains minés.
Je suis devenus parano parce qu 'à chaque mot que je prononce je me demande s'il n'est pas enregistré par un élève qui le coupera de son contexte puis me désignera à la vindicte puis à la mort.
Alors pour ces aspects-là je suis très alarmiste et j'ai une vision mortifère de cette société et de mon métier.
Heureusement il y a des classes légères où l'on peut enseigner sans peser chaque mot en toute décontraction et en route simplicité, des collègues dont on se dit que non, eux ne nous laisseraient pas tomber si menace il y avait.
La vie continue, et la peur n'évite pas le danger.
Il n'empêche que ce qui est arrivé à Samuel Samuel Paty, ce que l'on a fait peser sur lui en plus des menaces qu'il subissait, de la part de l'institution c'est dégueulasse, c'est abject et ça ne devrait jamais exister.
J'admire sa sœur de tout mon cœur avec le discours vrai qu'elle porte, et ses mots vrais et forts.
Je regarderai ces reportages, même si je pense en savoir déjà trop hélas.
Tout à fait d'accord avec toi, comme souvent. J'enseigne dans un lycée plutôt calme, et j'ai l'impression d'avoir établi un rapport de confiance avec les élèves mais ke sais qu'ils peuvent m'enregistrer, me filmer, déformer mes propos et on n'est jamais à l'abri de tomber sur un élève ou une classe tordus.
- chmarmottineGuide spirituel
roxanne a écrit:Après chacun regarde bien ce qu'il veut ou peut. Mais penser que tout le monde est informé et connait l'histoire entièrement y compris parmi les collègues, c'est se leurrer. Et à ce niveau là, le documentaire remplit bien sa fonction informative et journalistique.
Personnellement, j'ai eu du mal avec le témoignage (juste la voix et encore peut-être n'est-ce pas la vraie voix) de la mère de l'élève qui a menti et qui est à l'origine de tout. Mais, finalement, il était nécessaire aussi ce témoignage tellement le déni est encore présent. Le collègue qui persiste dans son idée de mail et qui le revendique, je crois que là non plus, il ne peut pas faire autrement. Il faut beaucoup de courage, surtout dans ces circonstances, pour reconnaitre ses torts. Maintenant, oui, ce sont des petites mesquineries ou coups bas habituels (je crois avoir lu qu'il y avait une histoire de coordination ), de peurs aussi. C'est comme ça partout, là ça a pris ces proportions.
L'autre documentaire était plus pour les profs je trouve, dans l'émotion.
C'est la soeur de Samuel Paty qui évoque ce que j'ai mis en gras.
- chmarmottineGuide spirituel
Caspar a écrit:zigmag17 a écrit:chmarmottine a écrit:Quand on lie les deux documentaires et l'allocution de la soeur de Samuel Paty, ça laisse une impression très étrange et particulièrement angoissante.
Le documentaire de France 2 donne l'impression d'une forte solidarité, ce qui tranche avec les rares allusions évoquées par la soeur de Samuel Paty au sujet des collègues.
Effectivement, la nature humaine ne semble pas très prometteuse.
C'est plombant. Surtout quand se surprend à analyser le réel (le comportement de ses propres collègues prêts à presque tout pour se faire bien voir ...) au regard de cet enchaînement qui a abouti à une décapitation ... On se dit que si ça arrivait chez nous, cette assassinat ignoble n'aurait même pas servi de leçon et que les même phénomènes se produiraient encore ...
On réalise aussi qu'on n'est pas à l'abri de ce genre de rumeur et que le moindre de nos gestes ou paroles peut être déformés et qu'on n'a pas grand moyen de lutter si la machine s'emballe ...
J'ai pris la mesure de tout cela au travers de ces traumatismes débutés pour moi le 11 septembre 2001 puis malheureusement reconduits avec les attentats contre Charlie-Hebdo qui ont marqué une rupture avec mon mode de fonctionnement.
