- colombaneFidèle du forum
Bonjour,
J'ai retrouvé le cahier de poésies de ma grand-mère, année scolaire 1917-1918, à l'école publique de LA CHARITÉ SUR LOIRE (Nièvre) Elle a eu son certificat d'études en juin 1918, mention bien ; elle a eu 12 ans le 23 juin 1918.
J'aurai pu poster dans j'hallucine, tous les titres concernent la grande guerre et me semblent bien complexes pour des petites filles de 11 ans.
Morts pour la patrie - Victor Hugo
Le pays natal - J. Aicard
L'or de la France - J. Normand
Ils sont là - P. Déroulède
Le départ pour l'école - J. Normand
Le retour dans la Patrie - A. de Musset
La nuit du quatre - V. Hugo
L'outil - C. Hugues
A la Belgique - P. Déroulède
Prière à la France - J. de Gramont
Au soldat inconnu - A. Cambory
Le soldat - P. Déroulède
En cette veille du 11 novembre, cela nous replonge dans l'horreur de cette époque, où les enfants à l'école vivaient aussi en pleine guerre. Si après ça, les enfants ne devenaient pas patriotes.... Cela ne l'a pas empêchée d'épouse un alsacien --ex-allemand une dizaine d'années plus tard !
J'ai également des cahiers de mon père, cette fois-ci pendant la seconde guerre mondiale.... la guerre y est également très présente.
J'ai retrouvé le cahier de poésies de ma grand-mère, année scolaire 1917-1918, à l'école publique de LA CHARITÉ SUR LOIRE (Nièvre) Elle a eu son certificat d'études en juin 1918, mention bien ; elle a eu 12 ans le 23 juin 1918.
J'aurai pu poster dans j'hallucine, tous les titres concernent la grande guerre et me semblent bien complexes pour des petites filles de 11 ans.
Morts pour la patrie - Victor Hugo
Le pays natal - J. Aicard
L'or de la France - J. Normand
Ils sont là - P. Déroulède
Le départ pour l'école - J. Normand
Le retour dans la Patrie - A. de Musset
La nuit du quatre - V. Hugo
L'outil - C. Hugues
A la Belgique - P. Déroulède
Prière à la France - J. de Gramont
Au soldat inconnu - A. Cambory
Le soldat - P. Déroulède
En cette veille du 11 novembre, cela nous replonge dans l'horreur de cette époque, où les enfants à l'école vivaient aussi en pleine guerre. Si après ça, les enfants ne devenaient pas patriotes.... Cela ne l'a pas empêchée d'épouse un alsacien --ex-allemand une dizaine d'années plus tard !
J'ai également des cahiers de mon père, cette fois-ci pendant la seconde guerre mondiale.... la guerre y est également très présente.
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N'allez pas là où le chemin peut mener. Allez là où il n'y a pas de chemin et laissez une trace (R. W. Emerson)
- Lord StevenExpert
Je trouve votre post très intéressant. Je n'ai été qu'à demi surpris de voir Paul Déroulède figurer 3 fois dans la liste. Mais qui se souvient de lui encore aujourd'hui? Même si sur un plan politique, le personnage est très controversé, autres temps autres moeurs, c'est assez saisissant.
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If you play with a cat, you should mind his scratch
- colombaneFidèle du forum
C'est mieux quand on voit les textes... et la belle écriture. Le fichier ne passe pas sur le forum, je l'ai mis sur dropbox :
https://www.dropbox.com/s/ernlnh7vwu8z4u4/Cahier%20de%20po%C3%A9sies%20Marguerite%20Bourriquet%201917-1918.pdf?dl=0
https://www.dropbox.com/s/ernlnh7vwu8z4u4/Cahier%20de%20po%C3%A9sies%20Marguerite%20Bourriquet%201917-1918.pdf?dl=0
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- Nina68Niveau 9
"Cela ne l'a pas empêchée d'épouse un alsacien --ex-allemand une dizaine d'années plus tard !"
La façon dont c'est formulé me chiffonne un peu. Je suis alsacienne, et mes grands-parents sont eux aussi nés ici pendant la période d'annexion à l'Empire. Cependant, comme nombre d'alsaciens, ils ne se considéraient pas comme "allemands", même si, sur le papier, ils l'étaient de fait. L'identité alsacienne a toujours été forte, et l'adhésion à "l'occupant", très variable...
Désolée pour le hors-sujet ! Et merci pour le corpus que tu cites, il est très intéressant.
