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- angelxxxÉrudit
Iridiane a écrit:Certes Henriette et si j’avais des enfants j’espère (car je ne peux pas le présumer) que je ferais comme toi, c’est en tout cas ce que je pense théoriquement. Mais dans la pratique, c’est minoritaire, il suffit de voir tous les enfants qui ont un smartphone dès le collège, voire le primaire parfois. Sans compter les bébés à qui on colle le téléphone ou la tablette dans les mains pour avoir la paix (vu plusieurs fois au restaurant).
Le mien, après avoir fini un coloriage ou une histoire, en aura marre et voudra passer à autre chose
Du coup, oui, je lui prête mon téléphone, et tout le monde pourra s'offusquer ! Au final, il fera une ou deux parties d'échecs dessus... Mais les gens n'en savent rien, et donc se diront que je suis un horrible parent.
Quand j'étais enfant, j'étais totalement à l'opposé : mes parents n'avaient pas le temps de s'occuper de moi à partir de 18h, j'avais la liberté de choisir entre TV, console et autre chose. En général, je resté assis à m'occuper tout seul, je pouvais rester sur la même activité pendant des heures sans problème. Mais je pense que c'est simplement une différence de caractère, pas que cela a été induit par le prêt de mon smartphone, qui en plus, est assez récent.
- Ajonc35Sage
J'adore tes propos. Et j'ajoute.lene75 a écrit:Iridiane a écrit:Mais ce n’est pas du tout ce que je dis ! On est tout à fait d’accord que c’est à cause des parents. Mais il y a PLEIN de parents comme ça. Et ce que je dis juste (pour ce qui me concerne) c’est que c’est un problème que l’école renforce le phénomène en collant les enfants devant des écrans. Et encore une fois je ne parle pas des dessins animés regardés ponctuellement en classe dans un but pédagogique.
Eh bien moi je dis les deux. Dans les familles où les enfants consomment beaucoup d'écrans, ça accentue le problème, mais je connais aussi beaucoup de familles, dont la mienne, dans lesquelles les problèmes ont commencé à cause de l'école alors qu'il y avait un bon équilibre et une faible consommation d'écrans avant.
Suite aux problèmes qu'elle a rencontrés avec son fils en début de 6e, j'ai une collègue qui a signifié au PP qu’elle voulait que la tablette reste désormais au collège et que son fils ne ferait désormais plus que les devoirs inscrits dans l'agenda et pas ceux qui sont uniquement inscrits sur l'ENT parce que cette tablette mettait en péril la scolarité de son fils et l'équilibre familial. Mais il faut un sacré cran pour faire ça, et ça m'étonnerait qu'on puisse faire ce genre de choses longtemps.
Autre collègue, autre exemple d'entrée en 6e. Le prof explique aux parents que comme les enfants ne regardent pas l'ENT, les devoirs seront donnés sur WhatsApp (visiblement l'agenda papier ne traverse même plus l'esprit de certains collègues). Je ne suis même pas sûre que des enfants de 10-11 ans aient en principe tout simplement le droit de s'inscrire sur WhatsApp. 3 parents se manifestent : leur enfant n'a pas de smartphone. Réponse du prof : "Ils sont au collège maintenant, il est temps qu'ils s'y mettent."
En fait on prend prétexte que "tous les élèves" ont un usage abusif des écrans pour "aller les chercher là où ils sont". De cette manière, non seulement on marginalise ceux qui n'ont pas un usage abusif, mais en plus on renforce positivement l'usage des autres. Alors que le rôle de l'école serait au contraire de les éloigner de cet usage abusif en se montrant irréprochable de son côté.
Concrètement, un enfant laissé seul avec un écran n'est pas capable de se réguler (beaucoup d'adultes non plus, d'ailleurs). Or il n'y a aucun système de contrôle fiable qui permette de distinguer les devoirs des loisirs. Il y a peut-être des enfants plus ou moins sensibles à ce genre d’addiction, mais leur mettre ces outils entre les mains, c'est leur faire courir un danger. Et c'est par ailleurs une source de conflits sans fin dans les familles où on essaie de réguler.
