Jan Kasnik, meilleur bachelier de Côte-d'Or en 2017, adresse une lettre ouverte à Jean-Michel Blanquer

CÔTE-D'OR - POLITIQUE
Réforme du lycée : Jan Kasnik, meilleur bachelier de Côte-d'Or en 2017, adresse une lettre ouverte à Jean-Michel Blanquer

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Réformer le système éducatif est normal et nécessaire. L’éducation doit s’adapter aux nouveaux modes de vie, de société. Mais il y a quand même certaines limites qui ne sont pas franchissables. D’abord, réformer ne signifie pas tout détricoter dans la précipitation et dans l’ignorance de l’avis des enseignants. Comment peut-on aujourd’hui prétendre vouloir redresser la légitimité du bac en attribuant des notes fictives aux copies retenues par les profs en grève ?
Au lieu de vous mettre autour d’une table pour parler d’une réforme qui concerne non seulement les élèves, mais aussi les enseignants, vous avez choisi la menace et le repli. Encore une fois, j’ai envie de dire. Car depuis votre entrée en fonction, vous faites comme si l’éducation concernait uniquement le ministère et les élèves. Vous semblez oublier que les enseignants sont au cœur même de tout le système.

Oh pétard il y va fort !!

Jan Kasnik a écrit:J’aimerais aussi vous dire, M. Blanquer, que les élèves ont le droit à ne pas savoir ce qu’ils veulent faire plus tard. L’école n’est pas faite pour les mettre dans des cases dès seize ans. Moi-même, à 21 ans, après deux ans d’études supérieures, je ne suis toujours pas complètement sûr de ce que je souhaite faire plus tard. Est-ce grave ? Non. Car j’ai acquis l’esprit critique et j’ai pu comprendre qu’il est important de se laisser le temps de la découverte. Comment exiger une telle sagesse aux élèves à quatorze, quinze ans, quand on ne l’a pas encore acquise soi-même à 54 ans, Monsieur le Ministre ? C’est bien absurde et hypocrite.

Lagomorphe a écrit:CÔTE-D'OR - POLITIQUE
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Réformer le système éducatif est normal et nécessaire. L’éducation doit s’adapter aux
nouveaux modes de vie, de société. Mais il y a quand même certaines limites qui ne sont pas
franchissables. D’abord, réformer ne signifie pas tout détricoter dans la précipitation et dans
l’ignorance de l’avis des enseignants. Comment peut-on aujourd’hui prétendre vouloir redresser
la légitimité du bac en attribuant des notes fictives aux copies retenues par les profs en grève ?
Au lieu de vous mettre autour d’une table pour parler d’une réforme qui concerne non seulement
les élèves, mais aussi les enseignants, vous avez choisi la menace et le repli. Encore une fois,
j’ai envie de dire. Car depuis votre entrée en fonction, vous faites comme si l’éducation
concernait uniquement le ministère et les élèves. Vous semblez oublier que les enseignants sont
au cœur même de tout le système.

C'est énorme ! !

Un grand bravo à ce jeune homme !

Chapeau bas, jeune homme !

Un sciences-Po sur les traces d'un Juan Branco ? Ca fait du bien !

Excellent

Ça fait du bien.

gauvain31 a écrit:Oh pétard il y va fort !!

Jan Kasnik a écrit:J’aimerais aussi vous dire, M. Blanquer, que les élèves ont le droit à ne pas savoir ce qu’ils veulent faire plus tard. L’école n’est pas faite pour les mettre dans des cases dès seize ans. Moi-même, à 21 ans, après deux ans d’études supérieures, je ne suis toujours pas complètement sûr de ce que je souhaite faire plus tard. Est-ce grave ? Non. Car j’ai acquis l’esprit critique et j’ai pu comprendre qu’il est important de se laisser le temps de la découverte. Comment exiger une telle sagesse aux élèves à quatorze, quinze ans, quand on ne l’a pas encore acquise soi-même à 54 ans, Monsieur le Ministre ? C’est bien absurde et hypocrite.

Il est téléguidé par néo ?

LemmyK a écrit:Il est téléguidé par néo ?

