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- BlondieHabitué du forum
On nous envoie les copies le week-end!
- eliamEsprit éclairé
En 5 jours ? avec toutes les réunions qu'ils nous ont prévues ?Blondie a écrit:Les coordo d’écrit m’ont parlé de 65 copies.
- BlondieHabitué du forum
Oui je ne vois pas comment faire. Et avec les descriptifs à préparer .
- OudemiaBon génie
Delia a écrit:L'auteure voit des venelles en forêt, voit-elle des layons en vile ? (Remarque mesquine, je sais...)
- eliamEsprit éclairé
Blondie a écrit:On nous envoie les copies le week-end!
- Spoiler:
- FiatLuxFidèle du forum
J'ai reçu 71 copies à corriger avec 9h de collège à assurer à côté. Je suis ravie. Je commence par les dissertations : seulement une vingtaine que je souhaite finir d'ici dimanche soir. Je me garde les 50 commentaires pour la semaine prochaine. Je n'ai pas eu la foi de les regarder ...
- BlondieHabitué du forum
Ils exagèrent!!! Pour le nombre de copies et l’envoi le week-end !
- eliamEsprit éclairé
Je refuse de corriger le week-end !
- FiatLuxFidèle du forum
Je comprends mais si je ne le fais pas le week-end, avec mes cours à côté, je n'aurai pas le temps de finir dans les délais ...
- BlondieHabitué du forum
Tu dois demander à être déchargé de cours, ce n’est pas normal.
- eliamEsprit éclairé
Il faut refuser les cours au collège en même temps que la correction de l'écrit comme le dit Blondie.FiatLux a écrit:Je comprends mais si je ne le fais pas le week-end, avec mes cours à côté, je n'aurai pas le temps de finir dans les délais ...
Quelqu'un sait-il où on peut trouver la section à laquelle on appartient pour la correction ?
- BlondieHabitué du forum
Je ne sais pas si on peut le savoir. Apparemment ce n’est pas lié aux oraux.
- eliamEsprit éclairé
Merveilleux ! On ne sait pas à quel coordinateur s'adresser car on a toutes les conversations !
- BlondieHabitué du forum
On va voir tout le monde discuter... ça va être pratique...
- beaverforeverNeoprof expérimenté
Quand l'auteur commente le texte qu'il écrit, il perd parfois en clarté.Une passante a écrit:En fait, je trouve que ces formules, insidieusement, amènent l'élève à parler de lui, de ses "ressentis", de lui, en tant qu'élève réalisant un exercice scolaire (ce qui conduit à des "nous prendrons comme problématique" par exemple). Je trouve justement que ces formules passe-partout empêchent l'élève de bien cerner l'exercice : analyser un texte et non pas montrer qu'il est un élève en train d'analyser un texte. Ce recul vis-à-vis de lui en tant qu'élève permet de mettre en valeur l'important : la qualité et la pertinence de l'analyse (celui qui l'a fait ne "compte" pas).
Si on prend le chapeau du commentaire,
L’idée générale du premier paragraphe de notre texte est évidemment, en elle-même, tout à
fait poétique. En effet, Germain les présente comme des hommes-forêts : ces hommes sont donc
bien plus que des hommes ; leur humanité est au-delà de l’humanité ordinaire.
on peut supprimer le métadiscours,
Germain présente les neufs fils comme des hommes-forêts grâce à des moyens poétiques. Ces hommes sont donc bien plus que des hommes ; leur humanité est au-delà de l’humanité ordinaire.
ce qui me semble favoriser la transparence du propos.
- NLM76Grand Maître
@eliam : nous avons déjà pratiqué ce dialogue de sourds des dizaines de fois. Les uns, comme moi et Iphigénie, qui ont corrigé des centaines et des centaines de commentaires, interrogé des centaines et des centaines de candidats, ont vu et entendu 90 % de travaux très faibles et d’un très faible intérêt, entre pure paraphrase et relevé de procédés sans interprétation digne de ce nom et pas plus dans les commentaires linéaires que dans les commentaires composés autrement. Les autres, comme toi, et d’autres, qui en ont corrigé et écouté autant voient l’inverse. Il me semble logique de reprendre la réflexion soit à partir d’une analyse serrée d’un nombre conséquent de copies, soit par l’autre bout de la lorgnette, en comparant les corrigés de commentaires produits par des collègues.
@liliepingouin : je crois que nous avons posé les choses comme il faut. Je regarderai à nouveau à froid mon travail, pour éventuellement le transformer un peu, si, comme je l’imagine, je le propose à mes élèves l’an prochain comme modèle, ou comme corrigé. Ou alors je préciserai son statut un peu particulier, relativement à d’autres devoirs qui leur seraient plus expressément adressés. Maintenant, reste une affaire importante à mes yeux. L’explication de texte, comme le commentaire de texte, est un exercice éminemment professoral. C’est le travail du professeur de lettres que de commenter un texte, de l’expliquer à ses élèves. Cela ne devient le travail de l’élève qu’à partir du moment où il a suivi tout son cursus secondaire. C’est le couronnement de l’enseignement des lettres françaises dans le secondaire, où l’élève peut commencer à prendre la place du maître. S’il continue ensuite dans le domaine littéraire, il apprendra complètement à prendre sa place. C’est pourquoi il me paraît nécessaire que dans un commentaire, une explication de texte, un élève adopte peu à peu un ton de plus en plus « docte » et assuré. En tout cas, il me paraît nécessaire de viser peu à peu la magistralité.
