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- ZazkFidèle du forum
J'ai eu mon Capes "pratique" en 1986-1987. A l'époque, il y avait encore du latin et du grec en collège, à partir de la 4e.
Mais j'ai connu une politique "anti Lettres classiques" dès 1995. Cette année-là, ma "chère" Principale a décidé unilatéralement de supprimer le grec, en m'affirmant que trop peu d'élèves s'étaient inscrits. J'ai appris par la suite qu'elle annonçait qu'il ne serait plus enseigné au collège à mon insu. Les élèves, souvent par dépit, ont choisi le latin ou renoncé à toute option de langue ancienne. Cette "brave dame" est restée 8 ans au moins sur le poste. Entre temps elle a essayé d'interdire le choix du latin aux classes musicales (CHAM). J'ai protesté et les parents concernés m'ont soutenue. Elle a donc dû y renoncer mais me l'a fait payer à sa manière...
Tous les ans, je me suis battue pour maintenir l'enseignement du latin, très souvent avec le soutien des collègues et ce ne fut pas toujours évident.
Après 20 ans dans le même établissement, j'ai muté vers un collège plus petit et plus rural où le professeur de latin exerçait depuis près de 40 ans ! Les premières années furent idéales car les options étaient peu nombreuses et compatibles. Mais bientôt, le latin fut considéré comme incompatible avec la création de nouvelles options (Football, chorale, mini-entreprise et même, à une période, section Euro). Quand j'ai voulu insister pour que soit parfois autorisé le "cumul", les chefs ont refusé malgré les textes et l'Inspectrice responsable n'a pas osé intervenir ! Après plusieurs années de lutte sans véritable soutien cette fois, j'ai fait une sorte de burn-out qui s'est révélé être les premiers signes de la maladie de Parkinson...
Désolée d'avoir été un peu longue, mais je veux montrer aux plus jeunes que le combat ne date pas d'hier. Ne culpabilisez pas comme j'ai pu le faire : nous sommes victimes d'une opposition de plus en plus ancrée dans les têtes. On se moque (ou plutôt on profite) de la dégradation de la langue française et de la culture : c'est bien plus facile d'avoir de l'autorité sur ceux qui n'ont pas appris à réfléchir "humainement"...
Un ordinateur pourra toujours résoudre un problème de maths, mais jamais un texte latin dont il ne possède pas quelque part une traduction.
Mais j'ai connu une politique "anti Lettres classiques" dès 1995. Cette année-là, ma "chère" Principale a décidé unilatéralement de supprimer le grec, en m'affirmant que trop peu d'élèves s'étaient inscrits. J'ai appris par la suite qu'elle annonçait qu'il ne serait plus enseigné au collège à mon insu. Les élèves, souvent par dépit, ont choisi le latin ou renoncé à toute option de langue ancienne. Cette "brave dame" est restée 8 ans au moins sur le poste. Entre temps elle a essayé d'interdire le choix du latin aux classes musicales (CHAM). J'ai protesté et les parents concernés m'ont soutenue. Elle a donc dû y renoncer mais me l'a fait payer à sa manière...
Tous les ans, je me suis battue pour maintenir l'enseignement du latin, très souvent avec le soutien des collègues et ce ne fut pas toujours évident.
Après 20 ans dans le même établissement, j'ai muté vers un collège plus petit et plus rural où le professeur de latin exerçait depuis près de 40 ans ! Les premières années furent idéales car les options étaient peu nombreuses et compatibles. Mais bientôt, le latin fut considéré comme incompatible avec la création de nouvelles options (Football, chorale, mini-entreprise et même, à une période, section Euro). Quand j'ai voulu insister pour que soit parfois autorisé le "cumul", les chefs ont refusé malgré les textes et l'Inspectrice responsable n'a pas osé intervenir ! Après plusieurs années de lutte sans véritable soutien cette fois, j'ai fait une sorte de burn-out qui s'est révélé être les premiers signes de la maladie de Parkinson...
