Neo défi lecture 2023 - Ici, on papote!

4. L'histoire se passe en Chine: Pearl Buck, vents d'est, vents d'ouest

Une jeune chinoise de bonne famille, Kwei-Lan, élévée selon les traditions (pieds bandés, soumission au mari) par sa mère épouse, dans les années 1920, un Chinois ayant fait ses études en Occident, bien décidé à rompre avec les institutions du passé. Elle est bousculée, d'autant que son frère, héritier de la famille, refuse le mariage qu'on lui impose pour partir en Amérique faire ses études. Autant le début et la narratrice Kwei-Lan m'ont agacée avec sa fierté d'être une épouse soumise, autant sa découverte d'un autre monde, d'une autre vie, avec son mari et son frère, m'ont intéressée. Sans renier ses racines, elle est capable de s'ouvrir et le dialogue est-ouest est passionnant.

49. Titre avec un participe passé: Mark Galeotti: Brève histoire de la Russie, comment le plus grand pays du monde s'est inventé

Bien pour une introduction à l'histoire de la Russie, qu'on connaît généralement mal. Les différentes périodes sont décrites à grands traits mais permettent de comprendre le pays actuel, "palimpseste" de peuples et frontières mouvantes d'une nation toujours en expansion et "menacée" de fragmentation. L'analyse de l'utilisation de l'histoire par Poutine s'inscrit dans une longue tradition de réécriture de l'histoire. "La Russie a un certain avenir, seul son passé est imprévisible". Un bon début.

Vos commentaires me donnent très envie de découvrir Vent d'est, vent d'ouest. J'ai déjà rempli cet item du défi, mais je lirai ce livre si l'occasion se présente.

Vent d'est, vent d'ouest est un souvenir d'adolescence. Je l'ai lu il y a bien longtemps et le relirai peut-être, mon regard aura certainement changé entre temps!
Un autre compte-rendu, bref car beaucoup de gens ont déjà lu cet ouvrage:
29. Un livre dont le titre contient un signe astrologique. L’ours et le rossignol, Katherine Arden. (L’ours est un signe astrologique pour les amérindiens ! )Lu suite aux chroniques enthousiastes sur néo. Je ne suis pas toujours emballée par les contes mais là j’ai beaucoup apprécié, l’ambiance est vraiment bien rendue et fait voyager, l’intrigue est un peu prévisible mais ce n’est pas grave, et j’adore le personnage de Vassia notamment. On a presque froid en lisant !.

J’ai aussi lu le second  (La fille dans la tour) avec plaisir mais je ne sais pas trop où le caser… « Génie » peut-être, vu que le Génie du froid y prend une grande place ? Je vais aviser prochainement...des idées? J'ai déjà rempli l'item "rebelle" qui aurait bien convenu...

Pour le coup j'avais mis le 2e dans "fantasy historique" pour tout ce qui touche à la Russie médiévale (et j'avais mis le 3e dans "moines").

Merci ! Je garde l'idée pour le 3, que je viens de commencer ; j'ai par contre déjà rempli "fantasy historique "... ce sera sans doute "génie "!

J'ai lu:

- 3. Un livre que vous avez depuis plus de six mois et que vous n'avez pas encore commencé   Incendies, Wajdi Mouawad
Lu pour préparer les oraux de l'EAF (et choisi par un seul des candidats que j'ai eu l'heur d'interroger): Une pièce marquante qui interroge les rapports de filiation, dans un contexte de guerre, et marquée par une figure de femme riche.

- 5. Un livre écrit par une femme qui a reçu le prix Nobel de littérature avant Annie Ernaux. Home,  Toni Morrison
J'avais l'embarras du choix dans ma PAL avec pas moins de 4 romans de Toni Morrison et un recueil de nouvelles d'Alice Munro. Il s'agit d'un récit concentré sur deux personnages principaux, un frère et une soeur noirs, dans l'Amérique ségrégationniste. Le frère, ancien combattant lors de la guerre de Corée, part à la recherche de sa petite soeur gravement "malade", en réalité abimée par un médecin blanc peu scrupuleux. Un beau récit, lumineux par les valeurs qu'il transmet malgré la situation sombre décrite.

