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- BartleboothNiveau 7
Il faut faire une vraie coupure, sinon on ne s'en sort pas...
Quant aux collègues, c'est délicat. Je n'avais pas pu cacher mon état (amaigrissement, malaises...) mais je n'ai dit qu'à quelques collègues ce qu'il en était; en fait la nouvelle s'est répandue en salle des profs, et beaucoup n'ont pas compris (le "burn out" était beaucoup moins populaire à l'époque et certains m'ont traité de dépressive avec une certaine condescendance, montrant ainsi qu'ils ignoraient également tout de la dépression). Mon amour propre en a pris un coup sur le moment, mais franchement ce n'était rien en comparaison de ce que je vivais déjà.
Quant aux collègues, c'est délicat. Je n'avais pas pu cacher mon état (amaigrissement, malaises...) mais je n'ai dit qu'à quelques collègues ce qu'il en était; en fait la nouvelle s'est répandue en salle des profs, et beaucoup n'ont pas compris (le "burn out" était beaucoup moins populaire à l'époque et certains m'ont traité de dépressive avec une certaine condescendance, montrant ainsi qu'ils ignoraient également tout de la dépression). Mon amour propre en a pris un coup sur le moment, mais franchement ce n'était rien en comparaison de ce que je vivais déjà.
- User5009Niveau 1
Bonsoir, et merci de vos réponses, positives et bienveillantes.
Je pense m'être arrêtée juste à temps; je me suis sentie dévisser, littéralement, ces dernières semaines, sans rien pouvoir faire pour prendre de la distance. La journée de jeudi a été la journée de trop, et je me suis dit qu'il fallait que j'arrête les frais tout de suite, avant d'être trop abîmée.
Mes collègues savent que je suis un peu essoufflée professionnellement (admirez le maniement de l'euphémisme), un certain nombre le sont aussi. Après, il y a toujours cette idée reçue, tenace, que si on craque, c'est qu'on a des problèmes par ailleurs, une vie instable ou des troubles personnels. Comme si le boulot n'était pas un motif suffisant pour avoir envie de se cacher sous une couverture en attendant qu'on nous oublie. Donc j'aviserai en fonction des interlocuteurs, ou je m'en tiendrai à la version officielle: au bout de plusieurs semaines d'insomnie, je ne pouvais tout simplement plus fonctionner.
J'ai envie de reprendre, mais je sais que c'est prématuré: je ne me sens pas de taille à être face aux élèves. J'aviserai au retour des vacances...
C'est d'ailleurs étonnant, ça, cette aversion des élèves qui m'est tombée dessus. J'ai toujours eu de bonnes relations avec eux, pas de conflits, des classes sympathiques à défaut d'avoir la moindre motivation, mais là, depuis quelques semaines, ça ne passe plus. Je ne peux littéralement plus les voir. Ça vous est arrivé aussi, ce genre de sentiment?
Je pense m'être arrêtée juste à temps; je me suis sentie dévisser, littéralement, ces dernières semaines, sans rien pouvoir faire pour prendre de la distance. La journée de jeudi a été la journée de trop, et je me suis dit qu'il fallait que j'arrête les frais tout de suite, avant d'être trop abîmée.
Mes collègues savent que je suis un peu essoufflée professionnellement (admirez le maniement de l'euphémisme), un certain nombre le sont aussi. Après, il y a toujours cette idée reçue, tenace, que si on craque, c'est qu'on a des problèmes par ailleurs, une vie instable ou des troubles personnels. Comme si le boulot n'était pas un motif suffisant pour avoir envie de se cacher sous une couverture en attendant qu'on nous oublie. Donc j'aviserai en fonction des interlocuteurs, ou je m'en tiendrai à la version officielle: au bout de plusieurs semaines d'insomnie, je ne pouvais tout simplement plus fonctionner.
J'ai envie de reprendre, mais je sais que c'est prématuré: je ne me sens pas de taille à être face aux élèves. J'aviserai au retour des vacances...
C'est d'ailleurs étonnant, ça, cette aversion des élèves qui m'est tombée dessus. J'ai toujours eu de bonnes relations avec eux, pas de conflits, des classes sympathiques à défaut d'avoir la moindre motivation, mais là, depuis quelques semaines, ça ne passe plus. Je ne peux littéralement plus les voir. Ça vous est arrivé aussi, ce genre de sentiment?
- BartleboothNiveau 7
Ah oui, j’avais appris que des rumeurs avaient circulé à mon propos sur une liaison dévastatriceIblis a écrit:Après, il y a toujours cette idée reçue, tenace, que si on craque, c'est qu'on a des problèmes par ailleurs, une vie instable ou des troubles personnels. Comme si le boulot n'était pas un motif suffisant pour avoir envie de se cacher sous une couverture en attendant qu'on nous oublie.
C'est d'ailleurs étonnant, ça, cette aversion des élèves qui m'est tombée dessus. J'ai toujours eu de bonnes relations avec eux, pas de conflits, des classes sympathiques à défaut d'avoir la moindre motivation, mais là, depuis quelques semaines, ça ne passe plus. Je ne peux littéralement plus les voir. Ça vous est arrivé aussi, ce genre de sentiment?
(Franchement, comme si j’avais eu une once d’énergie pour ça !)
Quant à l’aversion soudaine pour les élèves, c’est normal: déception de voir que tout tes efforts portent si peu leurs fruits, ras-le-bol du peu de reconnaissance, épuisement face à ces petits vampires qui te pompent de l’énergie et en demandent toujours plus, etc. Je connais bien des collègues qui, même sans burn-out, détestent leurs élèves au moins chaque dernière semaine avant les vacances.
- A reboursEsprit éclairé
Bonsoir Iblis,
Juste quelques mots, je ne voudrais pas m'étaler. Les conseils déjà donnés sont très pertinents, je n'y reviens pas. Coupe, coupe pour de bon. Le temps de te refaire. Et tu n'as de comptes à rendre à personne, fais seulement comme tu en as envie. Ton envie à toi.
Ce sentiment d'aversion que tu décris est devenu le mien il y a plusieurs mois.
Ça a commencé il y a deux ou trois ans par un dégoût de l'Institution en général, le mépris lancé aux langues anciennes, puis l'esprit de certains collègues prompts à casser ma discipline pour "récupérer des heures".
La vie a fait l'an passé que ma fille est tombée malade, j'ai dû m'arrêter pour ses soins. Et pendant ce temps, les menaces sur mon poste, ma direction, pas mal de collègues (sauf sur Néo !) ont parachevé l'œuvre. Il me reste des miettes.
Cela, ajouté à ma situation personnelle, m'a conduite à un arrêt de travail depuis septembre. Ce n'est pas vraiment une dépression, c'est un énorme et double burn out. Physiquement d'abord. Et moralement ensuite, car même lorsque je serai moins épuisée, l'idée même de me retrouver en classe ou en salle des profs me dégoûte. Pourtant j'ai adoré mon métier, mes élèves, être avec eux était la raison de mon boulot, et jamais je n'avais regretté mon choix.
