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- AnaxagoreGuide spirituel
Ton conditionnel est très optimiste Iphigénie.
- SphinxProphète
*Ombre* a écrit:ThomCarver a écrit:
Et puis à un moment donné, il faut aussi les entraîner à aiguiser leur regard car ils auront une image à analyser au brevet en lien avec un texte, ne l'oublions pas.
C'est quelque chose que l'on peut dénoncer, au lieu de se jeter sur le cache-misère inventé par l'EN. Car il s'agit bien, comme le dit Sylvain, d'un cache-misère. C'est d'ailleurs ce qui transparaît dans les discours sur ce fil : les élèves n'arrivent pas à parler du texte, alors parlons d'autre chose, pourvu qu'ils parlent...
Ce que je n'oublie pas non plus, c'est que les élèves auront à l'examen - au brevet et après, et aussi dans la vie - à lire, analyser, comprendre un texte, et à écrire, et que leurs difficultés dans ces domaines, qui, contrairement à l'analyse d'image, relèvent pleinement de mes compétences, sont colossales.
J'ai récemment dit à mes 3e qu'ils auraient une image à "analyser" au brevet blanc comme au vrai brevet ; que je leur présentais mes excuses si on n'en avait quasiment pas fait en classe (une ou deux fois depuis le début de l'année je crois), mais que, comme ils pouvaient le voir sur le sujet de l'an dernier que je leur ai distribué en septembre, l'"analyse d'image" au brevet se borne généralement à savoir dire ce qu'il y a sur l'image et voir s'il y a un rapport avec le texte, et donc on n'allait pas perdre de temps avec ça. Ils ont hoché la tête.
Analyser une image c'est analyser le style, la composition, les couleurs, matériaux, mais aussi replacer l'oeuvre dans son contexte. Au brevet ils ont une photo moche en noir et blanc d'une oeuvre généralement d'un illustre inconnu, avec deux questions et demi. Je n'appelle pas ça de l'analyse même niveau collège.
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An education was a bit like a communicable sexual disease. It made you unsuitable for a lot of jobs and then you had the urge to pass it on. - Terry Pratchett, Hogfather
"- Alors, Obélix, l'Helvétie c'est comment ? - Plat."
- IphigénieProphète
C'est vrai qu'on a déjà vu avec profit que l'orthographe n'avait plus besoin de dictées ni d'enseignement spécifique, puisqu'elle s'apprenait dans toutes les disciplines, et avec le vivre-ensemble : on en voit tous les jours l'heureuse efficacité.Anaxagore a écrit:Ton conditionnel est très optimiste Iphigénie.
- MathadorEmpereur
*Ombre* a écrit:Par ailleurs, je reste convaincue qu'un élève parvenu à une maîtrise solide de sa langue et à une modeste culture est bien mieux armé pour réfléchir, analyser, dans tous les domaines, que ce soit l'image, la sécurité, l'information, l'hygiène, la santé, le complotisme, qu'avec toutes les éducations à (la santé, la citoyenneté, l'image, les médias...), lesquelles ne sont devenues nécessaires que parce qu'on a renoncé à enseigner correctement l'essentiel. L'étude de l'image n'échappe pas à cette règle. Tous ces cache-misère ne se substitueront jamais à une vraie capacité à lire, comprendre, mettre en forme sa pensée dans l'écriture, mais ils ont pour vertu de leurrer les élèves, et parfois les enseignants.
Ce discours peut également s'appliquer aux mathématiques, la calculatrice jouant (de plus en plus, au fur et à mesure de l'évolution des programmes) le rôle de cache-misère.
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"There are three kinds of lies: lies, damned lies, and statistics." (cité par Mark Twain)
« Vulnerasti cor meum, soror mea, sponsa; vulnerasti cor meum in uno oculorum tuorum, et in uno crine colli tui.
Quam pulchrae sunt mammae tuae, soror mea sponsa! pulchriora sunt ubera tua vino, et odor unguentorum tuorum super omnia aromata. » (Canticum Canticorum 4:9-10)
- AudreyOracle
Les enseignants de Lettres sont tellement en mesure de travailler sur l'analyse filmique qu'il y a deux ans, ou trois, je ne sais plus, on a vu fleurir dans le corrigé (académique je crois, mais sans certitude) du brevet un "son OF", au lieu de OFF, pour répondre à la question demandant à l'élève d'imaginer une mise en scène de l'extrait littéraire présenté par le sujet. Dans la salle de réunion du matin, j'ai été la seule à pointer la boulette: cerains n'avaient sincèrement pas remarqué, par inattention, mais nombreux ont été ceux qui m'ont dit "Ah bon?", "Bah, c'est pas grave...", "Ben non, c'est juste...c'est de l'anglais!" et autres remarques sidérantes du genre. Pire, j'ai même vu des collègues me regarder comme si je me la pétais. Ouaip. Simplement parce j'ai fait preuve de rigueur technique.