Désolée d'avoir été un peu longue, mais je veux montrer aux plus jeunes que le combat ne date pas d'hier. Ne culpabilisez pas comme j'ai pu le faire : nous sommes victimes d'une opposition de plus en plus ancrée dans les têtes. On se moque (ou plutôt on profite) de la dégradation de la langue française et de la culture : c'est bien plus facile d'avoir de l'autorité sur ceux qui n'ont pas appris à réfléchir "humainement"...
Un ordinateur pourra toujours résoudre un problème de maths, mais jamais un texte latin dont il ne possède pas quelque part une traduction.
- AsarteLilithBon génie
Même problème chez moi, ce qui fait que j'ai des mini-effectifs, ce qui m'angoisse profondément. Même si mes chefs n'ont rien contre les lca, la loi n'aide pas. Et quand j'ai essayé de convaincre les familles, j'ai reçu trop de négatif à mon goût de la part de la représentante des parents pour avoir encore envie de passer 3h au téléphone.
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Chuis comme les plantes sans eau : sans grec ni latin, j'me dessèche.
ON DIT CHOCOLATINE, PHILISTINS !
- MathadorEmpereur
C'est plus ou moins la façon dont Allègre justifiait l'obsolescence de l'enseignement des mathématiques, mais il avait complètement tort et 25 ans après sa contribution au saccage de l'EN on fait encore semblant de les enseigner.Zazk a écrit:Un ordinateur pourra toujours résoudre un problème de maths, mais jamais un texte latin dont il ne possède pas quelque part une traduction.
En réalité, pour la plupart des familles de problèmes mathématiques (dont notamment « une affirmation donnée est-elle vraie ? » ou encore « le programme suivant s'arrête-t-il ? »), aucun algorithme ne peut trouver la solution dans tous les cas: on dit que ces problèmes sont indécidables.
Et la traduction automatique ne se porte guère mieux, il suffit de connaître une LV et d'essayer un traducteur automatique pour s'en rendre compte.
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"There are three kinds of lies: lies, damned lies, and statistics." (cité par Mark Twain)
« Vulnerasti cor meum, soror mea, sponsa; vulnerasti cor meum in uno oculorum tuorum, et in uno crine colli tui.
Quam pulchrae sunt mammae tuae, soror mea sponsa! pulchriora sunt ubera tua vino, et odor unguentorum tuorum super omnia aromata. » (Canticum Canticorum 4:9-10)
- valleExpert spécialisé
Oui, voilà, je pense que le discours "les LC sont laissées de côté parce qu'elles apprennent vraiment à penser / obligent les élèves à travailler dur / à mémoriser / donnent aux élèves les notes qu'ils méritent vraiment" ne dessert personne, d'autant plus que c'est une décomposition générale des apprentissages qui a lieu devant nous.
- ZazkFidèle du forum
Mathador a écrit:C'est plus ou moins la façon dont Allègre justifiait l'obsolescence de l'enseignement des mathématiques, mais il avait complètement tort et 25 ans après sa contribution au saccage de l'EN on fait encore semblant de les enseigner.Zazk a écrit:Un ordinateur pourra toujours résoudre un problème de maths, mais jamais un texte latin dont il ne possède pas quelque part une traduction.
En réalité, pour la plupart des familles de problèmes mathématiques (dont notamment « une affirmation donnée est-elle vraie ? » ou encore « le programme suivant s'arrête-t-il ? »), aucun algorithme ne peut trouver la solution dans tous les cas: on dit que ces problèmes sont indécidables.
Et la traduction automatique ne se porte guère mieux, il suffit de connaître une LV et d'essayer un traducteur automatique pour s'en rendre compte.
Bien entendu, je me doute que j'ai un peu "caricaturé" et que l'ordinateur n'est pas omniscient en maths.
La traductiion de langues vivantes est encore souvent caricaturale. Cependant les progrès dans ce domaine sont très importants : certaines pages web sont de mieux en mieux traduites mais la traduction est notamment aidée par l'ordre habituel des mots.