Mais là, je ne peux plus.
Alors j'attends de voir si l'envie va revenir. J'en doute.
Ça ne t'aide pas, mais tu n'es pas la seule à ressentir ce brusque revirement.
Prends soin de toi, l'Institution ne le fera pas à ta place.
(finalement, c'est long, ce que j'avais à dire !)
Juste quelques mots, je ne voudrais pas m'étaler. Les conseils déjà donnés sont très pertinents, je n'y reviens pas. Coupe, coupe pour de bon. Le temps de te refaire. Et tu n'as de comptes à rendre à personne, fais seulement comme tu en as envie. Ton envie à toi.
Ce sentiment d'aversion que tu décris est devenu le mien il y a plusieurs mois.
Ça a commencé il y a deux ou trois ans par un dégoût de l'Institution en général, le mépris lancé aux langues anciennes, puis l'esprit de certains collègues prompts à casser ma discipline pour "récupérer des heures".
La vie a fait l'an passé que ma fille est tombée malade, j'ai dû m'arrêter pour ses soins. Et pendant ce temps, les menaces sur mon poste, ma direction, pas mal de collègues (sauf sur Néo !) ont parachevé l'œuvre. Il me reste des miettes.
Cela, ajouté à ma situation personnelle, m'a conduite à un arrêt de travail depuis septembre. Ce n'est pas vraiment une dépression, c'est un énorme et double burn out. Physiquement d'abord. Et moralement ensuite, car même lorsque je serai moins épuisée, l'idée même de me retrouver en classe ou en salle des profs me dégoûte. Pourtant j'ai adoré mon métier, mes élèves, être avec eux était la raison de mon boulot, et jamais je n'avais regretté mon choix.
Mais là, je ne peux plus.
Alors j'attends de voir si l'envie va revenir. J'en doute.
Ça ne t'aide pas, mais tu n'es pas la seule à ressentir ce brusque revirement.
Prends soin de toi, l'Institution ne le fera pas à ta place.
(finalement, c'est long, ce que j'avais à dire !)
- Clecle78Bon génie
Comme je te comprends A Rebours. Après 35 ans à me battre pied à pied pour sauver le latin je n'en peux tout simplement plus. Je compte les années en espérant juste pouvoir encore l'enseigner quelques heures et ne pas perdre tout simplement mon poste. J'aime toujours faire cours et enseigner mais tout le reste c'est stop. Le dégoût de cette institution ingrate s'amplifie à chaque dhg qui sabre nos groupes et nos options. J'ai la chance d'être au bout du chemin, d'avoir muté dans un établissement sympa près de chez moi et d'être proche de la retraite mais il n'y a décidément plus d'avenir pour les gens plus jeunes que moi. Le prix à payer est trop élevé. Avec ce que tu as vécu je comprends parfaitement ton besoin viscéral de fuir cet environnement toxique. J'espère qu'Iblis tu vas pouvoir te remettre et repartir d'un bon pied ( au moins tu n'es pas en lettres classiques...).
- ParniskaNiveau 2
Bonjour,
J'ai connu ça moi aussi.
Pareil, au bout de 20 ans, un dégoût de l'institution, une aversion pour les élèves, l'heure de cours de trop.
C'est fou: exactement pareil. prof de lettres aussi ( et fle)
Pourtant après une mut' dans un établissement avec des élèves vraiment sympa, mais c'était déjà trop tard.
La seule différence peut être c'est que je savais que ça couvait.
Quasi aucun soutien des collègues, aucun de la direction, ne m'étant pas cachée de mon état.
Dégoût encore augmenté. Mais j'avais décidé de m'en foutre, et me suis forcée à me détacher de ça parce que je sentais très précisément que là, c'était moi d'abord ou rien.
Par contre au bout d'un mois d'arrêt, mon aversion était toujours aussi grande.
Quand je passais devant un établissement scolaire, j'avais des hauts le coeur et les poils qui se dressaienf ( réellement).
Ce qui me fait penser que c'est plutôt une bonne nouvelle si tu as à nouveau envie d'être devant les élèves maintenant.
Ça signifie que tu n'es pas arrivée au bout! Mais prends ton temps.
Je rejoins les autres avis sur le fait que la fatigue se prend au sérieux et qu'il faut prendre cet arrêt maladie voire demander à le prolonger si tu en ressens le besoin viscéral.
Et ne pas culpabiliser. L'important c'est ce qu'il y a au fond de toi. Tu n'es pas là pour te sacrifier pour les élèves ou le système..
Voilà, prends soin de toi, effectivement, c'est forcément je pense un moment où l'introspection est nécessaire.
Pour ma part, après 40 jours sans sortir de chez moi, j'ai pris rv avec une psy ( rv "offert" par la mgen, bon à savoir) et la discussion avec cette personne a été déterminante.
J'avais décidé de prendre le temps, j'étais comme un fil électrique qui grésille avant le court circuit.
Repose toi bien
J'ai connu ça moi aussi.
Pareil, au bout de 20 ans, un dégoût de l'institution, une aversion pour les élèves, l'heure de cours de trop.
C'est fou: exactement pareil. prof de lettres aussi ( et fle)
Pourtant après une mut' dans un établissement avec des élèves vraiment sympa, mais c'était déjà trop tard.
La seule différence peut être c'est que je savais que ça couvait.
Quasi aucun soutien des collègues, aucun de la direction, ne m'étant pas cachée de mon état.
Dégoût encore augmenté. Mais j'avais décidé de m'en foutre, et me suis forcée à me détacher de ça parce que je sentais très précisément que là, c'était moi d'abord ou rien.
Par contre au bout d'un mois d'arrêt, mon aversion était toujours aussi grande.
Quand je passais devant un établissement scolaire, j'avais des hauts le coeur et les poils qui se dressaienf ( réellement).
Ce qui me fait penser que c'est plutôt une bonne nouvelle si tu as à nouveau envie d'être devant les élèves maintenant.
Ça signifie que tu n'es pas arrivée au bout! Mais prends ton temps.
Je rejoins les autres avis sur le fait que la fatigue se prend au sérieux et qu'il faut prendre cet arrêt maladie voire demander à le prolonger si tu en ressens le besoin viscéral.
Et ne pas culpabiliser. L'important c'est ce qu'il y a au fond de toi. Tu n'es pas là pour te sacrifier pour les élèves ou le système..
Voilà, prends soin de toi, effectivement, c'est forcément je pense un moment où l'introspection est nécessaire.
Pour ma part, après 40 jours sans sortir de chez moi, j'ai pris rv avec une psy ( rv "offert" par la mgen, bon à savoir) et la discussion avec cette personne a été déterminante.
