- CathEnchanteur
Bien sûr.Balthazaard a écrit:Cath a écrit:Non bien sûr, car la pression serait la même : on exigerait que le même boulot soit fait en 35h, c'est tout.
Et si par hasard, au bout des 35 heures "tout compris" tu n'as pas fini...par ex pas rempli des bulletins, pas corrigé le nième devoir rendu obligatoire par le protocole de notation , tu fais quoi?..."j'ai pas eu le temps" j'imagine la réaction.
Le fantasme du 35 heures tout compris dans le privé est du même acabit que les "18 heures tout compris" qu'auraient les profs, il n'est vrai que pour les postes sans responsabilité
J'ai toujours vu mon père (cadre sup) ramener du boulot à la maison et parfois y passer des we
Pour avoir un peu bossé dans le privé, on avait un projet à boucler en xxx temps et il fallait que ce soit fait, il était possible de discuter des solutions, de montrer preuves à l'appui --(et ce n'était jamais le "manque de temps de travail" l'argument)-- qu'il faudrait un délai mais le travail devait être fait, et cela voulait dire qu'on ne passait pas des we tranquilles sans penser à rien.
Je peux même te dire que, quelques années plus tard, alors que j'étais prof, mon voisin qui lui aussi bossait dans l'industrie a débarqué un we pour venir discuter d'un point de maths avec moi dont il ne se sortait pas...
Du coup, le reste serait à finir chez nous, gratoche, puisqu'"on" aurait quantifié que le temps nécessaire c'est 35h, et tant pis pour nous si ça dépasse.
- IphigénieProphète
Tout ce que tu dis est très juste.Shajar a écrit:Travaillant dans une institution publique, je suis théoriquement à 37h30 (ce qui me donne une semaine de RTT dans l'année). J'en fais chaque semaine entre 42 et 45, en bossant de 8h-9h à 18h-19h, avec 45 minutes incompressibles (sur le papier) de pause déjeuner. Les heures supp ne sont ni payées, ni compensées : elles disparaissent tout simplement des compteurs chaque semaine ; cela représente dans mon cas environ 200-250h/an. C'est la même chose dans toutes les grosses institutions culturelles que je connais pour tous les postes "culturels" ; par contre, chez les comptables, les managers interdisent de dépasser le quota horaire, ou payent les heures supp lors des périodes de bourre (au moment de la clôture de fin d'année notamment).
Tant que les gens ont à cœur de faire leur boulot correctement, l'institution peut se permettre de tirer sur la corde de la bonne volonté de ses agents. Et cette bonne volonté est d'autant plus forte que le métier (prof, infirmière...) est chargé d'une partie affective, qui tient à de nombreux facteurs. Le système de concours, tout d'abord, qui met l'emploi sur le même pied qu'une récompense : on réussit un concours (et qu'est-ce qu'on est heureux ce jour-là !), on se bat pour obtenir ce boulot. Imaginer mal le faire va à l'encontre de toute la dynamique qui nous a fait rentrer dans la profession, depuis le début des études. La relation directe avec l'usager ensuite : on ne va pas arriver en cours en disant à nos élèves "je n'ai pas préparé le cours parce que j'ai dépassé 35h la semaine dernière." Parce qu'on va immédiatement se prendre le retour de l'usager dans les dents, avec une heure de bordel généralisé et la pression de ne pas finir le programme à la fin de l'année. L'imaginaire du métier enfin, mêlé de ce qu'en attend la société (l'éducation de nos enfants est primordiale, l'égal accès à des soins de santé de qualité aussi) et incarné dans des images et des fictions (combien de films sur le "prof génial qui réussit à tirer des enfants de la misère sociale où ils baignent, envers et contre tous" ? Combien de séries médicales sur des médecins dévoués corps et âme et jour et nuit à leurs patients ?).
L'exemple le plus extrême de cette manière de tirer sur la corde, c'est celui des jeunes chercheurs en sciences sociales, qui après avoir financé leur doctorat et y avoir travaillé sans compter leurs heures, se battent encore comme des chiens pour des postes précaires payés largement moins que le SMIC, simplement pour la beauté des sirènes de la recherche.
Pour faire changer les choses, il faudrait assumer ne pas finir son travail à l'heure lorsque le délai imparti est intenable en 35h/semaine, quitte à faire dérailler l'institution (dans l'EN, ne pas remplir les bulletins à l'heure, ou ne pas finir les corrections de bac dans les temps, notamment). En faisant dérailler l'institution, on fait dérailler aussi la société. Ce qui ne risque pas d'arriver demain la veille.
Et inclus dans toute les réformes proposées.
- TangledingGrand Maître
Suffit de demander aux CPE ce qu'il en est...
