Cogni'classe

On nous propose de nous lancer là dedans dans un de mes collèges. Qui connaît et/ou a expérimenté?

EdithW a écrit:On nous propose de nous lancer là dedans dans un de mes collèges. Qui connaît et/ou a expérimenté?

C'est qui "on" ?

Ckoi ?

C'est avec l'association https://sciences-cognitives.fr/ ?

Le site est très bien fait, certains représentants ont déjà fait un Mooc sur Fun, très bien aussi.

Je crois que le sujet a été abordé sur ce fil https://www.neoprofs.org/t106405-mets-toi-ca-dans-la-tete-ou-make-it-stick-traduit-en-francais?highlight=Make.

C'est marrant, ce soir commence des conférences et ateliers sur ce thème https://sciences-cognitives.fr/ouverture-du-cogniforum-2020/.

Pour la cogniclasse, si c'est avec eux, tu as tous les documents ici https://sciences-cognitives.fr/cogniclasses/.

Dans mes classes, depuis ce Mooc, je fais travailler différemment la mémorisation, au départ c'est bien de choisir certaines pratiques seulement.
Si tu es en collège, c'est beaucoup plus adapté, moi, avec mes étudiants, j'arrive un peu tard dans leur cursus scolaire.

Isis39 a écrit:

EdithW a écrit:On nous propose de nous lancer là dedans dans un de mes collèges. Qui connaît et/ou a expérimenté?

C'est qui "on" ?

Notre CE (il y a des sous et des heures à récupérer), et une maman d'élève ancienne PE recyclée dans le soutien.

celitian a écrit:Pour la cogniclasse

J'ai lu trop vite le mot je crois, petite hallu de ma part

J'ai lancé une cogniclasse avec des 6e l'an dernier. Malgré un arrêt brutal dû au confinement, j'ai trouvé cela concluant et j'ai lancé deux nouvelles cogniclasses cette année avec deux classes de 6e.

Je suis la formation dont parle Celitian, d'ailleurs. La première conférence avec Grégoire Borst "le cerveau des enfants face aux écrans : faut-il s'alarmer ?" vient de se terminer et elle était très intéressante.

Je peux répondre à tes questions, si tu veux.

Mélisande a écrit:J'ai lancé une cogniclasse avec des 6e l'an dernier. Malgré un arrêt brutal dû au confinement, j'ai trouvé cela concluant et j'ai lancé deux nouvelles cogniclasses cette année avec deux classes de 6e.

Je suis la formation dont parle Celitian, d'ailleurs. La première conférence avec Grégoire Borst "le cerveau des enfants face aux écrans : faut-il s'alarmer ?"  vient de se terminer et elle était très intéressante.  

Je peux répondre à tes questions, si tu veux.

Je n'ai pas été convaincue, il est vraiment pro numérique à fond et il a beaucoup parlé de compétences mais très peu de connaissances.

Punaise, j'étais loin de penser que "cogni" venait de "cognitif"

Spoiler:

celitian a écrit:

Mélisande a écrit:J'ai lancé une cogniclasse avec des 6e l'an dernier. Malgré un arrêt brutal dû au confinement, j'ai trouvé cela concluant et j'ai lancé deux nouvelles cogniclasses cette année avec deux classes de 6e.

Je suis la formation dont parle Celitian, d'ailleurs. La première conférence avec Grégoire Borst "le cerveau des enfants face aux écrans : faut-il s'alarmer ?"  vient de se terminer et elle était très intéressante.  

Je peux répondre à tes questions, si tu veux.

Je n'ai pas été convaincue, il est vraiment pro numérique à fond et il a beaucoup parlé de compétences mais très peu de connaissances.

Justement, son point de vue contre-balance le discours de Desmurget. J'aime bien confronter des points de vue opposés, cela permet de se faire sa propre opinion, peut-être plus mesurée.

C'est certain mais je préfère le discours de Tricot que je trouve plus construit.

Là, j'ai trouvé que son intervention consistait à interpréter des études différemment.

Un exemple, la question sur la prise de notes des étudiants où il explique que la vraie différence à la fin est due à la différence du traitement de l'information et non pas au PC mais la différence de traitement est bien due à l'utilisation d'un PC.

Sinon sur la cogniclasse, tu as réussi à mobiliser des collègues dans ce projet ? Ici, à part ma super copine-collègue partie depuis, les autres ne souhaitent pas s'investir réellement et ne croient pas à l'utilité de certaines pratiques dont j'ai pu leur parler (les tests, les fiches mémo, la révision espacée...).