L'assassinat de Samuel Samuel Paty m'a également ouvert les yeux sur beaucoup de choses.
Je me suis énormément documentée sur les modes opératoires et les organisations terroristes et leurs exactions. J'ai suivi quand je le pouvais encore ( car non inscrite sur twitter) les interventions des résistants à Raqqa. J'ai lu les documents sur le déroulement des procès du Bataclan, j'ai écouté Richard Malka.
Je sais comment agissent ceux qui sèment la terreur.
Je sais aussi que pour 50 euros un élève peut désigner un professeur à un prédateur.
Je sais que certaines classes peuvent se retourner complètement et nous souhaiter le pire parce que nous sommes désignés comme le Mal.
Je sais que nous sommes très seuls, et que la compromission, la lâcheté, l'indifférence, peuvent engendrer le chaos .
Je suis devenue équilibriste dans certaines classes où le moindre mot , le moindre texte, peuvent devenir des terrains minés.
Je suis devenus parano parce qu 'à chaque mot que je prononce je me demande s'il n'est pas enregistré par un élève qui le coupera de son contexte puis me désignera à la vindicte puis à la mort.
Alors pour ces aspects-là je suis très alarmiste et j'ai une vision mortifère de cette société et de mon métier.
Heureusement il y a des classes légères où l'on peut enseigner sans peser chaque mot en toute décontraction et en route simplicité, des collègues dont on se dit que non, eux ne nous laisseraient pas tomber si menace il y avait.
La vie continue, et la peur n'évite pas le danger.
Il n'empêche que ce qui est arrivé à Samuel Samuel Paty, ce que l'on a fait peser sur lui en plus des menaces qu'il subissait, de la part de l'institution c'est dégueulasse, c'est abject et ça ne devrait jamais exister.
J'admire sa sœur de tout mon cœur avec le discours vrai qu'elle porte, et ses mots vrais et forts.
Je regarderai ces reportages, même si je pense en savoir déjà trop hélas.
Tout à fait d'accord avec toi, comme souvent. J'enseigne dans un lycée plutôt calme, et j'ai l'impression d'avoir établi un rapport de confiance avec les élèves mais ke sais qu'ils peuvent m'enregistrer, me filmer, déformer mes propos et on n'est jamais à l'abri de tomber sur un élève ou une classe tordus.
J'ajouterais qu'on n'est jamais à l'abri de collègues ou d'une hiérarchie qui iraient dans le sens de le rumeur, plus ou moins consciemment ... jamais à l'abri d'un "oui mais" ...
- zigmag17Guide spirituel
roxanne a écrit:Il y a d'ailleurs une video qui circule de Dominique Bernard prise le jour de sa mort ou quelques jours avant où il discute avec ses élèves à la fin du cours et donc où il est filmé (par des collégiens donc alors que c'est censé être interdit). Je ne pense pas qu'il le savait ni même que l'intention était mauvaise, c'est plus une habitude. Là, c'est diffusé comme "hommage" mais je pense qu'aucun ne nous n'y chappe.Caspar a écrit:zigmag17 a écrit:chmarmottine a écrit:Quand on lie les deux documentaires et l'allocution de la soeur de Samuel Paty, ça laisse une impression très étrange et particulièrement angoissante.
Le documentaire de France 2 donne l'impression d'une forte solidarité, ce qui tranche avec les rares allusions évoquées par la soeur de Samuel Paty au sujet des collègues.
Effectivement, la nature humaine ne semble pas très prometteuse.
C'est plombant. Surtout quand se surprend à analyser le réel (le comportement de ses propres collègues prêts à presque tout pour se faire bien voir ...) au regard de cet enchaînement qui a abouti à une décapitation ... On se dit que si ça arrivait chez nous, cette assassinat ignoble n'aurait même pas servi de leçon et que les même phénomènes se produiraient encore ...
