- beloteHabitué du forum
Académie de Lyon, plus ou moins un point par rapport à la moyenne académique.Tivinou a écrit:Je comprends @Illiane. On devrait faire un point par académie.
Je commence :
Aix-Marseille : oui, nous avons une consigne pour "coller" à la moyenne académique.
Et ailleurs ? Lancez-vous !
- BartleboothNiveau 7
Académie d’Amiens: pas d’injonction concernant la moyenne chez nous.
A l’écrit nous attendons le feu vert de la coordo pour verrouiller les lots.
A l’oral nous avons rentré les notes et verrouillé les lots ensemble, à la fin de la dernière journée. Mes notes étaient nettement en-dessous de la moyenne académique, mais la coordo du centre a jugé que c’était justifié. La moyenne du centre est en-dessous de celle de l’an passé, à ma connaissance c’est la même chose dans le centre voisin.
A l’écrit nous attendons le feu vert de la coordo pour verrouiller les lots.
A l’oral nous avons rentré les notes et verrouillé les lots ensemble, à la fin de la dernière journée. Mes notes étaient nettement en-dessous de la moyenne académique, mais la coordo du centre a jugé que c’était justifié. La moyenne du centre est en-dessous de celle de l’an passé, à ma connaissance c’est la même chose dans le centre voisin.
- WinterfellNiveau 3
Aucune injonction dans les académies franciliennes.
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« L’hiver vient. »
2024-2025 : 1 seconde GT, 2 premières technologiques (STI2D et ST2S), BTS travaux publics première et deuxième année.
- roxanneOracle
Rien à Clermont-Ferrand. Si ce n'est finalement, une sorte de servitude volontaire et d'habitude.
- NLM76Grand Maître
Je ne sais pas pour chez nous. Je ne prête pas l'oreille aux instructions académiques. Il paraît qu'à partir de la cinquantaine, on devient sourd.
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Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- zigmag17Guide spirituel
NLM76 a écrit:Je ne sais pas pour chez nous. Je ne prête pas l'oreille aux instructions académiques. Il paraît qu'à partir de la cinquantaine, on devient sourd.
- eliamEsprit éclairé
Pour l'écrit +ou - 1 par rapport à la moyenne des correcteurs et une réunion d'harmonisation finale et la demande de ne pas afficher nos moyennes chaque jour mais plutôt de faire une moyenne globale à mi-parcours pour éviter " les biais de correction " qui font que nous notons soi-disant plus sévèrement les premiers jours que les suivantsWinterfell a écrit:Aucune injonction dans les académies franciliennes.
- roxanneOracle
Décidément cette deuxième partie d'oral est une guignolade. Je viens de tomber sur un de mes élèves qui présentait Rimbaud. Il a eu comme questions :Quels sont les plus grands poètes du XXI° ? A quel tableau vous fait penser "Roman"? Evidemment, il n'a pas su quoi répondre. C'est un gamin moyen à l'écrit mais avec une vraie sensibilité littéraire, qui pouvait faire un bon entretien justement. Il a rajouté que selon lui, c'était une prof qui n'avait pas l'habitude de faire passer les oraux parce qu'elle posait plein de questions aux autres profs. Alors, c'est peut-être une collègue qui n'enseignait pas en lycée et qui est arrivée avec une liste de questions type. Mais, j'essaie de les préparer à toute sorte de questions, là j'avoue que moi-même j'aurais ramé pour répondre. Enfin, j'espère que ce n'est qu'un ressenti.
- NLM76Grand Maître
Je trouve que ce serait vraiment pas mal d'échanger davantage sur cette partie de l'oral, pour l'améliorer (de notre côté). Je pense que nous devrions proposer des exemples où ce serait nous qui serions sur la sellette. Je devrais m'enregistrer quand j'interroge, pour m'améliorer, pour proposer des pistes.roxanne a écrit:Décidément cette deuxième partie d'oral est une guignolade. Je viens de tomber sur un de mes élèves qui présentait Rimbaud. Il a eu comme questions :Quels sont les plus grands poètes du XXI° ? A quel tableau vous fait penser "Roman"? Evidemment, il n'a pas su quoi répondre. C'est un gamin moyen à l'écrit mais avec une vraie sensibilité littéraire, qui pouvait faire un bon entretien justement. Il a rajouté que selon lui, c'était une prof qui n'avait pas l'habitude de faire passer les oraux parce qu'elle posait plein de questions aux autres profs. Alors, c'est peut-être une collègue qui n'enseignait pas en lycée et qui est arrivée avec une liste de questions type. Mais, j'essaie de les préparer à toute sorte de questions, là j'avoue que moi-même j'aurais ramé pour répondre. Enfin, j'espère que ce n'est qu'un ressenti.