En latin, pas d'ordre préétabli, la fonction exacte d'un mot n'est pas évidente au 1er abord. Pour l'instant, seul le bon sens humain permet de comprendre
- LefterisEsprit sacré
Et surtout, plus que la syntaxe, on entre dans un univers très différent, y compris mental. Plus encore, on est dans la langue littéraire généralement, et sur plusieurs siècles avec des nuances, et même si l'on voit bien la syntaxe et le sens littéral, on se demande ce que l'auteur a voulu dire, faute de connaissance du contexte, de l'époque. Cela demande des connaissances autres que linguistiques, la compréhension littérale ne suffit pas, elle aboutit à des non sens dignes du pire Google traduction (vendere sub hasta, magnis itineribus me viennent à l'esprit, quelques unes en grec mais mes accents ne fonctionnent pas) , mais Je me souviens d'un camouflet cuisant en traduisant un auteur tardif, alors que j'analysais bien le texte.Zazk a écrit:
La traductiion de langues vivantes est encore souvent caricaturale. Cependant les progrès dans ce domaine sont très importants : certaines pages web sont de mieux en mieux traduites mais la traduction est notamment aidée par l'ordre habituel des mots.
En latin, pas d'ordre préétabli, la fonction exacte d'un mot n'est pas évidente au 1er abord. Pour l'instant, seul le bon sens humain permet de comprendre
Les langues modernes, autant que je le vois pour en approcher plusieurs à des degrés différents, tendent à exprimer les mêmes choses, et si la grammaire est différente, il y a de plus en plus de calques sémantiques. D'ailleurs, j'ai remarqué qu'il y a généralement peu de traductions d'une même oeuvre étrangère récente. En langues anciennes, même sur un texte compris , on tourne, on retourne ça en tous sens, on affine. D'où les dizaines de traductions d'un même texte.
Les langues anciennes sont attaquées par divers facteurs très hétérogènes :valle a écrit:Oui, voilà, je pense que le discours "les LC sont laissées de côté parce qu'elles apprennent vraiment à penser / obligent les élèves à travailler dur / à mémoriser / donnent aux élèves les notes qu'ils méritent vraiment" ne dessert personne, d'autant plus que c'est une décomposition générale des apprentissages qui a lieu devant nous.
-la mentalité utilitariste. Elle n'est pas nouvelle dans la société, mais ce qui est nouveau, c'est que ça a gagné l'EN. Tout le monde ici a entendu parler de l'idéologie du "pratique" (pédagogistes, ministres...) mise sur un piédestal. On apprend une langue parce qu'elle se "parle", pas pour la culture, pour lire les textes qui nous ont précédés. A un degré moindre, les langues modernes sont touchées par cet état d'esprit, ce qui transforme des langues comme l'italien en langues rares. Des enseignants de lettres qui ne voient pas l'intérêt des langues anciennes, donc ne voient pas leur rôle, eh oui, il y en a, et il y en aura de plus en plus.
- La mentalité comptable : en brisant les LC, on récupère fictivement des enseignants de français (plus les horaires "plafond") , par milliers. Ca avait été calculé lors de la réforme du collège.
-les baisses de la DHG, qui poussent à s'emparer des heures des options. Le proverbe "devant le râtelier vide, les chevaux se battent", est plus que jamais d'actualité.
- le caractère optionnel : ce qui frappe les LC frapperait n'importe quelle matière demandant du travail et faisant éventuellement "baisser la moyenne". Si une base minimale, au moins de latin, notre langue ancienne, était obligatoire, on n'en serait pas là.
- la difficulté réelle : même si l'on est surnoté, on voit vite qu'on ne peut pas inventer, faire de blabla. On est face à son vrai niveau, et les résultats ne sont pas visibles immédiatement. Le travail en latin "vole" des heures d'écran.