Quand on voit le problème de société massif que ça représente, le nombre de nos élèves qui ont un problème avec ça et les moyennes de temps d'écran, mettre ça sur le compte d'une responsabilité individuelle des parents, ça me paraît assez léger. À un moment, si on constate que la majorité des parents sont dépassés, il faut peut-être de demander pourquoi ou, à la limite, si on veut absolument mettre la faute sur les parents pour se soulager la conscience, au moins les aider à faire face au lieu de les mettre en difficulté. Pour moi c'est du même ordre que de dire que s'il y a des inégalités dans les couples, c'est de la faute des femmes qui sont amoureuses de leur balai.
Pour ce qui est des DA à l'école plus spécifiquement, c'est ancrer ou renforcer une habitude chez les tout petits, avec une caution d'autorité. Je ne parle pas d'une rare vidéo pédagogique exploitée mais du DA purement occupationnel. Je pense qu'on a tous été confrontés au gamin qui réclame beaucoup plus la télé dans la semaine qui suit le visionnage et qui ressort le truc de derrière les fagots en mode "il pleut, je m’ennuiiiiie, la maîtresse ELLE..." parfois beaucoup plus tard. C'est ancré dans sa petite tête. C'est comme la maîtresse qui dit des gros mots "et la maîtresse, c'est une adulte, donc ça veut dire qu'on peut dire des gros mots". Ça n'a pas du tout le même impact que quand ça vient d'un copain ou d'un cousin, ou même des parents, parce que la maîtresse est un modèle à suivre.
Mes petits- enfants, je parle des 2 plus grands consommaient un peu de tv quand ils venaient chez nous en we ou vacances. Depuis le covid, avec papa et maman qui travaillaient à la maison- il fallait les occuper qu'ils soient sages surtout pendant les visios-, ils sont plus demandeurs. Je ne pense pas que ce soit dû uniquement à l'âge.
- PrezboGrand Maître
henriette a écrit:Mettre sur le même plan des DA à l'école et le smartphone, cela ne me semble pas pertinent du tout, pour une raison simple : donner un smartphone à ses enfants relève entièrement de la responsabilité (à mon avis d'ailleurs, de l'irresponsabilité) des parents.
Mes enfants par exemple ont eu jusqu'en seconde un téléphone avec un abonnement free à 2 euros, sans données mobiles, et paramétré de telle sorte qu'il leur soit impossible de recevoir ou d'envoyer des messages et des appels sauf à 4 numéros autorisés : mon portable, celui de mon mari, le fixe de la maison et celui du collège. Leur 1er téléphone a été acheté à leur entrée en 6e pour qu'ils puissent nous prévenir s'il y avait un problème de bus car nous sommes dans une zone rurale et il y a très peu de bus (2 le matin pour 8 et 9h, 2 le soir à 16 et 17h) qui régulièrement ne passent pas ou sont complets et les enfants doivent prendre celui qui passe une heure plus tard. Si leurs amis voulaient les appeler, c'était sur le fixe.
Avant la 2nde, ils ne sont donc allés sur Internet que depuis l'ordi du salon ou la tablette du collège en étant au salon. Donc pas de visionnage de trucs pourris, pas de réseaux sociaux non plus.
Je ne comprends du reste pas les parents qui se plaignent de ne pas avoir de contrôle sur les smartphones de leurs enfants et leurs réseaux sociaux. La solution est simplissime : ne pas leur acheter de smartphone, ne pas autoriser ordi ou tablette dans la chambre, et ne les laisser utiliser Internet qu'en présence d'un adulte dans un lieu commun à la famille pour superviser.
Si l'on admet l'hypothèse que l'addiction au smartphone est devenu un problème social généralisé (c'est la mienne, et les comportements que j'observe autour de moi la confortent), ce discours consistant à renvoyer le responsabilité aux parents me semble très inefficace. Évidemment, on trouvera toujours une famille ultra-disciplinée chez qui les enfants n'ont pas eu de smartphone avant 16 ans (mais ils en ont eu un à 16 ans, d'ailleurs), comme on trouvait des personnes ne buvant pas et ne fumant pas à l'époque où la consommation de vin à tous les repas et de tabac dans les bureaux était la norme sociale, comme on trouvera un jeune adulte n'ayant jamais touché un joint dans un quartier où on fume au pied des tours. On peut donc en conclure que l'école n'a aucun rôle à jouer dans la lutte contre les addictions parce que zut, c'est le problème des familles. Simplement, ça ne marche pas. Il est très difficile, surtout pour un ado, de ne pas se comporter en se pliant à la norme du groupe, et sortir d'une addiction n'est pas qu'un problème de volonté. D'autant qu'actuellement, c'est tous les actes de la vie quotidienne pour lesquels la possession d'un smartphone et/ou d'une connexion internet devient indispensable : acheter un billet de concert, réserver une location de vacances, ouvrir un compte en banque...Essayez de chercher un emploi sans indiquer à un éventuel futur employeur votre numéro de mobile par exemple.
