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Faut-il repousser l'apprentissage de la lecture ? (Observatoire des inégalités) - Page 3 Empty Re: Faut-il repousser l'apprentissage de la lecture ? (Observatoire des inégalités)

par PurpleBanner Dim 12 Mar 2023 - 15:17
Je trouve l'idée défendue par cet article intéressante et poussant à la réflexion (bien que n'ayant pas, pour l'instant d'avis tranché sur la question).

Enseignante en CP cette année, dans des "conditions suédoises" (j'ai 15 élèves), il est évident que les écarts se sont déjà creusés.
Avec 15 élèves, je distingue bien mieux que, ce qui, avec 26 élèves, m'est souvent apparu comme un retard sur la norme (ou sur la "chronométrie scolaire" comme désignée dans l'article) est, en fait, une rapidité moindre, induite par de réelles lacunes de vocabulaire pour 2 de mes élèves. Qui pourtant, apprennent et progressent quand même.
Les 13 autres savent tous lire, de manière fluide. Certains ont été "poussés" à la maison, mais ils sont une minorité (3/13). Pour les 10 autres lecteurs, l'école a juste "structuré" un apprentissage et ceux qui ont appris à lire avec les parents ne sont pas plus performants que les autres.

En revanche, toujours sur 15 élèves, 7, (sept):
- ne parviennent pas à rester assis sur leur fesses ou leur chaise
- sont peu autonomes (cela va des lacets de chaussures à la réalisation d'un exercice seul, jusqu'au bout)
- peuvent dire: "Oh non, j'ai pas envie" à l'annonce d'un exercice ou d'une phrase d'apprentissage X ou y
- ont une très faible endurance à l'effort (réaliser seul, jusqu'au bout, en s'appliquant)
- ont une capacité très limitée d'attention et de concentration
etc.
Qu'ils ou elles s'appellent Aliénor, Ryan, Jules ou Beyonce.

Rien de tout cela n'a entravé leur apprentissage de la lecture, plié en 6 mois.
Mais ça complique tout le reste.

Une (partie de la) 1ère année d'élémentaire (CP) consacrée à apprendre à être élève et à se cultiver serait profitable pour bcp, qqsoit leur milieu social.
Il m'apparait évident que ce qui était simple et automatique pour les 6 ans d'hier ne l'est plus du tout pour ceux d'ajd.
Ne faudrait-il donc pas prendre le temps de leur apprendre?
maikreeeesse
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Grand sage

Faut-il repousser l'apprentissage de la lecture ? (Observatoire des inégalités) - Page 3 Empty Re: Faut-il repousser l'apprentissage de la lecture ? (Observatoire des inégalités)

par maikreeeesse Dim 12 Mar 2023 - 15:39
Cela fait 3 ans que je constate que mes élèves de CP ont un retard de 6 mois. J'ai l’impression d'avoir sous les yeux des élèves de maternelle jusqu'en janvier. Mais cela reste un échantillon très faible, je ne sais pas si c'est généralisable. J'ai du mal avec la réponse que l'on plaque à chaque fois " l'effet covid".
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angelxxx
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par angelxxx Dim 12 Mar 2023 - 15:57
Tangleding a écrit:C'est un peu comique qu'il y ait autant d'enfants de profs et de cadres instinctivement impatients d'apprendre à lire dès la grande section...

Blague à part, ce sont des inégalités socialement construites. Il ne s'agit pas de retarder les apprentis sages des futurs "bons élèves" mais d'améliorer ceux des futurs élèves en difficulté.

Je ne vois pas ce que ça changerait : j'apprendrai à mon fils à lire et il serait donc le faire deux ans avant les autres ? Ou je chercherai du hors contrat ?
Si on veut améliorer le destin des "pauvres", ce n'est pas à l'école qu'il faut toucher en premier, mais à la politique de manière plus générale : héritage, organisation de la fameuse carte scolaire et contournement en lien avec les quartiers qui rassemblent les populations pauvres...

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Faut-il repousser l'apprentissage de la lecture ? (Observatoire des inégalités) - Page 3 Empty Re: Faut-il repousser l'apprentissage de la lecture ? (Observatoire des inégalités)

par PurpleBanner Dim 12 Mar 2023 - 16:05
maikreeeesse a écrit:Cela fait 3 ans que je constate que mes élèves de CP ont un retard de 6 mois. J'ai l’impression d'avoir sous les yeux des élèves de maternelle jusqu'en janvier. Mais cela reste un échantillon très faible, je ne sais pas si c'est généralisable. J'ai du mal avec la réponse que l'on plaque à chaque fois " l'effet covid".

"Effet Confinement", je ne sais pas, peut-être... Nos actuels CP étaient en PS lors du "grand" confinement. Ça peut jouer un rôle mais ce n'est qu'un des paramètres je pense.

Nous n'élevons pas nos enfants de la même manière que nos parents nous ont élevés.
Et, en tant qu'enseignant, on voit que les demandes des parents ne sont pas les mêmes non plus: + protecteurs, + consommateurs...
La résistance à la frustration, cela ne concerne pas que les enfants ou adolescents: les adultes aussi.