Maintenant, c’est un fait : le lecteur ou l’auditeur du candidat bachelier ne sera pas un élève, mais un professeur. Or il me paraît essentiel que la parole écrite, comme je l’ai déjà dit de nombreuses fois, soit une véritable parole, qu’elle soit adressée d’un humain à un autre humain. Ainsi, en réalité, pour l’élève, l’enjeu est double : d’une part il s’adresse en professeur en essayant de le convaincre de lui mettre une bonne note – c’est-à-dire qu’il a bien compris le texte, que son interprétation tient la route, qu’il sait s’exprimer en français, qu’il a acquis des connaissances, voire une certaine culture - ; d’autre part, il doit véritablement lui montrer sa capacité d’expliquer le texte à qui ne l’a pas très bien compris, de l’interpréter et de convaincre son interlocuteur que son interprétation est raisonnable et suffisamment intéressante – il faut vraiment faire comme si l’interlocuteur n’avait pas à priori la même interprétation que soi, comme le professeur face à ses élèves, qu’il n’a pas compris ce qu’on a compris, et le lui expliquer. Autrement dit, si l’examinateur n’est pas d’accord avec moi, il faut que je le convainque que mon commentaire tient la route ; s’il est d’accord avec moi… eh bien d’une certaine façon il fera comme s’il n’était pas d’accord avec moi et verra si dans cette posture, il serait obligé de reconnaître la validité de mon interprétation.
En somme, il faut convaincre. Et cela passe d’abord par le fond de l’argumentation, ensuite par sa forme, qui doit être aussi claire que possible, et par la correction de la langue (c’est presque exactement ce que dit Boileau aux poètes dans « Si le sens de vos vers... » !). Venons-en donc à ce qu’on peut appeler les « procédés rhétoriques ». Je ne pense pas qu’ils doivent être proscrits en tant que tels, mais seulement s’ils sont utilisés pour l’esbroufe, pour faire joli. En l’espèce, il me semble que l’accumulation de « questions rhétoriques » que j’ai placée dans mon commentaire à propos du rapport entre le « chant » dans le texte et la poésie est venue tout naturellement, sans que je me dise « Tiens, je vais placer des questions rhétoriques pour faire joli, pour éteindre toute velléité de débat ». Au contraire, il s’agissait d’interpeller sincèrement le lecteur, tout en montrant la faille du raisonnement. C’était une ouverture vers le « qu’en pensez-vous ? ». Il est cependant bien possible que la flèche ait raté son but : l’art oratoire n’est pas une science exacte, surtout quand il est réduit à une forme écrite.
Il me semble, mais il est fort possible que je me trompe en plusieurs points de mon raisonnement, envisageable que tu aies lu cela comme des affirmations déguisées parce que tu serais « déformée » par une vision « simpliste », parce que simplifiée par une tentation pédagogique bien naturelle, de la question oratoire, définie de façon mécanique, comme une affirmation renforcée. Quoi qu’il en soit – la vérité doit être quelque part entre nos deux idées – cela me donne envie de continuer à lire et à étudier le livre de Quintilien… et puis aussi les ouvrages oratoires de Cicéron. Cette affaire est vraiment à la fois très complexe, très intéressante, et très importante pour notre métier.
@Shakti, @Hannibal, et plein d’autres, qui développez plein d’interprétations aussi intéressantes que divergentes : cela me paraît être significatif du fait qu’il ne faut pas qu’il y ait UN corrigé, qui serait prescriptif, et qu’il faut absolument rappeler que ce qui vaut c’est que l’interprétation soit véritablement basée sur le texte, qu’elle soit véritablement expliquée, justifiée, défendue, de façon aussi rationnelle que possible, et surtout aussi claire et précise que possible… étant donné que les candidats n’ont eu que quatre heures pour le rédiger et seize ans pour s’y préparer. C’est pourquoi je suis toujours très dubitatif devant les « attendus ». Je pense qu’il serait préférable qu’une dizaine de professeurs de très bon niveau composent dans les conditions des candidats, et qu’on montre cette dizaine de copies variées mais d’une valeur suffisante comme repères pour le corrigé. [J’ai précisé « de très bon niveau », parce que j’ai pensé à ce que j’eusse été capable de faire au début de ma carrière, et même si c’eût été honorable, je ne suis pas sûr qu’il eût été pertinent de l’ériger en modèle. Je sais aussi, il faut le reconnaître, même si ça n’est pas facile à reconnaître, que tout le monde n’est pas très bon, et surtout que tout le monde n’est pas tout le temps très bon.]
@beaverforever : Ah bah non ! En supprimant ce que tu appelles le méta-discours, cela ne va plus du tout du tout : tu transformes mon commentaire en paraphrase. L’objet du commentaire est de dire quel est l’intérêt du texte, pas de dire ce qu’il veut dire. Il faut absolument que je réponde à la question « Pourquoi ce texte est intéressant ? » Et là, ma réponse, c’est : « parce qu’il propose une idée assez poétique ». En supprimant le métadiscours, je dis ce que dit le texte, et je ne dis rien à propos de ce que dit le texte. C’est à mon sens l’un des enjeux fondamentaux du commentaire littéraire.
