Attaque au couteau dans un lycée à Arras

Zetitcheur a écrit:

gregforever a écrit:Réunion très décevante ce matin (une vingtaine de collègues sur 13 profs); on n'a pas vu la direction, aucun accueil aucun message de soutien rien.

Même pas un mail chez nous (il paraît que çà aurait obligé le directeur à envoyer des mails un dimanche... non mais... hallucinant) ; j'ai posé la question d'une action de solidarité quelconque au secrétariat et à des collègues, personne n'avait d'info et quelqu'un m'a répondu que çà ne concernait "que" le secondaire...
Je suis très choquée de ce manque d'unité en tant que communauté éducative, et surtout de compassion. Business as usual, bref.

Iridiane a écrit:Dans ma fac, une minute de silence est finalement organisée à 14h, mais sans qu'aucun rassemblement soit prévu, donc c'est un peu absurde. Le lundi, à 14h, je travaille dans mon bureau, donc oui je vais observer une minute de silence parce que je ne parle pas toute seule en travaillant... Ce genre de moment n'est profitable (et encore, je ne sais pas trop s'il l'est) que s'il est partagé, or rien n'est organisé.
Par ailleurs, un courriel de l'INSPE a averti notre responsable de MEEF qu'il convenait de "partager le choc et l'émotion avec les étudiants" et de "répondre à leurs questions" tout en faisant preuve de "résilience". Tout va bien.

Reine Margot a écrit:Ne me sentant pas de me mettre à faire une minute de silence toute seule dans mon bureau conformément aux directives, je n'ai donc pas fait de minute de silence.

Amaliah a écrit:Corwyn, je suis très émue de te lire. Je trouve aussi que les mots de Marcelle sont justes.

Je suis étonnée de lire que certains ont fait la minute de silence dans la cour. Notre chef nous a dit ce matin que c'était strictement interdit. Est-ce une consigne académique?

Les 2h de ce matin ont été profitables chez nous : report des réunions parents-professeurs prévues cette semaine, écriture d'un petit texte commun et amélioration du diaporama qu'on nous a envoyé. Certaines classes éventuellement problématiques ont été encadrées par deux professeurs.

Trinity a écrit:Idem ici.

Mon chef a d'ailleurs dérogé au cadre de départ mais c'était cohérent : les élèves sont arrivés à 10h (heure habituelle de la récré), on a attendu qu'ils soient rangés dans la cour et le chef (équipé d'un ampli et d'un micro) s'est adressé à eux puis on a observé la minute de silence ensemble.

...] on voit à quel point toute la communauté éducative se sent incomprise. Au fur et à mesure que les jours passent, la peur va s’installer dans l’esprit de Samuel Paty mais aussi dans celui de ses collègues.
A Arras, Mohammed Mogouchkov savait qu’il assassinait un professeur devant les élèves. A Conflans, Abdoullakh Anzorov a décapité Samuel Paty à quelques mètres des élèves. Les enseignants que j’ai rencontrés pour écrire ce livre ont ressenti une déconnexion totale entre eux et les représentants de l’éducation nationale, une incompréhension. En gros, on leur a dit : « Chacun reste dans son domaine ; vous n’avez rien à craindre, vous enseignez et l’on vous protège. »
Samedi 14 octobre, j’étais à la remise du prix Samuel-Paty, à la Sorbonne. Les profs expriment une très grande colère, ils n’ont presque plus de larmes. L’attentat d’Arras nous montre, leur montre qu’une nouvelle fois l’histoire bégaie. J’ai aussi reçu des appels de candidats au Capes d’histoire. Ils ont peur. Depuis 2020, la menace est devenue courante, des élèves disent à leur prof « on va te faire une Samuel Paty ». Il faut faire bloc face au terrorisme. Mais la communauté éducative n’y parviendra pas seule. Aujourd’hui, 16 octobre, à trois ans, jour pour jour, de l’assassinat de Samuel Paty, les enseignants vont une nouvelle fois tenter de parler à leurs élèves, de leur expliquer l’inimaginable. Certes, les élèves vont les entendre, mais à leur façon.

