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- HapoNiveau 4
Bonjour,
Je suis en train de préparer une séance sur la création du monde pour les sixième, qui regroupera des textes de la Bible, du Coran, de la civilisation mésopotamienne, et quelques textes scientifiques.
Je n'arrive pas à introduire cette séance d'une façon intéressante et pas trop casse-gueule.
Avez-vous des idées ? Comment introduisez-vous les séquences portant sur ce sujet ?
Je vous remercie par avance,
Hapo
Je suis en train de préparer une séance sur la création du monde pour les sixième, qui regroupera des textes de la Bible, du Coran, de la civilisation mésopotamienne, et quelques textes scientifiques.
Je n'arrive pas à introduire cette séance d'une façon intéressante et pas trop casse-gueule.
Avez-vous des idées ? Comment introduisez-vous les séquences portant sur ce sujet ?
Je vous remercie par avance,
Hapo
- HapoNiveau 4
Bonjour,
Je me permets de vous relancer, si certains ont des idées
Je me permets de vous relancer, si certains ont des idées
- DerborenceModérateur
Je disais aux élèves :
"Dans ce nouveau chapitre, nous allons lire des récits de création. Nous allons en particulier étudier des textes fondateurs : des textes issus de la Bible, du Coran".
Ensuite, 1er texte : c'était parti.
"Dans ce nouveau chapitre, nous allons lire des récits de création. Nous allons en particulier étudier des textes fondateurs : des textes issus de la Bible, du Coran".
Ensuite, 1er texte : c'était parti.
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"La volonté permet de grimper sur les cimes ; sans volonté on reste au pied de la montagne." Proverbe chinois
"Derborence, le mot chante triste et doux dans la tête pendant qu’on se penche sur le vide, où il n’y a plus rien, et on voit qu’il n’y a plus rien."
Charles-Ferdinand Ramuz, Derborence
- DeliaEsprit éclairé
(Parenthèse ouverte : curieuse impasse sur les textes grecs (Hésiode) et latins (Ovide) qui permettent le petit jeu des ressemblances et différences. Fin de parenthèse.)
Quelle notion veux-tu faire acquérir ? C'est de là que tu vas partir : nous allons voir comment se construit un récit mythique.
Ou alors, droit au but : « Ouvrez vos manuels page tant... »
Quelle notion veux-tu faire acquérir ? C'est de là que tu vas partir : nous allons voir comment se construit un récit mythique.
Ou alors, droit au but : « Ouvrez vos manuels page tant... »
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Un vieillard qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
Amadou Hampaté Ba
- HapoNiveau 4
Derborence a écrit:Je disais aux élèves :
"Dans ce nouveau chapitre, nous allons lire des récits de création. Nous allons en particulier étudier des textes fondateurs : des textes issus de la Bible, du Coran".
Ensuite, 1er texte : c'était parti.
D'accord, je vois.
En fait, à l'INSPE (je suis stagiaire), on nous apprend qu'il faut une petite séance d'introduction avant de se lancer dans la séquence, afin de donner envie aux élèves de s'y intéresser.
Par exemple, lors d'une séquence sur les monstres, j'avais réalisé une séance d'introduction à partir de différentes images de monstres, en cherchant avec eux à définir un monstre à partir de celles-ci.
Je cherche ainsi une séance introductrice pour ma séquence sur les mythes de la création. J'aimerais notamment y aborder la distinction entre savoir et croyance, et la distinction entre lecture religieuse et interprétation littéraire. Mais je ne trouve pas de façon d'aborder le sujet.
- HapoNiveau 4
C'est vrai que ça pourrait être intéressant. Mais nous sortons d'une séance sur l'Odyssée, où nous avons beaucoup parlé de mythologie grecque, donc j'avais envie d'aborder un peu autre chose.Delia a écrit:Curieuse impasse sur les textes grecs (Hésiode) et latins (Ovide) qui permettent le petit jeu des ressemblances et différences.
