Vie de prof et vie personnelle : comment mettre une frontière ?

Bonjour,

Comme à chaque rentrée, le même problème se pose: comment faites-vous pour trouver un juste milieu entre vie professionnelle (copies à corriger, préparation de cours, rapports à rédiger et autres joyeusetés, réunions etc) et une vie personnelle? Je n'arrive pas à décrocher du boulot, je travaille tous les jours et j'ai pas vraiment d'horaire. Je suis moralement épuisée par la gestion de classe (ils sont terribles cette année) et j'arrive chez moi claquée. A tel point que je n'arrive même plus à être concentrée pour lire, ce qui m'inquiète. C'est un loisir et si même là je ne suis plus dispo: qu'est-ce qu'il me reste ?

Avez-vous des loisirs (crochet, jardinage, cinéma etc), comment faites-vous pour leur laisser une place dans votre quotidien? Comment faites-vous pour profiter quand même des vacances? Quelle place pour vos amis/ votre famille, comment leur consacrer un temps suffisant sans se noyer dans les préparations de cours et autres corrections?

Je sais qu'un prof travaille évidemment en dehors de ses cours mais  je n'arrive pas à mettre le curseur. J'ai peur de courir vers le burnout, que j'ai frôlé dans une autre vie, et tente de trouver un juste milieu.

Quelle est votre organisation? Quels sont vos trucs et astuces pour ne pas "se laisser manger" par le métier?
Merci beaucoup

Depuis l'époque où une pile de copies de lycéens me toisait en permanence et m'incitait à ne jamais arrêter (soir jusqu'à 23h, tout le week-end) j'ai décidé de ne plus travailler DU TOUT le samedi. C'est mon jour de congé, intouchable. Tant pis si les copies ne sont pas corrigées rapidement.

Et depuis que je suis en collège, je ne travaille plus non plus le soir après 20h. Mais bon j'ai de la bouteille maintenant, c'est plus difficile au début.

Moi non plus je ne travaille plus le soir (et chez moi "le soir" commence à 16H45 puisque c'est l'heure où je vais chercher mon fils à la crèche, et comme c'est un petit crampon, je ne peux rien faire jusqu'à ce qu'il soit couché, et après 20H, hors de question que je travaille). J'enseigne depuis une douzaine d'années, j'ai peut-être plus de facilités à m'organiser et à prendre du recul. Quand je bossais en REP où on est souvent débordés, je ne quittais pas le collège tant que je n'avais pas rempli le cahier de textes, géré les punitions/incidents/rapports : ça me permettait de quitter le boulot la tête vide, avec les problèmes traités.

S'inscrire à une activité ou prendre un engagement (ex : tous les vendredis soirs, aller au resto avec qqn) permet de bloquer un temps fixe dans l'EDT pour se détendre.

Ne pas avoir que des amis profs aide aussi à prendre du recul !

Pareil, ça fait plus de 20 ans que j'enseigne, et je ne travaille plus le soir depuis la naissance de mon fils (parce qu'au départ il fallait que je m'en occupe et qu'après son départ au lit, j'étais trop crevée ), et le WE par contre le samedi jour de repos, je ne fais rien du tout (sauf exceptionnellement quand je ne vais pas pouvoir travailler le dimanche dans ce cas c'est le samedi où je bosse ..) . J'essaye de corriger mes copies au lycée pendant les heures de trou (d'ailleurs pour les copies, j'en ai moins qu'avant : quasiment pas de DM, par exemple ...)
Mais effectivement avec la bouteille, on devient plus "efficace" (même dans les préparations de cours)

Il faut bien réfléchir aussi aux types d'évaluations qu'on donne. A une époque, je donnais systématiquement un DM de latin (histoire/civi) pendant les vacances. J'ai fini par arrêter parce que c'était chronophage en termes de correction et que les élèves n'en retenaient pas grand-chose.

J'ai cessé de penser que moins mes élèves travaillaient, plus je devais travailler. En fait, je ne le pensais pas vraiment mais j'appliquais inconsciemment le principe : multiplier les évaluations, ramasser les exercices, refaire mes chapitres pour trouver des accroches susceptibles de les intéresser davantage... avec, il faut le reconnaître, un résultat bien en dessous de l'investissement.
Parallèlement, j'ai eu un puis deux enfants, dont un handicapé, et un mari qui est parti travailler à plusieurs centaines de kilomètres. Les choix se sont imposés d'eux-mêmes.

