Réforme du collège : bilan trois ans après

Isis39 a écrit:L'AP n'a pas été présenté correctement il me semble, en tout cas dans beaucoup d'académie. On a fait croire à de la méthodologie, de l'AP ancien modèle mais en classe entière. D'où le rejet de nombreux collègues.
Et il n'a été que présenté. Pas de formation à la différenciation (ou alors rarement).
Et comme la marge sert souvent à assurer les heures de LCA, les groupes de langues et autres, on n'a pas de possibilité de faire autrement qu'en classe entière.

Edit : en plus il y a eu confusion avec l'AP de lycée qui bénéficiait d'un horaire. Alors pour comprendre le truc, pas évident.

Mais l'AP sans moyen, ça veut dire "Prenez sur vos horaires disciplinaires pour faire une heure de méthodologie qui est sera bien utile (ou pas)". Comme en français, nous avons perdu 1/2 h en 6è et 1/2 h en 3è, les collègues n'étaient pas disposés à se lancer dans l'AP. On nous appâtés avec des groupes et nous avons fait de l'AP pendant deux ans. Les moyens ayant disparu, l'AP disparaît aussi. Il n'est conservé qu'en 6è parce que le CDE DOIT nous mettre des heures sup pour sa DGH. La marge et l'AP servent donc de variables d'ajustement pour passer les heures sup de la DHG et éviter des CDS aux collègues.

En fait, on s'est sans doute mal compris :

Elyas a écrit:De très nombreux collègues ne jurent que par la pédagogie de projet.

J'en suis bien consciente. C'est pour ça que ma remarque ne portait pas sur la bonne / mauvaise volonté des collègues, mais sur l'efficacité même de multiplier des projets et de les ériger en top de la pédagogie, au oint d'y dédier une telle proportion du temps d'enseignement.
Quand NVB s'esbaudit devant l'EPI Quidditch, tu comprends que les collègues ont du y croire à fond. Mais personnellement, je m'interroge sur la quantité de temps à présenter le truc, ses modalités, répartir en maisons, apprendre les règles d'un sport qui ne figure a priori pas au programme, et le vocabulaire qui lui est dédié ne figure sans doute pas dans les priorités à inculquer à un élève qui apprend l'anglais. Et sur la quantité de temps pendant laquelle ces élèves auraient pu faire quelque chose de plus utile.

Elyas a écrit:(je ne reprends pas ce que j'ai dit sur le bidonnage sur lequel je ne suis pas d'accord).

Je ne remets pas du tout en cause ta connaissance de l'académie, étant donné le nombre de collèges où tu te rends.

Mais d'une académie à l'autre, tout peut être bien différent, en fonction de l'âge moyen des salles des profs, des profils d'établissement, du financement et subventions disponibles (conseil général ?), etc.

Pour ce qui est de mon collège :
1ère année : pour l'AP on a fait comme on a pu en classe entière et si l'Ap était placé en 1ère en dernière heure on avait la possibilité de libérer une moitié de classe pour faire  alterner les groupes. Pour l'EPI, plein de projets en année 1. Toutefois il a été conseillé aux matières à "gros volume horaire" de se lancer dans les EPI et AP sans heure sup. Donc lettres maths, histoire ont planché la première année.

Année +2 : nettement moins d'enthousiasme et surtout pas de reconduction des EPI par les disciplines investies en N1. Concernant le dispositif "devoirs faits", c'est une variante qui est proposée " devoirs faits à la maison", tout simplement parce qu'il n'y a pas de moyens attribués pour rémunérer les enseignants qui souhaiteraient s'investir.

L'année passée : un ou deux EPI et l'Ap.....je ne sais plus qui fait quoi, on n'en parle plus du tout.

En gros, si je comprends bien ce fil, de la réforme du collège trois ans après, il ne reste plus que les économies réalisées sous forme de diminutions d'horaire?

Qu'est-ce que je suis surpris ! Oh la la ! C'est rien de le dire !

