- Tir_NoviceNiveau 4
Tangleding a écrit:Ah oui, la démocratie, l'égalité, ces machins has-been...
L'aristocratie du métier, rien que ça.
Bon. Bonne reconversion mais je trouve ta vision du métier assez curieuse.
Nous avons un métier d'intellectuel et relativement désintéressé. Nous transmettons des savoirs (parfois) complexes. Nous faisons grandir nos jeunes et les rendons un peu plus libres. Nous ne sommes quand même pas des traders chez BlackRock ou des vendeurs d'armes, mince !
Je te rappelle que la IIIe République donnait les moyens symboliques et matériels pour faire de nous de tels aristocrates. Thomas Piketty dans son Capital au XXIe siècle rappelle que les professeurs appartenaient alors systématiquement au dernier décile de revenus.
Peut-être peux-tu expliquer plus en détail le fond de ta pensée, plutôt que la suggérer ? Ce n'est pas assez clair pour moi. D'ailleurs, je n'ai pas dit que la démocratie et l'égalité étaient périmées. Tu dois aussi admettre que la démocratie actuelle s'accommode très bien d'inégalités fortes et de privilèges.
- VerduretteModérateur
L'enseignement a été longtemps l'apanage des clercs , pour la bonne et simple raison qu'ils étaient les seuls à savoir lire et écrire. Aristocratique, certainement pas, et les hussards noirs (que je respecte infiniment) ont justement été un excellent exemple de l'efficacité d'un ascenseur social qui ne fonctionne plus. L'ambition de faire parler français, lire, écrire, compter, calculer, d'apporter réflexion et culture à toute une génération, filles comprises, était tout de même extraordinairement novatrice.
Je suis également frappée de l'analogie entre les métiers du soins et ceux de l'éducation. Depuis des années, bien avant la pandémie, les soignants ont dénoncé un malaise grandissant, la difficulté croissante de faire bien leur métier, la surenchère de paperasse, la logique comptable. Nous avons exactement le même problème, sauf qu'on y fait bien moins attention parce qu'il n'y a pas mort d'homme à la clef. On va hésiter à mettre à l'hôpital des personnels insuffisamment formés, alors que ça ne dérange absolument personne de le faire dans un établissement scolaire.
Les personnels soignants quittent le navire en ce moment, et on les comprend, d'autant que ce n'est pas faute d'avoir averti.
Je suis également frappée de l'analogie entre les métiers du soins et ceux de l'éducation. Depuis des années, bien avant la pandémie, les soignants ont dénoncé un malaise grandissant, la difficulté croissante de faire bien leur métier, la surenchère de paperasse, la logique comptable. Nous avons exactement le même problème, sauf qu'on y fait bien moins attention parce qu'il n'y a pas mort d'homme à la clef. On va hésiter à mettre à l'hôpital des personnels insuffisamment formés, alors que ça ne dérange absolument personne de le faire dans un établissement scolaire.
Les personnels soignants quittent le navire en ce moment, et on les comprend, d'autant que ce n'est pas faute d'avoir averti.
- NicétasNiveau 9
Parler d'aristocratie est tout de même un contresens historique et social !
_________________
« Quand un discours naturel peint une passion ou un effet, on trouve dans soi-même la vérité de ce qu'on entend, laquelle on ne savait pas qu'elle y fût, en sorte qu'on est porté à aimer celui qui nous le fait sentir ; car il ne nous a pas fait montre de son bien, mais du nôtre ; et ainsi ce bienfait nous le rend aimable, outre que cette communauté d'intelligence que nous avons avec lui incline nécessairement le cœur à l'aimer. »
Pascal, Pensées
- Tir_NoviceNiveau 4
Verdurette a écrit:L'enseignement a été longtemps l'apanage des clercs , pour la bonne et simple raison qu'ils étaient les seuls à savoir lire et écrire. Aristocratique, certainement pas, et les hussards noirs (que je respecte infiniment) ont justement été un excellent exemple de l'efficacité d'un ascenseur social qui ne fonctionne plus. L'ambition de faire parler français, lire, écrire, compter, calculer, d'apporter réflexion et culture à toute une génération, filles comprises, était tout de même extraordinairement novatrice.
