- TangledingGrand Maître
Je crois que tout est dit. Et encore une fois la liste de 2020 ne présage pas des suivantes et donc son existence est déjà un problème.
De même de ces parcours qui limitent le champ d'interprétation.
Et pour finir vu la masse de LA c'est infaisable. Pour moi une OI c'est 4 ou 5 LA. Donc on est déjà à 16 ou 20 LA...
Il reste quoi pour faire de véritables parcours ?
De même de ces parcours qui limitent le champ d'interprétation.
Et pour finir vu la masse de LA c'est infaisable. Pour moi une OI c'est 4 ou 5 LA. Donc on est déjà à 16 ou 20 LA...
Il reste quoi pour faire de véritables parcours ?
- minnieExpert
Quelques remarques à la lectures des dernières pages.
1. Notre inspection nous a déjà dit que les consignes de correction appelleraient à une grande bienveillance pour les actuels secondes qui n'auront eu qu'un an de préparation.
2. Les semaines de "partiels" ne doivent pas faire sauter de cours. C'est en tout cas ce qu'on a dit à la direction de mon établissement. Ces épreuves devront s'organiser en classe "normale" (ie : deux par table) et avec un seul professeur surveillant et entre les heures de cours classiques.
C'est hallucinant, je sais.
3. Je suis ravie de voir que certains ont encore le temps de lire, beaucoup. Moi, je fait partie de ces profs qui n'ont plus du tout le temps de lire depuis que je suis retournée au lycée avec mes 4 classes, 3 niveaux, le tout à 35 élèves (24 pour les BTS), et encore, j'ai la chance de ne pas être PP et de n'avoir qu'une heure supplémentaire.
Et ce qui se profile l'année prochaine : des classes à 36, une 2e HSA imposée et surtout, aucun vœu d'emploi du temps à cause de l'alignement des spécialités.
Je suis convaincue qu'on peut être guidé à apprécier une œuvre qui nous rebutait, mais, il faut quand même qu'en face on ait un professeur qui maîtrise le texte. Évidemment que je réussirai à lire les œuvres, en revanche, les préparer correctement d'ici la rentrée, c'est mission impossible.
C'est d'ailleurs ce qui nous a été clairement dit par notre inspectrice lors de la réunion d'information sur les nouveaux programmes : "vous ne serez pas satisfaits de votre travail, tant pis, nous ne voulons pas que vous tombiez malade, nous n'avons pas de remplaçants".
Là encore, c'est hallucinant.
1. Notre inspection nous a déjà dit que les consignes de correction appelleraient à une grande bienveillance pour les actuels secondes qui n'auront eu qu'un an de préparation.
2. Les semaines de "partiels" ne doivent pas faire sauter de cours. C'est en tout cas ce qu'on a dit à la direction de mon établissement. Ces épreuves devront s'organiser en classe "normale" (ie : deux par table) et avec un seul professeur surveillant et entre les heures de cours classiques.
C'est hallucinant, je sais.
3. Je suis ravie de voir que certains ont encore le temps de lire, beaucoup. Moi, je fait partie de ces profs qui n'ont plus du tout le temps de lire depuis que je suis retournée au lycée avec mes 4 classes, 3 niveaux, le tout à 35 élèves (24 pour les BTS), et encore, j'ai la chance de ne pas être PP et de n'avoir qu'une heure supplémentaire.
Et ce qui se profile l'année prochaine : des classes à 36, une 2e HSA imposée et surtout, aucun vœu d'emploi du temps à cause de l'alignement des spécialités.
Je suis convaincue qu'on peut être guidé à apprécier une œuvre qui nous rebutait, mais, il faut quand même qu'en face on ait un professeur qui maîtrise le texte. Évidemment que je réussirai à lire les œuvres, en revanche, les préparer correctement d'ici la rentrée, c'est mission impossible.