La situation de l'école est difficile à tous les niveaux, mais pour les LC, elle est devenue intenable.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- valleExpert spécialisé
Euh, il n'y a pas une différence essentielle entre le latin, d'un côté, et l'ensemble des LV, de l'autre, qui ferait de la première un problème insoluble pour les logiciels qui pourraient en revanche s'attaquer avec plus ou moins de succès aux dernières.Zazk a écrit:Mathador a écrit:C'est plus ou moins la façon dont Allègre justifiait l'obsolescence de l'enseignement des mathématiques, mais il avait complètement tort et 25 ans après sa contribution au saccage de l'EN on fait encore semblant de les enseigner.Zazk a écrit:Un ordinateur pourra toujours résoudre un problème de maths, mais jamais un texte latin dont il ne possède pas quelque part une traduction.
En réalité, pour la plupart des familles de problèmes mathématiques (dont notamment « une affirmation donnée est-elle vraie ? » ou encore « le programme suivant s'arrête-t-il ? »), aucun algorithme ne peut trouver la solution dans tous les cas: on dit que ces problèmes sont indécidables.
Et la traduction automatique ne se porte guère mieux, il suffit de connaître une LV et d'essayer un traducteur automatique pour s'en rendre compte.
Bien entendu, je me doute que j'ai un peu "caricaturé" et que l'ordinateur n'est pas omniscient en maths.
La traductiion de langues vivantes est encore souvent caricaturale. Cependant les progrès dans ce domaine sont très importants : certaines pages web sont de mieux en mieux traduites mais la traduction est notamment aidée par l'ordre habituel des mots.
En latin, pas d'ordre préétabli, la fonction exacte d'un mot n'est pas évidente au 1er abord. Pour l'instant, seul le bon sens humain permet de comprendre
- henrietteMédiateur
Le problème, à mon avis, n'est pas si un ordinateur peut ou ne peut pas faire ci ou ça.
Ce qui me rend très triste, pour le latin, c'est d'assister à la rupture d'un fil ininterrompu depuis l'Antiquité, de voir que le passage de témoin s'arrête là, par la volonté délibérée de modernes et pitoyables Eratostrates.
Et pour le grec, c'est trop tard. Il avait fallu un François Ier pour en ressusciter l'enseignement en France, et il s'est éteint à présent.
Quelle triste époque, où l'on regarde disparaître l'héritage des Humanistes dans l'indifférence, quand ce n'est pas avec satisfaction. Quelle honte pour notre société.
Ce qui me rend très triste, pour le latin, c'est d'assister à la rupture d'un fil ininterrompu depuis l'Antiquité, de voir que le passage de témoin s'arrête là, par la volonté délibérée de modernes et pitoyables Eratostrates.
Et pour le grec, c'est trop tard. Il avait fallu un François Ier pour en ressusciter l'enseignement en France, et il s'est éteint à présent.
Quelle triste époque, où l'on regarde disparaître l'héritage des Humanistes dans l'indifférence, quand ce n'est pas avec satisfaction. Quelle honte pour notre société.
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"Il n'y a que ceux qui veulent tromper les peuples et gouverner à leur profit qui peuvent vouloir retenir les hommes dans l'ignorance."
- valleExpert spécialisé
En effet l'étude du japonais, de l'arabe ou de l'anglais ne pose pas ces problèmes, puisque ces langues ne s'étendent pas sur plusieurs siècles. En tout cas, il suffit de comprendre la syntaxe et le sens littéral d'un texte, sans besoin de chercher ce que l'auteur a voulu dire.Lefteris a écrit:Et surtout, plus que la syntaxe, on entre dans un univers très différent, y compris mental. Plus encore, on est dans la langue littéraire généralement, et sur plusieurs siècles avec des nuances, et même si l'on voit bien la syntaxe et le sens littéral, on se demande ce que l'auteur a voulu dire, faute de connaissance du contexte, de l'époque. Cela demande des connaissances autres que linguistiques, la compréhension littérale ne suffit pas, elle aboutit à des non sens dignes du pire Google traduction (vendere sub hasta, magnis itineribus me viennent à l'esprit, quelques unes en grec mais mes accents ne fonctionnent pas) , mais Je me souviens d'un camouflet cuisant en traduisant un auteur tardif, alors que j'analysais bien le texte.Zazk a écrit:
La traductiion de langues vivantes est encore souvent caricaturale. Cependant les progrès dans ce domaine sont très importants : certaines pages web sont de mieux en mieux traduites mais la traduction est notamment aidée par l'ordre habituel des mots.