J'avais décidé de prendre le temps, j'étais comme un fil électrique qui grésille avant le court circuit.
Repose toi bien
- Ajonc35Sage
Je suis d'accord avec l'ensemble du message mais ce que j'ai conservé me fait penser à une situation vécue par ma fille ( pas enseignante) . Un arrêt prononcé par la médecin du travail, son père et moi, nous l'avons ramassée à la petite cuillère ( elle aurait pu faire une bêtise) et ramenée à la maison. Loin du travail elle reprenait des couleurs, de la force mais dès qu'on parlait travail, oups , elle se recroquevillait. Par contre elle a beaucoup lu, cuisiné, fait du sport ( piscine) ce qui montre bien la différence entre burn-out et dépression.Parniska a écrit:
Par contre au bout d'un mois d'arrêt, mon aversion était toujours aussi grande.
Quand je passais devant un établissement scolaire, j'avais des hauts le coeur et les poils qui se dressaienf ( réellement).
Elle est repartie au boulot assez vite, mais a quitté le milieu dans lequel elle travaillait 6 mois plus tard à la grande déception de ses patrons qui la maltraitaient ( mais pas qu'elle).
- ParniskaNiveau 2
Pareil
Au calme chez moi j'étais bien.
Après un an de dispo, j'ai obtenu une rupture conventionnelle.
Effectivement, je ne me suis jamais sentie déprimée. Juste le cerveau qui se serait perché je ne sais où pour ne jamais redescendre si je ne m'étais pas arrêtée.
Au calme chez moi j'étais bien.
Après un an de dispo, j'ai obtenu une rupture conventionnelle.
Effectivement, je ne me suis jamais sentie déprimée. Juste le cerveau qui se serait perché je ne sais où pour ne jamais redescendre si je ne m'étais pas arrêtée.
- User5009Niveau 1
J'ai appelé ce matin l'assistance de la MGEN et suis tombée sur une psy très bien. En substance, elle a dit la même chose que mon médecin et vous: épuisement professionnel, batteries complètement déchargées, réserves physiques et psychiques détruites. Pour elle je m'oriente vers un arrêt long. Elle me dit de faire uniquement des choses que j'aime et qui me nourrissent: je vais profiter de mon temps libre pour reprendre le sport au niveau de quand j'allais bien, et pour lire, et pour voir films et séries en retard. En fait, comme disent Parniska et Ajonc35, je suis bien chez moi ou loin du travail. Le week-end, en général, tout va bien. C'est le lundi matin que ça vrille.
Je commence à retrouver des émotions positives: je suis enfin contente de ma mutation à venir, poste que j'attendais depuis des mois si ce n'est des années. Mais c'est vrai que dès que je commence à parler un peu sérieusement de ce que je ressens dans mon poste actuel (face à la psy notamment), j'ai de nouveau envie de pleurer.
Ma soeur et plusieurs amies à moi ont fait des burn-out, qu'elles soient ou non dans l'éducation nationale: ça me pose question, quand même. Qu'est-ce qui fait qu'on souffre tellement au travail? La génération d'avant la nôtre (je parle de ceux qui ont soixante-dix ans maintenant) n'a pas connu ça il me semble.
Je commence à retrouver des émotions positives: je suis enfin contente de ma mutation à venir, poste que j'attendais depuis des mois si ce n'est des années. Mais c'est vrai que dès que je commence à parler un peu sérieusement de ce que je ressens dans mon poste actuel (face à la psy notamment), j'ai de nouveau envie de pleurer.
Ma soeur et plusieurs amies à moi ont fait des burn-out, qu'elles soient ou non dans l'éducation nationale: ça me pose question, quand même. Qu'est-ce qui fait qu'on souffre tellement au travail? La génération d'avant la nôtre (je parle de ceux qui ont soixante-dix ans maintenant) n'a pas connu ça il me semble.
- Ajonc35Sage
La souffrance au travail vient d'abord de l'institution. Des exigences vis-à-vis des personnels ( qui ont fait bien plus d'études qu'avant, d'où des attentes sans doute superieures), des programmes de plus en plus édulcorés et donc des élèves pas au niveau, d'autant plus que les exigences, pour eux, ont diminué, une pression des familles et encore plus depuis qu'ils peuvent communiquer avec les enseignants nuit et jour ( dans d'autres secteurs, il y a les enquêtes de satisfaction, les avis des internautes, les contrôles en interne, la pression des chiffres quel que soit le secteur).Iblis a écrit:J'ai appelé ce matin l'assistance de la MGEN et suis tombée sur une psy très bien. En substance, elle a dit la même chose que mon médecin et vous: épuisement professionnel, batteries complètement déchargées, réserves physiques et psychiques détruites. Pour elle je m'oriente vers un arrêt long. Elle me dit de faire uniquement des choses que j'aime et qui me nourrissent: je vais profiter de mon temps libre pour reprendre le sport au niveau de quand j'allais bien, et pour lire, et pour voir films et séries en retard. En fait, comme disent Parniska et Ajonc35, je suis bien chez moi ou loin du travail. Le week-end, en général, tout va bien. C'est le lundi matin que ça vrille.
Je commence à retrouver des émotions positives: je suis enfin contente de ma mutation à venir, poste que j'attendais depuis des mois si ce n'est des années. Mais c'est vrai que dès que je commence à parler un peu sérieusement de ce que je ressens dans mon poste actuel (face à la psy notamment), j'ai de nouveau envie de pleurer.
Ma soeur et plusieurs amies à moi ont fait des burn-out, qu'elles soient ou non dans l'éducation nationale: ça me pose question, quand même. Qu'est-ce qui fait qu'on souffre tellement au travail? La génération d'avant la nôtre (je parle de ceux qui ont soixante-dix ans maintenant) n'a pas connu ça il me semble.
Sans compter qu'il faut être bon en informatique, basique d'abord mais aussi son, vidéo et bien sur visio ( le travail est plus présent encore à la maison.), organisateurs de voyages qui plaisent à tous et pas chers, pas simplement voyage scolaire à visée pédagogique, et le plus loin possible,.... relation publique lors des portes ouvertes et donc organisateur de la po surtout quand on est pp, ou encore avec les collèges et lycées du coin, contrôle continu au lycée, compétences au collège, des absences que les parents nous demandent de gérer sous prétexte de Pronote ou autre, orientation...je vous laisse finir la liste, sans compter lubies locales du cde ou d'un collègue qui vous demande un investissement et diminue le compteur d'un horaire disciplinaire de plus en plus restreint.
Pour les enseignants, il reste le temps d'enseignement mais finalement sa part diminue par rapport au reste.
J'ajoute que la formation a perdu en qualité et en quantité.
- A reboursEsprit éclairé
C'est bien que tu aies trouvé une écoute réelle, parce que parfois on se sent seul par manque de dialogue, notamment avec les proches qui pensent qu'il suffit qu'on "se bouge" pour aller mieux.