Il me parait évident que cela joue sur la maturité des élèves.
dandelion
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Vénérable

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par dandelion Dim 12 Mar 2023 - 16:19

La pandémie a aussi augmenté l’exposition aux écrans.
C’est une erreur de croire que l’absence de vocabulaire est un problème qui ne touche que les enfants défavorisés. J’ai enseigné dans une école primaire et j’ai constaté qu’un nombre certain d’enfants manquait de vocabulaire élémentaire. Pour beaucoup ils étaient loin d’être pauvres. L’école était très bien, les maîtresses de maternelle expérimentées et ultra impliquées, mais personne ne pouvait rien pour l’enfant qui passait tout son temps libre à jouer à Minecraft (enfant issu d’une famille CSP+).
J’entendais l’autre jour une maîtresse dire à la radio que ses élèves de huit ans étaient sur TikTok, et que lorsqu’elle faisait part de son inquiétude aux parents, elle n’était pas entendue. A un moment, les parents font aussi des choix. Mon mari est issu d’une famille très pauvre et non-francophone, il est allé dans une des écoles primaires sans doute les plus défavorisées de Paris, et pourtant lui et ses soeurs sont tous allés jusqu’au Master. On n’est plus dans les années cinquante, on peut choisir ce que l’on regarde à la télé et ce que l’on fait durant son temps libre. Si on choisit de laisser ses enfants passer tout leur temps sur leur téléphone portable, il faut aussi assumer les conséquences. L’école ne peut pas lutter contre cela si les parents s’y opposent.
Elyas
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Esprit sacré

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par Elyas Dim 12 Mar 2023 - 16:37
angelxxx a écrit:
Tangleding a écrit:C'est un peu comique qu'il y ait autant d'enfants de profs et de cadres instinctivement impatients d'apprendre à lire dès la grande section...

Blague à part, ce sont des inégalités socialement construites. Il ne s'agit pas de retarder les apprentis sages des futurs "bons élèves" mais d'améliorer ceux des futurs élèves en difficulté.

Je ne vois pas ce que ça changerait : j'apprendrai à mon fils à lire et il serait donc le faire deux ans avant les autres ? Ou je chercherai du hors contrat ?
Si on veut améliorer le destin des "pauvres", ce n'est pas à l'école qu'il faut toucher en premier, mais à la politique de manière plus générale : héritage, organisation de la fameuse carte scolaire et contournement en lien avec les quartiers qui rassemblent les populations pauvres...

Pas certain que tu y arrives. J'ai eu deux enfants : l'un a bien voulu, l'autre non. Celui qui ne voulait pas a appris en CP à la vitesse de l'éclair.
pseudo-intello
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par pseudo-intello Dim 12 Mar 2023 - 17:04
Cochonou a écrit:
A Tuin a écrit: Et pourquoi toujours pénaliser les enfants capables, pour profiter à ceux qui ne peuvent pas ?

Pourquoi ? Parce que nous avons à la fois un esprit / un idéal égalitariste et un système éducatif inégalitaire.
Un esprit égalitaire, ça peut aussi qu'on met le paquet sur les écoles où les enfants arrivent en difficulté (avec moins de vocabulaire, en n'ayant jamais fait le moindre puzzle même de deux pièces, en ayant passé l'équivalent d'une année scolaire sur les écrans), qu'on pourrait appeler, par exemple, l’éducation prioritaire.

Elyas a écrit:
Tartempion a écrit:Renoncer à l'exigence pour les classes populaires, sous prétexte de combattre les inégalités sociales, pour permettre à l'élite de se maintenir,  est bien le sujet. Mais cela passe par le fait d'empêcher les meilleurs des classes populaires à moyennes de réussir, en les rendant responsables de l'échec des autres. Tout est lié. Ce n'est pas demain que l'on fermera Hattemer ou l'Alsacienne.

Attention aussi aux généralisations.

Les parents qui apprennent à leurs enfants à lire avant le CP ne sont pas nécessairement que les plus favorisés économiquement. C'est plus subtil (par exemple, les familles ouvrières très syndiquées).

C'est juste. Mon grand-père était mineur de fond, comme tous ceux de son village qui n'étaient pas verriers (hormis le curé, l’instituteur et les quelques commerçants nécessaires). Il Il tenait absolument à ce que ses filles travaillent à l'école et deviennent fonctionnaires (pour qu'elles n'aient jamais de patron), et 'en donnait les moyens plus que les autres familles de sa classe sociale (par exemple, ma mère m'a raconté que la famille était abonnée à une revue pour enfants, et qu'elle était la seule famille du village à avoir pris l'abonnement hormis celle de l’instituteur et celle du maire.
Finalement, la réalité sociale l'a rattrapée : collège privé trop éloigné (elle en a fait un an, mon grand-mère s'était saigné pour, mais elle avait arrêté car l'internat lui pesait trop), collège public en préfab donc fermé en hiver par température, décès dans un accident du travail de son père qui l'a découragé d'aller au lycée général (il eût fallu l'internat). Elle aurait cependant eu le niveau pour aller au lycée général et vise le bac, qui n'était pas donné à tout le monde à cette époque.
Enfin de compte, ce sont ses filles qui sont allée toutes les deux en prépa - et ma sœur fait aprtie de la très faible proportion d'enfants d'employés niveau CAP/§BEP à intégrer l'ENS.

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par angelxxx Dim 12 Mar 2023 - 18:16
Elyas a écrit:
angelxxx a écrit:
Tangleding a écrit:C'est un peu comique qu'il y ait autant d'enfants de profs et de cadres instinctivement impatients d'apprendre à lire dès la grande section...

