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- ElyasEsprit sacré
Dire "relire la leçon" est un vrai souci. En effet, de nombreux élèves ne comprennent pas le sous-entendu implicite de ce qui est signifié par "relire la leçon". Il ne font que la lire et c'est fini.
De nombreux élèves, eux, au contraire, vont comprendre.
C'est la base des observations sociologiques sur la pratique du langage par les élèves depuis des décennies. Lahire l'écrit encore dans son dernier livre. Cela fait presque 60 ans que c'est dit, ça ne passe toujours pas.
Ce qui est demandé en classe est de récupérer dans sa mémoire ce qui est demandé. Il faut donc dire aux élèves la procédure qui sous-tend le fameux "relire" ou "réviser". Il faut aussi l'expliquer aux parents.
En faisant cela, on permet à plus d'élèves sérieux de réussir.
De nombreux élèves, eux, au contraire, vont comprendre.
C'est la base des observations sociologiques sur la pratique du langage par les élèves depuis des décennies. Lahire l'écrit encore dans son dernier livre. Cela fait presque 60 ans que c'est dit, ça ne passe toujours pas.
Ce qui est demandé en classe est de récupérer dans sa mémoire ce qui est demandé. Il faut donc dire aux élèves la procédure qui sous-tend le fameux "relire" ou "réviser". Il faut aussi l'expliquer aux parents.
En faisant cela, on permet à plus d'élèves sérieux de réussir.
- frecheGrand sage
Depuis 2 ans, j'ai mis en place les fiches de mémorisation après une formation sur les sciences cognitives. Elles comprennent 2 colonnes, une pour les questions et une pour les réponses. Je dis aux élèves que pour apprendre leur leçon, ils doivent sortir leur feuille de leur pochette, SANS la lire, mettre une feuille de brouillon sur la colonne réponse et essayer de répondre aux questions. Je les interroge la séance suivante sous forme de QCM (ils réactivent), puis au contrôle. Dans l'idéal, il faudrait le faire encore après mais avec une ou deux séances par semaine, je n'ai pas le temps. J'ai constaté que les résultats sont meilleurs et qu'ils connaissent globalement mieux les formules et leurs unités maintenant.
- *Ombre*Grand sage
Elyas a écrit:Dire "relire la leçon" est un vrai souci. En effet, de nombreux élèves ne comprennent pas le sous-entendu implicite de ce qui est signifié par "relire la leçon". Il ne font que la lire et c'est fini.
De nombreux élèves, eux, au contraire, vont comprendre.
C'est la base des observations sociologiques sur la pratique du langage par les élèves depuis des décennies. Lahire l'écrit encore dans son dernier livre. Cela fait presque 60 ans que c'est dit, ça ne passe toujours pas.
Ce qui est demandé en classe est de récupérer dans sa mémoire ce qui est demandé. Il faut donc dire aux élèves la procédure qui sous-tend le fameux "relire" ou "réviser". Il faut aussi l'expliquer aux parents.
En faisant cela, on permet à plus d'élèves sérieux de réussir.
Exactement. C'est ce que je pensais quand je parlais de mauvais conseil. Bien sûr, revoir son cours le soir est une bonne pratique, à condition qu'on comprenne ce que cela signifie concrètement. Et je vois bien le hiatus entre ceux qui le font spontanément et les autres. C'est pour ces derniers, somme tout nombreux, que les explications claires et la dotation d'outils spécifiques est utile. Je fais le même constat que Frèche après avoir modifié mes pratiques.
- ZagaraGuide spirituel
Sauf que le discours institutionnel actuel méprise l'apprentissage par cœur, le juge inutile et idiot. Or, ce que vous décrivez est une forme d'apprentissage par cœur : on se répète la leçon sans la regarder, puis on vérifie la conformité de son souvenir avec la trace écrite. Je suis d'accord que c'est comme ça qu'on mémorise/apprend... mais pour le faire dire à un membre de l'ESPE ou à un inspecteur, il faudra d'abord leur faire accepter les vertus du par cœur, et ça, c'est pas gagné.
Le discours dominant que j'ai entendu en formation, c'était "puisqu'il y a Internet ça ne sert plus à rien de mémoriser", "le par cœur empêche de comprendre", etc.
Le discours dominant que j'ai entendu en formation, c'était "puisqu'il y a Internet ça ne sert plus à rien de mémoriser", "le par cœur empêche de comprendre", etc.
- beaverforeverNeoprof expérimenté
Dans mon expérience personnelle, je n'ai pas vu de formateur INSP ou d'IPR être contre le par cœur. Quand j'en discute avec eux, ils me semblent approuver l'apprentissage par tests répétés et espacés. L'EN étant une grande maison, il y a sans doute des contre-exemples, mais je ne les ai pas rencontrés.