C'est d'ailleurs ce qui nous a été clairement dit par notre inspectrice lors de la réunion d'information sur les nouveaux programmes : "vous ne serez pas satisfaits de votre travail, tant pis, nous ne voulons pas que vous tombiez malade, nous n'avons pas de remplaçants".
Là encore, c'est hallucinant.
- minnieExpert
Juste une dernière question : est-ce que quelqu'un sait combien d'heures de français avait un élève de 1ere L en 1996/97?
J'ai retrouvé ma liste de bac : 40 textes. Je voudrais remettre en perspective avec le nombre d'heures d'enseignement.
J'ai retrouvé ma liste de bac : 40 textes. Je voudrais remettre en perspective avec le nombre d'heures d'enseignement.
- IphigénieProphète
Où l’on voit que certains IPR ne jouent pas un jeu très clair non plus...
L’EN continue d’être bouffée par les luttes idéologiques, qui ne sont pas que spirituelles, mais enjeux de postes et de pouvoirs...
Et les professeurs et les élèves dans tout ça...
L’EN continue d’être bouffée par les luttes idéologiques, qui ne sont pas que spirituelles, mais enjeux de postes et de pouvoirs...
Et les professeurs et les élèves dans tout ça...
- IphigénieProphète
Toujours pareil pour le nombre d’heures....il y avait les modules à la place de l’AP mais c'était tout autant le bazar...en fait non pas module mais soutien je pense....
- TangledingGrand Maître
L'inspecteur qui tient ce genre de discours devant moi, il reste à la porte de la salle le jour où il prétend venir m'inspecter.
_________________
"Never complain, just fight."
- Plutôt que de se battre pour des miettes et des contraintes:
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
Point et grille.
- minnieExpert
En même temps, il n'y a plus vraiment d'inspections non plus...
- MehitabelVénérable
minnie a écrit:Juste une dernière question : est-ce que quelqu'un sait combien d'heures de français avait un élève de 1ere L en 1996/97?
J'ai retrouvé ma liste de bac : 40 textes. Je voudrais remettre en perspective avec le nombre d'heures d'enseignement.
Si je m'en tiens à mon carnet de correspondance, j'avais 6h en classe entière + une heure en demi-groupe, mais je n'étais pas en France, j'avais peut-être plus ?
- IphigénieProphète
Je n’ai pas retrouvé pour ces années-là( c’etaient les années Bayrou si je ne me trompe, retoquées en 98 par Allègre, retoquées en2000 par Viala...etc etc( droite gauche droite gauche)...
En 83, par contre, j’ai le texte dans un bouquin, c'étaient 5 h en tout cas.
En 83, par contre, j’ai le texte dans un bouquin, c'étaient 5 h en tout cas.
- Hermione0908Modérateur
Pour ma part, en sus des interrogations posées par les uns et les autres ici, je pense au pauvre TZR/contractuel qui arrivera le 15 janvier après deux mois en collège et un premier trimestre dans un autre lycée et qui devra se coller à une progression en cours de route. C'était certes déjà le cas avant, mais là, c'est encore pire.
Mais comme m'a répondu un jour un IPR avec un grand sourire légèrement narquois lors d'une grand-messe (pour poursuivre sur les bons mots relatés plus hauts) : "Oh mais nous savons que vous les TZR, vous plâtrez admirablement bien !"
Mais comme m'a répondu un jour un IPR avec un grand sourire légèrement narquois lors d'une grand-messe (pour poursuivre sur les bons mots relatés plus hauts) : "Oh mais nous savons que vous les TZR, vous plâtrez admirablement bien !"
_________________
Certaines rubriques de Neoprofs.org sont en accès restreint.
Pour en savoir plus, c'est par ici : https://www.neoprofs.org/t48247-topics-en-acces-restreint-forum-accessible-uniquement-sur-demande-edition-2021
- EstherkhNiveau 1
Bonjour,
Que penser de cette phrase dans l'introduction de la note de service : "applicable à compter de la session 2021 du baccalauréat pour l'épreuve terminale anticipée obligatoire de français" ? Peut-on espérer un report d'un an pour les programmes de 1e ?