Bon courage !
Bon courage !
- CeladonDemi-dieu
En effet. Je pense que c'est venu avec l'informatique, internet et les moyens qu'ils donnent à la hiérarchie de tout contrôler, ce dont elle ne se prive pas. Tout cela combiné au new management américain qu'on importe sans grande réflexion, parce que c'est pratique et à pas mal d'autres introductions qui n'ont rien à faire avec notre culture humaniste à la base, ainsi qu'à l'irrespect cultivé vis-à-vis de la classe laborieuse fait qu'on se sent de plus plus en plus mal au travail. Et tout le monde s'en moque. Faisons donc des burn out, ça ne coûte rien ni à notre santé, ni aux finances publiques, deux domaines dont on voit bien qu'ils préoccupent énormément les politiques...Qu'est-ce qui fait qu'on souffre tellement au travail? La génération d'avant la nôtre (je parle de ceux qui ont soixante-dix ans maintenant) n'a pas connu ça il me semble.
Quoi qu'il en soit, prends bien soin de toi.
- LordAnthonyNiveau 6
Dans mes précédentes expériences professionnelles de manager, le fait pour un manager d'avoir des collaborateurs burn-out dans son équipe était implicitement valorisé par la hiérarchie. Cela signifiait que le manager arrivait à tirer le maximum de ses équipes, quitte à flirter avec les limites. Ce n'était bien sur pas officiellement dit et il ne fallait pas qu'il y en ait trop non plus, mais dans un certaine limite c'était assez bien vu. C'est bien évidement complètement stupide mais je l'ai connu dans plusieurs entreprises du même secteur d'activité mais avec des mentalités assez différentes. Et vu que l'EN semble avoir tendance à ne garder que ce qu'il y a de mauvais dans ce type de management en laissant soigneusement de coté ce qu'il pourrait apporter de positif, je ne pense pas que quiconque s'émeuve des burnout des personnels.
- User5009Niveau 1
Je ne parle que pour moi, mais oui, je pense que l'informatique a joué un rôle. Plus précisément la possibilité qu'ont les élèves et les parents de nous joindre en permanence, pour tout et n'importe quoi. Dans le lycée où je suis, les parents nous laissent tranquilles. Mais les élèves envoient des messages à des heures invraisemblables (remarquez, c'est leur problème; la nuit, je dors) pour des raisons absurdes ("madame, j'ai rien compris à votre cours", "madame, c'est quoi qui faut faire pour demain?"). Et ce qui était censé nous faciliter la vie - le dépôt de fichier, Moodle, Pearltrees et consorts, les QCM en ligne etc. - se transforme en source inépuisable de sollicitations. Madame, votre fichier a fait planter mon téléphone. J'ai tout bien fait comme il fallait et ça m'a marqué non rendu. Je peux pas ouvrir le fichier je le trouve pas. J'ai perdu mon mot de passe. Ça a planté. Le numérique est pour moi un point de crispation majeur. Au moins, ça me permettra de rajouter une compétence à mon CV: "désenvoûte les ordinateurs par la seule force de la pensée"!
Et c'est vrai aussi qu'on nous demande de faire tellement de tâches annexes. Enseigner ne suffit plus. Il faut... et je reprends la liste d'Ajonc35. On est évalués à l'aune de notre "investissement", qui détermine notre "rayonnement", et lancer paillettes et poussière de fée est finalement plus profitable que faire notre boulot - donner connaissances, méthodes et techniques, faire réfléchir -.
Passez une bonne journée :-)
Et c'est vrai aussi qu'on nous demande de faire tellement de tâches annexes. Enseigner ne suffit plus. Il faut... et je reprends la liste d'Ajonc35. On est évalués à l'aune de notre "investissement", qui détermine notre "rayonnement", et lancer paillettes et poussière de fée est finalement plus profitable que faire notre boulot - donner connaissances, méthodes et techniques, faire réfléchir -.
Passez une bonne journée :-)
- uneodysséeNeoprof expérimenté
De ce que j’ai lu sur le sujet, il ressort aussi ce phénomène : qu’on nous demande de faire beaucoup sans nous en donner les réels moyens. Il semble que tous secteurs confondus, ce soit une constante de la souffrance au travail. On est empêché de bien faire notre travail et on en souffre.
- blanquaireNiveau 1
Salut cher collègue. Je comprends tout à fait. T'inquiète pas ca va venir surtout si tu as tenu 20 ans. Chaque année une nouvelle classe, nouvelle aventure. Vraiment c'est un métier sympatoche et je comprends totalement que parfois on peut être sympatoche.
Si tu as un nouveau poste c'est une découverte et un renouveau bon courage je suis sur que tu ira mieux.
Plein de poste sont dispo surtout avec l'expérience que tu as tu peux test plein de truc.
Force à toi
Si tu as un nouveau poste c'est une découverte et un renouveau bon courage je suis sur que tu ira mieux.
Plein de poste sont dispo surtout avec l'expérience que tu as tu peux test plein de truc.
Force à toi
- CasparProphète
blanquaire a écrit:Salut cher collègue. Je comprends tout à fait. T'inquiète pas ca va venir surtout si tu as tenu 20 ans. Chaque année une nouvelle classe, nouvelle aventure. Vraiment c'est un métier sympatoche et je comprends totalement que parfois on peut être sympatoche.
Si tu as un nouveau poste c'est une découverte et un renouveau bon courage je suis sur que tu ira mieux.
Plein de poste sont dispo surtout avec l'expérience que tu as tu peux test plein de truc.
Force à toi
Notre collègue a déjà obtenu un poste en IUT qui l'attend la rentrée prochaine.
- ParniskaNiveau 2
Je rajouterai aussi ces fameuses injonctions contradictoires. ( concernant la laïcité par exemple)
L'incivilité croissante. ( l'agressivité dans les couloirs, un truc qui m'enlevait 1000 points de vie à la fin à chaque intercours)
Le fameux " non, vous devez garder cet élève, vous n'avez pas le droit de l'exclure parce qu'il n'a mis personne en danger" euh... ben si, mon psychisme, un peu quand même...
Il faut dire que pour ma part, relativement tôt en début de carrière, je suis devenue pp d'une classe où il y avait un élève connu pour être totalement ingérable ( son père s'était suicidé en se pendant au dessus de son berceau... )
Et le courant en fait est très bien passé entre lui et moi, ce qui l'a complètement adouci.
A partir de là, la cheffe a décidé que j'étais la spécialiste des cas lourds. Aucune formation, rien. Mais débrouille toi avec des jeunes complètement azimutés "qui ne te mettent pas en danger"
Mais à cette époque, j'ai encaissé, en perdant juste beaucoup de cheveux et en ne réalisant pas la
portée destructrice à long terme de cette expérience.
