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- PrezboGrand Maître
roxanne a écrit:Et on appellerait ça un "chef d'œuvre".jaybe a écrit:Pat B a écrit:Comme Ycombe, je pense que le vrai souci du système éducatif, c'est qu'on n'accepte plus l'idée qu'il faut avoir un minimum de bases pour passer d'un niveau au suivant. On veut imposer des chiffres de "réussite" qui conduisent à mettre une pression inacceptable sur tous pour monter les notes, et on interdit le redoublement sans le remplacer par quoi que ce soit d'efficace... Et ainsi arrivent au lycée des élèves totalement incapables de suivre le programme (dont les exigences, en d'autres temps, auraient paru faiblarde), et qui, de surcroît, ont été leurrés toute leur scolarité et ne se sont jamais sérieusement mis au travail (pour certains). Sas compter certaines méthodes d'enseignement très discutables en terme d'efficacité... Et avec cette idée de "bac pour tous", l'échec est encore plus mal vécu, par eux comme par leurs parents.
Plus que le passage d'un niveau de classe au suivant, c'est sur l'idée même d'un "niveau atteint exigible" en fin de scolarité que les responsables du système éducatif ont redéfini la vie éducative de l'élève. Aujourd'hui, lorsque les élèves sortent des études, ils savent faire "à peu près certains trucs, en gros, de loin et il faut pas regarder trop près", et ils restent relativement assez performants pour que cela reste dans les limites de l'acceptable (peut-être pas pour leurs professeurs, mais pour ceux qui ne sont pas directement liés au système éducatif et n'ont pas participé à leur formation). On demanderait qu'en fin de scolarité ils soient capables de fabriquer une table, ils nous feraient une table qui serait rugueuse, avec un pied boiteux, il y aurait de la colle avec des morceaux assemblés n'importe comment sur un bord, il ne faudrait surtout pas y poser quoi que ce soit dessus, mais vu de loin, ça ressemblerait à peu près à une table. La discussion sur le passage de niveau devient superflue, c'est une question qui n'a plus à être posée. Cet état de fait convient très bien aux décideurs, sinon ils n'auraient jamais permis cela.
Je crois que le terme finalement retenu est "grand oral".
Blague à part, je viens de faire une séance de révision sur les suites dans une classe de terminale L spé maths, au cours de laquelle j'ai demandé à deux élèves de lire et reformuler à voix haute un énoncé de deux-trois lignes, identifier la question posée et me rappeler la définition d'une suite géométrique. Ça m'a rappelé très exactement le constat de jaybe.
Prof-Bon, alors quelle est la question posée ?
Elève A-Ben, c'est montrer que...(Geste vague de la main vers l'énoncé).
P.-Montrer que quoi ?
A-Ben, la raison machin.
P.-Non, lisez toute la phrase.
Elève B, au secours de A. -Il faut montrer que la suite est géométrique !
P. -Et est-ce que vous pouvez me donner la définition d'une suite géométrique ?
B. -Ben, c'est 2,4,6...
P. -Euh, non, ça serait plutôt 2,4,8...
B. -Ah oui !
P. Mais est-ce que vous pouvez me donner une définition précise ?
A et B. -...
- VinZTDoyen
Pat B a écrit:Dans mon lycée privé, où il n'y a aucun blocage, aucune résistance, que de la bonne volonté, je peux confirmer que cette réforme est une catastrophe :
- tout le monde est épuisé par le double changement de programme voire les nouvelles "matières" à enseigner
- les corrections des E3C font un gros boulot supplémentaire, mal payé mais surtout excessif pour certains collègues qui se retrouvent avec 80 ou 100 copies longues à corriger, sur un logiciel inconfortable, évidemment en un temps limité (pourquoi ne pas nous décharger de cours comme au brevet???)
- l'inéquité du système, entre les premiers qui découvrent les sujets, et les derniers qui les ont déjà étudié sur internet, est révoltante (car il n'y a, dans les faits, que relativement peu de sujets correspondant aux chapitres déjà traités)
- l'absence de barème, de consignes claires de passation (certains lycées ont été informés des chapitres précis à réviser, d'autres non) est tout aussi inéquitable.
- la pression est forte, lorsque les corrections sont en interne, pour monter les notes et gonfler ainsi le taux de réussite au bac (c'est le cas dans l'un des lycées public d'à côté, lycée tranquille sans action de résistance).
Edit : j'oubliais : côté administratif, ça leur fait une charge de travail énorme ; le cde a dû embaucher une secrétaire juste pour la période des E3C
Voilà, même sans actions de sabotage et résistance, le bilan est désastreux !
La simplification d'un ancien bac trop coûteux, complexe et qui favorisait le bachotage est à ce prix !
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- beaverforeverNeoprof expérimenté
Je suis sans doute d'accord avec toi pour dire que certains parents "trichent" sur l'orientation de leur enfant en forçant au passage vers une classe pour laquelle il n'a pas le niveau. Cependant, ils ne trichent pas vraiment, ils ne font qu'utiliser les cartes que leur fourni le jeu de scolarité. Faut-il changer les règles de ce jeu pour forcer les parents soit à prendre des orientations en fonction du niveau de leur enfant, soit à forcer leur enfant à travailler ? Je serais prudent.Mathador a écrit:Tu supposes dans ce paragraphe que la menace s'adresse à l'élève. J'aurais tendance à supposer de mon côté que c'est aussi un moyen d'encourager les familles à mieux s'occuper de l'éducation de leur progéniture.
D'abord, beaucoup de parents sont incapables d'aider leur enfant à travailler, soit parce qu'ils ne maîtrisent pas les contenus scientifiques, soit parce qu'ils ne connaissent pas assez de pédagogie pour faire progresser leurs enfants. Même avec un pistolet sur la tempe, ils ne prendraient pas des décisions efficaces. Ils peuvent éventuellement payer quelqu'un pour soutenir leur enfant, mais c'est assez inégalitaire comme solution. Demander à son enfant d'avoir de meilleures notes, de travailler plus fort, de faire de son mieux, cela me semble très inefficace pour progresser. Pour faire progresser un élève, il faut quelqu'un qui lui dise précisément quoi et comment travailler, qui lui définisse un objectif atteignable : il lui faut un enseignant.
Cela pourrait avoir un effet bénéfique sur les parents qui peuvent accompagner leur enfant scolairement ou payer des cours particuliers. Mais est-ce que les parents en question ne le font pas déjà ? Il faudrait évaluer la proportion de parents qui changeraient de comportement. Mon intuition me dit qu'il s'agirait d'une petite proportion de parents.
De manière générale, vouloir obtenir un comportement en augmentant la contrainte me semble une méthode qui conduirait à la dissimulation et à l'augmentation de la triche. Il me semble plus efficace de proposer un niveau explicite à atteindre aux élèves et aux parents pour qu'ils se calent sur cette exigence, plutôt que dire que l'enfant n'a pas le niveau, ce qui n'apporte pas de solution.
- CleroliDoyen
Je croyais (naïvement) que c'était ce qui se faisait avec les grilles de compétence au collège : on explicite les exigences, on permet aux élèves et à leurs parents de se situer (c'est bien ainsi que ça a été vendu, non ?).beaverforever a écrit:Il me semble plus efficace de proposer un niveau explicite à atteindre aux élèves et aux parents pour qu'ils se calent sur cette exigence, plutôt que dire que l'enfant n'a pas le niveau, ce qui n'apporte pas de solution.
- beaverforeverNeoprof expérimenté
Je dirais que c'est assez le cas en primaire, où les grilles renvoient à des éléments concrets.
Au collège, c'est un peu n'importe quoi. On mélange des compétences contextuelles et des compétences de transfert. Par exemple, Bob a su utiliser les fractions dans l'exercice 4 p28 et Bob sait mobiliser la notion de proportionnalité pour résoudre un problème complètement nouveau pour lui et formuler clairement sa réponse en utilisant un langage et un vocabulaire rigoureux. Ces deux compétences se ressemblent, mais elles renvoient à des capacités complètement différentes.
Tant que les compétences ne sont que des intitulés et ne renvoient pas à des exemples précis ce qui fait que chacun peut savoir si l'élève maîtrise ou non la compétence, je ne vois pas comment cela peut être utilisable.
Au collège, c'est un peu n'importe quoi. On mélange des compétences contextuelles et des compétences de transfert. Par exemple, Bob a su utiliser les fractions dans l'exercice 4 p28 et Bob sait mobiliser la notion de proportionnalité pour résoudre un problème complètement nouveau pour lui et formuler clairement sa réponse en utilisant un langage et un vocabulaire rigoureux. Ces deux compétences se ressemblent, mais elles renvoient à des capacités complètement différentes.
Tant que les compétences ne sont que des intitulés et ne renvoient pas à des exemples précis ce qui fait que chacun peut savoir si l'élève maîtrise ou non la compétence, je ne vois pas comment cela peut être utilisable.
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