Neo défi lecture 2020 - Ici, on papote !

merci!

lulucastagnette a écrit:En fait, Adren, ce livre correspond à une partie de sa thèse (partie qu'on lui a conseillé de sortir en livre à part).
Il est certain qu'elle profite de la vogue du développement personnel en la critiquant, mais c'est un travail fouillé et érudit, pas simplement une critique de surface. Et elle propose des pistes du côté de la philosophie pour remplacer les "gourous".

Bonjour à tous, et merci Lulu pour ces précisions.
D'abord prévu pour le défi n°38, mais qui convient aussi pour le n°3, le n°29 et que je classe (provisoirement ?) dans le n°9 Un roman sur le thème de l'abandon, j'ai lu Les chaussures italiennes d'Henning Mankell. Le narrateur vit seul sur une île depuis douze ans, il s'y est retiré après avoir mis fin à sa carrière de chirurgien orthopédique suite à une erreur au bloc opératoire. Un jour il voir débarquer son ancienne petite amie, devenue une veille dame, qu'il avait abandonnée sans aucune explication trente-sept ans auparavant. Elle est très malade et voulait qu'il tienne une promesse qu'il lui avait faite lorsqu'ils étaient amants.
J'ai beaucoup aimé et viens de commencer la suite. J'aime la manière dont l'auteur parle de la vieillesse, de la mort qui approche ("la terre qui nous appelle") et en général, ses romans me marquent durablement (ça dit être pour ça que je n'en lis pas trop souvent !).

Je viens de finir Le Signal de Chattam: c'est très inspiré de "ça" de Stephen King je trouve! Mais dans le genre thriller, ça tient quand même en haleine, et si on est sensible à ce genre d'écriture, ça doit donner un peu la frousse!
Résumé du début: une famille new-yorkaise s'installe à "la ferme" une vieille maison dans une bourgade un peu coupée du reste du monde et surmontée par une tour métallique de communication surnommée l" le cordon"; des disparitions et des morts inquiétantes surviennent, en relation avec le passé de la ville...
edit: j'ai oublié ça peut entrer dans les défis 3,20,25 et 31.

Lu pour l'item Livre traduit du néerlandais Les Seigneurs du thé, d'Hella Haasse, dont j'avais tant aimé Une Liaison dangereuse.
J'ai eu beaucoup plus de mal à entrer dans ce livre. On suit l'évolution de Rudolf Kerkhoven, fils aîné de la grande fratrie d'une famille pionnière dans la culture du thé aux Indes néerlandaises, actuellement Java, au tournant du siècle. Envoyé suivre une école d'ingénieur en Hollande, Rudolf se languit de sa famille et a hâte de rentrer sur les terres paternelles pour y déployer ses talents. Mais le retour au pays est plus difficile que prévu : au lieu de l'accueillir à bras ouverts, son père l'envoie parfaire son apprentissage en travaillant d'abord sur les exploitations des innombrables cousins de la famille, puis lui déclare qu'il refuse de faire de lieu un héritier, mais qu'il devra, comme tout le monde, fonder son domaine en s'endettant et travailler dur. Rudolf se démène donc pour être à la hauteur des injonctions paternelles. J'ai eu du mal avec la première moitié du roman qui présente de nombreux personnages en remontant à chaque fois sur deux ou trois générations et nous plonge dans l'art de la culture du thé. Si vous vous passionnez pour les différentes techniques d'essartage, que vous vous interrogez sur les mérites comparés de l'Assam ou de l'Oolong face aux intempéries ou aux maladies, ce livre est fait pour vous.
Mais je me suis accrochée et je n'ai pas regretté. Finalement, à travers les heurs et malheurs de Rudolf, ce livre parle moins de la culture du thé (si, si, je vous assure) que des liens familiaux, la difficulté à s'affranchir des attentes parentales, les injustices inconscientes (ou pas) des parents envers leurs enfants, les rivalités fraternelles, les incompréhensions dans le couple... Cet aspect-là, bien plus intéressant, prend le pas dans la deuxième partie du roman et m'a bien plu.

Défi 31, Fin d'un monde : La fin de l'homme rouge, Svetlana Alexievitch

Alexievitch a écrit:Que peut bien valoir la vie humaine si nous songeons qu'il n'y a pas si longtemps, des millions de gens périssaient de mort violente ? Nous sommes remplis de haine et de préjugés. Nous venons tous de là-bas, de ce pays qui a connu le Goulag et une guerre effroyable. La collectivisation, la dékoulakisation, des déportations de peuples entiers...
C'était le socialisme et c'était notre vie, tout simplement.