Et puis aussi l'investissement dans des projets non rémunérés.
Et l'administration qui fait des erreurs de gestion et ensuite te dit que tu es responsable des erreurs parce que tu n'as pas épluché ta feuille de salaire.
Enfin des accumulations de petites choses en apparence.
Mais qui correspondent effectivement à une maltraitance de la part de l'institution.
Si j'essaie d'aller au coeur de la moelle de ce qui m'a fait quitter l'E.N, ce sont les chefs et sous-chefs des établissements et du rectorat.
Heureusement pour moi, la dernière rh a été une personne en or, qui m'a obtenu une dispo hors délai d'abord, puis l'année d'aprés a totalement soutenu mon projet de reconversion pour que jaie droit à la rc. Un ange
L'incivilité croissante. ( l'agressivité dans les couloirs, un truc qui m'enlevait 1000 points de vie à la fin à chaque intercours)
Le fameux " non, vous devez garder cet élève, vous n'avez pas le droit de l'exclure parce qu'il n'a mis personne en danger" euh... ben si, mon psychisme, un peu quand même...
Il faut dire que pour ma part, relativement tôt en début de carrière, je suis devenue pp d'une classe où il y avait un élève connu pour être totalement ingérable ( son père s'était suicidé en se pendant au dessus de son berceau... )
Et le courant en fait est très bien passé entre lui et moi, ce qui l'a complètement adouci.
A partir de là, la cheffe a décidé que j'étais la spécialiste des cas lourds. Aucune formation, rien. Mais débrouille toi avec des jeunes complètement azimutés "qui ne te mettent pas en danger"
Mais à cette époque, j'ai encaissé, en perdant juste beaucoup de cheveux et en ne réalisant pas la
portée destructrice à long terme de cette expérience.
Et puis aussi l'investissement dans des projets non rémunérés.
Et l'administration qui fait des erreurs de gestion et ensuite te dit que tu es responsable des erreurs parce que tu n'as pas épluché ta feuille de salaire.
Enfin des accumulations de petites choses en apparence.
Mais qui correspondent effectivement à une maltraitance de la part de l'institution.
Si j'essaie d'aller au coeur de la moelle de ce qui m'a fait quitter l'E.N, ce sont les chefs et sous-chefs des établissements et du rectorat.
Heureusement pour moi, la dernière rh a été une personne en or, qui m'a obtenu une dispo hors délai d'abord, puis l'année d'aprés a totalement soutenu mon projet de reconversion pour que jaie droit à la rc. Un ange
- ParniskaNiveau 2
..Et en repensant au premier rv avec la médecine du travail devant qui pour la
première fois je me suis laissée aller à complètement m'effondrer, je ne trouvais rien d'autre à dire que ça n'avait plus aucun sens, je ne voyais plus de sens à rien.
Et cette perte de sens global est un signe de l'époque aussi, que ne connaissait pas dans cette mesure les générations d'avant.
société de surveillance panoptique. ça me parle beaucoup personnellement
il n'y a plus aucun angle caché, avec ces caméras rondes qui voient tout partout. donc le sens ( nord, sud etc.) n'a plus d'importance, dans cette dimension circulaire.
Ce qu'évoque Alain Damasio dans Les furtifs: il n'y a plus d'autre angle mort que dans l'invisible.
Pour moi ça résume parfaitement donc la perte de sens ( dans tous les sens du terme) totalement signe de notre époque.
première fois je me suis laissée aller à complètement m'effondrer, je ne trouvais rien d'autre à dire que ça n'avait plus aucun sens, je ne voyais plus de sens à rien.
Et cette perte de sens global est un signe de l'époque aussi, que ne connaissait pas dans cette mesure les générations d'avant.
société de surveillance panoptique. ça me parle beaucoup personnellement
il n'y a plus aucun angle caché, avec ces caméras rondes qui voient tout partout. donc le sens ( nord, sud etc.) n'a plus d'importance, dans cette dimension circulaire.
Ce qu'évoque Alain Damasio dans Les furtifs: il n'y a plus d'autre angle mort que dans l'invisible.
Pour moi ça résume parfaitement donc la perte de sens ( dans tous les sens du terme) totalement signe de notre époque.
- MissDashwoodNiveau 1
Mon fils est né prématuré. Après sa naissance, entre le stress et la fatigue, il ne m'était plus possible de lire, alors que j'avais toujours été une grande "liseuse". Fais-toi confiance, c'est comme le vélo, ça ne s'oublie jamais.
Commence par feuilleter des magazines, même légers, qui traitent de sujets qui t'intéressent. Petit à petit, ça reviendra.
Courage !
Commence par feuilleter des magazines, même légers, qui traitent de sujets qui t'intéressent. Petit à petit, ça reviendra.
Courage !
- User5009Niveau 1
Bonjour,
Merci de vos réponses!
Je remonte petit à petit, même si c'est en dents de scie. Un jour sur deux, ça va très bien, et l'autre jour des deux, c'est moins enthousiasmant.
J'en suis aux constats: j'ai donné vingt ans de ma vie à un établissement et à une institution dont personne ne m'a remercié pour rien. Il n'y a rien à attendre des élèves (je ne parle que pour mon établissement, là), ni des collègues, et pour la hiérarchie, tout investissement est "la moindre des choses". Parce que construire des cours, les assurer et corriger des copies, ce n'est plus le coeur de notre métier. La matière que j'enseigne ne m'intéresse plus. Le relationnel avec les élèves du secondaire est difficile pour moi, à cause de leur manque d'autonomie et de la "surresponsabilisation" (je reprends le mot de la psy EN) qu'ils font peser sur moi. Bref, ma situation professionnelle ne fait plus sens. Heureusement, dans quelques mois je passe à autre chose et ça va être salvateur.
Je vais revoir mon fonctionnement aussi. J'avais l'impression d'être une "bonne prof" en étant hyper réactive et en donnant beaucoup de devoirs et exercices notés. Ça rend les élèves extrêmement exigeants vis-à-vis de moi, mais pas une oncette de plus vis-à-vis d'eux-mêmes; en plus ils sont mécontents parce que leurs notes ne sont pas à la hauteur de leurs espérances. Donc je vais relâcher la pression de ce côté-ci. Et puis je n'ai plus rien à prouver, au bout de vingt ans. L'essentiel est que j'arrive à survivre professionnellement jusqu'en juin!
Sinon, je fais des choses qui me plaisent: j'arrive à lire, et même à comprendre ce que je lis; je cuisine, je fais du sport... J'ai encore deux semaines pour me retaper, et on verra où j'en suis.
Ça fait beaucoup de bien en tout cas de savoir qu'on n'est pas seule à traverser ça, que d'autres l'ont vécu et l'ont dépassé.
Merci de vos réponses!