- 27. Fragments.  Fragments de la vie des gens, Régis Jauffret : j'aurais aisément pu choisir cette lecture pour l'item "ouvrage que vous avez depuis plus de six mois" vu le nombre d'années qui s'est écoulé depuis son acquisition. Je me souviens en avoir il y a longtemps commencé la lecture, que je n'ai pas poursuivie car cela ne m'avait pas emballée, eh bien je confirme après l'avoir terminé cette fois: je n'ai pas du tout aimé!
Les fragments en question (57), se concentrent autour d'un individu (des femmes la plupart du temps, mais on trouve aussi quelques hommes, une adolescente, un ou deux enfant(s)) dont il s'agit de sonder les pensées, de raconter les journées. Couples désunis, parents indifférents ou maladroits, solitudes subies et aliénantes, absence de perspectives, tristesse, dépression, aigreurs, rancunes... Que tout cela est plombant! Mon édition était de surcroît truffée de coquilles, ce qui m'a encore plus agacée. Je crois que je vais libérer une place dans ma bibliothèque...

- 35. Un livre qui a obtenu le "Booker prize".   Le Dieu des Petits riens  Arundhati Roy. Très beau roman, dont la chronologie est bouleversée et les points de vue alternent, qui commence par le récit de l'enterrement d'une fillette de neuf ans. Les protagonistes, issus de castes différentes dans l'Inde moderne, prennent de l'épaisseur au fil du texte, les faits se mettent en place comme dans la résolution d'un puzzle.

Tu conseilles donc Le Dieu des petits riens ? 

Il est dans ma bibliothèque mais la chronologie bouleversée et surtout la prose un peu trop travaillée à mon goût me font un peu peur...Ce roman est au programme de la spé LLCE en terminale (sans doute trop difficile pour les élèves).

Je continue de rattraper (trèèès lentement) mon retard avec le défi 27. Fragments : Le genre du capital. Enquêter sur les inégalités dans la famille.
C'est la version roman graphique ou BD (je ne connais pas bien la différence) des travaux des sociologues Céline Bessière et Sibylle Gollac dessinés par Jeanne Puchol dans la collection "La Découverte-Delcourt". Fragments parce qu'on y découvre les fragments de vie des couples dont il a été question dans les travaux des sociologues, des couples interrogés longuement, dont les audiences au tribunal ou les rendez-vous avec notaires ou avocats ont été suivis par les chercheuses (et leurs équipes). Fragments parce que l’œuvre, présentée sous forme de bande dessinée, est elle-même "fragmentée" (même si elle est organisée). L'objectif de ces travaux était de mettre en évidence les mécanismes expliquant les inégalités de patrimoine entre hommes et femmes et en particulier dans la famille. Deux événements sont particulièrement étudiés : le divorce et les successions. Les travaux, passionnants, mettent ainsi au jour les biais sexistes dans les transmissions des capitaux familiaux et dans les règlements des divorces, les auteurs ayant suivi aussi bien les couples et familles concernées que les professionnels du droit (magistrats, avocats et notaires).

Laverdure a écrit:Je continue de rattraper (trèèès lentement) mon retard avec le défi 27. Fragments : Le genre du capital. Enquêter sur les inégalités dans la famille.
C'est la version roman graphique ou BD (je ne connais pas bien la différence) des travaux des sociologues Céline Bessière et Sibylle Gollac dessinés par Jeanne Puchol dans la collection "La Découverte-Delcourt". Fragments parce qu'on y découvre les fragments de vie des couples dont il a été question dans les travaux des sociologues, des couples interrogés longuement, dont les audiences au tribunal ou les rendez-vous avec notaires ou avocats ont été suivis par les chercheuses (et leurs équipes). Fragments parce que l’œuvre, présentée sous forme de bande dessinée, est elle-même "fragmentée" (même si elle est organisée). L'objectif de ces travaux était de mettre en évidence les mécanismes expliquant les inégalités de patrimoine entre hommes et femmes et en particulier dans la famille. Deux événements sont particulièrement étudiés : le divorce et les successions. Les travaux, passionnants, mettent ainsi au jour les biais sexistes dans les transmissions des capitaux familiaux et dans les règlements des divorces, les auteurs ayant suivi aussi bien les couples et familles concernées que les professionnels du droit (magistrats, avocats et notaires).

C'est la même chose mais "roman graphique" fait plus chic et plus adulte. Blague à part, je dirais que le roman graphique est en seul volume et ne fait pas partie d'une série (Tintin, Astérix...) et aux US, on dit "roman graphique" pour tout ce qui est publié en volume relié et vendu en librairie VS les comics sous forme de fascicules mensuels.

