- roxanneOracle
Sur la leçon de grammaire de mon fîls de CM2 sur la phrase, il est marqué que la phrase exclamative fait partie des formes de phrases avec l’affirmative et la négative. J’ai raté un truc ?
- User9525Niveau 8
roxanne a écrit:Sur la leçon de grammaire de mon fîls de CM2 sur la phrase, il est marqué que la phrase exclamative fait partie des formes de phrases avec l’affirmative et la négative. J’ai raté un truc ?
Hélas, c'est dans la terminologie grammaticale, elle n'est plus considérée comme un type de phrase mais une forme
En gros, si j'ai bien compris, les types de phrase doivent correspondre à des actes de langage, et l'exclamation n'en est pas un, contrairement à l'ordre, le constat et la question ...
Je vous laisse juges.
- SomniumNiveau 5
e-Wanderer a écrit:
Je trouve que c'est très bizarre. À mon avis, c'est parce que le pronom adverbial y pronominalise typiquement des groupes prépositionnels introduits par à – ou éventuellement d'autres prépositions équivalentes qui indiquent une destination (au sens large : "je vais au marché, j'y vais, je pense à mes vacances, j'y pense", une sorte de destination mentale // dans, chez, comme "je vais chez le médecin, je me rends dans ma résidence secondaire"" => "j'y vais", "je m'y rends").
En revanche, je ne vois pas spontanément d'exemple où y pronominaliserait un groupe introduit par de.
C'est vrai qu'en cherchant je ne vois pas trop non plus: peut-être avec "s'efforcer"? "Je m'y efforce"?
P.S. Ces discussions sur "à" et "de" me rappellent un truc drôle: ma compagne, qui est étrangère, ne comprend pas trop pourquoi on dit "obliger quelqu'un à faire quelque chose" mais "être obligé de faire quelque chose". Ça tombe bien, moi non plus.
P.P.S. "je suis obligé de faire cela" --> "J'y suis obligé", encore un groupe introduit par de qui se pronominalise en y
- DorineHabitué du forum
Je comprends maintenant pourquoi dans le manuel de première, il est noté que l'interrogation est l'un des 3 types de phrases fondamentaux. Pour moi, il y en avait 4.Shakti a écrit:roxanne a écrit:Sur la leçon de grammaire de mon fîls de CM2 sur la phrase, il est marqué que la phrase exclamative fait partie des formes de phrases avec l’affirmative et la négative. J’ai raté un truc ?
Hélas, c'est dans la terminologie grammaticale, elle n'est plus considérée comme un type de phrase mais une forme
En gros, si j'ai bien compris, les types de phrase doivent correspondre à des actes de langage, et l'exclamation n'en est pas un, contrairement à l'ordre, le constat et la question ...
Je vous laisse juges.
- TournesolÉrudit
roxanne a écrit:Sur la leçon de grammaire de mon fîls de CM2 sur la phrase, il est marqué que la phrase exclamative fait partie des formes de phrases avec l’affirmative et la négative. J’ai raté un truc ?
J’ai été surprise aussi de lire dans le cahier de ma fille (CM1) que les trois types de phrase étaient la déclarative, l’injonctive et l’interrogative.
Elle ne comprend pas pourquoi l’année dernière elle aurait dit exclamative pour « J’arrive ! » alors que cette année elle doit dire déclarative…
La pertinence d’un tel changement m’échappe un peu…
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J'habite près de mon silence
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- User9242Niveau 5
Bonjour.
À la vérité, l'un des critères retenu dans la détermination typologique est celui de l'exclusion : les types de phrases doivent s'exclure les uns les autres. Si une phrase est déclarative, elle ne peut être en même temps impérative et/ou interrogative. Or, il se trouve que l'exclamation peut concerner une phrase impérative ou déclarative, voire même une interrogative. De ce fait, il ne saurait y avoir de type exclamatif.
Bien à vous.
À la vérité, l'un des critères retenu dans la détermination typologique est celui de l'exclusion : les types de phrases doivent s'exclure les uns les autres. Si une phrase est déclarative, elle ne peut être en même temps impérative et/ou interrogative. Or, il se trouve que l'exclamation peut concerner une phrase impérative ou déclarative, voire même une interrogative. De ce fait, il ne saurait y avoir de type exclamatif.
Bien à vous.
