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- VerduretteModérateur
J'ai volontairement mis le titre à la première personne, car je ne sais plus où est le problème, chez eux ou chez moi.
Le but n'est pas de vous bassiner avec une nième complainte sur le niveau, les enfants, la société, la famille... mais de confronter mon expérience aux vôtres, de comprendre si le problème vient de moi, (je commence vraiment, sincèrement à me poser la question) et trouver des solutions.
Je pense que l'âge compte, j'ai fait ce boulot avec enthousiasme, et pourtant souvent dans des conditions pas très faciles, et là je me rends compte que je me fatigue et m'énerve plus facilement, alors que j'ai plutôt moins de boulot au sortir de l'école puisque je n'ai plus la "deuxième journée" qui m'attend comme la plupart d'entre vous avec de jeunes enfants, les devoirs, les bains, le dîner...mes filles sont grandes, même si la dernière a encore un pied dans la maison elle est à Dijon toute la semaine. Quatre soirs par semaine, je suis seule chez moi, je peux expédier mon dîner, travailler tranquille et aller me coucher à dix heures avec un bon bouquin.
Je pense que je me faisais une idée fausse du public que j'aurais en venant en province, je comptais sortir des problèmes de cité, des "cassos" (pardonnez l'expression qui n'est pas élégante, mais elle est parlante), et je suis très déçue car j'en ai autant sinon plus, si ce n'est que ce ne sont pas les mêmes, moins de problèmes liés aux conflits africains/maghrébins parce qu'il n'y a que des maghrébins et pas d'africains, mais des familles du quart monde français, et des conflits tout aussi hallucinants entre ces familles, qu'elles importent à l'école, des IP en veux-tu en voila... C'est moralement pesant, et j'espérais que j'aurais moins de soucis de ce genre pour mes dernières années de classe. Il n'en sera rien.
Mais surtout, j'espérais retrouver la fraîcheur et la spontanéité en revenant aux petites classes, GS/CP, après 4 années de CE2/CM, et là aussi, je suis déçue. Beaucoup passent leur temps à jacasser, s'agiter, parler d'eux et de ce qu'ils ont, ont acheté, vont acheter. de ce que Papa ou maman va acheter, de ce qu'ils veulent acheter... et ça me saoule. J'ai relu le livre "la maternelle du XXIème siècle", on parle des ateliers que les enfants aiment faire et refaire, mais là, non, une fois que c'est fait, ça ne les intéresse plus du tout d'y revenir, la seule chose qui les amuse avec les bacs de semoule, c'est de les renverser par terre et de les balayer, j'ai passé un week-end à couper et peindre des "barres" de numération Montessori , j'ai montré l'atelier, j'en trouve régulièrement en train de les utiliser pour se bagarrer, tous les jeux sont réutilisés pour se battre, en fait ...
Les histoires, ça tient cinq minutes, après ils commencent à s'agiter et discuter.
Je fais beaucoup de chant choral, on a appris tout le conte musical "Boucle d'Or et les trois ours" de Nicole Berne, et les 2/3 s'y sont bien mis, certains chantent faux ou ne chantent pas beaucoup, mais ça, c'est normal. On a décidé de le montrer aux parents, et le soir de la petite "représentation" avec les familles, j'en ai deux qui ont saboté exprès le travail des autres, en tapant des pieds, chantant n'importe quoi, faisant le "cochon" etc ... je les ai remis en place devant les parents, ça n'a servi à rien. Ils ont recommencé devant une autre classe trois jours plus tard. Questionnés, l'un est resté mutique, l'autre m'a répondu "ça m'énerve de chanter tout le temps". (5 ans...)
On travaille sur Casse-Noisette, je leur ai montré des extraits du ballet, et là, pareil, le même a fait l'imbécile, et m'a dit que ça l'ennuyait.
Une grande majorité a beaucoup de mal à aller au bout du travail, à tenir en place. Pourtant j'alterne séance assises, EPS, relaxation, mais cela semble contre-productif , ils sont en permanence survoltés, EPS ou pas, relaxation ou pas.
Là, je me demande comment je vais faire pour tenir encore 8 ans. Je suis exténuée, et surtout triste de ce que je considère comme un échec personnel.
Le but n'est pas de vous bassiner avec une nième complainte sur le niveau, les enfants, la société, la famille... mais de confronter mon expérience aux vôtres, de comprendre si le problème vient de moi, (je commence vraiment, sincèrement à me poser la question) et trouver des solutions.
Je pense que l'âge compte, j'ai fait ce boulot avec enthousiasme, et pourtant souvent dans des conditions pas très faciles, et là je me rends compte que je me fatigue et m'énerve plus facilement, alors que j'ai plutôt moins de boulot au sortir de l'école puisque je n'ai plus la "deuxième journée" qui m'attend comme la plupart d'entre vous avec de jeunes enfants, les devoirs, les bains, le dîner...mes filles sont grandes, même si la dernière a encore un pied dans la maison elle est à Dijon toute la semaine. Quatre soirs par semaine, je suis seule chez moi, je peux expédier mon dîner, travailler tranquille et aller me coucher à dix heures avec un bon bouquin.
Je pense que je me faisais une idée fausse du public que j'aurais en venant en province, je comptais sortir des problèmes de cité, des "cassos" (pardonnez l'expression qui n'est pas élégante, mais elle est parlante), et je suis très déçue car j'en ai autant sinon plus, si ce n'est que ce ne sont pas les mêmes, moins de problèmes liés aux conflits africains/maghrébins parce qu'il n'y a que des maghrébins et pas d'africains, mais des familles du quart monde français, et des conflits tout aussi hallucinants entre ces familles, qu'elles importent à l'école, des IP en veux-tu en voila... C'est moralement pesant, et j'espérais que j'aurais moins de soucis de ce genre pour mes dernières années de classe. Il n'en sera rien.
Mais surtout, j'espérais retrouver la fraîcheur et la spontanéité en revenant aux petites classes, GS/CP, après 4 années de CE2/CM, et là aussi, je suis déçue. Beaucoup passent leur temps à jacasser, s'agiter, parler d'eux et de ce qu'ils ont, ont acheté, vont acheter. de ce que Papa ou maman va acheter, de ce qu'ils veulent acheter... et ça me saoule. J'ai relu le livre "la maternelle du XXIème siècle", on parle des ateliers que les enfants aiment faire et refaire, mais là, non, une fois que c'est fait, ça ne les intéresse plus du tout d'y revenir, la seule chose qui les amuse avec les bacs de semoule, c'est de les renverser par terre et de les balayer, j'ai passé un week-end à couper et peindre des "barres" de numération Montessori , j'ai montré l'atelier, j'en trouve régulièrement en train de les utiliser pour se bagarrer, tous les jeux sont réutilisés pour se battre, en fait ...
Les histoires, ça tient cinq minutes, après ils commencent à s'agiter et discuter.