Effectivement, la différence de traitement est bien due à l'utilisation du pc, je suis d'accord avec toi. En revanche, je n'ai pas été convaincue par le fait de baser cette différence simplement sur la vitesse de prise de notes. J'ai l'impression aussi que la prise de notes manuscrite demande plus de concentration, de réflexion (est-ce par qu'on trie l'information ou parce que la concentration est accrue ?) que la prise de notes tapuscrite. Et justement, j'ai trouvé intéressant qu'il aborde ce point-là par la réflexion qu'elle engendre.

Pour la cogniclasse, j'ai 6 ou 7 collègues qui sont intéressés. Le problème est qu'il faudrait leur expliquer les choses et les former en 5 minutes, là où j'ai mis 2 bonnes années à me former toute seule (lecture et étude de livres sur le sujet, MOOC et formation à distance, vidéos et recherches sur internet), avant de me lancer. J'ai tout de même trois collègues qui ont compris le principe des flashcards et qui les utilisent désormais en classe, notamment dans les deux 6e cogniclasses.

L'an dernier, quand j'ai mis en place la première cogniclasse, je faisais la formation des élèves sur l'heure de vie de classe. Finalement, j'ai fait quatorze séances (je ne m'attendais pas à en faire autant !), et encore, on a tout arrêté mi-mars, avec le confinement. Ma collègue de maths, qui était professeur principale de cette classe a tenu à suivre toutes ces séances pour se former en même temps. Et cette année, nous sommes à nouveau en binôme sur les deux classes de 6e cogniclasse. Nous sommes donc deux à appliquer ces principes dans les deux classes (en français et en maths) et les professeurs d'histoire-géo et de physique-chimie appliquent un peu aussi (juste les flashcards, en fait).

Mélisandre, ce que tu dis dans ton dernier paragraphe m'interpelle.
Depuis plusieurs années, je me bats contre les difficultés des élèves à apprendre, je me suis emparée de nombreux outils (les flashcards, les quiz numériques...) et je forme le plus possible mes élèves à un apprentissage efficace. Je me sers aussi des vidéos et fiches du groupe sciences-cognitives, mais cela prend du temps, et je ne peux le faire que sur l'heure de vie de classe, c'est-à-dire pour la classe dont je suis PP.
Déjà, je trouve ça bien brave, parce qu'encore une fois, ça prend du temps, et chez nous, les HVC ne sont pas payées. Mais je le fais parce que j'y trouve un intérêt pédagogique et que je vois les résultats, au moins avec tous ceux qui jouent le jeu. Mais franchement, je ne me vois pas faire ce boulot gratos dans toutes les classes, faut pas pousser. Ce serait d'autant moins réalisable que durant les HVC des classes dont je ne suis pas PP, j'ai cours.
J'ai cru comprendre que tu intervenais sur les HVC de tes autres classes. Es-tu rémunérée pour cela ? Est-ce dans le cadre d'un projet précis ?
Je veux bien étendre mon travail, parce que je crois que c'est nécessaire, mais pas gratos, faut pas pousser.

L'an passé, je faisais cela sur les heures de vie de classe car j'étais libre à cette heure-là, et j'étais payée en HSE. Disons que je me suis formée seule, que cela me demande des efforts et beaucoup de temps, donc quand j'ai proposé ce projet à mon directeur, j'ai bien mis en évidence que je tenais à être rémunérée pour ce travail.

Cette année, l'enveloppe d'HSE de notre collège a été drastiquement diminuée (on a perdu 43% de l'enveloppe de l'an passé, je crois). Donc mon directeur m'a dit qu'il ne pourrait pas me payer 2HSE par semaine pour former les deux classes de 6e (ce que je demandais, je voulais prendre chaque classe 1h par semaine toute l'année). Donc je les prends sur la même heure de permanence en alternance, une semaine sur deux. Je suis payée pour cette heure en HSE. Avec mon directeur, on avait essayé de voir si cela ne pouvait pas être payée en HSA et intégré comme de l'AP, car au fond, cela entre totalement dans le cadre de l'AP. Mais il fallait prendre sur mes heures de français pour cela et il était hors de question que je perde des heures de français car je trouve déjà la portion bien congrue pour tout ce que nous avons à faire en français.

@Ombre et @Mélisande, c'est super de pouvoir faire cela dès le collège car ils sont certainement plus réceptifs.

Au début, après avoir suivi le 1er Mooc, j'ai voulu expliquer aux élèves en utilisant notamment les documents du site, un échec total car ils sont persuadés qu'ils savent faire (par exemple, lire un cours pour eux c'était apprendre et il n'y avait rien à faire pour leur prouver le contraire) donc je fais mais je n'explique plus rien.