Je suis également frappée de l'analogie entre les métiers du soins et ceux de l'éducation. Depuis des années, bien avant la pandémie, les soignants ont dénoncé un malaise grandissant, la difficulté croissante de faire bien leur métier, la surenchère de paperasse, la logique comptable. Nous avons exactement le même problème, sauf qu'on y fait bien moins attention parce qu'il n'y a pas mort d'homme à la clef. On va hésiter à mettre à l'hôpital des personnels insuffisamment formés, alors que ça ne dérange absolument personne de le faire dans un établissement scolaire.
Les personnels soignants quittent le navire en ce moment, et on les comprend, d'autant que ce n'est pas faute d'avoir averti.
Aristocratique n'était pas à entendre au sens strict de noblesse d'Ancien Régime. Et les clercs incarnaient bien une élite sociale (avec son monopole sur la chose spirituelle).
L'aristocratie, c'est le pouvoir aux meilleurs. Les hussards noirs, comme vous le dites très justement, sont des produits de l'Ecole républicaine et connaissent grâce à elle une mobilité sociale fortement ascendante. L'école les consacre et leur fournit une onction sacrée (laïcisée) qui leur donne un pouvoir, un statut, une place de choix et plus fondamentalement une mission, elle aussi sacrée de construction et d'affermissement de la jeune République. D'où le fait que j'emploie le terme aristocrate.
_________________
Dire oui, toujours et à tout le monde, et n’en faire qu’à sa tête. — (Jean Giono, Voyage en Italie)
- TailleventFidèle du forum
Tir_Novice a écrit:Aristocratique n'était pas à entendre au sens strict de noblesse d'Ancien Régime. Et les clercs incarnaient bien une élite sociale (avec son monopole sur la chose spirituelle).
L'aristocratie, c'est le pouvoir aux meilleurs. Les hussards noirs, comme vous le dites très justement, sont des produits de l'Ecole républicaine et connaissent grâce à elle une mobilité sociale fortement ascendante. L'école les consacre et leur fournit une onction sacrée (laïcisée) qui leur donne un pouvoir, un statut, une place de choix et plus fondamentalement une mission, elle aussi sacrée de construction et d'affermissement de la jeune République. D'où le fait que j'emploie le terme aristocrate.
C'est quand même tirer un peu sur la corde sémantique. Certes, c'est le sens étymologique du mot, mais il est quand même délicat d'aller contre un usage qui est attesté depuis les premières utilisations du mot en français.
Il y a même quelque chose de glissant dans le fait que l'aristocratie se justifiait en arguant être meilleure pour gouverner. Je ne suis du coup pas sûr que ça soit la meilleure manière de contrer des critiques qui voient souvent dans les enseignants une caste.
- TangledingGrand Maître
Ma conception est simple : le service public de l'éducation nationale. Qui a une visée égalitaire en théorie.Tir_Novice a écrit:Tangleding a écrit:Ah oui, la démocratie, l'égalité, ces machins has-been...
L'aristocratie du métier, rien que ça.
Bon. Bonne reconversion mais je trouve ta vision du métier assez curieuse.
Nous avons un métier d'intellectuel et relativement désintéressé. Nous transmettons des savoirs (parfois) complexes. Nous faisons grandir nos jeunes et les rendons un peu plus libres. Nous ne sommes quand même pas des traders chez BlackRock ou des vendeurs d'armes, mince !
Je te rappelle que la IIIe République donnait les moyens symboliques et matériels pour faire de nous de tels aristocrates. Thomas Piketty dans son Capital au XXIe siècle rappelle que les professeurs appartenaient alors systématiquement au dernier décile de revenus.
Peut-être peux-tu expliquer plus en détail le fond de ta pensée, plutôt que la suggérer ? Ce n'est pas assez clair pour moi. D'ailleurs, je n'ai pas dit que la démocratie et l'égalité étaient périmées. Tu dois aussi admettre que la démocratie actuelle s'accommode très bien d'inégalités fortes et de privilèges.
Ma prétention à l'excellence se borne au recrutement par concours (pas par naissance) dans le domaine de qualification du métier. Donc une compétence disciplinaire et didactique assez bornée pour un professeur du 2nd degré. Je suis professeur de LM, je suis compétent pour enseigner le français et la littérature en collège et lycée, mais par contre je revendique le degré 0 de compétence pour expliquer au collègue de maths comment il doit faire son métier, ou au collègue de lettres d'à-côté comment il doit exercer notre métier commun avec la classe dont il a la charge.
