- epekeina.tes.ousiasModérateur
alanne a écrit:Il y a certains formateurs qui discréditent totalement la formation !
EX: faire de la patte à modeler avec des bac pro, un prof de philo qui nous parle des droits des enseignants (il n'avait aucune formation en droit, nous aurions préféré une personne d'un syndicat ou de l’autonome de solidarité .....), faire des affiches sur tous les sujets ( oui , comme au BAFA au moins une fois/ semaine (souvent deux).
Ma foi, ça aurait pu être… pire! Le prof de philo a au moins préféré parler des droits plutôt que des devoirs. Ce type de “cours” (parfois appelé “connaissance du système éducatif”) fait partie des injonctions étatiques (je le sais d'autant mieux que je “devrais” le faire, mais le refuse, bien sûr, depuis toujours).
Les autres machins me paraissent aussi typiques du n'importe quoi actuel…
J'aurais préféré , comment poser ma voix ? Comment se présenter à la rentrée ? Comment utiliser Ecole Direct , E lyco ou autres ...
Autant utiliser école direct etc. ne me paraît pas inutile, autant “poser sa voix” et “se présenter à la rentrée”…… Bref…
- JayKewNiveau 9
Pour ce qui est de l'utilisation de la voix, je suis bien d'accord : c'est notre principal outil de travail, et si on l'utilise mal (ce qui est souvent le cas), on l'abîme.
C'est ce qui m'est arrivé au bout de 10 ans de carrière, dont 5 en collège : j'avais des épisodes de plus en plus rapprochés d'aphonie, la voix très fatiguée.
Je suis allé voir un phoniatre de la MGEN, qui a fait des examens puis m'a prescrit une quinzaine de séances avec une orthophoniste. Ces séances m'ont fait un bien fou; l'orthophoniste m'a donné de précieux conseils qui m'auraient été fort utiles en début de carrière et m'auraient sans doute permis d'éviter ces problèmes plus tard.
Ensuite, j'ai été tranquille pendant encore une dizaine d'années, puis ai à nouveau dû voir une orthophoniste pendant quelques séances, mais la thérapie a été beaucoup plus brève que la première fois.
De manière générale, maintenant (au bout de 30 ans !), je suis beaucoup plus vigilant sur la manière dont j'utilise ma voix, dont je la projette, dont j'utilise le volume sonore, etc.
Par ailleurs, je pense aussi que la formation devrait être axée beaucoup plus sur la relation avec les jeunes, la question de l'autorité, etc. Nous avions eu ½ journée, plusieurs mois après ma rentrée de stagiaire, sur cette question. ça avait été passionnant, mais beaucoup trop court, et les stagiaires présents étaient tous très demandeurs.
Je pense qu'une bonne formation initiale peut apporter beaucoup; l'échange avec les formateurs, tuteurs, les autres stagiaires, etc. peut être très stimulant. Mais la façon dont la formation est pensée aujourd'hui, sur un mode très infantilisant et chronophage, essentiellement fondé sur l'injonction, est à mon avis contreproductif. Il devrait reposer avant tout sur la confiance, et c'est loin d'être le cas.
Il m'a fallu environ 5 ans pour m'approprier le métier : mes 5 années de collège (6 ans avec l'année de stage en lycée). Mais 30 ans plus tard, j'en apprends encore !
C'est ce qui m'est arrivé au bout de 10 ans de carrière, dont 5 en collège : j'avais des épisodes de plus en plus rapprochés d'aphonie, la voix très fatiguée.
Je suis allé voir un phoniatre de la MGEN, qui a fait des examens puis m'a prescrit une quinzaine de séances avec une orthophoniste. Ces séances m'ont fait un bien fou; l'orthophoniste m'a donné de précieux conseils qui m'auraient été fort utiles en début de carrière et m'auraient sans doute permis d'éviter ces problèmes plus tard.
Ensuite, j'ai été tranquille pendant encore une dizaine d'années, puis ai à nouveau dû voir une orthophoniste pendant quelques séances, mais la thérapie a été beaucoup plus brève que la première fois.
De manière générale, maintenant (au bout de 30 ans !), je suis beaucoup plus vigilant sur la manière dont j'utilise ma voix, dont je la projette, dont j'utilise le volume sonore, etc.