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- roxanneOracle
Absolument et assister aux oraux d'autres collègues. Le fils d'une collègue (profil excellent avec mère qui pousse derrière) passait l'EAF cette année. Il a fait un oral blanc avec sa prof sur le Malade Imaginaire qui ne lui a posé que des questions axées sur l'histoire littéraire, la vie de Molière, le classicisme, les règles du théâtre. Bref à l'"ancienne", connaissances littéraires Lagarde et Michard. Sa mère (très angoissée) a demandé à d'autres collègues (dont moi) de lui poser des questions qu'on poserait en entretien et à chaque fois, c'était des axes très différents soit sur une connaissance pointue de la pièce ou d'autres sur le parcours ou sur la mise en scène. Bon, là on avait le gamin qui savait tout mais j'ai trouvé cette expérience assez instructive. On a beau avoir des textes de cadrage, ce sont les habitudes des profs qui importent.
- NLM76Grand Maître
Oui. Sans cela, tel type de professeur croit que tous les autres sont comme lui, ou plutôt n'imagine pas qu'on peut être différent. On pourrait commencer une typologie des entretiens :roxanne a écrit:Absolument et assister aux oraux d'autres collègues. Le fils d'une collègue (profil excellent avec mère qui pousse derrière) passait l'EAF cette année. Il a fait un oral blanc avec sa prof sur le Malade Imaginaire qui ne lui a posé que des questions axées sur l'histoire littéraire, la vie de Molière, le classicisme, les règles du théâtre. Bref à l'"ancienne", connaissances littéraires Lagarde et Michard. Sa mère (très angoissée) a demandé à d'autres collègues (dont moi) de lui poser des questions qu'on poserait en entretien et à chaque fois, c'était des axes très différents soit sur une connaissance pointue de la pièce ou d'autres sur le parcours ou sur la mise en scène. Bon, là on avait le gamin qui savait tout mais j'ai trouvé cette expérience assez instructive. On a beau avoir des textes de cadrage, ce sont les habitudes des profs qui importent.
- L'entretien histoire littéraire
- L'entretien "parcours"
- L'entretien connaissance de l'œuvre
- L'entretien avec questions du type entretien pour l'entrée en école de commerce : "et si ce livre était une couleur?", etc.
- L'entretien réflexion sur l'œuvre, les passages bien connus
- L'entretien ouvert sur d'autres œuvres
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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- IllianeExpert
Merci pour tous vos retours concernant les consignes d'harmonisation dans vos académies respectives. Ma commission va protester contre cette règle de "coller" à la moyenne académique, j'espère juste que nous ne serons pas les seuls...
- TivinouDoyen
Je soulèverai le problème lors de la visio de demain avec ma commission, et je t'enverrai un MP. Je ne suis pas optimiste : mes collègues ont noté large et ne sont / ne se sentent pas concernés par cette règle.Illiane a écrit:Merci pour tous vos retours concernant les consignes d'harmonisation dans vos académies respectives. Ma commission va protester contre cette règle de "coller" à la moyenne académique, j'espère juste que nous ne serons pas les seuls...
- OxfordNeoprof expérimenté
Dans mon académie, on nous a demandé de poser des questions en rapport avec ce qu'avait dit l'élève lors de la présentation de l'œuvre. C'est une façon de cadrer cet oral.
- IllianeExpert
Tivinou a écrit:Je soulèverai le problème lors de la visio de demain avec ma commission, et je t'enverrai un MP. Je ne suis pas optimiste : mes collègues ont noté large et ne sont / ne se sentent pas concernés par cette règle.Illiane a écrit:Merci pour tous vos retours concernant les consignes d'harmonisation dans vos académies respectives. Ma commission va protester contre cette règle de "coller" à la moyenne académique, j'espère juste que nous ne serons pas les seuls...
Merci ! Je me sens un peu comme le village d'Astérix et Obélix en pleine Gaule conquise ...