Je remonte petit à petit, même si c'est en dents de scie. Un jour sur deux, ça va très bien, et l'autre jour des deux, c'est moins enthousiasmant.
J'en suis aux constats: j'ai donné vingt ans de ma vie à un établissement et à une institution dont personne ne m'a remercié pour rien. Il n'y a rien à attendre des élèves (je ne parle que pour mon établissement, là), ni des collègues, et pour la hiérarchie, tout investissement est "la moindre des choses". Parce que construire des cours, les assurer et corriger des copies, ce n'est plus le coeur de notre métier. La matière que j'enseigne ne m'intéresse plus. Le relationnel avec les élèves du secondaire est difficile pour moi, à cause de leur manque d'autonomie et de la "surresponsabilisation" (je reprends le mot de la psy EN) qu'ils font peser sur moi. Bref, ma situation professionnelle ne fait plus sens. Heureusement, dans quelques mois je passe à autre chose et ça va être salvateur.
Je vais revoir mon fonctionnement aussi. J'avais l'impression d'être une "bonne prof" en étant hyper réactive et en donnant beaucoup de devoirs et exercices notés. Ça rend les élèves extrêmement exigeants vis-à-vis de moi, mais pas une oncette de plus vis-à-vis d'eux-mêmes; en plus ils sont mécontents parce que leurs notes ne sont pas à la hauteur de leurs espérances. Donc je vais relâcher la pression de ce côté-ci. Et puis je n'ai plus rien à prouver, au bout de vingt ans. L'essentiel est que j'arrive à survivre professionnellement jusqu'en juin!
Sinon, je fais des choses qui me plaisent: j'arrive à lire, et même à comprendre ce que je lis; je cuisine, je fais du sport... J'ai encore deux semaines pour me retaper, et on verra où j'en suis.
Ça fait beaucoup de bien en tout cas de savoir qu'on n'est pas seule à traverser ça, que d'autres l'ont vécu et l'ont dépassé.
- moonGrand sage
Bonjour iblis
Je me permets une réflexion par rapport à quelque chose qui m'a sauté aux yeux dans ton message initial. Tu dis que tu ne comprends pourquoi d'un coup ton travail ne fait plus sens pile poil au moment où on te propose enfin quelque chose qui te plaît. Mais justement ça me paraît logique. Le corps et l'esprit ont cette capacité extraordinaire à tenir pour faire face aux situations difficiles et tout lâcher quand on en sort ( le fameux syndrome prof qui tombe malade...aux vacances ). Peut-être que c'est ce qui t'arrive. Tu tenais pour ne pas couler et maintenant qu'il y a une autre perspective qui te plaît davantage ton corps et ton esprit s'autorisent enfin à lâcher ce qui ne va pas. Paradoxalement je crois que ce qui t'arrive c'est plutôt positif. D'ailleurs cet état de ne plus avoir goût à rien c'est en général le symptôme du fait que quelque chose ne nous convient plus dans notre vie actuelle et c'est ce mal être qui nous pousse à réajuster pour reaccorder notre vie à nos besoins qui ont changé.
Par rapport à l'investissement et au manque de reconnaissance : même parcours que toi, j'enseigne depuis vingt ans dont treize en zep, j'étais une grosse bosseuse et j'ai toujours adoré mon métier. Mais j'ai levé le pied depuis plusieurs années ( enfants, confinement, maladie ). et je ne reviendrai pas en arrière. Déjà parce que ce qu'on nous demande actuellement ne fait pas sens pour moi et que la reconnaissance est vraiment maintenant inexistante. Et aussi parce que dans ce contexte covid c'est difficile de se lancer dans des projets des trucs qui changent alors qu'on n'est jamais sûr de pouvoir le faire et que les élèves sont souvent absents, décrocheurs. C'est energivore....pour rien. Du coup j'assume totalement de ne plus beaucoup travailler chez moi, de ne pas retaper de magnifiques cours, de donner des photocopies de montages d'exercices pas terribles aux élèves. Ils travaillent un peu en classe, je suis concentrée au max quand je suis avec eux ( challenge pour moi avec des classes à 30 dont certains ne savent pas lire et n'ont plus les codes, et à cause de ma santé ), je ne culpabilise pas de ne pas en faire plus, et surtout je ne me compare plus aux autres collègues car je n'ai pas la même vie qu'eux.
Je pense souvent à la réflexion qu'on m'a fait il y a très longtemps, quelqu'un qui faisait des remplacements de CPE en assumant que ce soit alimentaire avec plein d'autres projets perso à côté et qui m'a dit " prof c'est un des rares métiers dont on attend que ce soit fait avec la " vocation", comme un sacerdoce, un peu comme le médical. Mais on le droit de le faire de manière alimentaire et très correctement, et ce n'est pas pour cela qu'on est un mauvais prof".
Je crois qu'en ces temps incertains c'est important de se laisser du temps à côté aussi pour se nourrir de ce(ux) qu'on aime parce qu'on ne sait pas ce que l'avenir nous réserve. D'ailleurs dans le dernier causette il y a un article là dessus justement, c'est une réflexion vers laquelle de plus en plus de gens vont, travailler moins pour vivre mieux.
Prends soin de toi et ne culpabilise pas.
Je me permets une réflexion par rapport à quelque chose qui m'a sauté aux yeux dans ton message initial. Tu dis que tu ne comprends pourquoi d'un coup ton travail ne fait plus sens pile poil au moment où on te propose enfin quelque chose qui te plaît. Mais justement ça me paraît logique. Le corps et l'esprit ont cette capacité extraordinaire à tenir pour faire face aux situations difficiles et tout lâcher quand on en sort ( le fameux syndrome prof qui tombe malade...aux vacances ). Peut-être que c'est ce qui t'arrive. Tu tenais pour ne pas couler et maintenant qu'il y a une autre perspective qui te plaît davantage ton corps et ton esprit s'autorisent enfin à lâcher ce qui ne va pas. Paradoxalement je crois que ce qui t'arrive c'est plutôt positif. D'ailleurs cet état de ne plus avoir goût à rien c'est en général le symptôme du fait que quelque chose ne nous convient plus dans notre vie actuelle et c'est ce mal être qui nous pousse à réajuster pour reaccorder notre vie à nos besoins qui ont changé.
