Contestations d'élèves

Bonjour à toutes et tous !

On a beau se dire " la philosophie est une matière imposée, elle ne peut pas plaire à tous les élèves " il peut être très dur de faire face aux élèves qui :

- déconsidèrent la matière " ça me saoule ça ne sert à rien ", ou s'y méprennent " oh c'est du français, pourquoi on en refait"
- expriment leurs opinions personnelles " je n'aime pas la philo"
- râlent contre le prof, contestent les notes, le cours, les remarques, la méthode, etc.

Comment réagissez-vous ? Est-ce que ça vous atteint émotionnellement ?

Merci

Bonjour
C'est difficile, je le sais, mais il ne faut pas se laisser atteindre et leur rappeler calmement et fermement que vous ne discuterez pas sur ces sujets. C'est un moyen pour certains de nous faire perdre du temps, de se victimiser et de nous faire culpabiliser. Ne vous laissez pas prendre à leur jeu.

Bonsoir,

Si ça peut te rassurer des élèves râleront toujours une matière. Ne fais pas de lien personnel avec ta matière, la philosophie qui d’autant plus a désormais un coefficient important pour le bac.

J'écoute, je repère et je fais taire rapidement en demandant aux élèves un petit entretien en fin d'heure pour mettre les choses au point sur le fond et sur la forme de leurs récriminations.

Soleil2 a écrit:Bonjour à toutes et tous !

On a beau se dire " la philosophie est une matière imposée, elle ne peut pas plaire à tous les élèves " il peut être très dur de faire face aux élèves qui :

- déconsidèrent la matière " ça me saoule ça ne sert à rien ", ou s'y méprennent " oh c'est du français, pourquoi on en refait"
- expriment leurs opinions personnelles " je n'aime pas la philo"
- râlent contre le prof, contestent les notes, le cours, les remarques, la méthode, etc.

Comment réagissez-vous ? Est-ce que ça vous atteint émotionnellement ?

Merci

Ces élèves n'aiment ni les maths, ni le français, ni l'anglais...
Certains élèves de ta classe apprécient ton cours mais ne le diront pas.
Qu'ils aiment ou pas... cela ne change rien à l'affaire. 
Surtout,  ils ne sont pas là pour donner une appréciation (affective en plus) sur ton cours, mais pour apprendre. 
Il m'a fallu du temps pour l'accepter : je peux t'assurer qu'en latin et grec, il existait une injonction de séduction. 
Moralité, au lycée, on est mort.
L'apport intellectuel et son exigence sont ce qui compte.
Les élèves te diront merci beaucoup plus tard.
Ne te sens pas coupable.

Je te rassure en anglais aussi ils contestent..

Moi je ne leur réponds même plus ça sert a rien de partir dans des discussions de deux heures sur l'utilité de la.matiere pour leur avenir.

Soleil2 a écrit:Bonjour à toutes et tous !

On a beau se dire " la philosophie est une matière imposée, elle ne peut pas plaire à tous les élèves " il peut être très dur de faire face aux élèves qui :

- déconsidèrent la matière " ça me saoule ça ne sert à rien ", ou s'y méprennent " oh c'est du français, pourquoi on en refait"
- expriment leurs opinions personnelles " je n'aime pas la philo"
- râlent contre le prof, contestent les notes, le cours, les remarques, la méthode, etc.

Comment réagissez-vous ? Est-ce que ça vous atteint émotionnellement ?

Merci

Eh bien. moi qui suis en Arts Plastiques, je l'entend tous les jours

Ma réponse : "Et vous, vous servez à quoi ?"

Et alors là, ça crie au " oh, ça se fait paaaaaaaaas!!!!"

En collège, j'ai déjà entendu le "ça sert à quoi le français puisque je le parle déjà "...
Et la Musique ça sert à rien. Et pis je sais pas dessiner. Et pis en Histoire, ils sont tous morts. Je rappelle quand même rapidement à chaque fois que le monde et la culture ne se résume pas à leur nombril ni à leur village.

C'est ça qui est drôle.