@liliepingouin : je crois que nous avons posé les choses comme il faut. Je regarderai à nouveau à froid mon travail, pour éventuellement le transformer un peu, si, comme je l’imagine, je le propose à mes élèves l’an prochain comme modèle, ou comme corrigé. Ou alors je préciserai son statut un peu particulier, relativement à d’autres devoirs qui leur seraient plus expressément adressés. Maintenant, reste une affaire importante à mes yeux. L’explication de texte, comme le commentaire de texte, est un exercice éminemment professoral. C’est le travail du professeur de lettres que de commenter un texte, de l’expliquer à ses élèves. Cela ne devient le travail de l’élève qu’à partir du moment où il a suivi tout son cursus secondaire. C’est le couronnement de l’enseignement des lettres françaises dans le secondaire, où l’élève peut commencer à prendre la place du maître. S’il continue ensuite dans le domaine littéraire, il apprendra complètement à prendre sa place. C’est pourquoi il me paraît nécessaire que dans un commentaire, une explication de texte, un élève adopte peu à peu un ton de plus en plus « docte » et assuré. En tout cas, il me paraît nécessaire de viser peu à peu la magistralité.
Maintenant, c’est un fait : le lecteur ou l’auditeur du candidat bachelier ne sera pas un élève, mais un professeur. Or il me paraît essentiel que la parole écrite, comme je l’ai déjà dit de nombreuses fois, soit une véritable parole, qu’elle soit adressée d’un humain à un autre humain. Ainsi, en réalité, pour l’élève, l’enjeu est double : d’une part il s’adresse en professeur en essayant de le convaincre de lui mettre une bonne note – c’est-à-dire qu’il a bien compris le texte, que son interprétation tient la route, qu’il sait s’exprimer en français, qu’il a acquis des connaissances, voire une certaine culture - ; d’autre part, il doit véritablement lui montrer sa capacité d’expliquer le texte à qui ne l’a pas très bien compris, de l’interpréter et de convaincre son interlocuteur que son interprétation est raisonnable et suffisamment intéressante – il faut vraiment faire comme si l’interlocuteur n’avait pas à priori la même interprétation que soi, comme le professeur face à ses élèves, qu’il n’a pas compris ce qu’on a compris, et le lui expliquer. Autrement dit, si l’examinateur n’est pas d’accord avec moi, il faut que je le convainque que mon commentaire tient la route ; s’il est d’accord avec moi… eh bien d’une certaine façon il fera comme s’il n’était pas d’accord avec moi et verra si dans cette posture, il serait obligé de reconnaître la validité de mon interprétation.
En somme, il faut convaincre. Et cela passe d’abord par le fond de l’argumentation, ensuite par sa forme, qui doit être aussi claire que possible, et par la correction de la langue (c’est presque exactement ce que dit Boileau aux poètes dans « Si le sens de vos vers... » !). Venons-en donc à ce qu’on peut appeler les « procédés rhétoriques ». Je ne pense pas qu’ils doivent être proscrits en tant que tels, mais seulement s’ils sont utilisés pour l’esbroufe, pour faire joli. En l’espèce, il me semble que l’accumulation de « questions rhétoriques » que j’ai placée dans mon commentaire à propos du rapport entre le « chant » dans le texte et la poésie est venue tout naturellement, sans que je me dise « Tiens, je vais placer des questions rhétoriques pour faire joli, pour éteindre toute velléité de débat ». Au contraire, il s’agissait d’interpeller sincèrement le lecteur, tout en montrant la faille du raisonnement. C’était une ouverture vers le « qu’en pensez-vous ? ». Il est cependant bien possible que la flèche ait raté son but : l’art oratoire n’est pas une science exacte, surtout quand il est réduit à une forme écrite.
Il me semble, mais il est fort possible que je me trompe en plusieurs points de mon raisonnement, envisageable que tu aies lu cela comme des affirmations déguisées parce que tu serais « déformée » par une vision « simpliste », parce que simplifiée par une tentation pédagogique bien naturelle, de la question oratoire, définie de façon mécanique, comme une affirmation renforcée. Quoi qu’il en soit – la vérité doit être quelque part entre nos deux idées – cela me donne envie de continuer à lire et à étudier le livre de Quintilien… et puis aussi les ouvrages oratoires de Cicéron. Cette affaire est vraiment à la fois très complexe, très intéressante, et très importante pour notre métier.
@Shakti, @Hannibal, et plein d’autres, qui développez plein d’interprétations aussi intéressantes que divergentes : cela me paraît être significatif du fait qu’il ne faut pas qu’il y ait UN corrigé, qui serait prescriptif, et qu’il faut absolument rappeler que ce qui vaut c’est que l’interprétation soit véritablement basée sur le texte, qu’elle soit véritablement expliquée, justifiée, défendue, de façon aussi rationnelle que possible, et surtout aussi claire et précise que possible… étant donné que les candidats n’ont eu que quatre heures pour le rédiger et seize ans pour s’y préparer. C’est pourquoi je suis toujours très dubitatif devant les « attendus ». Je pense qu’il serait préférable qu’une dizaine de professeurs de très bon niveau composent dans les conditions des candidats, et qu’on montre cette dizaine de copies variées mais d’une valeur suffisante comme repères pour le corrigé. [J’ai précisé « de très bon niveau », parce que j’ai pensé à ce que j’eusse été capable de faire au début de ma carrière, et même si c’eût été honorable, je ne suis pas sûr qu’il eût été pertinent de l’ériger en modèle. Je sais aussi, il faut le reconnaître, même si ça n’est pas facile à reconnaître, que tout le monde n’est pas très bon, et surtout que tout le monde n’est pas tout le temps très bon.]