On réalise aussi qu'on n'est pas à l'abri de ce genre de rumeur et que le moindre de nos gestes ou paroles peut être déformés et qu'on n'a pas grand moyen de lutter si la machine s'emballe ...
J'ai pris la mesure de tout cela au travers de ces traumatismes débutés pour moi le 11 septembre 2001 puis malheureusement reconduits avec les attentats contre Charlie-Hebdo qui ont marqué une rupture avec mon mode de fonctionnement.
L'assassinat de Samuel Samuel Paty m'a également ouvert les yeux sur beaucoup de choses.
Je me suis énormément documentée sur les modes opératoires et les organisations terroristes et leurs exactions. J'ai suivi quand je le pouvais encore ( car non inscrite sur twitter) les interventions des résistants à Raqqa. J'ai lu les documents sur le déroulement des procès du Bataclan, j'ai écouté Richard Malka.
Je sais comment agissent ceux qui sèment la terreur.
Je sais aussi que pour 50 euros un élève peut désigner un professeur à un prédateur.
Je sais que certaines classes peuvent se retourner complètement et nous souhaiter le pire parce que nous sommes désignés comme le Mal.
Je sais que nous sommes très seuls, et que la compromission, la lâcheté, l'indifférence, peuvent engendrer le chaos .
Je suis devenue équilibriste dans certaines classes où le moindre mot , le moindre texte, peuvent devenir des terrains minés.
Je suis devenus parano parce qu 'à chaque mot que je prononce je me demande s'il n'est pas enregistré par un élève qui le coupera de son contexte puis me désignera à la vindicte puis à la mort.
Alors pour ces aspects-là je suis très alarmiste et j'ai une vision mortifère de cette société et de mon métier.
Heureusement il y a des classes légères où l'on peut enseigner sans peser chaque mot en toute décontraction et en route simplicité, des collègues dont on se dit que non, eux ne nous laisseraient pas tomber si menace il y avait.
La vie continue, et la peur n'évite pas le danger.
Il n'empêche que ce qui est arrivé à Samuel Samuel Paty, ce que l'on a fait peser sur lui en plus des menaces qu'il subissait, de la part de l'institution c'est dégueulasse, c'est abject et ça ne devrait jamais exister.
J'admire sa sœur de tout mon cœur avec le discours vrai qu'elle porte, et ses mots vrais et forts.
Je regarderai ces reportages, même si je pense en savoir déjà trop hélas.
Tout à fait d'accord avec toi, comme souvent. J'enseigne dans un lycée plutôt calme, et j'ai l'impression d'avoir établi un rapport de confiance avec les élèves mais ke sais qu'ils peuvent m'enregistrer, me filmer, déformer mes propos et on n'est jamais à l'abri de tomber sur un élève ou une classe tordus.
Pour moi c'est devenu quasiment obsessionnel. Malheureusement on ne voit ni ne contrôle pas tout.
Quand on a des élèves marqués à la culotte parce qu'ils sont en voie de radicalisation ( un signalement en cours dans l'une de mes classes) on est en droit d'être prudent voire méfiant.
Difficile de ne pas penser à tous les possibles.
- CasparProphète
roxanne a écrit:Il y a d'ailleurs une video qui circule de Dominique Bernard prise le jour de sa mort ou quelques jours avant où il discute avec ses élèves à la fin du cours et donc où il est filmé (par des collégiens donc alors que c'est censé être interdit). Je ne pense pas qu'il le savait ni même que l'intention était mauvaise, c'est plus une habitude. Là, c'est diffusé comme "hommage" mais je pense qu'aucun ne nous n'y chappe. (et il ne passe rien d'extraordinaire hein, c'est un dialogue normal d'un prof avec ses élèves)Caspar a écrit:zigmag17 a écrit:chmarmottine a écrit:Quand on lie les deux documentaires et l'allocution de la soeur de Samuel Paty, ça laisse une impression très étrange et particulièrement angoissante.