Par ailleurs, je pense aussi que la formation devrait être axée beaucoup plus sur la relation avec les jeunes, la question de l'autorité, etc. Nous avions eu ½ journée, plusieurs mois après ma rentrée de stagiaire, sur cette question. ça avait été passionnant, mais beaucoup trop court, et les stagiaires présents étaient tous très demandeurs.
Je pense qu'une bonne formation initiale peut apporter beaucoup; l'échange avec les formateurs, tuteurs, les autres stagiaires, etc. peut être très stimulant. Mais la façon dont la formation est pensée aujourd'hui, sur un mode très infantilisant et chronophage, essentiellement fondé sur l'injonction, est à mon avis contreproductif. Il devrait reposer avant tout sur la confiance, et c'est loin d'être le cas.
Il m'a fallu environ 5 ans pour m'approprier le métier : mes 5 années de collège (6 ans avec l'année de stage en lycée). Mais 30 ans plus tard, j'en apprends encore !
- NLM76Grand Maître
Non ! C'était la première année de l'IUFM. Et ça a duré quelques années après.epekeina.tes.ousias a écrit:Tu es donc passé par le CPR — je finissais par me demander si on n'avait pas tous disparu… Cela étant dit, à part en 89 par le statut de PE (et encore, ça se discute), je ne me souviens pas d'avoir assisté à une revalorisation quelconque…
Pour 1989... trois arnaques: la retraite passe de 55 ans à 60 ans, puis, de fait, 65 ans; disparition du logement de fonction; entrée plus tardive dans le métier, à bac +4, au lieu de bac +2. Ceux qui ont accepté ça étaient complètement à côté de la plaque. Tout ça en échange du joli titre de "professeur" — qui, en plus, n'a rien de plus joli que celui d'instituteur. Mais bon, il est vrai que les gens ne voulaient plus habiter sur leur lieu de travail.
_________________
Sites du grip :
- http://instruire.fr
- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- epekeina.tes.ousiasModérateur
NLM76 a écrit:Non ! C'était la première année de l'IUFM. Et ça a duré quelques années après.epekeina.tes.ousias a écrit:Tu es donc passé par le CPR — je finissais par me demander si on n'avait pas tous disparu… Cela étant dit, à part en 89 par le statut de PE (et encore, ça se discute), je ne me souviens pas d'avoir assisté à une revalorisation quelconque…
Pour 1989... trois arnaques: la retraite passe de 55 ans à 60 ans, puis, de fait, 65 ans; disparition du logement de fonction; entrée plus tardive dans le métier, à bac +4, au lieu de bac +2. Ceux qui ont accepté ça étaient complètement à côté de la plaque. Tout ça en échange du joli titre de "professeur" — qui, en plus, n'a rien de plus joli que celui d'instituteur. Mais bon, il est vrai que les gens ne voulaient plus habiter sur leur lieu de travail.
N.B. Il ne faut tout de même pas oublier que la revendication des instits d'être traités à égalité avec les profs était à la fois très forte, très ancienne et — à mon avis — tout à fait légitime. Et puis, même si en faisant les comptes on peut estimer que ça n'y était pas (je le pensais déjà à l'époque), il y avait tout de même eu une certaine revalorisation salariale: ce qui n'a plus jamais été le cas par la suite… Évidemment qu'avec le recul, il y a eu arnaque (il suffit de voir l'inégalité scandaleuse de revenu entre primaire et secondaire!), mais c'était moins évident dans les années 80 de prévoir ce qui s'est passé dans les décennies suivantes.
_________________
Si tu vales valeo.
- RendashBon génie
epekeina.tes.ousias a écrit:
Autant utiliser école direct etc. ne me paraît pas inutile, autant “poser sa voix” et “se présenter à la rentrée”…… Bref…
Apprendre à poser sa voix est tout sauf inutile, en particulier quand on débute. C'est tout de même l'un de nos outils de travail principaux.
C'est foutrement plus utile qu'un énième cours sur la laïcité dispensé par une collègue censée être enseignante (...en philosophie) et qui enfile les poncifs et les erreurs comme des perles, ou qu'un cours intitulé "connaissances des programmes du secondaire" qui se résume à lire le BO à haute voix et à jeter un nœil aux fiches eduscol.
