Recherche témoignage : difficultés à remplacer prof absent

Une collègue de lettres modernes, remplacée par une étudiante en licence d'italien : au bout de 2 semaines, elle a fait ses comptes : entre le temps de transport pour accéder au collège en zone "péri-urbaine", ses temps de préparation (parce qu'elle voulait bien faire les choses, et elle avait reçu de l'aide des collègues) et le temps devant les élèves, elle a préféré retourner bosser chez Mc Do : le salaire horaire était meilleur...

Une collègue d'allemand absente pour congé maternité (prévisible), remplacée par un ingénieur informatique au chômage mais qui avait fait de l'allemand (en des temps sans doute fort anciens) quand arrivent les correspondants allemands : "Madaaame, même les correspondants n'arrivent pas à comprendre ce que dit le prof !" Oups...

littleJulie a écrit:
Une collègue d'allemand absente pour congé maternité (prévisible), remplacée par un ingénieur informatique au chômage mais qui avait fait de l'allemand (en des temps sans doute fort anciens) quand arrivent les correspondants allemands : "Madaaame, même les correspondants n'arrivent pas à comprendre ce que dit le prof !"  Oups...

Oui mais il était peut-être excellent pédagogue ? Et au final c'est ça qui importe le plus, non ?

L'important est de n'avoir qu'une leçon d'avance sur les apprenants.
Partager l'ignorance des élèves pour notre matière permet aussi de mieux les comprendre et d'adopter la posture pédagogique adéquate.

Ilona a écrit:L'important est de n'avoir qu'une leçon d'avance sur les apprenants.
Partager l'ignorance des élèves pour notre matière permet aussi de mieux les comprendre et d'adopter la posture pédagogique adéquate.

La fuite ?

Congé de maternité, il y a quelques années : remplacée d'abord par une contractuelle en lettres modernes (alors que je suis lettres classiques et assure de ce fait des cours de latin) avec de gros ennuis de santé, qui n'avait pas vu une classe depuis 3 ans (et a passé quelques jours à m'envoyer des messages tout le temps pour de l'aide ou des renseignements), a accumulé les arrêts maladie de 15 jours avant d'en obtenir un pour la fin de l'année scolaire ; au bout de 5 semaines, le rectorat a finalement trouvé un contractuel venu de Paris (1h30 de train, idem en voiture si ça roule bien et qu'on a des sous à perdre en autoroute), avec qui ça a été plus la fête que le cours de latin.

Si l'objectif de l'article est de parler de la crise des vocations, on peut dire en effet que le recours massif et pourtant insuffisant aux contractuels pose de nombreuses difficultés. Les politiques d'austérité qui conduisent à baisser encore et toujours les postes offerts au concours montrent bien leurs limites : moins de fonctionnaires, de moins en moins de réserves de personnel, et donc un service public interrompu au moindre arrêt maladie.
Et cela ne se limite d'ailleurs pas aux personnels enseignants : les personnels de vie scolaire sont encore plus difficiles à remplacer. Dans mon établissement, une CPE absente remplacée par un contractuel. La contractuelle qui occupait le poste en septembre à démissionné, ayant obtenu un emploi plus intéressant. Aucune nouvelle du rectorat pendant le préavis, puis, blocage de ce dernier lorsqu'il a fallu ré-embaucher. On a tourné une semaine sans CPE dans un établissement urbain sensible, qui n'est pas classé en REP parce que la ville ne voulait pas que tous ses établissements soient estampillés éducation prioritaire, ça fait mauvais genre...

Il y a quelques années, j'ai dû me faire opérer. J'ai prévenu mon établissement fin janvier en sortant de chez le chirurgien que je serais absente au moins six semaines à partir de mi-mars.
J'ai été remplacée alors que mon arrêt était effectif depuis deux semaines et demie, par une personne contractuelle dont c'était le premier remplacement, qui a été recrutée via Pôle Emploi (j'ai vu personnellement l'annonce sur le site), qui ne savait pas vraiment ce qu'il fallait faire, travaillant par ailleurs dans un tout autre domaine que l'enseignement ou la formation (elle était infographiste), et et qui habitait à une grosse soixantaine de kilomètres de l'établissement.