Le documentaire de France 2 donne l'impression d'une forte solidarité, ce qui tranche avec les rares allusions évoquées par la soeur de Samuel Paty au sujet des collègues.
Effectivement, la nature humaine ne semble pas très prometteuse.
C'est plombant. Surtout quand se surprend à analyser le réel (le comportement de ses propres collègues prêts à presque tout pour se faire bien voir ...) au regard de cet enchaînement qui a abouti à une décapitation ... On se dit que si ça arrivait chez nous, cette assassinat ignoble n'aurait même pas servi de leçon et que les même phénomènes se produiraient encore ...
On réalise aussi qu'on n'est pas à l'abri de ce genre de rumeur et que le moindre de nos gestes ou paroles peut être déformés et qu'on n'a pas grand moyen de lutter si la machine s'emballe ...
J'ai pris la mesure de tout cela au travers de ces traumatismes débutés pour moi le 11 septembre 2001 puis malheureusement reconduits avec les attentats contre Charlie-Hebdo qui ont marqué une rupture avec mon mode de fonctionnement.
L'assassinat de Samuel Samuel Paty m'a également ouvert les yeux sur beaucoup de choses.
Je me suis énormément documentée sur les modes opératoires et les organisations terroristes et leurs exactions. J'ai suivi quand je le pouvais encore ( car non inscrite sur twitter) les interventions des résistants à Raqqa. J'ai lu les documents sur le déroulement des procès du Bataclan, j'ai écouté Richard Malka.
Je sais comment agissent ceux qui sèment la terreur.
Je sais aussi que pour 50 euros un élève peut désigner un professeur à un prédateur.
Je sais que certaines classes peuvent se retourner complètement et nous souhaiter le pire parce que nous sommes désignés comme le Mal.
Je sais que nous sommes très seuls, et que la compromission, la lâcheté, l'indifférence, peuvent engendrer le chaos .
Je suis devenue équilibriste dans certaines classes où le moindre mot , le moindre texte, peuvent devenir des terrains minés.
Je suis devenus parano parce qu 'à chaque mot que je prononce je me demande s'il n'est pas enregistré par un élève qui le coupera de son contexte puis me désignera à la vindicte puis à la mort.
Alors pour ces aspects-là je suis très alarmiste et j'ai une vision mortifère de cette société et de mon métier.
Heureusement il y a des classes légères où l'on peut enseigner sans peser chaque mot en toute décontraction et en route simplicité, des collègues dont on se dit que non, eux ne nous laisseraient pas tomber si menace il y avait.
La vie continue, et la peur n'évite pas le danger.
Il n'empêche que ce qui est arrivé à Samuel Samuel Paty, ce que l'on a fait peser sur lui en plus des menaces qu'il subissait, de la part de l'institution c'est dégueulasse, c'est abject et ça ne devrait jamais exister.
J'admire sa sœur de tout mon cœur avec le discours vrai qu'elle porte, et ses mots vrais et forts.
Je regarderai ces reportages, même si je pense en savoir déjà trop hélas.
Tout à fait d'accord avec toi, comme souvent. J'enseigne dans un lycée plutôt calme, et j'ai l'impression d'avoir établi un rapport de confiance avec les élèves mais ke sais qu'ils peuvent m'enregistrer, me filmer, déformer mes propos et on n'est jamais à l'abri de tomber sur un élève ou une classe tordus.
J'ai constaté lors de mon dernier voyage scolaire à quel point les élèves filment tout et tout le temps (je le savais plus ou moins mais là je l'ai constat de visu, c'est le cas de le dire).
- zigmag17Guide spirituel
Ils filment tout, ils peuvent zoomer... Au lycée comme en ville ( où j'en croise pas mal).