Je fais beaucoup de chant choral, on a appris tout le conte musical "Boucle d'Or et les trois ours" de Nicole Berne, et les 2/3 s'y sont bien mis, certains chantent faux ou ne chantent pas beaucoup, mais ça, c'est normal. On a décidé de le montrer aux parents, et le soir de la petite "représentation" avec les familles, j'en ai deux qui ont saboté exprès le travail des autres, en tapant des pieds, chantant n'importe quoi, faisant le "cochon" etc ... je les ai remis en place devant les parents, ça n'a servi à rien. Ils ont recommencé devant une autre classe trois jours plus tard. Questionnés, l'un est resté mutique, l'autre m'a répondu "ça m'énerve de chanter tout le temps". (5 ans...)
On travaille sur Casse-Noisette, je leur ai montré des extraits du ballet, et là, pareil, le même a fait l'imbécile, et m'a dit que ça l'ennuyait.
Une grande majorité a beaucoup de mal à aller au bout du travail, à tenir en place. Pourtant j'alterne séance assises, EPS, relaxation, mais cela semble contre-productif , ils sont en permanence survoltés, EPS ou pas, relaxation ou pas.
Là, je me demande comment je vais faire pour tenir encore 8 ans. Je suis exténuée, et surtout triste de ce que je considère comme un échec personnel.
- Volo'Neoprof expérimenté
Verdurette, je ne pense pas que cela vient de toi. Il est certain qu'une part de toi devait espérer quelque chose, d'après ton message, de ce changement et que tu es déçue. Il me semble que c'est une des raisons de ton état d'esprit.
Je suis au collège et avec les collègues on constate que les élèves sont de plus en plus agités. Là, nous sommes dans une période où dans mon établissement nous cumulons les rapports, heures de colle et autres (trois commissions éducatives vendredi, deux conseils de discipline la semaine prochaine, et nous avons trois quatrièmes exclus sur huit jours). Les 6èmes de cette année sont particulièrement agités (sur la division, il y a autant de rapports que sur les autres niveaux) et nous avons déjà eu quatre exclusions inclusion en 6ème.
Si je passe par le cas personnel, c'est pour te signifier que si nos collégiens sont ainsi, ils ne devaient pas être beaucoup plus calmes au primaire. De là à te donner des solutions... des collègues plus expérimentés et des PE te donneront plus de pistes que moi.
Je suis au collège et avec les collègues on constate que les élèves sont de plus en plus agités. Là, nous sommes dans une période où dans mon établissement nous cumulons les rapports, heures de colle et autres (trois commissions éducatives vendredi, deux conseils de discipline la semaine prochaine, et nous avons trois quatrièmes exclus sur huit jours). Les 6èmes de cette année sont particulièrement agités (sur la division, il y a autant de rapports que sur les autres niveaux) et nous avons déjà eu quatre exclusions inclusion en 6ème.
Si je passe par le cas personnel, c'est pour te signifier que si nos collégiens sont ainsi, ils ne devaient pas être beaucoup plus calmes au primaire. De là à te donner des solutions... des collègues plus expérimentés et des PE te donneront plus de pistes que moi.
- Dadoo33Grand sage
+1 Volo.
Quand tu lis, Verdurette, les témoignages des profs du secondaire, il n’y a rien d’étonnant à ce que tu décris au cp.
Pour ma part, j’ai fait mon deuil au sujet du niveau des élèves. Je sais que je n’aurai plus que des élèves avec un niveau médiocre voire très faible avec la marge qlqs bons élèves.
Je fais avec.
Heureusement que les élèves sont sympas,ici.
Bon courage
Quand tu lis, Verdurette, les témoignages des profs du secondaire, il n’y a rien d’étonnant à ce que tu décris au cp.
Pour ma part, j’ai fait mon deuil au sujet du niveau des élèves. Je sais que je n’aurai plus que des élèves avec un niveau médiocre voire très faible avec la marge qlqs bons élèves.
Je fais avec.
Heureusement que les élèves sont sympas,ici.
Bon courage
- roxanneOracle
Je ne suis pas PE mais je pense comprendre ce que tu ressens, cette année étant un plus difficile pour moi. D'abord, essaie de t'accrocher aux élèves plus motivés, aux fragiles qui progressent, il doit bien y en avoir. Après, c'est vrai qu'on est moins patients avec l'âge. J'ai du mal à supporter les insolences de gamins de 15 ans qui ne se remettent pas en cause. Ce n'est pas un échec, on ne peut pas réussir avec tous les élèves, l'essentiel étant que ceux qui veulent travailler puisent le faire. Courage .
- trompettemarineMonarque
Je ne sais que te dire Vedurette.
Cela va mal à tous les étages de l'en.
Cela va mal à tous les étages de l'en.
- RandoschtroumfNiveau 10
Verdurette, je fais (malheureusement?) un constat assez similaire.
J'ai un niveau différent, un public différent.
J'ai tourné dans plusieurs écoles ces dernières années.
A une exception près (classe avec quelques éléments durs mais enfants globalement suivis et ayant envie d'apprendre), j'ai surtout l'impression de me battre toute la journée face à des enfants qui bavardent, imperturbables, pendant les temps collectifs comme individuels, jouent avec leur matériel, et face à des parents "j'ai le droit" qui refusent toute sanction et me mettent en demeure de faire ce qu'ils demandent. Pas tous, il y a aussi heureusement des enfants et des parents "normaux" (et des je m'en foutistes qui ne viennent pas s'immiscer dans la classe, à défaut de s'investir), mais assez pour pourrir le quotidien.
Des parents aussi, qui viennent se plaindre que "c'est pas juste" si je marque "exercice non fait" dans le cahier du jour. Que c'est de ma faute si (cheribibi n'a pas fait son travail, que c'était trop dur ou trop long, ou que je ne l'ai pas assez aidé -c'est vrai, j'aurais pu tenir le stylo à sa place-, cheridamour, qui est un très bon élève suivi par le rased depuis des années- a des difficultés cette année, lapinou a perdu son manteau et son sac de sport à la garderie, biquet a perdu tout son matériel en l'éparpillant à travers la classe -pardon, ses camarades le volent-, et d'abord, caneton à sa moman ne pousse pas des cris d'animaux dans la classe, c'est gros méchant qui le fait, ils le savent bien, eux, car caneton l'a dit à ses parents, et il ne ment pas, lui, contrairement à la maîtresse...)
J'oubliais, j'ai aussi les spécimens qui vont se plaindre au directeur parce que je n'ai pas annoncé 50 projets de sorties en conseil d'école dès octobre.
J'ai des idées, que je finaliserai quand j'arriverai à m'assoir dans un bus sans reprendre en permanence L et S, qui balancent leur sac de sport sur A et C, pendant que P, A et M hurlent, que H vide le contenu de sa gourde par terre, que G se lève, et que O retire sa ceinture. Trajet de 10 minutes... Je ne suis pas une agence de voyage.
Ils ne sont pas méchants, ils ne se rendent juste pas compte qu'il y a des règles à respecter. Ce n'est pas de la provocation, manifestement.