Il serait exagéré de dire que l'école est la principale responsable de cette évolution, mais elle l'alimente aussi, simplement parce que la majorité des enseignants, qui sont des gens de leur génération, ont intégré l'usage du smartphone pour à peu près tout. J'ai de plus en plus de collègues qui l'utilisent pour faire l'appel, par exemple. Du point de vue pratique, ils ont raison, c'est plus rapide de que de se connecter au réseau souffreteux du lycée. Du point de vue de l'exemple donné aux élèves alors qu'on se bat contre l'usage des smartphones sous la table...
Les exemple donnés plus haut des collègues qui donnent les devoirs exclusivement sur l'ENT à n'importe quelle heure (ce qui suppose de se connecter régulièrement), ou du bahut où on valide le passage cantine avec son smartphone (ou alors il faut faire une demande de carte magnétique, qu'on va vous donner dans un délais variable en vous faisant comprendre que vous êtes quand même un embêteur...) sont assez éclairants.
- lene75Prophète
Ajonc35 a écrit:J'adore tes propos. Et j'ajoute.lene75 a écrit:Iridiane a écrit:Mais ce n’est pas du tout ce que je dis ! On est tout à fait d’accord que c’est à cause des parents. Mais il y a PLEIN de parents comme ça. Et ce que je dis juste (pour ce qui me concerne) c’est que c’est un problème que l’école renforce le phénomène en collant les enfants devant des écrans. Et encore une fois je ne parle pas des dessins animés regardés ponctuellement en classe dans un but pédagogique.
Eh bien moi je dis les deux. Dans les familles où les enfants consomment beaucoup d'écrans, ça accentue le problème, mais je connais aussi beaucoup de familles, dont la mienne, dans lesquelles les problèmes ont commencé à cause de l'école alors qu'il y avait un bon équilibre et une faible consommation d'écrans avant.
Suite aux problèmes qu'elle a rencontrés avec son fils en début de 6e, j'ai une collègue qui a signifié au PP qu’elle voulait que la tablette reste désormais au collège et que son fils ne ferait désormais plus que les devoirs inscrits dans l'agenda et pas ceux qui sont uniquement inscrits sur l'ENT parce que cette tablette mettait en péril la scolarité de son fils et l'équilibre familial. Mais il faut un sacré cran pour faire ça, et ça m'étonnerait qu'on puisse faire ce genre de choses longtemps.
Autre collègue, autre exemple d'entrée en 6e. Le prof explique aux parents que comme les enfants ne regardent pas l'ENT, les devoirs seront donnés sur WhatsApp (visiblement l'agenda papier ne traverse même plus l'esprit de certains collègues). Je ne suis même pas sûre que des enfants de 10-11 ans aient en principe tout simplement le droit de s'inscrire sur WhatsApp. 3 parents se manifestent : leur enfant n'a pas de smartphone. Réponse du prof : "Ils sont au collège maintenant, il est temps qu'ils s'y mettent."
En fait on prend prétexte que "tous les élèves" ont un usage abusif des écrans pour "aller les chercher là où ils sont". De cette manière, non seulement on marginalise ceux qui n'ont pas un usage abusif, mais en plus on renforce positivement l'usage des autres. Alors que le rôle de l'école serait au contraire de les éloigner de cet usage abusif en se montrant irréprochable de son côté.
Concrètement, un enfant laissé seul avec un écran n'est pas capable de se réguler (beaucoup d'adultes non plus, d'ailleurs). Or il n'y a aucun système de contrôle fiable qui permette de distinguer les devoirs des loisirs. Il y a peut-être des enfants plus ou moins sensibles à ce genre d’addiction, mais leur mettre ces outils entre les mains, c'est leur faire courir un danger. Et c'est par ailleurs une source de conflits sans fin dans les familles où on essaie de réguler.