La façon dont c'est formulé me chiffonne un peu. Je suis alsacienne, et mes grands-parents sont eux aussi nés ici pendant la période d'annexion à l'Empire. Cependant, comme nombre d'alsaciens, ils ne se considéraient pas comme "allemands", même si, sur le papier, ils l'étaient de fait. L'identité alsacienne a toujours été forte, et l'adhésion à "l'occupant", très variable...
Désolée pour le hors-sujet ! Et merci pour le corpus que tu cites, il est très intéressant.
- DeliaEsprit éclairé
Il me semble à moi que c'est justement par patriotisme qu'on épouse un Alsacien.
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Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
Amadou Hampaté Ba
- BalthamosDoyen
Merci pour ce partage très intéressant.
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- Spoiler:
- Fesseur ProGuide spirituel
Bourrage de crâne des enfants assez normal dans cette période.colombane a écrit:J'aurais pu poster dans j'hallucine, tous les titres concernent la grande guerre
Mais très complexe oui !
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Pourvu que ça dure...
- zigmag17Guide spirituel
Merci colombane. C'est très touchant. Et remarquable non seulement en raison du contexte historique, mais aussi du contexte scolaire (choix des oeuvres en effet, mais aussi quantité de textes, vocabulaire qui aujourd'hui passerait pour hermétique auprès de nombre d'élèves de 12 ans , - "halliers" par exemple - , soin de l'écriture etc). Je pense que je suis en train de virer vile réac.
- colombaneFidèle du forum
Delia a écrit:Il me semble à moi que c'est justement par patriotisme qu'on épouse un Alsacien.
Là, je ne comprends pas pourquoi ?
Dans les années 25-30, il est venu en France (presque tous ses frère et soeurs sont venus en région parisienne) travailler. Il était embauché dans les chemins de fer, et il a du connaître ma grand-mère à Orléans, où elle vivait à l'époque. Il ne parlait pas français, avait un nom bien typé allemand... au sortir de la guerre, cela ne devait pas être facile de s'intégrer quand le "boche" était encore détesté.
Attachement à la France, il est né allemand (père décédé quand il était enfant), ledit père né allemand aussi... famille de bûcherons et de journaliers dans la forêt de Haguenau, restait-il un attachement à la France ? il parlait encore très mal le français quand je l'ai connu dans les années 60.
Alors histoire d'amour, oui, le hasard a fait que..... mais patriotisme
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- DeliaEsprit éclairé
Je me suis longtemps plongée dans une collection reliée de Mon Journal, presse enfantine de la fin du XIXe siècle, collection qui appartenait à mon grand-père, mort en 1915. Les provinces perdue y occupent une place importante, avec des histoires d'enfants héroïques tenant tête à l'abominable Teuton. Ce qui ne pouvait que faire naitre un préjugé favorable envers l'Alsace et ses habitants. En ces temps es berges allemands avaient été rebaptisés bergers alsaciens, ah, mais !
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Amadou Hampaté Ba
- maikreeeesseGrand sage
Allemand d où ? Car on pouvait être allemand ou français selon les années sans changer de village. Allemand de Strasbourg ou de Berlin ne signifiait pas la même chose. De plus on était avant tout alsacien.
- colombaneFidèle du forum
En tout état de cause, ces textes sont très patriotes ; et on peut y lire un hommage à la Belgique... et dans le dernier texte, une allusion à la Serbie amie.
Quant à "donnez votre or...." ; si pas possible de partir soldat, contribuer à l'effort de guerre...
Ce que j'ai découvert, c'est la déjà belle écriture de ma grand-mère, mais aussi et surtout cette ambiance lourde à l'école primaire. Elle avait 11 ans !
Quant à "donnez votre or...." ; si pas possible de partir soldat, contribuer à l'effort de guerre...
Ce que j'ai découvert, c'est la déjà belle écriture de ma grand-mère, mais aussi et surtout cette ambiance lourde à l'école primaire. Elle avait 11 ans !
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- AurevillyHabitué du forum
C'est intéressant et terrifiant en même temps de voir sur ce cas concret comment s'est construite l'idéologie patriotique qui a mené à la guerre et à son acceptation par tout un peuple.