Du style le gamin qui discute avec moi à la récré, à qui j'explique qu'il ne peut pas parler tout le temps en classe, et qui me répond "mais j'aime parler!" (Une autre année, un autre bavard compulsif m'avait dit : mais à la maison, j'ai le droit).
Alors, même si je vois mes élèves progresser, si certains s'emparent des outils que je mets à leur disposition, si d'autres rentrent peu à peu dans les apprentissages, si j'ai pu accélérer le rythme, particulièrement lent en début d'année, si j'ai eu de bonnes surprises récemment dans les cahiers et dans les évaluations, je suis lasse de l'ambiance dans laquelle j'exerce.
Ce que j'attends d'eux ? Pas des miracles, juste : " Faire de notre mieux."
Il y a un vrai problème de savoir-être.
Je me demande quels adultes ils vont devenir.
J'ai un niveau différent, un public différent.
J'ai tourné dans plusieurs écoles ces dernières années.
A une exception près (classe avec quelques éléments durs mais enfants globalement suivis et ayant envie d'apprendre), j'ai surtout l'impression de me battre toute la journée face à des enfants qui bavardent, imperturbables, pendant les temps collectifs comme individuels, jouent avec leur matériel, et face à des parents "j'ai le droit" qui refusent toute sanction et me mettent en demeure de faire ce qu'ils demandent. Pas tous, il y a aussi heureusement des enfants et des parents "normaux" (et des je m'en foutistes qui ne viennent pas s'immiscer dans la classe, à défaut de s'investir), mais assez pour pourrir le quotidien.
Des parents aussi, qui viennent se plaindre que "c'est pas juste" si je marque "exercice non fait" dans le cahier du jour. Que c'est de ma faute si (cheribibi n'a pas fait son travail, que c'était trop dur ou trop long, ou que je ne l'ai pas assez aidé -c'est vrai, j'aurais pu tenir le stylo à sa place-, cheridamour, qui est un très bon élève suivi par le rased depuis des années- a des difficultés cette année, lapinou a perdu son manteau et son sac de sport à la garderie, biquet a perdu tout son matériel en l'éparpillant à travers la classe -pardon, ses camarades le volent-, et d'abord, caneton à sa moman ne pousse pas des cris d'animaux dans la classe, c'est gros méchant qui le fait, ils le savent bien, eux, car caneton l'a dit à ses parents, et il ne ment pas, lui, contrairement à la maîtresse...)
J'oubliais, j'ai aussi les spécimens qui vont se plaindre au directeur parce que je n'ai pas annoncé 50 projets de sorties en conseil d'école dès octobre.
J'ai des idées, que je finaliserai quand j'arriverai à m'assoir dans un bus sans reprendre en permanence L et S, qui balancent leur sac de sport sur A et C, pendant que P, A et M hurlent, que H vide le contenu de sa gourde par terre, que G se lève, et que O retire sa ceinture. Trajet de 10 minutes... Je ne suis pas une agence de voyage.
Ils ne sont pas méchants, ils ne se rendent juste pas compte qu'il y a des règles à respecter. Ce n'est pas de la provocation, manifestement.
Du style le gamin qui discute avec moi à la récré, à qui j'explique qu'il ne peut pas parler tout le temps en classe, et qui me répond "mais j'aime parler!" (Une autre année, un autre bavard compulsif m'avait dit : mais à la maison, j'ai le droit).
Alors, même si je vois mes élèves progresser, si certains s'emparent des outils que je mets à leur disposition, si d'autres rentrent peu à peu dans les apprentissages, si j'ai pu accélérer le rythme, particulièrement lent en début d'année, si j'ai eu de bonnes surprises récemment dans les cahiers et dans les évaluations, je suis lasse de l'ambiance dans laquelle j'exerce.
Ce que j'attends d'eux ? Pas des miracles, juste : " Faire de notre mieux."
Il y a un vrai problème de savoir-être.
Je me demande quels adultes ils vont devenir.
- Elle aimeExpert
Ma fille est en CE1 et ce que vous racontez correspond à sa classe. Elle n'a plus envie d'aller à l'école : elle aime ce que la maîtresse propose mais "quelques-uns gâchent tout" (ses mots).
_________________
"Moi, je crois que la grammaire, c’est une voie d’accès à la beauté. Quand on parle, quand on lit ou quand on écrit, on sent bien si on a fait une belle phrase ou si on est en train d’en lire une. On est capable de reconnaître une belle tournure ou un beau style. Mais quand on fait de la grammaire, on a accès à une autre dimension de la beauté de la langue. Faire de la grammaire, c’est la décortiquer, regarder comment elle est faite, la voir toute nue, en quelque sorte. Et c’est là que c’est merveilleux : parce qu’on se dit : « Comme c’est bien fait, qu’est-ce que c’est bien fichu ! », « Comme c’est solide, ingénieux, subtil ! ». Moi, rien que savoir qu’il y a plusieurs natures de mots et qu’on doit les connaître pour en conclure à leurs usages et à leurs compatibilités possibles, ça me transporte."
- HimpyExpert spécialisé
En tout cas ce problème de savoir-être est une gangrène à tous les étages... j'y suis confrontée aussi avec des 4ème et des 3ème (dans un autre coin du departement, Verdurette mais pas mieux visiblement... mon mari a halluciné à la réunion de rentrée : les parents discutent pendant que la maîtresse parle, sans gêne aucune...)
Là je n'ai évidemment rien à proposer Verdurette, mais sache en tout cas, à te lire, que j'aimerais une instit' comme toi pour mon fils... et que ces ambiances détestables m'inquiètent aussi beaucoup pour la scolarité de mon fils qui est sage, sensible, discret... (et j'ose le dire : bien élevé).
Là je n'ai évidemment rien à proposer Verdurette, mais sache en tout cas, à te lire, que j'aimerais une instit' comme toi pour mon fils... et que ces ambiances détestables m'inquiètent aussi beaucoup pour la scolarité de mon fils qui est sage, sensible, discret... (et j'ose le dire : bien élevé).
- urbancyclistNiveau 3
Dans le secondaire, en collège, j'ai les même soucis et la même dérive, constatés sur période assez courte de 15 ans.
Bien sûr il y a des évolutions qui nous dépassent :
Mais même en sachant que tout ça ne dépend pas de nous, c'est dur au quotidien !
Bien sûr il y a des évolutions qui nous dépassent :
- Toutes les réformes successives qui ne font que dégrader le métier. Chez nous, moins d'heures par matière, donc plus de classes par enseignant, programmes plus denses, classes plus chargées, donc plus de travail sans évolution de salaire, de taches chronophages, plus de réunionite, dérives autoritaire du néo-management, heures sup imposées, perte de sens : ça crée forcément plus de fatigue. Et avec l'absence de reconnaissance c'est des fois raide (on ne parlera pas de l'absence de suivi et de médecine du travail !)
- La bienveillance excessive et les cache-misère successifs (évolution des modes d'évaluation, Brevet & Bac qui n'ont plus rien de national et sont trafiqués sous pression localement,...). La priorité donnée à l'"image", aux "projets", quand les savoirs fondamentaux sont oubliés, sans parler de la notion de travail, d'effort, de tenue...