Alors le "tout le monde peut travailler le cinéma avec les élèves tant qu'il s'agit de faire basique et de parler de ce qu'on ressent", non. D'abord parce que ce genre de question, "imaginez une mise en scène de cinéma", tombe au brevet, et que si ça tombe, il faut que l'élève soit réellement en mesure de répondre, et pas avec de l'à-peu-près. Ensuite, parce que je trouve ça choquant de voir que nombreux sont les enseignants qui ne possèdent même pas les rudiments du lexique cinématographique, parce que oui, "son off", ça fait partie des bases. D'ailleurs, au passage, quand je vois certaines analyses filmiques faites par des collègues dans leurs séquences mises en ligne, la plupart du temps, on y voit seulement une étude des cadrages, des mouvements de caméra, des éclairages et couleurs. Le montage, la bande son, zou, à la trappe. Alors que le montage, c'est vraiment essentiel dans une analyse filmique. Souvent, finalement, les collègues étudient un film comme ils étudieraient un tableau, en rajoutant le fait que la caméra bouge, quand même, des fois. Ben c'est triste. Pire, ça met des horreurs dans la tête des élèves, ferme leur horizon en matière de cinéma. Mais je vais arrêter là, je pourrais parler des heures de cinéma... ;-)
Alors le "tout le monde peut travailler le cinéma avec les élèves tant qu'il s'agit de faire basique et de parler de ce qu'on ressent", non. D'abord parce que ce genre de question, "imaginez une mise en scène de cinéma", tombe au brevet, et que si ça tombe, il faut que l'élève soit réellement en mesure de répondre, et pas avec de l'à-peu-près. Ensuite, parce que je trouve ça choquant de voir que nombreux sont les enseignants qui ne possèdent même pas les rudiments du lexique cinématographique, parce que oui, "son off", ça fait partie des bases. D'ailleurs, au passage, quand je vois certaines analyses filmiques faites par des collègues dans leurs séquences mises en ligne, la plupart du temps, on y voit seulement une étude des cadrages, des mouvements de caméra, des éclairages et couleurs. Le montage, la bande son, zou, à la trappe. Alors que le montage, c'est vraiment essentiel dans une analyse filmique. Souvent, finalement, les collègues étudient un film comme ils étudieraient un tableau, en rajoutant le fait que la caméra bouge, quand même, des fois. Ben c'est triste. Pire, ça met des horreurs dans la tête des élèves, ferme leur horizon en matière de cinéma. Mais je vais arrêter là, je pourrais parler des heures de cinéma... ;-)
- Sylvain de Saint-SylvainGrand sage
Ah, ça me rappelle les exposés de HDA dont j'avais été le jury, une année.
- LefterisEsprit sacré
Il y a quand même des cours, et assez poussés, à l'agreg interne de lettres (pas ce que je préférais d'ailleurs pour être honnête, et l'une des raisons pour lesquelles j'ai changé mon fusil d'épaule, fin du HS) .Il y a quand même des collègues qui ne font pas toutes ces boulettes, outre ceux qui par goût ou formation sont déjà cinéphiles et connaisseurs. Le problème majeur est quand même que vu le niveau global des élèves en français et la fonte des heures, bien trop de temps est perdu avec tout ça.Audrey a écrit:Les enseignants de Lettres sont tellement en mesure de travailler sur l'analyse filmique qu'il y a deux ans, ou trois, je ne sais plus, on a vu fleurir dans le corrigé (académique je crois, mais sans certitude) du brevet un "son OF", au lieu de OFF, pour répondre à la question demandant à l'élève d'imaginer une mise en scène de l'extrait littéraire présenté par le sujet. Dans la salle de réunion du matin, j'ai été la seule à pointer la boulette: cerains n'avaient sincèrement pas remarqué, par inattention, mais nombreux ont été ceux qui m'ont dit "Ah bon?", "Bah, c'est pas grave...", "Ben non, c'est juste...c'est de l'anglais!" et autres remarques sidérantes du genre. Pire, j'ai même vu des collègues me regarder comme si je me la pétais. Ouaip. Simplement parce j'ai fait preuve de rigueur technique.
Alors le "tout le monde peut travailler le cinéma avec les élèves tant qu'il s'agit de faire basique et de parler de ce qu'on ressent", non. D'abord parce que ce genre de question, "imaginez une mise en scène de cinéma", tombe au brevet, et que si ça tombe, il faut que l'élève soit réellement en mesure de répondre, et pas avec de l'à-peu-près. Ensuite, parce que je trouve ça choquant de voir que nombreux sont les enseignants qui ne possèdent même pas les rudiments du lexique cinématographique, parce que oui, "son off", ça fait partie des bases. D'ailleurs, au passage, quand je vois certaines analyses filmiques faites par des collègues dans leurs séquences mises en ligne, la plupart du temps, on y voit seulement une étude des cadrages, des mouvements de caméra, des éclairages et couleurs. Le montage, la bande son, zou, à la trappe. Alors que le montage, c'est vraiment essentiel dans une analyse filmique. Souvent, finalement, les collègues étudient un film comme ils étudieraient un tableau, en rajoutant le fait que la caméra bouge, quand même, des fois. Ben c'est triste. Pire, ça met des horreurs dans la tête des élèves, ferme leur horizon en matière de cinéma. Mais je vais arrêter là, je pourrais parler des heures de cinéma... ;-)
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- *Ombre*Grand sage
Et puis, c'est quoi, notre matière ? Un très bon ami à moi est prof d'analyse filmique. J'ai tout de même l'impression que nous ne faisons pas le même métier, pour la bonne raison que nous n'avons pas les mêmes compétences. Et c'est très bien comme ça.