_________________
"Ce serait un bien bel homme s’il n’était pas laid ; il est grand, bâti en Hercule, mais a un teint africain ; des yeux vifs, pleins d’esprit à la vérité, mais qui annoncent toujours la susceptibilité, l’inquiétude ou la rancune, lui donnent un peu l’air féroce, plus facile à être mis en colère qu’en gaieté. Il rit peu, mais il fait rire. [...] Il est sensible et reconnaissant ; mais pour peu qu’on lui déplaise, il est méchant, hargneux et détestable."
- epekeina.tes.ousiasModérateur
Rendash a écrit:epekeina.tes.ousias a écrit:
Autant utiliser école direct etc. ne me paraît pas inutile, autant “poser sa voix” et “se présenter à la rentrée”…… Bref…
Apprendre à poser sa voix est tout sauf inutile, en particulier quand on débute. C'est tout de même l'un de nos outils de travail principaux.
C'est foutrement plus utile qu'un énième cours sur la laïcité dispensé par une collègue censée être enseignante (...en philosophie) et qui enfile les poncifs et les erreurs comme des perles, ou qu'un cours intitulé "connaissances des programmes du secondaire" qui se résume à lire le BO à haute voix et à jeter un nœil aux fiches eduscol.
À la rigueur (extrême) dès qu'on aura une formation consistant réellement à élaborer une progression, un cours, différents types de travaux, leur correction, on pourrait y penser… En attendant, c'est certain que c'est décoratif alors même que le B, A, BA n'y est souvent pas…
_________________
Si tu vales valeo.
- NLM76Grand Maître
Non ! C'était la première année de l'IUFM. Et ça a duré quelques années après.epekeina.tes.ousias a écrit:Tu es donc passé par le CPR — je finissais par me demander si on n'avait pas tous disparu… Cela étant dit, à part en 89 par le statut de PE (et encore, ça se discute), je ne me souviens pas d'avoir assisté à une revalorisation quelconque…
Pour 1989... trois arnaques: la retraite passe de 55 ans à 60 ans, puis, de fait, 65 ans; disparition du logement de fonction; entrée plus tardive dans le métier, à bac +4, au lieu de bac +2. Ceux qui ont accepté ça étaient complètement à côté de la plaque. Tout ça en échange du joli titre de "professeur" — qui, en plus, n'a rien de plus joli que celui d'instituteur. Mais bon, il est vrai que les gens ne voulaient plus habiter sur leur lieu de travail.
_________________
Sites du grip :
- http://instruire.fr
- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- RendashBon génie
epekeina.tes.ousias a écrit:Rendash a écrit:epekeina.tes.ousias a écrit:
Autant utiliser école direct etc. ne me paraît pas inutile, autant “poser sa voix” et “se présenter à la rentrée”…… Bref…
Apprendre à poser sa voix est tout sauf inutile, en particulier quand on débute. C'est tout de même l'un de nos outils de travail principaux.
C'est foutrement plus utile qu'un énième cours sur la laïcité dispensé par une collègue censée être enseignante (...en philosophie) et qui enfile les poncifs et les erreurs comme des perles, ou qu'un cours intitulé "connaissances des programmes du secondaire" qui se résume à lire le BO à haute voix et à jeter un nœil aux fiches eduscol.
À la rigueur (extrême) dès qu'on aura une formation consistant réellement à élaborer une progression, un cours, différents types de travaux, leur correction, on pourrait y penser… En attendant, c'est certain que c'est décoratif alors même que le B, A, BA n'y est souvent pas…
Ha, mais là, ce serait Byzance :lol: (Cela dit, tout ça, on l'a a minima avec le tuteur de terrain, s'il est bon.)
On n'en espère pas (plus ?) autant de la part de l'institution.
_________________
"Ce serait un bien bel homme s’il n’était pas laid ; il est grand, bâti en Hercule, mais a un teint africain ; des yeux vifs, pleins d’esprit à la vérité, mais qui annoncent toujours la susceptibilité, l’inquiétude ou la rancune, lui donnent un peu l’air féroce, plus facile à être mis en colère qu’en gaieté. Il rit peu, mais il fait rire. [...] Il est sensible et reconnaissant ; mais pour peu qu’on lui déplaise, il est méchant, hargneux et détestable."