- Les études internationales reconnaissent qu'il y a une chute du niveau en France corrélée à un vrai problème de discipline des élèves par rapport à d'autre pays. Donc oui enseigner en France est plus pénible que dans d'autres pays de ce point de vue.
- Il y a, en marge des villes comme à la campagne un vrai déclassement dans certaines catégories de la population. L'avenir semble moins radieux que pour la génération précédente, l'école a un rôle plus faible à jouer dans un contexte de désindustrialisation du pays et de réaugmentation des inégalités, de la précarité, de la reproduction sociale.
- Les écrans. Pour la plupart des cas lourds (hyperactivité, passivité, manque de travail, agitation, ...), on fini très souvent par découvrir un véritable problème avec les écrans, smartphones, réseaux sociaux ou jeux (Fortnite toute la nuit, ...)
- Pas partout, mais chez nous oui : le privé financé par l'impôt (les salaires des enseignants du privé sous contrat, ce qui est énorme !) permet aux familles qui le peuvent de fuir le public en voie de ghettoïsation à moindre coût. Donc forcément, moins d'éléments moteurs, plus de problèmes, et donc plus encore plus de fuite vers le privé par la mise en place d'un cercle vicieux ! On tend vers le système américain à deux vitesse, on privatise sans le dire officiellement.
Mais même en sachant que tout ça ne dépend pas de nous, c'est dur au quotidien !
- roxanneOracle
Je mesure la chance de mon fils qui est en CE1 dans une petite classe très calme avec des enfants solidaires et bienveillants entre eux et quelques C¨P autonomes selon la maitresse.Elle aime a écrit:Ma fille est en CE1 et ce que vous racontez correspond à sa classe. Elle n'a plus envie d'aller à l'école : elle aime ce que la maîtresse propose mais "quelques-uns gâchent tout" (ses mots).
- urbancyclistNiveau 3
Elle aime a écrit:Ma fille est en CE1 et ce que vous racontez correspond à sa classe. Elle n'a plus envie d'aller à l'école : elle aime ce que la maîtresse propose mais "quelques-uns gâchent tout" (ses mots).
C'est aussi ce que me remontent des parents amis, et des enfants de collègues.
Ça me rappelle une phrase lue sur ce forum, un résumé du vécu des collégiens qui voulaient travailler dans des conditions décentes : "de longues heures d'ennui dans des établissement bordélisés".
- VolubilysGrand sage
Déjà, un gros câlin.
Ce que tu vis est assez la norme je trouve (c'est le résultat de l'éducation "positive" et "bienveillante", de la mal-bouffe pleine d'additif et de mauvais sucre* et des écrans), pour les GS/CP quand on arrive sur ce niveau. J'ai eu la même l'année dernière, ou la première année dans l'école où j'étais avant. La bagarre avec les barres façon sabre laser, latour rose construite en dépi du bon sens dans le seul but de donner un coup de pied dedans à la fin... le matériel cassé, jeté... que de souvenirs ...
Ne lâche-rien, mais il faut faire le deuil d'avoir une belle pédagogie en première année, fais leur bouffer de la fiches jusqu'à ce qu'ils sachent rester assis pour les faire et réintroduis petit à petit les ateliers.
Chez moi, le matériel (barre, tour, cube du binôme, bac senso, matériel autocorrectif...) ne fonctionne pour un groupe que la deuxième année, la première sert à devenir élève dans ma classe, à obéir à mes règles.
Cette année mes CE1 (que j'ai depuis le CP) réagissent comme dans les livres de pédagogie alors que ce fut un bras de fer en CP, par contre les CP (qui arrivent) commencent tout juste à arrêter de se jeter les kaplas et faire autre chose que la pâte à modeler (bon il en a bien quelques uns qui savent utiliser le matériel quand même, mais ce n'est pas la norme...)
Et je suis dans une école CSP+ (avec quelques CSP- ou CSP-- car la mairie a voulu créer de la mixité sociale et a construit des HLM dans le quartier)
Qu'est-il fait en PS-MS? (cela joue aussi) Chez moi, j'ai beau adorer ma collègue de maternelle, sa pédagogie amplifie le problème...
Ce que tu vis est assez la norme je trouve (c'est le résultat de l'éducation "positive" et "bienveillante", de la mal-bouffe pleine d'additif et de mauvais sucre* et des écrans), pour les GS/CP quand on arrive sur ce niveau. J'ai eu la même l'année dernière, ou la première année dans l'école où j'étais avant. La bagarre avec les barres façon sabre laser, latour rose construite en dépi du bon sens dans le seul but de donner un coup de pied dedans à la fin... le matériel cassé, jeté... que de souvenirs ...
Ne lâche-rien, mais il faut faire le deuil d'avoir une belle pédagogie en première année, fais leur bouffer de la fiches jusqu'à ce qu'ils sachent rester assis pour les faire et réintroduis petit à petit les ateliers.
Chez moi, le matériel (barre, tour, cube du binôme, bac senso, matériel autocorrectif...) ne fonctionne pour un groupe que la deuxième année, la première sert à devenir élève dans ma classe, à obéir à mes règles.
Cette année mes CE1 (que j'ai depuis le CP) réagissent comme dans les livres de pédagogie alors que ce fut un bras de fer en CP, par contre les CP (qui arrivent) commencent tout juste à arrêter de se jeter les kaplas et faire autre chose que la pâte à modeler (bon il en a bien quelques uns qui savent utiliser le matériel quand même, mais ce n'est pas la norme...)
Et je suis dans une école CSP+ (avec quelques CSP- ou CSP-- car la mairie a voulu créer de la mixité sociale et a construit des HLM dans le quartier)
Qu'est-il fait en PS-MS? (cela joue aussi) Chez moi, j'ai beau adorer ma collègue de maternelle, sa pédagogie amplifie le problème...
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Je vous prie de m'excuser si mes messages contiennent des coquilles, je remercie les personnes qui me les signaleront par mp pour que je puisse les corriger.
- Ajonc35Sage
Que dire? D'accord avec tout.
En résumé, l'école récupère tout ce qui se passe à la maison et ce qui déborde. C'est aussi une question de priorité. On n'a pas le temps de faire les devoirs avec les enfants ( en semaine, c'est parfois compliqué ) mais on a le temps de faire du shopping, de prendre des apéros avec les copains ou tout ce que vous voulez. Les enseignants que nous sommes ont fait beaucoup d'efforts depuis 50 ans , se sont remis en question et l'institution a mis l'élève au centre, à fait rentrer les parents sans filets dans les Écoles ( j'ai le droit, je vais prendre un avocat,... ) . Ce ne sont plus les familles qui doutent, sauf quand parcours sup pointe son nez, mais nous.
Nous sommes plutôt des gens consciencieux, mais nous sommes au bout d'un système sans en avoir trouver un autre sauf que l'Institution nous dit : ça ira mieux demain.