- User9242Niveau 5
Tournesol a écrit:roxanne a écrit:Sur la leçon de grammaire de mon fîls de CM2 sur la phrase, il est marqué que la phrase exclamative fait partie des formes de phrases avec l’affirmative et la négative. J’ai raté un truc ?
J’ai été surprise aussi de lire dans le cahier de ma fille (CM1) que les trois types de phrase étaient la déclarative, l’injonctive et l’interrogative.
Elle ne comprend pas pourquoi l’année dernière elle aurait dit exclamative pour « J’arrive ! » alors que cette année elle doit dire déclarative…
La pertinence d’un tel changement m’échappe un peu…
L'idéal, et cela n'engage que moi, il eût été préférable de parler d'une phrase déclarative à tournure exclamative. Car considérer l'exclamation comme une forme de phrase est, à mes yeux, un non sens puisque les phrases affirmatives ou négatives peuvent être aussi concernées par l'exclamation.
- DorineHabitué du forum
Merci pour l'explication mais je ne comprends pas pourquoi on a fonctionné comme ça (4 types de phrases) tout ce temps? Le changement de règles est difficile à suivre.desnos a écrit:Bonjour.
À la vérité, l'un des critères retenu dans la détermination typologique est celui de l'exclusion : les types de phrases doivent s'exclure les uns les autres. Si une phrase est déclarative, elle ne peut être en même temps impérative et/ou interrogative. Or, il se trouve que l'exclamation peut concerner une phrase impérative ou déclarative, voire même une interrogative. De ce fait, il ne saurait y avoir de type exclamatif.
Bien à vous.
- CochonouNiveau 9
Bonsoir à tous,
Dans le guide terminologique que l'on nous demande de suivre au lycée pour l'enseignement de la grammaire, la phrase exclamative est présentée comme une forme de phrase, à côté de la phrase passive et de la phrase négative (p. 27). L'explication proposée est celle qui est rappelée par Desnos. Je ne suis pas certain que ces changements induits dans la grammaire scolaire soient forcément positifs. Il n'en demeure pas que selon la mode actuellement suivie à l'EN, la phrase exclamative est une forme de phrase.
Dans le guide terminologique que l'on nous demande de suivre au lycée pour l'enseignement de la grammaire, la phrase exclamative est présentée comme une forme de phrase, à côté de la phrase passive et de la phrase négative (p. 27). L'explication proposée est celle qui est rappelée par Desnos. Je ne suis pas certain que ces changements induits dans la grammaire scolaire soient forcément positifs. Il n'en demeure pas que selon la mode actuellement suivie à l'EN, la phrase exclamative est une forme de phrase.
- trompettemarineMonarque
Autant laisser tomber cette typologie et travailler uniquement sur la ponctuation et la lecture expressive puis demander aux élèves l'interprétation qu'ils en font (est-ce un ordre, une question, un conseil, un souhait, l'expression de la surprise, de l'indignation, etc.)
J'en suis venue là.
Les élèves mélangent "formes" et "types". Inutile de les ennuyer avec cela.
Je réserve les termes grammaticaux aux natures et fonctions.
J'en suis venue là.
Les élèves mélangent "formes" et "types". Inutile de les ennuyer avec cela.
Je réserve les termes grammaticaux aux natures et fonctions.
- NLM76Grand Maître
Voilà.trompettemarine a écrit:Autant laisser tomber cette typologie et travailler uniquement sur la ponctuation et la lecture expressive puis demander aux élèves l'interprétation qu'ils en font (est-ce un ordre, une question, un conseil, un souhait, l'expression de la surprise, de l'indignation, etc.)
J'en suis venue là.
Les élèves mélangent "formes" et "types". Inutile de les ennuyer avec cela.
Je réserve les termes grammaticaux aux natures et fonctions.
Au plan grammatical, il est intéressant de se demander comment se forme une interrogation directe, une négation, une interro-négative ; quelles sont les caractéristiques d'une exclamation, et en particulier quand elle n'a pas la forme d'une phrase déclarative standard (phrases non-verbales, etc.), d'une phrase injonctive. Inutile de se casser la tête sur la terminologie "type", "forme" de phrase, etc.
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Sites du grip :
- http://instruire.fr
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Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- User9525Niveau 8
Somnium a écrit:e-Wanderer a écrit:
Je trouve que c'est très bizarre. À mon avis, c'est parce que le pronom adverbial y pronominalise typiquement des groupes prépositionnels introduits par à – ou éventuellement d'autres prépositions équivalentes qui indiquent une destination (au sens large : "je vais au marché, j'y vais, je pense à mes vacances, j'y pense", une sorte de destination mentale // dans, chez, comme "je vais chez le médecin, je me rends dans ma résidence secondaire"" => "j'y vais", "je m'y rends").