- epekeina.tes.ousiasModérateur
Rendash a écrit:
Ha, mais là, ce serait Byzance :lol: (Cela dit, tout ça, on l'a a minima avec le tuteur de terrain, s'il est bon.)
On n'en espère pas (plus ?) autant de la part de l'institution.
Avec le tuteur de terrain…… j'aimerais le croire — mais j'ai eu tellement d'exemples contraires (y compris dans le second degré) depuis 25 ans que je n'y crois plus!
_________________
Si tu vales valeo.
- KeaFidèle du forum
Voilà exactement les deux formations qu'il m'aurait été utile de suivre dès le début de mon année de stage, il y a 15 ans. Je trouve qu'Ecole Directe et compagnie, ça s'apprend plus facilement sur le tas, d'autant plus que les enjeux sont moins importants si on patauge au début...epekeina.tes.ousias a écrit:alanne a écrit:Il y a certains formateurs qui discréditent totalement la formation !
EX: faire de la patte à modeler avec des bac pro, un prof de philo qui nous parle des droits des enseignants (il n'avait aucune formation en droit, nous aurions préféré une personne d'un syndicat ou de l’autonome de solidarité .....), faire des affiches sur tous les sujets ( oui , comme au BAFA au moins une fois/ semaine (souvent deux).
Ma foi, ça aurait pu être… pire! Le prof de philo a au moins préféré parler des droits plutôt que des devoirs. Ce type de “cours” (parfois appelé “connaissance du système éducatif”) fait partie des injonctions étatiques (je le sais d'autant mieux que je “devrais” le faire, mais le refuse, bien sûr, depuis toujours).
Les autres machins me paraissent aussi typiques du n'importe quoi actuel…
J'aurais préféré , comment poser ma voix ? Comment se présenter à la rentrée ? Comment utiliser Ecole Direct , E lyco ou autres ...
Autant utiliser école direct etc. ne me paraît pas inutile, autant “poser sa voix” et “se présenter à la rentrée”…… Bref…
- NLM76Grand Maître
Ecole direct ???
_________________
Sites du grip :
- http://instruire.fr
- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- RendashBon génie
Un concurrent de ProNote, en gros.
(Logiciel de Vie Scolaire, je crois, de son nom officiel )
(Logiciel de Vie Scolaire, je crois, de son nom officiel )
_________________
"Ce serait un bien bel homme s’il n’était pas laid ; il est grand, bâti en Hercule, mais a un teint africain ; des yeux vifs, pleins d’esprit à la vérité, mais qui annoncent toujours la susceptibilité, l’inquiétude ou la rancune, lui donnent un peu l’air féroce, plus facile à être mis en colère qu’en gaieté. Il rit peu, mais il fait rire. [...] Il est sensible et reconnaissant ; mais pour peu qu’on lui déplaise, il est méchant, hargneux et détestable."
- barègesÉrudit
Je sais bien que les motions ne servent à rien, mais je mets tout de même ici (en spoiler) celle de la 9e section du CNU sur la réforme du concours et de la formation des enseignants.
Un passage en particulier, qui relie - et c'est assez nouveau, non ? - l'exigence disciplinaire au concours et les problèmes de niveau dans les premières années de fac, la perspective d'un concours "complet" devenant en fait un facteur de remédiation en langue et littérature d'étudiants en Lettres...
