Ma nouvelle vie : l'enseignement oui, mais en totale liberté

Bonjour à tous,

Je me décide à poster ici afin de raconter mon amorce de reconversion. C'est un témoignage parmi tant d'autres mais qui sait, cela peut donner des idées à certains qui se trouveraient dans l'impasse.

Je suis professeur certifiée d'anglais depuis 2008. J'ai demandé de façon assez abrupte une disponibilité en début d'année (demande faite fin septembre pour début novembre, obtenue mi-octobre), en raison d'une profonde désillusion face au métier après une mutation que j'espérais salutaire (raté...). Je ne supportais plus l'incivilité des élèves, les réunions à n'en plus finir (une bonne trentaine de soirées prévues à l'année dans mon établissement !), les tâches toujours plus ingrates (dossiers PAP, PPRE, tâches administratives à rallonge...), bref, un matin je me suis dit que c'était terminé, je ne pouvais plus continuer comme cela.
Avec le soutien de mon conjoint, j'ai donc cessé mon activité au 1er novembre. J'ai créé ma micro-entreprise de cours particuliers fin octobre, et une association en décembre afin de proposer des partenariats aux collectivités et mener des ateliers en anglais à destination des écoliers (beaucoup de demande dans mon village).

Le bilan, après un peu plus de trois mois d'existence pour ma micro-entreprise et presque deux mois pour mon association : je revis ! J'enseigne enfin comme je l'entends, à des élèves motivés, sans contrainte, sans réunions, sans corrections...
J'ai 4 élèves en cours particuliers (un écolier, une collégienne et deux adultes), et une quarantaine pour le moment via mon association (qui vient de démarrer son activité, donc c'est très prometteur, et j'ai déjà beaucoup d'inscrits pour septembre 2020 parmi les enfants qui ne pouvaient pas ajouter une activité à leur planning dès cette année), en petits groupes. Mon association propose des ateliers en anglais à destination des 3-11 ans de mon village, de 16h30 à 17h30 après l'école. La mairie met à ma disposition une salle juste à côté de l'école, et je suis habilitée à aller chercher les enfants dans les écoles donc c'est très pratique pour les parents.

Le meilleur pour la fin : je gagne aussi bien ma vie (et même un peu plus...) que lorsque j'étais prof... avec seulement 8h hebdo de présence devant élèves ! Pas de corrections, pas de réunions, juste des préparations de cours. Je suis payée pendant les petites vacances scolaires (uniquement la partie association puisque les familles paient mensuellement, pour les cours particuliers via ma micro-entreprise c'est selon les desiderata des élèves, la plupart ne prennent pas de cours pendant les vacances), mais pas pendant l'été a priori, sauf si j'organise des stages durant celles-ci. Disons que ça s'équilibre au niveau salaire annuel, si l'on lisse sur 12 mois.

Plusieurs villages souhaitent instaurer mes ateliers en anglais à la rentrée 2020, donc mon association va devoir embaucher, une nouvelle étape ! Le projet semble bien s'exporter et plaire, bref, je ne me vois pas du tout revenir dans l'éducation nationale ! Développer des partenariats et donc "vendre" le projet est quelque chose qui me faisait peur a priori, mais force est de constater que c'est plutôt facile, et concrètement, je ne demande finalement qu'à pouvoir utiliser ponctuellement un local puisque ce sont les parents qui règlent ensuite les cotisations.

Bref, que du positif en ce début de nouvelle vie. Je reviendrai donner des nouvelles régulièrement. Moi qui pensais être dégoûtée de l'enseignement, je redécouvre mon métier et je l'aime à nouveau, une fois le carcan EN laissé aux oubliettes. Je songe à une rupture conventionnelle, je me laisse un an pour décider...

Bravo Shadow d'avoir osé te lancer! Ces débuts sont prometteurs.

Bravo, et surtout, surtout : merci de partager ton expérience!!... Je suis (comme beaucoup d'autres) en pleine réflexion pour quitter le navire qui sombre, et ça me donne de l'espoir
(sauf que je n'ai pas de conjoint pour m'épauler en cas de démarrage difficile, et que je suis prof d'espagnol c'est beaucoup moins porteur... )

Bravo !
Cependant, il me semble que tu es dans un environnement favorable à ce projet : dans certaines régions tu n'aurais sans doute pas le même public.
Donc, si tu as bien raison de t'être lancée, ton exemple ne peut pas être suivi partout sans étude du marché local...

Merci beaucoup pour ton témoignage, ça redonne de l'espoir !

Merci beaucoup pour ton témoignage. Il donne à réfléchir.
Je sais qu'en lettres beaucoup de parents cherchent à faire donner des cours particuliers dans ma zone géographique. Cela pourrait donc être une porte de sortie.
Ce qui m'arrête encore est une certaine "foi" (les guillemets montrent peut-être déjà qu'elle s'effrite) dans le service public. Il y a chez moi un tel écart entre les parents qui ont les moyens et ceux qui tirent le diable par la queue que cela m'arrête. Ceci dit sans jugement aucun envers ta démarche: j'admire ton courage, et je pense que c'est important de prendre du plaisir dans notre travail.