G. K. : Entre la razzia du Hamas, le 7 octobre, et l’attentat d’Arras la semaine suivante, la menace dont vous parlez a été proférée par plusieurs élèves à travers la France, qui ont annoncé à des profs qu’ils allaient leur « faire une Samuel Paty » – cette expression atroce est désormais banalisée dans certains milieux. Face à la salafisation des esprits, l’école est la ligne de front. Voilà pourquoi les larmes ne suffisent pas, il faut aussi des armes, au sens intellectuel du terme. Or, les enseignants sont non seulement socialement déclassés et prolétarisés, traités comme les derniers des derniers par l’Etat, qui les sous-paye, mais en plus l’université ne leur donne pas les outils pour comprendre la menace qui pèse sur eux. Les mutations du monde arabo-musulman font aujourd’hui l’objet d’une occultation. Les quelques chercheurs qui veulent continuer à les étudier sont soumis à la vindicte et privés de crédits.
Résultat : la machine qui forme les profs du secondaire ne leur donne pas les moyens de saisir le défi auquel ils font face, cette idéologie planétaire dont Anzorov et Mogouchkov ne sont que la pointe émergée. Face à ce monde qui leur échappe, les profs sont complètement désemparés, les outils pédagogiques manquent. Ils sont nombreux à se mettre en congé de maladie pour fuir ces situations intenables. L’institution devrait les aider. Elle en est incapable, par impéritie mais aussi par lâcheté.

V. I. : Entre Samuel Paty et Dominique Bernard, on sent bien tous les points communs. Ces deux hommes transmettaient la culture aux enfants, ils leur apprenaient la tolérance, et ils avaient la passion de l’enseignement, cette mission dans laquelle ils s’étaient engagés et à laquelle ils croyaient. Samuel Paty surpassait les programmes scolaires, il emmenait ses élèves à l’Institut du monde arabe, il en revenait avec le désir de leur faire écouter d’autres musiques, par exemple un concert mêlant musiques de trouvère et musiques algériennes du XIIIe siècle. Et oui, on sent que ces hommes de culture, de sensibilité ouverte, sont des cibles recherchées par ces assassins.

En 2019, la famille était suivie par le service social du centre d’accueil des demandeurs d’asile à Arras. Un des responsables racontait : «Ici, je vois la famille une fois par semaine pour une permanence alimentaire. On leur donne 110 euros pour de la nourriture. On [les] accompagne aussi dans le suivi administratif. Il n’y a aucun problème avec eux.» Les aînés étaient tous les deux passés par le lycée Gambetta. En 2016, quand il était en quatrième, Movsar Mogouchkov avait un professeur de français, très content de ses résultats (17,5 de moyenne, «excellent trimestre à tous les niveaux, personnel, participation et attitude. Bravo !»). Il s’appelait Dominique Bernard.

Estelle60 a écrit:Le MEN n'a pas été capable de nommer un établissement Samuel Paty depuis 2020 et  nous demande de relever  la tête et de ne pas avoir peur  quelle hypocrisie.

epekeina.tes.ousias a écrit:https://www.liberation.fr/societe/police-justice/attentat-a-arras-de-lexil-au-jihadisme-litineraire-sulfureux-de-la-famille-mogouchkov-20231013_OE4TETXWZRCVTIDWNZ56AT7Q5U/

En 2019, la famille était suivie par le service social du centre d’accueil des demandeurs d’asile à Arras. Un des responsables racontait : «Ici, je vois la famille une fois par semaine pour une permanence alimentaire. On leur donne 110 euros pour de la nourriture. On [les] accompagne aussi dans le suivi administratif. Il n’y a aucun problème avec eux.» Les aînés étaient tous les deux passés par le lycée Gambetta. En 2016, quand il était en quatrième, Movsar Mogouchkov avait un professeur de français, très content de ses résultats (17,5 de moyenne, «excellent trimestre à tous les niveaux, personnel, participation et attitude. Bravo !»). Il s’appelait Dominique Bernard.

Estelle60 a écrit:Le MEN n'a pas été capable de nommer un établissement Samuel Paty depuis 2020 et  nous demande de relever  la tête et de ne pas avoir peur  quelle hypocrisie.

gemshorn a écrit:Les sacs des adultes, professeurs et membres du personnel, peuvent également être contrôlés par les AED (contrôle visuel et non "fouille" qui ne peut être faite que par un officier de police judiciaire ou un gendarme).
Sachant que chez nous, comme dans beaucoup d'autres établissements, les professeurs ont un badge qui leur permet d'entrer à tout moment dans l'établissement, donc en dehors des heures d'ouvertures des portes, j'avoue être un peu perplexe au sujet de l'étendue de cette mesure, d'autant que les professeurs assassinés ne l'ont pas été par leurs collègues (c'est mon côté bougon qui parle), mais bon, j'ai cours à 8 heures demain, je m'exécuterai donc si l'on me demande d'ouvrir mon sac, en espérant que la file d'attente ne sera pas trop longue.