Oral EAF

Une candidate inspirée : la fille de "La chevelure" a une afro ("la brûlante Afrique"), fait des teintures ("cheveux bleus") et résultat, elle a tout niqué ("mèches tordues").
Poème ? Quel poème ?

Question fondamentale de l'entretien : "Selon vous, Manon est-elle une sal*** ?" 

Dionée a écrit:Une candidate inspirée : la fille de "La chevelure" a une afro ("la brûlante Afrique"), fait des teintures ("cheveux bleus") et résultat, elle a tout niqué ("mèches tordues").
Poème ? Quel poème ?

Finalement, je ne me plains plus de mes candidats...

Vous saurez qu'à la fin de Godot, tous les personnages se suicident; ils vont chercher une corde et se pendent et c'est là qu'ils rencontrent Godot qui est en fait la Mort.

Grand moment l'année dernière quand un candidat m'a expliqué que Meursaut avait tué sa mère ou d'un autre qu'il allait la voir en avion en France et qu'elle allait très bien merci.

gregforever a écrit:Vous saurez qu'à la fin de Godot, tous les personnages se suicident; ils vont chercher une corde et se pendent et c'est là qu'ils rencontrent Godot qui est en fait la Mort.

"Ce serait un moyen de bander." Ce candidat a tout compris de Beckett finalement.

Dionée a écrit:Pas dans toutes les académies. J'ai communiqué les miennes, et j'ai reçu celles des classes que j'interroge. Je vais bouffer de la Tresse de Colombani ad nauseam.

31 fois La Tresse en ce qui me concerne. Chaque candidat me répétant quasiment mot pour mot la même présentation. Je ne vois plus à quoi sert cette épreuve.

J'ai eu droit à une figure de style inédite cette année : l'hypoglycémie.

stench a écrit:J'ai eu droit un une figure de style inédite cette année : l'hypoglycémie.

Un excès de diabêtise textuelle?

stench a écrit:

Dionée a écrit:Pas dans toutes les académies. J'ai communiqué les miennes, et j'ai reçu celles des classes que j'interroge. Je vais bouffer de la Tresse de Colombani ad nauseam.

31 fois La Tresse en ce qui me concerne. Chaque candidat me répétant quasiment mot pour mot la même présentation. Je ne vois plus à quoi sert cette épreuve.

Je crains que ce soit ce qui m'attend avec la même œuvre.

J'en peux plus des élèves qui ont jugés inutile de lire ou relire l'oeuvre qu'ils présentent.
La palme a celui qui m'a dit qu'il avait autre chose à faire... Et bien sa note est à la hauteur de sa fainéantise !

De mon côté j' ai appris que Molière avait écrit Psychose... J en frémis encore ! Mais dans l' ensemble les défenses d'oeuvres sont correctes - une fois que je leur demande d'arrêter de réciter la biographie et le résumé.

Un élève a fait l'étude linéaire de la scène d'exposition du Mariage de Figaro. Comme Suzanne dit "mon fils" à Figaro, il en a conclut qu'il voulait se marier avec sa mère. Comme Suzanne dit plus loin "c'est sur la tienne qu'il a jeté ses vues" l'élève en a conclut que Figaro était déjà marié avec une autre et qu'il voulait changer d'épouse pour se marier avec sa mère.

Un autre a choisi de présenter L’Île des esclaves en oeuvre choisie. Il me dit qu'il aime beaucoup" l'inversion des rôles très courante chez Marivaux". Vous vous en doutez, je lui demande quelles autres pièces de Marivaux (d'autant que son exposé me faisait sérieusement douter qu'il ait même lu L’Île des esclaves) il a lues. Il réfléchit. Il trouve et annonce triomphant : "Dom Juan de Marivaux" Je rectifie le nom de l'auteur et lui demande où il y a inversion des rôles. Il répond : "Dom Juan veut séduire une femme mais il a peur de se prendre un rateau. Il demande à son valet...
- Sganarelle ?
- Oui ! C'est ça ! Il demande à son valet de prendre sa place. Mais la fille aussi avait peur et a demandé la même chose à sa servante. Résultat, le valet drague la servante et... Je ne sais plus la fin.
- Je n'ai pas souvenir d'une telle scène dans Dom Juan.
- Ah ?
- Non, parce que cette scène n'a pas été écrite par Molière.
- Ah ? Vous êtes sûre ? Il aurait dû. "

Bon..... je vais aller me renseigner auprès de mon fils pour savoir s'il a réellement lu "Bel Ami", vous me filez le doute là !