Que penser de cette phrase dans l'introduction de la note de service : "applicable à compter de la session 2021 du baccalauréat pour l'épreuve terminale anticipée obligatoire de français" ? Peut-on espérer un report d'un an pour les programmes de 1e ?
_________________
Estherkh
- nitescenceÉrudit
L'EAF de 2020 correspond à la session 2021 du bac puisque c'est une épreuve anticipée
_________________
Mordre. Mordre d'abord. Mordre ensuite. Mordre en souriant et sourire en mordant. (avec l'aimable autorisation de Cripure, notre dieu à tous)
- EstherkhNiveau 1
Merci pour votre réponse.
_________________
Estherkh
- LédisséEsprit sacré
Mais quel homme charmantHermione0908 a écrit:Pour ma part, en sus des interrogations posées par les uns et les autres ici, je pense au pauvre TZR/contractuel qui arrivera le 15 janvier après deux mois en collège et un premier trimestre dans un autre lycée et qui devra se coller à une progression en cours de route. C'était certes déjà le cas avant, mais là, c'est encore pire.
Mais comme m'a répondu un jour un IPR avec un grand sourire légèrement narquois lors d'une grand-messe (pour poursuivre sur les bons mots relatés plus hauts) : "Oh mais nous savons que vous les TZR, vous plâtrez admirablement bien !"
_________________
Life is what happens to you while you're making other plans. John Lennon
Life is not governed by will or intention. Life is a question of nerves, and fibres, and slowly built-up cells in which thought hides itself and passion has its dreams. Oscar Wilde
Bien que femme, je me suis permis_ / demandé_ / rendu_ compte / fait_ désirer... etc._
- VivivavaNiveau 10
Hermione0908 a écrit:Pour ma part, en sus des interrogations posées par les uns et les autres ici, je pense au pauvre TZR/contractuel qui arrivera le 15 janvier après deux mois en collège et un premier trimestre dans un autre lycée et qui devra se coller à une progression en cours de route. C'était certes déjà le cas avant, mais là, c'est encore pire.
Mais comme m'a répondu un jour un IPR avec un grand sourire légèrement narquois lors d'une grand-messe (pour poursuivre sur les bons mots relatés plus hauts) : "Oh mais nous savons que vous les TZR, vous plâtrez admirablement bien !"
C'est sûr que c'est un programme qui fait comme si les collègues étaient toutes et tous titulaires de leur poste, depuis plusieurs années, et connaissaient avant l'été leurs classes et leurs élèves pour savoir quelle œuvre passerait le mieux, car nous n'aurons pas le temps, lors de notre préparation, de nous pencher longuement sur chacune des œuvres pour imaginer comment les transmettre, et choisirons donc celles que nous connaissons déjà bien, qui ne demandent pas trop de contextualisation et qu'il nous semble que nos élèves pourraient lire - c'est peut-être pour cela que Yourcenar sera peu choisie, et pas parce que son roman semblerait moins intéressant qu'un autre.
Les TZR de lettres risquent d'autant plus d'être considérés comme des "plâtriers", qu'on peut faire appel à eux dans des conditions encore plus difficiles ; car, comme Tangleding le disait, il y a dans cette liste d'œuvres et de parcours imposés un moyen de remplacer rapidement un professeur en interne, sans faire appel à des TZR : "X est malade, donnez donc vos cours à ses élèves puisque le programme est à peu près le même pour tous". Que nous n'ayons pas travaillé sur exactement la même œuvre risque d'être considéré comme un détail négligeable.
S'il est vrai que les concepteurs d'un programme n'ont pas à tenir compte du "vivier" effectif de professeurs pour l'établir, quand ils sont hors-sol à ce point en oubliant les TZR, les "pompiers de service", les personnels contractuels, les stagiaires, les néo-titulaires... en faisant mine de ne pas savoir que les horaires ont baissé, en particulier pour la voie technologique, et que nous avons toutes et tous plusieurs niveaux, beaucoup d'élèves, possiblement des heures supplémentaires obligatoires, c'est à se demander si ces concepteurs ne veulent pas tuer "leurs collègues" à la peine.