Quand on voit le problème de société massif que ça représente, le nombre de nos élèves qui ont un problème avec ça et les moyennes de temps d'écran, mettre ça sur le compte d'une responsabilité individuelle des parents, ça me paraît assez léger. À un moment, si on constate que la majorité des parents sont dépassés, il faut peut-être de demander pourquoi ou, à la limite, si on veut absolument mettre la faute sur les parents pour se soulager la conscience, au moins les aider à faire face au lieu de les mettre en difficulté. Pour moi c'est du même ordre que de dire que s'il y a des inégalités dans les couples, c'est de la faute des femmes qui sont amoureuses de leur balai.
Pour ce qui est des DA à l'école plus spécifiquement, c'est ancrer ou renforcer une habitude chez les tout petits, avec une caution d'autorité. Je ne parle pas d'une rare vidéo pédagogique exploitée mais du DA purement occupationnel. Je pense qu'on a tous été confrontés au gamin qui réclame beaucoup plus la télé dans la semaine qui suit le visionnage et qui ressort le truc de derrière les fagots en mode "il pleut, je m’ennuiiiiie, la maîtresse ELLE..." parfois beaucoup plus tard. C'est ancré dans sa petite tête. C'est comme la maîtresse qui dit des gros mots "et la maîtresse, c'est une adulte, donc ça veut dire qu'on peut dire des gros mots". Ça n'a pas du tout le même impact que quand ça vient d'un copain ou d'un cousin, ou même des parents, parce que la maîtresse est un modèle à suivre.
Mes petits- enfants, je parle des 2 plus grands consommaient un peu de tv quand ils venaient chez nous en we ou vacances. Depuis le covid, avec papa et maman qui travaillaient à la maison- il fallait les occuper qu'ils soient sages surtout pendant les visios-, ils sont plus demandeurs. Je ne pense pas que ce soit dû uniquement à l'âge.
Tu as raison. Même si le phénomène était enclenché avant, il y a eu une bascule avec le Covid, aussi bien dans les habitudes prises par les enfants (faire du bruit quand maman est en réunion, "c'est pas super", comme dit une copine de ma fille) que dans les pratiques d'enseignement, qui ont été bouleversées par le distanciel. Et ce à tous points de vue, des outils pédagogiques utilisés aux habitudes prises de modifier les salles, les heures de cours, les réunions, etc., au dernier moment en supposant une connexion et une disponibilité permanente des gens. Le papier sur la porte pour indiquer un changement de salle ou sur l'arrêt de bus pour signaler une modification ponctuelle, c'est fini : à chacun de prendre l'initiative de se connecter pour suivre les changements en temps réel.
Henriette, la surveillance dans le salon, pour ma part je n'y arrive pas, ne serait-ce que parce que j'ai des RV et pas le don d'ubiquité : l'enfant ne peut pas systématiquement attendre que ses parents rentrent à la maison et soient disponibles pour commencer ses devoirs. Surtout qu'il faudrait que toutes les familles soient raccord pour faire les devoirs après le dîner (et ensuite on va nous dire qu'il faut que les enfants soient couchés à 21h et éteindre les écrans 2h avant) puisqu'il est de plus en plus demandé aux enfants d'organiser des visios pour faire des travaux de groupe. Rares sont les familles dans lesquelles les parents sont dispos à 16h30 tous les soirs et le mercredi après-midi, c'est-à-dire non seulement présents mais pas en télétravail et pas occupés à autre chose, y compris aux devoirs d'un autre enfant. C'est d'ailleurs pour ça que ma collègue a demandé à ce que la tablette reste au collège : quand elle finissait à 18h, le gamin passait plus de 3h seul avec la tablette du collège, et comme c'est une prof d’EPS, elle a aussi l'AS le mercredi après-midi... comme beaucoup de parents qui bossent.
Par ailleurs, je l'ai déjà dit, mais ça pose un sérieux problème de cohabitation avec des enfants d'âges différents. Alors je suis peut-être particulièrement nulle, mais tout ce que je sais, c'est que nous sommes très nombreux à l'être. D'ailleurs, dans les calculs d’IPS, avoir sa propre chambre pour faire ses devoirs est compté positivement. Ça veut dire qu'on a noté un gain pour la scolarité à ne pas être obligé de faire ses devoirs dans le bruit et l'agitation du salon au milieu de ses "tas de petits frères et sœurs qui crient dès qu'ils rentrent de l'école" comme me l'avait dit une élève traumatisée par le distanciel.
