Université ou lycée, quel est le meilleur salaire ?

Glyptodon a écrit:
(Mais il n'y aura aucune incidence sur sa titularisation ?)

La seule chose qui peut avoir une incidence sur sa titularisation, ça serait une kabbale: le COS sélectionne, puis une fraction du CA acte le classement (déjà là, il peut y avoir un coup de Jarnac) puis en fin d'année de stage une fraction du CA de l'U. prononce la titularisation (idem). Il y a quelques cas où des saloperies ont été commises, mais il y a surtout des cas où le recruté déconne: par ex. il ne vient pas de l'année (et je ne dis pas ça pour “excuser” les saloperies, évidemment). Mais dans l'ensemble c'est quand même rare. En général, les universitaires, du moins ceux que j'ai croisés (SHS donc) sont très sourcilleux sur les procédures et sur les droits…
Et puis, bon, là, il n'a rien fait: il est venu en “stage”, il s'est entendu tenir un verbiage dénué de sens sur “les compétences des étudiants à croiser avec les compétences développées par la recherche”, et, en bon philologue qu'il est, il a simplement demandé ce que voulait dire “compétence”, fait remarquer que le pouhairpoïnt utilisait 3 définitions contradictoires, que le mot “recherche” ne convenait à aucune discipline à sa connaissance, certainement pas à la sienne (comment travailler en papyrologie sans connaître le grec?), etc… Que la madame ait pleuré et l'ait traité de “pseudo-intellectuel”, c'est elle qui fait problème; l'autre “formateur”, lui, est resté et a tenté d'engueuler la tablée — et ça c'est très mal passé, pour lui (surtout que tout avait commencé par un appel à la “convivialité humaniste”) :lol:  

Tu sais, c'est comme quand je claque un IEN qui marche sur mes plate-bandes — ultra facile à faire au passage: je sors une ou deux remarques insolentes sur un ton poli avec un grand sourire et pouf! il se met en colère, crie, etc.; il me suffit de lui faire remarquer qu'il devrait contrôler ses nerfs, que se mettre dans des états pareils est indigne et jeu, point, set et match! Il se passe quoi après? Ben rien… Ce qui est très curieux, c'est qu'il suffit qu'un seul ne cède pas, accepte le conflit et soutienne l'attaque (et en général, l'adversaire n'est pas bien formidable car, le plus souvent, assez dénué de capacités intellectuelles et de culture), pour que plus personne ne supporte.

Ok. Ravie de constater que les pédagogistes n'ont pas le pouvoir à la fac !!

Glyptodon a écrit:Ok. Ravie de constater que les pédagogistes n'ont pas le pouvoir à la fac !!

Je pense que ça viendra: il ne va pas rester longtemps “tolérable”, pour le pouvoir en place comme pour une opinion fortement manipulée, que 44% seulement des étudiants accèdent à la licence en 4 ans… Les actuels projets de réforme de la ministre Vidal (révision des statuts déjà en cours, heures sup payées en prime, etc.) vont d'ailleurs dans ce sens. Après le laminage en règle de l'école primaire, puis du collège et du lycée (qui me paraît achevé), il est logique de passer à celui des universités!
Ce que le langage (de l'insignifiance) des savoirs, savoir-faire, savoir-être, de la “situation problème” et de l'activité, de la “construction des savoirs” pouvait difficilement faire, celui, autrement plus redoutable, de “l'approche par les compétences” peut y parvenir…

Et on sera bien dans le pire des mondes...

Glyptodon a écrit:Ok. Ravie de constater que les pédagogistes n'ont pas le pouvoir à la fac !!

C'est malheureusement en cours…

Le ministère est en train d'imposer le passage à l'évaluation par compétences. Vous me direz, on peut essayer de refuser. Mais, en dépit de tous les beaux discours sur l'indépendance des universités, les maquettes d'enseignement doivent être avalisés par le rectorat (le recteur est chancelier des universités de son académie). D'autre part, nous avons des comptes à rendre lors des visites de l'HCERES, or toutes les lubies ministérielles font partie des critères d'évaluation. Il faut expliquer ce que nous avons mis en place (dispositif "oui si", tutorat étudiant, enseignants référents, cours de remédiation, licence en 4 ans, année propédeutique etc.) pour favoriser la réussite des étudiants médiocres, ou pour créer des filières "professionnalisantes" (former les étudiants à l'enseignement ou à la recherche, c'est trop "académique", donc ringard). L'impact peut être non négligeable : par exemple, quand une université présente une candidature IDEX, il y a un volet "IDEX formation". Or pour décrocher un IDEX, il faut non seulement satisfaire aux exigences "d'excellence scientifique", mais aussi être dans les clous de ce qu'attend le ministère (par exemple, les universités qui n'ont pas fusionné en un gros machin ingérable sont priées de refaire une candidature). L'évaluation par compétences fait partie des attentes fortes du MESR. Pourquoi ne suis-je pas étonné si les experts de l'HCERES recommandent que nous réservions un support de poste de PR à la didactique de la littérature ? Je suis peut-être un vieux c**, mais pour moi, la didactique a sa place à l'INSPE et pas chez nous. Ras-le-bol.