@beaverforever : Ah bah non ! En supprimant ce que tu appelles le méta-discours, cela ne va plus du tout du tout : tu transformes mon commentaire en paraphrase. L’objet du commentaire est de dire quel est l’intérêt du texte, pas de dire ce qu’il veut dire. Il faut absolument que je réponde à la question « Pourquoi ce texte est intéressant ? » Et là, ma réponse, c’est : « parce qu’il propose une idée assez poétique ». En supprimant le métadiscours, je dis ce que dit le texte, et je ne dis rien à propos de ce que dit le texte. C’est à mon sens l’un des enjeux fondamentaux du commentaire littéraire.
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Sites du grip :
- http://instruire.fr
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Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- e-WandererGrand sage
Coucou NLM,
Bravo pour ton commentaire, il y a beaucoup de finesse et de justesse dans tes analyses. Quelques compléments, au débotté :
Il y a un texte assez intéressant de Robert Harrison, Forêts : essai sur l'imaginaire occidental (Champs Flammarion) qui peut éventuellement aider. Il explique bien le côté archaïque de la forêt, sur laquelle l'humanité a progressivement gagné l'espace de la civilisation (pour les cultures, mais aussi pour les rituels d'inhumation : Harrison s'appuie notamment sur les théories de Giambattista Vico, si ma mémoire est bonne).
Je trouve intéressant ce que tu dis de l'article zéro "ils étaient hommes des forêts", qui tend à essentialiser mais fait aussi appel à un trait archaïsant de la langue, comme une sorte de forme-sens particulièrement expressive. On peut aussi songer à l'expression "homme des bois" (semi-figée), couramment utilisée pour désigner des personnes un peu farouches : "homme des forêts" est sans doute d'un registre plus noble et plus poétique, tout en gardant le côté primitif qui sert l'écriture du mythe. Si on voulait taquiner un peu, on pourrait même exploiter ce que dit Gustave Guillaume de l'article zéro pour en tirer quelques éléments d'interprétation supplémentaires en termes de puissance de figuration…
J'aurais peut-être essayé d'exploiter davantage le titre de Dies Iræ, qui renvoie à la fois à l'un des textes les plus anciens de la liturgie médiévale, mais qui est aussi traditionnellement un des textes du rituel des funérailles. Ce qui est intéressant est ici que cette colère sourde (et pour l'instant inexpliquée) du chant archaïque monté de la terre, devient celle des hommes, et non plus seulement (sur le mode la poésie prophétique ou apocalyptique) celle de Dieu. En tout cas, la colère, dans le titre et à plusieurs reprises dans le texte, crée un mystère (d'où vient-elle ?) et un climat de menace diffuse et de sacré.
Il me semble que les anaphores un peu voyantes et la série des phrases averbales du premier paragraphe peuvent renvoyer symboliquement à une forme de liturgie et en même temps figurer une langue archaïque, d'une simplicité volontairement rugueuse, voire bagarreuse (voir tout ce lexique du "brutal", du "heurté", de la "pétrification", et même paradoxalement du silence ("un chant depuis toujours confronté au silence, à la roche" : chant lapidaire, largement intériorisé, sans doute aussi figure d'un langage primitif).
Je trouve l'image des chemins creusés par les étoiles assez étonnante : il peut sembler étrange que ces hommes des forêts connaissent si bien la configuration des astres de la Voie Lactée – même si c'est encore une fois l'image d'un savoir ancestral, potentiellement à peine verbalisé, lié à l'observation. Sauf qu'on observe mal les astres depuis une forêt ! C'est surtout l'idée, je pense, de la correspondance microcosme / macrocosme et la volonté de parler de deux aspects d'un savoir archaïque, liés par des correspondances mystérieuses. Donc toujours l'envie d'installer un climat particulier.
La dimension biblique est intéressante : la fratrie nombreuse des 9 frères forme une sorte de peuple élu en réduction, comme semble l'indiquer le prénom hébraïque du père – mais contredit par son nom de famille "couleur locale" et le nom propre-sobriquet de sa femme : on touche ici davantage à l'univers du conte (la grenouille est un des animaux typiques du bestiaire du conte + le clin d'œil me semble-t-il assez évident au Petit Poucet dans le dernier paragraphe). La référence à Vézelay et aux pélerins du chemin de Compostelle est intéressante aussi : on ne sait pas encore, dans ce monde d'arbres et de plantes archaïques (fougères, ronces), dans quelle temporalité a lieu le récit, seulement une modernité vague : la mention du pélerinage fournit simplement une petite indication : pour l'instant, on présume qu'il sagit du XXe siècle, le pélerinage de Compostelle n'ayant été relancé qu'à la fin du XIXe, mais le texte oblitère volontairement tout signe de civilisation, toute référence à quelque modernité que ce soit. Cela renvoie aussi les 9 frères à un statut de quasi-ermites (voir leur nourriture : fruits, végétaux et baies sauvages + gibier : la nourriture façonne aussi symboliquement l'esprit et le caractère de l'homme des forêts. Mais la frugalité est aussi un fantasme de pureté, ce qui fait de ces frères des êtres forcément très spéciaux, ce qui rejoint ce que tu dis du mythe, du gigantisme, de la verticalité etc. Et surtout ton analyse du granite rose presque tendre, sorte d'alliance symbolique entre dureté et douceur, ou de la référence omniprésente à l'eau.
