Devenir prof de musique : quelles compétences ?

Hello, pour commencer je ne sais pas du tout si mon post est dans la bonne catégorie. Pour résumer, je suis une étudiante de L3 LLCER Anglais à l'Université Sorbonne-Nouvelle ayant effectué 3 ans de stages en tant qu'AED en préprofessionalisation dans le cadre de l'enseignement de l'anglais dans le second degré à l'Académie de Créteil. Un parcours jusque-là normal. Donc voilà durant ces trois ans j'ai pu exercer dans des établissements au climat social différent, j'ai appris beaucoup de choses et j'ai été formée sur pas mal de points, de plus qu'à l'université je m'étais spécialisée en didactique. Sauf qu'entre temps, des problèmes de santé sont apparus, une grosse dépression, des hospitalisations, traitements lourds et j'en passe... Et me voilà à ma quatrième L3, mon état ne s'améliore pas depuis des années, j'ai perdu le goût des études, j'ai vraiment l'impression d'être coincée dans cette licence, je n'avance pas. J'ai essayé d'y échapper comme j'ai pu, en demandant des réorientations et validations d'acquis dans d'autres universités, mais rien n'a abouti. Je me sens réellement perdue, au fond du gouffre, sans savoir quoi faire de ma vie. Je suis incapable de me projeter, je n'ai plus d'ambitions. C'est très dur, j'ai l'impression de faire du surplace. J'ai 23 ans, je perds du temps, et tous mes amis ont fini leurs études et sont en CDI, pendant ce temps j'enchaîne juste les hospitalisations en psychiatrie. Mes parents ne sont pas fiers de moi et ont honte de moi, je me dégoute.Mais je tiens réellement à intégrer le milieu de l'éducation nationale, ça je le sais. Je me suis lassée de l'anglais à force de me faire du mal en restant dans cette licence, et en me rendant compte que je n'avais pas le profil de professeur d'anglais, du coup j'ai cherché d'autres alternatives et j'ai même envisagé une carrière de CPE mais je n'ai pas le profil psychologique pour.
Mais il y a quelque chose dans ma vie qui m'anime, qui est littéralement la raison pour laquelle je suis encore en vie aujourd'hui et qui me permet de tenir debout. La musique. Je compose, je chante, j'écris, je produis depuis mon plus jeune âge, je suis une grande passionnée avec une très grande culture musicale, la musique me berce depuis mon enfance. Je suis musicienne comme vous avez pu le comprendre, je travaille en MAO, j'ai déjà organisé des concerts et joué dans des salles, j'ai des notions de DJing, bref j'ai une certaine polyvalence. Et je me dis que la carrière de professeur de musique en collège pourrait être parfait pour moi et me faire sentir tellement mieux. J'adorerai transmettre ma passion aux plus jeunes et voir des humains se connecter à travers la musique. Seul problème ; je ne sais pas jouer d'un instrument à proprement dit, à part des accords simples de guitare mais c'est tout j'en connais maximum 5 mon niveau est super pauvre, je n'ai jamais étudié le solfège ou la théorie musicale. Mais en histoire de la musique je m'y connais super bien. Est-ce que le fait que je ne sache pas jouer d'un instrument et que je ne connaisse rien en solfège pourrait me freiner dans mon projet ? Si oui, est-ce que cela s'apprend vite ? Comment accéder au métier en sachant que j'ai déjà 3 ans d'expérience à l'académie de Créteil ? Merci d'avance pour vos réponses

Je n'ai pas de réponse précise à ta question, mais je sais que des contractuels ont été refusés par le rectorat pour enseigner la musique parce que justement ils ne jouaient pas d'un instrument (et parfois ne maîtrisaient pas non plus le chant polyphonique). Donc, sans vouloir te décourager, je pense que c'est un frein oui. Après est-ce que cela s'apprend vite, je n'en sais rien.
Est-ce que tu es accompagnée psychologiquement pour traverser cette mauvaise passe ? (Edit : oui, j'avais lu trop vite, pardon). Tu n'es bien sûr pas obligée de répondre, mais quand je lis que tes parents ont honte de toi (je suis choquée !) et que tu te dégoûtes, je pense que tu ne peux pas rester seule face à cette situation. Il n'y a aucune honte à avoir, on peut se tromper de chemin, fort heureusement, et emprunter d'autres voies ! Courage

Je ne saurais mieux dire, LadyO parle d'or.
Bon courage à toi.

Effectivement... Certains parcours sont moins linéaires que d'autres et ce n'est pas grave. L'essentiel, c'est de prendre soin de toi, d'aller mieux.
Bon courage

Tu sembles décrire un profil assez fragile, je pense qu'il faut avant tout travailler sur toi, consulter, te faire aider avant de te lancer dans une carrière d'enseignante, que ce soit en musique ou en anglais. Le stress du métier risque d'accentuer encore plus ce sentiment de mal-être.

