[Lettres, lycée] À quel rythme avancez-vous ?

Bonjour à toutes et tous,

Je ne me posais pas la question avant les nouveaux programmes et j'avançais comme bon me semblait, en privilégiant le plaisir au gavage d'oies, mais désormais, je m'interroge. J'ai une classe de 1G à 36, et par chance ils sont plutôt agréables et très attentifs. Je viens de terminer "Notre monde vient d'en trouver un autre'' et j'aurai à peine le temps d'aborder Montaigne avant les vacances.
Et vous, où en êtes-vous?
Merci!

Je ne comprends pas où tu en es. Tu as fini le premier OE, et tu n'as pas encore abordé Montaigne? Pas logique.

Pour répondre à ta question: je n'avance pas. Je suis dans la poésie, viens d'achever à l'aide de polycopiés ma troisième explication, corrige seulement le premier commentaire, pas abordé la dissertation car ils n'ont pas assez lu, je m'ennuie et pourtant je cours après le temps, et eux semblent accablés par le caractère frénétique du rythme. Bref, je galère, et ne prends plus aucun plaisir à enseigner, puisque je ne choisis plus ce que je veux leur faire lire.

J'ai fait en séquence 1 "Notre monde vient d'en trouver un autre" avec 3 E.L du XVI°, de la grammaire et un commentaire en DS, plus quelques études complémentaires.
Je commence donc la séquence 2 avec Montaigne.
Le tout correspond à l'OE "Littérature d'idées."

L'équipe de lettres de mon lycée a l'impression d'être devenue le lapin blanc d'Alice au pays des Merveilles : je suis en retard (et ce depuis 3 semaines au moins)…

Avec mes ST2S j'aurai seulement bouclé le parcours "notre monde vient d'en trouver un autre" ; Montaigne est renvoyé à la rentrée… Bon, on a vu la contraction de texte (à finir en TD la semaine prochaine). Ils en ont une à me rendre à la rentrée. On a fait l'EL et revu le paragraphe d'analyse littéraire (une sous-partie de commentaire à me rendre avant les  vacances).
Les élèves se plaignent que l'on galope mais comprennent bien que le programme est prévu pour 6h/semaine et non pas 3h/semaine. Heureusement qu'ils sont sympa et de bonne composition. Ils protestent aussi - contre l'institution, pas contre moi - parce que EL et contraction/essai n'ont pas pu être vus et assimilés en seconde.

En seconde, j'aurai terminé la poésie pour les vacances en supprimant 2 EL prévues… tant pis, pas de nombre à tenir en seconde.

Cela me rassure, j'en suis à peu près au même point, avec pourtant l'impression d'y aller à un rythme bien soutenu. J'ai dû sacrifier Fontenelle, L'Utopie et j'en passe...

J'ai commencé ma séquence 2, je suis donc au milieu de ma 4e EL. J'ai fait de la grammaire, de la méthode (EL et commentaire), un entraînement au commentaire sur table.

Je pense que je commencerai ma 5e EL juste avant les vacances, ce qui me semble être dans les temps.

Classe de 35 élèves sympas et attentifs, ça aide.

J'ai également choisi Montaigne: j'aurais fait 4 EL avant les vacances; deux à la rentrée et DS de clôture entre le 15 et le 20 novembre selon les premières.
Quasi pas de grammaire en cette première séquence; des docs complémentaires sur le contexte (grandes découvertes notamment) et des synthèses sur l"oeuvre. Et des "morceaux" de méthode de bac. J'avais compté dans l'idéal 7 semaines par parcours/OI, je dépasse de 3 semaines pour le 1er, joie!

Fortunio a écrit:J'ai fait en séquence 1 "Notre monde vient d'en trouver un autre" avec 3 E.L du XVI°, de la grammaire et un commentaire en DS, plus quelques études complémentaires.
Je commence donc la séquence 2 avec Montaigne.
Le tout correspond à l'OE "Littérature d'idées."

Merci, je comprends mieux. Je n'ai pas fait de séquences séparées pour le parcours et l'OI, les autres poèmes du parcours fonctionnent comme des textes qui font écho à ceux que je fais étudier.

Très à la bourre (remplacement aussi une semaine et demie après la rentrée, du coup déjà du temps perdu) : avant les vacances, j'aurai fait trois EL/commentaires (personnellement je fais tantôt l'une, tantôt l'autre pour préparer à la fois l'écrit et l'oral) dont un DM, une analyse de l'intitulé du parcours, un cours de grammaire, des lectures complémentaires pour nourrir la dissertation, la méthode de la dissertation et un exercice en classe (DM pendant les vacances) - j'ai donné la méthode du commentaire en polycopié, pas le temps de revenir dessus...