Moliere a été pris par tous les élèves moyens à faibles de mes listes. Un vrai festival ! Argent meurt Argan est guéri  Argan a épousé Béralde... et surtout
Alors ça commence par un prologue...très  bien vous me l expliquez...je ne sais pas...
Ou un intermède ? Euh....c est quoi?
L argument infaillible : la pièce fait la satire des médecins...oui un exemple? .....non.

Sisyphe a écrit:Un élève a fait l'étude linéaire de la scène d'exposition du Mariage de Figaro. Comme Suzanne dit "mon fils" à Figaro, il en a conclut qu'il voulait se marier avec sa mère. Comme Suzanne dit plus loin "c'est sur la tienne qu'il a jeté ses vues" l'élève en a conclut que Figaro était déjà marié avec une autre et qu'il voulait changer d'épouse pour se marier avec sa mère.

Ceci dit, Figaro a failli épouser sa mère...
Sinon, dans l'ensemble les oeuvres choisies ici sont très variées et les candidats s'en sortent plutôt bien.

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stench a écrit:J'ai eu droit à une figure de style inédite cette année : l'hypoglycémie.

Non mais celle-là elle est collector!!!
Je lis ce fil avec délectation, je sais combien faire passer des oraux est éprouvant ( C'est "On achève bien les chevaux"), et les EAF nous en LP on n'en a pas, ce sont des oraux de "Chef-d'oeuvre" et de francais ,  beaucoup moins longs bien que tout aussi pénibles; je m'immisce ici, et en général pardon hein mais je rigole bien.
Cela dit, bon courage avec toutes ces inepties énoncées j'en suis sûre avec le plus bel aplomb!

J'aimais bien faire passer les oraux avant la réforme. J'avais l'impression d'être utile (un peu) de les faire réfléchir sur les textes ou les oeuvres qu'ils avaient travaillés. Je découvrais plein de choses en lisant les descriptifs des candidats. Cela demandait du travail, mais je ne m'ennuyais pas. Maintenant, comme on ne peut pas intervenir sur la première partie, j'ai l'impression de ne me réveiller que pour la question de grammaire que les élèves ne veulent ou ne peuvent quasiment jamais faire. Même en les aidant, les réponses sont ahurissantes.
En plus, cette année je fais passer les technos qui arrivent souvent sans descriptif, parfois sans leurs textes, parfois avec des oeuvres lues en seconde hors descriptif etc...
Et puis, cette deuxième partie de l'examen, c'est vraiment la curie. D'un côté, vous avez des classes où les 3/4 des élèves ont choisi la même oeuvre. De l'autre, des élèves qui ont vaguement lu un résumé et s'en contentent. J'ai demandé plusieurs fois quels étaient les thèmes abordés par l'oeuvre choisie, et c'était la débandade : on ne comprenait pas le mot "thème".
Cela me semble pourtant être la base : pourquoi écrit-on ? Pourquoi raconte-t-on une histoire ? Dans quel but ? Quelles émotions cherche-t-on à provoquer ?

Bien sûr, on sourit parfois, mais à quel prix.

Florilège 2023

Alger prononcé "Algère".
- On dit Alger.
- Ah bon, vous me l'apprenez.

- Grâce à La Bruyère, j'ai compris enfin que l'homme pouvait être mauvais.
- Oh sans blague.

- Comment s'appelle le personnage principal de L'Etranger ? Que se passe-t-il au début du roman ?
- Non, vraiment je ne m'en souviens plus.

Bref, tout le monde triche : le ministère, les élèves, les examinateurs.
Cela me conforte vraiment dans l'idée que notre enseignement des lettres est vraiment déconnecté de la réalité, que notre enseignement est souvent désuet, élitiste et faussement exigeant, et qu'en réalité il faudrait trouver d'autres voies pour toucher la plupart de nos élèves.

Cela me conforte vraiment dans l'idée que notre enseignement des lettres est vraiment déconnecté de la réalité, que notre enseignement est souvent désuet, élitiste et faussement exigeant, et qu'en réalité il faudrait trouver d'autres voies pour toucher la plupart de nos élèves.

Bien d’accord sur la déconnexion.
Sinon je dirais plutôt faussement élitiste dans les contenus( mais tellement élitiste dans les faits, puisque seuls les élèves bénéficiant d’une aide peuvent s’en sortir correctement) et aucunement exigeant( ce qui est contradictoire); désuet je ne sais pas, parce qu’il ne correspond à rien de ce qui se faisait et court après le renouvellement des œuvres,  les thèmes contemporains ressassés  et les jargons et techniques universitaires «  de pointe » sans aucun souci de progression cohérente. …

La Bécasse a écrit:J'aimais bien faire passer les oraux avant la réforme. J'avais l'impression d'être utile (un peu) de les faire réfléchir sur les textes ou les oeuvres qu'ils avaient travaillés.

Exactement. Là c'est 10 minutes de remarques apprises par cœur sur un extrait, puis 8 minutes apprises par cœur sur un livre. La partie réflexion est devenue marginale et est souvent catastrophique (grammaire et entretien de la seconde partie). Et malgré cela, les notes sont assez potables, si tout a été bien appris par cœur, même sans rien y comprendre.

C'est pénible pour nous et totalement inutile pour eux. Quelles sont les compétences acquises ? Apprendre par cœur.

La Bécasse a écrit:J'aimais bien faire passer les oraux avant la réforme. J'avais l'impression d'être utile (un peu) de les faire réfléchir sur les textes ou les oeuvres qu'ils avaient travaillés. Je découvrais plein de choses en lisant les descriptifs des candidats. Cela demandait du travail, mais je ne m'ennuyais pas. Maintenant, comme on ne peut pas intervenir sur la première partie, j'ai l'impression de ne me réveiller que pour la question de grammaire que les élèves ne veulent ou ne peuvent quasiment jamais faire. Même en les aidant, les réponses sont ahurissantes.
En plus, cette année je fais passer les technos qui arrivent souvent sans descriptif, parfois sans leurs textes, parfois avec des oeuvres lues en seconde hors descriptif etc...
Et puis, cette deuxième partie de l'examen, c'est vraiment la curie. D'un côté, vous avez des classes où les 3/4 des élèves ont choisi la même oeuvre. De l'autre, des élèves qui ont vaguement lu un résumé et s'en contentent. J'ai demandé plusieurs fois quels étaient les thèmes abordés par l'oeuvre choisie, et c'était la débandade : on ne comprenait pas le mot "thème".
Cela me semble pourtant être la base : pourquoi écrit-on ? Pourquoi raconte-t-on une histoire ? Dans quel but ? Quelles émotions cherche-t-on à provoquer ?

Bien sûr, on sourit parfois, mais à quel prix.

Florilège 2023

Alger prononcé "Algère".
- On dit Alger.
- Ah bon, vous me l'apprenez.

- Grâce à La Bruyère, j'ai compris enfin que l'homme pouvait être mauvais.
- Oh sans blague.

- Comment s'appelle le personnage principal de L'Etranger ? Que se passe-t-il au début du roman ?
- Non, vraiment je ne m'en souviens plus.

Bref, tout le monde triche : le ministère, les élèves, les examinateurs.
Cela me conforte vraiment dans l'idée que notre enseignement des lettres est vraiment déconnecté de la réalité, que notre enseignement est souvent désuet, élitiste et faussement exigeant, et qu'en réalité il faudrait trouver d'autres voies pour toucher la plupart de nos élèves.

Comme quoi on idéalise vite ce qu’on faisait avant! ( il doit bien rester des fils de neo sur les oraux antérieurs pourtant….
Mais je sui d’accord sur l’inanité de ce découpage en trois temps totalement absurde et cette obsession (d’élèves de sciences po) pour les grands oraux

Ils ont plusieurs mois pour choisir, lire une oeuvre et préparer l'oral mais pour certains ça ne suffit pas et ils se présentent sans avoir lu en se disant que ça va passer : d'où les perles...

Iphigénie a écrit:Comme quoi on idéalise vite ce qu’on faisait avant! ( il doit bien rester des fils de neo sur les oraux antérieurs pourtant….

Je n'idéalise pas vraiment mais avant, en imposant une problématique, j'avais au moins un peu l'impression d'avoir en face de moi des êtres pensants que je poussais un peu à réfléchir. Là, plus du tout. Pour la préparation de la seconde partie, ils ne veulent même pas prendre l'œuvre avec eux, ils connaissent leur propos par cœur.

@ Dorine:Ben oui: alors autant les obliger à apprendre quelque chose qu’à persister à exiger des tonnes de lectures intégrales qu’ils ne font pas….d’autant que la même mode de lectures intégrales imposées sévit en langues et autres disciplines: moins ils lisent et plus on voudrait qu’ils lisent  ….
@ Stench: oui sauf les prises de tête pour trouver des «  problématiques » ….