En résumé, l'école récupère tout ce qui se passe à la maison et ce qui déborde. C'est aussi une question de priorité. On n'a pas le temps de faire les devoirs avec les enfants ( en semaine, c'est parfois compliqué ) mais on a le temps de faire du shopping, de prendre des apéros avec les copains ou tout ce que vous voulez. Les enseignants que nous sommes ont fait beaucoup d'efforts depuis 50 ans , se sont remis en question et l'institution a mis l'élève au centre, à fait rentrer les parents sans filets dans les Écoles ( j'ai le droit, je vais prendre un avocat,... ) . Ce ne sont plus les familles qui doutent, sauf quand parcours sup pointe son nez, mais nous.
Nous sommes plutôt des gens consciencieux, mais nous sommes au bout d'un système sans en avoir trouver un autre sauf que l'Institution nous dit : ça ira mieux demain.
- scot69Modérateur
Un de mes potes est prof de musique en collège depuis peu. Il a halluciné lors de sa première rentrée: les petits sixièmes étaient déjà en terrain conquis, se croyaient tout permis, braillaient comme des putois dans les couloirs, répondaient... , alors qu'il s'attendait à des gamins timides, chétifs et impressionnables! donc j'imagine qu'ils ne sont pas devenus comme ça le temps d'un été et que ça doit déjà être bien gratiné en primaire!!!
Je te souhaite vraiment du courage et plein de gros bisous.
Je te souhaite vraiment du courage et plein de gros bisous.
- VolubilysGrand sage
J'ai les mêmes!!!Randoschtroumf a écrit:Verdurette, je fais (malheureusement?) un constat assez similaire.
J'ai un niveau différent, un public différent.
J'ai tourné dans plusieurs écoles ces dernières années.
A une exception près (classe avec quelques éléments durs mais enfants globalement suivis et ayant envie d'apprendre), j'ai surtout l'impression de me battre toute la journée face à des enfants qui bavardent, imperturbables, pendant les temps collectifs comme individuels, jouent avec leur matériel, et face à des parents "j'ai le droit" qui refusent toute sanction et me mettent en demeure de faire ce qu'ils demandent. Pas tous, il y a aussi heureusement des enfants et des parents "normaux" (et des je m'en foutistes qui ne viennent pas s'immiscer dans la classe, à défaut de s'investir), mais assez pour pourrir le quotidien.
Des parents aussi, qui viennent se plaindre que "c'est pas juste" si je marque "exercice non fait" dans le cahier du jour. Que c'est de ma faute si (cheribibi n'a pas fait son travail, que c'était trop dur ou trop long, ou que je ne l'ai pas assez aidé -c'est vrai, j'aurais pu tenir le stylo à sa place-, cheridamour, qui est un très bon élève suivi par le rased depuis des années- a des difficultés cette année, lapinou a perdu son manteau et son sac de sport à la garderie, biquet a perdu tout son matériel en l'éparpillant à travers la classe -pardon, ses camarades le volent-, et d'abord, caneton à sa moman ne pousse pas des cris d'animaux dans la classe, c'est gros méchant qui le fait, ils le savent bien, eux, car caneton l'a dit à ses parents, et il ne ment pas, lui, contrairement à la maîtresse...)
J'oubliais, j'ai aussi les spécimens qui vont se plaindre au directeur parce que je n'ai pas annoncé 50 projets de sorties en conseil d'école dès octobre.
J'ai des idées, que je finaliserai quand j'arriverai à m'assoir dans un bus sans reprendre en permanence L et S, qui balancent leur sac de sport sur A et C, pendant que P, A et M hurlent, que H vide le contenu de sa gourde par terre, que G se lève, et que O retire sa ceinture. Trajet de 10 minutes... Je ne suis pas une agence de voyage.
Ils ne sont pas méchants, ils ne se rendent juste pas compte qu'il y a des règles à respecter. Ce n'est pas de la provocation, manifestement.
Du style le gamin qui discute avec moi à la récré, à qui j'explique qu'il ne peut pas parler tout le temps en classe, et qui me répond "mais j'aime parler!" (Une autre année, un autre bavard compulsif m'avait dit : mais à la maison, j'ai le droit).
Alors, même si je vois mes élèves progresser, si certains s'emparent des outils que je mets à leur disposition, si d'autres rentrent peu à peu dans les apprentissages, si j'ai pu accélérer le rythme, particulièrement lent en début d'année, si j'ai eu de bonnes surprises récemment dans les cahiers et dans les évaluations, je suis lasse de l'ambiance dans laquelle j'exerce.
Ce que j'attends d'eux ? Pas des miracles, juste : " Faire de notre mieux."
Il y a un vrai problème de savoir-être.
Je me demande quels adultes ils vont devenir.
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Je vous prie de m'excuser si mes messages contiennent des coquilles, je remercie les personnes qui me les signaleront par mp pour que je puisse les corriger.
- Ajonc35Sage
Verdurette, je pense aussi que notre réservoir de patience est au niveau d'alerte aussi. En fin de parcours, nous fatiguons plus vite et d'autant plus vite que nous mettons tout notre coeur au travail. C'est difficile de lever le pied. J'ai consulté un professionnel et il m'a tenu ce discours sans que je puisse l'appliquer. Cependant de temps en temps quand je flirte avec la ligne rouge, je pense à lui et je me dis que ce n'est pas à moi de tout faire, que ce n'est pas toujours à moi de me remettre en question et je lache, un peu, prise.
Moi c'est le niveau des élèves très bas, leur manque d'envie, leur manque de remise en cause qui me désespèrent, mais puisque l'institution s'en fiche, je suis contaminée moi aussi. Combien de fois j'entends dire par mes jeunes collègues : "C'est pas grave". Donc cela ne va pas s'ameliorer sauf .... j'ai encore un peu d'espoir pour les petits-ajoncs, dont les parents font beaucoup en dehors de l'Ecole et sont très attentifs malgré leur edt. Et il y en a d'autres comme mes enfants. Ouf.
Moi c'est le niveau des élèves très bas, leur manque d'envie, leur manque de remise en cause qui me désespèrent, mais puisque l'institution s'en fiche, je suis contaminée moi aussi. Combien de fois j'entends dire par mes jeunes collègues : "C'est pas grave". Donc cela ne va pas s'ameliorer sauf .... j'ai encore un peu d'espoir pour les petits-ajoncs, dont les parents font beaucoup en dehors de l'Ecole et sont très attentifs malgré leur edt. Et il y en a d'autres comme mes enfants. Ouf.
- RandoschtroumfNiveau 10
Volubilys, je ne suis pas étonnée, mais ça ne me rassure pas.
