Routine de travail

Bonjour à tous.

Il s'agit là de mon premier message - je me présente en deux mots, je suis en deuxième année de master lettres modernes, et je vais entamer mon premier remplacement en collège (à mi temps) d'ici  quelques jours.

Hier je pensais à la mise en place d'une routine avec les élèves, afin de les aider et de les habituer à """penser""". Je réfléchissais, par exemple, à ce que je leur transmette en fin de séance une citation, un aphorisme, une pensée - abordable - en leur demandant d'y réfléchir pour la séance suivante, et en les encourageant à présenter rapidement leur auteur. Voilà qui pourrait permettre un échange d'idées en dernière partie de cours, tout en les entrainant à organiser leur pensée, à débattre, etc.

Certains d'entre vous travaillent-ils de la sorte? Pensez-vous au contraire que cela soit hors de propos, du fait de leur jeune âge ou du temps imparti?

D'avance merci.

Bon week-end à tous

Je crains que cela te prenne énormément de temps, un temps dont tu ne disposeras pas. Avec nos maigres horaires, la priorité, si on veut que les élèves apprennent à penser, est de leur donner les moyens de le faire par la maîtrise de la langue. Et il y a du boulot !

St-J. P a écrit:

Hier je pensais à la mise en place d'une routine avec les élèves, afin de les aider et de les habituer à """penser""". Je réfléchissais, par exemple, à ce que je leur transmette en fin de séance une citation, un aphorisme, une pensée - abordable - en leur demandant d'y réfléchir pour la séance suivante, et en les encourageant à présenter rapidement leur auteur. Voilà qui pourrait permettre un échange d'idées en dernière partie de cours, tout en les entrainant à organiser leur pensée, à débattre, etc.

Certains d'entre vous travaillent-ils de la sorte? Pensez-vous au contraire que cela soit hors de propos, du fait de leur jeune âge ou du temps imparti?

Bonjour,
Il est très positif que tu commences à réfléchir à des activités, celle que tu proposes est possible et peut-être positive MAIS puisque tu débutes attention à deux choses :
— le temps effectivement, tu vas (re)découvrir que tout prend beaucoup de temps au collège et que l'activité que tu proposes, aussi intéressante soit-elle, va prendre un temps que tu dois gérer ;
— Tu interviens comme remplaçante : les classes que tu vas découvrir peuvent-être aussi bien totalement réceptive que totalement réfractaire à ce que tu vas proposer.
Donc, si tu peux, essaie de parler à la prof que tu remplaces et voit avec elle ce qu'il serait judicieux de faire.
Tu es sans doute sans expérience ni formation, prévois au début des choses simples, que tu penses maitriser pour veiller d'abord à la gestion de classe sans te rajouter un objectif pédagogique qui va te contraindre ou te mettre en difficulté. Si ça se trouve cette activité marchera très bien, mais ne t'y accroche pas, quitte à la faire un peu plus tard avec les classes réceptives.
Bon courage.

Bonjour St JP,

J'enseigne en lycée donc ce doit être différent mais il me semble qu'une séance avec un rituel (peut-être entends tu cela par routine de travail) est assez bien. Attention effectivement au temps que cela prendrait pour toi ou pour les élèves.
Qqch d'abordable me semble être des questions orales en début de cours sur ce qui a été fait la/les séances précédentes. Je fais ça depuis cette année et c'est assez génial : ça fait revoir le cours, on peut poser des q°de méthodo ou autre d'ailleurs et ça permet - dans mon cas car je l'ai développé ainsi - avoir une note de participation orale. Ca prend 10mn de cours (pas de correction écrite pour soi donc, ni aucun travail écrit pour les élèves non plus) mais tout le monde a révisé puisque j'interroge de manière aléatoire (moins en fin de trimestre pour que tout le monde passe). Il se peut qu'il y ait des volontaires et toute l'astuce réside dans le fait qu'une question valant 1 point, on a 5 q° et que si l'élève ne répond pas juste à toutes, il peut une prochaine fois augmenter sa note (par 0,5 pt) en aidant un camarade qui serait interrogé à l'oral et qui sècherait sur une question. Des fois j'en interroge deux voire trois par début de cours. Ce truc tout bête a dynamisé les cours, a forcé les élèves à réviser d'une séance sur l'autre et ça me permet de vérifier ce qui a été compris de travers et rectifier avant les gros contrôles. Comme les notes ne sont pas figées, à chaque cours j'ai 10 mains levées pour nous expliquer ce qu'est le relativisme, quelles sont les conditions de l'acte moral selon Kant ou la différence entre éthique et morale. J'adore. Et eux aussi : ça rend la discipline moins complexe, on sait qu'il y a des définitions à apprendre, qu'on n'y va pas "au talent" (souci qui peut se poser aussi en lettres j'imagine). Et ça fait une bonne note quasi sûre ! Ils ont intégré ce moment de début de cours et ça re-contextutalise le cours pour la nouvelle séance.