Caspar a écrit:Tu conseilles donc Le Dieu des petits riens ? 

Il est dans ma bibliothèque mais la chronologie bouleversée et surtout la prose un peu trop travaillée à mon goût me font un peu peur...Ce roman est au programme de la spé LLCE en terminale (sans doute trop difficile pour les élèves).

Oui, je le conseille! La lecture n'en est pas vraiment difficile (pour des terminales, je ne saurais dire...), si on apprécie un récit non linéaire.

Satellite a écrit:

Caspar a écrit:Tu conseilles donc Le Dieu des petits riens ? 

Il est dans ma bibliothèque mais la chronologie bouleversée et surtout la prose un peu trop travaillée à mon goût me font un peu peur...Ce roman est au programme de la spé LLCE en terminale (sans doute trop difficile pour les élèves).

Oui, je le conseille! La lecture n'en est pas vraiment difficile (pour des terminales, je ne saurais dire...), si on apprécie un récit non linéaire.

Ok, merci, je vais peut-être tenter l'expérience. Les romans d'auteurs indiens m'intéressent bien en général (ceux qui écrivent directement en anglais, j'avoue ne jamais avoir lu d'auteurs écrivant dans les langues nationales, hindi ou ici malayalam puisque l'histoire se passe au Kerala, mais les styles trop travaillés et poétiques ont tendance à me rebuter...à voir).

Merci pour les précisions, Caspar

Les vacances (enfin) arrivées, je crois que je vais entamer le pavé de plus de 800 pages. J'ai:
- La Storia d'Elsa Morante
- Les Vivants et les morts de Gérard Mordillat
- Blonde Je Joyce Carol Oates.

J'hésite encore, je crois que je vais commencer La Storia.

(J'aurais bien profité du défi pour me plonger dans les Versets sataniques de S. Rushdie, mais la version poche dont je dispose compte de mémoire entre 740 et 750 pages...)

Pour le défi Machines, j'ai lu La voix des morts d'Orson Scott Card. Il s'agit du deuxième tome d'un cycle de science-fiction, le cycle d'Ender. J'ai beaucoup aimé ce roman, malgré des passages un peu trop philosophiques à mon goût. Il s'agit de la suite directe du premier tome donc je ne raconterai pas l'intrigue. Un des "personnages" secondaires mais très important est une IA informatique, donc je le place là, mais je pensais au départ le lire hors défi.

Pour le défi 32 "un (grand) classique revisité", j'ai lu Miroir Miroir de Serena Valentino. C'est un livre que j'ai acheté pour le CDI à la demande insistante de mes élèves ! J'avoue que j'avais pas mal de préjugés car je n'aime pas trop les adaptations que Disney a fait des contes mais je dois reconnaître que, même si je ne vais pas soudain lire tous les contes revisités de cette collection, c'est une lecture agréable, plutôt bien menée et enfin bien adaptée à un jeune public. L'idée est de profiter d'ellipses dans le conte originel pour justifier un comportement ou un acte : ici le récit est focalisé sur la belle-mère de Blanche-Neige qui, lors de son mariage avec le Roi puis lors de l'enfance de Blanche-Neige était une femme belle et admirée, douce et très soucieuse du bonheur de la petite orpheline. On assiste donc aux événements qui ont transformé cette femme en marâtre que la jalousie conduit à l'infanticide. J'ai bien aimé que le personnage soit victime d'une manipulation mais se remette cependant en question, sans se contenter de se dédouaner. Le style est simple mais agréable. Une expérience de lecture !

Premières lectures de vacances...

Pour le défi 31, un visage en couverture (et quel visage !) : Marie Benedict - La femme qui en savait trop
Un roman qui raconte la vie d'une des femmes les plus belles de son époque. La jeune Hedy Kiesler, actrice autrichienne juive, épouse en 1933 un marchand d'armes, lui aussi d'origine juive, Friedrich Mandl. Proche de Mussolini, il est surnommé le "marchand de mort". Les parents d'Hedy, dans ses temps troublés, perçoivent ce mariage comme une protection. Friedrich Mandl se révèle possessif à l'extrême avec sa jeune épouse, qui doit abandonner sa carrière d'actrice et vit recluse dans les superbes propriétés de son mari. Il se révèle opportuniste et abandonne bien vite sa volonté de maintenir une Autriche indépendante. Il se rapproche ainsi d'Hitler.
La seconde partie du roman raconte la vie d'Hedy aux Etats-Unis pendant la guerre. Star hollywoodienne, elle est rongée par la culpabilité et tente d'influer sur le cours des événements. Avec le compositeur George Antheil, elle met en point un nouveau modèle de torpilles qui repose sur un nouveau système de codage. Invention aujourd'hui utilisée pour le wifi et les communications mobiles.
Un beau portrait d'une femme intelligente, en proie à la montée des totalitarismes et aux préjugés sexistes.

