Qu'est-ce qui vous pèse le plus dans le métier ?

Ma mère était prof aussi, (Daphné
)...et quand on en discute, je me rends compte aussi de la lente et
inexorable dégradation de nos conditions de travail et de l'EN en
général...

+1

Encore il y a peu, ma mère, qui était prof aussi, m'a dit : "Eh ben, à mon époque, quand on était prof, on avait tout de suite un poste fixe, finalement, on était des privilégiés !" Quand elle revoit les collègues de son collège (dans lequel elle est restée 20 ans), des collègues qui étaient respectés et n'avaient aucun problème de discipline et qu'ils lui racontent ce qui s'y passe, elle se dit qu'elle a bien fait de prendre sa retraite, qu'elle n'aurait pas supporté. Elle m'a aussi raconté avoir dit il y a peu à un voisin qu'il nous était absolument impossible d'acheter une maison dans le village où habitent mes parents, même plus petite que la leur (ce qui est vrai). Le voisin n'a pas voulu la croire, il a laissé entendre que nous étions trop exigeants ou gérions mal notre budget...

Le manque de reconnaissance, et de loin...

J'arrivais à peine à y faire asseoir mes 25 élèves, sans aucune possibilité de les déplacer

Imagine quand on nous donne une telle salle pour 35 Au début de l'année, il m'est arrivé de devoir envoyer les élèves chercher des chaises et des tables et de les installer dans les allées parce que la salle était pleine jusqu'au mur du fond même en serrant les rangs (bonjour pour la sécurité). Ça + le marteau piqueur, je ne vous raconte pas l'ambiance, les élèves en profitaient bien sûr, super pour commencer dans le métier.
Il a fallu que je pleure (presque au sens propre) et que je supplie l'administration en disant que j'étais stagiaire (argument qu'on m'avait conseillé d'avancer à l'IUFM) et que je ne m'en sortais pas pour obtenir une autre salle, parce que soit disant on m'avait déjà mise à l'étage où les salles étaient les plus grandes.

Manque de bol, à l'époque où le lycée a été construit, il n'était pas prévu que les classes soient à 35 et comme elles l'étaient preque toutes, les collègues s'arrachaient les salles. Mais mes élèves m'ont "rassurée" en me disant qu'il y avait du progrès parce qu'ils étaient 38 en 1re

Ce qui me pèse le plus c'est de ne pas pouvoir vivre en Bretagne. D'être en région parisienne alors que ce n'est pas là que je veux vivre.

myrt a écrit:Ce qui me pèse le plus c'est de ne pas pouvoir vivre en Bretagne. D'être en région parisienne alors que ce n'est pas là que je veux vivre.

Oui, c'est un aspect que j'aurais pu mettre dans le sondage !

Pour l'unique choix possible, oui je sais, c'est frustrant (frustration évidente quand on voit vos messages, bouh que c'est triste quand même...), mais c'était vraiment pour voir ce qui ressort le plus !

Je me demande s'il ne faudrait pas un sondage "qu'est-ce que vous aimez le plus dans le métier" pour contrebalancer cette sinistrose...

Hamlette a écrit:
Je me demande s'il ne faudrait pas un sondage "qu'est-ce que vous aimez le plus dans le métier" pour contrebalancer cette sinistrose...

Oui, oui !

oui le pendant optimisme du métier! parce qu'on ne fait pas ça par masochisme quand même (ou pas que... )

Le manque de reconnaissance, même au sein de la famille ...

J'aurai pu tout cocher aussi! Je choisi "l'impression de ne servir à rien". Non pas que je pense que nous ne servions à rien dans l'absolu (loin de là!) mais quand je vois comment le système fonctionne, j'ai l'impression d'une grosse machine qui tourne à vide, fait de la garderie, fait passer de classe en classe, donne des diplômes et valide des compétences en se fichant de notre avis, ou en allant contre même (relisons Brighelli, si on en doute encore!).
Et le reste découle de là, puisqu'on ne sert pas à grand' chose pourquoi les parents nous considéreraient-ils, pourquoi les élèves se tiendraient-ils bien en classe, pourquoi nous donner de meilleures conditions de travail ?

Moi j'ai choisi la grande masse de travail. Je bossais quand j'étais étudiante en même temps que je poursuivais mes études et j'étais moins fatiguée, donc je peux me permettre de dire que la masse de travail est énorme quand on veut faire son travail correctement... Je rêve de soirées tranquilles et de week-end cool...
Quant au manque de reconnaissance, je n'attends rien de ce côté là, je connaissais la réputation du métier, je l'ai choisi, je l'aime et j'essaye de faire de mon mieux... je n'attends rien en retour si ce n'est un peu de respect et qu'on arrête de nous faire passer pour des fainéants!!!!!!

