Résultats de l'enquête de la DEPP sur la crise sanitaire de 2020 et la continuité pédagogique

Il s'agit d'une enquête de la DEPP dont les premiers résultats ont été donnés hier.
Cette enquête a été menée en mai 2020 auprès de plus de 100 000 personnes : enseignants, parents et élèves.

Les résultats sont très satisfaisants, nous dit-on :

Pendant cette période de confinement, les professeurs des écoles estiment avoir pu suivre 94% des élèves de leur classe en moyenne. Pour les professeurs des collèges et lycées, cette proportion s’élève à 90 %. Une majorité (68%) des professeurs considèrent que les élèves ont appris de manière satisfaisante.

8 parents sur 10 de collégiens et lycéens déclarent que ce qui a été proposé à leur enfant était profitable. Les collégiens et lycéens disent quant à eux avoir rencontré peu de difficultés matérielles ou d’organisation pour travailler mais pour un tiers d’entre eux la motivation leur manquait. 

Les enseignants soulignent les progrès des élèves en termes d’autonomie et de maîtrise des outils numériques. Les parents confirment ce gain en autonomie et estiment, aux deux tiers, que leur enfant a maintenu son niveau d’apprentissage et, pour 6 parents sur 10, qu’il a découvert de nouvelles méthodes.

https://www.education.gouv.fr/enquete-sur-la-crise-sanitaire-de-2020-et-continuite-pedagogique-la-poursuite-des-apprentissages-ete-305281

Le lien pour télécharger l'enquête au format pdf : https://www.education.gouv.fr/media/69928/download

Si on regarde les résultats bruts, une large partie des parents trouve que leur enfant n’a pas progressé dans son apprentissage ni amélioré son niveau.
https://www.education.gouv.fr/media/69930/download voir l’onglet F7
Donc l’analyse des résultats regarde tout de même un peu le verre plein.

Je me demande quels collègues sont sondés, je n'ai jamais entendu parler de qui que ce fût à qui l'on eût dema dé son avis. J'imagine que si c'était de "vrais" enseignants, les résultats seraient sensiblement différents. Qui peut réellement se targuer que les élèves ont appris de manière satisfaisante sans mentir?

Curieux aussi de demander aux parents d'évaluer ce que leur enfant a appris : c'est plutôt le boulot des enseignants, je ne vois pas trop comment un parent peut le faire. Enfin, il peut toujours trouver que son enfant a fait des progrès ou pas, mais comment savoir ce qui est attendu à ce niveau, si ces progrès sont satisfaisants ou non, s'ils correspondent au travail effectué, etc. ?

C'est fou comme la crédibilité de la DEPP se renforce avec le temps.

Je me souviens de certaine enquête sur le climat scolaire, peu après le mouvement #PasDeVague, par exemple ...

Il y a même les ipr dont on a demandé l'avis sur les acquis des élèves c'est assez savoureux

Notre IPR a tenu à faire une réunion d'équipe en visio pendant le confinement, tout ce qui l'intéressait, c'était de savoir combien d'élèves suivaient, rendaient les devoirs. Forcément, les réponses étaient très approximatives, car pas anticipées, et pas vraiment fiables. Cela ne m'étonnerait pas que l'enquête s'appuie sur ce genre d'interrogatoires (je me suis rendue compte après coup qu'on avait en fait tendance à surestimer le suivi des élèves !)

Faudrait savoir... je croyais que les élèves étaient enfermés dans des placards sans rien à manger et les enseignants aux fraises ou à vasouiller comme des feignants ? On nous aurait menti???

Pour ma part, en collège, j'estime a posteriori que les élèves qui travaillaient en classe avant le confinement ont acquis des savoirs / savoir faire qui n'auraient pas pu être travaillés en classe entière. Par exemple, en 6ème des CO niveau "Movers" ou "Flyers"...

La découverte du merveilleux site "liveworksheets" (une vraie mine d'or - et pas qu'en anglais-) a beaucoup aidé.