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"Never complain, just fight."
- Plutôt que de se battre pour des miettes et des contraintes:
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- LeclochardEmpereur
Shajar a écrit:Travaillant dans une institution publique, je suis théoriquement à 37h30 (ce qui me donne une semaine de RTT dans l'année). J'en fais chaque semaine entre 42 et 45, en bossant de 8h-9h à 18h-19h, avec 45 minutes incompressibles (sur le papier) de pause déjeuner. Les heures supp ne sont ni payées, ni compensées : elles disparaissent tout simplement des compteurs chaque semaine ; cela représente dans mon cas environ 200-250h/an. C'est la même chose dans toutes les grosses institutions culturelles que je connais pour tous les postes "culturels" ; par contre, chez les comptables, les managers interdisent de dépasser le quota horaire, ou payent les heures supp lors des périodes de bourre (au moment de la clôture de fin d'année notamment).
Tant que les gens ont à cœur de faire leur boulot correctement, l'institution peut se permettre de tirer sur la corde de la bonne volonté de ses agents. Et cette bonne volonté est d'autant plus forte que le métier (prof, infirmière...) est chargé d'une partie affective, qui tient à de nombreux facteurs. Le système de concours, tout d'abord, qui met l'emploi sur le même pied qu'une récompense : on réussit un concours (et qu'est-ce qu'on est heureux ce jour-là !), on se bat pour obtenir ce boulot. Imaginer mal le faire va à l'encontre de toute la dynamique qui nous a fait rentrer dans la profession, depuis le début des études. La relation directe avec l'usager ensuite : on ne va pas arriver en cours en disant à nos élèves "je n'ai pas préparé le cours parce que j'ai dépassé 35h la semaine dernière." Parce qu'on va immédiatement se prendre le retour de l'usager dans les dents, avec une heure de bordel généralisé et la pression de ne pas finir le programme à la fin de l'année. L'imaginaire du métier enfin, mêlé de ce qu'en attend la société (l'éducation de nos enfants est primordiale, l'égal accès à des soins de santé de qualité aussi) et incarné dans des images et des fictions (combien de films sur le "prof génial qui réussit à tirer des enfants de la misère sociale où ils baignent, envers et contre tous" ? Combien de séries médicales sur des médecins dévoués corps et âme et jour et nuit à leurs patients ?).
L'exemple le plus extrême de cette manière de tirer sur la corde, c'est celui des jeunes chercheurs en sciences sociales, qui après avoir financé leur doctorat et y avoir travaillé sans compter leurs heures, se battent encore comme des chiens pour des postes précaires payés largement moins que le SMIC, simplement pour la beauté des sirènes de la recherche.
Pour faire changer les choses, il faudrait assumer ne pas finir son travail à l'heure lorsque le délai imparti est intenable en 35h/semaine, quitte à faire dérailler l'institution (dans l'EN, ne pas remplir les bulletins à l'heure, ou ne pas finir les corrections de bac dans les temps, notamment). En faisant dérailler l'institution, on fait dérailler aussi la société. Ce qui ne risque pas d'arriver demain la veille.
A mon avis, ça ne se passerait pas ainsi. Je crois plutôt qu'ils s'arrangeraient pour réduire le temps de préparation à zéro ou presque (polycopiés tout prêts, films etc) et proposer moins de devoirs. En somme, ils s'adapteraient. La qualité des cours chuterait.
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Quelqu'un s'assoit à l'ombre aujourd'hui parce que quelqu'un d'autre a planté un arbre il y a longtemps. (W.B)
- MinaNiveau 10
Leclochard a écrit:Shajar a écrit:Travaillant dans une institution publique, je suis théoriquement à 37h30 (ce qui me donne une semaine de RTT dans l'année). J'en fais chaque semaine entre 42 et 45, en bossant de 8h-9h à 18h-19h, avec 45 minutes incompressibles (sur le papier) de pause déjeuner. Les heures supp ne sont ni payées, ni compensées : elles disparaissent tout simplement des compteurs chaque semaine ; cela représente dans mon cas environ 200-250h/an. C'est la même chose dans toutes les grosses institutions culturelles que je connais pour tous les postes "culturels" ; par contre, chez les comptables, les managers interdisent de dépasser le quota horaire, ou payent les heures supp lors des périodes de bourre (au moment de la clôture de fin d'année notamment).