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« Profitons du temps qui nous reste avant la définitive invasion de la grande muflerie du Nouveau Monde » (Huysmans)
- NLM76Grand Maître
Merci, @e-wanderer. Très intéressantes remarques. En revanche, ce qui sort dans les journaux me paraît fort médiocre.
Bon; maintenant venons-en à la question du commentaire composé selon l'ordre du texte ou pas. Nous avons vu un premier exemple, tout à fait lamentable, dans le lien proposé par @gregforever en première page de ce fil.J'en trouve un second, sur le site du Monde, sur cette page. Alors certes, il n'est pas rédigé; mais on voit bien le mouvement de la pensée. Je vais donc pouvoir dire ce que j'en pense; mais mon jugement est terrible sévère, et vous allez peut-être m'aider à le nuancer, à y voir les qualités que je n'y ai pas vues.
Eh bien ce commentaire me paraît très faible, et tourner très souvent à une paraphrase aplatissante. Il n'a pas le projet de dire l'intérêt du texte; il a le projet de dire ce que dit le texte, d'une autre façon, dans un autre ordre. Il y a certes plusieurs remarques intéressantes; mais l'ensemble est pour le moins décevant.
Il est vrai que, pour commencer, le problème est, à mon sens, très mal posé ; il n'est absolument pas littéraire : "Comment les neuf fils ont-ils été façonnés par l’environnement dans lequel ils ont grandi ?" C'est une question qui amène à la paraphrase. Ce n'est pas un problème littéraire. "Pourquoi la façon dont Sylvie Germain raconte qu'ils ont été façonnés par l'environnement dans lequel ils ont grandi est-elle particulièrement intéressante ?" eût été un problème littéraire.
Alors bien sûr, on aurait pu répondre à cette question intéressante en ne suivant pas le mouvement du texte. Sans doute. Mais je pense que le commentaire prétendument composé, qui décompose le texte étudié, en réalité amène à ces faux problèmes. En effet, la vraie réponse à la question que le collègue pose est la copie pure et simple du texte. Sylvie Germain en effet répond beaucoup mieux à cette question que le collègue qui redit le texte dans le désordre - avec certes quelques remarques intéressantes, mais qui ne répondent pas à la question qu'il s'est lui-même posée. Or en redisant le propos de Sylvie Germain dans un autre ordre, le collègue réussit à se donner le sentiment de ne pas le paraphraser.
D'autre part, l'idée qu'il faut prendre des éléments çà et là dans le texte pour en faire autre chose amène très régulièrement à des contresens flagrants. Ainsi notre collègue nomme-t-il une de ses sous-parties. "Des enfants qui délaissent le foyer familial pour aller vivre dans la nature". D'une part, c'est de la paraphrase; mais en plus, me semble-t-il, c'est une paraphrase à la limite du contresens. Peut-être est-ce vrai dans le roman. Mais dans le texte, il n'apparaît pas que leur union avec la forêt est postérieure à leur départ de chez leurs parents: le fait que le troisième paragraphe ne soit pas le premier paragraphe est essentiel. Je passe sur le prétendu relevé de procédés qui "justifie" cette non-remarque. De même écrit-il "ils finissent pétrifiés". Eh bien non. C'est juste faux, et en particulier parce que l'évocation du granit n'arrive pas à la fin du texte.
Le commentaire prétendument composé d'autre part amène assez inéluctablement à des fadaises, voire des absurdités autour des champs lexicaux. Ainsi notre collègue considère-t-il que "se glisser" et "frayer" appartiennent au champ lexical des courbes. Euh... non. C'est juste faux. Non, le syntagme "chair des bêtes" n'appartient pas au champ lexical des "éléments sauvages". Encore une fois, c'est tout simplement faux. L'obsession des procédés fait de même : non, l'accumulation des noms "puissance, solitude, dureté" ne réifie en aucune façon les neuf frères. Il faudrait aussi revenir sur l'effet délétère du dogme "procédé-interprétation-citation", qui apparaît très nettement ici.
Certes, j'aurais mis une bonne note à une copie qui aurait développé tout cela, parce que les autres copies sont tellement horribles, et parce que sans doute elle eût été écrit dans un français. Mais c'est assez mauvais ; en tout cas, c'est mauvais pour un professeur. Or, si l'exemple donné par les professeurs est mauvais, comment s'étonner que les élèves produisent des copies d'une faiblesse insigne ?
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- NLM76Grand Maître
J'ai aussi consulté le corrigé qu'on trouve sur le site magister. Il semblerait qu'il s'agisse d'un document émanant du ministère, ou d'un rectorat. Ce qui est proposé est déjà beaucoup plus intéressant que les deux corrigés que nous trouvés sur le site du Monde et sur "sujetscorrigesbac.fr".
Maintenant, quelques remarques. D'abord, je suis étonné par le plan du texte qui est proposé. Le titre donné à la deuxième partie du texte f("des fils de la colère qui ont grandi dans la nature") me semble pour le moins inexact, et témoigne d'une lecture beaucoup trop rapide. Mais soit : le titre de ma première partie à moi lui aussi était inexact (en fait les hommes arbres deviennent ensuite des hommes-chant... seulement, mon plan suivant le mouvement du texte me permet de corriger ensuite cette approximation). Le problème posé est certes d'ordre littéraire, contrairement au corrigé du Monde, mais plat, et encore beaucoup trop formaliste. Bien sûr que ce texte mêle réalité et imaginaire; mais la question n'est pas de savoir s'il les mêle ou pas; elle est de savoir pourquoi sa façon de les mêler est intéressante. Mais soit.