J'ai prévu une séquence qui sera basée sur les comparaisons de textes de la genèse avec d'autres textes mythiques :
- La création du monde dans la Bible et dans la Voluspa (mythologie nordique)
- La création de l'homme dans la Bible et chez les Yanomani (mythologie amerindienne)
- L'histoire d'Adam et Eve dans le Coran (pas de comparaison car c'est presque le même que dans la Bible)
- L'histoire de l'arche de Noé dans la Bible et chez Gilgamesh (mythologie mésopotamienne).
Il y aura aussi une étude d'image à partir de la partie gauche du triptyque "Le Jugement dernier" par Jérôme Bosh.
Les objectifs principaux sont la découverte de la notion de mythe fondateur, la distinction entre sens littéral et sens métaphorique, et l'analyse des textes comme outils de compréhension du monde.
- HapoNiveau 4
Delia a écrit:
Quelle notion veux-tu faire acquérir ? C'est de là que tu vas partir : nous allons voir comment se construit un récit mythique.
Ou alors, droit au but : « Ouvrez vos manuels page tant... »
Oui, il est vrai que je pourrais partir sur ce qu'est un texte mythique, puis dérouler cette notion pour arriver aux distinctions que j'ai évoquées dans ma réponse à Derborence. Je n'avais pas envisagé une introduction à partir du coeur même de la séquence.
Merci !
- DeliaEsprit éclairé
De mon temps, un objectif était très précis : je veux rendre l'élève capable (REC) de faire telle ou telle chose, observable de l'extérieur. En d'autre termes, que veux-tu enseigner à tes élèves ? Quelle production finale en attends-tu ? Détermine ton but et le début te sera aisé.
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Amadou Hampaté Ba
- adumbrateNiveau 10
Hapo a écrit:Derborence a écrit:Je disais aux élèves :
"Dans ce nouveau chapitre, nous allons lire des récits de création. Nous allons en particulier étudier des textes fondateurs : des textes issus de la Bible, du Coran".
Ensuite, 1er texte : c'était parti.
D'accord, je vois.
En fait, à l'INSPE (je suis stagiaire), on nous apprend qu'il faut une petite séance d'introduction avant de se lancer dans la séquence, afin de donner envie aux élèves de s'y intéresser.
C'est le genre de chose qu'on fait effectivement l'année de stage, puis qu'on laisse tomber après. Ça prend du temps, et ça ne sert pas à grand chose : les élèves s'intéressent toujours aux textes fondateurs, introduction ou pas.
La seule chose que je prends le temps de faire, c'est de leur expliquer dans quelle optique on étudie la Bible (différence texte religieux / texte littéraire avec impact fort sur la culture mondiale).
- HapoNiveau 4
Delia a écrit:De mon temps, un objectif était très précis : je veux rendre l'élève capable (REC) de faire telle ou telle chose, observable de l'extérieur. En d'autre termes, que veux-tu enseigner à tes élèves ? Quelle production finale en attends-tu ? Détermine ton but et le début te sera aisé.
D'accord.
Ma séquence est tournée vers l'analyse de textes et d'images.
Je veux rendre l'élève capable de comprendre le sens littéral d'un texte.
Je veux rendre l'élève capable d'analyser un texte en se demandant quel est son utilité (par exemple utilité d'explication d'un phénomène etc.)
Je veux rendre l'élève capable de comparer deux textes similaires : de dire ce qui change et ce qui ne change pas, et d'analyser la raison de ces changements.
Je souhaite réaliser une tâche finale à l'oral (car mes deux dernières séquences se sont terminées par des expressions écrites), en demandant aux élèves de présenter un texte de mythe fondateur, d'en expliquer le sens littéral, de décrire l'utilité de ce texte.
Est-ce trop vague ? Si oui, je ne sais pas vraiment quoi faire de plus précis.
- HapoNiveau 4
adumbrate a écrit:Hapo a écrit:Derborence a écrit:Je disais aux élèves :
"Dans ce nouveau chapitre, nous allons lire des récits de création. Nous allons en particulier étudier des textes fondateurs : des textes issus de la Bible, du Coran".
Ensuite, 1er texte : c'était parti.
D'accord, je vois.
En fait, à l'INSPE (je suis stagiaire), on nous apprend qu'il faut une petite séance d'introduction avant de se lancer dans la séquence, afin de donner envie aux élèves de s'y intéresser.
