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- Monsieur_TeslaNiveau 10
Ayant déjeuné chez un ami chef d'entreprise en informatique (TPE) hier, il prends souvent des étudiants en stage (bac ++)
J'ai pu lire quelques lettres de motivation : orthographe hallucinante, ponctuation inexistante (sauf le point)
Pour des étudiants bac+2 ou bac+3 ... c'est impressionnant.
Je suis enseignant en collège, mes troisièmes font moins d'erreurs !
J'ai pu lire quelques lettres de motivation : orthographe hallucinante, ponctuation inexistante (sauf le point)
Pour des étudiants bac+2 ou bac+3 ... c'est impressionnant.
Je suis enseignant en collège, mes troisièmes font moins d'erreurs !
- IphigénieProphète
Bon pour allier les Lumières à une approche utile, au cas où d'autres se trouveraient confrontés à l'expérience de "enseigner autrement", je ne saurais trop recommander de prendre ce texte qui m'est revenu à l'esprit et qui au fond, est une somme de la pédagogie par l'utile:
Et ainsi, fiat lux.
- Spoiler:
- Je veux que mon fils soit un homme d’esprit, qu’il réussisse dans le monde ; et vous voyez bien que, s’il savait le latin, il serait perdu. Joue-t-on, s’il vous plaît, la comédie et l’opéra en latin ? Plaide-t-on en latin quand on a un procès ? Fait-on l’amour en latin ? » Monsieur, ébloui de ces raisons, passa condamnation, et il fut conclu que le jeune marquis ne perdrait point son temps à connaître Cicéron, Horace, et Virgile. Mais qu’apprendra-t-il donc ? car encore faut-il qu’il sache quelque chose ; ne pourrait-on pas lui montrer un peu de géographie ? « À quoi cela lui servira-t-il ? répondit le gouverneur. Quand monsieur le marquis ira dans ses terres, les postillons ne sauront-ils pas les chemins ? Ils ne l’égareront certainement pas. On n’a pas besoin d’un quart de cercle pour voyager, et on va très-commodément de Paris en Auvergne, sans qu’il soit besoin de savoir sous quelle latitude on se trouve.
— Vous avez raison, répliqua le père ; mais j’ai entendu parler d’une belle science qu’on appelle, je crois, l’astronomie.
— Quelle pitié ! repartit le gouverneur ; se conduit-on par les astres dans ce monde ? et faudra-t-il que monsieur le marquis se tue à calculer une éclipse, quand il la trouve à point nommé dans l’almanach, qui lui enseigne de plus les fêtes mobiles, l’âge de la lune, et celui de toutes les princesses de l’Europe ? »
Madame fut entièrement de l’avis du gouverneur. Le petit marquis était au comble de la joie ; le père était très-indécis. « Que faudra-t-il donc apprendre à mon fils ? disait-il.
— À être aimable, répondit l’ami que l’on consultait ; et s’il sait les moyens de plaire, il saura tout : c’est un art qu’il apprendra chez madame sa mère, sans que ni l’un ni l’autre se donnent la moindre peine. »
Madame, à ce discours, embrassa le gracieux ignorant, et lui dit : « On voit bien, monsieur, que vous êtes l’homme du monde le plus savant ; mon fils vous devra toute son éducation : je m’imagine pourtant qu’il ne serait pas mal qu’il sût un peu d’histoire.
— Hélas ! madame, à quoi cela est-il bon ? répondit-il ; il n’y a certainement d’agréable et d’utile que l’histoire du jour. Toutes les histoires anciennes, comme le disait un de nos beaux esprits[1], ne sont que des fables convenues ; et pour les modernes, c’est un chaos qu’on ne peut débrouiller. Qu’importe à monsieur votre fils que Charlemagne ait institué les douze pairs de France, et que son successeur ait été bègue[2] ?
— Rien n’est mieux dit ! s’écria le gouverneur : on étouffe l’esprit des enfants sous un amas de connaissances inutiles ; mais de toutes les sciences la plus absurde, à mon avis, et celle qui est la plus capable d’étouffer toute espèce de génie : c’est la géométrie. Cette science ridicule a pour objet des surfaces, des lignes, et des points, qui n’existent pas dans la nature. On fait passer en esprit cent mille lignes courbes entre un cercle et une ligne droite qui le touche, quoique dans la réalité on n’y puisse pas passer un fétu. La géométrie, en vérité, n’est qu’une mauvaise plaisanterie. »
Monsieur et madame n’entendaient pas trop ce que le gouverneur voulait dire ; mais ils furent entièrement de son avis.