Pour le défi 3, un livre que vous avez depuis plus de six mois et que vous n'avez pas encore commencé, un court récit de Joseph Kessel - Mary de Cork qui met en scène un couple pris dans la tourmente de la guerre civile de 1922-1923 en Irlande. Art Beckett revoit sa femme, partie depuis des mois dans la montagne auprès des partisans de Valera. Le policier soutient Michael Collins, partisan d'une voie médiane. Leurs positions politiques, irréconciliables, les mènent au drame...

Tiens, je le retiens pour "génie".

Reine Margot a écrit:Tiens, je le retiens pour "génie".

Pour montée des périls, ça fonctionne aussi.

Pour montée des périls, j'ai lu "pour rien au monde" de Ken Folett, où des personnages tentent d'éviter une guerre nucléaire.
J'étais un peu à court pour génie, ça tombe bien, et c'est chez mon libraire.

27. Fragments: True story, Kate Reed Petty

Je l'ai mis dans fragments car le roman est constitué de parties éparses, des sms, des mails, des extraits de scripts de films, et des parties de récits selon plusieurs points de vue.
Une adolescente, Alice, est raccompagnée ivre en voiture par deux lycéens, Max et Richard. Ils la laissent sur le perron de chez elle, sont chassés par la mère qui craint un abus, non sans avoir laissé un blouson au nom de Richard. Au fast food, ils se vantent de tout ce qu'ils lui ont fait, la rumeur enfle...Brillant excercice de point de vue (extraits d'écrits de la victime, récit par un témoin extérieur, échange de mails...), on se demandera jusqu'au bout ce qu'il s'est passé exactement, Alice ne s'en souvenant pas.
Le récit est prenant, on suit l'évolution de chacun des personnages, les deux garçons s'en sortent bien (université de Princeton puis success story pour l'un, université pour l'autre), tandis qu'Alice, traumatisée, finit le lycée en cours par correspondance, et végète dans de petits emplois de journalisme, tout en entretenant des relations amoureuses délétères.
Mais la vérité n'est pas celle qu'on croit...une lecture passionante sur la rumeur, la culture du viol aussi. Sans doute dans mon top five de l'année.

Une brassée de mes dernières lectures pour le défi :

Lu pour les oraux du bac, parce qu'il était sur un descriptif : Édouard Louis, Qui a tué mon père, pour le défi 49 "Un livre dont le titre contient un participe passé". Plus intéressant et touchant que je ne l'aurais pensé - Annie n'est pas loin - mais ça reste peu approfondi. Le lien à J.-L. Lagarce est intéressant également.

Pour le défi 5 "Un livre écrit par une femme qui a reçu le prix Nobel de littérature avant Annie Ernaux", tous les Svetlana Alexievitch présents chez moi étaient déjà lus, mais j'ai trouvé glissé dans une pile un tout petit livre, Les enfants verts, d'Olga Tokarczuk, publié aux éditions La Contre Allée. Au XVIIe siècle, un botaniste écossais, William Davisson, fait partie de la suite du roi de Pologne en tant que médecin. Au cours d'un voyage, lors d'une halte en pleine forêt, les soldats capturent deux étranges enfants, aux cheveux et à la peau légèrement verts... Un joli conte philosophique et fantasque, teinté de merveilleux, pour penser l'altérité, ainsi que la notion de centre et de périphérie en Europe. Cette trouvaille m'a permis de résister à la tentation d'acheter les œuvres poétiques complètes de Gabriela Mistral (en tout cas, pour un temps).

Pour le défi 19 "Génie", je n'avais pas beaucoup d'idées, alors j'ai décidé que ce serait Léonard de Vinci, et après avoir écarté la tentation de lire un tome de la BD Léonard le génie (), j'ai lu le roman L'obsession Vinci, de Sophie Chauveau, qui retrace donc la vie du grand Léonard, depuis sa nuit en prison à Florence en 1476 jusqu'à sa mort en Touraine en 1519. C'est très prenant et j'ai appris quantité de choses, c'était vraiment intéressant de plonger dans la genèse de chacune des grandes œuvres de Vinci, achevées ou non, et de voir reconstitué le contexte de leur création. Je regrette seulement de ne pas être capable de mesurer la part d'invention et la part d'histoire dans le roman, faute des connaissances nécessaires, notamment en ce qui concerne la vie de l'homme derrière l'artiste, et je soupçonne quelques libertés de ce côté-là.

