Orientation et niveau/motivation des élèves 1re G

Bonjour à tous,

chaque année cela me frappe mais cette année encore plus... je ne sais pas ce que certains élèves font en 1ère générale...

Cela concerne 4 ou 5 élèves sur une trentaine. Pas de curiosité intellectuelle, aucun travail et aujourd'hui, tenez-vous bien, j'ai intercepté une "trousse voyageuse" ! Vous savez, ce jeu qui consiste à prendre la trousse d'un camarade et à la faire voyager de mains en mains jusqu'à l'autre bout de la classe. Les premières évaluations pour ces élèves sont catastrophiques, il n'y a aucune prise de notes, on ne les entend jamais en classe, quand on les interroge spontanément ils restent mutiques...

Il y a quand même eu plusieurs possibilités d'orientation jusque là : après la 5ème, après la 3ème, après la 2nde... Mais qu'est-ce qu'ils font là ?

Faites-vous le même constat dans vos établissements ou puis-je considérer que c'est dans mon établissement qu'il y a un réel problème d'orientation ?

Cela fait longtemps que cela se passe ainsi et cela s'est accentué depuis la réforme du lycée puisqu'en fin de 2de, certains élèves réussissent à gagner leur ticket pour la 1ere générale grâce aux trois spécialités les moins mauvaises ...

Je n'en ai pas cette année mais avant la réforme j'avais des 1re S dont le niveau était ridicule en sciences mais qui pensaient déjà à faire médecine... Elles étaient persuadées que ça passerait malgré des moyennes à 7 ou 8. Dans le groupe il y avait aussi pas mal d'immaturité.
Ça ne doit pas avoir disparu comme par magie avec la réforme.

Entre la réforme du collège puis celle du lycée et du bac, avec une dose (humour) de Covid, les élèves de seconde choisissent leur orientation...

4 ou 5 par classe ? Tu en as de la chance...

Sauf que comme me l'a fait remarquer une collègue, les moyennes flambent. Des moyennes de classes à 15, 16 dans la plupart des matières.

Telenn-Ys a écrit:Il y a quand même eu plusieurs possibilités d'orientation jusque là : après la 5ème, après la 3ème, après la 2nde... Mais qu'est-ce qu'ils font là ?

Pour quelques élèves qui n'ont le goût à pas grand chose, la 1ère générale (tout comme les paliers précédents que tu as cités) c'est justement le moyen de ne pas choisir et de repousser l'échéance.
Les filières pro et techno sont bien plus concrètes et quand on ne sait pas ce qu'on veut, ça n'attire pas.

Enaeco a écrit:

Telenn-Ys a écrit:Il y a quand même eu plusieurs possibilités d'orientation jusque là : après la 5ème, après la 3ème, après la 2nde... Mais qu'est-ce qu'ils font là ?

Pour quelques élèves qui n'ont le goût à pas grand chose, la 1ère générale (tout comme les paliers précédents que tu as cités) c'est justement le moyen de ne pas choisir et de repousser l'échéance.
Les filières pro et techno sont bien plus concrètes et quand on ne sait pas ce qu'on veut, ça n'attire pas.

Oui je pense aussi mais comment parviennent-ils tout de même à arriver jusque là ? Est-ce sous la pression des parents ?

Cette façon de faire n'est pas reculer pour mieux sauter mais plutôt reculer pour mieux se prendre le mur en face d'eux lorsqu'ils arriveront dans le supérieur...

Telenn-Ys a écrit:

Enaeco a écrit:

Telenn-Ys a écrit:Il y a quand même eu plusieurs possibilités d'orientation jusque là : après la 5ème, après la 3ème, après la 2nde... Mais qu'est-ce qu'ils font là ?

Pour quelques élèves qui n'ont le goût à pas grand chose, la 1ère générale (tout comme les paliers précédents que tu as cités) c'est justement le moyen de ne pas choisir et de repousser l'échéance.
Les filières pro et techno sont bien plus concrètes et quand on ne sait pas ce qu'on veut, ça n'attire pas.

Oui je pense aussi mais comment parviennent-ils tout de même à arriver jusque là ? Est-ce sous la pression des parents ?

Cette façon de faire n'est pas reculer pour mieux sauter mais plutôt reculer pour mieux se prendre le mur en face d'eux lorsqu'ils arriveront dans le supérieur...

De moins en moins. Certaines formations dans le supérieur baissent leurs exigences elles aussi.

Comment ils arrivent là ?

Parce qu'on les laisse passer.
Parce qu'on ne fait plus redoubler.
Parce qu'un enseignement général coûte moins cher qu'un enseignement pro ou techno.

Un élève qui arrive en 2nde GT, il ira au bout du processus de toute façon. On est tenu de lui proposer quelque chose.
Concrètement, chez nous, en simplifiant un peu, les dossiers les plus infâmes se retrouvent en technologique et le ventre mou, sans aucune motivation, avec très peu de travail et des résultats simplement "moins mauvais" que les pires, ils décrochent une 1ère générale.