Dans mon collège, il reste quelques rares EPI, sans véritable lien avec les thèmes d'origine que nous avons tous oublié. On ne parle pas vraiment d'AP, que chacun effectue dans ses cours à sa manière comme on l'a toujours fait. Pour le passage aux échelles descriptives, c'est très confus, en théorie nous devions suivre le même modèle, mais chacun pense que c'est son modèle que les autres doivent suivre. Nous avons donc la version : I - F - S - TB de Pronote qui reprend l'échelle de fin de cycle. D'autres veulent sur leur version : Non atteint -Partiellement atteint - atteint - dépassé ou encore sur des échelles différentes pour les langues ou encore une version piste verte - bleue - rouge - noire...

En math, les progressions changent tous les ans, et au final, nous avons eu tort de trop suivre les consignes des programmes car nous sommes revenus en arrière sur les repères de fin d'année (calcul fractionnaire, trigo, Thalès). Si bien que nous constatons que nous sommes moins performants qu'avant.

Collège 1: Rien ou presque. Enrobage qui change, mais pas grand chose en profondeur. (REP, fréquenté de 2009 à 2018) Peu de collègues informés du coeur de la réforme, discussions essentiellement sur les heures. AP en groupe en langues et sciences. Pour pas mal de collègues, c'était un retour en arrière positif. Quasiment pas d'EPI. Les Parcours, personne ne savaient ce que c'est. Ce collège était déjà une cata avant la réforme et celle-ci n'a rien changé. Je crois que ça va mieux aujourd'hui, mais il a fallu une nouvelle principale particulièrement active.

Collège 2: Arrivé en septembre (REP+ ultra défavorisé). Le paradis des EPI. Grosse pression inter-collègues pour en mettre en place (la direction pleure quand même parce qu'aucune classe n'a son compte d'heures hebdo). Fait un pour la première fois de ma vie: sympa mais chronophage et inefficient. Je suis plus efficace seul et en classe. Beaucoup de temps perdu, pour la première fois depuis 2010, je n'ai pas terminé un programme. Par contre, j'ai apprécié d'intervenir ponctuellement sur les projets des autres, sur une ou deux séances.

Les parcours sont fléchés. Cela reste peu clair dans la tête des parents et des élèves, mais ça va, je trouve, pour un truc qui vient d'être inventé.

Collège entièrement "sans note" (sauf niveau 3e). Ou plutôt noté de 1 à 4 plutôt que de 0 à 20. Socle inutilisable, mais on fait ce qu'on peu. Beaucoup de bonne volonté à tous les étages pour faire fonctionner un machin ne sert à rien. J'ai une double com': intitulé des compétences pour les élèves, et une autre pour l'institution. Pas la révolution, beaucoup de bruit pour rien.

Collège 1 et 2: Beaucoup d'élèves qui trainent dehors ou en perm. En cas d'absence d'un ou deux profs, c'est la bérézina. La plupart des classes ont une voire deux après midi de libres. Les adjoints font la chasse aux déplacements de cours pour vider les salles de permanences. Les embrouilles de cité, qui étaient en baisse dans le collège 1 (à la suite notamment d'une interdiction pour toutes les classes de 3 de la ville de finir le vendredi avant 17h à la demande informelle ... du commissariat de police) sont de retour. Dans le collège 2, année ultra explosive sur ce plan. On envisage d'en faire un roman.

Vu l'absentéisme entre 8 et 10 qui m'a pourrit mon année avec mes trois classes de 3e, j'ai suggéré à la direction d'envisager un rythme "10h-17h" pour les cours, en prévoyant la masse de devoirs faits et AE sur le créneau 8-10. On m'a ri au nez, et je ne me suis pas fait que des amis dans mon nouvel établissement.

Biz à tous, bonnes vacances, notamment à mes amis du forum d'histoire

Même constat que beaucoup concernant les EPI et l'AP, à titre personnel en tant que professeur de LV2, je note une très nette dégradation de mes conditions de travail, 8 groupes à gérer au lieu de 6 avec heures sup imposées, des effectifs qui ne cessent d'augmenter, et à l'exception des très bons élèves, un niveau bien faible en fin de troisième en raison des horaires ridicules qui ne permettent pas une exposition suffisante à la langue.