D'une certaine manière, je comprends que des inspections sur le terrain nous disent de ne pas nous rendre malades (je l'ai entendu aussi) : elles ont la trouille que nous ne tenions pas le choc. Elles devinent que le risque majeur est le burn out, quand on a à cœur de bien faire son travail en fonction de valeurs fortes, mais que les injonctions reçues sont si difficiles à tenir (voire contredisent tellement ces valeurs) qu'on ne peut que mal y répondre.
- IphigénieProphète
Pour les Tzr c’est effectivement leur situation de « bombardés » à l’aveugle à n’importe quel niveau qui est inconfortable, mais pour le coup ils sauront le programme des œuvres à l’avance: je ne vous pas en quoi c’est pire que d’arriver impromptu au milieu d’une séquence conçue par un professeur au lieu d’être imposée d’en haut?
- Cléopatra2Guide spirituel
EAF 98, nous avions des oeuvres imposées, déjà plus des regroupements de texte. Pour le nombre d'heures, c'était au moins 4 heures classe entière plus 1h dédoublée par semaine. Donc au moins 5 heures.
- minnieExpert
Sur ma liste, il y a des œuvres/textes imposés qui cohabitent avec un "programme libre"
Mon adjointe me rappelait récemment que lorsqu'elle a commencé, son programme était limité à une période historique par niveau....
Mon adjointe me rappelait récemment que lorsqu'elle a commencé, son programme était limité à une période historique par niveau....
- PatrimonioNiveau 2
Bonjour !
Je reviens dans cette conversation, après avoir été échaudé, pour ne pas dire meurtri, par la réaction de certains collègues lorsque j'ai évoqué mon effroi devant le fait de devoir lire (ou plus souvent relire) les douze œuvres au programme pour pouvoir envisager de corriger toutes les dissertations et faire passer les oraux. "Je trouve choquant", m'a-t-on répondu, "qu'un prof de français puisse renâcler devant la nécessité de lire 12 œuvres en une année." Heureusement d'autres collègues ont pris le relais pour expliciter les mêmes réserves que moi ; notamment au nom du droit à choisir les lectures qui enrichiront la culture de chacun, et de l'égalité de traitement des fonctionnaires, les collègues des autres disciplines n'étant pas accablés d'autant de contraintes que nous, professeurs de lettres.
Je mets ce procès d'intention qui m'a été fait sur le compte de ce que j'appelle le "Complexe de Trissotin", fléau touchant particulièrement les professeurs de notre discipline, et qui consiste à se rassurer sur son propre niveau de compétence en pensant que les autres sont moins bons, font mal leur boulot. Plusieurs posts me semblent en montrer les symptômes. Comme le disait Tingleding dans une précédente contribution, le pire ennemi des profs, ce n'est pas l'Institution, ce sont les profs eux-mêmes. En ce moment, par exemple, dans mon lycée, les collègues ont observé que les parents d'élèves les plus hargneux, ceux qui écrivent directement aux Inspecteurs sans même avoir un mot d'explication avec le professeur concerné, ce sont des profs, particulièrement (cette année au moins) du primaire, mais pas que. Une de mes collègues de Lettres en a fait les frais.
Bref, une semaine après, j'ai l'impression qu'un certain consensus s'est dégagé, à part peut-être sur la question de la liberté pédagogique, mais même à ce sujet, les positions semblent moins tranchées :
- tout dans cette réforme n'est pas à jeter. L'ancienne écriture d'invention, dont la motivation était plutôt louable (mettre les élèves en situation d'écriture, et pas seulement de lecteur, d'analyste) disparaît : tant mieux. Elle donnait quand même des productions d'un niveau généralement inférieur aux autres travaux d'écriture, et pourtant il fallait aboutir à la même moyenne académique qu'eux. Par ailleurs, concernant la dissertation, on commençait à tourner en rond au niveau des sujets, et l'inculture galopante des élèves faisait qu'à part les textes du corpus et sauf dans les bonnes copies, peu de références personnelles ou même croisées en cours pendant l'année étaient investies dans la démonstration. Faire travailler sur œuvre peut atténuer ce genre de problèmes. Enfin, je reconnais que certains descriptifs présentaient des œuvres dont on peut douter qu'elles traverseront même les décennies prochaines.