Et par ailleurs je suis enseignant ET militant parce que je suis loin d'être convaincu que le système scolaire actuel est parfaitement égalitaire.
Mais je ne diffère en rien dans mon essence du collègue d'à côté, même non militant. Et pas non plus des parents d'élèves (dont certains sont professeurs de français tout comme moi par ailleurs).
Bref il n'y a pas d'essence "enseignante" à mon avis. Et globalement je ne suis pas très essentialiste.
_________________
"Never complain, just fight."
- Plutôt que de se battre pour des miettes et des contraintes:
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
- Tir_NoviceNiveau 4
Il faut bien prendre des risques ! L'usage est tel, mais la pensée doit prendre ses distances avec l'usage commun des mots.Taillevent a écrit:
C'est quand même tirer un peu sur la corde sémantique. Certes, c'est le sens étymologique du mot, mais il est quand même délicat d'aller contre un usage qui est attesté depuis les premières utilisations du mot en français.
Absolument. Meilleure naturellement, meilleure par ses batailles, par ses titres, par sa compétence. Les registres de légitimation ne manquent pas. Je crois surtout que ce terme heurte notre sensibilité républicaine, nous sommes restés des sans-culottes !Taillevent a écrit:
Il y a même quelque chose de glissant dans le fait que l'aristocratie se justifiait en arguant être meilleure pour gouverner.
Absolument d'accord.Taillevent a écrit:
Je ne suis du coup pas sûr que ça soit la meilleure manière de contrer des critiques qui voient souvent dans les enseignants une caste.
@Tangleding
Comme les collègues ici, vous avez une philosophie pragmatique, rationaliste, républicaine de l'enseignement. J'ai plutôt une approche spiritualiste et passéiste (moine-professeur), ce qui explique mon propos un peu excessif.
Mais j'ai assez parlé sur ce fil, je laisse désormais la place aux autres intervenants.
_________________
Dire oui, toujours et à tout le monde, et n’en faire qu’à sa tête. — (Jean Giono, Voyage en Italie)
- BalthamosDoyen
Tangleding a écrit:Oui. D'ailleurs nos syndicats parlent d'une crise du recrutement, pas des vocations. Crise de l'attractivité du métier.
Et les "solutions" envisagées par le gouvernement ne sont pas spécialement adaptées (litote). C'est plutôt l'exacte continuité de tout ce qui dégrade les conditions d'exercice du métier depuis des années.
Exactement.
Et à nous d'utiliser aussi ces termes : recrutement, attractivité du métier et non vocation.
J'aime par provocation dire que je n'ai pas la vocation, je fais seulement le métier que j'aime.
Vocation, permet aussi et surtout nous faire accepter l'inacceptable (dernièrement dans mon établissement des sorties "bénévoles" car pas de HSE, et des salles avec fuites au plafond....
- AscagneGrand sage
J'ajoute pour être complet que je considère moi aussi le projet éducatif républicain (ou encore la sécurité sociale à la française) comme des projets modernes (et même révolutionnaires même à l'époque de leur formation), ambitieux et glorieux (je sais, une expression comme "à la gloire de la République française", c'est suranné, mais en fait c'est valable quand on considère les meilleurs aspects du régime et de ses réalisations), d'où le choix d'avoir mis en italique d'un des termes dans mon message précédent. Mais précisément, pour qu'on arrive à actualiser ces nobles projets, il faut déjà que les fonctions qui sont chargées de cette noble tâche fonctionnent bien en tant que métiers "comme les autres", et qu'on ne se tue pas à la tâche, qu'on soit enseignant, personnel de direction, ou autre acteur du monde éducatif. Ou, si l'on reconnaît que le système tient d'abord parce que certains en font plus voire trop, par passion ou vocation notamment, il ne faut pas s'en accommoder complaisamment.
- TailleventFidèle du forum
C'est une idée que je peux comprendre mais le "risque" avec les termes connotés, c'est de n'être pas compris ainsi qu'on le souhaiterait.Tir_Novice a écrit:Il faut bien prendre des risques ! L'usage est tel, mais la pensée doit prendre ses distances avec l'usage commun des mots.Taillevent a écrit:
C'est quand même tirer un peu sur la corde sémantique. Certes, c'est le sens étymologique du mot, mais il est quand même délicat d'aller contre un usage qui est attesté depuis les premières utilisations du mot en français.