Il faut peut être distinguer le par cœur caricatural, où un élève apprend sans comprendre et un apprentissage à long terme où les connaissances acquises soutiennent un raisonnement autonome. Par exemple, une collègue m'a dit qu'une de ses élèves de première en spécialité math, lui avait expliqué qu'elle avait appris par cœur que la "formule" pour résoudre les égalités ax + b = c, soit x=(c-b)/a, évidemment en se trompant sur la fraction. Cela ne semble pas un usage pertinent du par cœur, puisque cela lui empêchait de comprendre comment modifier une égalité.
Par contre, faire réviser trois fois un exemple que l'on sait que l'élève devra réutiliser pour justifier une argumentation me paraît favoriser un usage du par coeur plus propice au raisonnement.
Il faut peut être distinguer le par cœur caricatural, où un élève apprend sans comprendre et un apprentissage à long terme où les connaissances acquises soutiennent un raisonnement autonome. Par exemple, une collègue m'a dit qu'une de ses élèves de première en spécialité math, lui avait expliqué qu'elle avait appris par cœur que la "formule" pour résoudre les égalités ax + b = c, soit x=(c-b)/a, évidemment en se trompant sur la fraction. Cela ne semble pas un usage pertinent du par cœur, puisque cela lui empêchait de comprendre comment modifier une égalité.
Par contre, faire réviser trois fois un exemple que l'on sait que l'élève devra réutiliser pour justifier une argumentation me paraît favoriser un usage du par coeur plus propice au raisonnement.
- ElyasEsprit sacré
Même réflexions que Beaverforever, en huit ans d'expérience comme formateur, je n'ai jamais entendu aucun IA-IPR ou formateur dénigrer le par cœur, bien au contraire. J'ai en revanche entendu des charges impitoyables contre le supposé internet qui permet de tout savoir (bon, j'ai fait partie des charges assez souvent).
Cependant, il faut s'entendre sur cette question du par cœur. Systématiquement, quand je traite de la mémorisation en formation, il y a une sorte d'obsession sur ce sujet, oblitérant tout le reste. L'automatisation est aussi importante que le par cœur mais c'est sur par le cœur que les gens vont batailler.
Connaître par cœur des éléments utiles permet de gagner un temps fabuleux lors des travaux de réflexion mais le par cœur a son revers qui est considéré comme un problème et ce n'est pas l'affaire du bachelier qui a restitué le cours de son professeur de philosophie cet été qui va le contredire. Les élèves adorent le par cœur car il évite la question de la réflexion. Ils y voient une formule magique.
On est donc souvent dans un débat ultra-tranché : les ultras pro par cœuret les antis.
Pendant ce temps, toutes les procédures créant l'automatisation sont laissées pour compte et, punaise, c'est vraiment pénible.
Pour ma part, je demande à mes élèves de connaître par cœur les dates, les localisations et les définitions que j'ai explicitement signalées comme devant être connues. Des élèves me demandent s'ils peuvent les restituer avec leurs mots. Je leur dis qu'effectivement c'est possible mais de faire attention car leurs mots devront être pertinents (et c'est là que ça coince pour beaucoup d'entre eux). Ceux qui y arrivent connaissent avec le cœur les connaissances (clin d'oeil à un néo ) et c'est l'optimal, en fait.
Connaissance par cœur et automatisation donnent du temps pour faire le plus complexe : le travail réflexif de création/d'analyse/d'argumentation/etc.
Je suis toujours très circonspect quand des collègues ne se concentrent dans les formations et les débats que sur le par cœur, cela cache souvent un loup comme lors de ce jour où je me suis retrouvé face à une salle de 60-80 collègues à défendre le contrôle de mémorisation de connaissances. Je comprenais ce qu'ils avançaient comme argument mais, pour moi, ce n'était pas acceptable. J'étais à ce moment-là le représentant de l'institution avec un IA-IPR et une autre formatrice. Bon, après, ça reste un de mes meilleurs souvenirs de formateur parce que cette formation a été un vrai lieu de débat et d'échanges respectueux.
De mon point de vue, ce n'est pas l'institution qui s'oppose au par cœur mais c'est bien un clivage profond à tous les niveaux de l'institution, du professeur au recteur, qui existe. Selon les circonstances, on a des rencontres avec des pro et des anti. C'est là où un formateur provocateur comme moi dit : "Mais est-ce vraiment le sujet ?" :lol: (c'est dit pour mieux repartir sur le sujet mais en le mettant dans son contexte et dans sa complexité).