Mes collègues que j'avais tenté de mobiliser trouvaient, avec raison, que c'était trop d'investissement (en temps et en argent avec les livres) sans contrepartie qu'elle soit financière ou autrement.

@EdithW, une année j'avais essayé d'impliquer le collègue documentaliste mais il avait tellement de travail qu'il avait juste pu faire quelques heures d'AP en exploitant les documents du site.
Logiquement nous avions prévu de faire un affichage des définitions de la semaine dans chaque matière au CDI, de mettre les QCM version papier à disposition au CDI, de mettre une boite utilisant la méthode de Leitner, de réserver un PC pour le numérique (qcm, flascard Anki ou Cerego).

La contrepartie est tout de même dans les résutats des élèves.
Evidemment, cela ne change rien pour ceux qui n'utilisent pas les outils qu'on leur donne, qui ne travaillent pas tout simplement parce qu'ils préfèrent jouer.
Mais pour tous ceux qui sont de bonne volonté (et heureusement, ils sont encore nombreux), qui ont envie de réussir et qui constatent rapidement que des efforts bien pensés sont payants, cela fait une énorme différence.

Ah ça oui mais je parlais pour les enseignants le temps pour suivre le Mooc, lire les livres (souvent très couteux), créer des supports, c'est du bénévolat.

Je vous rejoins tous les deux : c'est beaucoup d'investissement (financier et en temps) pour se former, car comme tu le dis, Célitian, les livres coûtent cher, il faut du temps pour les lire et un temps durant lequel on doit être fortement concentré (pas d'écran ou d'enfants dans les parages ). Comme toi, j'ai suivi des MOOC et cela aussi demande un bon investissement et une bonne motivation, c'est pourquoi je considère que je dois être payée pour faire cela.

En revanche, comme dit Ombre, on voit une réelle différence chez les élèves, ils sont de suite très intéressés, ils posent énormément de questions et deviennent plus "actifs" dans leurs apprentissages. L'an passé, j'avais décidé d'orienter la cogniclasse sur deux axes : la mémorisation et l'attention.

La mémorisation s'explique assez rapidement, il ne faut pas beaucoup de séances pour expliquer les différentes techniques aux élèves. En revanche, cela demande un réel investissement du professeur pour "penser" à adopter ces techniques dans son cours : les rappels multiples, le multi-testing, les cartes mentales, le questionnement, les flashcards sont assez faciles à mettre en pratique en classe mais il faut y penser... En outre, en 6e, il faut vraiment leur apprendre toutes ces techniques car ils mettent du temps à les maîtriser.

L'attention demande beaucoup plus d'heures de formation. J'avais basculé à ce moment-là sur le dispositif ATOLE, qui explique bien le fonctionnement de l'attention (et du cerveau, par la même occasion), et qui aide les élèves à développer petit à petit leur attention, mais cela prend du temps, et l'an passé, je n'ai pas pu terminer à cause du confinement. Cette année, vu que je ne forme les élèves que tous les 15 jours, je ne pense pas pouvoir terminer le dispositif ATOLE non plus. Je vais essayer de condenser mes cours pour aller un peu plus loin que l'an dernier. Je tâtonne beaucoup pour construire ces séances car ce n'est pas un domaine que je maîtrise pleinement (comme le français). Pour ce qui est des élèves, ils prennent très vite conscience des défauts de leur attention et des distractions qui les gênent dans leurs apprentissages, et globalement, on constate rapidement des progrès (avec toujours des nuances pour les irréductibles et les têtus).

En conclusion, c'est une formation exigeante et coûteuse en temps et en argent, mais je trouve que s'investir dans cette démarche vaut le coût car l'apport est bénéfique pour les élèves (enfin, on mérite bien en retour d'être payée pour faire ces heures, quand même ).

celitian a écrit:Ah ça oui mais je parlais pour les enseignants le temps pour suivre le Mooc, lire les livres (souvent très couteux), créer des supports, c'est du bénévolat.

Ah tiens, je suis curieuse de savoir quels ouvrages tu as lu pour te former? Je connais le livre de Jean-Luc Berthier, Les neurosciences dans la classe, y en a-t-il d'autres?
Je suis aussi en train de m'initier à cette forme de pédagogie et cela prend du temps pour se former, comprendre les enjeux, et, en effet, ensuite créer des supports à proposer aux élèves (je n'en suis pas encore là, mais je devine le temps que cela va me prendre...).