C'est le genre de chose qu'on fait effectivement l'année de stage, puis qu'on laisse tomber après. Ça prend du temps, et ça ne sert pas à grand chose : les élèves s'intéressent toujours aux textes fondateurs, introduction ou pas.
La seule chose que je prends le temps de faire, c'est de leur expliquer dans quelle optique on étudie la Bible (différence texte religieux / texte littéraire avec impact fort sur la culture mondiale).
D'accord. Et tu l'expliques comment ? De façon brute (comme tu viens de le faire) ou de façon imagée, avec un exemple parlant etc. ?
- DeliaEsprit éclairé
La création de l'homme dans la Bible : sauf que la Genèse présente deux récits différents de cette création...
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Amadou Hampaté Ba
- HapoNiveau 4
Delia a écrit:La création de l'homme dans la Bible : sauf que la Genèse présente deux récits différents de cette création...
Tout à fait.
Je vois les deux récits : d'abord le premier lors de la création du monde (chapitre 1, verset 1), mais je ne m'attarde pas particulièrement sur l'homme. L'idée est d'étudier la création dans son ensemble, en comparant ce texte à celui de la Volspa (voilà les objectifs que j'ai retenus :
- Analyser deux récits de création, comprendre comment les hommes ont tenté d'expliquer le monde.
- Analyser le rapport des dieux à la création : le dieu de la Bible qui est unique et crée par la parole, les dieux de la Voluspa qui sont pluriels et qui créent chacun selon leurs compétences.
- Analyser la place de l'homme dans les deux récits : en déduire que l'objectif des deux mythologies est de mettre l'homme au cœur du monde.)
Et ensuite le deuxième (celui dans lequel la femme est crée après l'homme, issue de sa côte etc.) en comparaison avec la création de l'homme chez les amérindiens.
- adumbrateNiveau 10
Hapo a écrit:
D'accord. Et tu l'expliques comment ? De façon brute (comme tu viens de le faire) ou de façon imagée, avec un exemple parlant etc. ?
Je ne suis pas sûre de l'expliquer de la meilleure manière qui soit : j'ai parfois des retours de parents, qui ne comprennent pas qu'on étudie ces textes, ce qui signifie que je n'ai pas su l'expliquer clairement aux élèves, je pense.
Je leur dis qu'il est essentiel de connaître ces textes pour leur dimension culturelle, hors de toute considération religieuse, et qu'il y en a des traces tout autour de nous. Par la suite, au cours de la séquence, je leur montre des œuvres d'art (comme toi), des expressions qui en sont tirées, parfois des pubs qui s'en inspirent, et même le début de l'épisode des Simpson consacré à la Bible (ça fonctionne très bien en parallèle avec l'épisode du jardin d'Eden).
- HapoNiveau 4
Ce sont de très bonnes idées (pubs, Simpson etc.) ! Merci.adumbrate a écrit:Hapo a écrit:
D'accord. Et tu l'expliques comment ? De façon brute (comme tu viens de le faire) ou de façon imagée, avec un exemple parlant etc. ?
Je ne suis pas sûre de l'expliquer de la meilleure manière qui soit : j'ai parfois des retours de parents, qui ne comprennent pas qu'on étudie ces textes, ce qui signifie que je n'ai pas su l'expliquer clairement aux élèves, je pense.
Je leur dis qu'il est essentiel de connaître ces textes pour leur dimension culturelle, hors de toute considération religieuse, et qu'il y en a des traces tout autour de nous. Par la suite, au cours de la séquence, je leur montre des œuvres d'art (comme toi), des expressions qui en sont tirées, parfois des pubs qui s'en inspirent, et même le début de l'épisode des Simpson consacré à la Bible (ça fonctionne très bien en parallèle avec l'épisode du jardin d'Eden).
- DeliaEsprit éclairé
Virgil Gheorghiu fait remarquer que si l'homme est fait de boue, la femme est faite d'homme, la matière la plus noble qui se puisse trouver : la femme est le sommet de la création. Selon une autre lecture, l'homme est le brouillon, la femme la version définitive.
(Fin du quart d'heure féministe.)
Attention à la côte d'Adam, résultat d'une maladresse de traduction. La femme est prélevée au plus près du cœur, au plus intime du plus intime, ils ne sont plus qu'un.