- zigmag17Guide spirituel
D'accord avec vos dernières interventions. (davantage que "acceptation" qui suppose une adhésion, je dirais pour la plupart "résignation" mais je peux me tromper; pas sûr que le bourrage de crâne ait été un moteur suffisant pour que le peuple adhère intimement au conflit )
- colombaneFidèle du forum
Dans ce cas présent, la guerre était déjà bien installée. Mais effectivement, se faire seriner cela pendant des journées entières, cela doit rester pour la vie... car je suppose que toutes les autres matières étaient à l'avenant. Peut-être retrouverai-je d'autres archives dans le grenier ! Sinon, j'ai des cahiers de mon père pendant la seconde guerre... pas mal non plus... ce sera pour un autre post.
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- Melyne5Fidèle du forum
colombane a écrit:C'est mieux quand on voit les textes... et la belle écriture. Le fichier ne passe pas sur le forum, je l'ai mis sur dropbox :
https://www.dropbox.com/s/ernlnh7vwu8z4u4/Cahier%20de%20po%C3%A9sies%20Marguerite%20Bourriquet%201917-1918.pdf?dl=0
Magnifique ! Quelle émotion, quelle richesse cette découverte ...
- menerveOracle
Et quelle belle écriture... Quand je compare avec les cahiers de mes élèves, ça fait froid dans le dos...
- IrulanHabitué du forum
Merci beaucoup pour le partage, c'est très intéressant.
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Ad augusta per angusta.
- CasparProphète
Delia a écrit:Je me suis longtemps plongée dans une collection reliée de Mon Journal, presse enfantine de la fin du XIXe siècle, collection qui appartenait à mon grand-père, mort en 1915. Les provinces perdue y occupent une place importante, avec des histoires d'enfants héroïques tenant tête à l'abominable Teuton. Ce qui ne pouvait que faire naitre un préjugé favorable envers l'Alsace et ses habitants. En ces temps es berges allemands avaient été rebaptisés bergers alsaciens, ah, mais !
C'est d'ailleurs ainsi qu'on les désigne ne anglais: Alsatians, même si on trouve aussi l'expression German shepherd.
- Nina68Niveau 9
Son identité, comme celle de ses parents, était avant tout alsacienne. A la maison, dans la vie quotidienne, c'était le dialecte alsacien qui était utilisé. Ce n'est pas parce que l'Alsace a été annexée en 1870 que ses habitants se sentaient pour autant "allemands". Quand son père à lui est né, l'annexion était assez récente et il est bien possible que les familles aient perpétué un certain attachement à la France, d'autant que la région était alors française depuis plusieurs siècles.colombane a écrit:Delia a écrit:Il me semble à moi que c'est justement par patriotisme qu'on épouse un Alsacien.
Là, je ne comprends pas pourquoi ?
Dans les années 25-30, il est venu en France (presque tous ses frère et soeurs sont venus en région parisienne) travailler. Il était embauché dans les chemins de fer, et il a du connaître ma grand-mère à Orléans, où elle vivait à l'époque. Il ne parlait pas français, avait un nom bien typé allemand... au sortir de la guerre, cela ne devait pas être facile de s'intégrer quand le "boche" était encore détesté.
Attachement à la France, il est né allemand (père décédé quand il était enfant), ledit père né allemand aussi... famille de bûcherons et de journaliers dans la forêt de Haguenau, restait-il un attachement à la France ? il parlait encore très mal le français quand je l'ai connu dans les années 60.
Alors histoire d'amour, oui, le hasard a fait que..... mais patriotisme
Son identité, comme celle de ses parents, était avant tout alsacienne. A la maison, dans la vie quotidienne, c'était le dialecte alsacien qui était utilisé. Ce n'est pas parce que l'Alsace a été annexée en 1870 que ses habitants se sentaient pour autant "allemands". Quand son père à lui est né, l'annexion était assez récente et il est bien possible que les familles aient perpétué un certain attachement à la France, d'autant que la région était alors française depuis plusieurs siècles.
Ma grand-mère, née vers 1900, et parlant mal français par la force des choses, cousait en cachette des drapeaux français à la fin de la guerre, vers 44-45, avec ses soeurs...
Ma grand-mère, née vers 1900, et parlant mal français par la force des choses, cousait en cachette des drapeaux français à la fin de la guerre, vers 44-45, avec ses soeurs...
- DeliaEsprit éclairé
« Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine
Et malgré vous nous resterons français.
Vous avez pu germaniser la plaine,
Mais notre cœur, vous ne l'aurez jamais ! »
Gaston Villemer et Hippolyte Nazet,1871
Et malgré vous nous resterons français.