En latin, pas d'ordre préétabli, la fonction exacte d'un mot n'est pas évidente au 1er abord. Pour l'instant, seul le bon sens humain permet de comprendre
Les langues modernes, autant que je le vois pour en approcher plusieurs à des degrés différents, tendent à exprimer les mêmes choses, et si la grammaire est différente, il y a de plus en plus de calques sémantiques. D'ailleurs, j'ai remarqué qu'il y a généralement peu de traductions d'une même oeuvre étrangère récente. En langues anciennes, même sur un texte compris , on tourne, on retourne ça en tous sens, on affine. D'où les dizaines de traductions d'un même texte.
Quoi qu'il en soit, les traditions littéraires respectives n'ont pas de références propres, il s'agit d'un pur contenant linguistique, d'où que les faux-sens ou les contre-sens soient impossibles pour un francophone qui pourrait, en plus, se limiter à chercher la seule et unique traduction du texte en français.
- LefterisEsprit sacré
Je ne dis pas ça, je compare à des langues généralement étudiées à l'école, dans un contexte contemporain, et hors de tout cadre littéraire. Il est rare que dans les classes où l'on commence le latin (où l'on est supposé partir des oeuvres, ou au moins apprendre la langue dans cette optique) on étudie des langues étrangères à travers les textes littéraires.valle a écrit:En effet l'étude du japonais, de l'arabe ou de l'anglais ne pose pas ces problèmes, puisque ces langues ne s'étendent pas sur plusieurs siècles. En tout cas, il suffit de comprendre la syntaxe et le sens littéral d'un texte, sans besoin de chercher ce que l'auteur a voulu dire.Lefteris a écrit:Et surtout, plus que la syntaxe, on entre dans un univers très différent, y compris mental. Plus encore, on est dans la langue littéraire généralement, et sur plusieurs siècles avec des nuances, et même si l'on voit bien la syntaxe et le sens littéral, on se demande ce que l'auteur a voulu dire, faute de connaissance du contexte, de l'époque. Cela demande des connaissances autres que linguistiques, la compréhension littérale ne suffit pas, elle aboutit à des non sens dignes du pire Google traduction (vendere sub hasta, magnis itineribus me viennent à l'esprit, quelques unes en grec mais mes accents ne fonctionnent pas) , mais Je me souviens d'un camouflet cuisant en traduisant un auteur tardif, alors que j'analysais bien le texte.Zazk a écrit:
La traductiion de langues vivantes est encore souvent caricaturale. Cependant les progrès dans ce domaine sont très importants : certaines pages web sont de mieux en mieux traduites mais la traduction est notamment aidée par l'ordre habituel des mots.
En latin, pas d'ordre préétabli, la fonction exacte d'un mot n'est pas évidente au 1er abord. Pour l'instant, seul le bon sens humain permet de comprendre
Les langues modernes, autant que je le vois pour en approcher plusieurs à des degrés différents, tendent à exprimer les mêmes choses, et si la grammaire est différente, il y a de plus en plus de calques sémantiques. D'ailleurs, j'ai remarqué qu'il y a généralement peu de traductions d'une même oeuvre étrangère récente. En langues anciennes, même sur un texte compris , on tourne, on retourne ça en tous sens, on affine. D'où les dizaines de traductions d'un même texte.
Quoi qu'il en soit, les traditions littéraires respectives n'ont pas de références propres, il s'agit d'un pur contenant linguistique, d'où que les faux-sens ou les contre-sens soient impossibles pour un francophone qui pourrait, en plus, se limiter à chercher la seule et unique traduction du texte en français.
Je suppose que sur un texte japonais d'il y a dix siècles, un ordinateur ne peut pas grand chose. Sur un article de journal actuel, je suis prêt à parier qu'il y arrivera mieux, que ça aura au moins un minimum de sens.