- IridianeFidèle du forum
lene75 a écrit:Iridiane a écrit:Mais ce n’est pas du tout ce que je dis ! On est tout à fait d’accord que c’est à cause des parents. Mais il y a PLEIN de parents comme ça. Et ce que je dis juste (pour ce qui me concerne) c’est que c’est un problème que l’école renforce le phénomène en collant les enfants devant des écrans. Et encore une fois je ne parle pas des dessins animés regardés ponctuellement en classe dans un but pédagogique.
Eh bien moi je dis les deux. Dans les familles où les enfants consomment beaucoup d'écrans, ça accentue le problème, mais je connais aussi beaucoup de familles, dont la mienne, dans lesquelles les problèmes ont commencé à cause de l'école alors qu'il y avait un bon équilibre et une faible consommation d'écrans avant.
Suite aux problèmes qu'elle a rencontrés avec son fils en début de 6e, j'ai une collègue qui a signifié au PP qu’elle voulait que la tablette reste désormais au collège et que son fils ne ferait désormais plus que les devoirs inscrits dans l'agenda et pas ceux qui sont uniquement inscrits sur l'ENT parce que cette tablette mettait en péril la scolarité de son fils et l'équilibre familial. Mais il faut un sacré cran pour faire ça, et ça m'étonnerait qu'on puisse faire ce genre de choses longtemps.
Autre collègue, autre exemple d'entrée en 6e. Le prof explique aux parents que comme les enfants ne regardent pas l'ENT, les devoirs seront donnés sur WhatsApp (visiblement l'agenda papier ne traverse même plus l'esprit de certains collègues). Je ne suis même pas sûre que des enfants de 10-11 ans aient en principe tout simplement le droit de s'inscrire sur WhatsApp. 3 parents se manifestent : leur enfant n'a pas de smartphone. Réponse du prof : "Ils sont au collège maintenant, il est temps qu'ils s'y mettent."
En fait on prend prétexte que "tous les élèves" ont un usage abusif des écrans pour "aller les chercher là où ils sont". De cette manière, non seulement on marginalise ceux qui n'ont pas un usage abusif, mais en plus on renforce positivement l'usage des autres. Alors que le rôle de l'école serait au contraire de les éloigner de cet usage abusif en se montrant irréprochable de son côté.
Concrètement, un enfant laissé seul avec un écran n'est pas capable de se réguler (beaucoup d'adultes non plus, d'ailleurs). Or il n'y a aucun système de contrôle fiable qui permette de distinguer les devoirs des loisirs. Il y a peut-être des enfants plus ou moins sensibles à ce genre d’addiction, mais leur mettre ces outils entre les mains, c'est leur faire courir un danger. Et c'est par ailleurs une source de conflits sans fin dans les familles où on essaie de réguler.
Quand on voit le problème de société massif que ça représente, le nombre de nos élèves qui ont un problème avec ça et les moyennes de temps d'écran, mettre ça sur le compte d'une responsabilité individuelle des parents, ça me paraît assez léger. À un moment, si on constate que la majorité des parents sont dépassés, il faut peut-être de demander pourquoi ou, à la limite, si on veut absolument mettre la faute sur les parents pour se soulager la conscience, au moins les aider à faire face au lieu de les mettre en difficulté. Pour moi c'est du même ordre que de dire que s'il y a des inégalités dans les couples, c'est de la faute des femmes qui sont amoureuses de leur balai.
Pour ce qui est des DA à l'école plus spécifiquement, c'est ancrer ou renforcer une habitude chez les tout petits, avec une caution d'autorité. Je ne parle pas d'une rare vidéo pédagogique exploitée mais du DA purement occupationnel. Je pense qu'on a tous été confrontés au gamin qui réclame beaucoup plus la télé dans la semaine qui suit le visionnage et qui ressort le truc de derrière les fagots en mode "il pleut, je m’ennuiiiiie, la maîtresse ELLE..." parfois beaucoup plus tard. C'est ancré dans sa petite tête. C'est comme la maîtresse qui dit des gros mots "et la maîtresse, c'est une adulte, donc ça veut dire qu'on peut dire des gros mots". Ça n'a pas du tout le même impact que quand ça vient d'un copain ou d'un cousin, ou même des parents, parce que la maîtresse est un modèle à suivre.