La version plus sympa, c'est : "À rien : je suis un produit de luxe." Je crois d'ailleurs que c'était ici que j'avais piqué cette réponse.

Sinon sur le fond, il arrive, avec certaines classes, que je me dise que ça ne sert VRAIMENT à rien et que ça m'affecte.

En plus sympa j'ai eu l'an dernier une remarque d'élève qui m'a émue. Quand la guerre en Ukraine a commencé : "Mais madame, ça sert à quoi de faire de la philo si rien ne change ?"

lene75 a écrit:Ma réponse : "Et vous, vous servez à quoi ?"

Il m'arrive de répondre "si ton existence se résume à manger et faire caca et que cela te suffit, tu as parfaitement raison!"

Oh merci pour cette bonne idée pour renouveler mes réponses

J'ai déjà répondu, trouvé sur le forum "c'est pour vous différencier du scarabée moyen" (ou n'importe quel animal) - oui parce que la question, je confirme, vient pour n'importe quelle matière...

Si ça peut rasséréner les profs de philo, j'ai déjà eu un élève de 3e qui a proclamé, un jour que j'essayais vaguement d'introduire Platon et Epicure, que "la philo c'est trop dar" (sic) et que "pourquoi on en fait pas au collège", tandis que ses copains hochaient la tête. (Je ne m'attribue aucun mérite, c'était visiblement une opinion préconçue.)

lene75 a écrit:En plus sympa j'ai eu l'an dernier une remarque d'élève qui m'a émue. Quand la guerre en Ukraine a commencé : "Mais madame, ça sert à quoi de faire de la philo si rien ne change ?"

Aed2022 a écrit:Bonsoir,

Si ça peut te rassurer des élèves râleront  toujours une matière. Ne fais pas de lien personnel avec ta matière, la philosophie qui d’autant plus a désormais un coefficient important pour le bac.

Le coefficient était très important en L mais avec le nouveau bac la philo se retrouve noyée dans tout le magma du contrôle continu/EDS/grand oral et a perdu de sa superbe (symboliquement, je ne parle pas de la matière elle-même).

L'anglais a un côté utilitaire qui fait que les lycéens ne contestent pas trop la matière (plus au collège) mais ils peuvent contester d'autres aspects du cours.

Il y a deux méthodes (on peut alterner): la plus bienveillante et pédagogique (leur expliquer par a plus b l'intérêt de la philo) ou les rembarrer sèchement: c'est obligatoire et c'est comme ça, rien ne t'oblige à passer le bac, et toi à quoi sers-tu ? Etc

Les deux méthodes sont complémentaires : une fois que je leur ai demandé à quoi ils servent, j'embraye sur un cours de philo improvisé dans lequel je leur explique l'idée de fin en soi qui n'est plus un moyen pour autre chose, que ce qui est "utile" est toujours "utile à quelque chose" et n'a donc pas sa valeur en soi-même, que ce qui fait leur valeur, c'est justement que ce ne sont pas des objets utiles et que par conséquent mon respect pour eux est inconditionnel même s'ils n'ont pas de bonnes notes en philo et même s'ils me cherchent en posant des questions idiotes, le tout avec la théâtralité et les tremolos dans la voix qui conviennent. Et si le spectacle prend bien, je poursuis en leur disant de se regarder dans un miroir et de constater comme ils sont beaux, intelligents, merveilleux et admirables sans avoir besoin d'être meilleurs que leur voisin pour ça. Et je peux embrayer sur la philo qui, comme eux, tient sa valeur du fait qu'elle n'est subordonnée à rien d'autre parce que c'est la reine des sciences (avec toujours le petit sourire en coin) et qu'elle a son intérêt par elle-même. Comme ça ils savent qu'ils ont affaire à une cinglée et le problème est réglé

Je m'amuse presque autant que le jour où je leur balance qu'ils n'auraient pas dû croire toutes les bêtises que je leur raconte depuis le début de l'année parce qu'il ne faut jamais croire ce que disent les profs. Enfin ça je ne le fais que quand je suis sûre que ce ne sera pas pris au 1er degré : je me méfie. Mais ils me font bien rire parce qu'il y en a toujours une bonne partie pour penser que je suis sérieuse et que je suis vraiment en train de leur dire que je leur ai raconté n'importe quoi depuis le début Vous verriez leurs regards !

Quand on me demande à quoi sert ma matière ou une autre, je commence toujours par expliquer que rien ne sert à rien hormis 2 ou 3 fonctions vitales.
Ensuite, on commence à réfléchir.

Je pense que la réforme, le contrôle continu et Parcours sup ont considérablement détérioré la relation au savoir en sacralisant la note, même la pauvre petite note sur 10 coefficient 0.25 peut devenir un casus belli (et encore je suis dans une matière sans contrôle continu et moins impactée par Parcours sup). Je discutais l'autre jour avec un élève de Terminale STI2D, que j'avais eu l'année dernière, fils de collègues, bon élève, bon état d'esprit, bonne culture générale et qui a un projet très précis pour lequel il veut avoir une mention très bien. Je lui demandais s'il aimait la philosophie et sa réponse première a été :"Ca ne rapporte pas assez, il n'y a pas assez de différences dans les notes entre les élèves.". Je lui ai fait remarquer que je parlais de ce que la matière lui apportait et non lui rapportait.

Personnellement, je suis de plus en plus convaincue que les disciplines comme les lettres (que j'enseigne) ou la philosophie servent à quelque chose, à moins qu'en effet, on ne parte du principe que rien n'a d'utilité, à commencer par notre existence sur Terre, à finir par l'existence en soi. Mais en ce cas, même manger devient inutile.

Donc, je ne réponds plus que cela ne sert à rien.
Je réponds en substance que ça sert à rendre plus intelligents et plus sensibles (généralement, ça leur cloue déjà le bec), à ouvrir notre regard sur le monde, et que notre seule liberté face au non-sens de notre existence étant le choix de notre moyen d'aliénation, je préfère choisir la littérature (qui en plus donne un peu de sens et de beauté à l'humanité), plutôt que regarder Hanouna.

Sei a écrit:Personnellement, je suis de plus en plus convaincue que les disciplines comme les lettres (que j'enseigne) ou la philosophie servent à quelque chose, à moins qu'en effet, on ne parte du principe que rien n'a d'utilité, à commencer par notre existence sur Terre, à finir par l'existence en soi. Mais en ce cas, même manger devient inutile.

Donc, je ne réponds plus que cela ne sert à rien.
Je réponds en substance que ça sert à rendre plus intelligents (généralement, ça leur cloue déjà le bec), à ouvrir notre regard sur le monde, et que notre seule liberté face au non-sens de notre existence étant le choix de notre moyen d'aliénation, je préfère choisir la littérature (qui en plus donne un peu de sens et de beauté à l'humanité), plutôt que regarder Hanouna.

C'est en effet le principe dont je pars, ou plutôt la conclusion à laquelle je suis arrivée. Ce que je ne manque pas de leur expliquer. Je ne sais pas pourquoi ils sont tout bizarres quand je leur explique qu'ils seront bientôt morts et oubliés. Mais enfin tout de même, c'est la vérité.

lene75 a écrit:

Sei a écrit:Personnellement, je suis de plus en plus convaincue que les disciplines comme les lettres (que j'enseigne) ou la philosophie servent à quelque chose, à moins qu'en effet, on ne parte du principe que rien n'a d'utilité, à commencer par notre existence sur Terre, à finir par l'existence en soi. Mais en ce cas, même manger devient inutile.

Donc, je ne réponds plus que cela ne sert à rien.
Je réponds en substance que ça sert à rendre plus intelligents (généralement, ça leur cloue déjà le bec), à ouvrir notre regard sur le monde, et que notre seule liberté face au non-sens de notre existence étant le choix de notre moyen d'aliénation, je préfère choisir la littérature (qui en plus donne un peu de sens et de beauté à l'humanité), plutôt que regarder Hanouna.

C'est en effet le principe dont je pars, ou plutôt la conclusion à laquelle je suis arrivée. Ce que je ne manque pas de leur expliquer. Je ne sais pas pourquoi ils sont tout bizarres quand je leur explique qu'ils seront bientôt morts et oubliés. Mais enfin tout de même, c'est la vérité.

Euh, parce qu'ils ont 17 ans et toute la vie devant eux, peut-être...

Pour moi, les contestations étaient plutôt individuelles et souvent après une mauvaise note. Et quand les notes basses se multiplient surtout quand la matière n'est pas travaillée. Mais oeu importe, ce n'est pas l'enseignant qui est contesté, ni sa manière de faire, ouf.
Une fois, dans une contestation plus générale, j'ai répondu qu' une journée était faite de nombreuses choses qui ne servaient à rien et seraient oubliées le lendemain, donc j'étais désolée si l'histoire- geo en faisait partie, mais je n'y pouvais rien sauf essayer de leur faire aimer ma discipline. A prendre ou à laisser. Je n'ai plus rien entendu dans cette classe.

roxanne a écrit:

lene75 a écrit:

Sei a écrit:Personnellement, je suis de plus en plus convaincue que les disciplines comme les lettres (que j'enseigne) ou la philosophie servent à quelque chose, à moins qu'en effet, on ne parte du principe que rien n'a d'utilité, à commencer par notre existence sur Terre, à finir par l'existence en soi. Mais en ce cas, même manger devient inutile.

Donc, je ne réponds plus que cela ne sert à rien.
Je réponds en substance que ça sert à rendre plus intelligents (généralement, ça leur cloue déjà le bec), à ouvrir notre regard sur le monde, et que notre seule liberté face au non-sens de notre existence étant le choix de notre moyen d'aliénation, je préfère choisir la littérature (qui en plus donne un peu de sens et de beauté à l'humanité), plutôt que regarder Hanouna.

C'est en effet le principe dont je pars, ou plutôt la conclusion à laquelle je suis arrivée. Ce que je ne manque pas de leur expliquer. Je ne sais pas pourquoi ils sont tout bizarres quand je leur explique qu'ils seront bientôt morts et oubliés. Mais enfin tout de même, c'est la vérité.

Euh, parce qu'ils ont 17 ans et toute la vie devant eux, peut-être...

Qu'en sais-tu ?
Plus ça va plus le stoïcisme me parle. Il est absurde d'attendre de vivre demain. La vie, c'est aujourd'hui, ici, maintenant. Un peu de légèreté, que diable : ces pauvres élèves portent tout le poids du monde et de leur avenir sur leurs épaules à 17 ans. Il faut leur rendre l'insouciance qu'on leur a volée et le droit de ne pas toujours devoir calculer la rentabilité du moindre de leurs gestes.
J'ai adoré le moment où un élève a sorti des origamis de sa poche quand la bibliothécaire que j'avais invitée a parlé de faire des choses inutiles et que j'ai juste dit : "C'est une citation pour moi, ça !" Il a sorti ses origamis en se tournant vers moi avec un regard complice, et en arrivant aux cours suivants, il en a posé sur sa table en me souriant.

Justement, ça ne paraît pas très léger de devoir penser à 17 ans qu'on finira morts et oubliés... D'ailleurs même sans avoir 17 ans ce n'est pas le genre de réflexion que j'aime particulièrement avoir - parce que si on part de ce principe, quel est l'intérêt de rester en vie ?

lene75 a écrit:C'est ça qui est drôle.

La version plus sympa, c'est : "À rien : je suis un produit de luxe." Je crois d'ailleurs que c'était ici que j'avais piqué cette réponse.

Sinon sur le fond, il arrive, avec certaines classes, que je me dise que ça ne sert VRAIMENT à rien et que ça m'affecte.

En plus sympa j'ai eu l'an dernier une remarque d'élève qui m'a émue. Quand la guerre en Ukraine a commencé : "Mais madame, ça sert à quoi de faire de la philo si rien ne change ?"

Mais c'est tout à fait vrai ! Le savoir est un produit de luxe, en haut de la pyramide de Maslow.

Les choses ne changent pas tout de suite... Il faut souvent du temps entre les semailles et les moissons. Et si elles ne changent pas, c'est peut-être parce qu'il y a encore trop peu de philosophes....