- epekeina.tes.ousiasModérateur
@Verdurette Et d'abord: prends soin de toi, car visiblement tu écopes beaucoup — trop! Franchement, je pense que tu n'y es tout simplement pour rien, et pour rien du tout: ne serait-ce que parce que ce que tu décris m'évoque un tableau qu'on a vu apparaître peu à peu. Ça ressemble à ce qu'on constate, avec quelques collègues: entre nous, on appelle ça l'engrenage “inattention/agitation/agressivité”, faute de mieux. Et, si ça n'est pas entièrement nouveau, on est plusieurs à trouver que c'est bien plus fréquent, donc en partie nouveau. Il y a 20/25, je ne voyais ça que dans certaines classes, plutôt en zone urbaine et dans les ZEP de l'époque, et si ça existait très faiblement (minoritairement et pas en permanence) dans les maternelles, c'était plutôt concentré sur les CM. Là, depuis une dizaine d'années, on constate que c'est beaucoup plus massif. Évidemment, pour nos stagiaires (je forme des PE depuis longtemps), c'est extrêmement “difficile” (elles le prennent de plein fouet et souffrent beaucoup) — ainsi que pour nous, car on ne trouve aucune “solution miracle”, même si on a une ou deux hypothèses sur les causes.
Certaines travaillent énormément dans une optique jeu/concentration (par ex. des exercices de discrimination de sons, en faisant passer ça pour des “récompenses”): ça demande énormément de travail, et c'est difficile au point de vue gestion (car quasi impossible en grands groupes) — et ça finit par produire des effets. Mais il faut des mois et il suffit d'une période de vacances (ou d'une coupe du monde de foot!) pour faire un bon en arrière… Comme me le disait l'une d'entre elles: elle a l'impression de vider un lac à la petite cuillère. C'est très inquiétant.
Certaines travaillent énormément dans une optique jeu/concentration (par ex. des exercices de discrimination de sons, en faisant passer ça pour des “récompenses”): ça demande énormément de travail, et c'est difficile au point de vue gestion (car quasi impossible en grands groupes) — et ça finit par produire des effets. Mais il faut des mois et il suffit d'une période de vacances (ou d'une coupe du monde de foot!) pour faire un bon en arrière… Comme me le disait l'une d'entre elles: elle a l'impression de vider un lac à la petite cuillère. C'est très inquiétant.
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Si tu vales valeo.
- pseudo-intelloSage
Verdurette, je t'assure que tu n'y es pour rien.
Ces enfants ont des parents, qui eux, sont responsables de l'état dans lesquels sont déjà plongés leurs rejetons lors de l’inscription à l'école.
D'ailleurs, parfois, même quand les parents sont de plutôt bonne volonté, les lobbies divers et variés parviennent à convaincre que leurs étrons sont bénéfiques pour nos enfants (DVD "pédagogiques" pour bébés, pub Nutella qui mentionne 1- les noisettes 2- le lait), les "il faut vivre avec son temps" assenés à qui voudrait être un parent plus vigilant en terme de loisirs débiles. D'où le fait que certaines catégories de familles, qui auraient pu s'en sortir tout à fait honorablement dans les années 0 ou 80, amènent le matin à l'école des mômes à la capacité d'inattention déjà restreinte, au consumérisme déjà trop marqué et à la capacité à respecter les règles déjà amoindrie.
Donc avec les familles où c'est plus compliqué (soit manque de volonté soit travail et horaires trop épuisants des parents), c'est la catastrophe.
Edit : ça amène d'ailleurs des questions compliquées sur le rôle et la responsabilité des parents. Quand je discute avec ma mère, qui nous a éduquées moins sévèrement sur certain points mais plus sévèrement sur d'autres (gadgets à la mode et télé) que pas mal d'autres parents, elle se montrerait bien plus coulante aujourd’hui, parce que les temps ont changé. Selon elle, des "gros mots" que je ne tolère pas en classe ne sont plus vraiment de gros mots aujourd'hui, parce que comme on les entend partout, voilà. Les écrans, certes, c'est pas trop bien, mais maintenant, c'est comme ça, il faut vivre avec son temps. Elle m'achètera à une brocante un jeu ou un DVD ludique aprce qu'il est étiqueté "pédagogique", c'est donc que c’est bien, que c’est pédagogique, parce que c'est écrit dessus.
Pourtant, ma mère a été et reste la première à être sévère sur les parents qui s'y prennent mal, qu "il faudrait un permis pour faire des enfants", que "les allocations, ça devrait s'arrêter au-dessus de trois gosses", que quand on fait des enfants, on assume, et est bien peu perméable aux circonstances atténuantes sur le fatalisme social. Elle-même n'a pas managé ses efforts, et a fait preuve d'un altruisme remarquable pour nous offrir le meilleur départ possible dans la vie, notamment intellectuellement.
Bref. Elle a fait des études modestes, mais tout de même plus conséquentes que les enfants de sa classe sociale. Nous-mêmes, nous avons largement mieux réussi nos études que nos camarades des colos d'entreprises de mes parents. Mais aujourd'hui, elle ne ferait pas mieux que les autres.
Je pense que c'est en (large ?) partie dû au fait que la pub, les lobbies et le monde du fric sont plus pernicieux, rampants aujourd'hui, et que leurs mauvaises intentions sont faciles à déminer. Et que globalement, l'offre en divertissements divers et variés a incroyablement baissé en qualité, même dans une partie de la littérature jeunesse -les livres ou magazines pour petits enfants que je retrouve chez mes parents étaient autrement plus stimulants).
Ces enfants ont des parents, qui eux, sont responsables de l'état dans lesquels sont déjà plongés leurs rejetons lors de l’inscription à l'école.
D'ailleurs, parfois, même quand les parents sont de plutôt bonne volonté, les lobbies divers et variés parviennent à convaincre que leurs étrons sont bénéfiques pour nos enfants (DVD "pédagogiques" pour bébés, pub Nutella qui mentionne 1- les noisettes 2- le lait), les "il faut vivre avec son temps" assenés à qui voudrait être un parent plus vigilant en terme de loisirs débiles. D'où le fait que certaines catégories de familles, qui auraient pu s'en sortir tout à fait honorablement dans les années 0 ou 80, amènent le matin à l'école des mômes à la capacité d'inattention déjà restreinte, au consumérisme déjà trop marqué et à la capacité à respecter les règles déjà amoindrie.
Donc avec les familles où c'est plus compliqué (soit manque de volonté soit travail et horaires trop épuisants des parents), c'est la catastrophe.
Edit : ça amène d'ailleurs des questions compliquées sur le rôle et la responsabilité des parents. Quand je discute avec ma mère, qui nous a éduquées moins sévèrement sur certain points mais plus sévèrement sur d'autres (gadgets à la mode et télé) que pas mal d'autres parents, elle se montrerait bien plus coulante aujourd’hui, parce que les temps ont changé. Selon elle, des "gros mots" que je ne tolère pas en classe ne sont plus vraiment de gros mots aujourd'hui, parce que comme on les entend partout, voilà. Les écrans, certes, c'est pas trop bien, mais maintenant, c'est comme ça, il faut vivre avec son temps. Elle m'achètera à une brocante un jeu ou un DVD ludique aprce qu'il est étiqueté "pédagogique", c'est donc que c’est bien, que c’est pédagogique, parce que c'est écrit dessus.