- Spoiler:
- Conseil National des Universités Section 9, Langue et littérature françaises
Motion sur la réforme de la formation et du recrutement des enseignantes et des enseignants (Master MEEF et concours du CAPES), 10 septembre 2020
La 9e section du CNU, « Langue et littérature françaises », réunie le 10 septembre 2020, attachée à la qualité de la formation des enseignantes et enseignants, à l’attractivité du métier et au caractère national des concours de recrutement, exprime son désaccord face au projet de réforme du master MEEF et du concours du CAPES tel qu’il a été exposé dans le référentiel de formation « Former aux métiers du professorat et de l’éducation au 21e siècle » (juillet 2019) et dans la fiche « les épreuves de concours » signée par la DGRH-DGESCO-DGESIP et datée du 20 novembre 2019. Elle demande à être associée à la concertation autour de cette réforme pour éviter que les élèves ne se retrouvent, dans les années à venir, formés par des enseignantes et des enseignants qui n’auront pas reçu la formation suffisante pour être capables d’enseigner avec maîtrise et créativité. Au lieu d’une proposition de réforme claire, permettant de susciter le dialogue, seules des annonces imprécises touchant les futures épreuves du concours ont été présentées. Or elles sont particulièrement inquiétantes concernant les attendus de la formation des futures enseignantes et futurs enseignants de lettres. Le projet de réforme, en l’état actuel, accroît l’importance des connaissances et compétences dites transversales dans la formation et la sélection des enseignantes et enseignants. La 9e section n’est en rien opposée à cette professionnalisation didactique, mais elle considère que celle-ci n’a de sens qu’au sein d’une discipline. On ne peut enseigner que ce qu’on connaît : la réflexion didactique et la connaissance disciplinaire doivent être envisagées de manière complémentaire, dans une approche contextualisée et appliquée de la discipline de référence du CAPES. Or, en remettant en question la place de la connaissance disciplinaire dans la formation des étudiants de MEEF et dans les épreuves du CAPES, le projet de réforme met en péril cet équilibre. Celui-ci est pourtant plus que jamais nécessaire dans un contexte où se conjuguent une forte hausse des effectifs et une fragilisation alarmante du niveau des étudiants de licence. Pour ces raisons, la 9e section tient à ce que soit garantie la présence, parmi les futures épreuves du concours :
-d’une épreuve dédiée à l’évaluation de la maîtrise des savoirs littéraires à l’écrit ;
-d’une épreuve de langue française et de stylistique centrée sur les savoirs universitaires et didactiques à l’écrit,et comprenant une part d’histoire de la langue,l’approche pédagogique étant évaluée à l’oral puis dans le cadre de la formation continue ;
-d’une épreuve orale d’explication de texte-question de grammaire attestant la capacité du futur enseignant à analyser un texte et à en assurer une compréhension approfondie.
La formation délivrée par le Master MEEF est elle aussi appelée à une profonde transformation. Les responsables de Master se trouvent actuellement dans la nécessité de remettre de nouvelles maquettes de cours sans connaître exactement les modalités du nouveau concours. La 9e section du CNU demande que la qualité de la formation disciplinaire délivrée au sein du Master MEEF soit maintenue. En l’état, le « Référentiel de formation-Master MEEF » de juillet 2019 indique que 45% de la formation en MEEF seraient consacrés à « la construction du cadre de référence et à l’enseignement des savoirs de [l]a discipline ». La référence du ministère au « disciplinaire » est trompeuse puisqu’en réalité, un quart seulement des cours serait dévolu aux « savoirs et didactique dans le(s) champ(s) disciplinaire(s) de référence, éléments d’épistémologie ». Considérant que la maîtrise des contenus à enseigner est la condition indispensable à une bonne transmission des connaissances et à leur appropriation par les élèves, la 9e section du CNU demande que l’approfondissement par les étudiantes et les étudiants de leur discipline retrouve toute sa place dans le projet de refonte des Masters MEEF, que les connaissances et compétences disciplinaires occupent également une bonne part des 30% de stratégies d’enseignement et d’apprentissage et qu’un pourcentage de 15% d’initiation à la recherche soit envisagé dans le cadre de la discipline de référence.La 9e section s’interroge enfin sur les conditions dans lesquelles les étudiantes et les étudiants prépareront le concours si celui-ci était déplacé à la fin de l’année de M2, alors que les candidats, déjà placés en situation de cours dans les établissements, auront de plus à rédiger et soutenir un mémoire. Cette organisation,qui concentre l’ensemble des épreuves sur une année, fragilise l’entrée de nos jeunes collègues dans la profession. La 9e section demande que la place, la durée et la nature du stage soient repensées sur les deux années du master pour assurer l’équilibre de la formation.L’arrêté du 24 juillet 2020 à ce sujet risque de créer des déséquilibres dans l’organisation des stages selon les territoires.La 9e section du CNU est formée de spécialistes de la littérature et de la langue françaises, et accueille en son sein des didacticiennes et didacticiens. Ses membres exercent dans tous les établissements de l’enseignement supérieur–IUT, UFR, ENS ou INSPE–après avoir souvent enseigné dans les différents degrés du système éducatif. Elle est donc parfaitement qualifiée pour juger des compétences réelles et des besoins en formation des enseignantes et enseignants du secondaire et demande à être reconnue comme partenaire constructif d’une réforme qui doit être pensée et concertée avec l’ensemble des actrices et des acteurs concernés.