- mais ce qui effarouche une majorité de collègues, c'est la charge de travail qu'induira le renouvellement des programmes sur tout notre service de professeur de Lettres (à part celui destiné aux derniers élèves survivants de Terminale L, qui en général ne sont de "happy few" que sur le plan numérique et non qualitatif). Et n'oublions pas l'enseignement de spécialité "Humanités" qui nécessitera, outre la préparation de cours inédits, des heures de concertation avec le collègue de philosophie non rémunérées ! J'ai entendu la voix de plusieurs collègues épuisés, réclamant un tout petit peu de temps, pour souffler, pour lire et faire des choses qu'ils aiment ;
- par ailleurs, il y a de réelles "usines à gaz" : l'oral découpé en 5 temps (l'E. N. nous fournira-t-elle le chronomètre ?) ; l'évaluation, et le calcul des coefficients pour le bac ... A savoir : il existe désormais des "Ingénieurs en pédagogie", diplômés des sciences de l'éducation ; des créatures mérieusiennes qui n'ont jamais vu un élève de leur vie (sauf en dissection dans un laboratoire clandestin ?) et qui modélisent leurs élucubrations à partir de statistiques et de recherches en neurosciences plus ou moins incontestables. Il faut vraiment que de telles complexités inutiles et improductives sortent du cerveau de ce genre de fumistes ; mais c'est regrettable que nous soyons dépossédés de la maitrise de notre enseignement par ces gens-là, alors que c'est nous, professeurs, qui détenons la véritable expertise, compte-tenu de notre niveau de qualification et de notre expérience.
- en outre, le recentrement des programmes sur les œuvres (assez légitime, d'après plusieurs collègues, et je les rejoins), paraît assez illusoire, et risque de nous décrédibiliser (davantage). En effet, j'ai des élèves en seconde qui demande sur le compte Snapchat de leur classe s'il existe sur internet un bon résumé de Sarrasine de Balzac, en cas de contrôle de lecture. Sarrasine ! Ça fait 40 pages ! Comment, dans ces conditions, parviendra-t-on à leur faire lire La Princesse de Clèves, les Lettres persanes, les quatre premiers livres des Contemplations, ...? On aura beau les menacer, lorsque la fournée suivante apprendra que leur prédécesseurs ont eu la moyenne en dissert et à l'oral sans avoir lu les œuvres (ni même, comme tu le dis, "Iphigénie", des ouvrages parascolaires sur elles), on aura l'air fin !
J'ai dû oublier des choses ; mais concrètement, on fait quoi pour ne pas tomber comme des mouches l'an prochain ? Avec des collègues, on a décidé de mutualiser nos préparations, avec un cahier des charges assez précis pour que les séquences des collègues soient immédiatement utilisables sans trop d'adaptations, et ne servent pas à briller devant les autres par des divagations pédagogiques inapplicables (le complexe de Trissotin, encore et toujours ...).
Et, en dépit des consignes officielle, dans une démarche de résistance assumée, nous nous en tiendrons à 20 textes. Le doyen de l'Inspection générale nous a dit que nous nous épuisions déjà à courir derrière les 20 textes qui constituaient la moyenne des descriptifs de 1 ES ou S. Il est hors de question qu'on en fasse désormais 4 de plus ! Cet intolérable et déloyal surcroît de boulot est la marque de fabrique de la macronie, apparemment, cf. l'allocution présidentielle au terme du Grand Débat : "Je vous ai compris, gilets jaunes : désormais il faudra travailler plus longtemps !"