En pratique, je ne fais plus de DM notés et je prépare le corrigé des évaluations (avec barème détaillé) en même temps que les évaluations. Je recycle mes cours au maximum et je m'appuie sur un ou deux manuels que je considère comme fiables pour la préparation des cours. (Il m'arrive de passer des heures sur un nouveau chapitre, entre internet et d'autres manuels, mais parce que cela me plaît. Je profite des petites vacances pour ça). Je règle tout ce qui est administratif (rapports, cahier de textes...) au collège. Je fais des listes avec des délais raisonnables. J'organise mon temps en fonction de mes contraintes personnelles : par exemple, cette année, je me lève plus tôt car mon fils part à 7 heures pour le lycée donc je travaille plus le matin. Quand les enfants étaient plus petits, je travaillais plutôt le soir après le repas (on mangeait plus tôt, on se levait plus tard).

Et il ne faut pas oublier que d'autres facteurs comptent : l'emploi du temps, l'énergie dépensée à gérer les classes (j'ai le souvenir d'une année horrible : mes enfants étaient tout petits, la gestion de classe m'épuisait, j'avais un emploi du temps pas terrible, j'avais l'impression de ne pas avoir de temps pour moi.)

Enfin, il faut réussir à prendre de la distance, sans culpabiliser, ce qui n'est pas toujours évident.

Quoi qu'il arrive, je ne travaille jamais le samedi (mais tous les autres jours). Je ne travaille pas le soir, uniquement dans la journée. J'ai appris à corriger vite, et en lettres c'est une gageure. Enfin, et surtout, je suis à temps partiel, ce qui me sauve la vie. J'ai trois classes de lycée, soit environ 110 élèves/étudiants et je suis au maximum de mes capacités. Et je ne culpabilise jamais ! Enfin, plus depuis que j'ai compris la manière dont nous sommes traités.

maldoror1 a écrit:Quoi qu'il arrive, je ne travaille jamais le samedi (mais tous les autres jours). Je ne travaille pas le soir, uniquement dans la journée. J'ai appris à corriger vite, et en lettres c'est une gageure. Enfin, et surtout, je suis à temps partiel, ce qui me sauve la vie. J'ai trois classes de lycée, soit environ 110 élèves/étudiants et je suis au maximum de mes capacités. Et je ne culpabilise jamais ! Enfin, plus depuis que j'ai compris la manière dont nous sommes traités.

Je fais à peu près comme toi. Il me semble qu'il est important d'avoir un jour complètement off: je ne fais rien qui ait quoi que ce soit à voir de près ou de loin avec le travail. C'est le samedi pour moi aussi.

Je n'enseigne pas les lettres mais si j'ai besoin de lire un livre pour le boulot (ce qui peut m'arriver, en particulier pour la spé AMC), c'est pendant la.journée, et le soir est réservé à mes lectures personnelles.

Il faut essayer de trouver le temps de s'aérer, marcher par exemple, et trouver un hobby n'ayant rien à  voir avec le travail (bon je parle en célibataire là, pour les parents de jeunes enfants il ne doit pas être facile de garder un peu de temps à soi).

Je garde toujours en tête qu'enseigner n''est pas une "vocation" (je n'ai pas reçu d'appel venant d'une force supérieure), ni une "passion" dévorante qui devrait me pousser à sacrifier ma vie: c'est un métier, qui m'intéresse et que j'essaie de faire le mieux possible mais ça reste un moyen de gagner ma vie.

Je souscris pleinement à tout ce qu'écrit Caspar.

On peut adopter la vision inverse des choses : je récupère mes enfants à 16h30 tous les soirs et je m'en occupe le mercredi, avec un conjoint très peu présent. Une fois ces contraintes posées, et par chance respectées en termes d'emploi du temps (je suis à temps partiel pour soins), le travail s'immisce partout où il peut, et notamment après 22h, une fois que je suis libérée de mes obligations familiales. Ce qui ajoute à la difficulté, c'est que ma charge de travail au lycée a plus que doublé par rapport à mes débuts il y a 15 ans : nombre de classes, et donc d'élèves, de programmes différents, tâches annexes, etc. Même en réduisant drastiquement mes exigences et mon investissement, ça prend inévitablement plus de place dans ma vie, mais j'essaie de sanctuariser la vie de famille.