En tous cas, je te souhaite énormément de COURAGE:)

J'avais répondu une première fois mais aucune idée de où le message est parti. Donc je réécris. Merci pour vos réponses tout d'abord, vous êtes adorables ! Je suis suivie, c'est juste compliqué le temps de trouver le bon traitement et la bonne thérapie mais je priorise ma guérison d'abord. J'ai 23 ans, je suis jeune, j'ai encore du temps pour me reposer et réfléchir.
Je me suis renseignée et en effet il faut savoir jouer d'un instrument pour être prof de musique et connaître le solfège pour intégrer une licence de musicologie (certaines proposent des L0, je crois que c'est le nom pour ceux qui ne connaissent pas). Je ne m'attends pas à ce que ce soit facile mais l'idée de partager ma passion aux autres me motive énormément.

Bonjour,
Changer d'orientation est tout à fait possible mais pour envisager des études en musicologie, sans connaissances théoriques préalables, il te faudra passer par une année L0 , année propédeutique dans laquelle tu pourras faire de la FM (formation musicale, anciennement "solfège") à haute dose, de l'histoire de la musique,de l'analyse à l'audition, du choeur, des matières optionnelles...
Tu ne pourras cependant commencer l'étude de l'écriture musicale (harmonie) et  l'étude de l' analyse sur partition, sans ces connaissances théoriques. Il te faudra donc envisager une Licence sur 4 ans au lieu de 3.
Les étudiants très motivés, travailleurs, se saisissant de cette chance qu'offre cette année préparatoire réussissent généralement bien dans les années supérieures.
Donc rien n'est perdu !
D'autre part, tu ne seras pas la seule en musicologie à jouer de la guitare ou de la basse.  Mais prendre des cours pour comprendre de l'intérieur ce que tu joues (théorie) est vivement conseillé. D'autre part, la maitrise du clavier sera importante à partir de la L2 (accompagnement, harmonisation au clavier)
Cependant , si tu es en souffrance, prendre cette année pour toi, te faire aider par tous les moyens pour aborder l'année suivante en étant apaisée  est essentiel.
Ces études, riches intellectuellement et émotionnellement, ne pourront être menées à bien si tu es trop fragile. Tu n'as point à avoir honte. De nombreux étudiants ne vont pas bien ...  Ta santé avant tout.
Il est toujours possible ensuite de solliciter un aménagement de cursus, un étalement en 2 ans par exemple de ta L1, L2.
Bon courage ! Ces études sont passionnantes !

Pour ce qui est du concours, je donne toujours le même conseil: lis les rapports de jury du CAPES, ça te donnera une idée de ce qui est attendu des candidats.

Je ne connais pas les études de musicologie,en revanche je suis assez d'accord avec Koremuse sur un point : il me semble urgent de prendre du temps pour ta santé.
Est-ce qu'il y a, dans ton coin, des écoles de musique qui proposent des cours pour adultes ? Tu pourrais commencer le solfège et reprendre la guitare sans trop de pression, te soigner, et envisager une licence de musico l'an prochain ?

Oui je pensais à reprendre la guitare, mais je suis dyspraxique j'ai commencé en 2016 et aucune progression depuis, je connais que les accords de base, c'est l'enfer j'ai de gros problèmes de motricité fine et de coordination... Le piano j'ai essayé alors ça je vous en parle même pas. Faut que je trouve un instrument facile à manier pour les cas comme moi... Puis j'me dis, ça va juste être pour accompagner au chant, pas besoin de faire des solos comme Jimmy Hendrix non ?

eversince222 a écrit:Oui je pensais à reprendre la guitare, mais je suis dyspraxique j'ai commencé en 2016 et aucune progression depuis, je connais que les accords de base, c'est l'enfer j'ai de gros problèmes de motricité fine et de coordination... Le piano j'ai essayé alors ça je vous en parle même pas. Faut que je trouve un instrument facile à manier pour les cas comme moi... Puis j'me dis, ça va juste être pour accompagner au chant, pas besoin de faire des solos comme Jimmy Hendrix non ?

Il s’agit d’un concours. On sélectionne les meilleurs.

https://www.devenirenseignant.gouv.fr/les-epreuves-du-capes-externe-et-du-cafep-capes-section-education-musicale-et-chant-choral-514

Le professeur de musique a tous les élèves de l'établissement une heure par semaine seulement. Ça demande tout de même, outre de solides compétences en musique, une bonne santé physique et psychologique

eversince222 a écrit:Oui je pensais à reprendre la guitare, mais je suis dyspraxique j'ai commencé en 2016 et aucune progression depuis, je connais que les accords de base, c'est l'enfer j'ai de gros problèmes de motricité fine et de coordination... Le piano j'ai essayé alors ça je vous en parle même pas. Faut que je trouve un instrument facile à manier pour les cas comme moi... Puis j'me dis, ça va juste être pour accompagner au chant, pas besoin de faire des solos comme Jimmy Hendrix non ?

Les concours ont encore certaines exigences. Si un futur professeur de français te disait " Ouais bah je ne connais pas trop la grammaire, l'orthographe je ne maitrise pas trop, la culture litteraire je n'en connais que le minimum mais pour travailler avec des 6e on s'en fiche",  je suppose que tu trouverais ces propos choquants.  Comme le conseille Caspar, va voir les rapports de jurys et même si l'animation est dans l'air du temps plus que la transmission des connaissances, il me semble que tu ne peux pas appréhender ce métier de cette façon .