Sauf que la majorité de ces registres de légitimation sont foireux. La noblesse était meilleure parce qu'elle se décrétait telle. Je ne peux que me répéter sur le risque de dérapage avec de termes pareils.Tir_Novice a écrit:Absolument. Meilleure naturellement, meilleure par ses batailles, par ses titres, par sa compétence. Les registres de légitimation ne manquent pas. Je crois surtout que ce terme heurte notre sensibilité républicaine, nous sommes restés des sans-culottes !Taillevent a écrit:
Il y a même quelque chose de glissant dans le fait que l'aristocratie se justifiait en arguant être meilleure pour gouverner.
Quant à ma "sensibilité républicaine", je vais simplement laisser glisser. Le Suisse médiéviste que je suis se sent moyennement concerné.
- CzarNiveau 9
Ce fil me rappelle la réunion de rentrée avec les lauréats et IPR présents avec un très bon oral sur le thème "que vous avez de la chance d'être professeurs, tout le monde se souvient de ses professeurs préférés alors que personne ne se souvient des inspecteurs. Nous inspecteurs sommes destinés à tomber dans l'oubli contrairement à vous ".
Pour les plus inquiets d'entre vous, je vous rassure: L'inspecteur n'est pas indiqué vouloir une charge d'enseignement en conclusion de son discours. Il nous laisse avec ce privilège, cette chance d'avoir le plus beau métier du monde.
Pour les plus inquiets d'entre vous, je vous rassure: L'inspecteur n'est pas indiqué vouloir une charge d'enseignement en conclusion de son discours. Il nous laisse avec ce privilège, cette chance d'avoir le plus beau métier du monde.
- zigmag17Guide spirituel
Et je salaire qui va avec alors que le sien est misérable, of course!
Le champion de l'abnégation cet homme!!!
Le champion de l'abnégation cet homme!!!
- ProflambdadaHabitué du forum
Intéressant comme sujet.
Le problème, c'est qu'aujourd'hui, quand parle de vocation, c'est souvent pour dire "ah oui, il faut avoir la vocation pour faire ce travail" !". Sous-entendu, il faut aimer ce travail de tout son cœur, aimer les enfants etc pour le supporter. Sous-entendu encore donc, il est sous-payé (par rapport aux études effectuées) et difficile (les enfant n'étant plus aussi obéissants qu'avant). On ne dirait pas d'un chirurgien "oh il faut la vocation pour faire ce métier", on dirait plutôt "c'est beaucoup d'études et ça doit être dur, mais c'est une belle situation !". Et, effectivement, à force d'associer le métier d'enseignant (ou tout autre métier qui est là pour aider l'autre, métier dans l'humain sans recherche de profits) à la notion de vocation, on légitime le salaire minimal qui va avec. C'est dommage. Comme dit plus haut, faut-il la vocation pour être comptable ? Non. C'est le prix à payer semble-t-il pour tout métier où l'on se sent utile humainement et où il n'y a pas d'enjeux commerciaux. Bientôt on entendra : "vous voulez faire un métier lié à l'humain ? Vous sentir utile ? Aider l'autre ? Venez rejoindre l'association humanitaire Education Nationale !". On confond le : "c'est gratuit pour l'enfant/élève" avec le : "ça doit être peu payé pour le prof". Il ne manquerait plus que notre métier ait une dimension humaine et qu'en plus le salaire soit élévé, faut pas déco..ner non plus ! Surtout avec 16 semaine de vacances par an !
Le problème, c'est qu'aujourd'hui, quand parle de vocation, c'est souvent pour dire "ah oui, il faut avoir la vocation pour faire ce travail" !". Sous-entendu, il faut aimer ce travail de tout son cœur, aimer les enfants etc pour le supporter. Sous-entendu encore donc, il est sous-payé (par rapport aux études effectuées) et difficile (les enfant n'étant plus aussi obéissants qu'avant). On ne dirait pas d'un chirurgien "oh il faut la vocation pour faire ce métier", on dirait plutôt "c'est beaucoup d'études et ça doit être dur, mais c'est une belle situation !". Et, effectivement, à force d'associer le métier d'enseignant (ou tout autre métier qui est là pour aider l'autre, métier dans l'humain sans recherche de profits) à la notion de vocation, on légitime le salaire minimal qui va avec. C'est dommage. Comme dit plus haut, faut-il la vocation pour être comptable ? Non. C'est le prix à payer semble-t-il pour tout métier où l'on se sent utile humainement et où il n'y a pas d'enjeux commerciaux. Bientôt on entendra : "vous voulez faire un métier lié à l'humain ? Vous sentir utile ? Aider l'autre ? Venez rejoindre l'association humanitaire Education Nationale !". On confond le : "c'est gratuit pour l'enfant/élève" avec le : "ça doit être peu payé pour le prof". Il ne manquerait plus que notre métier ait une dimension humaine et qu'en plus le salaire soit élévé, faut pas déco..ner non plus ! Surtout avec 16 semaine de vacances par an !