Seule en semaine et parfois des semaines, car M Ajonc avait un travail qui le conduisait de lieu en lieu, je ne travaillais pas le week- end ( samedi et dimanche) pour ne pas imposer mon travail à la famille. Sauf à partir du collège, je ne travaillais pas entre la fin de l'école et le dodo des enfants, mais par contre après 20 heures boulot maximum et bien sûr dans la ou les demi- journées octroyées.  Mais j'ai du constater avec le temps que nous devions de plus en plus transporter notre travail à la maison à commencer par une salle de travail trop petite, trop bruyante,  manquant de matériel, pas de place pour y mettre les livres ou outils dont nous avons besoin. La charge de travail est aussi plus lourde, plus de classes, plus d'élèves en difficulté,  et aussi le passage par l'informatique,  un outil qui nous aide beaucoup pour la préparation des cours, pour la diversifier, mais aussi pénible car cahier de textes, mails etc...
Même les dernières années, c'était difficile. Par contre l'âge venant, plus d'enfants à la maison, je ne travaillais plus le soir mais plus beaucoup le samedi.

Bonjour,

même si je suis professeur en début de carrière, peut-être que ça peut donner des idées : quelque chose qui m'aide beaucoup, c'est d'instaurer une barrière horaire extrêmement stricte et immuable.

Très concrètement, à partir de 19h précises, c'est terminé le collège. Je laisse tout en plan, tant pis si j'ai pas fini de préparer pour le lendemain, tant pis pour les choses à organiser etc. je ne réponds plus aux messages, quand bien même le chef lui-même m'écrit et attend une réponse urgente. Plus rien, nada. A partir de cette heure, je m'interdis même de penser au collège (ça marche pas toujours évidemment, mais ça aide bien).

J'instaure cela depuis mon stage et cela fonctionne bien. Au début, tout le monde m'a dit que ça serait intenable. De fait, cela ne m'a jamais posé problème (pour l'instant, on touche du bois), il faut juste s'organiser autrement. Mes collègues sont au courant et ça leur va très bien.

- En avantages : coupure plus que concrète du collège, le temps de faire autre chose (je peux faire mon sport en club le soir par exemple), la certitude d'avoir toutes mes soirées libérées.
- En inconvénients : davantage de travail la journée (forcément), potentiellement plus de travail le week-end (quoique), demande d'avoir une organisation assez rodée. Il faut se rendre plus disponible la journée pour répondre aux messages, pour les collègues etc.

Après je précise que je travaille très mal le soir et très bien le matin et que je suis célibataire sans enfant, ce qui me rend plus souple pour faire ça évidemment.

Si ça peut donner des idées...

Je suis à temps partiel. C’est la seule solution viable que j’ai trouvée. Ainsi je dégage du temps pour d’autres choses. Notamment, j’ai une journée où je ne vais pas au lycée, et où je ne m’occupe pas du lycée. Je la sanctuarise, elle est réservée à mes activités personnelles (écriture notamment). J’essaie de faire rentrer le travail de préparation/correction sur les jours où je dois aller au lycée (mais cette année mon emploi du temps me fait perdre beaucoup de temps et d’efficacité…). Il m’arrive de travailler quand même le samedi, ça dépend. Je travaille aussi le dimanche après-midi, en face de ma belle-fille qui fait ses devoirs. C’est une façon de concilier travail et vie de famille !
J’ai fait parfois l’expérience de compter mes heures : en comptant 2h pour 1h de cours, en étant à 9h devant élèves j’essayais de ne pas dépasser 27h/semaine, en tout. Ça fonctionne bien pour se rendre compte du temps passé, et ne pas culpabiliser quand on n’y est pas. Au bout d’un trimestre on a une vision plus claire de son temps de travail et de comment il s’organise au mieux autour de l’emploi du temps, et on peut lâcher le décompte, si l’on a réussi à s’organiser (cette rentrée est tellement tourneboulée pour moi que je n’en suis pas encore là, j’espère pouvoir bientôt retrouver un semblant de routine).

Comme d'autres ici :
- je profite des trous d'emploi du temps à fond.
- je m'impose d'arrêter de toute façon après 17h, et si je finis plus tard au collège je ne bosse pas après.
- je corrige les copies avec un bon rythme, mais parfois c'est long et je ne dépasse pas mes horaires pour finir un paquet : donc elles ne sont pas forcément rendues de suite et ça ne change rien contrairement à ce que l'INSPE dit aux jeunes professeurs.
- je ne fais rien ou presque le weekend, je préfère bosser à fond la semaine en journée (et parfois je me lève plus tôt pour bosser car je suis plutôt du matin).


Pour être franche, cumuler temps plein et thèse m'a forcée à mettre très vite des limites : thèse commencée pendant mon année de stage, enfant né en T1, bref j'ai tout cumulé et l'avantage est que ça m'a imposé de vraies limites, qui sont salutaires dans ce métier.

