inclusion scolaire et moyens

Très bel article de médiapart qui compare l'inclusion à l'italienne, avec les moyens qui vont avec, et la situation en France :
https://www.mediapart.fr/journal/international/291121/ecole-inclusive-les-lecons-du-modele-italien

En Italie, les élèves handicapés sont tous scolarisés dans des classes ordinaires. Un système longtemps regardé comme avant-gardiste en Europe.

Une incongruité aux yeux de Paris, qui a dépêché sur place, en 2017, une mission d’inspection de l’éducation nationale. Verdict ? « Ce modèle peut être inspirant », ont reconnu les auteures dans leur rapport de mission. « Mais il ne pourrait être mis en place en France. » Impossible, selon elles, de transposer le dispositif des enseignants de soutien. Selon l’Institut national des statistiques, ces derniers étaient près de 176 000 en Italie en 2019-2020, rémunérés par l’État, soit un professeur pour 1,7 élève porteur de handicap. « La création d’autant de postes d’enseignants spécialisés en France aurait non seulement un coût budgétaire très important mais poserait aussi un problème de vivier », écrivent sans fard les inspectrices.Précisons qu’il existe aussi des « assistants », mis à disposition par les mairies, au nombre de 57 000 en 2019-2020. Avec de fortes disparités régionales : si la moyenne nationale est d’un assistant pour 4,6 élèves, elle est d’un adulte pour 3,1 enfants en Lombardie, d’un pour 14 en Campanie. Mais leur rôle est crucial, puisqu’ils sont, depuis les années 1990, coresponsables de la classe avec le professeur titulaire.

Voilà, tout est dit. Pas un kopeck ne sera déboursé.

L'article donne aussi des pistes pédagogiques intéressantes si on a des moyens humains, mais je ne sais pas si on peut le lire sans abonnement.

Comme chacun sait, l'Italie étant beaucoup plus riche que la France peut se le permettre, elle.

C'est comme tout, des choix politiques. L'éducation, le handicap, la santé qu'est ce que c'est par rapport à l'enrichissement des riches ?

Avant même de penser à recruter et former de nouveaux enseignants spécialisés, qu'on comble  les postes déjà existants. Chez nous il manque encore beaucoup d'AESH et comme partout. Il en résulte des profs épuisés de devoir tout gérer (leur classe de 30 et tous les cas particuliers), des AESH épuisés car devant s'occuper de plus en plus souvent de 2 élèves en même temps (même classe même heure), des enseignants spécialisés fatigués de devoir s'occuper d'élèves ayant des notifications AESH mais pas d'AESH (et fatigués aussi de devoir expliquer aux parents que leur enfant qui en a vraiment besoin n'aura pas d'AESH cette année même si la MDPH leur en avait promis un, certaines familles peuvent se montrer peu compréhensives). On a de plus en plus de postes d'enseignants spécialisés non pourvus, laissés vides ou occupés par des contractuels n'ayant jamais enseigné même en classe ordinaire.
Problème de vivier de profs spécialisés oui (une fois l'effet nouveauté passé la première année, la formation CAPPEI, difficile et exigeante sous de nombreux aspects, ne fait souvent plus le plein et fait l'objet de 2e appel à candidatures dans l'année et même plus), problème budgétaire surtout (mieux payer les AESH, et il faut payer la formation des profs spécialisés initiale et continue, et également payer leurs primes pour qu'ils aient envie de rester...).

Une amie professeur d’italien revient de Palerme où elle s’est rendue grâce au programme Erasmus prisme ( pas sûre du nom exact du dispositif ). Elle est écœurée de voir les différences entre l’Italie et la France concernant l’inclusion. Les professeurs ne doivent pas gérer les PAP et les élèves bénéficient en effet d’enseignants spécialisés et d’assistants dans chaque classe. Les effectifs sont réduits dès lors qu’il y a des élèves à besoin particulier dans une classe. Alors que je me bats pour obtenir un poste à 32 h et qu’on me laisse à 21h, alors même que tant d’élèves auraient besoin d’une AESH dans mon collège, que des notifications ne sont pas respectées.
Que des ULIS vont en inclusions seuls, avec des profs qui ont, je cite: « 3 ULIS, 5 FLE, 6 dys et 20 casse bonbons »
Je crois que je vais changer de métier, je ne supporte plus cette mascarade et cette maltraitance institutionnelle…