En revanche, je ne vois pas spontanément d'exemple où y pronominaliserait un groupe introduit par de.
C'est vrai qu'en cherchant je ne vois pas trop non plus: peut-être avec "s'efforcer"? "Je m'y efforce"?
P.S. Ces discussions sur "à" et "de" me rappellent un truc drôle: ma compagne, qui est étrangère, ne comprend pas trop pourquoi on dit "obliger quelqu'un à faire quelque chose" mais "être obligé de faire quelque chose". Ça tombe bien, moi non plus.
P.P.S. "je suis obligé de faire cela" --> "J'y suis obligé", encore un groupe introduit par de qui se pronominalise en y
La BDL (Banque de dépannage linguistique qui nous vient du Québec) dit en gros que le verbe "obliger" à la voix passive a deux constructions: "Je suis obligé par mon médecin à faire souvent du sport"/"Je suis obligé de faire souvent du sport", dans la première phrase il y a un complément d'agent, le verbe reste l'expression d'une action, dans la deuxième phrase, le participe glisse dans la catégorie "adjectif", "de faire souvent du sport" est son complément, c'est l'état qui prime. Donc ce qui est pronominalisé par y pourrait bien être à l'origine la première version de la voix passive: "J'y suis obligé (par...)".
C'est une piste mais il me semble qu'en français métropolitain, la deuxième tournure l'emporte massivement et qu'on a du mal avec l'emploi de "à".
- CochonouNiveau 9
trompettemarine a écrit: Inutile de les ennuyer avec cela.
NLM76 a écrit: Inutile de se casser la tête sur la terminologie "type", "forme" de phrase, etc.
Dans l'absolu, je suis d'accord avec vous. Le hic, c'est que de nombreux collègues peinent à faire la différence entre ce qui est important et ce qui ne l'est pas. Or, ces collègues notent nos élèves au bac et ont une fâcheuse tendance à se focaliser sur ces détails dont ils surestiment l'importance. Entre ceux pour qui il est inconcevable de dire "type" au lieu de "forme", ceux qui reprochent aux élèves de ne pas proposer d'ouverture prenant la forme d'un rapprochement entre deux textes, ceux qui piquent une crise contre les élèves qui osent commencer leur devoir par "ce texte" alors qu'il faudrait dire "le texte", ceux qui n'acceptent pas que les élèves écrivent "premièrement... deuxièmement... troisièmement" parce que c'est le comble de l'inélégance, etc... il devient difficile d'enseigner sereinement.
Contenter les collègues de français n'est pas une mince affaire, et je crois sincèrement qu'il serait bon de faire un peu de ménage dans nos rangs.
- roxanneOracle
Et puis, pour les nouveaux élèves qui vont arriver, autant savoir quelles sont les nouvelles terminologies. Sans compter que si on suit ses enfants, autant de ne pas se retrouver en porte à faux.
- Spoiler:
- Mais vous ne pouvez pas comprendre, vous n'avez pas d'enfants en CM2..
- IphigénieProphète
Oui c’est une catastrophe.
On n’en finira pas d’énumérer les conséquences de la disparition des lettres classiques pour l’enseignement du français : oui je sais a priori ça n’a pas de rapport et pourtant… la « stylistique » au sens large ( au delà de la rhétorique) et les interrogations byzantines sur la forme détachée du( ou prévalant sur le) fond sont quand même nées de là…
On n’en finira pas d’énumérer les conséquences de la disparition des lettres classiques pour l’enseignement du français : oui je sais a priori ça n’a pas de rapport et pourtant… la « stylistique » au sens large ( au delà de la rhétorique) et les interrogations byzantines sur la forme détachée du( ou prévalant sur le) fond sont quand même nées de là…
- User9525Niveau 8
Iphigénie a écrit:Oui c’est une catastrophe.
On n’en finira pas d’énumérer les conséquences de la disparition des lettres classiques pour l’enseignement du français : oui je sais a priori ça n’a pas de rapport et pourtant… la « stylistique » au sens large ( au delà de la rhétorique) et les interrogations byzantines sur la forme détachée du( ou prévalant sur le) fond sont quand même nées de là…
La disparition des lettres classiques a été une décision politique... appuyée par un courant de "pédagogues" (qui sont toujours là) dont les arguments restent de l'ordre de la mauvaise foi (pas celle de Sartre), et oui c'est une catastrophe.