Je suis trop fatigué pour avoir envie de travailler après les cours. Alors j'optimise mes préparations pendant les vacances, je me projette pour que ce que je prépare soit réutilisable, quitte à avoir 2 versions prêtes selon si la classe est moyenne ou bien faible. Ensuite j'ai tous mes cours/exercices (corrigés)/contrôles et DM (corrigés)/slides dans un classeur bien rangé, je n'ai plus qu'à mener mes séances en classe ; et chez moi à corriger.

J'ai une habitude liée à la flexibilité de mon épouse pour les enfants : je travaille le matin très tôt.

Mon temps de trajet est doublé voire triplé si je pars de chez moi après 7h10, donc je pars souvent pour le lycée vers 6h30 pour y être vers 6h45/7h selon les jours ce qui me laisse une heure de travail en solo dans ma salle par jour.
J'ai accepté ce mode de fonctionnement à force de perdre du temps dans les bouchons : au moins je suis efficace (et il n'y a pas de collègues ou d'élèves pour me distraire).
Mine de rien, ce temps me permets d'éliminer toutes les corrections (voilà bientôt 7 ans que je n'ai rien corrigé à la maison sauf des fois pendant les vacances) à la maison, il ne me reste "que" la gestion courante des cours.

Pour cette dernière, j'aime bien préparer mes séquences pendant les vacances pour la période suivante, comme ça, j'ai moins de boulot en semaine ( il y a bien sûr des ajustements) et je me force dans la semaine à au moins une soirée sport et une soirée détente

C'est indispensable de se fixer une limite et de s'y tenir, si le travail n'est pas fait, il se fera après et personne n'en pâtira. Donc se prévoir une charge de travail "raisonnable" pour ne pas accumuler (en particulier DS, DMs ... donnent beaucoup de travail à l'enseignant pour un bénéfice finalement assez mince avec les élèves actuels - sauf pour les meilleurs élèves qui travailleront de toute façon). Ne pas faire de promesses inconsidérées (je vous rendrai le devoir demain ...). Planifier les DS et DMs sur l'année pour pouvoir anticiper.
Mon mari est mort d'avoir laissé son temps de travail dévorer son temps personnel, et c'est l'enfer pour ceux qu'il a laissés derrière lui.

J'ai passé huit ans dans un collège à 1h, 1h30 de chez moi (en fonction de l'heure et de la fréquence des transports). Ma première année, je devais y aller tous les jours, parfois pour deux heures de cours seulement. Je rentrais crevée et je dormais sur mon canapé. Puis je me relevais et je travaillais jusqu'à pas d'heure. Pas le choix, il fallait bien corriger, préparer... J'ai fini par apprendre que ce n'était pas possible et que je ne pouvais pas rester jusqu'à 1h ou 2h sur mes copies quand je me levais à 6h le lendemain. Le truc, c'est que le temps qu'il m'a fallu pour parvenir à cet état d'esprit-là, c'est aussi le temps qu'il m'a fallu pour ne plus avoir besoin de travailler autant (j'avais des cours d'avance, j'étais plus efficace). Je crois que c'est un truc qu'on apprend tous plus ou moins dans notre chair, par expérience personnelle, et que la masse de travail des premières années est difficile à équilibrer (dans certaines matières plus que d'autres peut-être, je ne sais pas).

Je pense qu'il y a plusieurs choses très différentes dans ton message :

1) Comment moins travailler ? En s'imposant effectivement des horaires (et chacun aura les siens en fonction de ses circonstances personnelles, EDT, trajet, enfants, possibilité ou non de travailler sur place) et surtout, en réduisant ses ambitions ou disons ses contraintes auto-imposées : non, il n'est pas obligatoire de rendre les copies le lendemain du devoir, non, il n'est pas sain d'en avoir 120 à corriger par semaine, non, on n'a pas besoin d'arriver en classe avec un cours préparé au cordeau et rédigé à la virgule près.