Un passage en particulier, qui relie - et c'est assez nouveau, non ? - l'exigence disciplinaire au concours et les problèmes de niveau dans les premières années de fac, la perspective d'un concours "complet" devenant en fait un facteur de remédiation en langue et littérature d'étudiants en Lettres...
Or, en remettant en question la place de la connaissance disciplinaire dans la formation des étudiants de MEEF et dans les épreuves du CAPES, le projet de réforme met en péril cet équilibre. Celui-ci est pourtant plus que jamais nécessaire dans un contexte où se conjuguent une forte hausse des effectifs et une fragilisation alarmante du niveau des étudiants de licence.Pour ces raisons, la 9e section tient à ce que soit garantie la présence, parmi les futures épreuves du concours :
-d’une épreuve dédiée à l’évaluation de la maîtrise des savoirs littéraires à l’écrit ;
-d’une épreuve de langue française et de stylistique centrée sur les savoirs universitaires et didactiques à l’écrit,et comprenant une part d’histoire de la langue,l’approche pédagogique étant évaluée à l’oral puis dans le cadre de la formation continue ;
-d’une épreuve orale d’explication de texte-question de grammaire attestant la capacité du futur enseignant à analyser un texte et à en assurer une compréhension approfondie.
- epekeina.tes.ousiasModérateur
https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/10/01/derriere-la-reforme-des-concours-de-recrutement-une-volonte-de-reprise-en-main-du-corps-professoral_6054320_3232.html
Belle tribune, mais un peu tard… Comme d'habitude, quand ça ne concernait “que l'INSPE”, beaucoup ne disaient rien, voire s'en réjouissaient. Maintenant qu'ils s'aperçoivent qu'en réalité, ça n'était qu'une la fissure où introduire le coin……
Le projet de réforme comporte deux volets. L’un concerne la formation, l’autre les modalités de recrutement des futurs professeurs. Les deux répondent à la même visée : la « professionnalisation » des impétrants, entendue comme l’acquisition d’une première expérience du métier et d’un état d’esprit loyal et responsable. Ils visent aussi à prévenir les démissions en début de carrière. Il s’agit donc de s’assurer que les candidats, à tous les sens de l’expression, auront été prévenus. Sage précaution, si les causes des démissions et du déclin des vocations ne se situaient ailleurs, dans les conditions d’exercice du métier, sans cesse dégradées, et dans des salaires trop bas.
Un entretien de motivation inutile
Or le projet ne vise pas à enrayer la baisse continue des candidatures : il en prend acte et cherche à en tirer profit. En promettant aux préparationnaires 600 euros mensuels pour 8 heures de cours hebdomadaires, il fait l’économie de milliers de postes de stagiaires (actuellement rémunérés autour de 1 400 euros net). Cela revient à vider en partie le concours de sa substance, en faisant entrer prématurément dans le métier des étudiants qui devront conjointement rédiger leur mémoire de master et bûcher leurs épreuves.
Belle tribune, mais un peu tard… Comme d'habitude, quand ça ne concernait “que l'INSPE”, beaucoup ne disaient rien, voire s'en réjouissaient. Maintenant qu'ils s'aperçoivent qu'en réalité, ça n'était qu'une la fissure où introduire le coin……
_________________
Si tu vales valeo.
- jaybeNiveau 9
Je suis peut-être trop pessimiste, mais je pense qu'il n'y a jamais eu de "bon moment" et qu'il n'y en aura pas. La contestation de la période pré-covid était paradoxalement forte (pour qui suivait de près ce qui se préparait) et quasiment inaudible (pour tous les autres), et la situation actuelle ouvre un boulevard au MEN pour faire ce qu'il veut.
_________________
Les mathématiciens ne sont pas des gens qui trouvent les mathématiques faciles ; comme tout le monde, ils savent qu'elles sont difficiles, mais ça ne leur fait pas peur !