Cependant, la stylistique est une belle discipline universitaire, la linguistique aussi.
On pourrait en donner des rudiments au lycée mais à condition que notre public maîtrise des savoirs solides en grammaire et littérature. Or, ce n'est pas le cas.
Une des conséquences est qu'on ne sait plus trop distinguer l'important du reste, ce n'est pas étonnant qu'on soit déboussolé. Regardez la discussion sur le sujet du brevet de juin dernier, les élèves avaient une question sur les opérations à faire pour identifier un complément. L'intitulé des questions de langue c'est "Compétences grammaticales et linguistiques". L'ambition est affichée, mais vous connaissez la réalité aussi bien que moi. Encore une transposition forcée comme à la grande époque des progressions à thème constant, linéaire, éclaté, et autres joyeusetés.
- NLM76Grand Maître
La stylistique, une belle discipline ? Peut-être en théorie. En pratique, c'est une autre affaire Si ça vous dit, on ouvre un fil sur ce sujet, et vous m'expliquez quelle stylistique est une belle discipline. Celle que j'ai approchée par exemple chez Maingueneau ou Genette me paraît surtout terrifiante.
Cela dit, si la disparition des lettres classiques est une des sources du délire formaliste, il me semble qu'à l'école, il est fortement corrélé à l'abandon des exigences orthographiques. Quand les pédagogues, qui sont par nature formalistes (moi le premier), parce qu'il leur faut du contenu à enseigner bien délimité, bien évaluable, n'ont plus l'os à ronger de l'orthographe, ils se trouvent d'autres marottes sur lesquelles se montrer intraitables.
Cela dit, si la disparition des lettres classiques est une des sources du délire formaliste, il me semble qu'à l'école, il est fortement corrélé à l'abandon des exigences orthographiques. Quand les pédagogues, qui sont par nature formalistes (moi le premier), parce qu'il leur faut du contenu à enseigner bien délimité, bien évaluable, n'ont plus l'os à ronger de l'orthographe, ils se trouvent d'autres marottes sur lesquelles se montrer intraitables.
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Sites du grip :
- http://instruire.fr
- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- IphigénieProphète
Bon nlm a compris ce que je voulais dire de façon sans doute trop ramassée …
On ne va pas entamer là un débat hs : mais c’est ma faute. Je voulais dire que les retombées de la guerre universitaire entre classiques et modernes ont quelque chose à voir avec l’inflation du technicisme et l’effort constant de renouveler la terminologie grammaticale en la séparant de la terminologie latine ( réflexions qui certes ont leur place et leur intérêt universitaire mais qui sont scolairement un fléau . Mais c’est un autre débat ( et de toute façon obsolète puisque faute de combattants )
On ne va pas entamer là un débat hs : mais c’est ma faute. Je voulais dire que les retombées de la guerre universitaire entre classiques et modernes ont quelque chose à voir avec l’inflation du technicisme et l’effort constant de renouveler la terminologie grammaticale en la séparant de la terminologie latine ( réflexions qui certes ont leur place et leur intérêt universitaire mais qui sont scolairement un fléau . Mais c’est un autre débat ( et de toute façon obsolète puisque faute de combattants )
- User9525Niveau 8
Je citais ailleurs sur le forum un professeur d'université, Frédéric Calas (je fais sa pub' !) : lisez-le, peut-être que votre jugement sur la stylistique évoluera. C'est une discipline qui peut grandement éclairer la lecture littéraire. Je l'ai vraiment compris avec lui, et d'autres comme Catherine Fromilhague aussi.
Mais c'est un exercice à réserver aux experts. Dans le secondaire, on en n'a que la caricature.
Mais c'est un exercice à réserver aux experts. Dans le secondaire, on en n'a que la caricature.
- IphigénieProphète
bah j'avais lu par curiosité (mais ce n'était qu'une proposition d' exercice) son étude d'un sonnet de Louise Labé où j'ai eu beaucoup de mal à trouver quelque chose d'éclairant mais c'est peut être une exception ou une mauvaise lecture.
