Contestations d'élèves

lene75 a écrit:C'est ça qui est drôle.

La version plus sympa, c'est : "À rien : je suis un produit de luxe." Je crois d'ailleurs que c'était ici que j'avais piqué cette réponse.

Sinon sur le fond, il arrive, avec certaines classes, que je me dise que ça ne sert VRAIMENT à rien et que ça m'affecte.

En plus sympa j'ai eu l'an dernier une remarque d'élève qui m'a émue. Quand la guerre en Ukraine a commencé : "Mais madame, ça sert à quoi de faire de la philo si rien ne change ?"

Mais c'est tout à fait vrai ! Le savoir est un produit de luxe, en haut de la pyramide de Maslow.

Les choses ne changent pas tout de suite... Il faut souvent du temps entre les semailles et les moissons. Et si elles ne changent pas, c'est peut-être parce qu'il y a encore trop peu de philosophes....

Danska a écrit:Justement, ça ne paraît pas très léger de devoir penser à 17 ans qu'on finira morts et oubliés... D'ailleurs même sans avoir 17 ans ce n'est pas le genre de réflexion que j'aime particulièrement avoir - parce que si on part de ce principe, quel est l'intérêt de rester en vie ?

C'est ce que je voulais dire.

Danska a écrit:Justement, ça ne paraît pas très léger de devoir penser à 17 ans qu'on finira morts et oubliés... D'ailleurs même sans avoir 17 ans ce n'est pas le genre de réflexion que j'aime particulièrement avoir - parce que si on part de ce principe, quel est l'intérêt de rester en vie ?

Aucun. C'est ce qui fait que la vie a une valeur inconditionnelle. On ne vit pas pour quelque chose. On vit pour vivre. C'est déjà beaucoup. Pas besoin d'être "utile à la croissance économique" pour ça comme m'a un jour répondu très sérieusement un élève quand je lui ai demandé à quoi il servait. Moi personnellement, c'est ça qui me plombe le moral : considérer qu'une vie n'a de valeur que si et que tant que elle est utile, à qui à quoi, on ne sait pas trop, mais considérée comme utile par les autres ou par soi-même. C'est tout le drame de la vieillesse et des vieux abandonnés dans des mouroirs parce qu'on considère qu'ils ne servent plus à rien.

Si on n'a plus l'obligation d'être utile dans chacune de ses actions et de "rentabiliser" sa vie, on peut commencer à envisager de vivre enfin. C'est vachement libérateur. Il faudra que je vous retrouve ce que m'avait écrit une élève à ce sujet. C'était magnifique.

Edit : j'ai retrouvé !

En levant la tête, j'ai redécouvert un mode de vie que j'adoptais enfant pour me protéger de la vie. Les temps étaient durs, ces dernières années, et je perdais l'habitude de vivre en stoïcienne (bien qu'avant votre cours, je ne savais pas ce que voulait dire ce mot). Grâce au cours sur le bonheur, et particulièrement à cette notion, j'ai pu retrouver les rails de ce qui avait toujours guidé ma vie. Pour cela je vous dis merci. Sincèrement.

C'est beau

" Si on n'a plus l'obligation d'être utile dans chacune de ses actions et de "rentabiliser" sa vie, on peut commencer à envisager de vivre enfin." Définition de la retraite,non?
Ce devrait être un temps pour être au monde, tout simplement, et y vivre différemment,sans souci de perte,gain ,profit .Mais  je doute que ce soit réalisable aujourdhui où, qd on a la chance d' être en bonne santé,on est très sollicité. Vivre pour vivre est rarissime,je crois. Je suis absolument d'accord  que le sens de la vie est ds la vie elle-même mais on vit  tjs pour qqchose ou pour qq'un.

Danska a écrit:quel est l'intérêt de rester en vie ?

Le fait que la question "pourquoi mourir" n'ait pas plus de réponse ?

lene75 a écrit:

Danska a écrit:Justement, ça ne paraît pas très léger de devoir penser à 17 ans qu'on finira morts et oubliés... D'ailleurs même sans avoir 17 ans ce n'est pas le genre de réflexion que j'aime particulièrement avoir - parce que si on part de ce principe, quel est l'intérêt de rester en vie ?

Aucun. C'est ce qui fait que la vie a une valeur inconditionnelle. On ne vit pas pour quelque chose. On vit pour vivre. C'est déjà beaucoup. Pas besoin d'être "utile à la croissance économique" pour ça comme m'a un jour répondu très sérieusement un élève quand je lui ai demandé à quoi il servait. Moi personnellement, c'est ça qui me plombe le moral : considérer qu'une vie n'a de valeur que si et que tant que elle est utile, à qui à quoi, on ne sait pas trop, mais considérée comme utile par les autres ou par soi-même.