Un problème logique maintenant : la première partie ne répond pas au projet de lecture. En effet, elle ne dit pas comment réalité et imaginaire sont mêlés, mais dit seulement pourquoi on peut trouver ce texte au moins en partie "réaliste". Mais soit. Considérons que c'est une étape du raisonnement; une autre montrera comme ils sont mêlés. Ce n'est pas ce que je vois dans les deux autres parties. Autrement dit, le plan proposé ne répond pas à la question proposée. Il répond à la question "Pourquoi peut-on dire que ce texte associe réalité et imaginaire ?"
On retombe dans les platitudes affligeantes des champs lexicaux : "L’évocation du paysage est accompagnée d’un champ lexical de la nature et des saisons". Alors d'abord, cela fait deux champs lexicaux. Ensuite, ben oui, pour décrire la nature, on utilise des mots qui évoquent la nature.
Ensuite, pour remplir une sous-partie de commentaire alors qu'on ne sait pas quoi dire, on mélange allègrement la notion de réalisme au sens commun et celle que retiendrait l'histoire littéraire. Ils sont pauvres ; alors cela évoque le réalisme... Ah oui ma bonne dame, on a l'impression de lire du Flaubert ou du Maupassant ! Le coup du réalisme dans un tel texte, c'est vraiment bon pour remplir une partie de commentaire absolument vide, et pire que de la paraphrase. Si l'auteur de ce corrigé ne s'était pas astreint à la mauvaise méthode du commentaire composé, il n'aurait pas eu besoin de dire ces platitudes et ces sottises. Il aurait développé les trois premières lignes qui sont sous son IA, et sont l'ébauche de quelque chose de fort intéressant, en évoquant comment s'entremêlent l'ancrage dans la réalité et l'imaginaire.
Un deuxième "champ lexical" est évoqué, celui de la musique. Mais cela ne fait qu'obscurcir l'essentiel qui est dit ensuite, en faisant croire qu'on a relevé un procédé en disant "champ lexical", et donc qu'on peut avoir les points. En plus, comme l'auteur du corrigé n'a pas voulu suivre le mouvement du texte, il obère le fait que ce n'est pas dans l'ensemble du texte que la musique est évoquée, mais seulement à la fin de la première partie.
En somme, ce corrigé dit beaucoup de choses intéressantes, et pris un par un, ses défauts ne sont pas pires que ceux du mien. Mais il y a un élément essentiel : le texte est vraiment complètement détruit, et on a perdu son propos; on ne saisit pas ses enjeux.
Au fond, qu'est-ce qui gâche ce commentaire ? La nécessité pour l'auteur de trouver des raisons pour donner des points à ceux qui relèveront le champ lexical de la musique, de la nature, des chemins et de la religion. Parce qu'il ne faut pas désespérer Billancourt.
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«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- IphigénieProphète
Nlm, tu travailles trop !
- mais bien!
Une des riches réflexions de e-wanderer concernant le dies irae, son lien avec une réflexion sur la mort et le juste, la colère de Dieu ou des hommes et le jugement dernier me suggère une autre de mes idées fixes: le manque de contextualisation qui apparaît depuis des années comme une volonté de ne pas exiger de connaissances autres que le texte est aussi une des aberrations de l’enseignement du français au lycée.
Ce texte est bien difficile à expliquer au sens exact du mot, pour autant ce n’est peut-être pas un mauvais texte de bac ( si tant est qu’il puisse y avoir aujourd’hui de bon texte adapté au niveau des élèves) dans la mesure où c’est un texte qui doit nécessairement conduire à s’interroger, il n’est pas « donné », ( rien de plus dur à commenter que les textes évidents ) à quelque niveau qu’on l’aborde
Pour ce qui est du plan du texte j’y verrais personnellement : leur nature ( leur être au monde) leurs connaissances( leur monde) , leur famille , soit une entrée progressive dans le réel, du plus large au plus étroit. Une sorte de zoom, d’une vision cosmioque à la chaumière… et la singularité d’un portrait collectif , qui commence à se singulariser, s’incarner, dans le dernier paragraphe. Une sorte de récit de genèse, non de la glaise initiale mais du granit, non de Dieu mais de la forêt primordiale à l’individualisation d’une lignée humaine.
- mais bien!
Une des riches réflexions de e-wanderer concernant le dies irae, son lien avec une réflexion sur la mort et le juste, la colère de Dieu ou des hommes et le jugement dernier me suggère une autre de mes idées fixes: le manque de contextualisation qui apparaît depuis des années comme une volonté de ne pas exiger de connaissances autres que le texte est aussi une des aberrations de l’enseignement du français au lycée.
Ce texte est bien difficile à expliquer au sens exact du mot, pour autant ce n’est peut-être pas un mauvais texte de bac ( si tant est qu’il puisse y avoir aujourd’hui de bon texte adapté au niveau des élèves) dans la mesure où c’est un texte qui doit nécessairement conduire à s’interroger, il n’est pas « donné », ( rien de plus dur à commenter que les textes évidents ) à quelque niveau qu’on l’aborde
Pour ce qui est du plan du texte j’y verrais personnellement : leur nature ( leur être au monde) leurs connaissances( leur monde) , leur famille , soit une entrée progressive dans le réel, du plus large au plus étroit. Une sorte de zoom, d’une vision cosmioque à la chaumière… et la singularité d’un portrait collectif , qui commence à se singulariser, s’incarner, dans le dernier paragraphe. Une sorte de récit de genèse, non de la glaise initiale mais du granit, non de Dieu mais de la forêt primordiale à l’individualisation d’une lignée humaine.