- elisa18Neoprof expérimenté
Cela m'est arrivé hier : un élève me dit qu'il n'a pas emmené le livre chez lui car je l'en ai empêcher pour ne pas qu'il le ....vole
Je l'avais mis en garde de ne pas l'oublier, et de ne pas l'abîmer (c'est un superbe album tout neuf). Il avait préféré le laisser. Voilà comment mes propos ont été transformés. S'il avait dit cela à ses parents, j'aurais pu être taxée de racisme j'imagine
Je l'avais mis en garde de ne pas l'oublier, et de ne pas l'abîmer (c'est un superbe album tout neuf). Il avait préféré le laisser. Voilà comment mes propos ont été transformés. S'il avait dit cela à ses parents, j'aurais pu être taxée de racisme j'imagine
- CasparProphète
Soirée a écrit:Ce n'est pas très surprenant, les situations de crise exaspèrent les tensions et nous sommes toutes et tous bien placés pour connaître les dysfonctionnements qui irriguent notre institution à tous les niveaux. Pourquoi un établissement lambda, confronté au pire, devrait-il être meilleur que ce que sont tous les établissements par temps calme ? Les journalistes qui se posent en procureur de circonstance n'ont pas une grande légitimité.
Il y a beaucoup à dire y compris sur le beau documentaire "le collège de Monsieur Paty" qui essaie au moins d'éviter ce type de regard de surplomb. L'autre documentaire, je ne l'ai pas vu et ne le regarderai pas, ceux qui se posent en justiciers par sensationnalisme sans s'être jamais préoccupé de l'école, très peu pour moi.
Tu as tort car ce reportage est intéressant et il retrace toute la chronologie des faits. Il est complémentaire du documentaire de France Télévisions, dont le réalisateur a choisi un autre angle.
- epekeina.tes.ousiasModérateur
Tout cela est profondément déprimant.
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Si tu vales valeo.
- EnnaNiveau 10
Il ne faut pas penser à tout cela,sinon on ne fait plus rien et on se terre chez-soi.
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Enna
- JennyMédiateur
Je n’ai pas la force de regarder en ce moment. Je regarderais sans doute plus tard.
- CasparProphète
Enna a écrit:Il ne faut pas penser à tout cela,sinon on ne fait plus rien et on se terre chez-soi.
Pourquoi donc ? Bien sûr qu'il faut y penser...je ne comprends pas ton message en fait.
Je continue à vivre ma vie et je ne me terre pas chez moi.
- epekeina.tes.ousiasModérateur
Enna a écrit:Il ne faut pas penser à tout cela,sinon on ne fait plus rien et on se terre chez-soi.
Pour ma part, si je n'y pensais pas, je ne parviendrais certainement pas à sortir de chez moi pour aller enseigner.
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Si tu vales valeo.
- OxfordNeoprof expérimenté
Monsieur Silence a écrit:Oui, sans doute, c'est "Ligne rouge" : https://www.bfmtv.com/replay-emissions/ligne-rouge/samuel-paty-recit-d-un-assassinat-qui-aurait-du-etre-evite_GN-202310200843.html
Merci pour le lien.
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Tutti i ghjorna si n'impara.
- chmarmottineGuide spirituel
Je me demande si le documentaire de BFM ne serait pas à montrer à tous, en particulier à tous les élèves ... si ça pouvait leur faire prendre conscience que certains actes peuvent avoir de lourdes conséquences ...
- roxanneOracle
Mon fils l'a vu. C'était effectivement édifiant sur les conséquences du mensonge.
- OxfordNeoprof expérimenté
chmarmottine a écrit:Je me demande si le documentaire de BFM ne serait pas à montrer à tous, en particulier à tous les élèves ... si ça pouvait leur faire prendre conscience que certains actes peuvent avoir de lourdes conséquences ...
Oui, parce que le reportage de France tv, "Le collège de Monsieur Paty", victimise fortement les élèves et montre à quel point on n'a demandé aucune réflexion aux élèves et pourtant c'est eux qui ont fait enfler la rumeur. Il n'y a que pendant le générique de fin qu'on entend quelques réflexions sensées.
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Tutti i ghjorna si n'impara.
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