Ceux qui me viennent à l'esprit :
- un de Lachaux sur l'attention,
- mets toi ça dans la tête,
- activer ses neurones de Masson,
- apprendre à mieux mémoriser de Berthier,
- l'apprentissage visible de Hattie
- les petits bouquins de la collection mythes et réalités.

Mélisande a écrit:La mémorisation s'explique assez rapidement, il ne faut pas beaucoup de séances pour expliquer les différentes techniques aux élèves. En revanche, cela demande un réel investissement du professeur pour "penser" à adopter ces techniques dans son cours : les rappels multiples, le multi-testing, les cartes mentales, le questionnement, les flashcards sont assez faciles à mettre en pratique en classe mais il faut y penser... Wink En outre, en 6e, il faut vraiment leur apprendre toutes ces techniques car ils mettent du temps à les maîtriser.

Oui, c'est utile et c'est efficace mais au final, on fait une partie du boulot à la place du cerveau. C'est comme externaliser une partie de la mémorisation. Et surtout pour mémoriser quoi ? Plus on mémorise plus on améliore sa mémorisation, les neurosciences nous le disent clairement. Notre cerveau devra alors multiplier les méthodes pour mémoriser naturelement.

Le concept de carte mentale est très étrange, comment peut-on donner à tous les élèves la même carte mentale ? Finalement une carte mentale devrait être individuelle et très complexe tout comme les liens de nos neurones. Si j'avais du faire des cartes mentales quand j'étais collégien, j'aurai par exemple préciser où se trouve l'axiome d'Euclide dans mon cahier de cours de 4ème (je m'en souviens encore). Mais surtout ma carte mentale était dans ma tête.

Dans les bouquins, il est bien précisé que la carte mentale doit être réalisée par l'élève puis corrigée.

celitian a écrit:Ceux qui me viennent à l'esprit :
- un de Lachaux sur l'attention,
- mets toi ça dans la tête,
- activer ses neurones de Masson,
- apprendre à mieux mémoriser de Berthier,
- l'apprentissage visible de Hattie
- les petits bouquins de la collection mythes et réalités.

ça me rassure, on a lu à peu près les mêmes, Célitian ! ^^
Donc j'ai lu :
- mets-toi ça dans la tête, (le fameux "make it stick")
- apprendre avec les pédagogies coopératives, de Sylvain Connac
- les petites bulles de l'attention, de Jean-Philippe Lachaux
- l'innovation pédagogique, d'André Tricot
- l'apprentissage visible pour les enseignants, de John Hattie
- les neurosciences cognitives dans la classe, de Jean-Luc Berthier et Grégoire Borst (acheté mais pas encore lu)
- la fabrique du crétin digital, de Michel Desmurget
- apprendre à mieux mémoriser, de Jean-Luc Berthier
- Apprendre : les talents du cerveau, de Stanislas Dehaene
- Les neurones de la lecture, de Stanislas Dehaene

Je crois que c'est tout.

Sur youtube, les vidéos de Steve Masson sont intéressantes et très pédagogiques : pour une première approche, c'est pas mal. Il s'inspire notamment de "mets-toi ça dans la tête". En plus, les vidéos sont en format court : entre 10 à 15 minutes.

- "Les petites bulles de l'attention" de Lachaux sont faciles d'accès aussi, pour commencer.
- "Mets-toi ça dans la tête" met bien en valeur les systèmes de mémorisation.
- " L'apprentissage visible pour les enseignants" est très complet pour analyser l'efficacité des pédagogies mais il est assez complexe (je l'ai lu très lentement, celui-là ! ).

je plussoie Célitian, la carte mentale doit être réalisée par l'élève, surtout pas recopiée (aucun intérêt). C'est une technique d'appropriation du cours comme d'autres. Personnellement, j'ai beaucoup de mal à l'enseigner car je trouve cela trop fouillis, je déteste les flèches qui partent dans tous les sens ! Mais c'est à l'élève de tester les différentes façons de s'approprier et de mémoriser un cours et ensuite d'utiliser celles qui sont les plus efficaces pour lui.

moi, ça me manque de ne plus avoir de collègues avec qui échanger sur mes lectures.

Le Connac, je l'ai survolé aussi, et je suis comme toi avec la carte mentale

Si tu as aimé le livre de Tricot, celui sur le numérique c'est très bien (beaucoup plus orienté pédagogie que celui de Desmurget).

Depuis, j'ai aussi lu sur la pédagogie explicite car je trouve que ça va très bien avec les sciences cognitives.