L'année dernière, collègue de musique qui n'a assuré qu'une ou deux semaines de cours en début d'année : les élèves du collège n'ont pas eu d'autre cours de musique de l'année.

Mon fils n'a pas cours de musique depuis le début de l'année. En 3ème.

Il faut aussi rappeler cette règle de l'académie de Créteil (je ne sais pas si elle est écrite noir sur blanc, mais elle est appliquée) : si l'absence dure moins de 2 semaines, il n'y a pas de remplacement.
Donc quand un collègue a des arrêts de deux semaines qui se suivent, le rectorat remet le compteur à zéro à chaque nouvel arrêt tant que le CDE ne rue pas dans les brancards.

C'est la règle partout et on en voit bien l'intérêt. Économies, pas d'affolement des services pour chercher un remplaçant, culpabilisation de ceux arrêtés moins de 15 jours etc.

Archie Leach a écrit:

Sallustius a écrit:pas remplacée durant 6 semaines pour un congé mater (annoncé donc longtemps à l'avance) puis remplacée finalement par une personne seulement titulaire du BAC

En français, en latin et en grec ??!! Avec uniquement le bac ?! Punaise, ça devait être magnifique, les cours.

Congé maternité pour moi aussi suivi de congé parental, le tout commençant en septembre, donc un poste de 20h en lettres classiques à l'année. Prévu depuis mai
Il n'y a eu personne pendant un mois pour me remplacer.
Puis ils ont fini par trouver un contractuel qui n'avait pas fait de latin depuis le lycée... J'ai dû lui donner tous mes cours de Première et Terminale...

En 5ème, ma fille n'a pas eu anglais pendant plus d'un trimestre, et ensuite un ingénieur en retraite qui faisait fonction de ...

Depuis avril 2019, nos élèves n'ont plus de professeur d'allemand. C'est dramatique surtout que nous sommes quasi frontaliers.

- Je n'ai pas été remplacée en latin pendant un arrêt de 3 mois.
- Mon collègue de lettres a été arrêté et non remplacé de février à fin mai (il avait 2 classes de 3èmes, entre autres) : les parents avaient là aussi crié au scandale et demandé à ce que je prenne ses classes ... en divisant l'horaire des miennes ! Ben voyons. Et je précise que la remplaçante était une dame à la retraite depuis 3 ans ...
- Ma fille n'a pas eu de prof d'anglais de janvier à début mai (niveau 6èmes, 5èmes, 4èmes, 3èmes), ni de prof d'HG pendant 3 mois (de mémoire février à début mai, avec lui aussi des 3èmes en charge)
Je précise que ma fille et moi ne sommes pas dans le même collège, mais qu'il s'agit dans les deux cas de petits collèges "de campagne", là où il n'y a pas de transports en commun, et où aucun client de Pôle Emploi ne veut venir s'enterrer pour un salaire aussi faible (dixit la dame de PE elle-même). Et dont le petit microcosme parisien de l'EN SE CONTREFOUT.

Dans le collège où j'étais avant : une collègue prof de français et latin, arrêtée plusieurs mois (maternité), a été remplacée par une petite jeune qui avait une formation en histoire et avait pour sa part arrêté le latin en fin de collège (voire en fin de 4ème, je ne sais plus)... Y'avait personne d'autre...

Je vais aller à contre courant mais je suis en arrêt maladie pour 15 jours et, à mon grand étonnement, je suis remplacée à partir de demain (arrêt donné lundi matin).

Je suis actuellement en congé de formation pour huit mois et aucun remplaçant n'a été trouvé depuis la rentrée.
Je suis en lettres classiques dans un petit collège de campagne éloigné des centres urbains.

Pendant mon congé de maternité, remplacée par une contractuelle en lettres modernes.