Oxford a écrit:Dans mon académie, on nous a demandé de poser des questions en rapport avec ce qu'avait dit l'élève lors de la présentation de l'œuvre. C'est une façon de cadrer cet oral.
Même chose chez nous.
- NLM76Grand Maître
Ça paraît assez logique. C'est le cadrage national :Oxford a écrit:Dans mon académie, on nous a demandé de poser des questions en rapport avec ce qu'avait dit l'élève lors de la présentation de l'œuvre. C'est une façon de cadrer cet oral.
Note de service du 23/07/2020 a écrit:
- le candidat réagit aux relances de l'examinateur qui, prenant appui sur la présentation du candidat et sur les éléments qu'il a exposés, évalue les capacités à dialoguer, à nuancer et à étoffer sa réflexion, à défendre son point de vue sur la base de la connaissance de l'œuvre.
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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- IllianeExpert
Tivinou a écrit:Je soulèverai le problème lors de la visio de demain avec ma commission, et je t'enverrai un MP. Je ne suis pas optimiste : mes collègues ont noté large et ne sont / ne se sentent pas concernés par cette règle.Illiane a écrit:Merci pour tous vos retours concernant les consignes d'harmonisation dans vos académies respectives. Ma commission va protester contre cette règle de "coller" à la moyenne académique, j'espère juste que nous ne serons pas les seuls...
Je viens de t'envoyer un MP à ce sujet
- NLM76Grand Maître
Je repense à l'ensemble des prestations que j'ai entendues. Sinon deux ou trois d'entre elles souffraient presque toutes d'un excès de technicisme. L'apparition de "négations totales" et de "négations partielles" à tire-larigot dans les explications est à cet égard significative. Ça n'a jamais la moindre espèce d'intérêt ; mais on a dit un terme technique. Alors on est content.
Plus précisément, quand il y a un raisonnement, le plus souvent celui-ci se réduit à "Tel procédé technique insiste sur..." et suit la paraphrase du texte. Non que ce raisonnement soit en soi à proscrire : si on l'utilise de temps en temps, ça va... à condition qu'on arrive à quelque chose comme "Tel procédé technique arrête le lecteur sur telle idée... qui est une idée saisissante".
Mais il y a autre chose, qui est très présent chez mes propres élèves, et que j'ai entendu régulièrement ; c'est l'euphémisme mal venu. Les effets que produisent le texte le sont toujours "un peu".
C'est d'autant plus frappant quand la pudeur commune est en jeu, et en particulier quand il s'agit de sexe, de scatologie ou de religion. Ainsi, les deux ou trois élèves avec qui j'ai parlé des "Effarés" ou du "Mal" de Rimbaud, n'osaient parler du caractère blasphématoire de ces poèmes. C'est bien compréhensible : on touche là à quelque chose de sacré, d'indécent en soi. Il est bien naturel que ce soit là que la pudeur — ou la pudibonderie ? — intervienne.
Au fond, j'attends des élèves qu'ils disent que ces textes sont choquants ; eux préfèrent couvrir le scandale du voile pudique de la technicité et de la paraphrase euphémisante, voire aplatissante. Mais cela ne vaut-il pas mieux, par les temps qui courent ? [De toute façon, les temps courent toujours...] N'est-ce pas là trop violent, de leur demander de constater qu'il y a là un scandale terrible, et puis de n'en rien dire, de se contenter du scandale. Si, comme dirait Camus, on ne travaille pas un peu le "oui" sur lequel s'appuie ce "non", n'est-on pas trop violent à l'égard de leur humanité ?
J'ai eu un peu ça, avec quelques élèves qui ont présenté Le portrait de Dorian Gray. C'était très policé, et jamais, d'une certaine façon, n'apparaissait l'ignominie profanatrice de Dorian Gray et de Lord Henry.
En revanche, sur La tresse, ils étaient très à l'aise pour évoquer une morale tout à fait légitime et bienvenue, un monde à venir bien ordonné, bien juste.
Plus précisément, quand il y a un raisonnement, le plus souvent celui-ci se réduit à "Tel procédé technique insiste sur..." et suit la paraphrase du texte. Non que ce raisonnement soit en soi à proscrire : si on l'utilise de temps en temps, ça va... à condition qu'on arrive à quelque chose comme "Tel procédé technique arrête le lecteur sur telle idée... qui est une idée saisissante".