Pour le défi 44 "Épidémies et pandémies", j'ai encore fait le fond de ma bibliothèque, et j'ai lu Le sixième jour d'Andrée Chedid, acheté en des temps lointains où j'avais eu l'idée folle d'étudier Le hussard sur le toit en seconde. Je ne l'avais pas lu alors, car j'ai vite abandonné l'idée d'ajouter une lecture cursive à la lecture déjà bien complexe de Giono. C'est chose faite maintenant : Le Caire est en proie à une épidémie de choléra, tous les malades sont aussitôt transportés dans un lieu inconnu, dont très peu reviennent, et des délateurs sont payés pour traquer les malades. Dans ce cadre, une grand-mère, aimante et combative, cache son petit-fils, atteint de la maladie, puis décide de le conduire au bord de la mer, dans l'attente du "sixième jour", celui où l'on meurt ou l'on survit. Un récit qui tourne à la fable poétique, comme souvent chez Andrée Chedid, que je préfère dans ses poèmes.

Enfin, je viens de tourner la dernière page du roman Le pays du passé de Guéorgui Gospodinov, pour le défi 30 "Voyages dans le temps", ou "Abritemps", dans la version originale en bulgare, et quelle découverte !
Tout commence avec Gaustine (nom très évocateur, mais je n'ai compris qu'à la moitié du livre^^), un mystérieux personnage, "tissé de plusieurs époques", qui ouvre une clinique à "produire du passé" pour les patients atteints de la maladie d'Alzheimer. Le principe est de reconstituer dans le moindre détail le cadre et l'atmosphère d'une décennie à chaque étage de l'établissement (les années 1950, les années 1960, etc.) de façon à offrir un voyage dans le temps passé à ceux qui perdent leurs souvenirs et pour qui la notion d'avenir n'existe plus. Cette clinique connaît un tel succès que peu à peu les proches des patients, puis plus largement tous ceux qui veulent fuir un présent incertain et angoissant, commencent à la fréquenter, tant et si bien que le passé en vient à envahir le présent partout en Europe et que naissent des mouvements politiques dont le programme est d'arrêter le temps. Des référendums s'organisent pour que les populations choisissent l'époque à laquelle elles veulent vivre...
"L'être humain est l'unique machine du temps dont nous disposions." C'est pourquoi, dans une écriture toute proustienne, le narrateur ravive des odeurs, saisit au vol des mots et des expressions, s'attache aux objets qui ouvrent des portes dans le temps et renvoient dans le passé. Le roman, très méditatif, fragmentaire et méandreux, se fait et se défait, comme la mémoire, finalement.
Bref, une très belle prose, une construction narrative originale et une réflexion sur le temps, la mémoire, la nostalgie, l'histoire européenne, individuelle et collective, qui transporte, véritablement... Certaines pages sont parmi les plus belles que j'ai lues ces derniers mois. Le roman vient d'obtenir le Booker Prize International.



VACANCES ! DU TEMPS !
Profitez-en bien !

7. Un livre qui a au moins trois personnages principaux: Le club des cinq et le trésor de l'île, Enid Blyton.

Livre récupéré chez mes parents quand ils ont vendu leur maison, dans la Bibliothèque Rose, volume que j'ai acheté moi-même à la fin des années 70 sans doute, avec les belles illustrations très seventies de Jean Sidobre, en décalage avec le texte publié en 1942 puisqu'il s'agit du premier volume de la série.

Je me dis depuis longtemps que je vais relire mes Bibliothèque Rose et Verte (Enid Blyton, Fantômette, Alice, Les Six Compagnons, Les Conquérants de l'Impossible...) et je me suis pris au jeu, c'est délicieusement désuet, avec un vocabulaire riche et j'ai même repéré un imparfait du subjonctif. Il y a en revanche des erreurs de traduction et le choix de la transposition en France est un peu étrange mais j'imagine que l'éditeur de l'époque l'a fait pour des raisons de marketing: François, Mick et Annie sont censés habiter à Lyon, et les parents les emmènent dans un lieu qui ressemble à la Bretagne (et au Dorset dans la version originale, même si je ne pense pas que ce soit explicite dans la version originale) et doivent revenir chez eux avant de repartir dans "le Nord" (le département ?): pas très logique comme itinéraire.