Le monde qui prend fin ici est celui de l'URSS. Pendant vingt ans, entre 1991 et 2011, Svetlana Alexievitch a recueilli les témoignages d'habitants de l'ex-URSS. Ils racontent leur passé et leur présent, comment ils ont vécu avant  la perestroïka, ce qu'a été pour eux l'arrivée d'une économie capitaliste et les guerres qu'ils ont traversées depuis. Comme l'écrit l'autrice : "Je pose des questions non sur le socialisme, mais sur la jalousie, l'enfance, la vieillesse. Sur la musique, les danses, les coupes de cheveux. Sur les milliers de détails d'une vie qui a disparu. Moi, je regarde le monde avec les yeux d'une littéraire et non d'une historienne."
Pour beaucoup, la fin de l'URSS, loin d'être une délivrance fut le début de nouvelles souffrances. C'était la chute d'une utopie, d'un rêve auquel ils sont restés attachés, malgré tout ce qu'ils ont traversé. La fin de l'homme rouge est un livre dur, rempli de tragédies parfois très violentes, mais aussi un livre profondément humain, qui nous fait ressentir de l'empathie pour ces êtres ordinaires, pris dans la marche de l'Histoire. En bref, c'est un livre important à lire pour sa valeur documentaire et humaine.


Verdict : enrichissant

Bonjour,

Je suis impressionnée par ton rythme de lecture, Lulucastagnette ! Merci pour tes comptes rendus !

Pour l'item 43. Une histoire dans l'histoire / l’Histoire. j'ai lu 1793 de Niklas Natt Och Dag, le premier roman d'un auteur suédois. Comme vous le devinez l'histoire se passe en 1793. Nous sommes à Stockholm et Cardell, un ancien combattant manchot qui travaille vaguement comme agent de la ville, récupère un noyé dans le fleuve. Seulement, ce noyé est un homme affreusement mutilé (je vous passe les détails, sordides à souhait). L'enquête est confiée à un homme de loi, réputé pour son intégrité et son amour de la vérité. Le problème ? Il se meurt de la tuberculose. (Ne cherchez pas un personnage bien portant dans le roman, il n'y en a pas, ou alors c'est signe de faillite morale). Contrairement à ce qu'il paraît, ce n'est pas un roman policier. Ou alors en passant. C'est-à-dire que la résolution de l'enquête n'occupe qu'une petite partie du roman. Le destin du noyé mutilé est étroitement lié à celui d'autres personnages qui subissent l'injustice et la violence de cette Suède de fin du XIXe siècle (la partie du roman se passant dans une sorte de bagne où les prisonnières doivent tisser all day long et où elles perdent progressivement le peu d'élan vital qui leur restait est particulièrement édifiante), et les piétinements de l'enquête mettent en relief la décadence et les conspirations des puissants. Une toute petite partie du roman raconte aussi la France, la Terreur, sa violence aveugle.

J'avoue que j'ai traîné la patte dans les (cent  :lol: ) premières pages, l'impression de ne pas accrocher avec les personnages, de ne pas m'intéresser à l'intrigue. Mais le livre a fini par me happer. La description de la ville Stockholm en 1793 est sans concession : y a des poux gorgé du sang des gueux, de la misère qui suinte des murs dans des bouges putrides et infâmes. La fin du roman sauve toutes les imperfections, elle est très réussie. Pas parce qu'on referme le livre sur une énième révélation (ce n'est pas ce genre de livre) mais parce qu'elle remet les choses en place de manière astucieuse. Je ne crierai pas au génie (contrairement au bandeau un chouïa complaisant qui accompagne mon édition   ), mais ça reste un bon livre.

Pour le défi 10, un roman dont l'histoire se déroule sur plusieurs continents : Monastère, Eduardo Halfon, un auteur guatémaltèque que je découvre.

Deux frères, dont le narrateur, arrivent à Jérusalem pour assister au mariage juif orthodoxe de leur soeur. La rencontre du narrateur avec une jeune femme croisée quelques années plutôt au Guatemala est l'occasion d'un retour sur l'histoire familiale en Pologne et d'interrogations sur ce que signifie être juif et devoir la vie sauve en travestissant son identité.
Un thème et des débuts fort intéressants, une écriture fluide, mais j'ai trouvé ce roman décousu et trop superficiel.