Bon, mon message est trop long ; désolé. Mais un professeur de Français, c'est habitué à lire de longues choses, n'est-ce pas ?
- Oui, quand c'est intéressant ...
- (Arf ...)
Bonne journée à vous ! (Bonnes corrections de copie ...)
Je reviens dans cette conversation, après avoir été échaudé, pour ne pas dire meurtri, par la réaction de certains collègues lorsque j'ai évoqué mon effroi devant le fait de devoir lire (ou plus souvent relire) les douze œuvres au programme pour pouvoir envisager de corriger toutes les dissertations et faire passer les oraux. "Je trouve choquant", m'a-t-on répondu, "qu'un prof de français puisse renâcler devant la nécessité de lire 12 œuvres en une année." Heureusement d'autres collègues ont pris le relais pour expliciter les mêmes réserves que moi ; notamment au nom du droit à choisir les lectures qui enrichiront la culture de chacun, et de l'égalité de traitement des fonctionnaires, les collègues des autres disciplines n'étant pas accablés d'autant de contraintes que nous, professeurs de lettres.
Je mets ce procès d'intention qui m'a été fait sur le compte de ce que j'appelle le "Complexe de Trissotin", fléau touchant particulièrement les professeurs de notre discipline, et qui consiste à se rassurer sur son propre niveau de compétence en pensant que les autres sont moins bons, font mal leur boulot. Plusieurs posts me semblent en montrer les symptômes. Comme le disait Tingleding dans une précédente contribution, le pire ennemi des profs, ce n'est pas l'Institution, ce sont les profs eux-mêmes. En ce moment, par exemple, dans mon lycée, les collègues ont observé que les parents d'élèves les plus hargneux, ceux qui écrivent directement aux Inspecteurs sans même avoir un mot d'explication avec le professeur concerné, ce sont des profs, particulièrement (cette année au moins) du primaire, mais pas que. Une de mes collègues de Lettres en a fait les frais.
Bref, une semaine après, j'ai l'impression qu'un certain consensus s'est dégagé, à part peut-être sur la question de la liberté pédagogique, mais même à ce sujet, les positions semblent moins tranchées :
- tout dans cette réforme n'est pas à jeter. L'ancienne écriture d'invention, dont la motivation était plutôt louable (mettre les élèves en situation d'écriture, et pas seulement de lecteur, d'analyste) disparaît : tant mieux. Elle donnait quand même des productions d'un niveau généralement inférieur aux autres travaux d'écriture, et pourtant il fallait aboutir à la même moyenne académique qu'eux. Par ailleurs, concernant la dissertation, on commençait à tourner en rond au niveau des sujets, et l'inculture galopante des élèves faisait qu'à part les textes du corpus et sauf dans les bonnes copies, peu de références personnelles ou même croisées en cours pendant l'année étaient investies dans la démonstration. Faire travailler sur œuvre peut atténuer ce genre de problèmes. Enfin, je reconnais que certains descriptifs présentaient des œuvres dont on peut douter qu'elles traverseront même les décennies prochaines.
- mais ce qui effarouche une majorité de collègues, c'est la charge de travail qu'induira le renouvellement des programmes sur tout notre service de professeur de Lettres (à part celui destiné aux derniers élèves survivants de Terminale L, qui en général ne sont de "happy few" que sur le plan numérique et non qualitatif). Et n'oublions pas l'enseignement de spécialité "Humanités" qui nécessitera, outre la préparation de cours inédits, des heures de concertation avec le collègue de philosophie non rémunérées ! J'ai entendu la voix de plusieurs collègues épuisés, réclamant un tout petit peu de temps, pour souffler, pour lire et faire des choses qu'ils aiment ;
- par ailleurs, il y a de réelles "usines à gaz" : l'oral découpé en 5 temps (l'E. N. nous fournira-t-elle le chronomètre ?) ; l'évaluation, et le calcul des coefficients pour le bac ... A savoir : il existe désormais des "Ingénieurs en pédagogie", diplômés des sciences de l'éducation ; des créatures mérieusiennes qui n'ont jamais vu un élève de leur vie (sauf en dissection dans un laboratoire clandestin ?) et qui modélisent leurs élucubrations à partir de statistiques et de recherches en neurosciences plus ou moins incontestables. Il faut vraiment que de telles complexités inutiles et improductives sortent du cerveau de ce genre de fumistes ; mais c'est regrettable que nous soyons dépossédés de la maitrise de notre enseignement par ces gens-là, alors que c'est nous, professeurs, qui détenons la véritable expertise, compte-tenu de notre niveau de qualification et de notre expérience.