"Avoir un intérêt" ne signifie pas nécessairement "être utile". Mais à quoi bon apprendre quelque chose, partager un fou rire entre amis, avoir des enfants, se donner la peine de partager des moments avec eux, si à la fin tout ça ne change rien ? À 17 ans c'est difficile de traduire autrement "bientôt vous serez morts et on vous aura oubliés" ; comme Roxanne je comprends que tes élèves fassent une drôle de tête en entendant ça.

Au cas où : c'était du second degré, hein, le "je ne comprends pas pourquoi ils font une tête bizarre". Bien sûr que je le comprends, puisque je le provoque volontairement pour introduire la suite. C'est comme quand je leur demande à quoi ils servent ou que je leur dis qu'il ne faut jamais croire leurs profs, c'est du second degré, ça a pour but de les faire réfléchir, et c'est généralement très efficace. Enfin, comme tout second degré, ce n'est qu'à moitié une blague, parce que dans le fond, tout ça est vrai une fois qu'on comprend pourquoi c'est vrai.

Non, à 17 ans ils ne sont pas bêtes, loin de là. Ils comprennent très bien. Mieux que beaucoup d'adultes, d'ailleurs.

Danska a écrit:

lene75 a écrit:

Danska a écrit:Justement, ça ne paraît pas très léger de devoir penser à 17 ans qu'on finira morts et oubliés... D'ailleurs même sans avoir 17 ans ce n'est pas le genre de réflexion que j'aime particulièrement avoir - parce que si on part de ce principe, quel est l'intérêt de rester en vie ?

Aucun. C'est ce qui fait que la vie a une valeur inconditionnelle. On ne vit pas pour quelque chose. On vit pour vivre. C'est déjà beaucoup. Pas besoin d'être "utile à la croissance économique" pour ça comme m'a un jour répondu très sérieusement un élève quand je lui ai demandé à quoi il servait. Moi personnellement, c'est ça qui me plombe le moral : considérer qu'une vie n'a de valeur que si et que tant que elle est utile, à qui à quoi, on ne sait pas trop, mais considérée comme utile par les autres ou par soi-même.

"Avoir un intérêt" ne signifie pas nécessairement "être utile". Mais à quoi bon apprendre quelque chose, partager un fou rire entre amis, avoir des enfants, se donner la peine de partager des moments avec eux, si à la fin tout ça ne change rien ? À 17 ans c'est difficile de traduire autrement "bientôt vous serez morts et on vous aura oubliés" ; comme Roxanne je comprends que tes élèves fassent une drôle de tête en entendant ça.

En même temps c'est une phrase qui tourne en boucle sur TikTok donc ils doivent connaître.

L'an dernier j'ai entendu deux élèves dire qu'elles trouvaient que Leonardo DiCaprio avait pris un coup de vieux (si elles en étaient restées à Titanic c'est sûr), je leur ai don gentiment fait savoir qu'elles aussi seraient un jour vieilles et moches.

Marquise si mon visage
A quelques traits un peu vieux,
Souvenez-vous qu'à mon âge
Vous ne vaudrez guère mieux.

Caspar a écrit:

Danska a écrit:

lene75 a écrit:

Danska a écrit:Justement, ça ne paraît pas très léger de devoir penser à 17 ans qu'on finira morts et oubliés... D'ailleurs même sans avoir 17 ans ce n'est pas le genre de réflexion que j'aime particulièrement avoir - parce que si on part de ce principe, quel est l'intérêt de rester en vie ?

Aucun. C'est ce qui fait que la vie a une valeur inconditionnelle. On ne vit pas pour quelque chose. On vit pour vivre. C'est déjà beaucoup. Pas besoin d'être "utile à la croissance économique" pour ça comme m'a un jour répondu très sérieusement un élève quand je lui ai demandé à quoi il servait. Moi personnellement, c'est ça qui me plombe le moral : considérer qu'une vie n'a de valeur que si et que tant que elle est utile, à qui à quoi, on ne sait pas trop, mais considérée comme utile par les autres ou par soi-même.

"Avoir un intérêt" ne signifie pas nécessairement "être utile". Mais à quoi bon apprendre quelque chose, partager un fou rire entre amis, avoir des enfants, se donner la peine de partager des moments avec eux, si à la fin tout ça ne change rien ? À 17 ans c'est difficile de traduire autrement "bientôt vous serez morts et on vous aura oubliés" ; comme Roxanne je comprends que tes élèves fassent une drôle de tête en entendant ça.

En même temps c'est une phrase qui tourne en boucle sur TikTok donc ils doivent connaître.

Ce sont peut-être les élèves de Lene qui ont lancé le tube !

Lene, bien que nous ne l'abordions pas exactement par le même côté, je pense que nous partageons une vision de la vie similaire...