Mais il y a autre chose, qui est très présent chez mes propres élèves, et que j'ai entendu régulièrement ; c'est l'euphémisme mal venu. Les effets que produisent le texte le sont toujours "un peu".
C'est d'autant plus frappant quand la pudeur commune est en jeu, et en particulier quand il s'agit de sexe, de scatologie ou de religion. Ainsi, les deux ou trois élèves avec qui j'ai parlé des "Effarés" ou du "Mal" de Rimbaud, n'osaient parler du caractère blasphématoire de ces poèmes. C'est bien compréhensible : on touche là à quelque chose de sacré, d'indécent en soi. Il est bien naturel que ce soit là que la pudeur — ou la pudibonderie ? — intervienne.
Au fond, j'attends des élèves qu'ils disent que ces textes sont choquants ; eux préfèrent couvrir le scandale du voile pudique de la technicité et de la paraphrase euphémisante, voire aplatissante. Mais cela ne vaut-il pas mieux, par les temps qui courent ? [De toute façon, les temps courent toujours...] N'est-ce pas là trop violent, de leur demander de constater qu'il y a là un scandale terrible, et puis de n'en rien dire, de se contenter du scandale. Si, comme dirait Camus, on ne travaille pas un peu le "oui" sur lequel s'appuie ce "non", n'est-on pas trop violent à l'égard de leur humanité ?
J'ai eu un peu ça, avec quelques élèves qui ont présenté Le portrait de Dorian Gray. C'était très policé, et jamais, d'une certaine façon, n'apparaissait l'ignominie profanatrice de Dorian Gray et de Lord Henry.
En revanche, sur La tresse, ils étaient très à l'aise pour évoquer une morale tout à fait légitime et bienvenue, un monde à venir bien ordonné, bien juste.
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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- roxanneOracle
D'accord avec toi. Mais en sont-ils responsables? Il y a une doxa, un prêt à penser quand même depuis le primaire. Le "vivre ensemble", l'auteur "a voulu passer un message" "la littérature engagée" (je trouve que littérature d'idées est bien plus pertinent) leur est enseigné (sans d'ailleurs de résultats extraordinaires sur l'effet concret du vivre ensemble mais bon). Ils n'osent pas trop s'aventurer à aller dans quelque chose de plus personnel de peur que ce ne soit pas consensuel. C'est sûr qu'à ce niveau un livre comme la Tresse coche toutes les bonnes cases. L'année dernière, j'avais interrogé en STMG sur l'Evénement d'Annie Ernaux , que des filles. Et bien, c'était centré sur Simone Veil, la légalisation de l'avortement mais dès que je rentrais un peu dans le vif du personnage, une jeune femme étudiante vivant sa liberté sexuelle, c'était plus compliqué. D'ailleurs plusieurs m'avaient affirmé que c'était une ado de 15 ans obligée d'avorter. Evidemment, elles n'avaient pas trop lu le livre et quand je leur disais que c'était une jeune femme de 23 ans, étudiante, ça changeait leur discours tout prêt. Sui les professeurs eux-mêmes refusent de bousculer un peu les élèves avec des œuvres et des interprétations plus poussées, les élèves ne vont pas y aller tout seuls.NLM76 a écrit:Je repense à l'ensemble des prestations que j'ai entendues. Sinon deux ou trois d'entre elles souffraient presque toutes d'un excès de technicisme. L'apparition de "négations totales" et de "négations partielles" à tire-larigot dans les explications est à cet égard significative. Ça n'a jamais la moindre espèce d'intérêt ; mais on a dit un terme technique. Alors on est content.
Plus précisément, quand il y a un raisonnement, le plus souvent celui-ci se réduit à "Tel procédé technique insiste sur..." et suit la paraphrase du texte. Non que ce raisonnement soit en soi à proscrire : si on l'utilise de temps en temps, ça va... à condition qu'on arrive à quelque chose comme "Tel procédé technique arrête le lecteur sur telle idée... qui est une idée saisissante".
Mais il y a autre chose, qui est très présent chez mes propres élèves, et que j'ai entendu régulièrement ; c'est l'euphémisme mal venu. Les effets que produisent le texte le sont toujours "un peu".