De plus, si YHWH crée par la seule puissance de la parole, Elohim (noter que ce terme est un pluriel...) modèle l'argile de ses propres mains... sauf pour la femme qu'il modèle à partir de l'homme. Il fait du bruit en marchant, il n'est pas abstrait.
(Fin du quart d'heure féministe.)
Attention à la côte d'Adam, résultat d'une maladresse de traduction. La femme est prélevée au plus près du cœur, au plus intime du plus intime, ils ne sont plus qu'un.
De plus, si YHWH crée par la seule puissance de la parole, Elohim (noter que ce terme est un pluriel...) modèle l'argile de ses propres mains... sauf pour la femme qu'il modèle à partir de l'homme. Il fait du bruit en marchant, il n'est pas abstrait.
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Amadou Hampaté Ba
- HapoNiveau 4
Delia a écrit:Virgil Gheorghiu fait remarquer que si l'homme est fait de boue, la femme est faite d'homme, la matière la plus noble qui se puisse trouver : la femme est le sommet de la création. Selon une autre lecture, l'homme est le brouillon, la femme la version définitive.
(Fin du quart d'heure féministe.)
Attention à la côte d'Adam, résultat d'une maladresse de traduction. La femme est prélevée au plus près du cœur, au plus intime du plus intime, ils ne sont plus qu'un.
Merci, j'ignorais cette maladresse de traduction. C'est comme pour cette fameuse "pomme" qui n'existe pas... J'y ferai attention.
Que penses-tu donc de mes objectifs de séquence ? Sont-ils clairs ?
- CésarionNiveau 6
Bonjour. En ce qui me concerne j'intègre le thème de la Création du monde dans un chapitre portant sur Les Métamorphoses d'Ovide.
J'étudie plusieurs récits et en particulier les premiers, qui portent sur le Chaos et la naissance du Monde, des premiers hommes. Le parallèle avec les grands textes évoqués plus haut devient une évidence. Les avantages : je gagne du temps et peux me consacrer à ce que je considère comme le nerf de la guerre, l'étude de la langue; je rapproche l'universalité du mythe de celle des contes; je continue à tisser ce fil rouge de la métamorphose qui commence avec Perrault, se termine avec Ovide après un détour par L'Odyssée. Ces textes ne sont pas toujours d'accès aisé pour nos jeunes élèves, en particulier le texte d'Ovide, d'une grande richesse. Je m'appuie donc sur des gravures, issues du site web de la BNF, qui me permettent de faire défiler les étapes de la création comme autant de vignettes de bandes dessinées. Enfin, c'est une manière à peine détournée de commencer l'initiation aux langues anciennes, qui vont, je l'espère - j'ouvre une parenthèse- de manière presque inespérée, reprendre du galon avec le souhait récemment affiché par le ministère d'explorer la richesse de la culture antique (je suis un doux rêveur, je sais !). J'ajoute une BD de Jean Effel, servant de support au travail d'expression écrite. Cela fonctionne très bien. Bon courage ! Lien : https://www.plazzart.com/fr_LU/achat/art-moderne/jean-effel-il-pose-les-fondements-de-la-societe-lithographie-originale-signee-305251
J'étudie plusieurs récits et en particulier les premiers, qui portent sur le Chaos et la naissance du Monde, des premiers hommes. Le parallèle avec les grands textes évoqués plus haut devient une évidence. Les avantages : je gagne du temps et peux me consacrer à ce que je considère comme le nerf de la guerre, l'étude de la langue; je rapproche l'universalité du mythe de celle des contes; je continue à tisser ce fil rouge de la métamorphose qui commence avec Perrault, se termine avec Ovide après un détour par L'Odyssée. Ces textes ne sont pas toujours d'accès aisé pour nos jeunes élèves, en particulier le texte d'Ovide, d'une grande richesse. Je m'appuie donc sur des gravures, issues du site web de la BNF, qui me permettent de faire défiler les étapes de la création comme autant de vignettes de bandes dessinées. Enfin, c'est une manière à peine détournée de commencer l'initiation aux langues anciennes, qui vont, je l'espère - j'ouvre une parenthèse- de manière presque inespérée, reprendre du galon avec le souhait récemment affiché par le ministère d'explorer la richesse de la culture antique (je suis un doux rêveur, je sais !). J'ajoute une BD de Jean Effel, servant de support au travail d'expression écrite. Cela fonctionne très bien. Bon courage ! Lien : https://www.plazzart.com/fr_LU/achat/art-moderne/jean-effel-il-pose-les-fondements-de-la-societe-lithographie-originale-signee-305251
- HapoNiveau 4
Merci pour tous ces conseils, Césarion !