Pour le défi 10 (un roman dont l'histoire se déroule sur plusieurs continents) mais aussi pour les 32 (un livre avec des cartes) et 43 (une histoire dans l'histoire / l'Histoire): Réfugiés d’Alan Gratz (2017).
  Ce roman à destination des adolescents retrace le parcours de trois enfants âgés de douze ans qui fuient avec leur famille : en 1938, Josef part de l’Allemagne nazie pour tenter de se rendre aux Etats-Unis ; en 1994, Isabel veut échapper à la pauvreté et à l’absence de liberté en quittant Cuba sur un bateau de fortune ; en 2015, Mahmoud est contraint à l’exil par la guerre en Syrie, avec pour objectif l’Allemagne… Pour tous, le périple sera douloureux. A la fin, des cartes retracent les voyages effectués et l’auteur explique sur quels faits réels il a bâti ses fictions. J’ai trouvé intéressants ces destins racontés sans édulcorer ce qu’ils peuvent avoir de terrible, et intelligente la façon de créer des liens entre les histoires. C’est un livre que je recommanderai à mes élèves.

Je n'avais pas compris le défi 32 ! Je croyais qu'il fallait que des cartes A JOUER aient un rôle dans le livre !! :sourit:
Merci miss Sophie pour la précision, du coup ! Ca va être plus simple.

Une question au sujet du défi 33 : un livre primé par les lecteurs d'un journal ou d'une revue.

A quels magazines et journaux pensez-vous ? J'ai trouvé des prix délivré par un magazine mais ce n'est pas spécifiquement un prix des lecteurs. A part le prix des lecteurs de Elle je sèche, où trouvez-vous des récapitulatifs ?

J'ai eu du mal aussi, Nicole. Il me semble que tu as aussi le prix des lecteurs de l'Express.

Lu pour le défi 9 un roman sur l'abandon Les oubliés de Londres d'Eva Dolan. Le dispositif narratif croise deux temps: maintenant et avant et suit deux personnages féminins Hella et Molly, toutes deux engagées pour lutter contre la gentrification d'un quartier populaire de Londres. L'intrigue policière est davantage une toile de fond que le cœur du roman qui dénonce l'abandon progressif d'un immeuble aux mains des promoteurs immobiliers. C'est bien ficelé, une lecture plus politique que policière...

Bonjour à tous,
Nicole, j'ai choisi un livre récompensé par le prix Ouest France, attribué par des lecteurs de 15 à 20 ans. Je pense que les journaux qui décernent des prix le font le plus souvent via leurs lecteurs. A vérifier si besoin.
Question aussi pour moi, le livre de vacances (je ne sais plus le n°), c'est un rėcit de vacances, un rėcit qui comporte des vacances, ou seulement une lecture faite pendant les vacances ?

Le défi 5, c'est "une histoire de vacances". Donc ta 3e proposition ne convient pas. Quant à la 2e, il me semble que les vacances doivent être un élément important du récit, pas seulement une petite partie de celui-ci.

Merci, c'est bien ce qu'il me semblait aussi. J'ai été prise d'un doute en lisant les listes.

J'ai du mal à en trouver un. J'ai commencé The Bell Jar de Sylvia Plath, qui était sur ma PAL depuis au moins 10 ans, en me disant que la narratrice est invitée à passer une partie de l'été à New York pour avoir gagné un prix d'un magazine de mode, mais je ne suis pas sûre que ça compte en "histoire de vacances"; je verrai en avançant.

Je peux vous conseiller deux livres drôles (grinçants) : Comment j'ai raté mes vacances de Geoff Nicholson et Noyade interdite d'Amy Tan (résumés Amazon ci-dessous).

Spoiler:

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lulucastagnette a écrit:J'ai eu du mal aussi, Nicole. Il me semble que tu as aussi le prix des lecteurs de l'Express.

Merci, je crois que j'ai trouvé mon bonheur !

Le prix Ouest France n'est pas à la médiathèque sinon je l'aurais choisi.

Pour remplir le défi, j'essaie de puiser avant tout dans tous les livres jamais lus de ma bibliothèque (second défi perso en doublon : diminuer leur nombre).
J'ai pris un peu au hasard La Répudiée, d'Eliette Abécassis, et j'ai découvert un vrai petit bijou.
L'histoire de passe dans la communauté juive orthodoxe de Jérusalem. Rachel est mariée à Nathan depuis dix ans. Rachel aime Nathan. Nathan aime Rachel. Mais en dix ans, Rachel n'a pas donné d'enfant à Nathan. La loi commande donc à Nathan de répudier Rachel. C'est pour lui une douleur terrible, mais toute la communauté fait pression pour qu'il accomplisse son devoir. Amour ou devoir ? L'histoire a la simplicité, la pudeur et la beauté des tragédies. En plus, la langue est très belle.