C'est d'autant plus frappant quand la pudeur commune est en jeu, et en particulier quand il s'agit de sexe, de scatologie ou de religion. Ainsi, les deux ou trois élèves avec qui j'ai parlé des "Effarés" ou du "Mal" de Rimbaud, n'osaient parler du caractère blasphématoire de ces poèmes. C'est bien compréhensible : on touche là à quelque chose de sacré, d'indécent en soi. Il est bien naturel que ce soit là que la pudeur — ou la pudibonderie ? — intervienne.
Au fond, j'attends des élèves qu'ils disent que ces textes sont choquants ; eux préfèrent couvrir le scandale du voile pudique de la technicité et de la paraphrase euphémisante, voire aplatissante. Mais cela ne vaut-il pas mieux, par les temps qui courent ? [De toute façon, les temps courent toujours...] N'est-ce pas là trop violent, de leur demander de constater qu'il y a là un scandale terrible, et puis de n'en rien dire, de se contenter du scandale. Si, comme dirait Camus, on ne travaille pas un peu le "oui" sur lequel s'appuie ce "non", n'est-on pas trop violent à l'égard de leur humanité ?
J'ai eu un peu ça, avec quelques élèves qui ont présenté Le portrait de Dorian Gray. C'était très policé, et jamais, d'une certaine façon, n'apparaissait l'ignominie profanatrice de Dorian Gray et de Lord Henry.
En revanche, sur La tresse, ils étaient très à l'aise pour évoquer une morale tout à fait légitime et bienvenue, un monde à venir bien ordonné, bien juste.
- Spoiler:
- Spoiler:
- Je me rappelle il y a quelques années avoir fait l'explication de Voyelles dans une classe de SI (donc plutôt masculine)
- NLM76Grand Maître
En tout cas, ils n'en sont pas coupables !roxanne a écrit:D'accord avec toi. Mais en sont-ils responsables?
Peut-être les professeurs en sont-ils un peu responsables ; peut-être est-ce de toute façon inéluctable.
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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- yranohHabitué du forum
Je ne vais pas développer ma pensée, parce que je serais forcément désagréable (pas envers vous, en général), mais dans cet euphémisme, il faut faire le départ entre ce qui relève du malaise moral et ce qui relève du malaise intellectuel. Au moins en ce qui concerne la religion, certains de ces euphémismes expriment certainement que les élèves n'osent parler franchement tout simplement parce qu'ils n'y connaissent rien. Leur professeur a beau leur en avoir parlé, ils savent bien que ce qu'ils s'apprêtent à dire à de grandes chances d'être faux, à moins de répéter mot pour mot ce que le professeur a dit. Et qu'attendre d'élèves qui sentiraient leurs professeurs mal à l'aise eux-mêmes avec ce sujet ? Dans ce cas, ils ont bien raison de marcher sur des œufs, c'est une preuve d'intelligence.
Il n'est pas étonnant que les élèves aient du mal avec le blasphème. C'est un peu comme si on leur demandait de commenter des parodies de contes de fées sans qu'ils n'aient connaissance des classiques.
Il n'est pas étonnant que les élèves aient du mal avec le blasphème. C'est un peu comme si on leur demandait de commenter des parodies de contes de fées sans qu'ils n'aient connaissance des classiques.
- roxanneOracle
Ah ça, ça les gène moins. C'est plus le fameux "ça ne se fait pas" "ça ne se dit pas".
- DeliaEsprit éclairé
Blasphème dans les Effarés ?
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Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
Amadou Hampaté Ba
- TivinouDoyen
Oui. Les cinq enfants adressent leur prière vers le bas, "Au souffle du soupirail rouge", et ils montrent leurs fesses au ciel "si fort qu'ils crèvent leur culotte" ; certains commentateurs affirment même qu'ils pètent.Delia a écrit:Blasphème dans les Effarés ?
- DeliaEsprit éclairé
Merci, Tivinou !
Ce ne sont pas des blasphèmes. Tout au plus, des sacrilèges.
Si tu veux des blasphèmes, demande à Baudelaire :
Ce ne sont pas des blasphèmes. Tout au plus, des sacrilèges.
Si tu veux des blasphèmes, demande à Baudelaire :
Saint Pierre a renié Jésus… il a bien fait !
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Amadou Hampaté Ba
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