J'ai déjà étudié les contes avec eux, faire le parallèle sera intéressant, tu as raison.
Et je vais aller voir le travail de Jean Effel, ça me parait très riche !
J'ai déjà étudié les contes avec eux, faire le parallèle sera intéressant, tu as raison.
Et je vais aller voir le travail de Jean Effel, ça me parait très riche !
- *Ombre*Grand sage
Le problème de tes objectifs, à mon avis, c'est qu'ils sont transposables à n'importe quel chapitre. On veut toujours que les élèves comprennent le texte. On veut toujours qu'ils soient capables de comparer. Mais dans quel but ?
En ce moment, en 5e, je travaille sur le héros. J'ai fait comparer Achille et Roland, puis Arthur et les deux premiers. Mais dans un but précis : remarquer que, dans l'Antiquité, le héros n'est ni bon ni mauvais, c'est un demi-dieu, et donc tout ce qu'il accomplit est amplifié, pour le meilleur et pour le pire. C'est un héros à la fois superbe et terrible, et réalise des exploits, mais aussi des catastrophes. Avec Roland, on bascule dans un univers monothéiste et manichéen. Roland combattant les Sarrasins, c'est le Bien contre le Mal, une figure christique se sacrifiant pour le Salut de la Chrétienté. On conserve les caractéristiques de l'épopée, notamment les interventions divines, mais dans un univers où le héros est magnifié. Il y a dans la Chanson de Geste un caractère exemplaire qui fait totalement défaut aux récits mythologiques.
A quoi te mèneront les comparaisons que tu prévois ? C'est une vraie question, car je ne connais pas les textes que tu évoques. Or, si c'est pour constater que y a des points communs, c'est rigolo, et y a des différences, point final, tu admettras que ça ne va pas très loin.
En outre, les textes gréco-romains font référence, dans notre culture, pas les textes amérindiens, ni même le Coran (soit dit sans préjuger de l'intérêt de ces textes en soi). Avec quatre heures trente par semaine, nous avons peu le loisir de nous écarter de l'urgence de cette culture commune à transmettre, celle qui fonde une pensée commune et irrigue toute notre littérature. Il est très riche de comparer le récit de la naissance du monde chez les Grecs et dans la Bible. Avec la cosmogonie et l'avènement des Olympiens et le partage de Prométhée, on voit la naissance d'un ordre émergeant du chaos, ordre auquel se soumettent même les dieux, et dont Zeus devient le garant. Le monstre, mais aussi le héros à l'hybris problématique, menacent perpétuellement cet ordre. Eris et Eros sont les deux forces dialectiques qui mènent le monde : il y a moins le Bien et le Mal qu'un équilibre à recomposer sans cesse. La Génèse dit la toute-puissance du Dieu unique, dont la seule parole crée toute chose, mais instaure aussi un ordre moral. Le partage de Prométhée ne dupe pas Zeus le clairvoyant, mais celui-ci laisse faire car il faut que l'homme, comme les dieux, ait son lot, ce dont il est le garant. Tout n'est que maintient de l'ordre dans cette histoire, jusqu'au châtiment de Prométhée, et l'homme n'a nulle rédemption à attendre car son lot est juste et bon, et il fallait qu'il soit séparé des dieux pour que soit parachevée l'oeuvre d'arrachement au chaos, à la confusion qui a permis l'émergence du monde, des lois et de la Cité. L'histoire d'Adam et Eve dit tout autre chose, elle parle de faute, de châtiment, et d'attente de salut. Malgré tout, ces récits présentent bien des points communs.