Blague à part, ce sont des inégalités socialement construites. Il ne s'agit pas de retarder les apprentis sages des futurs "bons élèves" mais d'améliorer ceux des futurs élèves en difficulté.

Je ne vois pas ce que ça changerait : j'apprendrai à mon fils à lire et il serait donc le faire deux ans avant les autres ? Ou je chercherai du hors contrat ?
Si on veut améliorer le destin des "pauvres", ce n'est pas à l'école qu'il faut toucher en premier, mais à la politique de manière plus générale : héritage, organisation de la fameuse carte scolaire et contournement en lien avec les quartiers qui rassemblent les populations pauvres...

Pas certain que tu y arrives. J'ai eu deux enfants : l'un a bien voulu, l'autre non. Celui qui ne voulait pas a appris en CP à la vitesse de l'éclair.

La maîtresse de GS a fait découvrir les premières syllabes. Il en connait maintenant la majorité et sais déchiffrer les livres simples. On ne fait de la lecture que dès qu'il demande.

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par Iphigénie Dim 12 Mar 2023 - 18:36
angelxxx a écrit:
Elyas a écrit:
angelxxx a écrit:
Tangleding a écrit:C'est un peu comique qu'il y ait autant d'enfants de profs et de cadres instinctivement impatients d'apprendre à lire dès la grande section...

Blague à part, ce sont des inégalités socialement construites. Il ne s'agit pas de retarder les apprentis sages des futurs "bons élèves" mais d'améliorer ceux des futurs élèves en difficulté.

Je ne vois pas ce que ça changerait : j'apprendrai à mon fils à lire et il serait donc le faire deux ans avant les autres ? Ou je chercherai du hors contrat ?
Si on veut améliorer le destin des "pauvres", ce n'est pas à l'école qu'il faut toucher en premier, mais à la politique de manière plus générale : héritage, organisation de la fameuse carte scolaire et contournement en lien avec les quartiers qui rassemblent les populations pauvres...

Pas certain que tu y arrives. J'ai eu deux enfants : l'un a bien voulu, l'autre non. Celui qui ne voulait pas a appris en CP à la vitesse de l'éclair.

La maîtresse de GS a fait découvrir les premières syllabes. Il en connait maintenant la majorité et sais déchiffrer les livres simples. On ne fait de la lecture que dès qu'il demande.
Que des enseignants soient attentifs au désir d'apprendre de leur propre enfant, je ne vois pas en quoi ce serait une blague et un encore moins un truc choquant: personnellement je trouve cela plutôt rassurant, car le contraire serait quand même assez inquiétant pour qu'on leur confie d'autres enfants...
Par contre effectivement, l'attention aux enfants montre qu'ils sont tous différents et que justement toute la difficulté est de répondre à chacun, dans le temps où il en éprouve le besoin, voire en essayant de créer ce besoin quand il tarde trop à apparaître. *L'égalité n'est pas de retarder tout le monde, mais de donner à chacun le temps nécessaire pour son épanouissement, en sachant que l'inégalité, ne prenons pas le problème à l'envers!- n'est pas le fait des parents qui font avancer leur enfant mais du côté des parents qui n'y arrivent pas parce qu'ils ne savent pas, ne peuvent pas voire ne veulent pas (c'est très fatigant de suivre un jeune enfant et nous ne faisons jamais assez parce que parfois, c'est épuisant de toujours être sur le qui-vive: les capacités d'apprentissage d'un enfant -normal, je ne parle pas des petits génies- sont phénoménales et tous les parents, même enseignants, ont parfois un certain épuisement pour y répondre systématiquement. Ce qui suppose effectivement que de gros ecarts se creusent vite, et d'autant plus vite si l'école n'est pas à la hauteur des besoins différents de chacun: moins l'école donne à chacun comme étant un cas particulier (en croyant donner la même chose à tous) plus l'écart se creuse en général en dehors de l'école
Tangleding
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par Tangleding Dim 12 Mar 2023 - 18:38
La blague c'est de croire que cette précocité ne serait pas construite socialement et en premier lieu par les parents. Ce que certains messages semblaient véhiculer assez innocemment.

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par Verdurette Dim 12 Mar 2023 - 18:54
Que le déficit lexical empêche d'accéder à la dimension de compréhension de la lecture (on peut décoder/déchiffrer sans rien comprendre), c'est une évidence.  Que ce déficit lexical soit souvent lié à l'origine sociale, c'est indiscutable. mais ce n'est certainement pas en retardant l'entrée dans la lecture qu'on résoudra le problème. C'est en maternelle que ce déficit peut, au moins en partie, se combler, mais à condition qu'on prenne ces enfants en petits groupes car il ne suffit pas de lire de jolis albums et de faire des leçons de vocabulaire pour que ça rentre par osmose.  C'est pour ces enfants que la scolarisation à deux ans prend tout son sens.  Il faut déjà parvenir à faire parler chaque enfant, l'aider à construire ses phrases, le reprendre avec bienveillance, c'est un très beau mais très long travail. Les enfants qui sont à l'aise avec le langage  monopolisent la parole( ce qui est bien compréhensible, ils sont petits), mais ce serait une lourde erreur de penser que les autres vont progresser juste en les entendant. C'est comme les langues vivantes, ça se pratique. Ceux qui n'ont pas le pouvoir du verbe s'en rendent bien compte, il arrive qu'ils tapent d'ailleurs en maternelle (et parfois plus tard)  faute d'avoir un autre langage à leur disposition.