Tant que les gens ont à cœur de faire leur boulot correctement, l'institution peut se permettre de tirer sur la corde de la bonne volonté de ses agents. Et cette bonne volonté est d'autant plus forte que le métier (prof, infirmière...) est chargé d'une partie affective, qui tient à de nombreux facteurs. Le système de concours, tout d'abord, qui met l'emploi sur le même pied qu'une récompense : on réussit un concours (et qu'est-ce qu'on est heureux ce jour-là !), on se bat pour obtenir ce boulot. Imaginer mal le faire va à l'encontre de toute la dynamique qui nous a fait rentrer dans la profession, depuis le début des études. La relation directe avec l'usager ensuite : on ne va pas arriver en cours en disant à nos élèves "je n'ai pas préparé le cours parce que j'ai dépassé 35h la semaine dernière." Parce qu'on va immédiatement se prendre le retour de l'usager dans les dents, avec une heure de bordel généralisé et la pression de ne pas finir le programme à la fin de l'année. L'imaginaire du métier enfin, mêlé de ce qu'en attend la société (l'éducation de nos enfants est primordiale, l'égal accès à des soins de santé de qualité aussi) et incarné dans des images et des fictions (combien de films sur le "prof génial qui réussit à tirer des enfants de la misère sociale où ils baignent, envers et contre tous" ? Combien de séries médicales sur des médecins dévoués corps et âme et jour et nuit à leurs patients ?).
L'exemple le plus extrême de cette manière de tirer sur la corde, c'est celui des jeunes chercheurs en sciences sociales, qui après avoir financé leur doctorat et y avoir travaillé sans compter leurs heures, se battent encore comme des chiens pour des postes précaires payés largement moins que le SMIC, simplement pour la beauté des sirènes de la recherche.
Pour faire changer les choses, il faudrait assumer ne pas finir son travail à l'heure lorsque le délai imparti est intenable en 35h/semaine, quitte à faire dérailler l'institution (dans l'EN, ne pas remplir les bulletins à l'heure, ou ne pas finir les corrections de bac dans les temps, notamment). En faisant dérailler l'institution, on fait dérailler aussi la société. Ce qui ne risque pas d'arriver demain la veille.
A mon avis, ça ne se passerait pas ainsi. Je crois plutôt qu'ils s'arrangeraient pour réduire le temps de préparation à zéro ou presque (polycopiés tout prêts, films etc) et proposer moins de devoirs. En somme, ils s'adapteraient. La qualité des cours chuterait.
Mais n'est-ce pas justement ce qui est préconisé dans la fameux rapport de l'OCDE datant du début des années 2000 qui a circulé ici même? L'idée que justement, c'est en "baissant" un peu le niveau, de manière insidieuse, que la casse du service public sera la moins visible par les parents. Je résume à grands traits, évidemment. Mais on y est, d'une certaine manière.
- beaverforeverNeoprof expérimenté
Moui, enfin, cette histoire de l'OCDE qui suggérerait de baisser le niveau de service public est un peu montée en épingle. Si j'ai bien compris, il s'agissait d'un article (et non d'un rapport) qui disait qu'en baissant la qualité du service on pouvait rendre plus acceptable la diminution de la dépense publique dans les pays en développement qui avaient besoin "d'améliorer leur gouvernance" (façon pudique de dire "diminuer un niveau de corruption particulièrement élevé"). Dans mon souvenir l'auteur évoquait cette solution sans nécessairement la promouvoir.
La réalité est plus simple : les retraités de droite font l'élection dans ce pays, les enseignants ne sont pas les fonctionnaires dont ils ont besoins, par ailleurs ils ont des représentations bien fausses ("c'est des faignants" ; "heureusement que Blanquer veut les mettre au boulot" ...), donc mettre en œuvre une politique antiprof leur convient très bien. Et par ailleurs, les partis de gauche étant faibles, le magot électoral des enseignants n'est plus si intéressant que cela : les collègues votent Macron ou se dispersent ou ricanent lorsqu'Anne Hidalgo propose de doubler leur salaire.
L'OCDE n'a qu'un impact minime sur la question amha.
La réalité est plus simple : les retraités de droite font l'élection dans ce pays, les enseignants ne sont pas les fonctionnaires dont ils ont besoins, par ailleurs ils ont des représentations bien fausses ("c'est des faignants" ; "heureusement que Blanquer veut les mettre au boulot" ...), donc mettre en œuvre une politique antiprof leur convient très bien. Et par ailleurs, les partis de gauche étant faibles, le magot électoral des enseignants n'est plus si intéressant que cela : les collègues votent Macron ou se dispersent ou ricanent lorsqu'Anne Hidalgo propose de doubler leur salaire.
L'OCDE n'a qu'un impact minime sur la question amha.
- BalthazaardVénérable
Je te trouve convaincant.
- Note d'information juillet 2013 | Temps de travail des enseignants du second degré public : pour une heure de cours, une heure de travail en dehors
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