A la bourre évidemment... mes élèves sont assez faibles et n'ont que très peu de culture générale, du coup le XVIIème siècle suscite beaucoup de questions chez eux... Je pense avoir bouclé 3 EL d'ici les vacances (1 dans le parcours et 2 dans l’œuvre): je fais parcours et œuvre en une séquence pour mettre les textes du parcours en rapport avec l’œuvre. Je ne sais pas si c'est bien comme ça, s'il faut séparer... je navigue complètement à vue. J'ai décidé de m'en tenir à 2 EL pour le parcours pour le moment, quitte à la fin de l'année à en faire une 3ème pour réviser s'il reste un peu de temps, sinon je serai toujours sur La Princesse en décembre...
Je trouve aussi ce système très anxiogène, pour moi comme pour les élèves: ils sont complètement stressés (dans toutes les matières), ont l'impression que tout va trop vite, ils perdent pied pour ceux qui sont un peu fragiles...

Je terminerai ma 4e EL avant les vacances. J'ai fait un point de grammaire (l'interrogation) et revu la méthode du commentaire. Pas encore parlé de dissertation. Les élèves doivent lire La Princesse pour la rentrée mais m'ont déjà dit qu'ils ne le feront pas ("trop long et trop de choses à lire"). Je suis très en retard et arrivé à un point où je m'en fous, j'ai dépassé le stade de la colère et de la remise en question. Mes élèves ne savent pas ou ne veulent pas faire d'efforts, une belle partie d'entre eux est incapable de dire de quoi parle un texte qu'ils viennent de lire et ne s'en formalisent pas du tout, ne savent pas conjuguer un verbe du premier groupe au présent ou croient que "souvent" est un verbe au pluriel. Leurs parents affirment que c'est à cause des professeurs qui ne savent pas motiver les troupes. Nos dirigeants nous enlèvent des heures de cours et nous demandent d'en faire plus. Je ne me bats plus. Je prends le salaire qu'on me donne en attendant de pouvoir faire autre chose, sans aucun plaisir, sans aucune impression de faire quelque chose d'utile. J'assiste médusé à la chute généralisée de toutes les valeurs que je pensais partager avec le monde qui m'entoure.

Je ne vais pas aussi loin que toi, Stench, mais je partage ton point de vue. Ils ne lisent pas? Tant pis pour eux. Ils ne suivent pas mes conseils? Tant pis. Je leur ai demandé de ficher chaque partie de la Princesse, pour leur faciliter la compréhension et plus tard la révision. Très peu d'entre eux l'ont fait. Ils sont infichus de me situer correctement un texte dans l’œuvre qu'ils sont sensée avoir lue. Je les préviens une semaine à l'avance de l'évaluation, je leur liste ce qu'ils doivent savoir, je mets ça en ligne... et hier ils sont tout surpris d'apprendre qu'ils ont une évaluation (mais c'est sur quoi madame? c'est un contrôle de lecture?).
D'un côté, cette réforme est, comme je l'ai dit, terriblement anxiogène, mais s'ils ne font pas ce qu'on leur dit de faire, alors ça devient leur problème. Je leur ai déjà répété je ne sais combien de fois que c'est LEUR bac, mais visiblement, ça ne rentre pas...

Ma grand-mère disait "on ne fait pas d'un âne un cheval de course".

Et mon mari, qui travaille dans l'industrie, le répète souvent: l'école leur mâche le travail, leur fait croire qu'ils sont géniaux (n'oublions pas que ces premières sont de purs produits de la réforme du collège et de la "bienveillance", des évaluations par compétences etc), on leur excuse tout... et quand ils se retrouvent dans le monde du travail, ils sont tout surpris de voir qu'ils doivent se prendre en main, prendre des initiatives...
Il se plaint souvent des "jeunes" qui viennent d'être embauchés: toujours sur leur téléphone au lieu de travailler, très lents et peu efficaces, perdus dès qu'il s'agit de prendre une initiative... Nos élèves sont des premières. Ils arrivent en fin d'études secondaires: on va arrêter de leur mâcher le travail!! Pour qu'ils fassent des fiches, il faudrait que je les ramasse et que je les note. Je ne le ferai pas.