Pat B a écrit:Dans le collège où j'étais avant : une collègue prof de français et latin, arrêtée plusieurs mois (maternité), a été remplacée par une petite jeune qui avait une formation en histoire et avait pour sa part arrêté le latin en fin de collège (voire en fin de 4ème, je ne sais plus)... Y'avait personne d'autre...

Malheureusement en latin, c'est souvent le cas, et ceux qui acceptent les remplacements ont bien du mal à se remettre au latin, ou à s'y mettre tout court : quand je suis arrivée dans mon collège actuel, j'ai pris un poste où celle qui avait accepté un remplacement à l'année précédente n'avait JAMAIS fait de latin. Elle apprenait en même temps que les élèves...

A rebours a écrit:

Pat B a écrit:Dans le collège où j'étais avant : une collègue prof de français et latin, arrêtée plusieurs mois (maternité), a été remplacée par une petite jeune qui avait une formation en histoire et avait pour sa part arrêté le latin en fin de collège (voire en fin de 4ème, je ne sais plus)... Y'avait personne d'autre...

Malheureusement en latin, c'est souvent le cas, et ceux qui acceptent les remplacements ont bien du mal à se remettre au latin, ou à s'y mettre tout court : quand je suis arrivée dans mon collège actuel, j'ai pris un poste où celle qui avait accepté un remplacement à l'année précédente n'avait JAMAIS fait de latin. Elle apprenait en même temps que les élèves...

Après le bac +5 , vive le bac - 5.

Établissement REP, beaucoup de collègues non remplacés, y compris dans des classes à examen.

J'ai refusé d'enseigner le latin quand on m'a mise sur un rempla de prof de LC. Ce n'est pas avec mes trois pauvres années de latin à la fac en grand débutant effectuées une dizaine d'années auparavant que j'aurais pu l'enseigner.

Il y a deux ans, une collègue a été absente pendant plusieurs mois. Elle n'a pas été" remplacée. Elle avait des 1ere ES (classes à epreuve du BAC). L'année suivante, je me suis retrouvé dans le même établissement. Les élèves (même classes) ont eu 4 profs différents (2 contractuels avant moi, puis la prof est revenue à temps partiel)

L'an dernier, en classe de 1re, une contractuelle (ancienne assistante) a donné 2-3 heures de cours de russe LV2, puis plus personne jusqu'en mars où un nouveau contractuel a été recruté. Le poste était partagé avec le collège où existe une section bilangue anglais-russe. Le chef d'établissement a voulu fermer cette section à la rentrée 2019 faute d'enseignant, cela lui a été refusé par le rectorat. Cette année, par chance,il y a quand même une contractuelle pour assurer les heures.

Enseignante de lettres classiques, je n'ai jamais été remplacé elors de mes congés maternité par un TZR de lettres classiques, la première fois, c'était une étudiante LC, les autres fois un TZR en lettres modernes. Pour mon dernier congé, j'avais pu anticipé, je n'avais que des classes en français.

En français, en latin et en grec ??!! Avec uniquement le bac ?! Punaise, ça devait être magnifique, les cours

ça a été épique : elle a tenu car elle s'était engagée mais a juré ne plus jamais remettre les pieds dans l'enseignement (elle avait plus de 40 ans donc son BAC était très loin). Je passe sur la journée qu'elle est venue passer à la maison alors que j'avais un nourrisson de quelques mois et un deux ans à gérer. Je lui ai donné tous les cours que j'avais et les documents. En 3eme latin, je lui ai allégé le boulot en lui demandant de ne faire que des recherches... pour préparer l'épreuve HDA de l'époque. Les 6emes en français n'ont rien dit, comme les 5eme en latin,, mais les 4eme et 3eme ont vite compris qu'elle n'avait pas les connaissances nécessaires et ça a été très pénible pour elle, pour eux et pour moi au retour. Le tout avec un chef qui vous reproche d'avoir eu un enfant !

Ah ! Si seulement la difficulté à nous remplacer nous valait un peu d'estime et la reconnaissance pour le travail accompli !...