- agirouNiveau 6
Que le système éducatif tienne, que ce soit par choix ou par non choix si je peux m’exprimer ainsi, c’est grâce à sa base en l’occurrence les enseignants. Les deux dernières années ont démontré que l’école peut compter sur ses derniers sans les augmenter pécuniairement et sans les traiter avec plus de considération. On venait me voir quelques années auparavant pour me gausser du fait que j’ai choisi ce métier par passion et que je continue de le pratiquer pour cette raison, et elle n’est pas loin du sens spirituel qu’embrasse le vocable de vocation qui nous pré-occupe ici. On vient maintenant, « on » peut être aussi des membres proches de la famille, me titiller sur le fait que le métier d’enseignant n’attire plus. Est-ce à cause de la vocation qui fait défaut ? Vous me diriez que ce sont des éléments de langage. Mais cela dénote et connote aussi pour moi qu’une partie de la population, y compris son intelligentsia fraîche émoulue de l’école publique, adhère au principe que les enseignants sont utiles mais loin de la nation toute idée de les accompagner le long de leur carrière pour attiser cette flamme tant par des émoluments dignes que par le simple désir de beaucoup parmi nous de nous ficher la paix en nous laissant faire ce que nous aimons faire.
- ProflambdadaHabitué du forum
De plus, quand (jadis), le prof était reconnu car il était le détenteur du savoir, ça ne gênait personne qu'il soit plutôt bien payé (1,8 fois le smic en début de carrière, c'était pas mal, moins ridicule que 1,2 en tous les cas). On ne mettait pas en avant la "vocation" dudit professeur mais ses capacités intellectuelles et dans une moindre mesure sa capacité à faire passer les connaissances. La vocation était réservée à Mère Térésa ou L'abbé Pierre (c'est-à-dire des personnes aidant les autres mais gratuitement). Aujourd'hui, si vous écoutez tout ce qui peut se dire sur un prof (en bien ou en mal d'ailleurs), jamais, oh bien jamais, on n'entend parler des connaissances d'un prof (que le commun des mortels n'aurait pas), cet aspect a disparu. On n'a plus de valeur ajoutée. On fait de la garderie et au mieux on doit éduquer les enfants qui ne le sont pas, avec un salaire bien bas, et pour cela beaucoup pensent qu'il faut effectivement avoir la vocation. Tout ce qu'on peut enseigner est sur internet et/ou en vidéo, et malheureusement le niveau des élèves a tant baissé que c'est forcément imputé aux profs...
- ProflambdadaHabitué du forum
En fait, je me dis que la Vocation c'est >>> quand on a de "l'amour" à donner à son prochain et ceci quasi gratuitement, sans aucune attente autre que le bonheur que cela procure.
Alors qu'un (vrai) métier c'est apporter autre chose sur cela, un réel service et on est payé en conséquence. Et comme nous ne sommes plus les détenteurs d'un savoir réservé à l'élite (on n'est plus cela pour pour beaucoup), on tombe dans la vocation et c'est bien normal qu'on soit mal payé. On a que de l'amour à donner ! ;-))
Alors qu'un (vrai) métier c'est apporter autre chose sur cela, un réel service et on est payé en conséquence. Et comme nous ne sommes plus les détenteurs d'un savoir réservé à l'élite (on n'est plus cela pour pour beaucoup), on tombe dans la vocation et c'est bien normal qu'on soit mal payé. On a que de l'amour à donner ! ;-))
- SemiPhoreNiveau 4
Même le fait d'avoir la "vocation" ne veut pas dire qu'on doit être mal payés et/ou mal considérés.