C'est ça, par la volonté délibérée de mercanti utilitaristes, représentés à tous les niveaux. Et le fait que ça ait gagné l'EN n'est pas la moindre raison de mon mépris pour cette administration. Pour le grec, c'est quasiment terminé je crois. En collège, ça ferme partout peu à peu, et de toute manière, la route est barrée en lycée, donc en faire un an ne suffit pas. De plus, il se produit un phénomène dont un collègue m'a rappelé l'existence, que j'ai connu la dernière année de notre section : même quand il reste du grec, les élèves qui n'ont pas suivi en latin promettent, juré craché, de se mettre au boulot s'ils font du grec. Evidemment , même musique, et en pire, certains ayant du mal à dépasser le stade de l'alphabet.henriette a écrit:
Ce qui me rend très triste, pour le latin, c'est d'assister à la rupture d'un fil ininterrompu depuis l'Antiquité, de voir que le passage de témoin s'arrête là, par la volonté délibérée de modernes et pitoyables Eratostrates.
Et pour le grec, c'est trop tard. Il avait fallu un François Ier pour en ressusciter l'enseignement en France, et il s'est éteint à présent.
Quelle triste époque, où l'on regarde disparaître l'héritage des Humanistes dans l'indifférence, quand ce n'est pas avec satisfaction. Quelle honte pour notre société.
Le grec tient encore un peu dans le cadre associatif, mais quand il n'y aura plus d'enseignants ?
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Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- EuterpeNiveau 1
Je vous remercie pour tous vos commentaires qui confortent, malheureusement, ce que je pense de la situation que vivent les professeurs de Lettres Classiques.
Ce qui n'a pas facilité non plus le maintien de l'option, c'est la mise en place de la seconde langue vivante dès la 5e, lors de la réforme. Les élèves n'ont pas envie de choisir deux matières et d'ajouter à leur emploi du temps des heures en plus. Moins ils en font, mieux c'est pour eux en général.
Ce qui n'a pas facilité non plus le maintien de l'option, c'est la mise en place de la seconde langue vivante dès la 5e, lors de la réforme. Les élèves n'ont pas envie de choisir deux matières et d'ajouter à leur emploi du temps des heures en plus. Moins ils en font, mieux c'est pour eux en général.
- LefterisEsprit sacré
Tout est obstacle : les projets concurrents, le placement des heures en début et fin de journée, le "trop de travail" (:lol: ), les copains qui n'en font pas (et se moquent), les collègues indifférents... Chez nous pas de latin en 5e, car lors de la réforme assassine du collège nous sommes passés à 5 heures, il n'y en avait plus en 5e (de toute manière il était "interdit" de faire de la langue) pour garder au maximum les horaires de ceux qui avaient commencé (2,5 en 4e + 2,5 en 3e). Puis repassés à 6 h00, mais comment faire débuter en 5e sans enlever des heures sur les deux autres niveaux ?C'est insoluble, et le latin est sur la sellette de toute manière,je l'ai ouï dire. Nous perdons des heures chaque année pour tout, il n'y plus de dédoublements dans beaucoup de matières, même en français à la prochaine rentrée par exemple. Après, c'est comme les bons crus, on peut en avoir exceptionnellement. J'ai cette année une assez grosse classe de 4e. Trois élèves font ce qu'ils peuvent pour saccager le cours, au point que je dois exclure, mais tout le reste est calme, travaille en classe (à la maison, c'est une autre histoire, beaucoup de choses s'effacent d'une fois sur l'autre, et même pour les meilleurs, j'ai dû et dois reprendre la totalité des fonctions en français, ils ne savaient quasiment RIEN).Euterpe a écrit:Je vous remercie pour tous vos commentaires qui confortent, malheureusement, ce que je pense de la situation que vivent les professeurs de Lettres Classiques.
Ce qui n'a pas facilité non plus le maintien de l'option, c'est la mise en place de la seconde langue vivante dès la 5e, lors de la réforme. Les élèves n'ont pas envie de choisir deux matières et d'ajouter à leur emploi du temps des heures en plus. Moins ils en font, mieux c'est pour eux en général.