Cependant, il faut s'entendre sur cette question du par cœur. Systématiquement, quand je traite de la mémorisation en formation, il y a une sorte d'obsession sur ce sujet, oblitérant tout le reste. L'automatisation est aussi importante que le par cœur mais c'est sur par le cœur que les gens vont batailler.
Connaître par cœur des éléments utiles permet de gagner un temps fabuleux lors des travaux de réflexion mais le par cœur a son revers qui est considéré comme un problème et ce n'est pas l'affaire du bachelier qui a restitué le cours de son professeur de philosophie cet été qui va le contredire. Les élèves adorent le par cœur car il évite la question de la réflexion. Ils y voient une formule magique.
On est donc souvent dans un débat ultra-tranché : les ultras pro par cœuret les antis.
Pendant ce temps, toutes les procédures créant l'automatisation sont laissées pour compte et, punaise, c'est vraiment pénible.
Pour ma part, je demande à mes élèves de connaître par cœur les dates, les localisations et les définitions que j'ai explicitement signalées comme devant être connues. Des élèves me demandent s'ils peuvent les restituer avec leurs mots. Je leur dis qu'effectivement c'est possible mais de faire attention car leurs mots devront être pertinents (et c'est là que ça coince pour beaucoup d'entre eux). Ceux qui y arrivent connaissent avec le cœur les connaissances (clin d'oeil à un néo ) et c'est l'optimal, en fait.
Connaissance par cœur et automatisation donnent du temps pour faire le plus complexe : le travail réflexif de création/d'analyse/d'argumentation/etc.
Je suis toujours très circonspect quand des collègues ne se concentrent dans les formations et les débats que sur le par cœur, cela cache souvent un loup comme lors de ce jour où je me suis retrouvé face à une salle de 60-80 collègues à défendre le contrôle de mémorisation de connaissances. Je comprenais ce qu'ils avançaient comme argument mais, pour moi, ce n'était pas acceptable. J'étais à ce moment-là le représentant de l'institution avec un IA-IPR et une autre formatrice. Bon, après, ça reste un de mes meilleurs souvenirs de formateur parce que cette formation a été un vrai lieu de débat et d'échanges respectueux.
De mon point de vue, ce n'est pas l'institution qui s'oppose au par cœur mais c'est bien un clivage profond à tous les niveaux de l'institution, du professeur au recteur, qui existe. Selon les circonstances, on a des rencontres avec des pro et des anti. C'est là où un formateur provocateur comme moi dit : "Mais est-ce vraiment le sujet ?" :lol: (c'est dit pour mieux repartir sur le sujet mais en le mettant dans son contexte et dans sa complexité).
- *Ombre*Grand sage
Elyas a écrit:
Cependant, il faut s'entendre sur cette question du par cœur. Systématiquement, quand je traite de la mémorisation en formation, il y a une sorte d'obsession sur ce sujet, oblitérant tout le reste. L'automatisation est aussi importante que le par cœur mais c'est sur par le cœur que les gens vont batailler.
Cela me fait plaisir de lire cela, car je ne cesse de le répéter et je peine à me faire entendre. Notre pauvre stagiaire, qui a le mérite d'avoir conscience de certaines nécessités, est consternée parce qu'elle s'est entendu dire par l'inspection qu'elle ne devait pas donner plus de 4 exercices de grammaire par leçon, recommandation qu'elle et moi jugeons franchement néfaste pour les élèves : comment construire des automatismes avec si peu d'entraînement ? Comment pouvoir ensuite opérer le transfert vers des situations plus complexes ?
Aurais-tu, s'il te plaît, quelques références sur le sujet pour défendre ce point de vue ? C'est implicite chez Hattie, si ma mémoire est bonne. Bon, la création d'automatismes est au coeur même de la notion d'expertise en psychologie cognitive (on en reparle d'ailleurs dans Make it stick). Et cela paraît du simple bon sens. Mais quand je vois ce qu'il reste du bon sens dans l'enseignement du français, je veux bien quelques billes pour l'aider un peu...
- CeladonDemi-dieu
Je crois que vos révoltes viennent du fait que vous n'avez pas encore intégré l'idée que vous travaillez dans une Ecole pour les pauvres. Ceux-ci ne DOIVENT pas avoir quoi que ce soit à voir avec la grammaire. Tout y est au rabais. Je sais, c'est difficile de se convaincre de cette sordide réalité, mais si vous pouvez le faire, vous cesserez de vous faire du mal. Sinon, comme moi et beaucoup d'autres, vous râlerez à chaque aberration. Et ça gâche un peu l'existence, je témoigne.
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