Perso, et je l'avoue sans honte, j'ai choisi de devenir prof doc à un moment de ma vie où, après une prépa finie sur les rotules, j'avais besoin d'un projet professionnel et surtout de quelque chose qui ne nécessite plus de jeter sa vie aux orties et de passer 100% du temps à bosser. L'image que j'avais du métier était fausse (haha, passer la journée à lire, le pied!), et ce n'était clairement pas une vocation. C'est après, en découvrant vraiment le métier (et l'investissement qu'il demande) qu'une forme de "vocation" est arrivée : je suis fière de faire mon job, j'essaie de la faire bien et je considère qu'il est utile.
Par contre, mes premières préoccupations persistent : vocation ou non, si ce travail m’empêche de vivre correctement, je l'abandonnerais à regret mais sans hésitation. Et c'est énervant de voir que cette positon nous fait passer pour des gens vénaux. Pas mal de monde attendent qu'on ait le sens du sacrifice, mais ça n'a aucun sens concernant un métier, qui est avant tout un moyen de subsistance. Tant mieux si, en gagnant de quoi vivre, on est utile. Mais c'est presque annexe.
Perso, et je l'avoue sans honte, j'ai choisi de devenir prof doc à un moment de ma vie où, après une prépa finie sur les rotules, j'avais besoin d'un projet professionnel et surtout de quelque chose qui ne nécessite plus de jeter sa vie aux orties et de passer 100% du temps à bosser. L'image que j'avais du métier était fausse (haha, passer la journée à lire, le pied!), et ce n'était clairement pas une vocation. C'est après, en découvrant vraiment le métier (et l'investissement qu'il demande) qu'une forme de "vocation" est arrivée : je suis fière de faire mon job, j'essaie de la faire bien et je considère qu'il est utile.
Par contre, mes premières préoccupations persistent : vocation ou non, si ce travail m’empêche de vivre correctement, je l'abandonnerais à regret mais sans hésitation. Et c'est énervant de voir que cette positon nous fait passer pour des gens vénaux. Pas mal de monde attendent qu'on ait le sens du sacrifice, mais ça n'a aucun sens concernant un métier, qui est avant tout un moyen de subsistance. Tant mieux si, en gagnant de quoi vivre, on est utile. Mais c'est presque annexe.
- TangledingGrand Maître
C'est un métier intéressant et il devrait le rester mais le terme de vocation n'est pas d'ordre professionnel donc je pense qu'il est inadapté et nocif.
Il y a déjà trop de raccourcis sur notre métier, je pense qu'on doit faire attention à ne pas favoriser leur perpétuation par nos propres discours.
Il y a déjà trop de raccourcis sur notre métier, je pense qu'on doit faire attention à ne pas favoriser leur perpétuation par nos propres discours.
_________________
"Never complain, just fight."
- Plutôt que de se battre pour des miettes et des contraintes:
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
- Ajonc35Sage
Il y a quelques années, à la rentrée scolaire, une journaliste de la radio régionale s'entretenait avec un inspecteur de mathématiques. Il vantait le métier d'enseignant dans toutes ses dimensions et là, la journaliste lui demande pourquoi il n'est pas resté professeur de mathématiques, puisque le métier était si formidable. Grand blanc et bafouillements. ( Ce" blanc" et ce bafouillement m'ont tellement marqué que je ne me souviens pas de la réponse, sans doute peu argumentée) . Ça m'a fait rire ( jaune).Czar a écrit:Ce fil me rappelle la réunion de rentrée avec les lauréats et IPR présents avec un très bon oral sur le thème "que vous avez de la chance d'être professeurs, tout le monde se souvient de ses professeurs préférés alors que personne ne se souvient des inspecteurs. Nous inspecteurs sommes destinés à tomber dans l'oubli contrairement à vous ".
Pour les plus inquiets d'entre vous, je vous rassure: L'inspecteur n'est pas indiqué vouloir une charge d'enseignement en conclusion de son discours. Il nous laisse avec ce privilège, cette chance d'avoir le plus beau métier du monde.
On pourrait aussi rajouter les AESH, qui ont encore plus la vocation, vus leurs salaires mirobolants, leurs conditions de travail que tout le monde leur envie, l'incertitude d'une année sur l'autre, etc...