Pourtant, ma mère a été et reste la première à être sévère sur les parents qui s'y prennent mal, qu "il faudrait un permis pour faire des enfants", que "les allocations, ça devrait s'arrêter au-dessus de trois gosses", que quand on fait des enfants, on assume, et est bien peu perméable aux circonstances atténuantes sur le fatalisme social. Elle-même n'a pas managé ses efforts, et a fait preuve d'un altruisme remarquable pour nous offrir le meilleur départ possible dans la vie, notamment intellectuellement.
Bref. Elle a fait des études modestes, mais tout de même plus conséquentes que les enfants de sa classe sociale. Nous-mêmes, nous avons largement mieux réussi nos études que nos camarades des colos d'entreprises de mes parents. Mais aujourd'hui, elle ne ferait pas mieux que les autres.
Je pense que c'est en (large ?) partie dû au fait que la pub, les lobbies et le monde du fric sont plus pernicieux, rampants aujourd'hui, et que leurs mauvaises intentions sont faciles à déminer. Et que globalement, l'offre en divertissements divers et variés a incroyablement baissé en qualité, même dans une partie de la littérature jeunesse -les livres ou magazines pour petits enfants que je retrouve chez mes parents étaient autrement plus stimulants).
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- zigmag17Guide spirituel
Je suis à 100% d'accord avec Pseudo-intello, je fais le même constat avec mes élèves de lycée pro.
Ce n'est pas toi, Verdurette, c'est "eux", le système, les familles, défaillants souvent.
Au lieu de nous laisser marche la tête haute, en tant que cadres possédant un savoir à transmettre, on nous rabaisse en permanence et nous considère comme des sous-fifres, dans toutes les sphères de l'éducation nationale. Jusqu'aux secrétaires du Rectorat qui nous parlent avec mépris.
C'est tout simplement usant, injuste et décourageant.
Et puis je suis dans le même cas que toi: ma mutation qui croyais-je allait me permettre d'en finir avec les problèmes de quartiers dits sensibles de "Grande Ville", m'a permis d'ouvrir les yeux: les problèmes de fond sont les mêmes partout, quels sont les établissements scolaires épargnés aujourd'hui par ce dont nous parlons?
Tu fais au mieux j'en suis sûre, ce qui nous reste c'est le peu d'élèves qui s'intéressent à ce que nous leur proposons et nous parlent (comme le font leurs parents) comme à des humains dignes de respect, ni plus ni moins.
Ce n'est pas toi, Verdurette, c'est "eux", le système, les familles, défaillants souvent.
Au lieu de nous laisser marche la tête haute, en tant que cadres possédant un savoir à transmettre, on nous rabaisse en permanence et nous considère comme des sous-fifres, dans toutes les sphères de l'éducation nationale. Jusqu'aux secrétaires du Rectorat qui nous parlent avec mépris.
C'est tout simplement usant, injuste et décourageant.
Et puis je suis dans le même cas que toi: ma mutation qui croyais-je allait me permettre d'en finir avec les problèmes de quartiers dits sensibles de "Grande Ville", m'a permis d'ouvrir les yeux: les problèmes de fond sont les mêmes partout, quels sont les établissements scolaires épargnés aujourd'hui par ce dont nous parlons?
Tu fais au mieux j'en suis sûre, ce qui nous reste c'est le peu d'élèves qui s'intéressent à ce que nous leur proposons et nous parlent (comme le font leurs parents) comme à des humains dignes de respect, ni plus ni moins.
- almuixeNeoprof expérimenté
Verdurette, au lycée aussi la capacité de concentration des élèves a bien chuté. Prends surtout soin de toi. Tu n'es pas responsable de leur état et tu fais ton maximum. C'est maintenant aux parents et à eux de faire leur part.
La question maintenant, c'est puisque tu ne peux pas faire plus pour eux, que peux-tu faire pour toi. Pourquoi prends-tu cela comme un échec personnel ?
Sinon, je ne voudrais pas faire dévier le sujet de verdurette. Mais vous croyez que c'est l'abus d'écran qui est responsable de ces comportements ?
La question maintenant, c'est puisque tu ne peux pas faire plus pour eux, que peux-tu faire pour toi. Pourquoi prends-tu cela comme un échec personnel ?
Sinon, je ne voudrais pas faire dévier le sujet de verdurette. Mais vous croyez que c'est l'abus d'écran qui est responsable de ces comportements ?
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Association R.E.A.C.T – Réagir face aux Enfants et Adolescents au Comportement Tyrannique
- zigmag17Guide spirituel
almuixe a écrit:Verdurette, au lycée aussi la capacité de concentration des élèves a bien chuté. Prends surtout soin de toi. Tu n'es pas responsable de leur état et tu fais ton maximum. C'est maintenant aux parents et à eux de faire leur part.
La question maintenant, c'est puisque tu ne peux pas faire plus pour eux, que peux-tu faire pour toi. Pourquoi prends-tu cela comme un échec personnel ?
Sinon, je ne voudrais pas faire dévier le sujet de verdurette. Mais vous croyez que c'est l'abus d'écran qui est responsable de ces comportements ?
Abus d'écrans + non appétence pour la culture et des jeux par des vecteurs classiques basés sur la concentration et le calme (lecture, dessin, jeux de construction...). Dans certaines familles la tv est allumée minimum 12h/jour, mes élèves sont sidérés quand je leur dis que pour se concentrer il faut du silence plutôt que de bruit.
Edit: et aussi dans certaines familles on parle fort et beaucoup c'est celui qui parle le plus fort et le plus qui a raison.
- MarxouHabitué du forum
On retrouve les mêmes problèmes d'attention et de concentration au collège et au lycée, voire dans l'enseignement supérieur. En fait, c'est un vrai problème de "santé publique" qui apparaît.
- MirobolandeHabitué du forum
Verdurette, je suis brigade et ce que tu racontes, je le vis quotidiennement, ou presque. Une agitation perpétuelle. Des gamins qui devraient être en classe à 13h30, finalement il y a récré jusqu'à 13h 45, inscrite à l'emploi du temps, puis relaxation jusqu'à 14 h. La relaxation...Ils entrent dans la salle en criant, et s'agitent comme des vers de terre pendant qu'on leur passe un CD (calme et attentif comme une grenouille, CD que je vois dans beaucoup de classes). Bref, 30 minutes prises sur les apprentissages pour permettre de peut-être commencer à travailler...
- les écrans, y compris la télé dans la chambre.
- la malbouffe (le sucre, les produits transformés, les additifs). Il y a eu un reportage sur Arte et le fonctionnement du cerveau en lien avec la nourriture. Et là clairement ce n'est pas de notre ressort... Il n'y a qu'à voir le goûter, à part deux gamins par classe qui ont une mandarine, le reste c'est malbouffe.