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- Ajonc35Sage
Le latin, c'est comme la poste. On met des heures d'ouverture quand les gens ne peuvent pas y aller, puis on réduit encore par exemple le nombre de jours et puis on ferme et c'est la faute à qui?
- henrietteMédiateur
Question un peu annexe, mais liée tout de même : qui peut m'expliquer le mode actuel de calcul des otions latin et grec au bac ? Y a-t-il toujours une plus-value par rapport aux autres options ? Des points qui comptent triple ?
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"Il n'y a que ceux qui veulent tromper les peuples et gouverner à leur profit qui peuvent vouloir retenir les hommes dans l'ignorance."
- uneodysséeNeoprof expérimenté
Non, plus rien d’attractif. La moyenne de chacune des années se rajoute au total, coef 2/an, comme pour toutes les options.
Autrement dit, quelqu’un qui a fait du latin en 1re et Term a un total de 104 coefficients : 100 comme tout le monde + 2 pour la première + 2 pour la terminale.
Si la note est moins bonne que la moyenne, eh bien elle fait baisser la moyenne.
Autrement dit, quelqu’un qui a fait du latin en 1re et Term a un total de 104 coefficients : 100 comme tout le monde + 2 pour la première + 2 pour la terminale.
Si la note est moins bonne que la moyenne, eh bien elle fait baisser la moyenne.
- henrietteMédiateur
Donc ce qui est expliqué ici est obsolète ?
https://www.letudiant.fr/bac/pourquoi-prendre-latin-grec-en-option.html
https://www.letudiant.fr/bac/pourquoi-prendre-latin-grec-en-option.html
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- ElaïnaDevin
henriette a écrit:Le problème, à mon avis, n'est pas si un ordinateur peut ou ne peut pas faire ci ou ça.
Ce qui me rend très triste, pour le latin, c'est d'assister à la rupture d'un fil ininterrompu depuis l'Antiquité, de voir que le passage de témoin s'arrête là, par la volonté délibérée de modernes et pitoyables Eratostrates.
Et pour le grec, c'est trop tard. Il avait fallu un François Ier pour en ressusciter l'enseignement en France, et il s'est éteint à présent.
Quelle triste époque, où l'on regarde disparaître l'héritage des Humanistes dans l'indifférence, quand ce n'est pas avec satisfaction. Quelle honte pour notre société.
Il a surtout fallu la prise de Constantinople... après je sais pas, y'a p'tet moyen de relancer la croisade dans le coin.
Bon, à part ça, c'est moche. Très très moche. Mais si peu étonnant.
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It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.
Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
Ma page Facebook https://www.facebook.com/Lire-le-Japon-106902051582639
- IphigénieProphète
il n'y a jamais eu des foules pour apprendre le grec ( et on acceptait pour maintenir la langue qu'il en soit ainsi: j'ai eu sans problème juste trois élèves dans un petit collège, en 1978) à partir du moment où il a fallu du chiffre, c'était foutu): ce qu'il faudrait , c'est surtout une autre vision de l'héritage culturel à préserver (et non pour servir à des causes ou des visions contemporaines délétères). Et ça, c'est pas gagné. Et puis il faudrait que la filière universitaire existe. Faire du grec pour le plaisir ou la gloire des causes désespérées, ça n'assure pas une pérennité
- ElaïnaDevin
C'est surtout que les sociétés voient essentiellement un but utilitaire dans l'éducation, et que finalement "l'amour des lettres" est peu répandu (comme le fameux "goût de l'effort", d'ailleurs). Quand les oratoriens ont ouvert dans les villes portuaires au XVIIIe siècle des collèges où l'on faisait plus de mathématiques que de latin, les gens se sont précipité dessus pour leurs garçons, parce que faire des maths c'est bien pour faire officier, alors que le latin, ma foi, c'est bien pour les curés mais bon...
Il ne faut pas se voiler la face, un bon paquet des élèves travaille pour la note, pour "avoir un métier" et sous la menace de la sanction, ceux qui se délectent des lettres antiques sont rares.
Il ne faut pas se voiler la face, un bon paquet des élèves travaille pour la note, pour "avoir un métier" et sous la menace de la sanction, ceux qui se délectent des lettres antiques sont rares.