Personnellement, même si, dans ma vie privée, le cinéma m'intéresse, je n'ai pas envie qu'on me forme à l'enseigner, mais juste qu'on me laisse enseigner ma matière dans le peu de temps qu'il me reste pour cela. Parce que je crois encore que c'est important pour les élèves.
Et si on juge que l'analyse filmique devient indispensable, on crée une matière, on donne les heures, et on embauche mon ami. Mais chacun son taf, si on veut le faire bien.
Personnellement, même si, dans ma vie privée, le cinéma m'intéresse, je n'ai pas envie qu'on me forme à l'enseigner, mais juste qu'on me laisse enseigner ma matière dans le peu de temps qu'il me reste pour cela. Parce que je crois encore que c'est important pour les élèves.
Et si on juge que l'analyse filmique devient indispensable, on crée une matière, on donne les heures, et on embauche mon ami. Mais chacun son taf, si on veut le faire bien.
- LefterisEsprit sacré
Le fait que ça soit une épreuve de leçon de l'agreg de lettres, au détriment de matières fondamentales (une seule langue ancienne à l'écrit en LC, pas d'AF ou de latin en LM) indique que tu n'es pas dans le sens du vent.*Ombre* a écrit:Et puis, c'est quoi, notre matière ? Un très bon ami à moi est prof d'analyse filmique. J'ai tout de même l'impression que nous ne faisons pas le même métier, pour la bonne raison que nous n'avons pas les mêmes compétences. Et c'est très bien comme ça.
Personnellement, même si, dans ma vie privée, le cinéma m'intéresse, je n'ai pas envie qu'on me forme à l'enseigner, mais juste qu'on me laisse enseigner ma matière dans le peu de temps qu'il me reste pour cela. Parce que je crois encore que c'est important pour les élèves.
Et si on juge que l'analyse filmique devient indispensable, on crée une matière, on donne les heures, et on embauche mon ami. Mais chacun son taf, si on veut le faire bien.
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"La réforme [...] c'est un ensemble de décrets qui s'emboîtent les uns dans les autres, qui ne prennent leur sens que quand on les voit tous ensemble"(F. Robine , expliquant sans fard la stratégie du puzzle)
Gallica Musa mihi est, fateor, quod nupta marito. Pro domina colitur Musa latina mihi.
Δεν ελπίζω τίποτα, δεν φοβούμαι τίποτα, είμαι λεύτερος (Kazantzakis).
- *Ombre*Grand sage
Vider de leur sens les concours de recrutement en y remplaçant des matières disciplinaires réellement approfondies et maîtrisées par des contenus douteux (inclure aussi le bavardage sciencesdel'éduc et le catéchisme "agir en fonctionnaire"), c'est la suite logique d'un enseignement sinistré. Déjà qu'on peine à recruter : s'il fallait se contenter de professeurs qui maîtrisent leur discipline...
Autre avantage : ces enseignants mal formés, maîtrisant mal leur domaine mais ayant eux-mêmes l'impression d'avoir touché à tout, sans se préoccuper de savoir si c'était de façon suffisante, sont parfaitement réceptifs à ce discours sur les éducations à.
Aujourd'hui, il faut aux jeunes collègues une intelligence presque hors norme pour être capable de remettre en cause ce discours, tourner le dos à cette frénésie d'éparpillement et se concentrer avec exigence sur ce que l'on sait faire et peut (doit) bien faire. Le problème, c'est que ces jeunes collègues intelligents que je vois autour de moi ont une fâcheuse tendance à démissionner. Je ne leur jette pas la pierre, je ne les comprends que trop bien, mais cela ne laisse pas de m'inquiéter pour la suite.
Autre avantage : ces enseignants mal formés, maîtrisant mal leur domaine mais ayant eux-mêmes l'impression d'avoir touché à tout, sans se préoccuper de savoir si c'était de façon suffisante, sont parfaitement réceptifs à ce discours sur les éducations à.
Aujourd'hui, il faut aux jeunes collègues une intelligence presque hors norme pour être capable de remettre en cause ce discours, tourner le dos à cette frénésie d'éparpillement et se concentrer avec exigence sur ce que l'on sait faire et peut (doit) bien faire. Le problème, c'est que ces jeunes collègues intelligents que je vois autour de moi ont une fâcheuse tendance à démissionner. Je ne leur jette pas la pierre, je ne les comprends que trop bien, mais cela ne laisse pas de m'inquiéter pour la suite.
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