- nash06Niveau 7
Est-ce qu'on sait comment ça va se passer pour l'agrégation ? Parce que si j'ai bien compris, tout ça ne concerne que le CAPES. Les agrégés seront-ils en stage comme actuellement, ou les modalités de celui-ci vont-elles également être modifiées ?
- RuthvenGuide spirituel
epekeina.tes.ousias a écrit:https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/10/01/derriere-la-reforme-des-concours-de-recrutement-une-volonte-de-reprise-en-main-du-corps-professoral_6054320_3232.html
Le projet de réforme comporte deux volets. L’un concerne la formation, l’autre les modalités de recrutement des futurs professeurs. Les deux répondent à la même visée : la « professionnalisation » des impétrants, entendue comme l’acquisition d’une première expérience du métier et d’un état d’esprit loyal et responsable. Ils visent aussi à prévenir les démissions en début de carrière. Il s’agit donc de s’assurer que les candidats, à tous les sens de l’expression, auront été prévenus. Sage précaution, si les causes des démissions et du déclin des vocations ne se situaient ailleurs, dans les conditions d’exercice du métier, sans cesse dégradées, et dans des salaires trop bas.
Un entretien de motivation inutile
Or le projet ne vise pas à enrayer la baisse continue des candidatures : il en prend acte et cherche à en tirer profit. En promettant aux préparationnaires 600 euros mensuels pour 8 heures de cours hebdomadaires, il fait l’économie de milliers de postes de stagiaires (actuellement rémunérés autour de 1 400 euros net). Cela revient à vider en partie le concours de sa substance, en faisant entrer prématurément dans le métier des étudiants qui devront conjointement rédiger leur mémoire de master et bûcher leurs épreuves.
Belle tribune, mais un peu tard… Comme d'habitude, quand ça ne concernait “que l'INSPE”, beaucoup ne disaient rien, voire s'en réjouissaient. Maintenant qu'ils s'aperçoivent qu'en réalité, ça n'était qu'une la fissure où introduire le coin……
Tu es un peu injuste, ils ont lancé une pétition en décembre/janvier qui n'a pas été relayée dans la presse - mais sur le site de l'APPEP, du Snes ...
- epekeina.tes.ousiasModérateur
nash06 a écrit:Est-ce qu'on sait comment ça va se passer pour l'agrégation ? Parce que si j'ai bien compris, tout ça ne concerne que le CAPES. Les agrégés seront-ils en stage comme actuellement, ou les modalités de celui-ci vont-elles également être modifiées ?
Comme tout fonctionnaire, la première année d'exercice sera nécessairement une année de stage. Mais ce qu'il faut bien comprendre, c'est que celui-ci ne sera sans doute plus encadré par une Université ou une INSPÉ.
Ruthven a écrit:Tu es un peu injuste, ils ont lancé une pétition en décembre/janvier qui n'a pas été relayée dans la presse - mais sur le site de l'APPEP, du Snes ...
Mais en décembre/janvier, c'était déjà au moins un an voire un an et demi trop tard: les premiers éléments de réforme sont arrivés au printemps 2018. À ma connaissance, à l'époque, aucun syndicat n'a relevé quelque chose. Donc non, je ne pense pas être “injuste”, mais réaliste.
En gros, personne ne s'est aperçu que le MEN et le MESR ont, purement et simplement, mis en oeuvre ce qu'ils avaient échoué à faire entre 2009 et 2012 — car ils ont trouvé un truc tout bête: ne strictement rien communiquer sur les réformes en cours, ne rien négocier et contourner toutes les instances et tous les groupes qui existent.
Et je pense qu'il n'y a pas qu'eux: je suis persuadé que l'immense majorité des profs du primaire et du secondaire sont persuadés que le passage ESPE/INSPE n'est qu'un changement de sigle et qu'ils n'ont pas vu que la formation initiale et continue des profs appartenait désormais en propre aux rectorats. Même en INSPE, nombre de collègues n'ont pas saisi ce qui se passait et commencent seulement maintenant à s'en étonner. Comme quoi l'idéologie anti-formation lancée avec un très grand succès par le ministre Fillon, il y a plus de 25 ans, combinée avec la médiocrité — organisée ou en tout cas produite par le mécanisme même — de la formation permet enfin de revenir à la “normale”: des enseignants de tous les degrés soumis, de A à Z, dans leur formation et leur exercice, à une hiérarchie aux ordres du pouvoir exécutif. Nous voilà enfin revenu 40 ans en arrière.