Bon j’ai relu et je suis injuste: j’y apprends deux mots: les deux se rapportant d’ailleurs au seul premier vers:
Il présente un epitrochasme( des monosyllabes quoi) et il illustre l’anteisagoge(antithèse jouant sur l’opposition et la succession d’éléments positifs et négatifs ex: je vis je meurs me brûle et me noie ( je ne sais pas lequel est positif des deux derniers, mais je n’ai peut être pas tout compris.)
Cette hyposkotologie me gonfle, je dois avouer….
Je ne voudrais pas blesser quiconque et veux bien croire que ce soit un professeur génial comme le disent ceux qui l’ont fréquenté mais j’ai du mal avec la sacralisation de l’analyse stylistique: les souvenirs très lointains que j’ai du cours universitaire de grammaire et stylistique c’est que c’étaient des commentaires amusants à faire ( par leur côté « automatisme ») et bien plus légers que le commentaire littéraire -mais on en était encore sans doute qu’au début …aujourd’hui ce qui me frappe c’est l’inflation ( l’imagination) verbale qui rend le discours à peu près comparable à un dialecte d’initiés ( si j’étais méchante je dirais un débat entre écoliers limousins, pour les vieux initiés antérieurs au structuralisme)
Bon j’ai relu et je suis injuste: j’y apprends deux mots: les deux se rapportant d’ailleurs au seul premier vers:
Il présente un epitrochasme( des monosyllabes quoi) et il illustre l’anteisagoge(antithèse jouant sur l’opposition et la succession d’éléments positifs et négatifs ex: je vis je meurs me brûle et me noie ( je ne sais pas lequel est positif des deux derniers, mais je n’ai peut être pas tout compris.)
Cette hyposkotologie me gonfle, je dois avouer….
Je ne voudrais pas blesser quiconque et veux bien croire que ce soit un professeur génial comme le disent ceux qui l’ont fréquenté mais j’ai du mal avec la sacralisation de l’analyse stylistique: les souvenirs très lointains que j’ai du cours universitaire de grammaire et stylistique c’est que c’étaient des commentaires amusants à faire ( par leur côté « automatisme ») et bien plus légers que le commentaire littéraire -mais on en était encore sans doute qu’au début …aujourd’hui ce qui me frappe c’est l’inflation ( l’imagination) verbale qui rend le discours à peu près comparable à un dialecte d’initiés ( si j’étais méchante je dirais un débat entre écoliers limousins, pour les vieux initiés antérieurs au structuralisme)
- CochonouNiveau 9
Shakti a écrit:Je citais ailleurs sur le forum un professeur d'université, Frédéric Calas (je fais sa pub' !) : lisez-le, peut-être que votre jugement sur la stylistique évoluera. C'est une discipline qui peut grandement éclairer la lecture littéraire. Je l'ai vraiment compris avec lui, et d'autres comme Catherine Fromilhague aussi.
Mais c'est un exercice à réserver aux experts. Dans le secondaire, on en n'a que la caricature.
M. Calas et Mme Fromilhague, c'était la dream team de Paris IV Il ne manque que Mme Garagnon et le podium est complet.
- User9525Niveau 8
Iphigénie a écrit:bah j'avais lu par curiosité (mais ce n'était qu'une proposition d' exercice) son étude d'un sonnet de Louise Labé où j'ai eu beaucoup de mal à trouver quelque chose d'éclairant mais c'est peut être une exception ou une mauvaise lecture.
Bon j’ai relu et je suis injuste: j’y apprends deux mots: les deux se rapportant d’ailleurs au seul premier vers:
Il présente un epitrochasme( des monosyllabes quoi) et il illustre l’anteisagoge(antithèse jouant sur l’opposition et la succession d’éléments positifs et négatifs ex: je vis je meurs me brûle et me noie ( je ne sais pas lequel est positif des deux derniers, mais je n’ai peut être pas tout compris.)
Cette hyposkotologie me gonfle, je dois avouer….
Je ne voudrais pas blesser quiconque et veux bien croire que ce soit un professeur génial comme le disent ceux qui l’ont fréquenté mais j’ai du mal avec la sacralisation de l’analyse stylistique: les souvenirs très lointains que j’ai du cours universitaire de grammaire et stylistique c’est que c’étaient des commentaires amusants à faire ( par leur côté « automatisme ») et bien plus légers que le commentaire littéraire -mais on en était encore sans doute qu’au début …aujourd’hui ce qui me frappe c’est l’inflation ( l’imagination) verbale qui rend le discours à peu près comparable à un dialecte d’initiés ( si j’étais méchante je dirais un débat entre écoliers limousins, pour les vieux initiés antérieurs au structuralisme)
Bref, tu n'as pas vu la lumière!