Tcd a écrit:Moi j'ai choisi la grande masse de travail. Je bossais quand j'étais étudiante en même temps que je poursuivais mes études et j'étais moins fatiguée, donc je peux me permettre de dire que la masse de travail est énorme quand on veut faire son travail correctement... Je rêve de soirées tranquilles et de week-end cool...
Quant au manque de reconnaissance, je n'attends rien de ce côté là, je connaissais la réputation du métier, je l'ai choisi, je l'aime et j'essaye de faire de mon mieux... je n'attends rien en retour si ce n'est un peu de respect et qu'on arrête de nous faire passer pour des fainéants!!!!!!

Je suis entièrement d'accord avec toi, Tcd ! On devrais même en faire un manifeste.

Cilou a écrit:oui le pendant optimisme du métier! parce qu'on ne fait pas ça par masochisme quand même (ou pas que... )

C'est triste à dire mais, alors que je suis entrée dans le métier par vocation, j'ai l'impression que je vais y rester... par manque d'alternative (que faire avec un capes ?) et/ou de courage...

Les collègues cons, envieux, démagos qui font tout pour mettre des bâtons dans les roues (surtout avec une administration complaisante...).

Pour moi, le sentiment de ne pas avoir les moyens de faire mon boulot correctement : j'erre de collège en collège, ce qu'on me demande ne correspond en rien à ma formation - qui pourtant a coûté au contribuable !- bref, l'impression d'un vrai gâchis.
Des chefs d'établissement qui s'y mettent aussi et rendent les conditions de travail .

J'en ai pris mon parti, je ne m'investis plus, question de survie ...
Mais bon, ça n'est pas très réjouissant...

La garderie, l'impression d'être à la maternelle, même en seconde, les soirées et week-end où j'aimerais tout faire sauf corriger des copies qui 99 % du temps racontent n'importe quoi.

Eh bien finalement, quand je lis toutes vos réponses, qui révèlent beaucoup de réflexions, de remises en questions, d'espoirs et de déceptions successifs, je me dis que les commentaires type "Ah là là, ces profs, toujours à se plaindre alors que ce sont des privilégiés" sont complètement hors de la réalité. Les gens n'ont aucune idée de ce qui nous chagrine.

Alors, du coup, ça me permet d'y accorder moins d'importance. De me dire que non, on n'est vraiment pas des mauvais bougres.

Donc, ça me remonte le moral !

ah oui, le pire : faire des km et des km pour aller faire cours (TZR) : je déteste conduire

Hamlette a écrit:Eh bien finalement, quand je lis toutes vos réponses, qui révèlent beaucoup de réflexions, de remises en questions, d'espoirs et de déceptions successifs, je me dis que les commentaires type "Ah là là, ces profs, toujours à se plaindre alors que ce sont des privilégiés" sont complètement hors de la réalité. Les gens n'ont aucune idée de ce qui nous chagrine.

Alors, du coup, ça me permet d'y accorder moins d'importance. De me dire que non, on n'est vraiment pas des mauvais bougres.

Donc, ça me remonte le moral !

Effectivement, les andouilles qui voient dans notre métier une niche pour privilégiés sont complètement à côté de la plaque... Et quand je pense que jusque parmi mes propres amis de jeunesse, je dois tordre le cou aux clichés les plus débiles...

Etre le 27 aout et ne toujours pas savoir où j'atterris, mes niveaux...

neo a écrit:

ysabel a écrit:

Karine B. a écrit:les copies !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

oui !!!

+ 1 !

Sinon, j'ai voté "le sentiment de ne pas avoir les moyens de faire correctement votre travail".

Ben oui tu l'as oublié dans le sondage, j'aurais mis ça aussi en 1 je crois !

Ah oui, les corrections de copies, tiens, j'avais à quel point c'était chronophage et usant à la longue...

ET les réunions, personne pour les réunions? surtout le soir....

non, les réunions, je dois être folle mais j'aime bien ! :lol:

Je n'en ai pas tant que ça (à part les CA et les conseils de discipline, bien sûr). En revanche, quelque chose me dit qu'avec la nouvelle direction, nous allons y avoir droit..!

pimousse a écrit:non, les réunions, je dois être folle mais j'aime bien ! :lol:

Et puis il y a toujours moyen, pour tromper l'ennui de planquer une tablette de chocolat au fond du sac ou de se mettre à côté d'un collègue qu'on apprécie pour s'écrire des petits mots... Je le fais, oui, je le confesse... Dire qu'après je punis mes élèves pour ça, j'ai honte mais c'est trop bien...