Claude, alias George en VO, est le seul personnage doté d'une personnalité intéressante ( tomboy, elle serait peut-être qualifiée de transgenre ou non-binaire aujourd'hui), les autres sont bien fades, mais je comprends le succès de ces aventures enfantines où l'on retrouve ruines, passages secrets et trésors cachés. Les enfants font du camping sur l'île sans adultes (le plus vieux, François, doit avoir 11 ou 12 ans) donc on n'est pas dans la vraisemblance et le réalisme mais encore une fois ça fait rêver les jeunes lecteurs.

Il s'agit d'une floating timeline ou chronologie flottante, donc les héros ne vieillissent jamais et se retrouvent pour des vacances sans cesse renouvelées, chose qui m'avait complètement échappée étant enfant, ça me paraissait tout à fait naturel.

Est-ce que je vais relire tous les volumes de la série ? Peut-être pas, mais j'ai passé un bon moment.

Si si ils vieillissent un peu. A un moment ils sont plus âgés car François et Mick vont faire du scoutisme à l'étranger avant de daigner passer quelques semaines de camping avec leur soeur et leur cousine. J'aime tellement le club des 5!
Pour le défi Réécriture d'un classique, j'ai lu Zazie dans le métro de Clément Oubrerie. J'ai détesté. Je n'ai aimé ni les personnages, ni l'histoire, ni les dessins... bref. J'avais essayé de lire le roman il y a quelques années et il m'était tombé des mains au premier chapitre, je ne réessaierai donc pas!

Reine Margot a écrit:27. Fragments: True story, Kate Reed Petty

Je l'ai mis dans fragments car le roman est constitué de parties éparses, des sms, des mails, des extraits de scripts de films, et des parties de récits selon plusieurs points de vue.
Une adolescente, Alice, est raccompagnée ivre en voiture par deux lycéens, Max et Richard. Ils la laissent sur le perron de chez elle, sont chassés par la mère qui craint un abus, non sans avoir laissé un blouson au nom de Richard. Au fast food, ils se vantent de tout ce qu'ils lui ont fait, la rumeur enfle...Brillant excercice de point de vue (extraits d'écrits de la victime, récit par un témoin extérieur, échange de mails...), on se demandera jusqu'au bout ce qu'il s'est passé exactement, Alice ne s'en souvenant pas.
Le récit est prenant, on suit l'évolution de chacun des personnages, les deux garçons s'en sortent bien (université de Princeton puis success story pour l'un, université pour l'autre), tandis qu'Alice, traumatisée, finit le lycée en cours par correspondance, et végète dans de petits emplois de journalisme, tout en entretenant des relations amoureuses délétères.
Mais la vérité n'est pas celle qu'on croit...une lecture passionante sur la rumeur, la culture du viol aussi. Sans doute dans mon top  five de l'année.

Ton résumé donne très envie et je viens de vérifier, le livre est disponible dans ma médiathèque. Je vais aller l'emprunter la semaine prochaine.

Cléopatra2 a écrit:Si si ils vieillissent un peu. A un moment ils sont plus âgés car François et Mick vont faire du scoutisme à l'étranger avant de daigner passer quelques semaines de camping avec leur soeur et leur cousine. J'aime tellement le club des 5!

Il y a des tomes où on les voit plus vieux ? Dans mes souvenirs Annie a toujours 10 ans, Mick et Claude 11 ans et François 13 ans... Ce qui effectivement est assez incohérent par rapport à ce qu'ils font loin des adultes, mais c'est le cas de la plupart des bouquins des biblis Rose et Verte : impossible de donner un âge à Fantômette, Langelot a toujours 18 ans, Alice idem - mais elle a déjà le permis, la voiture, le petit ami à l'université et l'équivalent de quelques siècles d'expérience -, etc. Il n'y a que guère que les personnages de l'Etalon noir qui vieillissent ou, sans vieillir, le comportement et les contraintes des Six Compagnons qui sont cohérents avec leur âge.

Je crois bien qu'à un moment il est dit qu'ils sont plus âgés. Mais je ne me rappelle plus des titres en question.
Edit : il me semble que c'est Le club des cinq se distingue.