Ce n'est pas grave, en effet.
Quant au langage associé... Oui, c'est pour les initiés, mais ça ne prétend pas ne pas l'être.
- User9525Niveau 8
Juste pour l'amour de la science (je plaisante, je plaisante): l'antéisagoge est proche de l'épanorthose, c'est une suite de deux notions qui se rectifient, où l’une nie l’autre.
- IphigénieProphète
Merci pour ta précision: mais on pourrait aussi bien dire que c’est une figure de l’ « en même temps »
- User9525Niveau 8
Iphigénie a écrit:Merci pour ta précision: mais on pourrait aussi bien dire que c’est une figure de l’ « en même temps »
- SomniumNiveau 5
Ha, ça me rappelle un oral où un professeur m'avait regardé de travers parce que je n'avais pas su nommer un polyptote alors que j'avais commenté l'effet produit. Encore aujourd'hui je suis persuadé que la liste des figures de style à connaître pour commenter un texte (même à l'université) est finalement assez réduite, en tout cas beaucoup plus que ce qu'on veut nous faire croire.
Sur les dérives pédagogiques, formalistes et, entre autres, stylistiques, le meilleur fortifiant est le site de René Pommier.
Sur les dérives pédagogiques, formalistes et, entre autres, stylistiques, le meilleur fortifiant est le site de René Pommier.
- Spoiler:
- René Pommier a écrit:Mais l'horrible lourdeur, l'effroyable laideur du style, pardon du « comportement langagier », de Georges Molinié, ne tiennent pas seulement au vocabulaire; elles tiennent aussi à la syntaxe, pardon à « l'organisation phrastique ». Malheureusement il est encore beaucoup plus difficile d'en donner brièvement une idée suffisante. Je ne puis citer, presque au hasard, que quelques bribes de charabia, quelques lambeaux d'un « tissu textuel » véritablement hideux, comme celui-ci : « Et c'est sans doute par ce cheminement de la valeur de suranné ressenti à l'égard de cet univers de culture et d'écriture que […] » (III, 154); ou celui-ci : « dans tous les cas, déception dans l'attente d'usage par abrupt dans le processus d'actualisation » (V, 183); ou cet autre : « Position facile, et certainement pratiquement tenable pour les travaux du premier cycle » (V, 189); ou encore celui-ci : « Le dernier vers de la scène 1 est surabondant de marques d'allocution au personnage concrètement interlocuteur » (III, 112); ou cette définition : « est illocutoire une production de paroles à visée d'instauration d'une situation mondaine, et perlocutoire celle qui réalise effectivement, par sa manifestation verbale même, une transformation dans le réel extra-linguistique » (II, 82); ou encore celle-ci : « le stylème est appréhendé comme un caractérisème de littérarité, c'est-à-dire comme une détermination langagière fondamentalement non informative (même fictionnellement) dans le fonctionnement textuel » (II, 105). Georges Molinié ose commenter le vers de Phèdre : Je le vois, je lui parle, et mon cœur… Je m'égare, en disant que « le caractérisème du style passionné est tout entier dans la construction-déconstruction de son acte de parole par la locutrice mise en scène » (V, 133). Comment ne se rend-il pas compte que, pour parler d'un vers à la fois si beau et si simple, un style aussi pesant, aussi inélégant et d'une cuistrerie aussi gratuite, est d'une incongruité qui atteint au grotesque ? Si Verlaine avait lu Georges Molinié, au lieu de conseiller à l'apprenti-poète de ne point choisir ses mots « sans quelque méprise », il l'aurait invité à s'efforcer de mettre en œuvre « des modifications lexicales porteuses de la quantité différentielle à valeur stylistique » (II, 17). Mais, au lieu d'être sacré prince des poètes, sans doute aurait-il été sacré roi des cuistres !