En espérant que ça puisse t'inspirer.

Je pense que l'idée est sympa mais il faut être conscient qu'au départ on prévoit des séances beaucoup trop longues en général et qu'on a rarement le temps de les terminer...

Si intéressante que puisse être l'idée, elle me semble malheureusement bien utopique pour la raison pointée par Provence : le temps limité des horaires de français.
Tu vas avoir 4 heures 30 par semaine pour traiter un programme qui comporte littérature, vocabulaire, expressions écrite et orale, grammaire, orthographe et conjugaison. Il n'est matériellement pas possible de perdre du temps.
Il existe des rituels possibles qui permettent en même temps de traiter le programme : ce dont parle Ananké, ou bien la phrase du jour, etc. Mais il faut faire très attention à bien gérer le temps pour pouvoir ensuite boucler ta séance.

Bonjour, St JP, et bienvenue sur ce forum.
Vouloir entraîner les élèves à exercer leur pensée est une chose fort louable - à laquelle j'espère que nous nous employons tous.
Mais je crains à te lire que tu n'aies une représentation des collégiens fort éloignée de la réalité.
Les aphorismes sont très abstraits et le débat risque de tourner court, ou pire, à l'étalage d'opinions assénées dans une langue approximative - sans même parler du fait que, pendant ce temps-là, tu ne fais pas le programme, et que le temps est déjà trop court pour le mener à bien.
Mais apprendre à réfléchir, c'est aussi apprendre à être attentif au sens des phrases quand on fait les accords, pour ne pas écrire mécaniquement Je les mangent, par exemple, c'est apprendre à identifier correctement les pronoms et leur référence (gros travail au collège, même avec les grands - je suis en plein dedans en 4e), les compléments et leur rôle exact, les rapports logiques...
C'est bien beau, de philosopher, mais sans sans maîtriser le logos, c'est compliqué. Et je te rappelle que, pour les Grecs, la propédeutique à la philosophie, c'était la grammaire. Quel merveilleuse porte d'entrée dans le raisonnement et l'abstraction ! Ça tombe bien, c'est une part importante de ton travail.

Tu veux instaurer des rituels qui fassent réfléchir ? Excellente idée. Je te suggère la phrase du jour. Tu dictes une phrase, les élèves la notent sur une feuille dédiée, un élève fait le travail au tableau. On entoure les verbes conjugués (et dès que tu mettras des temps composés, il y aura des erreurs dès cette étape), on souligne leur sujet, on vérifie les accords ; puis on sépare les propositions. Puis on analyse toutes les natures et toutes les fonctions qu'on est en mesure d'analyser à ce stade de la progression. On rappelle au passage des règles d'orthographe lexicale ou autres.
Je pratique cet exercice en début de séance deux fois par semaine (pas plus, faute de temps) et c'est un excellent moyen d'entretenir les connaissances, d'entraîner la réflexion et de mettre en place des automatismes (notamment en orthographe).

Couple cela à l'habitude d'interroger au début de chaque cours sur le cours précédent, et cela sera déjà beaucoup.

Merci à toutes et tous pour vos réponses fort instructives et éclairantes, qui soulignent un point que j'avais déjà à l'esprit: le temps.

Je tiens compte de vos suggestions.

*Ombre*, nous sommes bien d'accord. Je n'avais certes pas en tête de leur donner à penser les fragments d'Héraclite ou les écrits des mystiques rhénans. Bien entendu, il s'agissait aussi d'avoir un support tout trouvé pour y étudier la grammaire, le vocabulaire, etc. Votre suggestion de la "phrase du jour", revenue plusieurs fois, semble toutefois être une alternative intéressante à un rituel qui se voudrait trop long, et/ou trop exigeant. Comme le rappelle Baldred quant à la discipline, il m'apparaît effectivement plus réaliste de se concentrer d'abord sur la tenue de classe.

Encore merci et à bientôt de vous lire. Bon dimanche à vous.