Par rapport à l'investissement et au manque de reconnaissance : même parcours que toi, j'enseigne depuis vingt ans dont treize en zep, j'étais une grosse bosseuse et j'ai toujours adoré mon métier. Mais j'ai levé le pied depuis plusieurs années ( enfants, confinement, maladie ). et je ne reviendrai pas en arrière. Déjà parce que ce qu'on nous demande actuellement ne fait pas sens pour moi et que la reconnaissance est vraiment maintenant inexistante. Et aussi parce que dans ce contexte covid c'est difficile de se lancer dans des projets des trucs qui changent alors qu'on n'est jamais sûr de pouvoir le faire et que les élèves sont souvent absents, décrocheurs. C'est energivore....pour rien. Du coup j'assume totalement de ne plus beaucoup travailler chez moi, de ne pas retaper de magnifiques cours, de donner des photocopies de montages d'exercices pas terribles aux élèves. Ils travaillent un peu en classe, je suis concentrée au max quand je suis avec eux ( challenge pour moi avec des classes à 30 dont certains ne savent pas lire et n'ont plus les codes, et à cause de ma santé ), je ne culpabilise pas de ne pas en faire plus, et surtout je ne me compare plus aux autres collègues car je n'ai pas la même vie qu'eux.
Je pense souvent à la réflexion qu'on m'a fait il y a très longtemps, quelqu'un qui faisait des remplacements de CPE en assumant que ce soit alimentaire avec plein d'autres projets perso à côté et qui m'a dit " prof c'est un des rares métiers dont on attend que ce soit fait avec la " vocation", comme un sacerdoce, un peu comme le médical. Mais on le droit de le faire de manière alimentaire et très correctement, et ce n'est pas pour cela qu'on est un mauvais prof".
Je crois qu'en ces temps incertains c'est important de se laisser du temps à côté aussi pour se nourrir de ce(ux) qu'on aime parce qu'on ne sait pas ce que l'avenir nous réserve. D'ailleurs dans le dernier causette il y a un article là dessus justement, c'est une réflexion vers laquelle de plus en plus de gens vont, travailler moins pour vivre mieux.
Prends soin de toi et ne culpabilise pas.
_________________
"Celui qui marche en dehors du rythme entend simplement un autre rythme." Vol au-dessus d'un nid de coucou. Ken Kesey.
- Lowpow29Neoprof expérimenté
Bonjour Parniska, tu accepterais d'en dire davantage sur le rdv déterminant avec cette psy? As-tu trouvé une solution pour te remettre en selle?Parniska a écrit:
Pour ma part, après 40 jours sans sortir de chez moi, j'ai pris rv avec une psy ( rv "offert" par la mgen, bon à savoir) et la discussion avec cette personne a été déterminante.
J'avais décidé de prendre le temps, j'étais comme un fil électrique qui grésille avant le court circuit.
Repose toi bien
Quand j'ai démissionné fin 2020, je pensais ne jamais remettre les pieds dans un établissement secondaire. Mais finalement j'ai repris cette semaine dans une sorte de REP+ allemand où il n'y a que des élèves types SEGPA, autant dire que je n'ai pas choisi le plus facile mais les collègues m'ont super bien accueillie.
Je commence quand même une thérapie en parallèle (j'avais essayé fin 2020 mais il n'y avait pas de dispo avant plusieurs mois) pour essayer d'éviter de retomber en burn out.
J'ai vécu comme l'auteur de ce fil une soudaine aversion pour les élèves, je pleurais chaque fin de semaine sans savoir pourquoi, alors que j'étais arrivée dans l'un des soit-disant meilleurs collèges du centre-ville.
J'ai vraiment cru qu'une page s'était tournée et que je devais faire autre chose.
Finalement, l'enseignement aux adultes toute cette année 2021 m'a montré que j'aime toujours enseigner donc je me laisse une deuxième chance, avec bien sûr pas mal d'inquiétude.
Alors merci d'avance pour les témoignages de "sortie" de burn-out/dépression etc.
_________________
La vie est courte, l'art est long, l'occasion fugitive, l'expérience trompeuse, le jugement difficile. Hippocrate
- User5009Niveau 1
Moon et Lowpow29, vos messages font écho chez moi!
Une collègue me disait il y a quelques semaines qu'on nous imposait d'avoir "la vocation", et en français, d'être "passionnés" par notre matière, alors qu'on n'en demande pas tant à d'autres professions. Je n'ai jamais été passionnée par mon métier ni par le français (j'aime lire et j'aime le maniement des mots, ce n'est pas la même chose), mais j'ai toujours fait très correctement mon boulot, parce que j'y trouvais un espace de créativité. Avec la réforme des programmes cet espace a disparu - ou c'est moi qui ne parviens pas à le trouver, ce qui revient au même. En plus je n'ai jamais été passionnée par la relation avec les ados. Les jeunes adultes, oui, mais pas les lycéens et encore moins les collégiens.
Cette rupture, je l'ai sentie arriver: ça fait deux à trois ans que ça couve. Mais je pense que j'ai tellement attendu le poste en IUT, comme si je jouais ma vie, que quand c'est arrivé j'ai décompensé…
Une collègue me disait il y a quelques semaines qu'on nous imposait d'avoir "la vocation", et en français, d'être "passionnés" par notre matière, alors qu'on n'en demande pas tant à d'autres professions. Je n'ai jamais été passionnée par mon métier ni par le français (j'aime lire et j'aime le maniement des mots, ce n'est pas la même chose), mais j'ai toujours fait très correctement mon boulot, parce que j'y trouvais un espace de créativité. Avec la réforme des programmes cet espace a disparu - ou c'est moi qui ne parviens pas à le trouver, ce qui revient au même. En plus je n'ai jamais été passionnée par la relation avec les ados. Les jeunes adultes, oui, mais pas les lycéens et encore moins les collégiens.
Cette rupture, je l'ai sentie arriver: ça fait deux à trois ans que ça couve. Mais je pense que j'ai tellement attendu le poste en IUT, comme si je jouais ma vie, que quand c'est arrivé j'ai décompensé…
- ParniskaNiveau 2
@Lowpow29: Tu travailles donc dans un établissement comme
contractuelle? question indiscrète mais tu perds beaucoup en salaire du coup? tu regrettes d'avoir démissionné ou bien tu penses que ce choix était nécessaire pour que tu te sentes plus libre?
Le rendez vous avec la psy a été déterminant parce que tout d'abord très déculpabilisant.
En gros: écoutez-vous, ne retournez pas devant les élèves tant que vous ne le sentez pas, n'hésitez pas à demander à votre médecin de prolonger l'arrêt même si quand vous êtes chez vous, vous êtes bien.
Son discours était clair, rationnel, posé et très soulageant pour moi. Je suis ressortie de cette séance avec le sentiment que je n'abusais de personne si je prenais le temps, en considérant cet arrêt maladie comme une pause nécessaire pour trouver les moyens de me réinsérer dans la société, et non comme une façon de profiter d'un repos sur son dos.
Ça m'a vraiment fait beaucoup de bien d'entendre ça et de sentir mon besoin compris. Que je pouvais avoir bonne mine ne signifiait pas que je n'étais pas brisée à l'intérieur.
A ce moment là, je ne pensais qu'à une chose: démissionner. Elle m'a du coup aussi permis de prendre le temps de réfléchir sans précipitation, en me suggérant des personnes à rencontrer, avec qui échanger sur ce sujet ou celui de la reconversion.