Plutôt par Benoît Hamon et Generation.s qui vient voir s'il n'y aurait pas là un électorat potentiel.

Dhaiphi a écrit:

LemmyK a écrit:Il est téléguidé par néo ?

Plutôt par Benoît Hamon et Generation.s qui vient voir s'il n'y aurait pas là un électorat potentiel.

Youpi.

Le problème, c'est que les enseignants eux-mêmes sont divisés, sur cette réforme. Il reproche au bac tchèque de favoriser "le bachotage" ; mais que faisons-nous jusqu'ici, avec 7 ou 8 matières à présenter, dont deux LV, qui, noyées, dans les 28 ou 30 heures de cours par semaine, ne sont jamais véritablement ni enseignées ni assimilées, faute de temps ? Et où les élèves courent d'une salle dans l'autre, pour boucler les 5 ou 6h de cours par jour ? Ça n'a pas de sens. Et je ne suis pas le seul à le penser, loin de là. On en voit les dégâts en CPGE.

klaus2 a écrit:Le problème, c'est que les enseignants eux-mêmes sont divisés, sur cette réforme. Il reproche au bac tchèque de favoriser "le bachotage" ; mais que faisons-nous jusqu'ici, avec 7 ou 8 matières à présenter, dont deux LV, qui, noyées, dans les 28 ou 30 heures de cours par semaine, ne sont jamais véritablement ni enseignées ni assimilées, faute de temps ? Et où les élèves courent d'une salle dans l'autre

Pas tant que ça. Si certains collègues sont critiques quant au système actuel, j'ai plutôt l'impression d'un refus en bloc de la réforme (je parle de collègues de lycée). D'ailleurs, j'ai du mal à voir en quoi la réforme va changer la donne en CPGE, au contraire puisqu'il me semble qu'il faudra mettre en place des modules de remédiation (corolaire du "choix" laissé aux élèves -choix source d'inégalités spatiales).

Et tu penses sérieusement que cette réforme va améliorer la situation ? Combien de spécialités allemand seront-elles ouvertes ? Les futurs étudiants de CPGE vont-ils les choisir, au détriment d'humanité, histoire ou LCA ?

Je ne vois pour l'instant que les graves inconvénients du système actuel, que j'ai brièvement rappelés. Je n'ai pas dit que la situation allait s'améliorer en CPGE ; j'ai constaté (pour ce qui me concerne) que le niveau réel des LV à la sortie du bac est pitoyable. Normal, quand on a 10/20 en cochant seulement 10 cases de"compréhension", et que les 7 ans de LV1 et les 5 de LV2 se résument à rédiger deux fois 15 lignes. D'où le choc à l'arrivée en CPGE.

Et tu crois sérieusement que cette réforme va arranger les choses en LV1 et 2 ?

Que le système soit mauvais ne signifie pas qu'on doive le rendre encore pire...
Avec ces histoires de contrôles continu avec des épreuves en cours d'année, issues de banques publiques, ce sera bachotage permanent, il me semble, pour se conformer précisément aux attentes de ces banques d'épreuves publiques, au détriment du contenu (sans compter la fraude facilitée : il suffit de télécharger tous les corrigés des épreuves dans une montre connectée ou dans une calculatrice).
Cette réforme n'est pas bonne, le pire pour moi étant cette histoire d'épreuves intermédiaires corrigées par des profs du même lycée, ce qui ouvre la porte à toutes les formes de pression du cde pour remonter les notes ; mais le fait de devoir se limiter à 2 spés, pour les scientifiques, est aussi une aberration

klaus2 a écrit:Le problème, c'est que les enseignants eux-mêmes sont divisés, sur cette réforme. Il reproche au bac tchèque de favoriser "le bachotage" ; mais que faisons-nous jusqu'ici, avec 7 ou 8 matières à présenter, dont deux LV, qui, noyées, dans les 28 ou 30 heures de cours par semaine, ne sont jamais véritablement ni enseignées ni assimilées, faute de temps ? Et où les élèves courent d'une salle dans l'autre, pour boucler les 5 ou 6h de cours par jour ? Ça n'a pas de sens. Et je ne suis pas le seul à le penser, loin de là. On en voit les dégâts en CPGE.