- une hygiène de vie déplorable. Dans une autre école, la maîtresse me dit que le lundi ils sont fatigués de leur week-end (on n'a pas expliqué aux parents qu'avoir des enfants aurait des répercussions sur leur vie sociale, ils continuent à sortir comme s'ils n'avaient pas d'enfants, et tu vois le petit de 3 ans s'écrouler de fatigue et pleurer à la fête du village à 23 heures parce qu'évidemment, il y a longtemps qu'il devrait être au lit; et énervés le vendredi...Avec la pause du mercredi...Il ne reste pas beaucoup de temps pour des apprentissages efficaces...
- l'éducation de chérimoncoeur, le plus beau, ...
Quelques anecdotes:
- si on leur pose une question, ils vont répondre n'importe quoi, je leur ds que s'ils ne savent pas, ils peuvent aussi ne rien dire, maîtresse va leur apprendre quelque chose parce qu'elle sait;
- en PS, la lecture d'un album en fin de matinée, avant c'était un moment de plaisir. Là, de temps en temps je me dis que si j'avais un TBI je leur collerais un dessin animé parce que même pour ça, ils sont incapables d'écouter.C'est bien la preuve que ça ne se fait plus à la maison.
- le langage: une catastrophe. Je pense que les parents n'ont pas assez d'exigence, ça demande effort et rigueur, donc le gamin ne comprend pas quand tu lui demandes quelque chose pourquoi tu ne e comprends pas. Parfois, je pose une question très simple, et je vois bien qu'il ne comprend pas, il répond à côté.
Et notre âge... On a moins de patience, moins d'envie...Je ne sais pas quel âge tu as, mais serais-tu à la retraite si tu étais instit?
Je sens un vrai décalage avec la génération des jeunes PE (pas toutes), ce qu'elles proposent, ce qu'elles acceptent, ...
Bref, pour en revenir à ta survie: je ne peux que te suggérer de prendre de la distance. La situation que tu décris est d'une tristesse....Mais c'est vraiment ça.
Au retour des vacances de Noël, les gamins de maternelle ne sont capables que de faire la liste des trop nombreux cadeaux qu'ils ont eus à Noël. Ça me chagrine, ça aussi..
Bon courage..
- les écrans, y compris la télé dans la chambre.
- la malbouffe (le sucre, les produits transformés, les additifs). Il y a eu un reportage sur Arte et le fonctionnement du cerveau en lien avec la nourriture. Et là clairement ce n'est pas de notre ressort... Il n'y a qu'à voir le goûter, à part deux gamins par classe qui ont une mandarine, le reste c'est malbouffe.
- une hygiène de vie déplorable. Dans une autre école, la maîtresse me dit que le lundi ils sont fatigués de leur week-end (on n'a pas expliqué aux parents qu'avoir des enfants aurait des répercussions sur leur vie sociale, ils continuent à sortir comme s'ils n'avaient pas d'enfants, et tu vois le petit de 3 ans s'écrouler de fatigue et pleurer à la fête du village à 23 heures parce qu'évidemment, il y a longtemps qu'il devrait être au lit; et énervés le vendredi...Avec la pause du mercredi...Il ne reste pas beaucoup de temps pour des apprentissages efficaces...
- l'éducation de chérimoncoeur, le plus beau, ...
Quelques anecdotes:
- si on leur pose une question, ils vont répondre n'importe quoi, je leur ds que s'ils ne savent pas, ils peuvent aussi ne rien dire, maîtresse va leur apprendre quelque chose parce qu'elle sait;
- en PS, la lecture d'un album en fin de matinée, avant c'était un moment de plaisir. Là, de temps en temps je me dis que si j'avais un TBI je leur collerais un dessin animé parce que même pour ça, ils sont incapables d'écouter.C'est bien la preuve que ça ne se fait plus à la maison.
- le langage: une catastrophe. Je pense que les parents n'ont pas assez d'exigence, ça demande effort et rigueur, donc le gamin ne comprend pas quand tu lui demandes quelque chose pourquoi tu ne e comprends pas. Parfois, je pose une question très simple, et je vois bien qu'il ne comprend pas, il répond à côté.
Et notre âge... On a moins de patience, moins d'envie...Je ne sais pas quel âge tu as, mais serais-tu à la retraite si tu étais instit?
Je sens un vrai décalage avec la génération des jeunes PE (pas toutes), ce qu'elles proposent, ce qu'elles acceptent, ...
Bref, pour en revenir à ta survie: je ne peux que te suggérer de prendre de la distance. La situation que tu décris est d'une tristesse....Mais c'est vraiment ça.
Au retour des vacances de Noël, les gamins de maternelle ne sont capables que de faire la liste des trop nombreux cadeaux qu'ils ont eus à Noël. Ça me chagrine, ça aussi..
Bon courage..
- LédisséEsprit sacré
Verdurette, les autres ont déjà tout dit, je ne peux qu'ajouter quelques mots de réconfort, si faibles soient-ils.
D'une part, cela ne tient absolument pas à toi, bien sûr. Je fais partie de ceux qui seraient au septième ciel d'avoir une maîtresse comme toi pour leurs enfants.
D'autre part, il me semble que ce que tu vis, qui est violent en soi, l'est d'autant plus parce que tu a constaté une longue dégradation déprimante, au lieu d'être confrontée tout de suite à ce genre de comportement, et parce que, comme tu le soulignes, il est particulièrement sidérant et effrayant de constater ce désintérêt, cette violence et cet esprit de consommation chez des tout-petits, desquels on attend au moins un peu d' "innocence" (je risque ce terme, plus comme synonyme de "candeur" que de "pureté").
N'as-tu aucun espoir d'être mutée dans un établissement plus favorisé socialement ? Il ne s'agit pas de fuir, mais de chercher à exercer dans des conditions supportables, car comme tu le dis, huit ans à tenir dans ces conditions, c'est psychologiquement trop éprouvant.
Prends soin de toi, autant que possible...
D'une part, cela ne tient absolument pas à toi, bien sûr. Je fais partie de ceux qui seraient au septième ciel d'avoir une maîtresse comme toi pour leurs enfants.
D'autre part, il me semble que ce que tu vis, qui est violent en soi, l'est d'autant plus parce que tu a constaté une longue dégradation déprimante, au lieu d'être confrontée tout de suite à ce genre de comportement, et parce que, comme tu le soulignes, il est particulièrement sidérant et effrayant de constater ce désintérêt, cette violence et cet esprit de consommation chez des tout-petits, desquels on attend au moins un peu d' "innocence" (je risque ce terme, plus comme synonyme de "candeur" que de "pureté").
N'as-tu aucun espoir d'être mutée dans un établissement plus favorisé socialement ? Il ne s'agit pas de fuir, mais de chercher à exercer dans des conditions supportables, car comme tu le dis, huit ans à tenir dans ces conditions, c'est psychologiquement trop éprouvant.
Prends soin de toi, autant que possible...
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Life is what happens to you while you're making other plans. John Lennon
Life is not governed by will or intention. Life is a question of nerves, and fibres, and slowly built-up cells in which thought hides itself and passion has its dreams. Oscar Wilde
Bien que femme, je me suis permis_ / demandé_ / rendu_ compte / fait_ désirer... etc._
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