- epekeina.tes.ousiasModérateur
Je ne sais pas ce que veut dire “vocation”, du moins de nos jours (il y a un siècle, c'est autre chose, qui concerne à mon avis l'histoire des idées).
En revanche, si j'en crois l'expérience que j'ai auprès des PE stagiaires et de ceux qui préparent le CRPE, je remarque deux choses: d'une part, l'existence d'une conscience professionnelle et d'un sérieux qui ne souffrent de façon très générale aucune critique, d'autre part, le fait, tout aussi impossible à écarter, qu'ils — majoritairement: — elles sont très critiques sur les “conditions”, et de salaire et de travail, qui sont imposées (ce en quoi je les approuve largement). Cela se traduit spécialement par une augmentation des renoncements à passer le concours et des démissions très précoces, que je vois augmenter depuis une dizaine d'années environ. Pour ce que j'en sais: il n'existe aucune “crise du sérieux ou de la conscience professionnelle des enseignants”.
Le second point devrait conduire à ne surtout pas employer l'expression “crise de vocation”, mais celle de “crise du recrutement”: pour ce que j'en sais, il n'existe aucune “crise des vocation”, mais il existe une crise du recrutement: c'est l'État qui s'avère incapable de recruter les enseignants dont l'EN aurait besoin (en supposant que les gouvernements qui se succèdent aient réellement la volonté de le faire!), et non les enseignants eux-mêmes qui “feraient défaut”. Parler de “crise de vocation”, cela revient à mes yeux à accuser les étudiants et les jeunes profs: c'est à mon avis un discours purement idéologique qui donne dans la démagogie pour évacuer la responsabilité politique et institutionnelle de ceux qui gouvernent. Ça flatte un certain électorat mais c'est particulièrement nuisible. C'est de plus parfaitement hypocrite, car ça revient à dire des enseignants, donc aux enseignants: si vous ne vous engagez pas dans l'EN, si vous hésitez voire refusez de venir travailler pour des clopinettes, c'est que vous manquez de dévouement, de sens du sacrifice, c'est que vous êtes égoïstes. C'est du moralisme à deux sous qui sert de cache misère à un discours et une action politique très déficients.
En revanche, si j'en crois l'expérience que j'ai auprès des PE stagiaires et de ceux qui préparent le CRPE, je remarque deux choses: d'une part, l'existence d'une conscience professionnelle et d'un sérieux qui ne souffrent de façon très générale aucune critique, d'autre part, le fait, tout aussi impossible à écarter, qu'ils — majoritairement: — elles sont très critiques sur les “conditions”, et de salaire et de travail, qui sont imposées (ce en quoi je les approuve largement). Cela se traduit spécialement par une augmentation des renoncements à passer le concours et des démissions très précoces, que je vois augmenter depuis une dizaine d'années environ. Pour ce que j'en sais: il n'existe aucune “crise du sérieux ou de la conscience professionnelle des enseignants”.
Le second point devrait conduire à ne surtout pas employer l'expression “crise de vocation”, mais celle de “crise du recrutement”: pour ce que j'en sais, il n'existe aucune “crise des vocation”, mais il existe une crise du recrutement: c'est l'État qui s'avère incapable de recruter les enseignants dont l'EN aurait besoin (en supposant que les gouvernements qui se succèdent aient réellement la volonté de le faire!), et non les enseignants eux-mêmes qui “feraient défaut”. Parler de “crise de vocation”, cela revient à mes yeux à accuser les étudiants et les jeunes profs: c'est à mon avis un discours purement idéologique qui donne dans la démagogie pour évacuer la responsabilité politique et institutionnelle de ceux qui gouvernent. Ça flatte un certain électorat mais c'est particulièrement nuisible. C'est de plus parfaitement hypocrite, car ça revient à dire des enseignants, donc aux enseignants: si vous ne vous engagez pas dans l'EN, si vous hésitez voire refusez de venir travailler pour des clopinettes, c'est que vous manquez de dévouement, de sens du sacrifice, c'est que vous êtes égoïstes. C'est du moralisme à deux sous qui sert de cache misère à un discours et une action politique très déficients.
_________________
Si tu vales valeo.
- TangledingGrand Maître
@ e.t.o. merci c'est complet et éclairant. J'ajouterais que cela touche tous les métiers de l'E.N. : AESH, AED, assistant-es social-es, infirmier-es et médecins scolaires, secrétaire-s...