Vous avez pu germaniser la plaine,
Mais notre cœur, vous ne l'aurez jamais ! »
Gaston Villemer et Hippolyte Nazet,1871
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Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
Amadou Hampaté Ba
- Marie LaetitiaBon génie
En fait, ça dépendait bcp des maîtres et des écoles... j'ai un exemple quasi inverse.colombane a écrit:
J'aurai pu poster dans j'hallucine, tous les titres concernent la grande guerre
En tout cas, merci beaucoup pour cette liste et ces textes! Je m'en servirai en cours!
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Si tu crois encore qu'il nous faut descendre dans le creux des rues pour monter au pouvoir, si tu crois encore au rêve du grand soir, et que nos ennemis, il faut aller les pendre... Aucun rêve, jamais, ne mérite une guerre. L'avenir dépend des révolutionnaires, mais se moque bien des petits révoltés. L'avenir ne veut ni feu ni sang ni guerre. Ne sois pas de ceux-là qui vont nous les donner (J. Brel, La Bastille)
Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. [...] Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...
Et on ne dit pas "voir(e) même" mais "voire" ou "même".
- pseudo-intelloSage
colombane a écrit:Delia a écrit:Il me semble à moi que c'est justement par patriotisme qu'on épouse un Alsacien.
Là, je ne comprends pas pourquoi ?
Dans les années 25-30, il est venu en France (presque tous ses frère et soeurs sont venus en région parisienne) travailler. Il était embauché dans les chemins de fer, et il a du connaître ma grand-mère à Orléans, où elle vivait à l'époque. Il ne parlait pas français, avait un nom bien typé allemand... au sortir de la guerre, cela ne devait pas être facile de s'intégrer quand le "boche" était encore détesté.
Attachement à la France, il est né allemand (père décédé quand il était enfant), ledit père né allemand aussi... famille de bûcherons et de journaliers dans la forêt de Haguenau, restait-il un attachement à la France ? il parlait encore très mal le français quand je l'ai connu dans les années 60.
Alors histoire d'amour, oui, le hasard a fait que..... mais patriotisme
Le patois d'Alsace (et de Moselle-Est, troisième département annexé) est germanophone. Les noms de famille à consonance germanique sont nettement plus nombreux dans l'Est, et antérieurs à l'occupation allemande de 1870 (à fortiori à la suivante). C'est inévitable dans les zones frontalières (dans le Sud-Est, on retrouve davantage de patronymes à consonance italienne).
J'ai encore connu des gens de mon âge dont la première langue était un dialecte germanique, puisque parlé à la maison par les parents pourtant parfaitement francophones (et français).
Ma grand-mère, qui a dans un premier temps parlé dialecte à la maison, puis allemand à l'école (merci l'occupation), avant la libération à ses 11 ans, est moins à l'aise en français qu'en allemand (et a fortiori, qu'en dialecte). Ce qui n'empêchait pas tous ces gens de se sentir français, bien qu'allemand en théorie. Ils étaient appelés les "malgré nous" dans l'armée, ou en tant qu'Allemands de fait, ils devaient combattre les alliés de la France, leur pays de cœur.
Par la suite, ils ont parfois eu la double-peine, car entre l'accent germanique et le nom de famille germanique, certains ont été perçus comme des "Boches" par les Français "de l'intérieur".
Mais que je sache, les Français d'il y a 120 ans considéraient bien l'Alsace-Moselle comme une partie de leur pays qu'on leur avait ôtée (et à reconquérir) que comme des régions allemandes/ennemies. Notamment les générations bercées au Tour de la France par deux enfants, dont les protagonistes sont deux mômes fuyant leur Alsace natale à l’Annexion allemande, et qui traversent a France pour retrouver un tonton marseillais.
Après, je ne nie pas l'existence de collabos, mais bon, des collabos, il n'y en a pas eu qu'en Alsace et en Moselle.
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- VerduretteModérateur
Je ne suis pas sûre de la phrase exacte mais je me souviens d'avoir vu, dans un petit musée-école, un cahier du tout début du XXème siècle (l'époque des bataillons scolaires pour prendre sa revanche sur 1870) où l'élève avait comme exercice d'écriture la phrase qui disait en substance : "Nous devons toujours avoir la haine des Allemands". Elle était calligraphiée plusieurs fois dans des tailles différentes.
C'est très émouvant, ce cahier, Colombane. Merci pour le partage.
C'est très émouvant, ce cahier, Colombane. Merci pour le partage.
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