Alors même que j'estime mes conditions de travail particulièrement protégées et favorables (classe de 20 élèves, bon voire très bon niveau, O discipline en cours, chaque heure est rentabilisée) et bien je suis en vacances jeudi prochain : j'aurai fait 4 LL, histoire littéraire du classicisme, deux DS, un poil de méthode du commentaire, mais très mal, et pas de grammaire du tout. Je ne vois pas comment je rattraperai ce temps perdu, mais je partage le même point de vue que Stench : pas de plage horaire de 4h pour les entraîner en temps réel ? Pas mon problème. Je crois que je n'en suis même plus désolée. Je regarde notre institution s'essouffler en réformes ineptes, vides, avec des conséquences à court et long terme désastreuses. Et j'essaye juste d'épargner mes enfants (coucou méthodes de lecture débiles), et les quelques convictions qui me restent.

J'édite pour rajouter que je n'ai pas touché à la dissertation, ni aux thématiques transversales de mon premier OE...

3 études linéaires sur Phèdre, 1 et demi pour le parcours associé. Un seul cours de grammaire. J'ai revu la méthode du commentaire et de la dissertation et les principales figures de style. Pour les notes, un commentaire composé et deux contrôles de lecture (mais le temps manquant, les contrôles de lecture sont juste des QCM qui se font en à peine 10 minutes). Pas eu le temps pour le moment de parler de la lecture cursive.

stench a écrit:Je terminerai ma 4e EL avant les vacances. J'ai fait un point de grammaire (l'interrogation) et revu la méthode du commentaire. Pas encore parlé de dissertation. Les élèves doivent lire La Princesse pour la rentrée mais m'ont déjà dit qu'ils ne le feront pas ("trop long et trop de choses à lire"). Je suis très en retard et arrivé à un point où je m'en fous, j'ai dépassé le stade de la colère et de la remise en question. Mes élèves ne savent pas ou ne veulent pas faire d'efforts, une belle partie d'entre eux est incapable de dire de quoi parle un texte qu'ils viennent de lire et ne s'en formalisent pas du tout, ne savent pas conjuguer un verbe du premier groupe au présent ou croient que "souvent" est un verbe au pluriel. Leurs parents affirment que c'est à cause des professeurs qui ne savent pas motiver les troupes. Nos dirigeants nous enlèvent des heures de cours et nous demandent d'en faire plus. Je ne me bats plus. Je prends le salaire qu'on me donne en attendant de pouvoir faire autre chose, sans aucun plaisir, sans aucune impression de faire quelque chose d'utile. J'assiste médusé à la chute généralisée de toutes les valeurs que je pensais partager avec le monde qui m'entoure.

Cela n'a rien de consolant, mais je pourrais écrire exactement la même chose. Les élèves sont soit atones - la majorité d'entre eux -, soit si inquiets qu'ils sombrent ou deviennent agressifs. Une élève, en plein devoir, a piqué une crise hier: "Mais Madame, je comprends rien à ce que vous demandez, rien! On n'a jamais vu ça avant!"( Il s'agissait de résumer le contenu de chaque paragraphe d'un texte, et pas un poème de Mallarmé...).

J'ai commencé la 4e EL (Je me suis résolue à taper la 3e que j'avais donnée en DM.) ce matin , fait une leçon de grammaire, revu un point de grammaire sur chaque texte, présenté l'œuvre et le contexte, mené deux études d'ensemble. À la rentrée, il me restera deux EL, la lecture cursive, la dissertation et le commentaire que je devrais traiter en deux semaines pour respecter les délais (et je sais que je n'y arriverai pas). Comme Orlanda, je ne fais qu'une séquence par OE. Depuis le début, c'est la course ; j'ai l'impression de noyer mes élèves.

Orlanda a écrit: Les élèves sont soit atones - la majorité d'entre eux -, soit si inquiets qu'ils sombrent ou deviennent agressifs. Une élève, en plein devoir, a piqué une crise hier: "Mais Madame, je comprends rien à ce que vous demandez, rien! On n'a jamais vu ça avant!"( Il s'agissait de résumer le contenu de chaque paragraphe d'un texte, et pas un poème de Mallarmé...).

Sans excuser l'agressivité des élèves, je crois pouvoir la comprendre. Les programmes de français au lycée (et ce n'est pas l'apanage des nouveaux programmes) sont trop éloignés de ce que la majorité des élèves peuvent comprendre et faire, et cela peut générer une forme de colère (qui a peut-être d'autres sources bien entendu). Pour beaucoup de lycéens tout texte est difficile, et tout exercice pose problème s'il n'a pas fait l'objet d'un enseignement répété ad nauseam. Plus le temps passe, plus j'ai le sentiment qu'il est devenu impossible de proposer aux lycéens quelque chose de facile, car tout leur pose problème. Ceux qui font les programmes de lycée devraient être soit moins ambitieux, soit disposés à donner à la discipline un volume horaire bien supérieur à celui dont nous disposons. Ce décalage qui existe entre ce que l'on est censés pouvoir attendre des élèves et ce que l'on peut réellement obtenir d'eux est ce que je trouve le plus désagréable au lycée. Ce décalage est moindre au collège, et c'est l'une des choses que j'aime au collège.