- DorineHabitué du forum
Mais comment voulez-vous que les élèves voient tout ça? L'année dernière c'était la même chose avec le texte de Perec. Je ne vois pas l'intérêt de proposer des textes peu accessibles pour qu'on nous dise finalement de tout accepter et de ne pas attendre trop d'élèves n'ayant pas les références ou connaissances nécessaires pour proposer une analyse approfondie.
- HannibalHabitué du forum
Une ou deux choses.
D'abord sur les reproches de paraphrase : il est douteux qu'une méthode ou une autre préserve des lycéens de la paraphrase dans la réalité - mais si cela était, et en tout cas dans son principe, l'analyse linéaire me paraît rendre à cet égard la planche un peu plus glissante. Le risque du commentaire composé serait plutôt de mener à un relevé assez plat des champs lexicaux et / ou des procédés d'écriture, sans interprétation suffisante. Je n'ai aucune préférence entre ces deux types de défauts.
Ensuite, je n’exclurais pas que la platitude d'un texte en favorise la paraphrase, pour peu qu'il ne signifie pas beaucoup plus de choses qu'il n'en dit, ce qui me paraît un peu le cas ici - malgré les efforts méritoires des uns et des autres pour en tirer quelque chose.
Je ne perds pas de vue que la vraie opposition passe entre les bonnes explications et les mauvaises, quel qu'en soit le format.
Mais il me déplaît tout de même que dans l'analyse linéaire il faille contourner :
- les redites, puisque les textes font revenir des motifs, qui se mettent en série plus aisément sous forme composée.
- la difficulté à mettre en relief les idées, les significations, que la forme composée peut mettre mieux en vedette.
- la difficulté à hiérarchiser, parce que la nécessité de faire un sort à chaque passage tend à un certain nivellement.
- le désordre, parce que les textes littéraires peuvent se permettre d'entrecroiser les thèmes et les significations, et de dire plusieurs choses en même temps - mais une explication scolaire, à prendre les choses comme elles viennent, ne gagne pas en densité, elle risque plutôt la dispersion.
- enfin, la progression du propos est normalement meilleure en commentaire composé, puisqu'il s'agit normalement d'aller progressivement vers le plus intéressant, alors qu'en linéaire on peut se retrouver à avoir tiré ses meilleures cartouches assez prématurément, ce qui diminue l'intérêt d'en lire la suite.
D'abord sur les reproches de paraphrase : il est douteux qu'une méthode ou une autre préserve des lycéens de la paraphrase dans la réalité - mais si cela était, et en tout cas dans son principe, l'analyse linéaire me paraît rendre à cet égard la planche un peu plus glissante. Le risque du commentaire composé serait plutôt de mener à un relevé assez plat des champs lexicaux et / ou des procédés d'écriture, sans interprétation suffisante. Je n'ai aucune préférence entre ces deux types de défauts.
Ensuite, je n’exclurais pas que la platitude d'un texte en favorise la paraphrase, pour peu qu'il ne signifie pas beaucoup plus de choses qu'il n'en dit, ce qui me paraît un peu le cas ici - malgré les efforts méritoires des uns et des autres pour en tirer quelque chose.
Je ne perds pas de vue que la vraie opposition passe entre les bonnes explications et les mauvaises, quel qu'en soit le format.
Mais il me déplaît tout de même que dans l'analyse linéaire il faille contourner :
- les redites, puisque les textes font revenir des motifs, qui se mettent en série plus aisément sous forme composée.
- la difficulté à mettre en relief les idées, les significations, que la forme composée peut mettre mieux en vedette.
- la difficulté à hiérarchiser, parce que la nécessité de faire un sort à chaque passage tend à un certain nivellement.
- le désordre, parce que les textes littéraires peuvent se permettre d'entrecroiser les thèmes et les significations, et de dire plusieurs choses en même temps - mais une explication scolaire, à prendre les choses comme elles viennent, ne gagne pas en densité, elle risque plutôt la dispersion.
- enfin, la progression du propos est normalement meilleure en commentaire composé, puisqu'il s'agit normalement d'aller progressivement vers le plus intéressant, alors qu'en linéaire on peut se retrouver à avoir tiré ses meilleures cartouches assez prématurément, ce qui diminue l'intérêt d'en lire la suite.
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"Quand la pierre tombe sur l'oeuf, malheur à l'oeuf.
Quand l'oeuf tombe sur la pierre, malheur à l'oeuf." (proverbe)
- OxfordNeoprof expérimenté
Dorine a écrit:Mais comment voulez-vous que les élèves voient tout ça? L'année dernière c'était la même chose avec le texte de Perec. Je ne vois pas l'intérêt de proposer des textes peu accessibles pour qu'on nous dise finalement de tout accepter et de ne pas attendre trop d'élèves n'ayant pas les références ou connaissances nécessaires pour proposer une analyse approfondie.
Entièrement d'accord avec toi, Dorine.