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- valleExpert spécialisé
Je reste persuadé que le discours qui veut séparer (je caricature, je le sais) les LC, voire les lettres, qui constitueraient un "apprentissage à penser" ; des autres matières, qui seraient privilégiées parce que "pratiques", ne correspond pas avec la réalité de l'EN.
L'exemple que je connais le mieux est celui des langues vivantes : sur le papier, l'ÉN a tout intérêt (si elle veut créer des citoyens employables) à faire en sorte que les élèves finissent leur parcours scolaire en maîtrisant les langues apprises. Il ne serait pas question d'en connaître la littérature ou les spécificités culturelles, l'histoire ou quoi que ce soit, mais il faudrait qu'ils puissent s'en servir en tant qu'usagers. Or l'ensemble des dispositions cherche à empêcher cet objectif.
L'exemple que je connais le mieux est celui des langues vivantes : sur le papier, l'ÉN a tout intérêt (si elle veut créer des citoyens employables) à faire en sorte que les élèves finissent leur parcours scolaire en maîtrisant les langues apprises. Il ne serait pas question d'en connaître la littérature ou les spécificités culturelles, l'histoire ou quoi que ce soit, mais il faudrait qu'ils puissent s'en servir en tant qu'usagers. Or l'ensemble des dispositions cherche à empêcher cet objectif.
- ElaïnaDevin
C'est certainement vrai, mais quand tu discutes avec des parents d'ados, un nombre non négligeable t'explique que le latin c'est sympa, oui oui c'est la culture et tout (et puis "ça apprend à pas faire de fautes en français"), mais bon faut quand même être fort en maths et en anglais pour réussir (et puis faire chinois aussi, hein, parce que "maintenant tout est là-bas, ils sont plus forts que nous"). Le gosse fait un peu latin dans le meilleur des cas, mais au bout d'un moment, "c'est beaucoup d'heures hein" (on ne sait pas où caser les cours de soutien en maths si la gamine doit rester plus longtemps au collège pour faire latin) et puis "bon, vu que ça fait perdre des points, on s'est dit avec ma femme que Léo ferait mieux d'arrêter". Et comme on ne va pas leur envoyer les flics pour mettre le gosse dans le cours de latin, ben...
Est-ce qu'on peut le reprocher aux parents ? Personnellement, je n'ai pas encore d'ado à la maison, donc je me garde bien de faire la maligne en assénant de somptueux "moi mes enfants ils feront l'option jusqu'au bout"'.
Est-ce qu'on peut le reprocher aux parents ? Personnellement, je n'ai pas encore d'ado à la maison, donc je me garde bien de faire la maligne en assénant de somptueux "moi mes enfants ils feront l'option jusqu'au bout"'.
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It took me forty years to realize this. But for guys like us... our lives aren't really our own. There's always someone new to help. Someone we need to protect. These past few years, I fought that fate with all I had. But I'm done fighting. It's time I accept the hand I was dealt. Too many people depend on us. Their dreams depend on us.
Kiryu Kazuma inYakuza 4 Remastered
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- IphigénieProphète
Et encore faudrait-il que l’option latin consiste vraiment à faire du latin….
C’est justement en voulant qu’elle « serve à quelque chose » qu’elle ne sert plus à grand chose, en fait….cqfd…
C’est justement en voulant qu’elle « serve à quelque chose » qu’elle ne sert plus à grand chose, en fait….cqfd…
- ProvenceEnchanteur
Elaïna a écrit:
Est-ce qu'on peut le reprocher aux parents ?
Oui.
- ElaïnaDevin
C'est toujours facile de juger...
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- marjoDoyen
Il est clair et indiscutable que rien ou presque n'est fait pour rendre l'enseignement du latin attractif.
- IphigénieProphète
Je dirais que beaucoup est fait pour le rendre inattractif en fait… les parents je pense, sont conscients du foutoir actuel: et ça on ne peut pas le leur reprocher, et même si c’est clair que le latin n’est pas une priorité pour eux.
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