Lilypims a écrit: Depuis le début, c'est la course ; j'ai l'impression de noyer mes élèves.

C'est la même chose pour moi, et cela me prive d'une bonne partie de mon plaisir.

Ce programme est irréaliste et bourré de contradictions. Entre noyer mes élèves et faire le programme, je choisis de sacrifier le programme. En tout cas dans sa partie quantitative.
Hors de question de passer trop de temps sur la grammaire, pour 2 malheureux points.

Ce que je trouve terrible dans cette nouvelle réforme c'est que l'écart entre les exigences du programme et les capacités des élèves est devenu un gouffre.
De toutes les matières on est sur le même radeau. Si vous voulez un peu de réconfort, demandez à vos collègues d'enseignement scientifique ou de mathématiques comment cela se passe.
D'ailleurs mes élèves sont sortis tellement défaits de leur devoir de français qu'ils n'ont pas réussir à replonger dans l'enfer de l'enseignement scientifique.
En enseignement scientifique, je passe une heure pour faire 3 calculs. Il faut dire que quand on pense que répartir quelque chose se traduit mathématiquement par une multiplication, que 100 + 1000 = 100 000, que l'on ne sait pas que 4 est le carré de 2, qu'un km2 vaut pour vous 1000 m2 (voire 10 m2), et qu'on est perdu car il y a trop de feuilles et qu'en plus le professeur a osé commencer 2 chapitres en parallèle, on n'est pas vraiment à même de calculer sereinement l'énergie solaire par unité de surface dans le système solaire. J'ai l'impression d'entraîner des cul-de-jatte aux jeux olympiques de course de haie (ambiance équipe jamaïcaine de bobsleigh).
Mais comme Stench, à une époque cela m'aurait plongé dans un abîme d'angoisse et physiquement rendu malade. Maintenant, le manque de temps en classe est salutaire : au moins la fin de l'heure arrive plus vite et le calvaire dure moins longtemps. Je suis simplement encore curieuse de savoir quand et comment l'attelage va se renverser, car une telle tension va devoir trouver un exutoire.

C'est indispensable de prendre du recul en effet. Là clairement on va dans le mur, et les injonctions paradoxales auxquelles nous soumet l'institution sont intenables .

3 textes en 1ère générale, on fera le 4ème après les vacances, je vais travailler sur l’OI cette semaine. Les élèves sont assez mauvais, une partie n’a aucune volonté, ceux qui en veulent sont découragés par la masse de travail. Cette classe fait du 8-18 tous les jours, on n’a pas de CDI car la documentaliste est en arrêt et la permanence est une salle de jeux : difficile de rentabiliser les heures de trou dans ces conditions. Je vais rater 2h de cours pour la distribution des tablettes et la mise en route...
J’ai 4 textes en STMG : les élèves sont gentils, motivés et ont un niveau assez correct, surtout pour leur série. Ils ont dit à leur PP que tous les textes étaient très intéressants, pourvu que ça dure !

J’ai lu dans un compte-rendu d’IPR sur Facebook que nous serions tenus juridiquement responsables s’il n’y avait pas les 24 textes dans le descriptif...

J'ai fait 2 études linéaires, bossė l'oeuvre de manière transversale, étudiė la négation, vu la contraction de texte...mais comme beaucoup d'entre vous, je ne prends pas vraiment plaisir à enseigner cette année. Le pire a été de faire la méthode de la contraction de texte...mon cerveau est complètement réfractaire à cette démarche et j'ai beaucoup de mal à saisir la méthode et ses enjeux. Pourtant j'ai une classe super et paradoxalement l'exo de contraction leur a bien plu...
Il me reste à commencer le parcours et à lancer la lecture cursive sur mon 1er OE.
Par contre les élèves sont perdus entre l'écrit l'oral les oeuvres tout se mélange et je sens beaucoup de tensions...

Juridiquement responsable... Je demande à voir le procès de la vilaine prof qui n'aura fait que 23 textes ! Franchement arrêtez de vous faire peur . Chacun fera ce qu'il peut exactement comme lors de la dernière réforme et puis c'est tout.