Il parle peut-être de l'exercice de la dissertation : pour réussir sa dissertation (ou d'ailleurs son commentaire de textes), il faut avoir acquis de solides connaissances, mais également savoir réfléchir dessus.... en tout cas, pour réussir son bac avec le brio de ce jeune homme.
Et apparemment, cet exercice de structuration de pensée n'est pas au programme dans tous les pays, loin de là.

klaus2 a écrit: et que les 7 ans de LV1 et les 5 de LV2 se résument à rédiger deux fois 15 lignes. D'où le choc à l'arrivée en CPGE.

Sans compter les 5 ans en Primaire ! OK, OK, je suis déjà sorti... mais vous avouerez qu'en terme de perte de temps ce n'est pas mal non plus.
Ayé, je suis dehors !

Cela me rappelle d'autres histoires entendues : Des collègues révoltés que l'on propose un jour le début des cours à 8h30 au lieu de 8h : ce serait la catastrophe, la fin de l'enseignement, la mort de la France éternelle !! eh bien non : ce fut un progrès.

klaus2 a écrit:Je ne vois pour l'instant que les graves inconvénients du système actuel, que j'ai brièvement rappelés. Je n'ai pas dit que la situation allait s'améliorer en CPGE ; j'ai constaté (pour ce qui me concerne) que le niveau réel des LV à la sortie du bac est pitoyable. Normal, quand on a 10/20 en cochant seulement 10 cases de"compréhension", et que les 7 ans de LV1 et les 5 de LV2 se résument à rédiger deux fois 15 lignes. D'où le choc à l'arrivée en CPGE.

Le jeune auteur de cette lettre fait à mon avis erreur en rejetant l'idée d'une spécialisation du Bac, spécialisation qui peut très bien se faire dans le cadre des filières.

Il est vrai que les précédentes réformes du lycée ont effectivement rendu le Bac trop superficiel : la filière S n'étant plus vraiment scientifique (et cela se ressent cruellement dans le supérieur) mais simplement généraliste, les filières ES et L n'étant que partiellement spécialisées, surtout par défaut.

Mais la réforme qui se prépare, en dépit de l'appellation "spécialités" ne garantira pas une meilleure spécialisation. Pour parler du domaine que je connais le mieux, la rigidité du système avec trois spécialités en première qui deviennent deux en terminale empêche souvent de construire des parcours cohérents en sciences et le fait qu'il n'y ait qu'un seul niveau de maths en classe de première induira mécaniquement une baisse du niveau dans les établissements qui ne feront pas de sélection à l'entrée. Il suffit d'ailleurs d'observer les projets de réforme des CPGE avec les remises à niveaux au premier trimestre pour constater à quel point la formation offerte par le futur lycée sera bancale, encore plus qu'aujourd'hui.

klaus2 a écrit:Cela me rappelle d'autres histoires entendues : Des collègues révoltés que l'on propose un jour le début des cours à 8h30 au lieu de 8h : ce serait la catastrophe, la fin de l'enseignement, la mort de la France éternelle !! eh bien non : ce fut un progrès.

J'apprécie te lire mais je suis toujours frustrée de l'absence de références ("les enseignants sont divisés", "ce fut un progrès", etc.). Pourrais-tu ajouter tes sources ?

Moonchild a écrit:
Mais la réforme qui se prépare, en dépit de l'appellation "spécialités" ne garantira pas une meilleure spécialisation. Pour parler du domaine que je connais le mieux, la rigidité du système avec trois spécialités en première qui deviennent deux en terminale empêche souvent de construire des parcours cohérents en sciences et le fait qu'il n'y ait qu'un seul niveau de maths en classe de première induira mécaniquement une baisse du niveau dans les établissements qui ne feront pas de sélection à l'entrée. Il suffit d'ailleurs d'observer les projets de réforme des CPGE avec les remises à niveaux au premier trimestre pour constater à quel point la formation offerte par le futur lycée sera bancale, encore plus qu'aujourd'hui.

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