« Un seigneur comme monsieur le marquis, continua-t-il, ne doit pas se dessécher le cerveau dans ces vaines études. Si un jour il a besoin d’un géomètre sublime pour lever le plan de ses terres, il les fera arpenter pour son argent. S’il veut débrouiller l’antiquité de sa noblesse, qui remonte aux temps les plus reculés, il enverra chercher un bénédictin. Il en est de même de tous les arts. Un jeune seigneur heureusement né n’est ni peintre, ni musicien, ni architecte, ni sculpteur ; mais il fait fleurir tous ces arts en les encourageant par sa magnificence. Il vaut sans doute mieux les protéger que de les exercer ; il suffit que monsieur le marquis ait du goût ; c’est aux artistes à travailler pour lui ; et c’est en quoi on a très-grande raison de dire que les gens de qualité (j’entends ceux qui sont très-riches) savent tout sans avoir rien appris, parce qu’en effet ils savent à la longue juger de toutes les choses qu’ils commandent et qu’ils payent ».
L’aimable ignorant prit alors la parole, et dit : « Vous avez très-bien remarqué, madame, que la grande fin de l’homme est de réussir dans la société. De bonne foi, est-ce par les sciences qu’on obtient ce succès ? S’est-on jamais avisé dans la bonne compagnie de parler de géométrie ? Demande-t-on jamais à un honnête homme quel astre se lève aujourd’hui avec le soleil ? S’informe-t-on à souper si Clodion le Chevelu passa le Rhin ?
— Non, sans doute, s’écria la marquise de La Jeannotière, que ses charmes avaient initiée quelquefois dans le beau monde ; et monsieur mon fils ne doit point éteindre son génie par l’étude de tous ces fatras, mais enfin que lui apprendra-t-on ? Car il est bon qu’un jeune seigneur puisse briller dans l’occasion, comme dit monsieur mon mari. Je me souviens d’avoir ouï dire à un abbé que la plus agréable des sciences était une chose dont j’ai oublié le nom, mais qui commence par un B.
— Par un B, madame ? ne serait-ce point la botanique ?
— Non, ce n’était point de botanique qu’il me parlait ; elle commençait, vous dis-je, par un B, et finissait par un on.
— Ah ! j’entends, madame ; c’est le blason : c’est, à la vérité, une science fort profonde ; mais elle n’est plus à la mode depuis qu’on a perdu l’habitude de faire peindre ses armes aux portières de son carrosse ; c’était la chose du monde la plus utile dans un État bien policé. D’ailleurs, cette étude serait infinie : il n’y a point aujourd’hui de barbier qui n’ait ses armoiries ; et vous savez que tout ce qui devient commun est peu fêté. » Enfin, après avoir examiné le fort et le faible des sciences, il fut décidé que monsieur le marquis apprendrait à danser[3].
Et ainsi, fiat lux.
- Catherine93Niveau 5
Tout ce que vous dites est juste et j'y souscris entièrement. Mais je suis tombée sur un jury hermétique au possible. Un élève n'a pas besoin de connaître l'orthographe et les autres membres du jury l'ont totalement soutenu. Ils étaient dans la toute puissance de leurs certitudes. Ils vont me sanctionner, tout simplement. 😢😢
- QuitegoodworkerJe viens de m'inscrire !
Esprit trop littéraire ou non, l'orthographe reste fondamental dans notre quotidien, et surtout dans la vie professionnelle. C'est très triste de voir que même un jury est capable de penser comme ça, et sanctionner pour avoir ce point de vue, je trouve ça presque scandaleux....
- JPhMMDemi-dieu
La preuve :DesolationRow a écrit:Catherine93 a écrit:Oui mais j'ai été évaluée sur ma capacité à enseigner autrement. Je devais monter une progression pédagogique en lien avec l'entreprise, c'est-à-dire relier les Surréalistes ou Les philosophes des Lumières au domaine de l'électricité. Prouver que mon enseignement tenait compte des besoins de l'entreprise. Comment lier deux univers si différents? Le jury n'a rien voulu savoir. Pour lui, je collais beaucoup trop au programme en sachant quand même que les élèves seront évalués sur le programme officiel de l'Éducation nationale.