Allez voir " Debout les femmes" et vous verrez ( mais vous le savez déjà) le mépris qu'ont les décideurs, politiques et économiques, pour les " petites " gens. On y voit les aesh, mais pas que. François Ruffin aurait pu faire une série avec chacune des catégories. Et pourtant la crise sanitaire aurait dû, pu faire bouger les lignes, mais vraiment.
Cela fait longtemps que la communicationa pri le pas sur tout le reste. L'inclusion scolaire avec zéro moyens du côté des enseignants, faibles pour les aesh, longs à obtenir pour les élèves en situation de handicap, exténués pour les parents et seules les différentes catégories le savent pendant que les ministres pérrorent et les économistes balancent des budgets en augmentation. De l'extérieur, quand on n'appartient pas à ces catégories, les Français pensent que tout va bien et que nous n'avons aucune raison de râler.
Et tout cela entraîne de la malveillance. Et d'où vient-elle? Le ruissellement fonctionne.
Comme à l'hôpital, tout va bien mais les reportages montrent l'inverse et nos proches, dans le secteur de la santé, nous disent tous que non.

Annonce du Dasen en réunion de bassin : l'inclusion scolaire passe par les adaptations des enseignants. Également : 1 AESH pour 5 élèves.
Corollaire : si un élève a de très gros besoins (lire : gros perturbateur), on prélève sur les heures des autres élèves.

Quand j’ai débuté c’était 10 h minimum par élève. Depuis les PIAL c’est cinq heures max par élève. Les parents sont démunis…

Dans mon établissement un élève de 6e est malentendant et avait une AESH à la rentrée. Mais ce qu'on ne savait pas c'est que les parents avaient fait un recours auprès de la MDPH qui avait décidé qu'il n'en avait plus besoin. Alors la sanction est tombée aux dernières vacances : plus droit à l'aide de l'AESH. Je ne vous dis pas dans quel état de stress et de tristesse est le pauvre gamin !

Randoschtroumf a écrit:Annonce du Dasen en réunion de bassin : l'inclusion scolaire passe par les adaptations des enseignants. Également : 1 AESH pour 5 élèves.
Corollaire : si un élève a de très gros besoins (lire : gros perturbateur), on prélève sur les heures des autres élèves.

C'est ce qui s'est passé ici. On a enlevé des heures à deux gamins de 6e (avec de vrais besoins) pour les donner à un 3e perturbateur qui ne veut pas d'aide.

AESH13 a écrit:Une amie professeur d’italien revient de Palerme où elle s’est rendue grâce au programme Erasmus prisme ( pas sûre du nom exact du dispositif ). Elle est écœurée de voir les différences entre l’Italie et la France concernant l’inclusion. Les professeurs ne doivent pas gérer les PAP et les élèves bénéficient en effet d’enseignants spécialisés et d’assistants dans chaque classe. Les effectifs sont réduits dès lors qu’il y a des élèves à besoin particulier dans une classe. Alors que je me bats pour obtenir un poste à 32 h et qu’on me laisse à 21h, alors même que tant d’élèves auraient besoin d’une AESH dans mon collège, que des notifications ne sont pas respectées.
Que des ULIS vont en inclusions seuls, avec des profs qui ont, je cite: « 3 ULIS, 5 FLE, 6 dys et 20 casse bonbons »
Je crois que je vais changer de métier, je ne supporte plus cette mascarade et cette maltraitance institutionnelle…

Sans compter qu'il doit y avoir beaucoup moins de dyslexiques en Italie (comme en Espagne) du fait de la constitution plus "alphabétique" de la langue.

Cette année j'ai un CP-CE1 avec un élève très dyspraxique, un élève HP non scolaire, un élève hautement perturbateur, et quelques élèves "juste agités" , je  fais en sorte d'adapter pour chacun et au bout de la journée je rentre épuisée, une bonne partie de cet épuisement venant du fait que je pense très sincèrement n'avoir rien fait de bien pour personne. En tout cas, c'est ce que je vis depuis plusieurs années.

Et franchement, je ne trouve pas que l'AESH soit une solution efficace pour les élèves hautement perturbateurs, à moins d'être champion(ne) de catch. Mon élève perturbateur a une AESH à 100%, et ça n'apporte pas grand-chose. Le Risperdal à lui tout seul a nettement mieux fonctionné. Je me dis que l'AESH serait plus utile à d'autres.

AESH13 a écrit:Une amie professeur d’italien revient de Palerme où elle s’est rendue grâce au programme Erasmus prisme ( pas sûre du nom exact du dispositif ). Elle est écœurée de voir les différences entre l’Italie et la France concernant l’inclusion. Les professeurs ne doivent pas gérer les PAP et les élèves bénéficient en effet d’enseignants spécialisés et d’assistants dans chaque classe. Les effectifs sont réduits dès lors qu’il y a des élèves à besoin particulier dans une classe.

Il y a Erasmus plus, Élysée Prim mais ça c'est uniquement pour l'Allemagne il me semble, et également Jules Verne.