Jugeant sans doute aujourd'hui que la syntaxe est réactionnaire, voire fasciste, Georges Molinié tend de plus en plus à mettre les noms et les adjectifs simplement bout à bout, comme dans cette phrase : « On peut donc se livrer à un deuxième ratissage de la page, en quête de marques langagières se constituant peu à peu, par accumulation-augmentation-imbrication, à l'intérieur et au cours du tissu textuel concret en question » (V, 191-192); ou celle-ci : « Si on accepte de ce passage une analyse proprement pragmatique, on y verra l'arrivée enthousiaste vers un contre-monde, un anti-monde, selon une condensation-expansion spasmodique totalement érotique ». Je me suis assagi avec l'âge, et c'est heureux, car, il y a une dizaine d'années, je n'aurais certainement pas résisté à la tentation de dire qu'on trouve dans les écrits de Georges Molinié « une accumulation-addition-concentration-profusion de cuistrerie recuite et de connerie récurrente véritablement unique ». Mais la courtoisie veut qu'on ne dise pas toujours tout ce qu'on pense, et j'espère sans trop y croire, car je connais la nature humaine, que Georges Molinié m'en saura gré.
Ce que je puis dire, en revanche, c'est que la langue de Molinié ne ressemble guère à celle de Molière, ou plutôt qu'elle ressemble à celle que Molière aurait fait parler à des personnages comme Vadius et Trissotin, ou que Rabelais aurait fait parler à son écolier limousin, s'ils avaient vécu à notre époque. Mais, ce qui est peut-être encore plus surprenant de la part de l'ancien directeur de l'U.F.R. de Langue française de l'Université de Paris-Sorbonne, le français qu'il écrit n'est pas seulement le plus laid que je connaisse : bien souvent ce n'est plus du français.
Ne parlons pas des maladresses d'expression : il n'y a pratiquement pas une seule phrase qui n'en renferme une ou plusieurs. Parlons seulement des impropriétés et des incorrections caractérisées : il y en a à toutes les pages et souvent plusieurs. Je ne puis donc en donner ici qu'un très rapide aperçu. Passons sur le fait, pourtant bien étrange, qu'un professeur à la Sorbonne reprenne à son compte la plupart des impropriétés qu'on entend quotidiennement à la télévision, en employant par exemple le verbe générer (« C'est ce point qui a généré d'assez graves malentendus », V, 202) ou le verbe initier (« La phrase même initiée par cet adverbe […] », V, 43) d'une manière tout à fait abusive, ou en disant qu' « il se produit, chaque fois un plus » (II, 84), ou en parlant de la stylistique comme d'une « discipline porteuse » (II, 3).
Mais Georges Molinié commet encore beaucoup plus d'impropriétés et d'incorrections que les journalistes de la télévision. Ici encore on devra se contenter de quelques échantillons, tels que celui ci : « l'arrivée du vers 5 »; ou celui-ci (V, 139) : « la considération des études conversationnelles entraîne à chercher à savoir s'il existe des régularités dans la gestion des conversations » (V, 10), où l'on voit, mais ce n'est pas le seul cas, que Georges Molinié emploie « entraîner à » dans le sens de « inciter à »; ou cet autre : « le procédé qui consiste à remettre sur autrui la cause de telle ou telle situation » (III, 143), où il emploie « remettre sur » au sens de « imputer à »; ou encore celui-ci : « le monologue entier de Phèdre peut être considéré comme une déprécation, dans la mesure où il est contigu aux propos que Phèdre adressait dans la scène précédente à Œnone » (III, 112). Georges Molinié semble ignorer que, si des maisons, des terres, des jardins, des propriétés peuvent être contigus à d'autres, un monologue ne saurait être contigu à des propos. Citons enfin cette phrase, sur la quatrième de couverture de La Stylistique (Collection Premier Cycle), qui présente ce manuel comme « un guide pratique et méthodique pour entrer et progresser dans la discipline, par des parcours construisibles à volonté et en fonction des diverses manières de questions ». Georges Molinié ne sait pas, apparemment, qu'il y a des « sortes de questions » et des « manières de questionner », mais qu'il n'y a pas plus de « manières de questions » qu'il n'y a de « sortes de questionner ». Et là encore il s'agit d'une impropriété qui n'est nullement isolée.