2) Comment décrocher ? C'est difficile et je dirais que c'est connu que ça fait partie de la malédiction du métier de prof... On croit être en train de faire autre chose et on se dit, au milieu d'un musée ou d'un bouquin "han mais je pourrais utiliser ça en classe", ou bien on rumine parce que l'atmosphère est pesante (on s'est disputé avec un collègue, le chef en a après nous) ou la classe est difficile (Mina-Dorothée est systématiquement insolente et on ne sait pas comment gérer, Kenzo-Arthur est venu nous confier ses difficultés familiales et on ne sait pas quoi faire) et on y pense même la porte du collège franchie. Perso je n'ai jamais réussi à m'en défaire. Peut-être que la méditation peut aider, je ne sais pas

3) Comment être moins fatigué par les classes pénibles et la discipline ? Là je ne sais pas. À part souhaiter que les classes soient plus sympa l'année prochaine, en changeant d'établissement au besoin

Je m'appuie sur les nombreux cours préparés durant mes longues années d'enseignement. J'ai énormément travaillé pendant longtemps, toujours à temps plein, surtout les week ends et le mercredi, le soir j'étais trop fatiguée, avec 3 enfants, de longs trajets et un mari absent toute la semaine. Aujourd'hui je m'appuie sur ce travail au long cours. Je recycle régulièrement des préparations et commentaires en les adaptant si besoin. je renouvelle une partie seulement des préparations chaque année. Je limite les évaluations chronophages même si parfois je me fais surprendre. Je ne travaille pas du tout sur ordinateur, j'ai remarqué que mes collègues s'épuisaient à préparer fiches, fichiers, à tout retaper. C'est vrai que leur travail est magnifique mais je n'ai pas le temps, les capacités ni l'envie de passer autant de temps sur ce type d'activité. Je concentre mes forces sur mon cours afin de faire passer les connaissances du mieux que je peux. J'en sors rincée, littéralement. J'ai bien conscience d'être un dinosaure et d'ailleurs je n'incite personne à m'imiter mais c'est le seul moyen que j'ai de survivre à près de 40 ans de carrière et même ainsi je suis déjà extrêmement fatiguée après seulement deux semaines. Je n'imagine pas possible de poursuivre jusqu'à 65 ans dans de telles conditions.

Je sais que le principal critère de la qualité de mon cours c'est mon degré de fatigue et de ras-le-bol, donc me ménager est la priorité numéro un. Mes cours sont aussi très "moches", j'ai un sens esthétique très peu développé.

J'ai encore des fiches bristol que j'utilise pendant mes cours donc je suis un dinosaure aussi. c'est plus vite rédigé je trouve, ça oblige à être concis et c'est plus pratique de les garder à la main pensant le cours.

Il me semble que pour les matières littéraires il est plus difficile de séparer le travail et les loisirs. Je regarde un film en anglais...ça peut servir pour mes cours, je lis un roman: idem, je pars quelques jours à Londres...vous avez compris le principe.

Il faut s'astreindre à un certain rythme, interrompre toute besogne après telle heure ou tel jour de la semaine. Personnellement, après 18h30, c'est niet (hormis cas exceptionnels) et je n'ouvre mon sac ni n'allume mon ordinateur le dimanche.
Il ne faut pas se refuser certaines facilités quand les tâches s'accumulent : de temps en temps, si je n'arrive plus à suivre (souvent mi-janvier, quand le moral est aussi bas que les températures), je m'appuie entièrement sur un manuel de qualité et les élèves n'en pâtissent pas je crois.

Je construis toutes mes séquences ou presque à partir de divers manuels, celui choisi par mon établissement ou d'autres, et bien sûr j'ajoute ou je retranche des documents et des activités mais ça fait une base et ça m'évite de tout construire, donc ça fait gagner du temps.

Caspar a écrit:J'ai encore des fiches bristol que j'utilise pendant mes cours donc je suis un dinosaure aussi. c'est plus vite rédigé je trouve, ça oblige à être concis et c'est plus pratique de les garder à la main pensant le cours.

Pour moi qui paume moins de documents informatisés que de documents papier, il m'a fallu un peu de temps pour réaliser que "écrire rapidos sur un papier les grands titres, le découpage et certains exemples judicieux", ça n'allait (pour moi, c'est très personnel) pas tellement plus vite que de faire la même chose en informatisé. Le gros détail qui a tout changé c'est l'illumination "mais... si c'est juste pour moi... j'ai pas besoin de faire un beau document... même informatisé, il peut être tout moche avec des abréviations qu'il n'y a que moi qui comprends". L'impression d'inventer l'eau tiède ce jour-là, mais un gain d'efficacité incroyable !

Et sinon, comment voulez-vous couper quand on cause sur néo pendant nos temps "off"

Ah et aussi : je n'écris pas mes cours. Je prépare les docs pour les élèves, mais pour moi je n'ai rien de plus (éventuellement je griffonne sur le doc élève pour moi). Pas de jolie fiche, de joli tableau etc. Tout ça ne m'est pas utile, et ça me ferait perdre du temps.