Il faudrait pour cela d'arrêter de faire des monceaux de fiches pour donner l'impression qu'on travaille et faire de zoulis cahiers de vie et de progrès, arrêter de faire écrire trop tôt, de faire des exercices de phonologie déconnectés, arrêter d'évaluer en permanence.  Faire travailler avec les mains, donner de petites responsabilités, prendre le temps d'apprendre à mettre son manteau et ses chaussures.  Lire des histoires, raconter, faire faire des marionnettes, créer des situations pour que tous les enfants arrivent à inventer une histoire à leur tour, faire jouer et parler  des personnages... Il faut accepter que le travail de la maternelle semble invisible, au moins en PS et MS.  Quand je dis "invisible" , cela signifie qu'il n'y a pas forcément de "traces écrites", or cela gêne considérablement notre hiérarchie.

Peut-être faudrait-il accepter aussi que certains enfants réclament de lire à 5 ans (et pas que les enfants des Néos ...) alors que d'autres auraient besoin d'un peu plus de temps pour être prêts. Pourquoi ne pas commencer tout simplement ... quand l'enfant est prêt (dans des limites raisonnables évidemment); On n'arrête pas de nous rabâcher qu'il faut adapter, personnaliser ... et bien voila une bonne occasion de le faire !  Le petit CP qui n'arrive toujours pas à lire dans ma classe cette année est très immature, il aurait été bien plus heureux en faisant une année de GS de plus, pour être prêt l'année prochaine, au lieu de souffrir dans ma classe toute l'année. Tandis que d'autres souffriront d'attendre encore une année de plus.  

Un certain Lionel Jospin avait d'ailleurs créé les cycles dans ce sens, et assez curieusement, on s'est ingénié à mettre plusieurs niveaux dans une classe d'âge au lieu de regrouper des enfants de même niveau et d'âges différents. (imaginez quand on a en plus un double voire un triple niveau!).

En attendant que cette mesure de bon sens soit prise (???????), on peut prendre "Pour une maternelle du XXIème siècle " de Catherine Huby dans une main et le livre de Thierry Venot (De l'écoute des sons à la lecture)  dans l'autre, ce sera déjà un bon début.


Dernière édition par Verdurette le Dim 12 Mar 2023 - 18:56, édité 2 fois
Ponocrates
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Faut-il repousser l'apprentissage de la lecture ? (Observatoire des inégalités) - Page 3 Empty Re: Faut-il repousser l'apprentissage de la lecture ? (Observatoire des inégalités)

par Ponocrates Dim 12 Mar 2023 - 18:55
Que certains enfants soient seulement bien stimulés par leurs parents et n'aient pas vraiment de précocité, sans doute. Maintenant, d'expérience, je peux dire qu'il y a des enfants qui sont plus rapides que d'autres, qui ont plus de mémoire que d'autres, et qui font davantage de liens entre les choses, comportements qui naturellement facilitent l'apprentissage de la lecture. Et je connais au moins un autodidacte de la lecture, né dans une famille pas très lettrée. Donc, si, il y a bien des enfants précoces, en raison de leur nature et non de leur milieu.

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Faut-il repousser l'apprentissage de la lecture ? (Observatoire des inégalités) - Page 3 Empty Re: Faut-il repousser l'apprentissage de la lecture ? (Observatoire des inégalités)

par NLM76 Dim 12 Mar 2023 - 18:59
Verdurette a écrit:Que le déficit lexical empêche d'accéder à la dimension de compréhension de la lecture (on peut décoder/déchiffrer sans rien comprendre), c'est une évidence.  Que ce déficit lexical soit souvent lié à l'origine sociale, c'est indiscutable. mais ce n'est certainement pas en retardant l'entrée dans la lecture qu'on résoudra le problème. C'est en maternelle que ce déficit peut, au moins en partie, se combler, mais à condition qu'on prenne ces enfants en petits groupes car il ne suffit pas de lire de jolis albums et de faire des leçons de vocabulaire pour que ça rentre par osmose.  C'est pour ces enfants que la scolarisation à deux ans prend tout son sens.  Il faut déjà parvenir à faire parler chaque enfant, l'aider à construire ses phrases, le reprendre avec bienveillance, c'est un très beau mais très long travail. Les enfants qui sont à l'aise avec le langage  monopolisent la parole( ce qui est bien compréhensible, ils sont petits), mais ce serait une lourde erreur de penser que les autres vont progresser juste en les entendant. C'est comme les langues vivantes, ça se pratique. Ceux qui n'ont pas le pouvoir du verbe s'en rendent bien compte, il arrive qu'ils tapent d'ailleurs en maternelle (et parfois plus tard)  faute d'avoir un autre langage à leur disposition.

Il faudrait pour cela d'arrêter de faire des monceaux de fiches pour donner l'impression qu'on travaille et faire de zoulis cahiers de vie et de progrès, arrêter de faire écrire trop tôt, de faire des exercices de phonologie déconnectés, arrêter d'évaluer en permanence.  Faire travailler avec les mains, donner de petites responsabilités, prendre le temps d'apprendre à mettre son manteau et ses chaussures.  Lire des histoires, raconter, faire faire des marionnettes, créer des situations pour que tous les enfants arrivent à inventer une histoire à leur tour, faire jouer et parler  des personnages... Il faut accepter que le travail de la maternelle semble invisible, au moins en PS et MS.  Quand je dis "invisible" , cela signifie qu'il n'y a pas forcément de "traces écrites", or cela gêne considérablement notre hiérarchie.