Je n'ai pas d'enfant et je n'enseigne plus dans le secondaire depuis plusieurs années, alors effectivement je ne suis pas confrontée à tout ce que tu racontes, qui me fait totalement halluciner - et je suis bien d'accord avec toi. Par ailleurs, quand je disais "c'est à cause des parents" dans mon message précédent, c'était pour répondre à Henriette qui réagissait à mon anecdote sur l'ado qui fait des crises de nerfs quand on lui retire son écran. Ce que je voulais dire, c'est que pour en arriver à un tel point de dépendance, il faut en effet qu'il y ait eu une accoutumance aux écrans dans le cercle familial, et donc avec l'assentiment des parents. Mais, précisément parce que je n'ai pas d'enfant, mon "c'est à cause" ne contenait pas de jugement moral - enfin disons plus exactement que je peux juger moralement ce genre de parents par devers moi, mais je ne pense pas en effet que ce soit la solution à un problème avant tout social, qui est que les écrans sont partout. Cette mère que j'évoquais, qui n'avait sans doute pas su mettre des limites, était totalement dépassée par une situation sur laquelle elle avait perdu le contrôle. Et c'est assez terrifiant.
- lene75Prophète
Ah oui, désolée, ma citation prête à confusion : l'essentiel de mon message ne s’adressait pas à toi, je rebondissais juste sur une de tes remarques, mais tout en poursuivant la discussion globale.
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Une classe, c'est comme une boîte de chocolats, on sait jamais sur quoi on va tomber...
- Ajonc35Sage
Puisque la discussion a glissé sur les écrans y compris à l'école. Un article de Ouest France du 5 septembre 2023.
Une orthophoniste de la métropole rennaise a créé un collectif , le collectif CoLINE ( Collectif de Lutte contre l'Invasion du Numérique à l'Ecole). Elle veut interpeller "les Institutions et les enseignants sur cette invasion du numérique"
( Elle ne sait pas que les enseignants sont aussi des victimes. Le plus souvent ON leur impose les livres numériques, les tablettes, pronote, avec tout ce qui va avec, etc...)
Dans le cadre de son métier, elle constate les dégâts particulièrement dans la concentration et certains enfants " accusent des retards de développement". Elle constate aussi " des problèmes de gestion de la frustration, quand ils n'arrivent pas à quelque chose".
Une orthophoniste de la métropole rennaise a créé un collectif , le collectif CoLINE ( Collectif de Lutte contre l'Invasion du Numérique à l'Ecole). Elle veut interpeller "les Institutions et les enseignants sur cette invasion du numérique"
( Elle ne sait pas que les enseignants sont aussi des victimes. Le plus souvent ON leur impose les livres numériques, les tablettes, pronote, avec tout ce qui va avec, etc...)
Dans le cadre de son métier, elle constate les dégâts particulièrement dans la concentration et certains enfants " accusent des retards de développement". Elle constate aussi " des problèmes de gestion de la frustration, quand ils n'arrivent pas à quelque chose".
- ElaïnaDevin
Personnellement je suis bien d'accord avec vous sur les écrans invasifs, mais enfin, aller rouspéter sur une PE parce qu'elle a décidé de faire une séance sur Ponyo sur la falaise ou je ne sais quoi, c'est quand même super relou... pour la PE.
_________________
It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.
Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
Ma page Facebook https://www.facebook.com/Lire-le-Japon-106902051582639
- angelxxxÉrudit
Bon, faut dire que Ponyo c'est vraiment super chelou. Mon fils l'aime bien, je n'arrive vraiment pas à comprendre pourquoi...
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"La lumière pense voyager plus vite que quoi que ce soit d'autre, mais c'est faux. Peu importe à quelle vitesse voyage la lumière, l'obscurité arrive toujours la première, et elle l'attend. Terry Pratchett."
- ElaïnaDevin
Oui c'est très chelou Ponyo, mais les miens aussi adorent.
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It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.
Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
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- AlgernonNiveau 6
Elaïna a écrit:Personnellement je suis bien d'accord avec vous sur les écrans invasifs, mais enfin, aller rouspéter sur une PE parce qu'elle a décidé de faire une séance sur Ponyo sur la falaise ou je ne sais quoi, c'est quand même super relou... pour la PE.
Je suis tout à fait d'accord avec toi.
Aucun de nous ne supporterai un parent d'élève qui viendrait nous expliquer, en vertu de son propre métier, comment faire le nôtre.
N'ayons pas le même travers.
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