Pour ma part, je fais entendre en classe le récit de la création du monde chez les Grecs, cela ne prend que deux heures avec la très belle version audio de Claudie Aubin, passionne les élèves, et fait partie de la culture générale. Chacun de ces épisodes est inépuisable. Puis j'étudie les textes bibliques et je fais des liens perpétuels avec les récits grecs, pour souligner la différence de vision du monde qu'entraîne le passage au monothéisme.
Mes objectifs, pour ce chapitre, outre les compétences perpétuellement consolidées (comprendre, interpréter...) :
- connaître des textes fondateurs de la culture commune, essentiels dans notre littérature ;
- comprendre quelle image de l'homme et du monde émerge de ces récits de création.
Si cela t'intéresse, je peux t'envoyer les récits dont je parle. Il y a même une exploitation de ces textes dans le TDL 6e.
En ce moment, en 5e, je travaille sur le héros. J'ai fait comparer Achille et Roland, puis Arthur et les deux premiers. Mais dans un but précis : remarquer que, dans l'Antiquité, le héros n'est ni bon ni mauvais, c'est un demi-dieu, et donc tout ce qu'il accomplit est amplifié, pour le meilleur et pour le pire. C'est un héros à la fois superbe et terrible, et réalise des exploits, mais aussi des catastrophes. Avec Roland, on bascule dans un univers monothéiste et manichéen. Roland combattant les Sarrasins, c'est le Bien contre le Mal, une figure christique se sacrifiant pour le Salut de la Chrétienté. On conserve les caractéristiques de l'épopée, notamment les interventions divines, mais dans un univers où le héros est magnifié. Il y a dans la Chanson de Geste un caractère exemplaire qui fait totalement défaut aux récits mythologiques.
A quoi te mèneront les comparaisons que tu prévois ? C'est une vraie question, car je ne connais pas les textes que tu évoques. Or, si c'est pour constater que y a des points communs, c'est rigolo, et y a des différences, point final, tu admettras que ça ne va pas très loin.
En outre, les textes gréco-romains font référence, dans notre culture, pas les textes amérindiens, ni même le Coran (soit dit sans préjuger de l'intérêt de ces textes en soi). Avec quatre heures trente par semaine, nous avons peu le loisir de nous écarter de l'urgence de cette culture commune à transmettre, celle qui fonde une pensée commune et irrigue toute notre littérature. Il est très riche de comparer le récit de la naissance du monde chez les Grecs et dans la Bible. Avec la cosmogonie et l'avènement des Olympiens et le partage de Prométhée, on voit la naissance d'un ordre émergeant du chaos, ordre auquel se soumettent même les dieux, et dont Zeus devient le garant. Le monstre, mais aussi le héros à l'hybris problématique, menacent perpétuellement cet ordre. Eris et Eros sont les deux forces dialectiques qui mènent le monde : il y a moins le Bien et le Mal qu'un équilibre à recomposer sans cesse. La Génèse dit la toute-puissance du Dieu unique, dont la seule parole crée toute chose, mais instaure aussi un ordre moral. Le partage de Prométhée ne dupe pas Zeus le clairvoyant, mais celui-ci laisse faire car il faut que l'homme, comme les dieux, ait son lot, ce dont il est le garant. Tout n'est que maintient de l'ordre dans cette histoire, jusqu'au châtiment de Prométhée, et l'homme n'a nulle rédemption à attendre car son lot est juste et bon, et il fallait qu'il soit séparé des dieux pour que soit parachevée l'oeuvre d'arrachement au chaos, à la confusion qui a permis l'émergence du monde, des lois et de la Cité. L'histoire d'Adam et Eve dit tout autre chose, elle parle de faute, de châtiment, et d'attente de salut. Malgré tout, ces récits présentent bien des points communs.
Pour ma part, je fais entendre en classe le récit de la création du monde chez les Grecs, cela ne prend que deux heures avec la très belle version audio de Claudie Aubin, passionne les élèves, et fait partie de la culture générale. Chacun de ces épisodes est inépuisable. Puis j'étudie les textes bibliques et je fais des liens perpétuels avec les récits grecs, pour souligner la différence de vision du monde qu'entraîne le passage au monothéisme.
Mes objectifs, pour ce chapitre, outre les compétences perpétuellement consolidées (comprendre, interpréter...) :
- connaître des textes fondateurs de la culture commune, essentiels dans notre littérature ;
- comprendre quelle image de l'homme et du monde émerge de ces récits de création.
Si cela t'intéresse, je peux t'envoyer les récits dont je parle. Il y a même une exploitation de ces textes dans le TDL 6e.
- DeliaEsprit éclairé
Comme je suis de la (très, très) vieille école, je te répondrai que tes objectifs n'en étaient pas à mon époque : l'objectif, disions-nous, est un comportement observable et transposable.
Analyser le rapport des dieux à la création : par quel comportement l'élève te montrera-t-il qu'il a saisi ce rapport ?
Cela précisé, je ne suis pas la loi et les prophètes. A Rome, fais comme les Romains : à l'INSPE, fais comme l'INSPE te dit de faire.
Cependant, « qui trop embrasse, mal étreint » : ta séquence est extrêmement ambitieuse, trop pour des élèves de Sixième. Tiens-t'en à une idée simple et pars de leur propre représentation.
P.S. ma réponse s'adresse à Hapo.
Analyser le rapport des dieux à la création : par quel comportement l'élève te montrera-t-il qu'il a saisi ce rapport ?
Cela précisé, je ne suis pas la loi et les prophètes. A Rome, fais comme les Romains : à l'INSPE, fais comme l'INSPE te dit de faire.
Cependant, « qui trop embrasse, mal étreint » : ta séquence est extrêmement ambitieuse, trop pour des élèves de Sixième. Tiens-t'en à une idée simple et pars de leur propre représentation.
P.S. ma réponse s'adresse à Hapo.
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Amadou Hampaté Ba
- lilith888Grand sage
Hapo a écrit:Delia a écrit:La création de l'homme dans la Bible : sauf que la Genèse présente deux récits différents de cette création...
Tout à fait.
Je vois les deux récits : d'abord le premier lors de la création du monde (chapitre 1, verset 1), mais je ne m'attarde pas particulièrement sur l'homme. L'idée est d'étudier la création dans son ensemble, en comparant ce texte à celui de la Volspa (voilà les objectifs que j'ai retenus :
- Analyser deux récits de création, comprendre comment les hommes ont tenté d'expliquer le monde.
- Analyser le rapport des dieux à la création : le dieu de la Bible qui est unique et crée par la parole, les dieux de la Voluspa qui sont pluriels et qui créent chacun selon leurs compétences.
- Analyser la place de l'homme dans les deux récits : en déduire que l'objectif des deux mythologies est de mettre l'homme au cœur du monde.)
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Pour ce que j'ai graissé, c'est faux en ce qui concerne la mythologie nordique...
- HapoNiveau 4
Vous avez raison. Je vais tout reprendre à zéro en me concentrant sur des objectifs plus simples.
Pour Ombre : j'ai mis les grandes lignes de mes objectifs. Mais ils étaient beaucoup plus détaillés que cela, bien entendu.
Pour Délia : peut-être, par "objectifs", entends-tu plutôt "compétences" ?
Pour lilith : tu as raison, je ne maîtrise pas assez cette mythologie. Dans ma simplification, je vais supprimer ce texte.
Pour Ombre : j'ai mis les grandes lignes de mes objectifs. Mais ils étaient beaucoup plus détaillés que cela, bien entendu.
Pour Délia : peut-être, par "objectifs", entends-tu plutôt "compétences" ?
Pour lilith : tu as raison, je ne maîtrise pas assez cette mythologie. Dans ma simplification, je vais supprimer ce texte.
- DeliaEsprit éclairé
Par objectifs, j'entends ce que l'on appelait objectif de mon temps : une attitude observable de l'extérieur prouvant un acquis épistémique. Pour nous, les compétences étaient plus vastes et plus larges : p. ex. analyser était une compétence, relever le vocabulaire, un objectif.
Les étiquettes importent peu, au fond, mais le tout est de se demander : que vais-je leur faire acquérir de transférable ?
Les étiquettes importent peu, au fond, mais le tout est de se demander : que vais-je leur faire acquérir de transférable ?
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Amadou Hampaté Ba
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