Peut-être faudrait-il accepter aussi que certains enfants réclament de lire à 5 ans (et pas que les enfants des Néos ...) alors que d'autres auraient besoin d'un peu plus de temps pour être prêts. Pourquoi ne pas commencer tout simplement ... quand l'enfant est prêt (dans des limites raisonnables évidemment); On n'arrête pas de nous rabâcher qu'il faut adapter, personnaliser ... et bien voila une bonne occasion de le faire !  Le petit CP qui n'arrive toujours pas à lire dans ma classe cette année est très immature, il aurait été bien plus heureux en faisant une année de GS de plus, pour être prêt l'année prochaine, au lieu de souffrir dans ma classe toute l'année. Tandis que d'autres souffriront d'attendre encore une année de plus.  

Un certain Lionel Jospin avait d'ailleurs créé les cycles dans ce sens, et assez curieusement, on s'est ingénié à mettre plusieurs niveaux dans une classe d'âge au lieu de regrouper des enfants de même niveau et d'âges différents. (imaginez quand on a en plus un double voire un triple niveau!).

En attendant que cette mesure de bon sens soit prise (???????), on peut prendre "Pour une maternelle du XXIème siècle " de Catherine Huby dans une main et le livre de Thierry Venot (De l'écoute des sons à la lecture)  dans l'autre, ce sera déjà un bon début.
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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
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Faut-il repousser l'apprentissage de la lecture ? (Observatoire des inégalités) - Page 3 Empty Re: Faut-il repousser l'apprentissage de la lecture ? (Observatoire des inégalités)

par Iphigénie Dim 12 Mar 2023 - 19:34
Merci Verdurette !
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Faut-il repousser l'apprentissage de la lecture ? (Observatoire des inégalités) - Page 3 Empty Re: Faut-il repousser l'apprentissage de la lecture ? (Observatoire des inégalités)

par Fires of Pompeii Dim 12 Mar 2023 - 19:35
Verdurette a écrit:Que le déficit lexical empêche d'accéder à la dimension de compréhension de la lecture (on peut décoder/déchiffrer sans rien comprendre), c'est une évidence.  Que ce déficit lexical soit souvent lié à l'origine sociale, c'est indiscutable. mais ce n'est certainement pas en retardant l'entrée dans la lecture qu'on résoudra le problème. C'est en maternelle que ce déficit peut, au moins en partie, se combler, mais à condition qu'on prenne ces enfants en petits groupes car il ne suffit pas de lire de jolis albums et de faire des leçons de vocabulaire pour que ça rentre par osmose.  C'est pour ces enfants que la scolarisation à deux ans prend tout son sens.  Il faut déjà parvenir à faire parler chaque enfant, l'aider à construire ses phrases, le reprendre avec bienveillance, c'est un très beau mais très long travail. Les enfants qui sont à l'aise avec le langage  monopolisent la parole( ce qui est bien compréhensible, ils sont petits), mais ce serait une lourde erreur de penser que les autres vont progresser juste en les entendant. C'est comme les langues vivantes, ça se pratique. Ceux qui n'ont pas le pouvoir du verbe s'en rendent bien compte, il arrive qu'ils tapent d'ailleurs en maternelle (et parfois plus tard)  faute d'avoir un autre langage à leur disposition.

Il faudrait pour cela d'arrêter de faire des monceaux de fiches pour donner l'impression qu'on travaille et faire de zoulis cahiers de vie et de progrès, arrêter de faire écrire trop tôt, de faire des exercices de phonologie déconnectés, arrêter d'évaluer en permanence.  Faire travailler avec les mains, donner de petites responsabilités, prendre le temps d'apprendre à mettre son manteau et ses chaussures.  Lire des histoires, raconter, faire faire des marionnettes, créer des situations pour que tous les enfants arrivent à inventer une histoire à leur tour, faire jouer et parler  des personnages... Il faut accepter que le travail de la maternelle semble invisible, au moins en PS et MS.  Quand je dis "invisible" , cela signifie qu'il n'y a pas forcément de "traces écrites", or cela gêne considérablement notre hiérarchie.

Peut-être faudrait-il accepter aussi que certains enfants réclament de lire à 5 ans (et pas que les enfants des Néos ...) alors que d'autres auraient besoin d'un peu plus de temps pour être prêts. Pourquoi ne pas commencer tout simplement ... quand l'enfant est prêt (dans des limites raisonnables évidemment); On n'arrête pas de nous rabâcher qu'il faut adapter, personnaliser ... et bien voila une bonne occasion de le faire !  Le petit CP qui n'arrive toujours pas à lire dans ma classe cette année est très immature, il aurait été bien plus heureux en faisant une année de GS de plus, pour être prêt l'année prochaine, au lieu de souffrir dans ma classe toute l'année. Tandis que d'autres souffriront d'attendre encore une année de plus.  

Un certain Lionel Jospin avait d'ailleurs créé les cycles dans ce sens, et assez curieusement, on s'est ingénié à mettre plusieurs niveaux dans une classe d'âge au lieu de regrouper des enfants de même niveau et d'âges différents. (imaginez quand on a en plus un double voire un triple niveau!).