_________________
"Never complain, just fight."
- Plutôt que de se battre pour des miettes et des contraintes:
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
- VoltaireNiveau 10
J'ai toujours voulu enseigner, parce que j'ai toujours aimé expliquer, aider. En plus à mon époque les études étaient financées (sinon ce n'était pas dans mes moyens ni ceux de ma famille). Est ce une vocation ? Ai je exercé un sacerdoce ? Toujours est il qu'en fin de carrière, je n'enseignais quasiment plus (animateur, garderie, garde-chiourme, assistante sociale, relations publiques, paperasseries diverses ...), mes relations avec les parents et avec une partie des élèves étaient très dégradées, mes revenus avaient subi une coupe sombre, et finalement je suis partie totalement dégoûtée du métier (et presque des maths). Pourtant j'aime toujours enseigner, et je continue à le faire dans des activités bénévoles.
La "vocation" j'ai toujours vu ça comme un prétexte pour nous faire avaler des conditions de travail de plus en plus mauvaises, une rémunération en dégradation constante, sans parler des agressions fréquentes de la part de la société en général et du ministère en particulier.
On parle toujours "du" métier d'enseignant, mais celui d'il y a 60 ans, 40 ans, ou même 20 ans, n'avait rien à voir avec celui d'aujourd'hui.
La "vocation" j'ai toujours vu ça comme un prétexte pour nous faire avaler des conditions de travail de plus en plus mauvaises, une rémunération en dégradation constante, sans parler des agressions fréquentes de la part de la société en général et du ministère en particulier.
On parle toujours "du" métier d'enseignant, mais celui d'il y a 60 ans, 40 ans, ou même 20 ans, n'avait rien à voir avec celui d'aujourd'hui.
- BaldredSage
Même pas sûr... en tout cas pas partout si j'en crois la chanson autobiographique de François Béranger Tranches de vie sortie en 1970 mais qui parle de la fin des années 50, l'ambiance scolaire était... comment pourrait-on dire ?Voltaire a écrit:
On parle toujours "du" métier d'enseignant, mais celui d'il y a 60 ans, 40 ans, ou même 20 ans, n'avait rien à voir avec celui d'aujourd'hui.
Pour parfaire mon éducation
Y a la communale en béton
Là on fait d'la pédagogie
Devant soixante mômes en furie
En plus d'l'alphabet du calcul
J'ai pris beaucoup coup pieds au cul
Et sans qu'on me l'ait demandé
J'appris l'arabe et le portugais
A quinze ans finie la belle vie
T'es plus un môme t'es plus un p'tit
J'me r'trouve les deux mains dans l'pétrole
A frotter des pièces de bagnoles
Neuf dix heures dans un atelier
Ça vous épanoui la jeunesse
Ça vous arrange même la santé
Pour le monde on a d'la tendresse
Tranche de vie (1970)
François Béranger
- TangledingGrand Maître
Le métier n'a pas changé, ce sont les conditions d'exercice qui se dégradent. Mais le métier est fondamentalement le même : transmettre des connaissances disciplinaires à des élèves.
_________________
"Never complain, just fight."
- Plutôt que de se battre pour des miettes et des contraintes:
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
- ForsterÉrudit
Les conditions d'exercice et de formation également! J'ai eu plusieurs stagiaires brillants, parfaitement à l'aise devant une classe, complètement dégoutés par leurs jours de formation à l'INSPE.
- pseudo-intelloSage
Les gens confondent souvent "avoir la vocation" et "trouver son métier intéressant et/ou agréable et/ou utile" ou "aimer enseigner".
Entre le "métier de rêve" et l'horreur des entrepôts Amazon, il me semble qu'il y a tout un panel de nuances.
Entre le "métier de rêve" et l'horreur des entrepôts Amazon, il me semble qu'il y a tout un panel de nuances.
_________________
- Publicité:
Mots croisés d'apprentissage - lecture et orthographe
Mamusique sur Bandcamp
Ecoutez mes chansons sur Soundcloud
- Second souffle et ancienneté.
- Crise de la vocation, manque de profs à la rentrée ...
- Article sur Ragemag : y a-t-il une crise de vocation chez les enseignants?
- Les écoles anglaises devraient toutes, à terme, être privatisées.
- Toutes les réserves du Louvre devraient être à terme entreposées dans le Nord-Pas-de-Calais.
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum