- *Ombre*Grand sage
nitescence a écrit:Pourtant un complément circonstanciel est supprimable et déplaçable, ce qui n'est pas le cas ici : *jusqu'à s'informer il poussa la curiosité. Ne faut-il pas plutôt y voir un complément essentiel, un complément du verbe ?
Non. Quand on se sera bien mis ça dans la tête, déjà, ça ira mieux. Cette règle est vraie sauf quand elle est fausse, c'est-à-dire très souvent, bref, elle ne sert à rien.
Je vais prendre un exemple plus simple.
Il réagit normalement.
Normalement, adverbe de manière, CC de manière. Mais essaie un peu de le déplacer.
Faire pipi dans les couloirs est strictement interdit.
Dans le couloir précise bien où il ne faut pas faire pipi (mais vous remarquerez que faire pipi tout court n'est pas interdit), c'est bien un CC de lieu de "faire pipi". Mais seul Maître Yoda dans les couloirs fait pipi.
- nitescenceÉrudit
Alors comment fait-on pour différencier complément circonstanciel et complément essentiel ?
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Mordre. Mordre d'abord. Mordre ensuite. Mordre en souriant et sourire en mordant. (avec l'aimable autorisation de Cripure, notre dieu à tous)
- *Ombre*Grand sage
On ne différencie pas. Pas avant la fac et le travail sur la valence, en tout cas. Jusque là, ça n'a aucun intérêt. Ce qu'un élève non spécialiste doit comprendre d'un complément, c'est s'il complète un nom un verbe, s'il exprime l'objet, le lieu, la manière, le temps, la cause... Pour toutes ces dernières catégories, la notion de complément circonstanciel (qui prend alors pleinement son sens) est opérante et suffisante.
- *Ombre*Grand sage
Iphigénie a écrit::lol:
Jolie démonstration !
J'aimais bien aussi l'exemple d'un collègue :
Le petit chat boit son lait dans son bol.
Chacun comprend bien que la précision du bol n'a rien ici d'essentiel. Mais il est impossible de déplacer le complément sans faire subir au chat bien des outrages.
- yranohHabitué du forum
Je crois (mais je ne connais pas trop cette notion de complément essentiel) qu'il faut plutôt opposer complément essentiel et complément non-essentiel, et que ton complément est, si on considère ces catégories, un complément essentiel de lieu, parce qu'il n'est pas vraiment supprimable et qu'il n'est pas déplaçable (par contre, il n'est pas pronominalisable, me semble-t-il).
Edit. Je regrette mon message. Je dois dire des bêtises.
Edit. Je regrette mon message. Je dois dire des bêtises.
- Fires of PompeiiGuide spirituel
J'aime bien l'exemple d'Ombre, "Faire pipi dans les couloirs est strictement interdit". Et si on déplace "strictement"... on ouvre la porte à pas mal de dérives : "Faire strictement pipi dans les couloirs est interdit"
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Je ne dirai qu'une chose : stulo plyme.
- *Ombre*Grand sage
Faire strictement pipi est interdit dans les couloirs.
- Fires of PompeiiGuide spirituel
M. Jourdain est là, quel farceur !
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Je ne dirai qu'une chose : stulo plyme.
- *Ombre*Grand sage
yranoh a écrit:Je crois (mais je ne connais pas trop cette notion de complément essentiel) qu'il faut plutôt opposer complément essentiel et complément non-essentiel, et que ton complément est, si on considère ces catégories, un complément essentiel de lieu, parce qu'il n'est pas vraiment supprimable et qu'il n'est pas déplaçable (par contre, il n'est pas pronominalisable, me semble-t-il).
Edit. Je regrette mon message. Je dois dire des bêtises.
Ne regrette rien. Ça fait des décennies qu'on nous martèle cette histoire de compléments essentiels, sans se demander quelle est sa pertinence dans le secondaire (a fortiori en primaire) : c'est normal que ça laisse des traces. En discuter ici permet tout simplement d'envisager les choses sous un autre angle.
- DhaiphiGrand sage
Fires of Pompeii a écrit: Et si on déplace "strictement"... on ouvre la porte à pas mal de dérives : "Faire strictement pipi dans les couloirs est interdit"
Sauf que l'on ne déplace pas à l'intérieur d'un groupe mais dans la phrase, me semble-t-il. "Faire pipi dans les couloirs" GS.
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De toutes les écoles que j’ai fréquentées, c’est l’école buissonnière qui m’a paru la meilleure.
[Anatole France]
J'aime les regretteurs d'hier qui voudraient changer le sens des rivières et retrouver dans la lumière la beauté d'Ava Gardner.
[Alain Souchon]
- IphigénieProphète
Bah pas vraiment : c’est faire pipi qui est interdit dans le couloir, ailleurs on a le droit.Dhaiphi a écrit:Fires of Pompeii a écrit: Et si on déplace "strictement"... on ouvre la porte à pas mal de dérives : "Faire strictement pipi dans les couloirs est interdit"
Sauf que l'on ne déplace pas à l'intérieur d'un groupe mais dans la phrase, me semble-t-il. "Faire pipi dans les couloirs" GS.
Cette notion de groupe est aussi une complication ici.
- SacapusHabitué du forum
Bonjour,nitescence a écrit:Pourtant un complément circonstanciel est supprimable et déplaçable, ce qui n'est pas le cas ici : *jusqu'à s'informer il poussa la curiosité. Ne faut-il pas plutôt y voir un complément essentiel, un complément du verbe ?
"Il poussa la voiture jusqu'au garage"
Je vous fais remarquer que dans cette phrase presque identique, le complément "jusqu'au garage" est clairement un circonstanciel de lieu, (pas de métaphore qui tienne), dont le déplacement marche lui aussi très mal.
*"jusqu'au garage il poussa la voiture".
- nitescenceÉrudit
*Ombre* a écrit:On ne différencie pas. Pas avant la fac et le travail sur la valence, en tout cas. Jusque là, ça n'a aucun intérêt. Ce qu'un élève non spécialiste doit comprendre d'un complément, c'est s'il complète un nom un verbe, s'il exprime l'objet, le lieu, la manière, le temps, la cause... Pour toutes ces dernières catégories, la notion de complément circonstanciel (qui prend alors pleinement son sens) est opérante et suffisante.
Ben manque de chance, maintenant on a une question de grammaire et cette phrase est extraite de l'ingénu. Donc concrètement je dis quoi aux élèves?
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Mordre. Mordre d'abord. Mordre ensuite. Mordre en souriant et sourire en mordant. (avec l'aimable autorisation de Cripure, notre dieu à tous)
- IphigénieProphète
Qu’on n’est pas à la fac?
Au lycée on devrait pouvoir faire juste remarquer aux élèves la différence entre
Je vais à Paris .
Et les touristes sont nombreux à Paris.
Tout au plus...
Au lycée on devrait pouvoir faire juste remarquer aux élèves la différence entre
Je vais à Paris .
Et les touristes sont nombreux à Paris.
Tout au plus...
- nitescenceÉrudit
Je dis : ça complète un verbe, ça indique un lieu (métaphorique) ?
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- *Ombre*Grand sage
nitescence a écrit:*Ombre* a écrit:On ne différencie pas. Pas avant la fac et le travail sur la valence, en tout cas. Jusque là, ça n'a aucun intérêt. Ce qu'un élève non spécialiste doit comprendre d'un complément, c'est s'il complète un nom un verbe, s'il exprime l'objet, le lieu, la manière, le temps, la cause... Pour toutes ces dernières catégories, la notion de complément circonstanciel (qui prend alors pleinement son sens) est opérante et suffisante.
Ben manque de chance, maintenant on a une question de grammaire et cette phrase est extraite de l'ingénu. Donc concrètement je dis quoi aux élèves?
Et pourquoi faudrait-il que la question porte justement sur ce cas un poil délicat ?
Cela dit, ce n'est pas non plus totalement insurmontable.
Jusqu'à..., c'est la réponse à jusqu'où ? Donc c'est l'expression du lieu. Si les élèves trouvent ça bizarre, passer par des expressions plus familières comme "Mais jusqu'où iront-ils ?" pour faire comprendre l'image. Et d'un point de vue syntaxique, complément circonstanciel.
- NLM76Grand Maître
"circonstanciel", il me semble que c'est une étiquette plus sémantique que syntaxique.
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- http://grip-editions.fr
Mon site : www.lettresclassiques.fr
«Boas ne renonça jamais à la question-clé : quelle est, du point de vue de l'information, la différence entre les procédés grammaticaux observés ? Il n'entendait pas accepter une théorie non sémantique de la structure grammaticale et toute allusion défaitiste à la prétendue obscurité de la notion de sens lui paraissait elle-même obscure et dépourvue de sens.» [Roman Jakobson, Essais de linguistique générale, "La notion de signification grammaticale selon Boas" (1959)]
- nitescenceÉrudit
C'est bien le problème
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Mordre. Mordre d'abord. Mordre ensuite. Mordre en souriant et sourire en mordant. (avec l'aimable autorisation de Cripure, notre dieu à tous)
- *Ombre*Grand sage
J'aurais dû écrire : d'un point de vue fonctionnel. La sémantique, avec des enfants, ça a du bon.
- NLM76Grand Maître
C'est effectivement un problème et donc c'est intéressant.nitescence a écrit:C'est bien le problème
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- bernardoFidèle du forum
J'y vois une idée de conséquence : il est curieux au point de tout vérifier (jusqu'à tout vérifier).
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- IphigénieProphète
Tu pousses le bouchon un peu loin (si bien qu’il est un peu loin)bernardo a écrit:J'y vois une idée de conséquence : il est curieux au point de tout vérifier (jusqu'à tout vérifier).
- bernardoFidèle du forum
Oui, il ne faut pas pousser mémé jusqu'aux orties
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