On aura compris que Georges Molinié ignore ou veut ignorer les règles et les usages les mieux établis. Est-il besoin de dire qu'il ne craint d'employer à la forme pronominale des verbes qui ne l'admettent pas, écrivant ainsi que « le foisonnement actuel dans les sciences humaines […] va en s'abondant depuis quelques années » (IV, 1) ? Est-il besoin de dire qu'il ne craint pas de construire avec une proposition complétive des verbes transitifs qui ne sauraient avoir pour complément qu'un nom, en disant, par exemple : « on est conduit à interpréter que Nicomède s'arrête » (III, 61), ou bien : « seul, l'ensemble du propos fait interpréter correctement qu'il y a figure » (III, 276) ? Est-il besoin de dire qu'il ne craint pas de construire avec une proposition complétive des substantifs qui ne sauraient gouverner qu'un complément de nom, en écrivant, par exemple, cette monstruosité : « il convient d'associer à la considération, méthodologique, que la façon dont une discipline construit ses objets décide de l'interprétation qu'elle en tirera, la considération, épistémologique, qu'il y a distance, différence, entre l'objet et le concept, entre les formes empiriques et les constructions épistémiques » (IV, 2) ? Est-il besoin de dire que, de plus en plus fréquemment, il ne fait plus ou ne veut plus faire la distinction entre les verbes transitifs et les verbes intransitifs parlant notamment d' « une œuvre non jouie à réception ». Cet exemple montre d'ailleurs qu'à l'occasion il supprime aussi allégrement des articles indispensables, comme les journalistes de la météo qui ne sauraient dire que « côté températures ». Et, bien entendu, il fait souvent fi de l'ordre normal des mots, mettant parfois l'adjectif avant le substantif sans la moindre raison, comme dans cet exemple : « Soit le suivant extrait, si célèbre, de Rigodon» (V, 97), ou, beaucoup plus souvent, car c'est devenu chez lui un véritable tic, le verbe en tête de la phrase, comme dans cette phrase par ailleurs assez surréaliste : « S'opère ici la mise en acte d'une affinité aussi satinée que la voûte du ciel étoilé ». Il pense sans doute que c'est là un procédé particulièrement efficace « pour la montée du discours en régime de littérarité » (V, 202), pour employer un genre de métaphores dont il raffole et qui semble indiquer que sa vraie vocation était de vendre des automobiles. Ne pouvant malheureusement multiplier les exemples, je citerai seulement pour terminer la phrase suivante, qui me paraît bien propre à montrer jusqu'où peut descendre dans le charabia l'ancien directeur de l'U.F.R. de Langue française à l'Université de Paris-Sorbonne : « car, justement, c'est plus il avance que le texte devient plus nettement lyrique » (V, 177). On reste sans voix. Si Georges Molinié fait école, au lieu de dire : « plus je mange, plus je grossis », on dira dorénavant : « c'est plus je mange que plus je grossis », à moins que l'on ne préfère dire : « plus c'est que je mange, plus c'est que je grossis ».
Je le sais bien, tous les stylisticiens actuels n'écrivent pas un galimatias aussi calamiteux que Georges Molinié et je pense même, non seulement qu'il n'a point de rival, mais qu'en comparaison du sien, le style des plus détestables cacographes pourrait passer pour un modèle de clarté et d'élégance. Il n'empêche qu'on retrouve chez tous, à des degrés très divers, les défauts qu'on relève chez lui. Or la première chose que l'on devrait demander à des stylisticiens, c'est, me semble-t-il, sinon d'avoir vraiment du style, du moins de s'exprimer avec une certaine élégance. On est très loin du compte. Et c'est bien fâcheux, car comment des gens qui ne savent pas reconnaître les maladresses, les déficiences, voire la laideur de leur propre style, peuvent-ils prétendre juger et rendre compte de la force, de l'efficacité et de la beauté de celui des autres ? L'idée que le plus important dans une œuvre, c'est ce que l'auteur nous dit sans le savoir, fait certainement partie des stupidités les plus rebattues, des sottises les plus ressassées, des sornettes les plus "récurrentes" que la nouvelle critique a répandues. Il n'en est pas moins vrai que certains auteurs nous disent sans le savoir des choses qui sont, en effet, très importantes, du moins quant à l'usage que l'on peut faire de leurs œuvres : elles nous apprennent tout de suite qu'on peut se dispenser de les lire. Ainsi, ce que Georges Molinié nous dit continuellement, sans le savoir, dans tous ses ouvrages, à toutes les pages et dans chacune de ses phrases, c'est qu'il n'est vraiment pas fait pour s'occuper de littérature, qu'il ne sait pas, qu'il n'a jamais su et qu'il ne saura jamais, ce que peut être le style. Et je crains fort qu'il n'en soit de même, même si c'est moins flagrant, de beaucoup des stylisticiens actuels.
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