En attendant que cette mesure de bon sens soit prise (???????), on peut prendre "Pour une maternelle du XXIème siècle " de Catherine Huby dans une main et le livre de Thierry Venot (De l'écoute des sons à la lecture)  dans l'autre, ce sera déjà un bon début.

Totalement d’accord.

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Je ne dirai qu'une chose : stulo plyme.
Mitcindy
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par Mitcindy Dim 12 Mar 2023 - 20:15
Les enfants ne lisent pas assez, c'est un fait !
Il ne faut surtout pas retarder cet apprentissage !
Le 1/4 d'heure de lecture introduit dans les collèges est une très bonne chose.
Toutes les catégories sociales se plongent dans le silence de la lecture et c'est très apprécié par tous !
Le fait de lire augmente le vocabulaire et affine la pensée.
Les réseaux sociaux sont une catastrophe !
Pour ma part, mon fils n'a eu de smartphone qu'en seconde. Je n'ai pas pu l'empêcher de jouer à des jeux tels que Minecraft (sinon, dur d'avoir des copains) mais on avait un deal. Pas de lecture, pas de jeux vidéos.
J'assume totalement et mon fils a eu 19/20 au bac de français car il lisait !!
Ajonc35
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par Ajonc35 Dim 12 Mar 2023 - 20:39
Fires of Pompeii a écrit:
Verdurette a écrit:Que le déficit lexical empêche d'accéder à la dimension de compréhension de la lecture (on peut décoder/déchiffrer sans rien comprendre), c'est une évidence.  Que ce déficit lexical soit souvent lié à l'origine sociale, c'est indiscutable. mais ce n'est certainement pas en retardant l'entrée dans la lecture qu'on résoudra le problème. C'est en maternelle que ce déficit peut, au moins en partie, se combler, mais à condition qu'on prenne ces enfants en petits groupes car il ne suffit pas de lire de jolis albums et de faire des leçons de vocabulaire pour que ça rentre par osmose.  C'est pour ces enfants que la scolarisation à deux ans prend tout son sens.  Il faut déjà parvenir à faire parler chaque enfant, l'aider à construire ses phrases, le reprendre avec bienveillance, c'est un très beau mais très long travail. Les enfants qui sont à l'aise avec le langage  monopolisent la parole( ce qui est bien compréhensible, ils sont petits), mais ce serait une lourde erreur de penser que les autres vont progresser juste en les entendant. C'est comme les langues vivantes, ça se pratique. Ceux qui n'ont pas le pouvoir du verbe s'en rendent bien compte, il arrive qu'ils tapent d'ailleurs en maternelle (et parfois plus tard)  faute d'avoir un autre langage à leur disposition.

Il faudrait pour cela d'arrêter de faire des monceaux de fiches pour donner l'impression qu'on travaille et faire de zoulis cahiers de vie et de progrès, arrêter de faire écrire trop tôt, de faire des exercices de phonologie déconnectés, arrêter d'évaluer en permanence.  Faire travailler avec les mains, donner de petites responsabilités, prendre le temps d'apprendre à mettre son manteau et ses chaussures.  Lire des histoires, raconter, faire faire des marionnettes, créer des situations pour que tous les enfants arrivent à inventer une histoire à leur tour, faire jouer et parler  des personnages... Il faut accepter que le travail de la maternelle semble invisible, au moins en PS et MS.  Quand je dis "invisible" , cela signifie qu'il n'y a pas forcément de "traces écrites", or cela gêne considérablement notre hiérarchie.

Peut-être faudrait-il accepter aussi que certains enfants réclament de lire à 5 ans (et pas que les enfants des Néos ...) alors que d'autres auraient besoin d'un peu plus de temps pour être prêts. Pourquoi ne pas commencer tout simplement ... quand l'enfant est prêt (dans des limites raisonnables évidemment); On n'arrête pas de nous rabâcher qu'il faut adapter, personnaliser ... et bien voila une bonne occasion de le faire !  Le petit CP qui n'arrive toujours pas à lire dans ma classe cette année est très immature, il aurait été bien plus heureux en faisant une année de GS de plus, pour être prêt l'année prochaine, au lieu de souffrir dans ma classe toute l'année. Tandis que d'autres souffriront d'attendre encore une année de plus.  

Un certain Lionel Jospin avait d'ailleurs créé les cycles dans ce sens, et assez curieusement, on s'est ingénié à mettre plusieurs niveaux dans une classe d'âge au lieu de regrouper des enfants de même niveau et d'âges différents. (imaginez quand on a en plus un double voire un triple niveau!).

En attendant que cette mesure de bon sens soit prise (???????), on peut prendre "Pour une maternelle du XXIème siècle " de Catherine Huby dans une main et le livre de Thierry Venot (De l'écoute des sons à la lecture)  dans l'autre, ce sera déjà un bon début.

Totalement d’accord.
En voilà une belle analyse ! aai
Verdurette
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par Verdurette Dim 12 Mar 2023 - 20:50
La lecture augmente le vocabulaire, je ne dirai certainement pas le contraire.
Mais ce n'est pas si simple.

J'ai une question , Mitcindy : Lis-tu toi-même ? Est-ce que ton fils t'a vue régulièrement prendre plaisir à être installée confortablement avec un bon bouquin ? Il y a fort à parier que oui, même si on peut imaginer que tu le fasses plus souvent lors des vacances, que tu aies moins de temps pour le faire en période scolaire. Mais durant ces moments, il doit te trouver plongée dans des ouvrages plus professionnels. Bref, la lecture est chez toi fonctionnelle.

