Votre degré de maîtrise des connaissances

Je fais aussi souvent des recherches pendant que je corrige car parfois les élèves ont fait des recherches personnelles, ou alors au bac, quand on n'a pas fait la même chose que le prof de l'élève qu'on corrige. Quand il s'agit d'anecdotes, tout peut être vrai ou faux, à vrai dire!
J'aime bien aussi leur dire : j'ai vu sur tel site, à la télé, j'ai entendu à la radio telle ou telle chose que j'ignorais etc. Ca leur montre que c'est aussi à leur portée d'apprendre des choses seuls.
Dans le programme de spé, autant dire qu'il y a plein de trucs qu'on ignore, et je leur dis. Je leur dis que je ne comprends pas ce que demandent les jalons sur Clausewitz précisément, mais que je fais ce qui me semble être bon. L'an dernier j'ai découvert en préparant mon cours l'existence des stolpersteine (pierres de mémoire des génocides) et je leur ai dit que je ne connaissais pas, que je l'avais découvert en préparant. Je leur dis aussi quand j'ai particulièrement pris plaisir à préparer un thème ou un autre, par exemple la révolution néolithique, etc.
Bref, on est aussi dans l'échange
Là je vais en stage aux mémoriaux (als?) de la Shoah et de Drancy, sur le thème littérature et arts et j'espère apprendre plein de trucs, ce que j'ai dit aux élèves.

Je suis géographe à la base, même si choisir entre 2 disciplines a été difficile. Au fil de ma carrière, j'ai lu plus de livres d'histoire que de géographie.
Ma formation à l'université n'a plus rien à voir avec ce que j'ai enseigne ces dernières années. Ce que j'ai appris, comme la géomorphologie, la géographie climatique ... ont été confiées aux sciences donc qu'est ce qui est resté, pas grand chose de pas grand chose pour laquelle je me suis documentée via magazines, journaux et plus rarement livres car généralement trop pointus pour mes élèves donc peu d'outils pour illustrer.
La géographie est devenue indigente ou des sujets bien trop vastes pour un faible volume horaire, j'ai beaucoup survolé.
Quant à l'EMC confiée aux enseignants de hg, j'en ai fait 2 heures pendant un semestre et portait sur la constutuion de la 5ème république, le reste est dans les programmes d'histoire enfin je devrais dire était. C'est donc plus un regard historique qui m'a permis de l'envisager et là aussi de moins en moins, car les programmes vous contraignent à piocher partout, exemple le " vivre ensemble". Donc il faut surtout avoir un regard sur l'actualité.
Je suis au MAAF et où les formations disciplinaires sont plutôt indigentes et on n'a pas accès à celles de l'EN comme beaucoup d'autres choses.
Donc oui, j'ai appris tout au long de ma carrière et cela m'a enrichi mais pas assez.

Et heureusement qu'on n'est pas obligé d'être omniscient... Quand je corrige des copies de concours, les sujets sont parfois complètement hors de mon domaine de compétence (genre il y a deux ans le sujet sur la Chine avant 1949...), ben, on a les éléments de corrigé pour s'appuyer, on fait quelques lectures avant de s'y coller, et ensuite, de toute façon, on ne corrige pas des thèses mais on évalue la capacité à argumenter et à présenter des exemples précis dans un langage clair. Si pour les jurys ils ne recrutaient que des spécialistes ultra pointus, ils ne trouveraient personne ! Et d'ailleurs quand j'ai été recrutée, c'était clairement affiché : le but n'est pas d'être une pointure mais un correcteur.

Zazk a écrit:J'ai cru vraisemblable la version selon laquelle les pommes d'or seraient des oranges. Cet élève me fit remarquer que les oranges venaient d'Amérique, ce que j'ignorais. Après quelques recherches, j'ai eu la confirmation de ce qu'avait dit l'élève et je l'ai dit devant la classe. Et tous ont applaudi leur camarade !

Bonjour.
Les oranges ne viennent pas d'Amérique: je traite parfois ce genre de sujet (les fruit et légumes originaires d'Amérique) dans ma matière, l'espagnol. Et en italien, "pomodoro" ce sont les tomates, qui elles viennent bien d'Amérique!

Et pour revenir au sujet, en tant que prof de langue, ça nous arrive quand même de temps en temps de ne pas savoir immédiatement répondre à un élève quand il nous demande comment on dit tel ou tel mot ou expression dans la langue. En ce qui me concerne, je m'en sors par une périphrase ou une traduction approximative (que je ne fais évidemment pas noter aux élèves!) pour que l'élève puisse exprimer son idée. Personnellement, ça ne me gêne pas de dire que je ne suis pas sûre et que je vérifierai, ou qu'il doit y avoir une expression plus adaptée. Au lycée, les élèves le comprennent tout à fait.

Cit6.

Cataphracte a écrit:Bonsoir, chers collègues.

Certifié, j’enseigne au lycée depuis trois ans. J’ai récemment pris conscience de ma crainte d’être pris en défaut d’approximation, en matière de connaissances. Cette peur relève d’un complexe quasi-obsidional.
Cela ne m’est jamais encore arrivé (je n’ai jamais été « collé » par un élève) mais j’appréhende le moment où cela pourrait advenir. J’ai pourtant un niveau d’études, a priori, satisfaisant (Science Po, master d’histoire mention TB et tout le tintouin).

Une de mes collègues les plus proches, pourtant agrégée, me confiait, avant les vacances, être une « bille » (sic), en matière d’histoire politique du XIXe siècle (ce qui laisse augurer de ses difficultés à enseigner le programme de 1ère). Chose amusante : c’est un autre collègue, contractuel celui-là, qui l’aide à se remettre à niveau.

Ta collègue est consciencieuse et cherche à se perfectionner. Ton autre collègue et elle travaillent ensemble, c'est plutôt sympathique.
Préciser que vous êtes respectivement certifié, agrégée et contractuel ne dit finalement pas grand chose sur vos parcours. Le collègue contractuel peut avoir fait une thèse sur Gambetta, pour ce qu'on en sait, et la collègue agrégée peut s'être spécialisée par exemple en histoire médiévale avant de passer les concours... Rien ne t'empêche en ce qui te concerne de faire des lectures sur les sujets que tu maîtrises moins.

Quant à se faire coller par les élèves, la perspective est-elle si effrayante ? C'est plutôt stimulant, non ?

Clecle78 a écrit:

Elaïna a écrit:Clecle, de l'antique en hypo, oui un tout petit peu d'antiquité tardive. Mais vraiment très très peu...

On y passait plus de la moitié de l'année à l'époque. Ça a dû évoluer entre-temps

ah oui en effet. J'ai connu les dernières années du vénérable JCG de 2002 à 2004 et pour te donner une idée, j'ai deux gros classeurs (ceux avec deux anneaux et le machin pour bloquer les feuilles) de notes de médiévale sur deux ans, et l'équivalent d'une cinquantaine de feuilles de notes pour l'antique. Au concours le pire qui pouvait nous arriver était, à l'oral seulement, un sujet sur l'état de la christianisation au Ve siècle ou truc du genre. On faisait encore vaguement un peu la tétrarchie et ce genre de choses mais vraiment rapide.

J'ai le souvenir d'un collègue de lettres qui disait toujours à ses élèves qu'il était une encyclopédie à laquelle il manquait beaucoup de pages.
Un autre, inspecté, n'a pu répondre à une question et a donc dit à l'élève qu'il prenait note et apporterait la solution au prochain cours. L'inspecteur lui a dit qu'il avait eu la bonne réaction. C'était il y a longtemps, mais cela reste d'actualité et j'ai toujours procédé ainsi.

Ajonc35 a écrit:Un autre, inspecté,  n'a pu répondre à une question et a donc dit à l'élève qu'il prenait note et apporterait la solution au prochain cours.  L'inspecteur lui a dit qu'il avait eu la bonne réaction.

J'aurais demandé la réponse à l'inspecteur. :|

Ajonc35 a écrit:J'ai le souvenir d'un collègue de lettres qui disait toujours à ses élèves qu'il était une encyclopédie à laquelle il manquait beaucoup de pages.
Un autre, inspecté,  n'a pu répondre à une question et a donc dit à l'élève qu'il prenait note et apporterait la solution au prochain cours.  L'inspecteur lui a dit qu'il avait eu la bonne réaction. C'était il y a longtemps, mais cela reste d'actualité et j'ai toujours procédé ainsi.

Ça devait être avant mai 68 non ? De nos jours, je suppose qu'il aurait fallu remettre à sa place cet élève qui prétendait que l'enseignant apporte des connaissances verticalement en se dessaisissant de sa centralité dans le système scolaire et de sa place de constructeur de ses propres compétences.

Ok se sors.

Comme mentionné ci-dessus, enseigner c'est échanger. Cet échange est instauré et va de pair avec l'honnêteté et la confiance réciproques et cela assainit aussi les rapports entre nous et notre capital. J'avoue apprendre beaucoup de choses en lisant mes élèves surtout au collège et je le leur rappelle. Ils sont, pas tous, spécialistes à l'aune de leurs curiosités et de leurs lectures respectives. Honnêteté et confiance permettent d'ailleurs de mettre en place un climat d'apprentissage assez propice parce que les élèves se rendent bien compte qu'il ont un humain face à eux certes avec quelques années d'expériences mais qui sait se mettre à jour et surtout en question pour progresser. Se former en permanence ne doit être considéré le signe d'une quelconque incompétence.