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- uneodysséeNeoprof expérimenté
Je suis tout à fait d’accord avec toi : nous sommes avant tout professeurs de littérature française écrite à peu près en France et en français… parce que notre formation était restreinte à cela ! Nous la complétons ensuite par intérêt personnel, en fonction de l’énergie, du temps, de la motivation que nous avons à y mettre…
Quel que soit l’adjectif que l’on choisit, il faudrait l’appliquer à tout… «française» ne dirait rien de précis (un peu comme quand on dit auteure sans appuyer trop sur le e, ou comment féminiser sans que ça s’entende), «francophone» dirait : j’inclus là-dedans tout ce qui s’écrit en français, même aux antipodes ou sous la plume d’un Martien…
Pour Frédéric Mistral… que faisons-nous des troubadours du Moyen-Âge ? Est-il dans une case différente ? C’est le propre des catégories que de ne pas rendre compte de la réalité
Quel que soit l’adjectif que l’on choisit, il faudrait l’appliquer à tout… «française» ne dirait rien de précis (un peu comme quand on dit auteure sans appuyer trop sur le e, ou comment féminiser sans que ça s’entende), «francophone» dirait : j’inclus là-dedans tout ce qui s’écrit en français, même aux antipodes ou sous la plume d’un Martien…
Pour Frédéric Mistral… que faisons-nous des troubadours du Moyen-Âge ? Est-il dans une case différente ? C’est le propre des catégories que de ne pas rendre compte de la réalité
- TailleventFidèle du forum
Les autres littératures d'expression française ne se rencontrent pas dans le cursus universitaire en France ?uneodyssée a écrit:nous sommes avant tout professeurs de littérature française écrite à peu près en France et en français… parce que notre formation était restreinte à cela !
- DeliaEsprit éclairé
Leonora Miano fait remarquer que toute littérature d'expression française est francophone : francophone, Racine, francophone, Molière, francophone, Voltaire... et basta !
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Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
Amadou Hampaté Ba
- TailleventFidèle du forum
C'est une idée qui ne me semble prêter à débat qu'en France !Delia a écrit:Leonora Miano fait remarquer que toute littérature d'expression française est francophone : francophone, Racine, francophone, Molière, francophone, Voltaire... et basta !
- CasparProphète
Taillevent a écrit:C'est une idée qui ne me semble prêter à débat qu'en France !Delia a écrit:Leonora Miano fait remarquer que toute littérature d'expression française est francophone : francophone, Racine, francophone, Molière, francophone, Voltaire... et basta !
Dans le monde anglophone on parlait de littérature post-coloniale ou de littérature du Commonwealth mais c'est sans doute moins le cas maintenant, on va simplement préciser la nationalité de l'auteur en cas de besoin, si c'est pertinent.
Il me semble que le Booker Prize est désormais ouvert à tout auteur de langue anglaise (les Étatsuniens en étaient exclus auparavant).
- valleExpert spécialisé
Je pense que @Taillevent voulait dire qu'en Belgique, au Sénégal ou au Chili il est évident que l'œuvre de Racine fait partie de la littérature francophone (qu'il n'y a qu'en France que "francophone" peut vouloir dire "en français mais pas Français").
Pour ce qui est de l'anglais (en tout cas pour ce qui est de l'espagnol), la situation me paraît en effet être toute autre qu'en littérature française / francophone / en français.
Pour ce qui est de l'anglais (en tout cas pour ce qui est de l'espagnol), la situation me paraît en effet être toute autre qu'en littérature française / francophone / en français.
- AscagneGrand sage
Cela étant dit, @Valle, ça fait plusieurs années que je vois des postes universitaires à l'étranger, notamment dans le monde anglophone, qui sont orientés littérature francophone mais en exceptant la métropole... donc ce n'est pas une vision strictement franco-française même si la cause est différente.
- TailleventFidèle du forum
Totalement d'accord. Le caractère multipolaire de ces langues est beaucoup plus assumé.valle a écrit:Pour ce qui est de l'anglais (en tout cas pour ce qui est de l'espagnol), la situation me paraît en effet être toute autre qu'en littérature française / francophone / en français.
La première partie de ta phrase rend très bien ma pensée. Ceci dit, concernant la parenthèse, je nuancerai un rien : en tout cas en Suisse où je suis, "littérature francophone" a tout de même une acception qui tend à orienter le regard vers "l'ailleurs". Pour reprendre tes propos, je ne sais pas s'il "n'y a qu'en France que "francophone" peut vouloir dire "en français mais pas Français"" mais en tout cas, j'ai l'impression qu'il pourrait bien n'y avoir qu'en France que ce sens est aussi évident (avec toutes les ambiguïtés pointées par la discussion du début du fil).valle a écrit:Je pense que @Taillevent voulait dire qu'en Belgique, au Sénégal ou au Chili il est évident que l'œuvre de Racine fait partie de la littérature francophone (qu'il n'y a qu'en France que "francophone" peut vouloir dire "en français mais pas Français").
- profdoctoujoursNiveau 6
NLM76 a écrit:Ça me paraît justement être un argument contre le terme de littérature francophone; ça a l'air de dire qu'à partir du moment où ça n'est pas un blanc, ce n'est pas de la littérature française. Calvin, Rousseau, Simenon, Nothomb, Ionesco, Kundera, Beckett, Staël, Constant, Ramuz, Jaccottet, Rougemont, Cohen, Rodenbach, Verhaeren, Maeterlinck, Norge, Andrée Chédid relèvent de la littérature française, sans aucun doute : est-ce parce qu'ils sont européens ? Pourquoi faudrait-il dénier aux auteurs noirs, ou nés en Afrique le fait que la langue française leur appartient aussi, et pas seulement la francophonie ? Bon il est vrai qu'aux auteurs québecois aussi on tend à dénier le titre d'écrivains français.profdoctoujours a écrit:
Pour ma part je préfère le terme "littérature francophone" car c'est plus clair que les auteurs ne sont pas forcément français. Pareil pour la musique qui a été mentionné plutôt d'ailleurs. Je trouve qu'en parlant de "littérature française", on a tendance à gommer le fait que tous les grands auteurs de la littérature francophone ne sont pas français mais peuvent venir d'autres pays également. Et ce d'autant plus que le terme de "francophone" est en général utilisé uniquement pour des auteurs non blancs, qui se trouvent alors à part des autres, sans doute car on leur prête une forme "d'exotisme"...
Mais bon, ça ne vaut pas d'en faire une querelle, et l'on comprend bien qu'on utilise plutôt tel ou tel adjectif dans telle ou telle situation.
Tiens au fait, Césaire et Le Clézio c'est de la littérature française, ou francophone ?
Et puis aussi, tant qu'on y est, ne pas oublier que Molière, La Fontaine et Hugo sont des auteurs francophones.
Au fait, j'oubliais : Marco Polo et Casanova.
C'est justement pour ça qu'à mon sens, on devrait aussi parler de littérature francophone quand on parle d'auteurs blancs comme Rousseau etc, plutôt que de réserver ce terme aux auteurs qui ne le sont pas.
- uneodysséeNeoprof expérimenté
Taillevent a écrit:Les autres littératures d'expression française ne se rencontrent pas dans le cursus universitaire en France ?uneodyssée a écrit:nous sommes avant tout professeurs de littérature française écrite à peu près en France et en français… parce que notre formation était restreinte à cela !
J’espère que cela a changé depuis, mais moi je ne les ai pas beaucoup rencontrées dans mes études (à part Rousseau ). J’avais déjà raconté qu’un formateur, bien plus tard, m’avait fait prendre conscience de l’hypocrisie du mot francophone au sens de non-blanc (Beckett, littérature française, Césaire, littérature francophone).
- CasparProphète
uneodyssée a écrit:Taillevent a écrit:Les autres littératures d'expression française ne se rencontrent pas dans le cursus universitaire en France ?uneodyssée a écrit:nous sommes avant tout professeurs de littérature française écrite à peu près en France et en français… parce que notre formation était restreinte à cela !
J’espère que cela a changé depuis, mais moi je ne les ai pas beaucoup rencontrées dans mes études (à part Rousseau ). J’avais déjà raconté qu’un formateur, bien plus tard, m’avait fait prendre conscience de l’hypocrisie du mot francophone au sens de non-blanc (Beckett, littérature française, Césaire, littérature francophone).
Il y a quand même l'exception des Québécois, qu'on a tendance à classer dans la littérature francophone il me semble. Où classer d'ailleurs la romancière que je lis en ce moment, Aki Shimazaki ? Née au japon en 1956 mais installée au Québec depuis 1991, elle écrit directement en français des romans qui se passent tous au japon et sont très japonais.
- TailleventFidèle du forum
C'est évidemment une difficulté. Je me rends compte que j'ai eu la chance d'avoir une formation très ouverte au monde francophone, avec certes des cours d'histoire littéraire très traditionnels mais aussi de nombreux séminaires ouverts à la diversité de la littérature d'expression française (la Suisse évidemment, mais aussi le Liban et passablement d'auteurs africains).uneodyssée a écrit:Taillevent a écrit:Les autres littératures d'expression française ne se rencontrent pas dans le cursus universitaire en France ?uneodyssée a écrit:nous sommes avant tout professeurs de littérature française écrite à peu près en France et en français… parce que notre formation était restreinte à cela !
J’espère que cela a changé depuis, mais moi je ne les ai pas beaucoup rencontrées dans mes études (à part Rousseau ). J’avais déjà raconté qu’un formateur, bien plus tard, m’avait fait prendre conscience de l’hypocrisie du mot francophone au sens de non-blanc (Beckett, littérature française, Césaire, littérature francophone).
Ceci dit, je n'ai pas l'impression que nous n'enseignons que ce qui était dans notre formation. Celle-ci ne peut jamais tout inclure, certains auteurs et mouvements restent en marge. Nous allons donc tous, dans une certaine mesure, compléter nos études par nous-mêmes.
- NLM76Grand Maître
Oui, mais je ne pense pas qu'au cursus littéraire stricto sensu : mon arrière-plan culturel et historique est moins désertique, un peu moins dévasté par une ignorance effrayante, en ce qui concerne d'abord la France, ensuite l'Europe, qu'en ce qui concerne l'Amérique du Nord ou l'Asie : ainsi, j'ai lu la Bible, Homère et Virgile, je connais un peu l'histoire de France, voire d'Europe. J'essaie d'être un peu moins nul en ce qui concerne l'Afrique depuis quelques années.
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Sites du grip :
- http://instruire.fr
- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- TailleventFidèle du forum
Sur ce point, je ne disconviens pas : l'arrière-fond historico-culturel des œuvres non-occidentales nous est moins familier et demande plus de travail.
- TheProfJe viens de m'inscrire !
En se cantonnant aux auteurs français, on passerait à côté des Amin Maalouf, Andreï Makine, et autre Yasmina Khadra... ça serait bien dommage
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