- en outre, le recentrement des programmes sur les œuvres (assez légitime, d'après plusieurs collègues, et je les rejoins), paraît assez illusoire, et risque de nous décrédibiliser (davantage). En effet, j'ai des élèves en seconde qui demande sur le compte Snapchat de leur classe s'il existe sur internet un bon résumé de Sarrasine de Balzac, en cas de contrôle de lecture. Sarrasine ! Ça fait 40 pages ! Comment, dans ces conditions, parviendra-t-on à leur faire lire La Princesse de Clèves, les Lettres persanes, les quatre premiers livres des Contemplations, ...? On aura beau les menacer, lorsque la fournée suivante apprendra que leur prédécesseurs ont eu la moyenne en dissert et à l'oral sans avoir lu les œuvres (ni même, comme tu le dis, "Iphigénie", des ouvrages parascolaires sur elles), on aura l'air fin !
J'ai dû oublier des choses ; mais concrètement, on fait quoi pour ne pas tomber comme des mouches l'an prochain ? Avec des collègues, on a décidé de mutualiser nos préparations, avec un cahier des charges assez précis pour que les séquences des collègues soient immédiatement utilisables sans trop d'adaptations, et ne servent pas à briller devant les autres par des divagations pédagogiques inapplicables (le complexe de Trissotin, encore et toujours ...).
Et, en dépit des consignes officielle, dans une démarche de résistance assumée, nous nous en tiendrons à 20 textes. Le doyen de l'Inspection générale nous a dit que nous nous épuisions déjà à courir derrière les 20 textes qui constituaient la moyenne des descriptifs de 1 ES ou S. Il est hors de question qu'on en fasse désormais 4 de plus ! Cet intolérable et déloyal surcroît de boulot est la marque de fabrique de la macronie, apparemment, cf. l'allocution présidentielle au terme du Grand Débat : "Je vous ai compris, gilets jaunes : désormais il faudra travailler plus longtemps !"
Bon, mon message est trop long ; désolé. Mais un professeur de Français, c'est habitué à lire de longues choses, n'est-ce pas ?
- Oui, quand c'est intéressant ...
- (Arf ...)
Bonne journée à vous ! (Bonnes corrections de copie ...)
- mrlNiveau 10
C'est super intéressant !Patrimonio a écrit: Avec des collègues, on a décidé de mutualiser nos préparations, avec un cahier des charges assez précis pour que les séquences des collègues soient immédiatement utilisables sans trop d'adaptations, et ne servent pas à briller devant les autres par des divagations pédagogiques inapplicables (le complexe de Trissotin, encore et toujours ...).
Est-ce possible de voir à quoi ressemble ce cahier des charges ?
Patrimonio a écrit:Et, en dépit des consignes officielle, dans une démarche de résistance assumée, nous nous en tiendrons à 20 textes.
Encore une bonne idée ! Je vais essayer de convaincre les collègues.
- KilmenyEmpereur
Je ne comprends pas : en série technologique, l'essai porte sur l'oeuvre et son parcours. Quelle est la différence avec la dissertation de la série générale ? L'essai de techno serait donc une sorte de dissertation mais comme les élèves de techno peinent à réaliser une belle dissertation selon les formes canoniques, le terme d'essai permettrait de mettre une bonne note à une dissertation maladroitement réalisée sans introduction-développement- conclusion suivant les règles de l'art dissertatif ?
