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- JennyMédiateur
Valle : C'est pour ça que ce genre de questions est extrêmement délicate à traiter devant un jury.
Il y a ce qu'on ferait éventuellement en classe et ce qui est attendu par un jury, sachant qu'en plus, la réponse "je traite le programme, point" ne va pas tenir le temps imparti.
Je précise aussi que cette épreuve se passe sans temps de préparation, au débotté.
Il y a ce qu'on ferait éventuellement en classe et ce qui est attendu par un jury, sachant qu'en plus, la réponse "je traite le programme, point" ne va pas tenir le temps imparti.
Je précise aussi que cette épreuve se passe sans temps de préparation, au débotté.
- dandelionVénérable
L’absence de temps de réflexion est effrayante. Il s’agit de questions d’éthique le plus souvent, pour lesquelles on a rarement des solutions simples et directes.
- lene75Prophète
valle a écrit:Je me demande si ce n'est pas le "piège" de la situation : repérer les candidats qui voudraient convaincre l'élève qu'il ne connaît pas bien sa propre religion et justifier l'enseignement, non par son inclusion dans les programmes, mais par son adéquation avec les croyances exprimées par l'élève.Jenny a écrit:Tu pars du principe que les élèves ont des bases plus ou moins solides de culture religieuse. Or, surtout en 6e, ce n'est pas forcément le cas.
Le cours ne se limite pas à l'AT, ce n'est justement pas un cours de catéchisme, donc forcément les collègues évoquent la culture juive. Or, il y a aussi une part d'antisémitisme qui peut entrer en jeu quand on aborde les Juifs en cours. Etre catholique n'a jamais empêché ça.
Il me semble que c'est ce qui a été reproché au jury de philo : ancrer ces questions dans la réflexion philosophique et en appeler au raisonnement des élèves au lieu de se contenter de rappeler la règle.
Dans son interview, la présidente ne tire pas explicitement les conclusions de ce qu'elle dit, mais j'y comprends que cette épreuve, dans la forme imposée par le ministère, n'est pas seulement non pertinente pour recruter des professeurs de philosophie, mais s'oppose à l'esprit même de l'enseignement de la philosophie, puisque imposer une règle de façon arbitraire, c'est-à-dire sans l'accompagner d'une justification rationnelle, est contraire à la démarche philosophique. Il ne suffit pas de constater que c'est au programme, encore faut-il se demander pourquoi il est légitime que ce soit au programme... ce qui forcément revient à se demander s'il est légitime ou pas que ce soit au programme, et c'est là que le ministère prend peur.
Il serait fâcheux de recruter des professeurs de philosophie qui, pour être recrutés, ont accepté de renoncer à la pensée philosophique. Ça n'augure rien de bon. C'est la raison pour laquelle, je crois, autant de collègues ont signé la pétition dans laquelle ils déclarent qu'en l'état actuel des choses ils ne pourront pas être membres du jury. En gros ce que dit cette pétition, c'est que les membres actuels se voient contraints de démissionner mais qu'il n'y aura pas grand monde pour prendre la relève.
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Une classe, c'est comme une boîte de chocolats, on sait jamais sur quoi on va tomber...
- nicole 86Expert spécialisé
Jenny a écrit:Tu pars du principe que les élèves ont des bases plus ou moins solides de culture religieuse. Or, surtout en 6e, ce n'est pas forcément le cas.
Le cours ne se limite pas à l'AT, ce n'est justement pas un cours de catéchisme, donc forcément les collègues évoquent la culture juive. Or, il y a aussi une part d'antisémitisme qui peut entrer en jeu quand on aborde les Juifs en cours. Etre catholique n'a jamais empêché ça.
Cela ne doit pas être si évident puisque les évêques catholiques français ont fait paraitre en 2023 : Déconstruire l'antijudaïsme chrétien à partir de l'enseignement de l'Eglise (je n'ai pas lu cet opuscule).
https://www.amazon.fr/Que-dire-face-%C3%A0-lantijuda%C3%AFsme/dp/2204149810/ref=sr_1_1?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&crid=2K7L3ET2G0VK5&keywords=eveques+antis%C3%A9mitisme&qid=1698141405&sprefix=eveques+antis%C3%A9mitisme%2Caps%2C83&sr=8-1
N'oublions pas que Vatican II date seulement de 60 ans.
Si je faisais de l'ironie je dirais que les questions s'apparentent aux catéchismes du début du siècle dernier.
- valleExpert spécialisé
Je me demandais en effet qui sera nommé. Il doit bien y avoir des universitaires qui adoreraient, mais je suppose que même ceux qui sont prêts à se plier à ces attentes ministérielles auront honte d'accepter. Je suppose que ce sera un IG ?lene75 a écrit:C'est la raison pour laquelle, je crois, autant de collègues ont signé la pétition dans laquelle ils déclarent qu'en l'état actuel des choses ils ne pourront pas être membres du jury. En gros ce que dit cette pétition, c'est que les membres actuels se voient contraints de démissionner mais qu'il n'y aura pas grand monde pour prendre la relève.
- OudemiaBon génie
Je me demande quelles sont les questions pour un professeur de lettres (classiques ou pas) ; je soupçonne que pour ce qui est en lien avec la vie scolaire ce sont les mêmes, et moi non plus je ne sais comment je me dépatouillerais de cette situation
- DhatturaHabitué du forum
Merci. Je crois que ça en intéressera plus d'un ici .Jenny a écrit:
Dhaturra : Je crois que j'en ai vu passer, je regarde tout à l'heure.
- Fabrice25Habitué du forum
En SVT, le leitmotiv de certains membres du jury concernait les grossesses avouées par certaines élèves au professeur de SVT... Je vous laisse imaginer les scénarios totalement fantasmés.
- JennyMédiateur
- JennyMédiateur
Oudemia a écrit:Je me demande quelles sont les questions pour un professeur de lettres (classiques ou pas) ; je soupçonne que pour ce qui est en lien avec la vie scolaire ce sont les mêmes, et moi non plus je ne sais comment je me dépatouillerais de cette situation
C'est effectivement le même type de questions pour la partie sur la vie scolaire.
Le jury de lettres étant un poil bavard, je te mets les exemples en spoiler.
- Spoiler:
- JennyMédiateur
Suite...
Autre aspect : les résultats à cette épreuve semblent assez discriminants pour la réussite au concours. Dans mon académie, les étudiants en M2MEEF et stagiaires SOPA réussissent beaucoup mieux le CAPES que les titulaires d'un M2R, car ils sont mieux préparés à cette épreuve. D'où une stratégie croissante chez les étudiants de faire un M2R puis de passer en M2MEEF grâce à une passerelle.
Bref, j'ai tendance à souhaiter bon courage aux candidats.
- Spoiler:
Autre aspect : les résultats à cette épreuve semblent assez discriminants pour la réussite au concours. Dans mon académie, les étudiants en M2MEEF et stagiaires SOPA réussissent beaucoup mieux le CAPES que les titulaires d'un M2R, car ils sont mieux préparés à cette épreuve. D'où une stratégie croissante chez les étudiants de faire un M2R puis de passer en M2MEEF grâce à une passerelle.
Bref, j'ai tendance à souhaiter bon courage aux candidats.
- valleExpert spécialisé
J'avais osé avancer dans un autre fil que l'épreuve était faite pour privilégier les MEEF et il m'avait été opposé que 1-non, puisque ça restait une épreuve disciplinaire (cf... le rapport du CAPES de philosophie), 2-non, puisqu'en bon nombre de candidats étaient très mauvais et qu'il suffisait de ne pas dire de bêtise.Jenny a écrit:Suite...Rapport jury Lettres 2023
- Spoiler:
Autre aspect : les résultats à cette épreuve semblent assez discriminants pour la réussite au concours. Dans mon académie, les étudiants en M2MEEF et stagiaires SOPA réussissent beaucoup mieux le CAPES que les titulaires d'un M2R, car ils sont mieux préparés à cette épreuve. D'où une stratégie croissante chez les étudiants de faire un M2R puis de passer en M2MEEF grâce à une passerelle.
Bref, j'ai tendance à souhaiter bon courage aux candidats.
- JennyMédiateur
Certes, c'est sur une seule académie, mais ce n'est pas ce qu'on constate...
On pourrait se dire que c'est du bon sens, sauf qu'il faut quand même très bien connaître le fonctionnement d'un établissement scolaire et je me dis qu'on a intérêt, pour ceux qui sont tuteurs de SOPA, à leur montrer pas mal de dispositifs, à leur faire rencontrer un maximum de personnel et à les emmener en réunion. De plus, les réponses attendues ne correspondent pas forcément à notre pratique au quotidien.
Une nouvelle fois, sans expérience significative de l'enseignement, je trouve ça hyper difficile.
On pourrait se dire que c'est du bon sens, sauf qu'il faut quand même très bien connaître le fonctionnement d'un établissement scolaire et je me dis qu'on a intérêt, pour ceux qui sont tuteurs de SOPA, à leur montrer pas mal de dispositifs, à leur faire rencontrer un maximum de personnel et à les emmener en réunion. De plus, les réponses attendues ne correspondent pas forcément à notre pratique au quotidien.
Une nouvelle fois, sans expérience significative de l'enseignement, je trouve ça hyper difficile.
- epekeina.tes.ousiasModérateur
valle a écrit:J'avais osé avancer dans un autre fil que l'épreuve était faite pour privilégier les MEEF et il m'avait été opposé que 1-non, puisque ça restait une épreuve disciplinaire (cf... le rapport du CAPES de philosophie), 2-non, puisqu'en bon nombre de candidats étaient très mauvais et qu'il suffisait de ne pas dire de bêtise.
Non, l'épreuve n'est pas “faite pour privilégier les MEEF” — mais pour d'autres raisons.
D'abord parce que les MEEF ont (eu) obligation, sur commande ministérielle, de produire des diplômes qui affichent clairement des contenus répondant à la fois aux impératifs en provenance de l'EN ainsi qu'à ceux des concours (sans quoi, le diplôme est retoqué).
Ensuite parce que les profs qui y enseignent, majoritairement des PRAG du second degré, font bien leur travail : ils préparent les étudiants à un concours.
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Si tu vales valeo.
- DhatturaHabitué du forum
Merci Jenny pour le partage.
- lene75Prophète
Jenny a écrit:Certes, c'est sur une seule académie, mais ce n'est pas ce qu'on constate...
On pourrait se dire que c'est du bon sens, sauf qu'il faut quand même très bien connaître le fonctionnement d'un établissement scolaire et je me dis qu'on a intérêt, pour ceux qui sont tuteurs de SOPA, à leur montrer pas mal de dispositifs, à leur faire rencontrer un maximum de personnel et à les emmener en réunion. De plus, les réponses attendues ne correspondent pas forcément à notre pratique au quotidien.
Une nouvelle fois, sans expérience significative de l'enseignement, je trouve ça hyper difficile.
+1
Et pour reprendre la remarque que tu fais au-dessus, ça ne correspond pas à la réalité du métier mais à une vision fantasmée du métier qui ne correspond pas à la pratique réelle. Donc ça n'a aucun sens non plus pour ceux qui ont de l'expérience. Et pour les autres, ça leur donne une vision erronée du métier et l'illusion qu'il y a des réponses toutes faites à toutes les situations.
Bilan des courses, ça ne permet d'évaluer qu'une seule chose : si le candidat a eu ou non accès aux réponses attendues. Et, éventuellement, pour ceux qui ont un peu d'expérience, s'ils sont prêts à se soumettre au politiquement correct en donnant la réponse attendue plutôt qu'en disant la vérité.
- JennyMédiateur
Je pense quand même que l'expérience aide un peu : ne serait-ce que connaître les acteurs de l'école et leur rôle, le type de mesures qu'on peut prendre...
- Clecle78Bon génie
Exactement.lene75 a écrit:Jenny a écrit:Certes, c'est sur une seule académie, mais ce n'est pas ce qu'on constate...
On pourrait se dire que c'est du bon sens, sauf qu'il faut quand même très bien connaître le fonctionnement d'un établissement scolaire et je me dis qu'on a intérêt, pour ceux qui sont tuteurs de SOPA, à leur montrer pas mal de dispositifs, à leur faire rencontrer un maximum de personnel et à les emmener en réunion. De plus, les réponses attendues ne correspondent pas forcément à notre pratique au quotidien.
Une nouvelle fois, sans expérience significative de l'enseignement, je trouve ça hyper difficile.
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Et pour reprendre la remarque que tu fais au-dessus, ça ne correspond pas à la réalité du métier mais à une vision fantasmée du métier qui ne correspond pas à la pratique réelle. Donc ça n'a aucun sens non plus pour ceux qui ont de l'expérience. Et pour les autres, ça leur donne une vision erronée du métier et l'illusion qu'il y a des réponses toutes faites à toutes les situations.
Bilan des courses, ça ne permet d'évaluer qu'une seule chose : si le candidat a eu ou non accès aux réponses attendues. Et, éventuellement, pour ceux qui ont un peu d'expérience, s'ils sont prêts à se soumettre au politiquement correct en donnant la réponse attendue plutôt qu'en disant la vérité.
- valleExpert spécialisé
Je ne comprends pas la logique de ton post. L'épreuve est faite parce que les MEEF ont obligation de produire des diplômes ? Elle est paite parce que les PRAG font bien leur travail ?epekeina.tes.ousias a écrit:valle a écrit:J'avais osé avancer dans un autre fil que l'épreuve était faite pour privilégier les MEEF et il m'avait été opposé que 1-non, puisque ça restait une épreuve disciplinaire (cf... le rapport du CAPES de philosophie), 2-non, puisqu'en bon nombre de candidats étaient très mauvais et qu'il suffisait de ne pas dire de bêtise.
Non, l'épreuve n'est pas “faite pour privilégier les MEEF” — mais pour d'autres raisons.
D'abord parce que les MEEF ont (eu) obligation, sur commande ministérielle, de produire des diplômes qui affichent clairement des contenus répondant à la fois aux impératifs en provenance de l'EN ainsi qu'à ceux des concours (sans quoi, le diplôme est retoqué).
Ensuite parce que les profs qui y enseignent, majoritairement des PRAG du second degré, font bien leur travail : ils préparent les étudiants à un concours.
Tu donnes des motifs possibles pour expliquer la réussite des MEEF au concours, mais tu ne dis par pourquoi, d'après toi, l'épreuve de mise en situation n'est pas faite pour favoriser les MEEF.
- epekeina.tes.ousiasModérateur
valle a écrit:Je ne comprends pas la logique de ton post. L'épreuve est faite parce que les MEEF ont obligation de produire des diplômes ? Elle est paite parce que les PRAG font bien leur travail ?epekeina.tes.ousias a écrit:valle a écrit:J'avais osé avancer dans un autre fil que l'épreuve était faite pour privilégier les MEEF et il m'avait été opposé que 1-non, puisque ça restait une épreuve disciplinaire (cf... le rapport du CAPES de philosophie), 2-non, puisqu'en bon nombre de candidats étaient très mauvais et qu'il suffisait de ne pas dire de bêtise.
Non, l'épreuve n'est pas “faite pour privilégier les MEEF” — mais pour d'autres raisons.
D'abord parce que les MEEF ont (eu) obligation, sur commande ministérielle, de produire des diplômes qui affichent clairement des contenus répondant à la fois aux impératifs en provenance de l'EN ainsi qu'à ceux des concours (sans quoi, le diplôme est retoqué).
Ensuite parce que les profs qui y enseignent, majoritairement des PRAG du second degré, font bien leur travail : ils préparent les étudiants à un concours.
Tu donnes des motifs possibles pour expliquer la réussite des MEEF au concours, mais tu ne dis par pourquoi, d'après toi, l'épreuve de mise en situation n'est pas faite pour favoriser les MEEF.
Mais enfin, c'est l'inverse. Personne dans les Inspé n'a eu son mot à dire sur les concours et les épreuves — pas plus cette fois-là que les précédentes d'ailleurs. Et la commande (impérative, avec indications, pourcentages, expressions clefs à “afficher”, “navettes” répétées, etc.) était de pondre un “diplôme” préparant à ce concours (quoi que cela veuille dire). Et il se trouve que les collègues, majoritairement PRAG, qui préparent les étudiants à ce concours les y préparent et travaillent — y compris pour les oraux (sous forme de TP, par ex.) avec des entraînements. Je ne dis pas que c'est “bien” ni qu'ils font des miracles : mais ils travaillent sérieusement avec leurs étudiants, dans un cadre qui est ce qu'il est.
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Si tu vales valeo.
- LefterisEsprit sacré
Bon, signé, après bien des difficultés. Les philosophes n'ont pas l'esprit pratique, ils vivent à Coucouville-les- Nuées ! Un de mes derniers actes d'enseignant, mais je crois encore rêver, si ce n'est pas un cauchemar.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- epekeina.tes.ousiasModérateur
“Mais quel est donc cet homme juché dans un panier ?” Mais c'est lui voyons, qui “marche dans les airs et contemple le soleil” !
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Si tu vales valeo.
- Manu7Expert spécialisé
En parcourant les exemples, je me dis qu'un bon candidat à cet oral qui ferait vraiment ce qu'il a répondu risque de ne pas du tout suivre sa progression prévue si à chaque question il doit effetuer deux ou trois séances pour en débattre... Et si pendant sa réponse, un autre élève lance un autre sujet de discussion très sensible, on fait quoi ?
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