C'est pourtant pas bien compliqué.
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- RabelaisVénérable
Catherine93 a écrit:Tout ce que vous dites est juste et j'y souscris entièrement. Mais je suis tombée sur un jury hermétique au possible. Un élève n'a pas besoin de connaître l'orthographe et les autres membres du jury l'ont totalement soutenu. Ils étaient dans la toute puissance de leurs certitudes. Ils vont me sanctionner, tout simplement. 😢😢
Je reste sans voix, c’est une catastrophe .Quitegoodworker a écrit:Esprit trop littéraire ou non, l'orthographe reste fondamental dans notre quotidien, et surtout dans la vie professionnelle. C'est très triste de voir que même un jury est capable de penser comme ça, et sanctionner pour avoir ce point de vue, je trouve ça presque scandaleux....
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Le temps ne fait rien à l'affaire, quand on est c., on est c.
- Monsieur_TeslaNiveau 10
Rabelais a écrit:Catherine93 a écrit:Tout ce que vous dites est juste et j'y souscris entièrement. Mais je suis tombée sur un jury hermétique au possible. Un élève n'a pas besoin de connaître l'orthographe et les autres membres du jury l'ont totalement soutenu. Ils étaient dans la toute puissance de leurs certitudes. Ils vont me sanctionner, tout simplement. 😢😢Je reste sans voix, c’est une catastrophe .Quitegoodworker a écrit:Esprit trop littéraire ou non, l'orthographe reste fondamental dans notre quotidien, et surtout dans la vie professionnelle. C'est très triste de voir que même un jury est capable de penser comme ça, et sanctionner pour avoir ce point de vue, je trouve ça presque scandaleux....
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Ce que j'entends je l'oublie.
Ce que le lis je le retiens.
Ce que je fais, je le comprends !
Tchuang Tseu
- Catherine93Niveau 5
Merci pour votre soutien. Je suis dans un état de stress pas possible 😢😱😳
- BabaretteDoyen
Bon courage Carherine 93.
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“Google peut vous donner 100 000 réponses, un bibliothécaire vous donne la bonne.” Neil Gaiman.
:lecteur:
- Catherine93Niveau 5
Merci. Des collègues sont confiants et m'ont conseillé de dédramatiser.
Bonne journée.
Bonne journée.
- Luigi_BGrand Maître
Heureusement, nos dignes représentants de l'AFEF ont un regard beaucoup plus ouvert sur l'orthographe :
« Apprends à écrire ou ferme ta gueule » ou l’orthographe comme violence politique. Racailles, le blog https://t.co/6ILEL1JGAM
— Viviane Youx (@Vivyoux) 16 novembre 2017
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LVM Dernier billet : "Une École si distante"
- JPhMMDemi-dieu
Jaja a écrit:Une pulbication enaggé, saupoudrée d'nue bonne dose de référneces aux Gramar Niaz.
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Labyrinthe où l'admiration des ignorants et des idiots qui prennent pour savoir profond tout ce qu'ils n'entendent pas, les a retenus, bon gré malgré qu'ils en eussent. — John Locke
Je crois que je ne crois en rien. Mais j'ai des doutes. — Jacques Goimard
- IphigénieProphète
C'est presque drôle, puisque l'article commence par noter des déchaînements de violences racistes sur les réseaux, écrits dans une orthographe épouvantable et conclut que l'orthographe est une violence institutionnelle qui force au silence ceux qui ne la maîtrisent pas: si seulement, est-on tenté de dire....Luigi_B a écrit:Heureusement, nos dignes représentants de l'AFEF ont un regard beaucoup plus ouvert sur l'orthographe :« Apprends à écrire ou ferme ta gueule » ou l’orthographe comme violence politique. Racailles, le blog https://t.co/6ILEL1JGAM
— Viviane Youx (@Vivyoux) 16 novembre 2017
Plus serieusement, ces lettrés qui prêchent contre la suprématie des lettres font penser à Tartuffe qui va aux pauvres distribuer quelque aumône: la charité est plus humiliante que l'exigence en matière d'education, je trouve.
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