Certains élèves moyens, timides m'ont étonné car ils se sont révélés curieux, motivés (possibilité de faire et refaire la même activité en repartant de zéro pour augmenter son score). J'ai découvert que certains travaillaient encore à 22h00!

Alors, oui bien sûr, le dispositif n'était pas parfait. Mais ce ne fut pas un fiasco monumental. Les élèves qui venaient et faisaient acte de présence ont simplement été découverts et mis sous les "projecteurs" des activités non rendues.

Je me garderai toutefois de faire une généralité de mon cas.

Les perdirs avaient des enquêtes à rendre chaque semaine au Rectorat et au DASEN (j'ai entendu ma cde hurler quand elle a reçu le mail du DASEN pour faire encore une enquête en doublon du Rectorat). Ils se fondaient sur les connexions à l'ENT et sur les remontées des professeurs.

Après, comme c'est du déclaratif, je suis assez dubitatif sur ces résultats.

Mouais... cette enquête me fait bien rire. Oui les élèves actifs n'ont pas ou peu pâti. Voire profité de certains exercices. Oui des élèves sérieux et timides ont bénéficié de l'anonymat du travail à distance et ont fait des progrès. Oui ceux qui se sont accrochés ont progressé en autonomie.

Mais tous les autres ont disparu des radars et n'ont généralement rien fait et rien appris durant la période.

En cours je les implique, et ils travaillent. Ils rendent les travaux. Là, rien.

Tangleding a écrit:Mouais... cette enquête me fait bien rire. Oui les élèves actifs n'ont pas ou peu pâti. Voire profité de certains exercices. Oui des élèves sérieux et timides ont bénéficié de l'anonymat du travail à distance et ont fait des progrès. Oui ceux qui se sont accrochés ont progressé en autonomie.

Mais tous les autres ont disparu des radars et n'ont généralement rien fait et rien appris durant la période.

En cours je les implique, et ils travaillent. Ils rendent les travaux. Là, rien.

Intéressant, Tangleding! Peut-être qu'en "français" il est plus facile effectivement de raccrocher certains. (Ou alors c'est parce qu'après 25 années, je fatigue plus vite). En anglais, il y a longtemps que j'ai abandonné l'idée de "forcer" certains à dire quelques mots.

En fait, c'est faux! J'avais cette année en 5ème une jeune élève très gentille, qui ne pouvait pas être aidée par ses parents. Je me rappelle qu'une fois ou deux, j'ai essayé de lui faire dire 2 ou 3 trucs à l'aide d'un modèle structurant au tableau. Cela a pris presque 10 minutes au terme desquelles j'ai bien dû reprendre la très gentille classe en main car je commençais à sentir une lassitude/crispation dans les rangs. J'avais une 6ème avec qui j'ai tout essayé! Jusqu'à me mettre à son niveau, à côté d'elle en lui montrant ce qu'il fallait dire: peine perdue.

Je ne sais pas ce qu'en pense mes collègues en LVE, mais avec 3 séances de 55 minutes par semaine, avec 29 élèves, si l'on veut avancer, à un moment on est bien obligé d'oublier les élèves qui ne veulent/peuvent pas du tout.

Je confirme, Panta Rhei.

Une enquête intéressante dans le Café pédagogique pour compléter cette "enquête".

Sandrine Garcia : Contre le prof bashing, les connaissances
« Aucun élément n’accrédite que les effets délétères du confinement sur les acquisitions scolaires des enfants sont principalement imputables aux enseignants, ni même à une fraction d’entre eux. Ce sont bien plus les caractéristiques mêmes de l’enseignement numérique qui peuvent l’expliquer ». Sandrine Garcia (IREDU) réagit à la campagne de prof-bashing ens e basant sur les résultats de l’enquête ELFE et annonce une enquête sur les effets du confinement en CM1. Elle souligne les limites de la « continuité pédagogique ».

http://www.cafepedagogique.net/LEXPRESSO/Pages/2020/07/24072020Article637311809182545095.aspx