Les parents dans tout ça, ils se voilent un peu la face en se disant que si leur gosse travaille un peu plus (et il le fera l'année prochaine d'après eux), il réussira. Ou ils n'ont tout simplement pas conscience de ce qui est en train de se jouer.
Avant on refusait les voeux d'orientation au T2 pour mettre la pression ou on "menaçait" de redoublement.

Et en même temps, quand on voit les stats de réussite au bac, finalement on n'en envoie pas tant que ça dans le mur...
Comment faire entendre que c'est un mauvais choix quand élèves et parents pensent qu'ils peuvent réussir et que la majorité d'entre eux nous donneront "tort" 2 ans plus tard.

Des gamins qui n’ont rien à Parcoursup ou quelque chose de très éloigné de leurs vœux, il y en a quand même.

Ah c'est clair.

Mais en même temps s'ils ne savent pas quoi faire en fin de seconde au point de choisir une orientation en techno ou en pro, a priori ils savent encore moins ce qu'ils voudront sur parcoursup...

Dans mon secteur, pas de lycée pro à proximité, on va donc en général ou techno parce que le lycée pro demande des recherches, des déplacements, en plus il faut trouver des stages. Certains parents recherchent la tranquillité... Tout ça pour découvrir après 3 mois ou 3 semaines de fac, qu'ils préfèrent essayer la pâtisserie ou le CAP petite enfance !

Jenny a écrit:Des gamins qui n’ont rien à Parcoursup ou quelque chose de très éloigné de leurs vœux, il y en a quand même.

On voit aussi quelques réorientations en début ou fin de 2de et début de 1ere : dans les rares places qui restent ...

Telenn-Ys a écrit:Bonjour à tous,

chaque année cela me frappe mais cette année encore plus... je ne sais pas ce que certains élèves font en 1ère générale...

Cela concerne 4 ou 5 élèves sur une trentaine. Pas de curiosité intellectuelle, aucun travail et aujourd'hui, tenez-vous bien, j'ai intercepté une "trousse voyageuse" ! Vous savez, ce jeu qui consiste à prendre la trousse d'un camarade et à la faire voyager de mains en mains jusqu'à l'autre bout de la classe. Les premières évaluations pour ces élèves sont catastrophiques, il n'y a aucune prise de notes, on ne les entend jamais en classe, quand on les interroge spontanément ils restent mutiques...

Il y a quand même eu plusieurs possibilités d'orientation jusque là : après la 5ème, après la 3ème, après la 2nde... Mais qu'est-ce qu'ils font là ?

Faites-vous le même constat dans vos établissements ou puis-je considérer que c'est dans mon établissement qu'il y a un réel problème d'orientation ?

Il y a bien longtemps qu'on ne peut plus orienter les élèves totalement "perdus scolairement" après la cinquième (malheureusement pour nous et pour eux... Passer quatre ans au collège à avoir toujours des notes catastrophiques, ce n'est pas très valorisant) ...
On doit les garder jusqu'à la fin au collège (ou au mieux, une MFR en fin de quatrième). C'est dommage tout ça, ils ont tous forcément des compétences ailleurs... Mais le ministère est têtu et pense qu'ils acquerront ainsi un minimum de connaissances.. Faux selon moi, ce système les enfonce seulement un peu plus..

Compétences.... Je hais ce mot et l'emploi qu'on en fait. Je hais la novlangue.

chmarmottine a écrit:

Jenny a écrit:Des gamins qui n’ont rien à Parcoursup ou quelque chose de très éloigné de leurs vœux, il y en a quand même.

On voit aussi quelques réorientations en début ou fin de 2de et début de 1ere : dans les rares places qui restent ...

Effectivement dans les rares filières où il reste de la place.

Globalement je suis très d'accord avec votre constat, et pourtant j'ai un bon contre exemple à la maison:
Médiocre en seconde (10-12 de moyenne) , le prof de maths qui nous conseille stmg en janvier (il avait 4 de moyenne en ses !! alors qu'en sciences c'était moins catastrophique quand même, mais bon voilà, lycée avec des stmg et pas de sti2d...et tant pis pour les parents qui n'y connaissent rien !)
Il passe en S-SI reste autour de 10-12, a son bac mention AB donc rien de flamboyant, mais rentre en IUT et là, enfin, plus que des cours qui lui plaisent, il s'éclate, et vient de rentrer en alternance dans une très bonne école d'ingénieurs.
Je ne dis pas qu'un gamin qui traine 0 bases va s'en sortir, mais que parfois, et surtout pour les garçons, la maturité et la motivation sont tardives.

Un petit bémol : en fin de 5eme il reste une orientation hors mfr: quelques lycées agricoles ont des 4e 3e ce qui peut aider qques élèves. Ils ont en outre souvent de petits effectifs.