Nan, mais on est important dans l'histoire de l'Univers... Pas la peine de faire une crise existentielle    

Je vais bientôt tester l'absence d'utilité sociale. Je suis curieuse de voir ce que ça va donner. Ma belle sœur renaît depuis qu'elle est à la retraite et vit pour vivre et j'espère bien pouvoir en profiter aussi.

Oui, la retraite est un temps béni à condition d'avoir la santé et qs moyens. Tous ceux qui sont ds cette situation autour de moi me le prouvent au quotidien. On a son rythme à soi, on s'organise pour jouir du bonheur d'être au monde.
Sinon, eh bien, on se bat pour aller mieux avec courage. On prend ce que la vie nous donne, comme faire autrement?

Caspar a écrit:

Danska a écrit:

lene75 a écrit:

Danska a écrit:Justement, ça ne paraît pas très léger de devoir penser à 17 ans qu'on finira morts et oubliés... D'ailleurs même sans avoir 17 ans ce n'est pas le genre de réflexion que j'aime particulièrement avoir - parce que si on part de ce principe, quel est l'intérêt de rester en vie ?

Aucun. C'est ce qui fait que la vie a une valeur inconditionnelle. On ne vit pas pour quelque chose. On vit pour vivre. C'est déjà beaucoup. Pas besoin d'être "utile à la croissance économique" pour ça comme m'a un jour répondu très sérieusement un élève quand je lui ai demandé à quoi il servait. Moi personnellement, c'est ça qui me plombe le moral : considérer qu'une vie n'a de valeur que si et que tant que elle est utile, à qui à quoi, on ne sait pas trop, mais considérée comme utile par les autres ou par soi-même.

"Avoir un intérêt" ne signifie pas nécessairement "être utile". Mais à quoi bon apprendre quelque chose, partager un fou rire entre amis, avoir des enfants, se donner la peine de partager des moments avec eux, si à la fin tout ça ne change rien ? À 17 ans c'est difficile de traduire autrement "bientôt vous serez morts et on vous aura oubliés" ; comme Roxanne je comprends que tes élèves fassent une drôle de tête en entendant ça.

En même temps c'est une phrase qui tourne en boucle sur TikTok donc ils doivent connaître.

L'an dernier j'ai entendu deux élèves dire qu'elles trouvaient que Leonardo DiCaprio avait pris un coup de vieux (si elles en étaient restées à Titanic c'est sûr), je leur ai don gentiment fait savoir qu'elles aussi seraient un jour vieilles et moches.

Bah, à cet âge là, ce sera dans une éternité...
Mais c'est sûr, on peut leur dire "Vous voyez ce qui vous attend!"

beaverforever a écrit:Marquise si mon visage
A quelques traits un peu vieux,
Souvenez-vous qu'à mon âge
Vous ne vaudrez guère mieux.

Peut-être que je serai vieille,
Répond Marquise, cependant
J'ai vingt-six ans, mon vieux Corneille,
Et je t'emmerde en attendant.

Mitcindy a écrit:

Caspar a écrit:

Danska a écrit:

lene75 a écrit:

Aucun. C'est ce qui fait que la vie a une valeur inconditionnelle. On ne vit pas pour quelque chose. On vit pour vivre. C'est déjà beaucoup. Pas besoin d'être "utile à la croissance économique" pour ça comme m'a un jour répondu très sérieusement un élève quand je lui ai demandé à quoi il servait. Moi personnellement, c'est ça qui me plombe le moral : considérer qu'une vie n'a de valeur que si et que tant que elle est utile, à qui à quoi, on ne sait pas trop, mais considérée comme utile par les autres ou par soi-même.

"Avoir un intérêt" ne signifie pas nécessairement "être utile". Mais à quoi bon apprendre quelque chose, partager un fou rire entre amis, avoir des enfants, se donner la peine de partager des moments avec eux, si à la fin tout ça ne change rien ? À 17 ans c'est difficile de traduire autrement "bientôt vous serez morts et on vous aura oubliés" ; comme Roxanne je comprends que tes élèves fassent une drôle de tête en entendant ça.

En même temps c'est une phrase qui tourne en boucle sur TikTok donc ils doivent connaître.

L'an dernier j'ai entendu deux élèves dire qu'elles trouvaient que Leonardo DiCaprio avait pris un coup de vieux (si elles en étaient restées à Titanic c'est sûr), je leur ai don gentiment fait savoir qu'elles aussi seraient un jour vieilles et moches.

Bah, à cet âge là, ce sera dans une éternité...
Mais c'est sûr, on peut leur dire "Vous voyez ce qui vous attend!"

Ce n'était qu'une petite plaisanterie et elle ne l'ont pas mal prise (d'autant plus en effet que ça doit leur paraître très lointain)