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Tutti i ghjorna si n'impara.
- BlondieHabitué du forum
Tout à fait d’accord, toutes ces réflexions sont très intéressantes mais un élèves de 16 ans n’a pas toutes ces références. Surtout sans contextualisation du texte. Je pense même que certains n’oseront pas proposer certaines interprétations par peur de se tromper. J’ai dû rassurer plusieurs de mes élèves sérieux et d’un bon niveau qui ont été déstabilisés et sont déjà persuadés d’avoir échoué. Je serai particulièrement ouverte aux différentes interprétations bien développées et je valoriserai. Surtout quand je vois les sujets de dissertation question de cours en face.
- IphigénieProphète
C’est bien la question à se poser. Le système scolaire est tout entier organisé depuis des années pour cacher l’ignorance ( on pourrait parfois presque dire: pour la valoriser) au lieu de la combattre: le commentaire ne fait qu’être un révélateur de plus.Oxford a écrit:Dorine a écrit:Mais comment voulez-vous que les élèves voient tout ça? L'année dernière c'était la même chose avec le texte de Perec. Je ne vois pas l'intérêt de proposer des textes peu accessibles pour qu'on nous dise finalement de tout accepter et de ne pas attendre trop d'élèves n'ayant pas les références ou connaissances nécessaires pour proposer une analyse approfondie.
Entièrement d'accord avec toi, Dorine.
- User9525Niveau 8
NLM76 a écrit:J'ai aussi consulté le corrigé qu'on trouve sur le site magister. Il semblerait qu'il s'agisse d'un document émanant du ministère, ou d'un rectorat. Ce qui est proposé est déjà beaucoup plus intéressant que les deux corrigés que nous trouvés sur le site du Monde et sur "sujetscorrigesbac.fr".Maintenant, quelques remarques. D'abord, je suis étonné par le plan du texte qui est proposé. Le titre donné à la deuxième partie du texte f("des fils de la colère qui ont grandi dans la nature") me semble pour le moins inexact, et témoigne d'une lecture beaucoup trop rapide. Mais soit : le titre de ma première partie à moi lui aussi était inexact (en fait les hommes arbres deviennent ensuite des hommes-chant... seulement, mon plan suivant le mouvement du texte me permet de corriger ensuite cette approximation). Le problème posé est certes d'ordre littéraire, contrairement au corrigé du Monde, mais plat, et encore beaucoup trop formaliste. Bien sûr que ce texte mêle réalité et imaginaire; mais la question n'est pas de savoir s'il les mêle ou pas; elle est de savoir pourquoi sa façon de les mêler est intéressante. Mais soit.Un problème logique maintenant : la première partie ne répond pas au projet de lecture. En effet, elle ne dit pas comment réalité et imaginaire sont mêlés, mais dit seulement pourquoi on peut trouver ce texte au moins en partie "réaliste". Mais soit. Considérons que c'est une étape du raisonnement; une autre montrera comme ils sont mêlés. Ce n'est pas ce que je vois dans les deux autres parties. Autrement dit, le plan proposé ne répond pas à la question proposée. Il répond à la question "Pourquoi peut-on dire que ce texte associe réalité et imaginaire ?"On retombe dans les platitudes affligeantes des champs lexicaux : "L’évocation du paysage est accompagnée d’un champ lexical de la nature et des saisons". Alors d'abord, cela fait deux champs lexicaux. Ensuite, ben oui, pour décrire la nature, on utilise des mots qui évoquent la nature.[justify]Ensuite, pour remplir une sous-partie de commentaire alors qu'on ne sait pas quoi dire, on mélange allègrement la notion de réalisme au sens commun et celle que retiendrait l'histoire littéraire. Ils sont pauvres ; alors cela évoque le réalisme... Ah oui ma bonne dame, on a l'impression de lire du Flaubert ou du Maupassant ! Le coup du réalisme dans un tel texte, c'est vraiment bon pour remplir une partie de commentaire absolument vide, et pire que de la paraphrase. Si l'auteur de ce corrigé ne s'était pas astreint à la mauvaise méthode du commentaire composé, il n'aurait pas eu besoin de dire ces platitudes et ces sottises. Il aurait développé les trois premières lignes qui sont sous son IA, et sont l'ébauche de quelque chose de fort intéressant, en évoquant comment s'entremêlent l'ancrage dans la réalité et l'imaginaire.[/justify]Un deuxième "champ lexical" est évoqué, celui de la musique. Mais cela ne fait qu'obscurcir l'essentiel qui est dit ensuite, en faisant croire qu'on a relevé un procédé en disant "champ lexical", et donc qu'on peut avoir les points. En plus, comme l'auteur du corrigé n'a pas voulu suivre le mouvement du texte, il obère le fait que ce n'est pas dans l'ensemble du texte que la musique est évoquée, mais seulement à la fin de la première partie.En somme, ce corrigé dit beaucoup de choses intéressantes, et pris un par un, ses défauts ne sont pas pires que ceux du mien. Mais il y a un élément essentiel : le texte est vraiment complètement détruit, et on a perdu son propos; on ne saisit pas ses enjeux.Au fond, qu'est-ce qui gâche ce commentaire ? La nécessité pour l'auteur de trouver des raisons pour donner des points à ceux qui relèveront le champ lexical de la musique, de la nature, des chemins et de la religion. Parce qu'il ne faut pas désespérer Billancourt.
Lu dans quatre copies sur cinq...
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