Eliette a écrit:Globalement je suis très d'accord avec votre constat, et pourtant j'ai un bon contre exemple à la maison:
Médiocre en seconde (10-12 de moyenne) , le prof de maths qui nous conseille stmg en janvier (il avait 4 de moyenne en ses !! alors qu'en sciences c'était moins catastrophique quand même, mais bon voilà, lycée avec des stmg et pas de sti2d...et tant pis pour les parents qui n'y connaissent rien !)
Il passe en S-SI reste autour de 10-12, a son bac mention AB donc rien de flamboyant, mais rentre en IUT et là, enfin, plus que des cours qui lui plaisent, il s'éclate, et vient de rentrer en alternance dans une très bonne école d'ingénieurs.
Je ne dis pas qu'un gamin qui traine 0 bases va s'en sortir, mais que parfois, et surtout pour les garçons, la maturité et la motivation sont tardives.

Avec le renforcement des quotas, le parcours de ton fils va devenir plus difficile.
En iut, un % important va être réservé aux technos donc pour les G, il faudra un bon dossier.
Idem en BTS, avec les places réservées aux pros.
De plus, la fac devient également plus sélective à partir du Master, plusieurs exemples autour de moi d'étudiants avec une L3 (droit, STAPS par exemple) obtenue à 12 de moyenne sans rien derrière.
Les élèves qui vont en filière G ont intérêt à avoir un bon niveau, pour les moyens, l'orientation va être compliqué.

celitian a écrit:

Eliette a écrit:Globalement je suis très d'accord avec votre constat, et pourtant j'ai un bon contre exemple à la maison:
Médiocre en seconde (10-12 de moyenne) , le prof de maths qui nous conseille stmg en janvier (il avait 4 de moyenne en ses !! alors qu'en sciences c'était moins catastrophique quand même, mais bon voilà, lycée avec des stmg et pas de sti2d...et tant pis pour les parents qui n'y connaissent rien !)
Il passe en S-SI reste autour de 10-12, a son bac mention AB donc rien de flamboyant, mais rentre en IUT et là, enfin, plus que des cours qui lui plaisent, il s'éclate, et vient de rentrer en alternance dans une très bonne école d'ingénieurs.
Je ne dis pas qu'un gamin qui traine 0 bases va s'en sortir, mais que parfois, et surtout pour les garçons, la maturité et la motivation sont tardives.

Avec le renforcement des quotas, le parcours de ton fils va devenir plus difficile.
En iut, un % important va être réservé aux technos donc pour les G, il faudra un bon dossier.
Idem en BTS, avec les places réservées aux pros.
De plus, la fac devient également plus sélective à partir du Master, plusieurs exemples autour de moi d'étudiants avec une L3 (droit, STAPS par exemple) obtenue à 12 de moyenne sans rien derrière.
Les élèves qui vont en filière G ont intérêt à avoir un bon niveau, pour les moyens, l'orientation va être compliqué.

Tu parles au futur : c'est déjà le cas, non ? Cela va-t-il être renforcé cette année ?

C’est ça, avec les quotas, il faut largement mieux un bon bac techno qu’un bac général très moyen.

Sallustius a écrit:Un petit bémol : en fin de 5eme il reste une orientation hors mfr: quelques lycées agricoles ont des 4e 3e ce qui peut aider qques élèves. Ils ont en outre souvent de petits effectifs.

Aider oui, je n'ai fait que cela en lycée agricole et toute ma carrière. Mais ce ne sont plus des aides, ce sont des béquilles qu'on leur met vu le niveau des élèves sans compter le nombre de Pap qui arrivent avec au mieux des recommandations toutes différentes, au pire rien ( du vécu).
Certes les élèves se sentent bien chez nous car ils n'ont plus la pression des collèges classiques. Le plus souvent des petits effectifs mais pas toujours. Et parfois une concentration telle de difficultés que la classe vire au cirque permanent ( vécu il y a 4 ou 5 ans). Des parents qui s'imaginent qu'on va faire des miracles , oui, mais non pour quelques uns qui ont un vrai projet, le soutien des parents, qui gagnent en confiance. Et tout cela avec un programme bien trop ambitieux vu le public.
Ici aussi c'est de plus en plus difficile. Je n'exerce plus mais suis en contact avec mes collègues et cette année une 4ème très difficile tandis que l'an passé ( 11 élèves) la classe était sympathique mais très, très, très faible, sauf 2 élèves, et peu travailleuse.

Jenny a écrit:C’est ça, avec les quotas, il faut largement mieux un bon bac techno qu’un bac général très moyen.

Problème du bac techno, c'est déjà une orientation. Pour qu'il y ait réussite il faut qu'elle soit réfléchie et non subie ( je l'ai vu de plus en plus en bac pro, des élèves qui ont fait un choix par défaut, parce que la porte était ouverte et ça s'aggrave si j'en crois mes anciens collègues)

Mais faire un bac général, c’est aussi une orientation (puisque les élèves se destinent à des études longues et que les spécialités donnent une forte coloration au bac). Il devient difficile d’accéder à un BTS ou à un IUT ensuite excepté pour des bacs généraux ayant de bons résultats.