Merci Shadow pour le témoignage. Je suis contente pour toi, même si c'est tellement triste pour l'école et l'avenir de la France.

Bravo pour ces actes ! Une petite question (qui n'a pas pour but de te décourager !!!) : Est-ce que tu penses que c'est viable sur le long terme ?

Bravo et merci pour le témoignage. Il faut bien le dire, ça fait un peu rêver... 

Bravo shadow, je suis vraiment contente pour toi.

Edit

Condorcet, je crois que tu t'es peut-être trompé de fil.

Super témoignage, ça me donne des idées.
Par curiosité, comment devient-on "habilitée à aller chercher les enfants devant les écoles" ?

Bravo Shadow ! Et quelle rapidité à rebondir !

Le salaire peu mirobolant de prof est un des aspects "positifs" d'une reconversion. On peu envisager de partir sans perdre financièrement (et même envisager de gagner plus. C'est aussi ce qui m'est arrivé. Je gagne plus désormais que mon ancien salaire de prof).

Merci à tous pour vos encouragements, ça fait vraiment plaisir !

Je pense que c'est un projet pérenne : il y a vraiment une forte demande et pas d'offre semblable à la mienne (pour l'anglais en primaire, c'est soit cours particuliers, soit English school hors de prix et loin du village, alors que je propose des cours à côté de l'école, en partenariat avec la mairie et l'école, avec ramassage scolaire). Et puis, avec l'extension des actions de l'association dans les villages voisins en septembre 2020, j'ai de quoi voir venir, je pense. Je vous dirai comment ça évolue !

Pour l'habilitation, on signe en fait une convention avec l'école et la mairie. Les parents remplissent une autorisation de sortie, qui stipule que tel jour, leurs enfants m'attendent au point de rencontre dans la cour à 16h30, on n'a ensuite que la route à traverser (par un sous-terrain sécurisé qui part de l'école) pour rejoindre la salle de cours municipale. Seules les associations sportives ou culturelles de la ville ont la possibilité de faire cela. J'ai un badge pour entrer dans l'école, ouvrir le portail qui mène au sous-terrain et ouvrir ma salle.

shadowoflife a écrit:Pour l'habilitation, on signe en fait une convention avec l'école et la mairie. Les parents remplissent une autorisation de sortie, qui stipule que tel jour, leurs enfants m'attendent au point de rencontre dans la cour à 16h30, on n'a ensuite que la route à traverser (par un sous-terrain sécurisé qui part de l'école) pour rejoindre la salle de cours municipale. Seules les associations sportives ou culturelles de la ville ont la possibilité de faire cela. J'ai un badge pour entrer dans l'école, ouvrir le portail qui mène au sous-terrain et ouvrir ma salle.

D'accord, merci pour ces infos

Pour moi c'est viable en anglais, maths. Pour les lettres je n'y crois pas.

Clecle78 a écrit:Pour moi c'est viable en anglais, maths. Pour les lettres je n'y crois pas.

Pour une telle association non. Pour des cours particuliers, pas si sûr.

Bravo pour ce succès!
Personnellement je ne supporte quasiment plus la présence d'enfant/ado donc je ne sais pas si je pourrais faire cela!
C'est encourageant en fait surtout dans le fait que cela t'a redonné le goût d'enseigner, ce qui peut donc se retrouver!

Disons qu'en anglais dans le premier degré, j'ai la chance qu'il y ait une réelle demande, très forte. De nombreux enfants visent la section internationale du collège et les rudiments d'anglais enseignés à l'école ne suffisent clairement pas à passer sereinement l'examen d'entrée. Je me positionne donc sur un créneau "sûr". J'ai un groupe d'une dizaine de maternelles également, qui veulent apprendre les bases. C'est assez spécifique à mon village finalement (CSP +++, technopole internationale, collège et lycée de secteur internationaux, beaucoup de familles anglophones...), et je mesure ma chance.

Ce serait dommage de passer à côté de cette niche ! Tant mieux pour toi, vraiment.

Ça a l'air de marcher !! Dans quel coin es-tu ? (en mp si nécessaire, c'est plus discret).

Olympias a écrit:Condorcet, je crois que tu t'es peut-être trompé de fil.

Oui pardon, j'édite aussitôt.

Toutes mes félicitations, Shadow pour ta reconversion.

Merci à tous !

J'ai effectivement vu ça comme une grosse opportunité de créer mon propre emploi en restant dans le (seul) domaine que je maîtrise. C'est plus confortable, je ne me sentais pas de repartir de zéro. Le gros avantage c'est que je n'ai pas de frais de fonctionnement (local mis à disposition gratuitement, peu de taxes via ma micro-entreprise...). C'est sans risque, c'est aussi ce qui a attiré une risquophobe comme moi.