Mais le fait que je ne suive pas les méthodes classiques, que je ne joue pas d'un instrument, mais que je fasse de la MAO et que je maîtrise tous les outils digitaux pourrait changer quelque chose et me valoriser en termes de modernité et d'originalité ? Ça peut être cool une approche différente de la musique mais j'imagine que ça passera pas...

Il faut que tu lises le rapport de jury pour voir ce qui est attendu.

eversince222 a écrit:Mais le fait que je ne suive pas les méthodes classiques, que je ne joue pas d'un instrument, mais que je fasse de la MAO et que je maîtrise tous les outils digitaux pourrait changer quelque chose et me valoriser en termes de modernité et d'originalité ? Ça peut être cool une approche différente de la musique mais j'imagine que ça passera pas...

Je ne sais pas, je ne connais pas les contenus exigibles pour la réussite au concours dans cette matière.
D'après ce que tu dis il s'agirait davantage d'une passion qui pourrait s'épanouir dans un cadre scolaire mais seulement après avoir répondu aux exigences ces posées par ce cadre. Certainement qu'un collègue de musique qui posséderait tes compétences pourrait bâtir ses cours en y intégrant tout ce qui le nourrit par ailleurs. Mais si tu fais l'économie des bases ça risque d'être dur et surtout non efficient en classe.

eversince222 a écrit:Mais le fait que je ne suive pas les méthodes classiques, que je ne joue pas d'un instrument, mais que je fasse de la MAO et que je maîtrise tous les outils digitaux pourrait changer quelque chose et me valoriser en termes de modernité et d'originalité ? Ça peut être cool une approche différente de la musique mais j'imagine que ça passera pas...

Cela ne fonctionne pas comme ça. Il ne s'agit pas d'un entretien d'embauche, c'est un concours.

Je ne rajouterai pas grand chose à tout ce qui a été dit, mais renseigne toi aussi sur les mutations, et les conditions d'exercice.
En art on a les élèves qu'une heure par semaine, il n'est pas rare d'être sur deux, voir trois établissements.
Les mutations sont compliquées du fait du petit nombre de postes disponibles.

Avoir beaucoup d'élèves peu de temps par semaine est un autre rythme. Moi j'aime bien (bon, je ne connais pas autre chose) mais c'est particulier. Il y a moins d'attachement avec les élèves, moi ça me convient très bien, mais c'est parfois éloigné de l'image qu'on se fait de l'enseignement. Et c'est encore plus important quand tu es sur plusieurs établissements et/ou TZR (titulaire mais remplaçant).

Cette année nous avons eu un néo contractuel en musique à la rentrée. Il est arrivé très sûr de lui, en mode "je vais révolutionner l'enseignement de la musique dans ce collège, avant moi les élèves n'avaient jamais étudié la musique (sympa pour la titulaire qui était là depuis vingt ans !), les programmes c'est vieillot, hors de question que je fasse du Liszt, avec moi ce sera moderne, on va créer une chanson avec la MAO etc etc..."
Bon il a tenu trois semaines avant de démissionner. Ce n'est pas la bonne approche je pense.

LadyOlenna a écrit:

eversince222 a écrit:Mais le fait que je ne suive pas les méthodes classiques, que je ne joue pas d'un instrument, mais que je fasse de la MAO et que je maîtrise tous les outils digitaux pourrait changer quelque chose et me valoriser en termes de modernité et d'originalité ? Ça peut être cool une approche différente de la musique mais j'imagine que ça passera pas...

Cela ne fonctionne pas comme ça. Il ne s'agit pas d'un entretien d'embauche, c'est un concours.

Mince... Je me rends compte que ça va être super dur, en plus du concours, le fait que je vais devoir apprendre un instrument en étant dyspraxique, recommencer en L0 pour apprendre le solfège, les cours de chorale... Je commence à démotiver alors que c'est vraiment le métier que j'adorerai faire

Pourquoi tu dis "ne pas avoir le profil pour devenir professeur d'anglais" ?

LadyOlenna a écrit:Pourquoi tu dis "ne pas avoir le profil pour devenir professeur d'anglais" ?

C'est instinctif. Je le sais juste, je m'en suis rendue compte pendant mes années de stage. De plus je ne savais absolument pas me faire respecter et je me laissais piétiner par des mômes par manque de confiance en moi et d'affirmation. Mais j'ai l'impression qu'enseigner quelque chose qui me passionne me mettrait dans un état d'esprit totalement différent, je suis sûre que ça m'apporterait de la confiance en moi

La gestion de classe est plus difficile quand on voit peu les élèves. Il y a certes des réflexes professionnels qui s’apprennent.
L’urgence reste de prendre soin de toi, de retrouver confiance en toi.

Tu dis que c'est le métier que tu adorerais faire, @eversince222, mais je crois que tu confonds aimer la musique et être prof de musique.

Il est plus facile d'enseigner quelque chose que l'on maîtrise que quelque chose qui nous passionne (même si l'idéal serait de concilier les deux).