_________________
Un petit clic pour les animaux : http://www.clicanimaux.com/catalog/accueil.php?sites_id=1
- IllianeExpert
Pour ma part, j'ai tendance à penser qu'il s'agit vraiment d'un essai, ou d'un "sujet de réflexion" autour du thème abordé par l'oeuvre et le parcours associé ; mais, rassure-toi, quoi qu'il en soit la bienveillance sera de mise !
- OrlandaFidèle du forum
Dans notre lycée, les collègues de lettres sont très remontés. Nous avons décidé d'écrire une lettre collective à l'Inspection. La charge de travail et l'alourdissement de nos services en seront les motifs principaux. Nous craignons également un des effets pervers de ces modifications: la trop forte incitation à mutualiser nos préparations, ne serait-ce qu'en vue des épreuves de bac blanc. Or, nous ne le voulons vraiment pas.
A vrai dire, je ne suis pas certaine que j'y gagnerais du temps, car cela m'obligerait à taper et mettre en forme des cours qui reposaient jusque là sur ma très bonne connaissance des textes que je donnais à étudier et une improvisation bien gérée.
A vrai dire, je ne suis pas certaine que j'y gagnerais du temps, car cela m'obligerait à taper et mettre en forme des cours qui reposaient jusque là sur ma très bonne connaissance des textes que je donnais à étudier et une improvisation bien gérée.
_________________
"Nous vivons à une époque où l'ignorance n'a plus honte d'elle-même". Robert Musil
- IllianeExpert
Par ailleurs, cette mutualisation pourrait avoir un effet pervers caché : "bon, ben puisqu'y en a qui font les cours, on peut mettre à côté plein de contractuels qui ne connaissent absolument rien aux lettres !". Et en ce qui me concerne, la mutualisation est difficilement envisageable vu que je suis TZR, et j'aurais du mal à faire devant mes élèves le cours d'autrui : il n'est pas forcément facile de se l'approprier et j'aime un peu trop mon indépendance pour ça... Après, je comprends tout à fait ceux qui entreprennent cette démarche, ce sera peut-être le seul moyen de survivre...
- TivinouDoyen
Dans mon lycée, nous ne mutualisons pas. Question de caractère je suppose...
Cela s'annonce lourd à gérer.
Cela s'annonce lourd à gérer.
- OlympiasProphète
Depuis vingt ans, de renoncement en renoncement, de plus en plus nombreux sont nos élèves qui ne savent pas faire des exercices pourtant essentiels.Iphigénie a écrit:oui, vos souvenirs d'élèves sont sûrement plus sûrs que mes souvenirs de professeur, je parlais à la louche : le résumé en BTS a persisté longtemps après son abandon au bac( ce qui était un peu...absurde pour les BTS) disons que cela s'est fait pour lycée puis BTS entre 1995 et 2005-6, années des réformes et innovations innovantes...Audrey a écrit:Iphigénie a écrit:L’exercice a été supprimé pour les bts il y a une vingtaine d’années et du bac une trentaine......parce que trop dur...il suppose maîtrise de la syntaxe, du vocabulaire et du raisonnement, fastoche...
Je suppose qu’il existe encore pour les concours d’ingénieurs?
J'avais l'épreuve du résumé à l'écrit pour mon bac, en 1993, et je ne l'ai pas passé il y a 30 ans... même si je m'en approche... ;-)
J'ai toujours aimé cet exercice, je trouvais ça très concret et intéressant!
J'aime beaucoup cet exercice, mais il est difficile: il repose vraiment sur la compréhension du raisonnement (sans parler de la formulation....). Bref, tout ce qui correspond aux séries techno... Mais ça leur sera certainement utile...On y a renoncé par abandon devant les difficultés à surmonter, faut bien le dire...
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum