Le CA de l'université de Strasbourg valide une fermeture prolongée

Pour les universités américaines, ce qui a obligé à revenir en présentiel c’était que les étudiants refusaient de payer pour faire des cours à distance. Pour l’université française, il n’y a guère de garde-fou.
Pour les étudiants, c’est double peine, car qui ne s’est pas chauffé à la BU?

À Strasbourg, on parle de maintenir des horaires d'ouverture pour les BU — mais de là à les chauffer…

lene75 a écrit:La fermeture, ça veut dire report de la charge énergétique sur les étudiants. Est-ce que les pertes énergétiques sont telles dans les bâtiments publics que la dépense énergétique est supérieure à ce que dépenseront x étudiants pour chauffer chacun leur logement individuel (ou celui, plus grand, de leurs parents, pour ceux qui habitent chez les parents) ? est-ce simplement un report de la charge énergétique sur les étudiants ? Ou fait-on le pari que les étudiants n'auront pas les moyens de chauffer leur logement et qu'ainsi il y aura une réelle économie d'énergie ?

C'est exactement la même réflexion que je me fais. Au global, on dépensera plus d'énergie si chaque étudiant et enseignant doit être chez soi, avec un chauffage en route, et en utilisant un PC qui dépense de la bande passante de wifi et doit être rechargé régulièrement.
Mais visiblement, tout ce qui intéresse l'université de Strasbourg, ce sont ses propres économies d'énergie, pas qu'on fasse globalement des économies d'énergie.

Je ne suis pas bête, je sais bien que cela va coûter très cher aux universités et aux collectivités. Mais je ne comprends pas qu'on puisse se satisfaire de dire : passons à distance, quand on sait que cela va augmenter les dépenses d'énergie — et que cela va priver de chauffage les étudiants, qui font partie des populations les plus précaires et qui, pour beaucoup, renonçaient déjà à se chauffer quand les tarifs n'étaient pas aussi élevés qu'ils vont l'être cet hiver. Penser qu'on va laisser les étudiants se les geler dans leurs minuscules studios qui sont des passoires thermiques, je trouve ça proprement scandaleux.
Et quid du matériel à disposition pour les étudiants ? Rappelons ce que le covid a coûté en dotation pour aider les étudiants à obtenir des outils informatiques. Ils n'ont pas tous un PC portable pour suivre un cours en zoom toute la journée chez eux. Ils n'ont peut-être même pas tous d'accès à Internet. Donc les renvoyer aux cours à distance, c'est se donner l'obligation aussi de leur fournir le matériel nécessaire.

Quant à l'université où je suis, c'est très amusant car le centre où je travaille est chauffé depuis la mini canicule de mi-octobre. Je suis arrivée un matin et il devait faire pas loin de 28 dans chaque bureau (car, bien sûr, le chauffage se lance automatiquement même si on l'éteint le soir avant de partir, sinon ce n'est pas drôle). On nous a gentiment expliqué qu'il fallait ajuster la température à l'aide de la mollette sauf que moi j'aimerais bien comprendre pourquoi on a mis les chauffages en route mi octobre, alors qu'il faisait très chaud et que tout le monde indiquait qu'il fallait repousser la date de leur remise en route...
Je parie d'ailleurs que quand il fera vraiment froid, on nous dira : ah non, on ne peut pas chauffer plus, il faut rester à 19 !
Bref on marche sur la tête et les deniers publics sont toujours utilisés n'importe comment, malheureusement.

DesolationRow a écrit:La découverte, par les facs, qu'il était possible de demander aux enseignants de faire cours "à distance", "en mode dégradé", a été ravageuse. Depuis l'année dernière, chez moi ça fait au moins deux fois qu'on me dit : "les locaux ne peuvent pas ouvrir, faites cours à distance", et que je réponds "ben non, si je ne peux pas faire cours j'irai au cinéma à la place". Je vous recommande d'ailleurs la Conspiration du Caire.

J'ai le souvenir, pour un cours d'agrégation dans ton université, avoir été envoyé enseigner… dans un cinéma du quartier : les étudiants étaient dans la salle et moi sur la scène (sans tableau, c'était commode !). C'était à l'époque des grands travaux, il n'y avait pas assez de salles.

Chez nous, on a déjà eu le problème du chauffage à l'époque d'Allègre : le ministère devait quelques millions à ma fac mais se faisait tirer l'oreille pour payer. Il y avait eu une fermeture administrative d'une semaine pour essayer de lui forcer la main, mais Allègre s'en fichait complètement. Alors on avait eu une circulaire de la présidence nous demandant de venir avec gros pull / doudoune / manteau /gants…

Prezbo a écrit:Ça fait un euro/jour pour 5 m², soit 20 euros/jour ou 600 euros/mois pour 100 m². Je ne suis pas expert en contrainte de chauffage des bâtiments publics, mais le chiffres donnent quand même un peu le vertige. Conséquence de l'explosion du prix du gaz et de l'électricité ? (Les collectivités ne bénéficient pas je crois du tarif réglementé.)

Et au passage : quelqu'un a-t-il des infos sur la situation des EPLE, et des budgets des écoles ? Parce que le problème va être le même.

Les prix en tarif non réglementé, c'est-à-dire en offre de marché, sont actuellement 3 à 5 fois plus élevés.

Notre collège bénéficie des tarifs d'une UGAP (union de groupement des achats publics, qui limite les dégâts, mais les prix ont déjà augmenté de 15% environ, et vont encore augmenter en janvier, mais le gestionnaire n'a pas su encore nous dire précisément de combien, ce qui est logique, les prix variant chaque jour.

Pour savoir s'il y a des gros travaux prévus dans une université, le plus simple est de voir ce que le CPER finance (contrat plan état -région de mémoire).
Le souci est qu'en IdF, soit ces gros travaux sont portés par l'Epaurif, soit par les établissements (qui n'ont pas toujours les compétences en interne).
Et surtout, voir ce qui est financé: de la construction de neuf, de la restructuration... la maintenance "classique" est à la charge des universités donc doit être financée "au fil de l'eau".