Dans une fac comme la mienne, il y a une grosse cellule pour promouvoir les "pédagogies innovantes", parce que ça faisait partie du volet IDEX. Les gugusses qui s'occupent de ça sont des fous furieux, comme il se doit. Ils nous proposent des formations que les gens sérieux n'ont ni le temps ni l'envie de suivre, mais qui coûtent une blinde à l'établissement. Le dernier titre en date : "Mes étudiants discutent en cours. Et alors ?"…

Le ministère est d'ailleurs en train de mettre en place un nouveau dispositif de CRCT (congés sabbatiques) mais qui ne seraient plus attribués en prenant en compte la recherche et/ou l'investissement administratif comme les CRCT habituels, mais sur la base d'un projet pédagogique. J'espère que les collègues qui attribueront ces congés les réserveront en priorité à ceux qui élaborent les nouvelles maquettes ou qui créent des doubles licences ambitieuses (leurs décharges sont notoirement insuffisantes), mais il faut s'attendre à tout…

En tout cas, comme directeur de département, je vais devoir sacrifier une partie de mon printemps à élaborer la "déclinaison des diplômes en compétences". Les jurys de semestre, qui étaient encore relativement simples à tenir, vont se transformer en usines à gaz.

Autre point : la fameuse réforme du CAPES. Déjà, la préparation au concours est pilotée par l'INSPE, et nous sommes simplement prestataires de services. Mais le pire est à craindre avec la nouvelle mouture du concours, qui prévoit de restreindre la part strictement disciplinaire à une unique épreuve d'écrit, et qui rendra beaucoup plus difficile (sinon impossible) la préparation du concours en candidat libre à partir d'un master recherche : le master MEEF va encore un peu plus siphonner les séminaires de recherche.

e-Wanderer a écrit:Je suis peut-être un vieux c**, mais pour moi, la didactique a sa place à l'INSPE et pas chez nous. Ras-le-bol.

Je suis bien navré qu'on exporte nos cochonneries chez vous — mais, même chez nous, je trouve que ça devrait se discuter!  

Autre point : la fameuse réforme du CAPES. Déjà, la préparation au concours est pilotée par l'INSPE, et nous sommes simplement prestataires de services. Mais le pire est à craindre avec la nouvelle mouture du concours, qui prévoit de restreindre la part strictement disciplinaire à une unique épreuve d'écrit, et qui rendra beaucoup plus difficile (sinon impossible) la préparation du concours en candidat libre à partir d'un master recherche : le master MEEF va encore un peu plus siphonner les séminaires de recherche.

Ça reste à voir. Pour ma part, je pense qu'il y a une alternative: ou bien les CAPES seront entièrement “didactisés”, et les INSPE récupèreront ça sous forme d'une “formation” très light (même par rapport à maintenant); ou bien les composantes devront s'en charger en étant mises en coupe réglée (avec comme appât: sinon, pas d'inscription d'étudiants)… Dans les deux cas, c'est bien le triomphe de l'idéologie mortifère des compétences qui est au programme… Et le tout, avec la bénédiction de la sainte CPU (les INSPE étant, de toute façon codirigées désormais par recteurs et présidents d'U.).

epekeina.tes.ousias a écrit:

e-Wanderer a écrit:Je suis peut-être un vieux c**, mais pour moi, la didactique a sa place à l'INSPE et pas chez nous. Ras-le-bol.

Je suis bien navré qu'on exporte nos cochonneries chez vous — mais, même chez nous, je trouve que ça devrait se discuter!  

Ce n'est pas encore fait ! Pour qu'on mette un poste au concours, il faut qu'il y ait un support, et je ne vois pas quel équipe de recherche serait prête à lâcher un support de PU. Pour l'instant, on fait une demande de création. Mais dans un contexte où on vient de rendre 3 poste de PU pour équilibrer les comptes, il y a peu de chances que ça aboutisse. Peut-être aux alentours de 2067…:diable:

Il ne reste à l'actuel pouvoir en place qu'à rétablir l'usage des années 1880: que la DGESIP puisse nommer directement qui ils veulent à telle ou telle chaire qu'il leur plaira