_________________
Si tu vales valeo.
- nash06Niveau 7
epekeina.tes.ousias a écrit:nash06 a écrit:Est-ce qu'on sait comment ça va se passer pour l'agrégation ? Parce que si j'ai bien compris, tout ça ne concerne que le CAPES. Les agrégés seront-ils en stage comme actuellement, ou les modalités de celui-ci vont-elles également être modifiées ?
Comme tout fonctionnaire, la première année d'exercice sera nécessairement une année de stage. Mais ce qu'il faut bien comprendre, c'est que celui-ci ne sera sans doute plus encadré par une Université ou une INSPÉ.
Donc, ce sera probablement comme avant 2014 ? Stage à temps plein avec seulement un tuteur pour accompagner les stagiaires ?
- MathadorEmpereur
6h de plus pour échapper à l'ESPE et au mémoire, je vois cela comme une amélioration.
_________________
"There are three kinds of lies: lies, damned lies, and statistics." (cité par Mark Twain)
« Vulnerasti cor meum, soror mea, sponsa; vulnerasti cor meum in uno oculorum tuorum, et in uno crine colli tui.
Quam pulchrae sunt mammae tuae, soror mea sponsa! pulchriora sunt ubera tua vino, et odor unguentorum tuorum super omnia aromata. » (Canticum Canticorum 4:9-10)
- epekeina.tes.ousiasModérateur
nash06 a écrit:Donc, ce sera probablement comme avant 2014 ? Stage à temps plein avec seulement un tuteur pour accompagner les stagiaires ?
On n'en sait strictement rien: ça dépendra intégralement des rectorats, qui utiliseront leurs personnels, éventuellement les INSPE, éventuellement pas — à leur gré.
_________________
Si tu vales valeo.
- Prof d'ancien françaisJe viens de m'inscrire !
Les diverses motions adressées par les universitaires restent sans effet, alors que les conséquences de la réforme du CAPES s'annoncent, en lettres comme ailleurs, désastreuses. Il est question de sacrifier l'étude de la grammaire et l'explication de texte...
Une pétition "Pour que le français reste une langue maîtrisée" sur change.org a été initiée par la SLLMOO (Société de Langues et de Littératures médiévales d'Oc et d'Oïl) pour alerter sur cet appauvrissement aberrant des exigences disciplinaires et tenter de faire pression. Elle a recueilli pour l'instant 1500 signatures. Pourvu qu'il ne soit pas trop tard !
Une pétition "Pour que le français reste une langue maîtrisée" sur change.org a été initiée par la SLLMOO (Société de Langues et de Littératures médiévales d'Oc et d'Oïl) pour alerter sur cet appauvrissement aberrant des exigences disciplinaires et tenter de faire pression. Elle a recueilli pour l'instant 1500 signatures. Pourvu qu'il ne soit pas trop tard !
- AscagneGrand sage
J'ai signé la pétition de la SLLMOO. Une nouvelle pétition vient d'être lancée à l'initiative d'Anne Carlier, (professeure à Sorbonne Université, Présidente de la Société internationale pour la Diachronie du Français et membre de l'Académie royale de langue et littérature françaises de Belgique) :
Réforme du CAPES Lettres Modernes: contre la disparition de la littérature médiévale
Réforme du CAPES Lettres Modernes: contre la disparition de la littérature médiévale
Anne Carlier a écrit:Monsieur le Ministre,
Nous avons pris connaissance du projet d’arrêté fixant les modalités d'organisation des concours du certificat d’aptitude au professorat du second degré. Pour la section Lettres modernes, nous avons constaté que les textes médiévaux sont désormais écartés du programme de l’épreuve disciplinaire appliquée, étant donné que les textes seront choisis dans la période allant de la Renaissance à nos jours.
En tant que membres de la Société Internationale de la Diachronie du français, français et étrangers, et professionnels de la discipline qu’est l’histoire de la langue française, depuis ses débuts jusqu’à l’époque moderne, nous sommes consternés que la France ne valorise plus, à travers l’enseignement, ce pan de sa littérature nationale, qui a été une source d’inspiration pour les littératures de l’Occident au moyen âge...
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum