Débat Blanquer/Meirieu sur France Culture

"C'est faux !" "N'importe quoi !" "Vous répandez des mensonges". Après des mois de péroraisons devant des animateurs triés sur le volet, JM Blanquer a montré le 6 février sur France Culture qu'il n'est pas capable de débattre avec un véritable contradicteur. Le ministre avait face à lui Philippe Meirieu, un des meilleurs spécialiste de  l'Ecole. Très vite le ministre  a perdu son calme, revendiquant le droit de couper la parole à Philippe Meirieu. Très vite son seul argument a été d'accuser son contradicteur de "bombarder de mensonges tous les jours" et même de "détruire". Après ses invectives à l'Assemblée et au Sénat les 4 et 5 février, JM Blanquer montre qu'il n'est plus capable de défendre la politique gouvernementale. Peut-être parce qu'il est clair maintenant qu'elle n'est plus défendable.

Le divorce semble aujourd’hui largement consommé entre le ministère de l’Éducation nationale et une partie des enseignants. Ceux-ci ont protesté ces derniers jours aux côtés d’élèves contre la réforme du baccalauréat voulue par le gouvernement, et menacent ainsi la bonne tenue de l’examen.

Plus généralement, le monde de l’éducation semble pris ces derniers mois d’un malaise renforcé par l’actualité sociale. Réforme des retraites, paupérisation et sentiment de déclassement : les revendications sont multiples et traduisent une crise plus large. Quel est le sens du métier d’enseignant aujourd’hui ? Le monde de l’enseignement atteint-il un point de rupture ?

Pour en parler, Guillaume Erner reçoit Jean-Michel Blanquer, Ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse. Il sera rejoint en seconde partie d’émission par Philippe Meirieu, professeur émérite à l’université Lumière Lyon 2, chercheur en pédagogie, auteur de « La Riposte » (Autrement, 2018).

tschai a écrit:"On peut ne pas aimer Meirieu mais c'est la première fois que Blanquer a un vrai contradicteur face à lui."
On ne peut pas aimer Meirieu mais c'est la première fois que Blanquer a un vrai contradicteur face à lui!

Osmie a écrit:On attend avec impatience un débat avec un journaliste spécialiste des questions d'éducation, ce que n'est en rien Ph. Meirieu qui, rappelons-le, a bien soutenu l'ancienne ministre de l'éducation sur Hollande. On attend un journaliste, qui bosse et maîtrise ses dossiers, et qui saura poser des questions sur :
-la réforme du bac passant en force contre l'avise du CSE
-les élèves de lycée sous tension pendant deux ans ; les lycéens qui se retrouvent en garde à vue en ce moment pour s'être opposés au E3C
-la réforme des concours avec l'abaissement des attendus disciplinaires
-le recours massif aux contractuels
-les sacrifiés de Parcoursup
-les suicides dans la profession, sans doute dus aux problèmes personnels de ces pauvres collègues faiblichons
-l'école de la confiance/défiance
-les rémunérations bloquées (les +30 euros bruts -moins 10 euros, merci Fillon, étant dus non à JMB mais au PPCR voté sous Hollande, et repoussé d'un an par LREM)
-le gel du point d'indice
-la multiplication des tâches
-la suppression des missions des PsyEN, remplacés par les PP pas formés
-la fonte des heures de cours (sans doute due au réchauffement climatique)
Etc, etc.

Que notre ministre ait face à lui quelqu'un qui BOSSE et MAITRISE le sujet, avec une discussion argument contre argument.  Là, j'écouterai.

Osmie a écrit:On attend avec impatience un débat avec un journaliste spécialiste des questions d'éducation, ce que n'est en rien Ph. Meirieu qui, rappelons-le, a bien soutenu l'ancienne ministre de l'éducation sur Hollande. On attend un journaliste, qui bosse et maîtrise ses dossiers, et qui saura poser des questions sur :
-la réforme du bac passant en force contre l'avise du CSE
-les élèves de lycée sous tension pendant deux ans ; les lycéens qui se retrouvent en garde à vue en ce moment pour s'être opposés au E3C
-la réforme des concours avec l'abaissement des attendus disciplinaires
-le recours massif aux contractuels
-les sacrifiés de Parcoursup
-les suicides dans la profession, sans doute dus aux problèmes personnels de ces pauvres collègues faiblichons
-l'école de la confiance/défiance
-les rémunérations bloquées (les +30 euros bruts -moins 10 euros, merci Fillon, étant dus non à JMB mais au PPCR voté sous Hollande, et repoussé d'un an par LREM)
-le gel du point d'indice
-la multiplication des tâches
-la suppression des missions des PsyEN, remplacés par les PP pas formés
-la fonte des heures de cours (sans doute due au réchauffement climatique)
Etc, etc.

Que notre ministre ait face à lui quelqu'un qui BOSSE et MAITRISE le sujet, avec une discussion argument contre argument.  Là, j'écouterai.

Balthazaard a écrit:

tschai a écrit:"On peut ne pas aimer Meirieu mais c'est la première fois que Blanquer a un vrai contradicteur face à lui."
On ne peut pas aimer Meirieu mais c'est la première fois que Blanquer a un vrai contradicteur face à lui!

Entendre  "le Meirieu" défendre la culture quand il a osé préconiser l'apprentissage du français dans les notices d'utilisation....pour moi ce sont deux clowns tristes et même pas drôles.

Moonchild a écrit:

Je n'ai pas vraiment envie de perdre mon temps à écouter cette querelle politicarde. Je suppose que Meirieu doit être furieux de se retrouver sur le banc de touche et de constater que Blanquer va finalement se passer de lui pour mettre la touche finale à la destruction du système scolaire français alors qu'il avait depuis si longtemps tant oeuvré pour cette cause.

Catalunya a écrit:Le débat entre deux fossoyeurs de l'Education Nationale ne m'intéresse guère.

Blanquer a écrit:Il y a eu deux erreurs qui ont été reconnues, et qui ne sont pas forcément d'ailleurs des erreurs. Ces erreurs n'étaient pas dûes à telle ou telle personne mais parfois à des sortes de logique de situation, il est évident que ça n'a pas été une bonne semaine.
En revanche, tel ou tel problème occulte d'autres choses qui se passent et qui en réalité sont plus importantes et plus structurelles. Je pense à la baisse du chômage, aux bons chiffres de l'apprentissage qui s'articulent avec des choses qui sont bonnes en ce moment dans l'enseignement professionnel français. Une série de nouvelles en réalité qui touchent beaucoup plus la vie des français doivent être aussi soulignées et je pense qu'il faut qu'on sache avoir des visions équilibrées de l'actualité, mises en perspective. Quand on regarde dans la durée, il y a toujours eu ce genre de difficulté à un certain moment, je pense qu'il faut maintenant passer à autre chose.

Lefteris a écrit:Pourquoi pas NVB face à Blanquer, tant qu'on y est ?

Kimberlite a écrit:

Lefteris a écrit:Pourquoi pas NVB face à Blanquer, tant qu'on y est ?

Hmmm... en fait ça pourrait être intéressant, deux requins dans la même cage...
Le truc serait de les laisser s'affronter jusqu'à l'épuisement.

Réponse:

BR a écrit:Blanquer est très fort dans la communication. Il ne cesse de refuser de discuter des points qui posent problème en les évacuant avec un grand brio. Ainsi, lorsqu'il est interrogé sur les couacs de la semaine (refus d'un projet de loi pour accorder 12 jours de congés en cas de décès d'un enfant et commentaire malheureux de la Ministre de le Justice sur une affaire de blasphème) :

Blanquer a écrit:Il y a eu deux erreurs qui ont été reconnues, et qui ne sont pas forcément d'ailleurs des erreurs. Ces erreurs n'étaient pas dûes à telle ou telle personne mais parfois à des sortes de logique de situation, il est évident que ça n'a pas été une bonne semaine.
En revanche, tel ou tel problème occulte d'autres choses qui se passent et qui en réalité sont plus importantes et plus structurelles. Je pense à la baisse du chômage, aux bons chiffres de l'apprentissage qui s'articulent avec des choses qui sont bonnes en ce moment dans l'enseignement professionnel français. Une série de nouvelles en réalité qui touchent beaucoup plus la vie des français doivent être aussi soulignées et je pense qu'il faut qu'on sache avoir des visions équilibrées de l'actualité, mises en perspective. Quand on regarde dans la durée, il y a toujours eu ce genre de difficulté à un certain moment, je pense qu'il faut maintenant passer à autre chose.

Ainsi, dans le monde riant de Blanquer, il convient de ne pas s'attarder sur les problèmes, parce que, regardez ! Il y a de bonnes nouvelles ! Pourquoi ne parlez vous des bonnes nouvelles ?

À moins de le confronter à un débatteur du même calibre qui ne se laissera pas distraire par le whataboutisme et saura retourner ces procédés pour recentrer le débat, il est impossible de le prendre en défaut.

William Foster a écrit:Meirieu, Blanquer et NVB sont dans un avion qui va s’écraser et il n’y a qu’un seul parachute.
Qui va le prendre ?

Réponse:

Lefteris a écrit:

Moonchild a écrit:

Je n'ai pas vraiment envie de perdre mon temps à écouter cette querelle politicarde. Je suppose que Meirieu doit être furieux de se retrouver sur le banc de touche et de constater que Blanquer va finalement se passer de lui pour mettre la touche finale à la destruction du système scolaire français alors qu'il avait depuis si longtemps tant oeuvré pour cette cause.

Je partage le même avis. Meirieu est l'un des fossoyeurs de l'EN, il a participé à tous les coups bas,  il a oeuvré dans le ministère Allègre, il approuve toute dégradation du statut des enseignants (chantre de l'"animation" , de la présence dans les établissements, pourfendeur des disciplines..). Il ne faut pas avoir la mémoire courte. Je refuse de choisir entre la vérole et le choléra. Pourquoi pas NVB face à Blanquer, tant qu'on y est ?

NVB a écrit:
[...]
Ce ministre passe beaucoup de temps à jouer l’opinion publique contre les professeurs. Au-delà des réformes mal ficelées, c’est le mal le plus profond qui est fait en ce moment, et pour longtemps
[...]
Cette passion a du bon en ce qu’elle nous rappelle que notre identité française et républicaine repose de plain-pied sur ce pilier de l’école laïque, gratuite et obligatoire. Mais elle a ses limites quand elle produit ce que nous constatons aujourd’hui, c’est-à-dire un nivellement de la parole, une forme de relativisme où tout jugement péremptoire sur l’école, et ce qu’il faudrait y faire, se vaut.
[...]
Ce qui favorise cela, c’est la trop faible place accordée aux chercheurs en sciences de l’éducation, en sociologie, en histoire dans le débat public éducatif. Non seulement ils ne sont quasiment jamais invités à s’exprimer, mais nombre de commentateurs vont carrément jusqu’à leur dénier une expertise ou une légitimité à intervenir. J’ai rarement rencontré un tel déni dans les autres champs d’activité.
[...]
Mes enfants sont entrés en sixième cette année. Je suis allée assister avant leur début d’année à la réunion d’information à destination des parents. Honnêtement, l’intégralité de la réforme des collèges était là : l’interdisciplinarité, les travaux en petits groupes, la langue vivante qui commence dès la classe de 5e.
[...]

William Foster a écrit:C'est déprimant.

Elle aurait aussi déclaré "il me tarde de revenir au pouvoir : j'en ai marre de travailler parfois plusieurs heures pas jour" (citation apocryphe).

La distance que j’ai prise ces deux dernières années a beaucoup nourri ma réflexion sur la crise démocratique que nos sociétés traversent, sa gravité, son ampleur, sa durabilité. Il existe aujourd’hui une défiance à l’égard des politiques, des corps intermédiaires, des syndicats. Les débats sont plus polarisés que jamais. C’est tout noir ou tout blanc et il ne semble plus y avoir de zone de compromis possible. Pire, on a l’impression que les camps qui s’affrontent ne sont même plus capables de se mettre d’accord sur une réalité. Il existe désormais des réalités alternatives : chacun est dans sa bulle conceptuelle, entretenue par les réseaux sociaux et souvent les médias. Je souhaite contribuer au débat public en partant des faits réels et en défendant l’idée d’un destin commun.

Bouboule a écrit:

William Foster a écrit:C'est déprimant.

Elle aurait aussi déclaré "il me tarde de revenir au pouvoir : j'en ai marre de travailler parfois plusieurs heures pas jour" (citation apocryphe).

Ah mais puisque tu y tiens, elle a terminé comme ceci : :

La distance que j’ai prise ces deux dernières années a beaucoup nourri ma réflexion sur la crise démocratique que nos sociétés traversent, sa gravité, son ampleur, sa durabilité. Il existe aujourd’hui une défiance à l’égard des politiques, des corps intermédiaires, des syndicats. Les débats sont plus polarisés que jamais. C’est tout noir ou tout blanc et il ne semble plus y avoir de zone de compromis possible. Pire, on a l’impression que les camps qui s’affrontent ne sont même plus capables de se mettre d’accord sur une réalité. Il existe désormais des réalités alternatives : chacun est dans sa bulle conceptuelle, entretenue par les réseaux sociaux et souvent les médias. Je souhaite contribuer au débat public en partant des faits réels et en défendant l’idée d’un destin commun.