Nous habitons Jerusalem mais en fait nous n'y sommes pas. Nous sommes ailleurs. Nous ne sommes nulle part. Nous sommes à Méa Shéarim. Entre la vieille ville et la ville nouvelle, c'est un quartier aux maisons basses, aux cours entrelacées, entrées infinies, tunnels confidentiels, petites chambres, mansardes ou caves, balcons de fer forgé, intérieurs, extérieurs, portes secrètes. Entrez, venez parmi nous, vous verrez les Hassisim au pas pressé, dans les yechivas où l'on étudie la nuit, le jour, et encore la nuit. Entrez donc, voyez ces hommes aux papillotes, aux lévites et aux barbes noires. Entrez la tête couverte, mais entrez...

C'est très court (une tragédie, je vous dis) et très beau.
Je le place pour le défi "abandon" (en poussant Martin Eden vers "L'or et la boue"), mais il convient pour roman d'amour, livre qui évoque un épisode biblique, fin d'un monde.

Ca donne envie, Véro !
Moi aussi j'essaie au max de concilier ma PAL avec les défis. Pour certains très précis, c'est toutefois compliqué, mais ça permet d'aller vers des oeuvres qu'on n'aurait pas rencontrées en temps normal, c'est chouette aussi.

Ça tombe bien que vous parliez d'histoires de vacances, c'est le sujet de mon prochain CR.

Défi 5, Une histoire de vacances : Le blé en herbe, Colette

Colette a écrit:Vinca rougit, réclama pour elle seule la honte d'aimer, le tourment du corps et de l'âme, et quitta les Ombres vaines, pour rejoindre Philippe sur un chemin où ils cachaient leur trace et où ils sentaient qu'ils pouvaient périr de porter un butin trop lourd, trop riche et trop tôt conquis.

Philippe et Vinca, deux amis d'enfance, s'aiment depuis toujours, sans en avoir pleinement conscience. Mais cet amour est perturbé quand Philippe se laisse séduire par une femme plus âgée pendant leurs vacances. Le livre raconte la découverte de l'amour et de la jalousie par deux jeunes gens qui prennent conscience de leurs sentiments et apprennent à connaître l'autre.
C'est un livre simple et bien écrit, avec finesse et subtilité, et peut-être plus dense qu'il n'y paraît au premier abord. Ça m'a fait passer un bon moment et je le relirai probablement.

Verdict : conseillé.

Question de mon côté pour l'auteur iranien : un auteur persan (qui a vécu avant l'existence de l'Iran), ça passe ?

Et toujours pour cet item, Deux ans de vacances, ça conviendrait ? Un Jules Verne que je n'ai jamais lu et que j'ai dans ma bibliothèque, ça m'arrangerait.

Ryuzaki : ça passe pour moi, l’auteur persan.

*Ombre* a écrit:Et toujours pour cet item, Deux ans de vacances, ça conviendrait ? Un Jules Verne que je n'ai jamais lu et que j'ai dans ma bibliothèque, ça m'arrangerait.

Mais oui ! Ah Jules...

miss sophie a écrit:Je peux vous conseiller deux livres drôles (grinçants) : Comment j'ai raté mes vacances de Geoff Nicholson et Noyade interdite d'Amy Tan (résumés Amazon ci-dessous).

Spoiler:

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Merci, miss Sophie.
Si mon livre ne convient pas pour ça, et si je ne trouve dans ma PAL, j'irai faire un tour à la bibliothèque.

De retour après une grosse période de non lecture...
Je valide 3 défis et j'espère retrouver le rythme car d'autres sont en cours.

9. Un roman sur le thème de l'abandon. Miroir de nos peines de Pierre Lemaître (convient aussi pour 29, pour 31)
J'ai beaucoup aimé ce troisième tome. Le thème de l'abandon ne saute pas aux yeux au départ, mais je ne peux pas expliquer pourquoi je le classe dans cette catégorie sauf à spoiler le roman. la description de la France en pleine débâcle dans les années 40 est saisissante, et les personnages comme toujours vraiment bien brossés, on a vraiment envie de savoir ce qui valeur arriver!

22. Un livre en français dont le titre est écrit dans une autre langue. All clear, de Connie Willis
J'ai un peu calé sur le début de ce tome 2, un peu lent, avant de finalement me reprendre au jeu ensuite: la fin est plus satisfaisante que ce que j'ai craint à un moment donné. En plein Blitz, j'étais assez raccord avec l'autre livre, celui de Lemaître!

27. Un livre dans lequel se produit une métamorphose. Midi Pile de Rébéca Dautremer
L'expression "dans lequel se produit une métamorphose" est ici à prendre au pied de la lettre: il s'agit d'un livre à découpes vraiment stupéfiant. Livre pour enfant en principe, mais vraiment incroyable, et tout au long des pages qu'il faut ici tourner avec de grandes précautions pour ne rien abîmer, l'univers se transforme et se métamorphose, donc, très progressivement... Magnifique!