Et lorsque ton fils était plus jeune, s'il achoppait sur un mot incompréhensible, il venait te voir et tu lui expliquais sa signification. Beaucoup d'enfants lisent et sautent le mot inconnu sans demander, sans comprendre. Le dictionnaire ? S'il faut s'arrêter à chaque ligne, cela devient pénible de lire.
Lire permet de découvrir des mots nouveaux, mais encore faut-il les comprendre pour se les approprier.
Tout le monde n'est pas Colette qui pensait qu'un presbytère était un escargot ...

Je ne suis pas d'accord lorsque tu affirmes que
toutes les catégories sociales se plongent dans le silence de la lecture et c'est très apprécié par tous !
Le fait de lire augmente le vocabulaire et affine la pensée.


Dans beaucoup de familles, on ne lit pas, pas du tout. La télévision et autres écrans offrent des distractions plus accessibles. Pour nombre d'entre nous , l'histoire du soir est une évidence. Ce n'est pas ce que vivent tous les enfants, loin de là.

Faite naître le goût de la lecture, surtout en ce moment, est loin d'être une évidence. Si tu as lu "le gone du chaâba" d'Azouz Begag, il y a un passage que je ne peux oublier : il ramasse des objets à la décharge (l'ancêtre de nos déchetteries en beaucoup moins bien trié) et un jour il tombe sur un dictionnaire qui longtemps sera son seul livre, qu'il lit, relit sans cesse. J'ai presque exclusivement travaillé dans des écoles défavorisées, et j'ai parfois retrouvé cette avidité de savoir chez quelques élèves, notamment chez un gamin orphelin de mère dont le père était camionneur, dès le CP il venait à l'école seul, restait seul à la maison, faisait ses courses et sa popote avec pas beaucoup de sous, il a même dormi dans le camion un temps parce que le père avait un problème de loyer... quand je l'ai eu en CE2 il lisait énormément et j'oserai dire qu'il avait une réelle culture, notamment en histoire, en politique, en géographie, pour un enfant de cet âge.

Bref, la lecture ne se décrète pas. D'ailleurs, si j'en crois les professeurs de lettres qui interviennent ici même, faire lire un ouvrage devient de plus en plus compliqué. Beaucoup d'élèves considèrent la lecture davantage comme un pensum que comme un plaisir.

dandelion
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par dandelion Dim 12 Mar 2023 - 21:28
Dans une même famille, il peut y avoir des férus de lecture et des réfractaires à la lecture, ça ne se commande pas autant qu’on le voudrait. Il y a des enfants qui sont plus dans l’expression physique, ou dans le dessin, la musique. Aux Etats-Unis, j’étais bénévole dans la bibliothèque de l’école de ma fille, et je voyais que certains enfants étaient très peu intéressés par la lecture, bien qu’étant généralement issus de classes sociales favorisées et ayant une maîtresse qui avait fait une formation spécifique en bibliothèque et faisait des efforts intenses pour intéresser les enfants (dont cette visite hebdomadaire à la bibliothèque de l’école).
Par contre, il serait faux de croire en effet que seuls les enfants de milieux favorisés ont un bon vocabulaire ou sont précoces. Les enfants précoces des milieux favorisés sont sans doute mieux repérés, mieux accompagnés, et mieux défendus, mais j’ai rencontré des enfants précoces issus de milieux très défavorisés aussi. Et des enfants issus de milieux très favorisés, voire franchement très riches, qui avaient du mal à l’école. Donald Trump n’est pas un génie.
Un problème qui est rarement abordé, c’est la petite-enfance, avant même l’école. Il faudrait davantage de moyens dès la crèche, en permettant aussi aux familles qui ne font pas garder leur enfant de participer à des ateliers de construction du langage. Et renforcer le diagnostic des troubles de l’audition et de la vue, qui demeure insuffisant.
Dans un autre fil se posait la question de la grammaire, or celle-ci est également travaillée en maternelle. Un enfant qui n’a ni le lexique ni une compréhension pratique de la syntaxe, va avoir beaucoup de mal à entrer dans la langue écrite. Mais comme le souligne Verdurette, ce travail sur la langue ne permet pas de montrer grand chose.
Comme d’habitude, on propose une solution un tant soit peu simpliste à un problème complexe, sans bien analyser les liens de causalité il me semble.
Elyas
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par Elyas Dim 12 Mar 2023 - 21:34
Attention, il n'y a pas que la hiérarchie qui considère qu'il faut des "traces" visibles. De très nombreux enseignants pensent que sans "traces" visibles, rien n'a été appris. En formation, je galère terriblement à convaincre sur ce point.
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par Tangleding Dim 12 Mar 2023 - 21:37
Je ne parlais pas de précocité atypique hein, juste du fait qu'il n'y a pas trop de raison non sociologiques pour que les enfants de profs ou de cadres sautent si souvent la grande section. C'est la description des enfants impatients de lire, harcelant quasiment leurs profs de parents pour apprendre à lire avant le CP qui m'a rendu un peu taquin.

@Elyas : je pense aussi. Je suis sans doute affecté par le mal.

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par *Fifi* Dim 12 Mar 2023 - 21:46
Merci Verdurette pour ton analyse.

Tangleding a écrit:Je ne parlais pas de précocité atypique hein, juste du fait qu'il n'y a pas trop de raison non sociologiques pour que les enfants de profs ou de cadres sautent si souvent la grande section. C'est la description des enfants impatients de lire, harcelant quasiment leurs profs de parents pour apprendre à lire avant le CP qui m'a rendu un peu taquin.

@Elyas : je pense aussi. Je suis sans doute affecté par le mal.
Dans le cas d’une véritable précocité il y a fort à parier que l’enfant n’ait pas besoin d’harceler qui que ce soit et se débrouille un peu tout seul ou avec le seul son des lettres appris à l’école.
Et au sein d’une même famille, on peut du coup avoir un enfant qui lit avant 4 ans et l’autre qui n’apprend qu’au cp. Et le plus simple à gérer n’est pas forcément le premier…

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par dandelion Dim 12 Mar 2023 - 21:54
@Elyas C’est aussi une demande des parents. Il y a eu un article dans Le Monde il y a quelques jours, sur des applications qui permettent aux enseignants de partager certaines activités faites en classe. Il y a une pression sociale à montrer ce que l’on fait, comme si ne pas le photographier signifiait qu’on ne le fait pas.
@Tangleding Ma fille aînée nous rendait fous en nous demandant d’épeler des tas de mots qu’elle écrivait. Alors que nous devions déménager, la maîtresse m’a dit qu’elle ne s’inquiétait pas pour elle, puisqu’elle savait lire. Elle était jalouse d’un garçon qui faisait semblant de lire à son petit frère, et comme elle avait aussi une petite soeur, à qui elle faisait ‘l’école des bébés’ (sic) elle a appris à lire toute seule. Elle a tout de suite su lire parfaitement à cinq ans et a eu la chance d’avoir une maîtresse de cp qui la laissait lire ou lui donnait des petits textes à rédiger. J’étais aller m’excuser qu’elle savait lire, en expliquant que je ne le lui avais pas appris. Elle n’a d’ailleurs jamais sauté de classe (moi oui, j’ai sauté la GS car je savais lire, mais j’ai toujours eu des difficultés de socialisation, donc je ne souhaitais pas ça pour mes enfants). Ma plus jeune a eu plus de mal à apprendre à lire. Pourtant elle avait reçu l’enseignement de l’école des bébés! Je me souviens très précisément de quand j’ai su lire, car j’avais pu lire un panneau sur le chemin de la maison de ma grand-mère, et réalisé que je ne saurais plus jamais ‘pas lire’. J’en déduis que j’ai su bien lire d’un coup, puisque d’une semaine sur l’autre je pouvais lire un panneau en roulant. Ni mon frère ni ma soeur n’ont appris de cette manière.
Jenny
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par Jenny Dim 12 Mar 2023 - 22:10
J’ai aussi appris à lire seule vers 2 ans. Mes sœurs ont appris au CP.
Milieu plutôt défavorisé mais mon père avait une culture classique et ma mère me lisait des histoires.
Elyas
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par Elyas Dim 12 Mar 2023 - 22:47
dandelion a écrit:@Elyas C’est aussi une demande des parents. Il y a eu un article dans Le Monde il y a quelques jours, sur des applications qui permettent aux enseignants de partager certaines activités faites en classe. Il y a une pression sociale à montrer ce que l’on fait, comme si ne pas le photographier signifiait qu’on ne le fait pas.

Je ne crois plus à ce mythe. Quelques parents regardent le cahier. Si on ne fait pas de trace écrite de temps en temps, ça ne se voit pas. C'est donc, selon moi, plus un axiome des professeurs.
Verdurette
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par Verdurette Lun 13 Mar 2023 - 5:10
J'aimerais bien qu'on me dise comment "montrer" le travail oral mené avec des enfants de PS et MS si ce n'est par des enregistrements audio ...
J'ai tenté l'ENT en classe, c'est extrêmement chronophage, et je me suis vite rendu compte qu'un très petit nombre de parents le regardait, et pas forcément ceux qui en "auraient eu besoin".
On perd en faisant ces travaux destinés à la galerie un temps précieux.

Il est certain que l'entrée dans le langage commence bien plus tôt que deux ans, et là, l'échange avec la famille est primordial, même pour un enfant qui va en crèche, d'autant que ces dernières aussi ont bien des soucis (grèves "pas de bébés à la consigne"). J'ai eu il y a quatre ans un enfant qui n'avait eu aucune interaction avec ses parents , il était comme sa sœur d'un an plus jeune laissé dans un lit à barreaux quasiment toute la journée, nourri de gâteaux et de biberons sucrés. L'arrière-grand-mère a été désignée comme personne de confiance pour les placer après un signalement de la PMI, ces enfants ne parlaient pas et n'avaient plus de dents à 3 et 4 ans, et ils étaient perdus en classe. La même année une petite fille syrienne est arrivée chez ma collègue qui avait la petite sœur en PS MS, ne parlant pas un mot de français mais ayant un langage acquis dans sa langue avec sa maman professeur durant leurs mois d'errance. Elle s'est mise à parler français et rapidement elle a été plus "performante" que la petite sœur qui avait toujours un langage plus que basique malgré l'orthophonie, le psychologue etc...
Regardez à quel point il est difficile de corriger une expression incorrecte orale chez un élève : vous lui dites 50 fois qu'on ne dit pas "je sais qu'est-ce que c'est" ou "les chaussures à Machin", et ça ne rentre pas. Comme ceux qui ont "beaucoup" de vocabulaire mais pas forcément celui dont vous rêvez.

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