Elle avait des pistes concrètes dans ma région, pour rencontrer des assoc' ou groupes divers qui pouvaient être des personnes ressources par rapport à mes idées de reconversion (auxquelles j'avais déjà bien commencé à réfléchir dès le premier jour de mon arrêt)
Ça a été aussi un échange riche parce qu'elle avait des références de livres, de podcasts à me proposer, pour réfléchir à la situation sous un angle physiologique, psychologique, philosophique et qui montrait qu'elle avait bien compris ma façon de penser.
Elle ne voyait a priori pas d'utilité à ce que je rentre dans un suivi psychologique régulier et au long cours, elle avait le sentiment que j'avais déjà pris du recul sur pourquoi j'en étais arrivée là, et en une séance d'une heure et demie, m'a regonflée à bloc.
Je ne sais pas trop comment l'expliquer autrement que par le sentiment qu'elle m'avait comprise et que tout ce qu'elle disait sonnait juste à mes oreilles.
Je suis quand même aller rencontrer quelqu'un d'autre un peu plus tard ( 5 ou 6 mois après) et la personne était gentille et bienveillante mais je me suis vraiment ennuyée pendant la séance.
En fait, cette première psy n'a pas cherché à creuser à l'intérieur mais à m'épauler très concrètement vers l'avant, avec les idées de gens à rencontrer qu'elle m'a proposées. C'était donc exactement mon besoin. Et j'ai eu de la chance de tomber sur quelqu'un d'aussi compétent et intelligent.
Je pense aussi que je me suis arrêtée à temps, je n'étais pas allée trop loin. C'est probablement pour ça qu'une seule séance a suffi. J'avais déja bien fait redescendre la pression en restant au calme absolu pendant un peu plus d'un mois.
Je suppose que quand on va trop loin dans cette non-écoute de soi, ça doit être beaucoup plus compliqué pour remonter la pente.
Voilà, la seule chose évidemment qui était inimaginable à ce moment là ( où elle m'a permis d'avoir une liste de gens à rencontrer) c'est qu'on rentrait en pandémie 3 semaines plus tard...
mais je suis donc restée en arrêt jusqu'à la fin de l'année scolaire, ma médecin voyait bien aussi que ce n'était pas du pipeau.
Ça fait 2 ans et ce n'est que très récemment que je n'ai plus les poils qui se hérissent devant des collèges et des lycées
Quand je passe devant, je regarde les bâtiments comme si c'était un autre monde pour moi, c'est trop bizarre
Dans ma tête c'est associé à des lieux de non-vie, ce sont devenus des endroits silencieux et vides. Le volume sonore des couloirs, c'était une totale agression pour moi à la fin. Je suppose que c'est pour ça que mon cerveau a trouvé ce truc pour que je cessede détourner les yeux.
contractuelle? question indiscrète mais tu perds beaucoup en salaire du coup? tu regrettes d'avoir démissionné ou bien tu penses que ce choix était nécessaire pour que tu te sentes plus libre?
Le rendez vous avec la psy a été déterminant parce que tout d'abord très déculpabilisant.
En gros: écoutez-vous, ne retournez pas devant les élèves tant que vous ne le sentez pas, n'hésitez pas à demander à votre médecin de prolonger l'arrêt même si quand vous êtes chez vous, vous êtes bien.
Son discours était clair, rationnel, posé et très soulageant pour moi. Je suis ressortie de cette séance avec le sentiment que je n'abusais de personne si je prenais le temps, en considérant cet arrêt maladie comme une pause nécessaire pour trouver les moyens de me réinsérer dans la société, et non comme une façon de profiter d'un repos sur son dos.
Ça m'a vraiment fait beaucoup de bien d'entendre ça et de sentir mon besoin compris. Que je pouvais avoir bonne mine ne signifiait pas que je n'étais pas brisée à l'intérieur.
A ce moment là, je ne pensais qu'à une chose: démissionner. Elle m'a du coup aussi permis de prendre le temps de réfléchir sans précipitation, en me suggérant des personnes à rencontrer, avec qui échanger sur ce sujet ou celui de la reconversion.
Elle avait des pistes concrètes dans ma région, pour rencontrer des assoc' ou groupes divers qui pouvaient être des personnes ressources par rapport à mes idées de reconversion (auxquelles j'avais déjà bien commencé à réfléchir dès le premier jour de mon arrêt)
Ça a été aussi un échange riche parce qu'elle avait des références de livres, de podcasts à me proposer, pour réfléchir à la situation sous un angle physiologique, psychologique, philosophique et qui montrait qu'elle avait bien compris ma façon de penser.
Elle ne voyait a priori pas d'utilité à ce que je rentre dans un suivi psychologique régulier et au long cours, elle avait le sentiment que j'avais déjà pris du recul sur pourquoi j'en étais arrivée là, et en une séance d'une heure et demie, m'a regonflée à bloc.
Je ne sais pas trop comment l'expliquer autrement que par le sentiment qu'elle m'avait comprise et que tout ce qu'elle disait sonnait juste à mes oreilles.
Je suis quand même aller rencontrer quelqu'un d'autre un peu plus tard ( 5 ou 6 mois après) et la personne était gentille et bienveillante mais je me suis vraiment ennuyée pendant la séance.
En fait, cette première psy n'a pas cherché à creuser à l'intérieur mais à m'épauler très concrètement vers l'avant, avec les idées de gens à rencontrer qu'elle m'a proposées. C'était donc exactement mon besoin. Et j'ai eu de la chance de tomber sur quelqu'un d'aussi compétent et intelligent.
Je pense aussi que je me suis arrêtée à temps, je n'étais pas allée trop loin. C'est probablement pour ça qu'une seule séance a suffi. J'avais déja bien fait redescendre la pression en restant au calme absolu pendant un peu plus d'un mois.
Je suppose que quand on va trop loin dans cette non-écoute de soi, ça doit être beaucoup plus compliqué pour remonter la pente.
Voilà, la seule chose évidemment qui était inimaginable à ce moment là ( où elle m'a permis d'avoir une liste de gens à rencontrer) c'est qu'on rentrait en pandémie 3 semaines plus tard...
mais je suis donc restée en arrêt jusqu'à la fin de l'année scolaire, ma médecin voyait bien aussi que ce n'était pas du pipeau.
Ça fait 2 ans et ce n'est que très récemment que je n'ai plus les poils qui se hérissent devant des collèges et des lycées
Quand je passe devant, je regarde les bâtiments comme si c'était un autre monde pour moi, c'est trop bizarre
Dans ma tête c'est associé à des lieux de non-vie, ce sont devenus des endroits silencieux et vides. Le volume sonore des couloirs, c'était une totale agression pour moi à la fin. Je suppose que c'est pour ça que mon cerveau a trouvé ce truc pour que je cessede détourner les yeux.
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